Et voilà l'épilogue. Je vais pas trop m'attarder en commentaires ici, parce que sinon je sens que je vais me mettre stupidement à pleurer. Donc bonne lecture !


Dossier 30076 B28. Transféré à la Wammy House ce 6 novembre 2004, 9 h 30 fuseau de Greenwich. Données confidentielles.

Acte de décès :

Nom complet : Melly Amanda Harnet

Née le 23 juin 1986 à Londres

Décédée le 6 octobre 2004 à Tokyo

Cause du décès :

Hémorragie cérébrale et fractures multiples causées par choc frontal avec véhicule circulant à 54 Km/h

Cet acte annule et remplace son antécédent frauduleux.

Acte de décès :

Nom complet : Lawrence Lawliet

Né le 31 octobre 1979 à Greenwich

Décédé le 5 novembre 2004 à Tokyo

Cause du décès :

Crise cardiaque

Ci-joint les rapports d'autopsie et les échantillons de sang des susnommés demandés antérieurement pour analyses et/ou expérimentations.


Avec d'infinies précautions, Roger souleva le drap blanc. Mais ce qu'il recouvrait ne souffrirait plus jamais.

« Near, souffla-t-il doucement »

L'enfant avait les yeux rivés sur le cadavre.

« Cette jeune fille, c'est toi qui l'a tuée. »


Near,

Je ne sais pas si mon père te passera cette lettre comme je lui ai demandé.

Là, maintenant, je crois que je vais peut-être bien mourir. Alors c'est pour ça que je voulais te dire, si je meure, je veux que tu saches que tu ne seras pas tranquille. Si tu fais du mal à mon frère, si tu les laisses lui faire du mal, je te hanterais jusqu'à la fin. Je te jure que je trouverais le moyen de le faire. Je te hanterais.

Au fait, je te pardonne.

Melly Amanda Harnet

PS : Méfie-toi de Light Yagami


SERIE NOIRE CHEZ LES JEUNES HARNET :

La famille Harnet est frappée par la tragédie depuis un mois. En effet, on dénombre une vingtaine de décès chez les jeunes membres de la famille :

Jude Harnet, six ans : noyé dans la piscine

Vanessa Harnet, dix-neuf ans : chute dans les escaliers

Camille, Francis et Louis Foster, quinze, douze et huit ans, enfants d'Isabelle Foster née Harnet : brûlés vifs avec leurs parents dans l'incendie criminel de leur maison

Cassiopaya Harnet, vingt-trois ans : abattue d'une balle dans la tête devant l'autel

John Harnet, deux jours : surdose de morphine

Vince Arnold, seize ans, fils d'Emma Arnold née Harnet : tombe du septième étage de son immeuble

Juliette, Lucie, Ernest et Edmund Harnet …


L'homme tituba à travers le couloir. Il trébucha sur une paire de chaussures qui trainaient et se rattrapa à la commode de l'entrée en faisant s'écrouler la montagne de courrier qui se trouvait dessus. Il jura. Attirée par le raffut, une petite tête brune apparue entre les barreaux de l'escalier.

« Qu'est-ce qu'il se passe papa ?

- Rien Darren, l'homme jetait des regards nerveux en direction de la porte, retourne te coucher. »

Il atteint le battant et jeta un œil dans le judas. Il serra les lèvres, sembla douter quelques secondes, puis finit par ouvrir.

Il n'y eut pas de poignées de mains. Pas de salutations. Juste ce débris d'homme qui regardait l'enfant diaphane sur le perron avec toute la haine qui puisse se trouver sur cette terre.

« Nous venons chercher Darren pour l'emmener à la Wammy. »

L'homme ne dit rien pendant quelques secondes. Puis il eut un petit rire qui secoua à peine sa carcasse rachitique.

«Non, son œil avait noirci, Non ! Je ne vous laisserai pas faire. Pas cette fois.

- Monsieur, Kira fait abattre les enfants Harnet les uns après les autres.

- Ma fille…. Ma fille s'est sacrifiée pour que son frère ne tombe pas entre vos mains. Elle s'est sacrifiée !

- Monsieur Harnet…

- Non ! hurla-t-il, et il envoyer valser d'un coup de poing dans le mur une suspension florale, Vous m'avez tout pris. Tout. Ma fille est morte. Les membres de ma famille se font massacrer. Et maintenant vous voulez m'arracher mon fils ? »

Le pot de fleur alla se briser juste aux pieds de l'enfant qui demeura stoïque.

Il fronça simplement le nez, le mouvement de l'homme avait répandu dans l'air une odeur d'alcool, et lui jeta un regard froid de mépris.

« S'il reste il mourra.

- Dites, dit monsieur Harnet d'une voix tremblante, en prenant ma fille, aviez-vous tout prévu ? Saviez-vous que les choses allaient tourner ainsi et que vous auriez les deux ? »

Near ne répondit pas. Voyant cela, Monsieur Harnet poussa un hurlement de rage et leva le poing. Mais avant que Roger n'intervienne, il avait laissé retomber le bras, le corps agité de soubresauts. Il pleurait.

« Et bien allez-y ! Prenez-le ! Je vous hais tellement. Si vous saviez comme je vous hais. »


La voiture l'avait percutée.

Ainsi, c'était ça la mort.

L marchait tout droit depuis il ne savait combien de temps. La lande rocailleuse qu'il traversait n'était éclairée par aucune source de lumière et pourtant, malgré l'ombre ambiante, chaque élément du paysage déchiré était parfaitement visible. Un tapis de pierre plat et gris qui s'étendait à perte de vue droit devant. Lorsqu'une fois il s'était retourné pour jeter un œil aux alentours, il s'était rendu compte que le monde qui se trouvait dans son dos avait disparu, et qu'il n'en subsistait qu'un néant d'un noir palpable. Il avait donc continué à avancer.

La voiture l'avait percutée et elle avait volée en l'air.

L'image passait en boucle devant ses yeux depuis l'accident. Encore et encore. La mort n'avait malheureusement pas arrêté le film.

Il avait toujours su que quelque chose n'allait pas avec Mel. Malgré ses justifications branlantes et les évènements étranges qui survenaient autour d'elle, il était spontanément poussé à la croire. Bien sûr, son esprit rationnel pondérait cette fâcheuse tendance et il restait le plus souvent consterné par son inclination première.

Il lui semblait savoir quand elle disait la vérité, quand elle mentait, la façon dont elle allait bouger, réagir, s'indigner après une provocation. Il se surprenait à la titiller, à expérimenter telle ou telle remarque pour ensuite observer sa réaction avec fascination.

Ce n'était pas de l'amour, de ça il était certain. C'était plus sous-jacent, plus vicieux et instinctif. Et il ne pouvait pas tolérer une telle chose, dans son monde où il contrôlait tout. C'était tout bonnement proscrit, et il était pour lui évident que la chose était à éradiquer. Il avait minutieusement étudié le problème, envisagé plusieurs solutions, rageait lorsque son regard suivait ses pas, s'attardait sur une mimique.

Il en était même venu à songer à s'en débarrasser.

C'eut été comme se couper un bras. Mais un bras pourri de gangrène.

La voiture l'avait percutée et elle avait volée en l'air. Elle était morte.

Il n'avait pas eu besoin de s'approcher du corps pour le savoir. Cela s'était immédiatement inscrit jusque dans ses gênes.

Il avait été fendu de douleur. De cette douleur que seule provoque la plus terrible mutilation. Puis, encore étourdi de souffrance, il s'était dit, avec un espèce de ravissement horrifié, qu'au moins le fil était tranché et la coupure nette.

Mais il avait eu un trou béant dans la poitrine, suintant de pus. A chacun de ses pas, la plaie infectée se rappelait douloureusement à lui. Il avait perdu quelque chose d'essentiel dont il n'avait pas conscience, qu'il ne discernait que par son absence.

Et il l'a revoyait pleurer en s'accrochant à lui, pleurer qu'elle avait peur de la souffrance.

Il avait été obsédé par l'idée qu'elle avait été vendue. Complètement obsédé.

Non pas qu'il n'eut pas fait de même dans cette situation, il savait que les circonstances l'exigeaient, mais cela lui donnait l'impression d'être redevable d'une dette qu'il ne pourrait jamais payer. D'être responsable. Et il haïssait cela. Il le haïssait.

Et puis il avait eu l'impression de la voir. Au coin de la rue, du couloir, dans le reflet du miroir. Il la sentait parfois dans son dos, membre fantôme, et il n'osait pas alors se retourner. Cela le rendait fou. Parfois, après une réflexion infructueuse, il marchait sans but dans tout le gratte-ciel. Il lui avait fallu croiser plusieurs fois le regard navré de Watari pour comprendre. Il n'avait plus bougé de son bureau ensuite. Il ne voulait pas la chercher.

Il s'était dit qu'après tout ce n'était que chimique, que ça passerait avec le temps. C'était ce que Near avait dit. Ce que Watari avait dit. Ce qu'il avait lui-même déduit. Pour le temps qu'il avait eu, il n'en avait été rien.

Au moins n'avait-elle pas souffert. Il ne savait pas à partir de quand exactement il s'était accroché à cette pensée comme un noyé. Il avait senti qu'elle n'avait pas souffert.

Il s'arrêta.

Une jeune femme brune était assise sur une pierre au milieu de cette friche de rien. Elle était de dos et prenait appui sur ses poignets sans bouger. Il avançait lentement vers elle, pas après pas, et elle restait immobile, ne semblait pas l'entendre, mais chaque enjambée tirait sur la déchirure de ses entrailles. Lorsqu'il fut derrière elle, ses bras se levèrent d'eux même pour s'enrouler autour d'elle. Son menton descendit sur son crâne. Tous ses muscles se détendirent un à un, ses poumons retrouvèrent l'air et l'abîme fut comblé.

Il la reconnut à la découpe de son profil et la pente ronde de son nez. Ses bras se resserrèrent. Elle dégageait une onde de sérénité qui s'étendait tout autour d'elle, qu'il ne lui avait vu que sur des photos. Ces clichés qu'il avait rassemblés comme on collecte des reliques et observés des heures, à la recherche de tout ce qui lui avait échappé.

De ses cheveux qu'elle avait bruns.

De l'éclat de rire perpétuel à la commissure de ses lèvres.

De la façon qu'elle avait de saisir son archer et de le laisser devenir une extension de son corps.

Elle leva les mains, les posa sur ses poignets, serra légèrement. Elle resta ainsi quelques longues secondes, minutes, heures, à simplement respirer contre sa poitrine, puis elle lui écarta les bras. Et elle pivota vers lui.

Elle lui dédia un sourire terriblement doux. Aussi innocent que le vol d'un oiseau.

« Je t'attendais »


Seigneur. C'est fini. Voilà. C'est le premier projet que je boucle, alors je voudrais remercier tous ceux qui m'ont suivis régulièrement, en particulier ceux qui ont commenté souvent (un gros bisou à Allystaire, Lou, Kyona Sama, Sasha Melissa Corvidae, Chu2byo, Daaku, tomi, Melusine 78, Little Fox et si j'ai oublié quelqu'un je le supplie de me pardonner).

Pour ceux qui n'ont jamais laissé de review, oui toi petit lecteur de l'ombre, il est encore temps d'en laisser une finale ! Un petit gâteau pour l'auteur qui a faim et qui a réussi à finir ?

Si jamais cela vous intéresse, j'ai plein de projets, notamment celui de l'histoire de Darren Harnet, mais malheureusement cela devra attendre que je sorte vivante de ma première année de médecine (keuf keuf).

En attendant, comme je n'arrive pas à m'empêcher d'écrire, je publierais variablement une fic à mi-chemin entre OS et chapitres sur Elyzabeth Midleford de Black Butler. Je sais que c'est un personnage peut apprécié, mais je maintiens qu'il cache plus de chose qu'on ne le croit !

Encore merci d'avoir lu et à bientôt j'espère.