Disclaimer : Karin et Orochimaru appartiennent à l'univers désormais célèbre de Masashi Kishimoto : Naruto.

Bonjour tout le monde,

Cet OS porte sur un personnage peu apprécié de l'univers Naruto. Karin, souvent détestée par les fans, est ici le personnage principal. Personnellement, je ne comprends pas pourquoi les gens la détestent. Certains disent qu'elle a un sale caractère, d'autres qu'elle est agaçante à sans cesse draguer Sasuke... certes, mais Sakura n'en fait-elle pas autant de son côté ? Je pense que c'est un personnage comme un autre, avec ses qualités et ses défauts, et qu'il faut arrêter de s'acharner ainsi sur elle. Elle peut être intéressante, il suffit de s'y intéresser un minimum.

Bref, j'ai voulu ici écrire sur son passé, son passé tel que je l'envisage. Je ne sais pas si on en parle dans les scans ou dans les épisodes (j'ai un sacré retard dans Naruto) alors cela ne correspond probablement pas à l'univers original, mais je tenais à l'écrire, et j'espère que vous l'apprécierez. Mon second but, en plus de proposer mon point de vue à ce sujet, et de "dédiaboliser" le personnage. A défaut de le rendre attachant, j'aimerais au moins que l'on puisse lire le texte en éprouvant ne serait-ce qu'un peu d'empathie pour ce personnage souvent maltraité par tous.

Sur ce, bonne lecture.


Little girl


Dans la forêt se tient une petite fille.

Quel âge a-t-elle ? Dix ans, peut-être onze ; guère plus.

Ses cheveux pleuvent en touffes désordonnées autour de son visage et des reflets rougeoyants y dansent au rythme de ses pas. Ses yeux, dissimulés par d'épaisses mèches rousses, semblent fixer le sol. Mais il est impossible d'en être certain, même si sa nuque gracile est inclinée vers les herbes hautes ; comme si la petite tête à la chevelure flamboyante était trop lourde à porter pour ses frêles épaules. La partie visible de son visage est creusée, émaciée par un manque évident de nourriture et de force, et son teint pâle, livide, lui confère un air cadavérique. L'enfant porte des vêtements en haillons, déchirés par endroits à force de marcher dans les ronces et les fourrés. Aussi discerne-t-on la peau de son corps, chétif, osseux. Elle n'est pas pâle ; elle est bleue. Pas de cette teinte profonde et apaisante qu'arbore le ciel un jour ensoleillé, lors de l'été, mais de cette couleur détestable qu'on peut voir sur l'épiderme des personnes qu'on a frappées. Trop souvent, trop durement.

Elle ne ressemble pas aux enfants qu'on croise tous les jours dans la rue. On lui a dérobé son insouciance. On a maculé de rouge sa blanche innocence propre aux plus jeunes. Elle a grandi trop vite, beaucoup trop vite.

Mais à présent, ça n'a plus d'importance, n'est-ce pas ?

Ses pas sont lourds et douloureux. Ils s'étirent avec son ombre, jetée au sol par un soleil qui ne parvient plus à réchauffer sa peau glacée. Depuis combien de temps marche-t-elle, sans s'arrêter ? Elle ne sait pas, elle ne sait plus. Même le temps semble l'avoir abandonnée, mais elle n'en a cure. Sur sa poitrine, sur son cœur, une plaie béante qui se dessine et lui fait mal. Ses jambes ne lui ont pas permis de fuir assez loin pour s'extirper des ténèbres angoissantes de son passé, c'est tout ce qui compte, tout ce qu'i retenir. Elle souffre toujours autant, sinon plus, même si les larmes ont séché depuis longtemps et que les sanglots ont cessé de faire tressauter ses frêles épaules. Son seul désir est l'oubli, alors elle continue de marcher. À l'aveugle, sans savoir si elle trouvera quelque chose quand ses dernières forces l'auront quittée. Mais elle persévère, elle s'obstine, car elle sait que s'arrêter revient à s'effondrer pour ne plus jamais se relever. Et aussi peut-être parce qu'elle reste une enfant, et que son esprit est encore partiellement habité des douces illusions de l'âge tendre.

Mais elle ne s'en sortira pas.

Des mots, horribles, terrifiants, qui tournent dans son esprit sans qu'elle puisse les chasser. Ils sont associés à des visages, qui ouvrent les lèvres, qui lui crient des insultes, qui la traitent comme un déchet. Ça fait mal. D'autres tournent la tête, ne daignent pas lui accorder un regard. C'est peut-être plus douloureux encore, parce que ça lui donne l'impression de ne pas même exister.

La plupart sont des gens de son âge. Des gamins arrogants qui profitent de leur supériorité numérique pour s'en prendre à elle. Elle, c'est juste une petite rousse ordinaire, le fruit de l'union d'un membre d'un clan ninja renommé et d'une kunoichi forte et sévère. Elle n'a rien de spécial, cette enfant, mis à part peut-être un sale caractère plutôt destiné à masquer une faiblesse qu'à offenser. Pourtant, elle est rejetée et fuie. Pourquoi ? À cause de l'évidence, sûrement. La façade est froide et dédaigneuse mais le sourire est fade, comme peint par un artiste amateur – et tout le monde peut apercevoir la petite-fille à l'intérieur, qui se cache. Une enfant qui a trop souffert et qui souffre trop. Cette douleur les effraie, malgré leur aplomb apparent et leurs injures. Alors ils la rejettent, pour se protéger eux-mêmes, et elle reste seule – trop seule – à souffrir en silence.

Puis les traits se meurent. Les peaux muent et tombent, et d'autres figures, encadrées de cheveux roux semblables aux siens, se recomposent avec les restes d'épiderme. Eux aussi crient, mais la souffrance est plus forte – si forte qu'elle secoue la tête et plaque ses mains contre ses oreilles pour ne plus entendre.

Mais les souvenirs continent d'affluer, de plus en plus douloureux, dans sa tête.

La scène change, se métamorphose en une pièce sombre, légèrement éclairée par un trou dans le mur, semblable à une meurtrière. La cave d'une maison. Elle se tient là, face à deux personnes qui l'effraient. Leurs traits sont empreints de colère, leurs yeux brillants de déception. Tout ce qu'elle ressent, c'est une boule dans son ventre, ainsi qu'une envie de fuir, insistante, contre laquelle elle s'efforce de lutter. La femme ouvre la bouche, lui crie que c'est une incapable. Un fardeau. Son corps se glace de honte et de douleur, malgré l'habitude.

Mais cette fois là est différente.

Elle le sent. Du haut de son mètre trente-cinq, comme tétanisée par la peur. Elle n'ose pas relever la tête, n'ose pas faire face aux deux adultes. Ses yeux restent fixés sur le sol, écarquillés par l'angoisse.

Elle aperçoit l'ombre de sa mère glisser sur le parquet, dans le rayon de lumière diffusé par la mince ouverture. Elle s'arrête juste devant elle, et elle sent un souffle erratique heurter le haut de sa tête.

« Rien qu'une grosse conne et une incapable ! »

Elle crie. De toute la force de ses poumons. La petite ne comprend pas, ne comprend pas ce qu'elle a fait de mal. La terreur est comme un poison la paralysant, et elle ne sait comment elle est supposée réagir. Sa tête est baissée, figée dans une attente terrifiante.

Il y a du vrai dans ce qu'elle dit. Elle a toujours été un piètre ninja. Dès le début de son entraînement, elle s'est montrée peu douée dans les arts enseignés aux jeunes aspirants. Ninjutu, taijutsu, genjutsu… elle n'excellait en rien et se révélait médiocre en tout. Jour après jour, épreuve après épreuve, elle échouait. Dans un autre contexte, ses résultats n'auraient pas posé problème, mais en tant qu'héritière d'une puissante famille de combattants, elle se devait d'être exemplaire. Elle est alors devenue la tache, la pauvre tache au sein de son clan – une fille indigne de sa place, puis un simple fardeau. Même la nature particulière de son chakra n'est finalement pas parvenue à remonter son niveau désastreux, et les autres ninjas ont finis par négliger son don et sa valeur éventuelle au sein d'une équipe.

Mais enfin, est-ce une raison pour la traiter ainsi ? Pour la rejeter ? Est-ce une manière normale de se comporter avec son propre enfant ?

Elle ne sait pas. Le père, la mère, la famille… qu'est-ce que c'est, au juste ? Des mots qui sonnent creux, mêlés à tant d'autres sons qui tourbillonnent dans sa tête. Elle s'imagine que cela va de pair avec ce qu'on appelle « l'amour », mais même ça, elle ne sait pas vraiment ce que cela signifie. Peut-on seulement comprendre un terme comme celui-ci lorsqu'on ne nous manifeste que de la haine ou de l'indifférence ?

On lui crie de relever la tête, mais la peur la paralyse. Alors elle sent une poigne de fer tirer ses cheveux. La douleur crispe ses traits – à quelques centimètres de ceux, courroucés, de sa mère.

Est-ce cela, l'amour maternel ?

Est-ce normal, que pour la gamine, le mot rime avec souffrance ?

Il y a beaucoup de choses qu'elle ignore, mais elle sait que ça fait mal. Pas seulement physiquement : les blessures mentales sont bien plus profondes. Les autres enfants sont très proches de leurs parents, et elle ne parvient pas à comprendre ces liens qui leur apportent bonheur et protection.

Elle, ça la tue.

« Tu ne sers vraiment à rien. », « Tu ne devrais pas être née. », « Tu nous fais honte. », « Tu es un fardeau pour notre famille. »… des phrases quotidiennes, qui la frappent dès qu'elle rentre à la maison. Elle ne connaît rien d'autre et ne se doute pas qu'il puisse exister des parents qui accueillent leurs enfants avec des mots gentils et des embrassades.

Sa mère appelle quand même ça « l'amour ».

Cette fois-là, les coups se mêlent aux mots, et sa mère la frappe, avec force, pendant longtemps. Elle a encore plus mal, et sans même s'en rendre compte, elle s'est mise à pleurer.

Un autre souvenir, non moins douloureux, qui date du lendemain. Son père entre dans sa chambre. Pardon ma puce. Une promenade en forêt pour penser à autre chose, ça t'intéresse ? Des mots tellement doux et un sourire qui chasse les mauvais rêves, qui lui donne l'impression que son souvenir de la veille est faux, inventé. Avant de quitter la demeure, sa mère lui dit au revoir, de loin. Son regard est fuyant, et il aurait dû éveiller son inquiétude, mais elle est tellement désespérée de connaître ce que signifie les mots « parent » et « amour » qu'elle s'accroche à l'espoir, qu'elle refuse d'ouvrir les yeux.

Ils sont partis depuis longtemps maintenant, et se sont trop éloignés du village pour revenir avant la nuit. Dormons là, ma chérie. Son père a emmené deux sacs de couchage au cas où, et des vivres qu'ils se partagent en discutant gaiement. Tout est parfait, trop parfait, mais elle est aveugle, et elle finit par plonger dans un sommeil étonnamment dénué de cauchemar. Autour d'elle, son géniteur s'active doucement, mais elle ne l'entend pas. Elle dort paisiblement, et pour une fois elle ressemble à tous les enfants de son âge.

Le lendemain, elle ouvre les yeux sur une forêt vierge.

Non. Elle ne veut pas revivre ça. Elle secoue la tête – une tête brillante de larmes – et se force à penser à autre chose. Depuis combien de temps marche-t-elle, cette petite, seule dans la forêt, sans eau, sans nourriture, sans rien ? Ses frêles jambes tremblent, arrivent à peine à la soutenir, et chaque pas ressemble à une torture. Elle n'en peut plus, et elle ne sent rien autour d'elle, si ce n'est les animaux, et même certains prédateurs, qui guettent le moment où elle s'écroulera. Il ne va pas tarder, elle le sent, mais son instinct de survie lui crie de continuer.

Soudain, elle décèle une nouvelle présence, qu'elle ne parvient pas bien à définir. Est-ce un homme ? Un animal ? Avant qu'elle ait pu en apprendre davantage, une ombre apparaît, accompagnée d'une voix glaciale :

« Allons, allons, où vas-tu comme ça, fillette ? »

Ses yeux clignent. Quelqu'un ? Il y a quelqu'un ? Est-elle sauvée, ou est-ce le signe de nouvelles insultes, d'un nouvel abandon, de nouvelles larmes ? Elle n'a pas le temps d'entrouvrir les lèvres ; ses forces l'abandonnent et elle s'écroule à terre, inconsciente.

Quand elle revient à elle, elle perçoit le chakra, d'une noirceur effrayante, avant d'apercevoir l'homme. Instinctivement, elle s'écarte de lui et place les bras devant son visage, comme pour se protéger. Les minutes s'écoulent, et comme il ne semble pas bouger, elle relève une paupière hésitante.

Elle est frappée par le noir de ses cheveux, qui lui tombent dans le dos en un rideau fin et lisse. Ses deux yeux jaunes, plantés dans une figure pâle, diaphane, brillent d'un éclat mauvais, presque cruel, qui la fait frémir. Appuyé contre un arbre, il la dévisage avec un amusement malsain. Et son chakra… un mélange écœurant de noirceur et de force. Elle comprend que c'est un être puissant – bien plus que les habitants de son village ou que ses parents. Un être impitoyable aussi, qui n'hésitera pas à la tuer, peut-être même juste pour le plaisir.

Soudain, elle prend peur.

« Calme-toi, fillette, murmure-t-il, et sa voix lui rappelle vaguement le sifflement des serpents. Si je t'avais voulu du mal, tu serais déjà morte. »

Son cœur bat plus vite et plus fort, à lui en faire mal. Ils sont seuls, perdus au milieu de la forêt, sans rien autour d'eux si ce n'est des plantes et des animaux. Personne ne viendra à son secours, s'il s'en prend à elle.

Puis elle se fige. Elle vient de se rendre compte de quelque chose. D'important, d'étonnant même, qui lui avait échappé, accaparée qu'elle était par la peur. Ses membres ne sont plus endoloris, et elle peut se mouvoir sans ressentir de douleur. Ce n'est pas grand-chose, et on ne peut pas dire qu'elle aille bien, car la principale blessure est psychologique, mais elle n'est plus aux portes de la mort.

Elle va vivre.

L'étonnement doit se lire sur ses traits, car un rictus naît sur les lèvres de l'homme. Son ton est glacé lorsqu'il explique :

« Je t'ai soignée. »

Ces mots sont simples mais ils la surprennent.

« Pou… pourquoi ? balbutie-t-elle alors qu'une lueur narquoise danse dans les pupilles de l'inconnu. Et… qui êtes-vous, au juste ?

- Pourquoi je t'ai sauvée ? Bonne question fillette, mais tout ce que tu as besoin de savoir, c'est que je suis Orochimaru.

- Orochimaru ? »

Le nom glisse entre ses lèvres avec un sentiment familier. Elle l'a entendu quelque part, mais son esprit est embrumé par la tristesse et la souffrance, et elle ne parvient pas à retrouver où. Mais elle peut le sentir – qu'il est important. Elle le sent à son chakra, si fort. Cet homme est connu. Pour quoi ? Elle ne se rappelle plus, mais à en juger par la noirceur qui émane de tout son être, ce n'est certainement pas un enfant de cœur.

Un souvenir remonte lentement à la surface. Les échos d'une conversation qu'elle a surpris entre deux ninjas adultes, il y a de cela ce qui lui semble être une éternité. Ils avaient évoqué un trio, elle en est presque certaine, et il lui semble que ce groupe de shinobis venait de Konoha. Le reste est flou et lui échappe, comme des grains de sable entre ses doigts.

Un mouvement brusque la fait sursauter. L'homme lui tend une gourde et un morceau de pain, sans mot dire. Elle oublie sa peur et ses doutes, et se jette sans réfléchir sur la nourriture. Elle ne sait rien de cet homme et de ses motivations, mais c'est la première fois qu'on la traite ainsi. Comme un être humain. Ici, la force ne compte pas. Elle est en détresse, et il lui a sauvé la vie. Est-ce cela qu'on appelle la gentillesse ? Elle ne sait pas, mais elle est si touchée que des larmes apparaissent au coin de ses yeux.

« Fillette, commence-t-il quand elle a terminé de manger, comment t'appelles-tu ? »

Elle hésite.

« Karin, murmure-t-elle dans un souffle.

- Karin comment ? »

Elle baisse les yeux.

« Juste Karin.

- Orpheline ? demande-t-il. »

Elle hoche la tête, sans mot dire, car si elle ouvre la bouche elle va se mettre à pleurer.

« Tu n'as plus personne ? insiste-t-il. »

Elle ferme les yeux et prend une profonde inspiration.

« Je n'ai pas de famille. »

Sa voix se fêle et elle serre les dents pour réprimer un sanglot.

« Karin…, commence-t-il en ayant l'air de chercher ses mots. Tu veux venir avec moi ? »

Elle écarquille les yeux.

« Pou… pourquoi ?

- Parce que tu es spéciale. Tu as un immense pouvoir. »

Un mensonge semblable à une flèche dans son cœur. Les souvenirs affluent, lui brûlent la rétine comme une flamme. Elle tressaille.

« Ce n'est pas vrai, et vous le savez très bien ! crache-t-elle pour dissimuler sa douleur.

- Karin, tu peux devenir un ninja sensoriel extraordinaire, et c'est justement de ça dont j'ai besoin. Tu suivras un entraînement – mon entraînement – et tu seras nourrie, logée et protégée. Et surtout… tu ne seras plus jamais seule.

- Et en échange… je vous aide avec le pouvoir que je suis supposée avoir ? demande-t-elle lentement, parce que les mots d'Orochimaru l'ébranlent et qu'elle n'arrive pas à réfléchir.

- C'est ça.

- Et si je refuse ? le défie-t-elle en craignant d'avance sa réponse. »

Ses lèvres s'étirent en un horrible rictus.

« La forêt est vaste et nous savons tous deux que si tu restes ici, tu ne t'en sortiras pas. Ta dernière chance. A prendre ou à laisser, Karin. »

Elle n'a aucune manière de savoir s'il dit vrai, en ce qui concerne ses intentions à son égard. Elle n'a pas confiance en lui, pas du tout. Son chakra est sombre comme une nappe de goudron, et elle imagine son cœur à son image. Orochimaru est peut-être juste un détraqué qui veut l'enlever et la torturer davantage. Elle a peur de lui, de son horrible chakra, de ses yeux qui brillent d'une lueur malsaine, de ce qu'il pourrait lui faire… mais a-t-elle le choix ? Le suivre ou mourir… autant tenter le tout pour le tout, et puis elle doit reconnaître que ce qu'il lui propose, s'il tient parole, est assez tentant. Ne plus être seule, trouver sa place, ne plus constituer un fardeau. Jamais. Sans compter que, malgré son chakra si ténébreux, c'est la seule personne dans sa vie qui lui ait témoigné une quelconque marque de gentillesse, et ça la touche, plus qu'elle ne saurait le dire. Même si au final, il veut juste se servir d'elle.

Enfin, elle a déjà tout perdu, alors que risque-t-elle en le suivant ? Que peut-il lui arriver de pire ?

C'est pourquoi elle prend son courage à deux mains, ravale sa peur et son appréhension, et déclare dans un murmure :

« C'est d'accord.

- Alors suis-moi. »

En partant avec Orochimaru, Karin a le sentiment d'avoir enfin trouvé sa place et, plus que tout, d'être utile à quelqu'un. Elle croit même, sur le coup, qu'elle rencontrera peut-être des gens gentils, qui finiront par compter pour elle. En somme, ce qui se rapproche le plus d'une famille. Mais surtout, elle ne veut plus être abandonnée. Alors elle se dit que, quoi qu'Orochimaru lui ordonne de faire, elle lui obéira, sans discuter. Elle lui sera utile, et si elle lui est utile il ne se débarrassera jamais d'elle.

Mais de quoi son futur sera-t-il fait, aux-côtés de cet homme ? Ne choisit-elle pas d'emprunter un chemin rempli de nouvelles souffrances, de nouvelles déceptions, de nouvelles larmes ? Peut-être, mais sur le coup, elle se dit surtout qu'elle a peut-être trouvé sa place, et qu'il ne peut rien lui arriver de pire. En somme, qu'elle n'a plus rien à perdre. Alors aux abords de ce sentier si douloureux à prendre brillent également des lueurs d'espoir. Elle ne peut voir que cela – l'espoir – car son petit cœur ne supporterait pas une déception de plus. Elle s'y accroche.

Et elle le suit.

Depuis ce jour, Karin vénère Orochimaru. D'une certaine manière. Le lien qui les unit est indescriptible. Elle ne le considère pas comme un père, certes, ni même comme un ami, mais comme l'homme qui l'a sauvée de la mort et du gouffre sans fond dans lequel elle sombrait un peu plus chaque jour. De la solitude. Sans lui, elle n'aurait rien connu d'autre que la souffrance d'avoir grandi dans sa famille et d'avoir été abandonnée en pleine nature. Même si son futur est empli de douleurs d'un genre nouveau, même si elle doit haïr cet homme plus tard, pour ce qu'il aura fait d'elle, elle continuera de le respecter et de le vénérer. Parce qu'il l'a sauvée, cet après-midi-là, et qu'elle ne le remerciera jamais assez pour cela.

Depuis cette fameuse rencontre, Karin s'efforcera de tenir une promesse. Celle de ne plus jamais représenter un fardeau, pour quiconque. Pour ne plus revivre cela, jamais. Pour arrêter de souffrir. Elle se le jure.

Elle n'a jamais été douée pour tenir ses promesses.


Voilà, qu'en pensez-vous ? Cela me ferait bien plaisir d'avoir un avis et j'espère qu'au moins vous aurez passé un bon moment. Je vous souhaite une bonne continuation. Merci d'avoir lu,

kimi-ebi