Disclaimer : Tous les personnages et l'intrigue originale ne m'appartiennent évidement pas. Saluons Oba et Obata pour cette grande œuvre qui nous fait tous rêver. Seul Mel et l'intrigue annexe sont mes propriétés.

Bonjour et bienvenu par ici. Que dire que dire avant de commencer ? J'avouerais tout d'abord que j'ai longuement hésité avant de poster cette fanfiction. Elle a plutôt longuement mûri dans mon esprit, et c'est le premier long projet auquel je m'atèle. Je tiendrais juste à signaler que si elle n'est pas complètement écrite, le scénario est fait de bout en bout, je sais donc parfaitement où je vais.

Enfin, je vous préviens que si cette fic aura une part de romance, son sujet principal ne sera tout de même pas porté dessus.

Bonne lecture à tous ceux qui ne se sont pas encore enfuis !


Orphelinat pour enfants surdoués Wammy's House, Winchester, Angleterre :

Roger se dirigeait avec lenteur vers la chambre de Near. La journée avait été particulièrement difficile. Il avait été appelé dans tous les coins pour différentes affaires plus ou moins coriaces. Gestion, placements, devoir de directeur... A présent que le soir tombait, il n'aspirait plus qu'à un bon chocolat chaud. Mais Near ne l'entendait pas ainsi et avait demandé à le voir.

Roger pénétra dans la chambre. Les murs étaient blancs et recouverts d'étagères où s'amoncelaient divers jouets et livres. Dans un coin, le lit parfaitement fait. Non loin de là, un bureau impeccablement rangé. Le petit garçon était assis au centre de la pièce, un jeu de construction qu'il s'amusait à monter devant lui. Comme il ne disait rien, Roger s'approcha et prit la parole :

"Et bien Near, j'ai entendu dire que tu voulais me parler ?"

L'enfant releva enfin les yeux vers lui :

"J"ai trouvé quelque chose qui, je crois, va t'intéresser."

Roger attendit patiemment que l'enfant daigne s'expliquer. Il avait appris, avec le temps, qu'il ne servait à rien de le brusquer. Near restait toujours hors d'atteinte, comme absent, et ne revenait parmi eux que lorsqu'il le décidait.

"C'est bien simple." commença Near, "Comme je voulais suivre l'enquête de près, j'ai demandé le détail des victimes des tueries massives de Kira dans les prisons. J'ai alors remarqué quelque chose, un détail infime très intéressant"

Il déroula devant lui des liasses de papier où des centaines de noms étaient inscrits, certains entourés dans de diverses couleurs qu'il montra du doigt :

"Exactement sept personnes ont survécu à ces tueries. Et leurs crimes étaient graves. Meurtres, braquages, viols... J'ai alors cherché un lien entre eux, un indice qui expliquerait pourquoi ils ont survécu. Et j'ai trouvé."

Nouvelles feuilles dégagées du fouillis.

"Sur ses sept personnes, on compte deux femmes de la même famille. Des Harnet. C'était la seule chose qui rapprochait plus d'un des survivants. J'ai donc continué de fouiner de ce côté là.
Les cinq personnes restantes sont toutes des hommes mariés. Et c'est là que c'est tout à fait incroyable..."

Near, jubilant, brandit alors sous son nez cinq actes de mariage entre son pouce et son index.

"Ces cinq personnes sont mariées à des femmes nées dans la famille des Harnet. Te rends tu compte ?"

Near laissa les feuillets entre les mains de Roger, puis retourna à son jeu de construction

"Il y a quelque chose avec les Harnet. Quelque chose qui les protège de Kira, quelque soit la façon dont il tue. Et cette protection peut apparemment se transmettre à leur entourage proche. Ce n'est donc pas génétique. Peut être une bactérie, une sorte de maladie... Vénérienne et héréditaire par exemple. Si nous comprenons comment tout ceci fonctionne..."

Roger releva un regard illuminé vers lui.

"Nous pourrions faire protéger L" souffla Near, des étoiles dans les yeux.

Royal Festival Hall, Londres :

"Votre archet glisse trop vite. Vous devez être plus délicate, plus fluide, aérienne comme un oiseau ! Mais non, pas ainsi voyons ! Seigneur, mais qu'allons-nous faire de vous ma pauvre fille ? Reprenons. Do, si, mi, ré, la... Et glissando ! Dites, qu'est-ce que vous ne comprenez pas dans le mot délicat ?"

Mel reprit une nouvelle fois l'archet entre ses doigts et l'approcha de son violon sous le regard acéré de Rosie Campbell. Cette dernière terrorisait littéralement l'ensemble des musiciens de l'orchestre philharmonique de Londres (1). A chaque répétition, elle déambulait parmi les cordes et les vents, s'attardait vers les cuivres, se penchait, examinait, à l'affût du moindre défaut de jeu, du plus petit faux pas rythmique. Le claquement de ses talons résonnait en battant la mesure, et l'entendre approcher, regarder le chignon gris avancer à travers la forêt d'archets emplissait immanquablement d'angoisse les musiciens vers lesquels elle se dirigeait. Un courant de panique se répandait ainsi tous les matins dans l'orchestre et suivait ses mouvements jusqu'à ce qu'elle se campe devant un des musiciens.
Le claquement s'arrêtait, le chignon se figeait, et tous les regards convergeaient vers la pauvre victime nouvellement désignée, qui n'en menait généralement pas large.
L'assemblée respirait et jetait un regard plein de compassion au malheureux tout en se félicitant d'avoir échappé à l'ouragan.
Rosie Campbell s'acharnait alors sur sa victime devant tout l'orchestre, la reprenait, critiquait encore et encore, revenait sur le plus petit détail en accompagnant le tout de remarques désobligeantes avec un cynisme accompli. Enfin, elle expliquait dans le détail au supplicié comment son manque évident de talent allait tous les déshonorer.
C'est pourquoi, lorsque vous prononciez son nom devant un des musiciens de l'orchestre philharmonique de Londres, celui ci avait un léger rire nerveux et se souvenait du fatidique matin où, un beau jour, Rosie Campbell s'était arrêtée devant lui pour lui faire passer les vingt minutes les plus horribles de sa vie.

Cela faisait exactement seize minutes et trente secondes que cette sorcière crachait son venin sur elle, Mel Harnet, et sur son pauvre violon qui criait grâce. Seize minutes et trente secondes qu'elle reprenait cette mesure et qu'elle essayait de donner de la souplesse à son mouvement, sans jamais satisfaire la harpie. Et surtout, seize minutes et trente secondes que le flûtiste Tom Smith ricanait en regardant la scène. Il allait le lui payer. Très cher.

"Glissaaaaando !" répéta pour la énième fois Rosie tout en secouant la tête et en levant sa baguette.
Mel fit glisser les notes rapidement sous son archet, bougeant aussi élégamment qu'elle le pouvait son avant bras.
La baguette de Miss Campbell se ficha sur sa poitrine.
"Mademoiselle Melly Harnet", et elle enfonçait le bout de bois dans son pull pour ponctuer ses propos, "Vous êtes la pire violoniste que j'ai jamais vue dans cet orchestre, aussi élégante qu'un éléphant à la patte cassée. Si jamais le concert est un fiasco, tout sera entièrementde votre faute."

Mel poussa un soupir de soulagement. Si Rosie suivait son petit discours habituel, le calvaire touchait à sa fin.
La vielle femme guindée se détourna et, brandissant toujours sa baguette en rythme, passa un dernière fois dans les rangs, puis s'exclama :

"La répétition est terminée pour ce matin ! Vous pouvez y aller."

Mel ne demanda pas son reste.
Elle rangea rapidement ses affaires et se précipita hors de la salle de concert.
Elle allait bientôt atteindre la sortie du Royal Festival Hall (2) lorsqu'elle entendit dans son dos un grand cri rauque proche du barrissement salué par une pluie de rires gras.
Derrière elle, Tom Smith hilare, épaulé de ses amis, mimait du bras la trompe d'un éléphant.
Un jour, elle lui ferait avaler sa flûte.

Comme à chaque fois lorsqu'elle passait la porte du Royal Festival Hall, elle fut submergée par le tintamarre qui régnait dans les rues de Londres. Le bruit des voitures, des discussions des passants, les cris des commerçants qui attiraient les clients, les sifflets des policiers et les talons qui claquaient sur le trottoir.
Elle traversa quelques avenues encombrées par la circulation et, une fois arrivée boulevard Concert All, se mit sur la pointe des pieds pour repérer parmi la foule la bouche de métro de la rue.
Elle descendit dans les sous sols londoniens, évita quelques flaques suspectes, se débarrassa d'un ivrogne, dépassa le groupe de jeunes qui tagait toujours les murs et finit par courir pour attraper son train déjà à quai.
Il fut un temps où elle aurait pris un taxi, mais ils n'avaient plus les moyens, et elle avait découvert les joies des transports en commun aux heures de pointes.
Elle s'engouffra tant bien que mal dans le train, manqua de laisser tomber son violon sur les voies, poussa quelques personnes du coude et finit écrasée entre une petite vieille dame que personne n'avait voulu laisser s'asseoir et un homme d'affaire bedonnant qui sentait mauvais. Lorsque le train se mit en marche, tout clinquant tout grinçant, elle manqua de tomber, entraînée par le mouvement de la marée humaine, et elle trébuchait à chaque virage ou arrêt trop brusque.
Ses voisins lui jetaient un regard mauvais lorsque son archet leur chatouillait un peu trop les côtes. Après une demi-heure ainsi, où elle avait failli mourir successivement étouffée, écrabouillée et asphyxiée dans le brouhaha ambiant, les portes s'ouvrirent sur son arrêt et elle dut une nouvelle fois se faufiler entre les passagers pour pouvoir atteindre l'air libre.

Elle déboucha dans une large rue bordée d'arbres de la banlieue londonienne.
Les habitations étaient grandes et bien entretenues, encadrées de jardins immenses fleuris avec goût. Dans les allées, de nombreuses voitures de luxes étaient garées, rutilantes avec leur carrosseries débarrassées du moindre grain de poussière.
Après quelques minutes de marche sur le vaste trottoir pavé, elle poussa enfin le portail en fer forgé de sa demeure. Celle-ci était gigantesque et datait des années victoriennes, bâtie en petites briques grises et soutenue par des poutres blanches sculptées.
Cette maison dans les quartiers chics leur coûtait une fortune mais son père, qui y avait grandi, n'avait pas pu se résoudre à la vendre.
Son salaire de musicienne de l'orchestre philharmonique de Londres était très confortable, et celui de son père, entrepreneur, l'était bien plus mais ne suffisaient pas à rembourser les dettes mirobolantes qui trouaient leurs poches. Même si M. Harnet tentait du mieux qu'il le pouvait d'épargner ses enfants, Mel voyait bien qu'ils devaient beaucoup d'argent à pas mal de monde. Énormément d'argent. Alors ils vendaient lorsque le besoin se faisait vraiment sentir et que les créanciers rodaient sur le pas de leur porte. La maison se vidait peu à peu. Un tableau de maître par ci par là. Des bijoux de famille. Des meubles d'époque.
Une fois, alors qu'elle était entrée dans le bureau de son père absent, elle était tombée sur un papier abandonné sur son bureau. C'est ainsi qu'elle avait découvert qu'ils devaient plus de vingt millions de dollars à une organisation appelée "Wammy" et que celle-ci leur accordait des délais supplémentaires. Elle en avait vaguement entendu parler. Ils avaient des sociétés et un orphelinat pour surdoués, il lui semblait.

Mel soupira en remarquant que le portail fermait mal. Il aurait fallu l'entretenir. Escaladant deux à deux les marches du perron, elle se débattit un instant avec ses clés qui tombèrent en cliquetant sur le sol. Elle poussa le chat venu la saluer de la main pour les ramasser, les introduisit dans la serrure et pesta lorsqu'elle constata que la porte était déjà ouverte.
Elle ronchonnait encore lorsqu'elle vit, après être entrée, une note laissée à son intention sur la commode.

"Mel,
Lorsque tu seras rentrée, monte dans mon bureau immédiatement.
Papa"

Mel sentit ses sourcils remonter sur son front ? Que se passait-il ?
Elle se dirigea vers le bureau, traversant diverses pièces de la demeure sans leur jeter un regard. Elle ne voulait pas y faire attention.
Heureusement que sa mère, partie à l'étranger, ne pouvait pas voir ça.
Toutes les pièces étaient dépouillées : des vitrines vides, des fauteuils dépareillés, des fragments de murs moins décolorés par la lumière que le reste de la paroi, marquant l'ancien emplacement d'un tableau.

Une fois arrivée tout au fond d'un couloir, où se trouvait le bureau, elle toqua à la porte pour signaler sa présence et ouvrit.
L'air épais de la pièce lui heurta le visage. Il était surchargé, vicié, empli d'une odeur rance de sueur, cette odeur de transpiration nerveuse qui pue la peur.
Son père, assis à son bureau, avait le front ruisselant de gouttes salées qui coulaient le long de son cou. Une de ses mains triturait le bout de sa cravate tandis que les doigts de l'autre dansaient un tango effréné sur le bois usé du bureau.
Il déglutit bruyamment en la voyant, longuement, puis évita son regard. A sa droite, dans un des vieux fauteuils en cuir noir datant des temps prospères, un homme assez âgé et vieillissant, la cinquantaine, les cheveux bruns veinés d'argent. Il gardait les yeux baissés vers ses chaussures ou les relevaient peinés vers son père, avant de revenir obstinément vers le parquet, l'air profondément embarrassé.
Et cette tension, ce souffle retenu en haleine, cet air à couper... Il régnait dans cette pièce une atmosphère particulièrement étouffante, et ces figures défaites et gênées laissaient entendre que tout cela la concernait.
Hésitante, elle resta sur le pas de la porte, les sourcils froncés.

"Entre" souffla son père d'une voix à peine audible.

Un pas en avant.
La porte se referma sur elle.
Elle resta debout et aperçut sur la table basse les analyses de sang que son père lui avait demandé de faire sans explications quelques jours plus tôt.
C'est là qu'elle le vit. Il était accroupi dans un coin de la pièce, des légos plein les mains qu'il manipulait avec une minutie chirurgicale. Il s'acharnait à construire une sorte de tour en losange qui s'évasait à mesure qu'elle prenait de l'altitude. Il était jeune, d'après ce qu'elle voyait. Moins de quatorze ans. Certainement plus de neuf. Il avait de petits cheveux blonds, presque blancs, qui bouclaient tout autour de son visage rond d'enfant. Mais le plus surprenant restait ses yeux. Immenses. Les pupilles s'étendaient comme des lacs noirs et dévoraient les iris.
Ils s'étaient figés sur les siens et ne les lâchaient plus. Elle s'ébroua, mal à l'aise.
Il la dévisageait ouvertement. Un regard aussi direct et sévère, presque implacable de la part d'un enfant était très troublant. Dérangeant.
Elle avait l'impression d'être jaugée, évaluée, mise à nue par les prunelles de ce gamin qui jouait encore aux briques plastiques.
L'enfant la scruta ainsi une bonne minute, un doigt enroulé dans ses mèches diaphanes, puis se tourna vers son père en la désignant de la main.

"Je vous en donne trente millions de dollars. A prendre ou à laisser. Sinon, la Wammy vous réclamera l'intégralité de votre dette demain. Je ferai en sorte que tout le monde dans cette maison aille en prison. Alors ?"

(1) Grand orchestre anglais de renommée internationale
(2) Salle de concert de l'orchestre philharmonique de Londres


Merci à vous d'avoir lu ! J'espère n'avoir déçu personne.

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