Voilà une nouvelle fiction, publiée en entier, où j'ai voulu imaginer une Quinn perdant la mémoire suite à un accident. Une fiction Faberry ( sans blague ? ) Merci d'avance à tous ceux qui prendront le temps de lire cette histoire.

"Aimer, ce n'est pas emprunter des routes toutes tracées et balisées, c'est avancer en funambule au dessus des précipices et savoir qu'il y a quelqu'un au bout qui dit d'une voix douce et calme : avance, continue d'avancer, n'aies pas peur. Tu vas y arriver, je suis là."

Ps : Merci au petit Koala magique qui est devenue la "Muse" de cette histoire.


Chapitre 1 – L'oubli.

Le noir. L'obscurité. Cette impression de tomber. D'oublier.

Et le vide autour de moi.

Des bruits. Des voix.

Et puis plus rien.

Le noir.

L'obscurité.

Et comme une percée violente. La lumière. Éblouissante.

Enfin.


Se réveiller est étrange. J'ai cette impression de l'avoir fait tellement souvent. Mais, j'ai beau me raccrocher à cette idée, celle-ci me semble différente. Emplie d'une souffrance étrange qui ne semble pas encore m'atteindre. Comme si chacune des sensations m'avait été enlevée. Arrachée. J'ai beau essayer de me débattre, j'ai simplement l'impression de me noyer. Mes poumons quémandent un air que je ne sais plus comment acquérir. J'étouffe. Je voudrais remonter à la surface mais je ne sais vers où ni vers quoi aller.

Un bruit.

Et la douleur.

Je veux crier. Je veux hurler. Mais un calme atroce me répond.

Personne. Il n'y a personne.


Mes paupières papillonnent lourdement.

Et le vide autour de moi se perce subitement. Une lumière aveuglante me brûle douloureusement les yeux. Et au moment de les rouvrir, des cercles noirs étranges apparaissent soudain. Comme illusoires. Éphémères, il semble s'évaporer puis réapparaître me cachant l'image floue et lumineuse qui devrait normalement s'imposer à moi.

Ce sont les bruits autour de moi, sons indistincts, qui semblent soudainement faire apparaître des ombres sur ce fond flou. Mouvantes, elles s'approchent et j'ai beau vouloir essayer de reculer, rien ne semble vouloir m'obéir. Tout semble m'échapper. Tout sauf la sensation de mes doigts froissant le tissu léger qui me recouvre presque entièrement.

« J'entends » les ombres bouger maintenant. Elles parlent. Prononcent des syllabes qui finissent par, petit à petit, s'éclaircirent sans pour autant complètement m'atteindre. Et quand le flou s'estompe pour devenir clarté, des visages m'apparaissent, envahissent mon champs de vision alors que les points noirs disparaissent complètement.

Une femme. Peut-être la cinquantaine, se penche vers moi. Elle me dit « Ma fille », elle répète « mon trésor, ma petite fille... ». Mais rien ne m'atteint comme je comprends que ça le devrait. Elle me dit qu'elle m'aime, encore et encore et l'insistance de ses mots me gêne. Quand je tourne la tête, un homme de grande taille est tourné vers moi. Il pleure mais ne dit rien. Et quand les rides de souffrance disparaissent pour laisser place à un sourire triste, je me rends soudain compte qu'il est beaucoup plus jeune que je ne l'ai d'abord cru.

Les paroles de la femme semblent alerter d'autres personnes. Habillées de blouses aux couleurs différentes, deux personnes rentrent précipitamment. Un homme et une femme. Deux inconnus qui me renseignent sur l'endroit où je me trouve, qui complètent l'espace impersonnel dans lequel on m'a installé. Une chambre d'hôpital. Et puis, les sons explosent autour de moi. Le bruit des machines, les paroles d'inconnus, le bruit habituel des couloirs. Tout devient plus clair.

D'un geste la femme en blouse s'approche. D'une voix agréable elle prit simplement les deux personnes qui m'entourent de s'écarter avant de s'approcher. Son visage doux me rassure. Il n'attise en moi aucune forme de malaise. Cette impression de vide qui m'a élancé la poitrine à la vue des deux inconnus qui ne cessent de fixer leurs regards sur moi. Elle demande au jeune homme qui l'accompagne de prendre « tension, sat, pouls » avec l'habitude de ceux qui savent de quoi ils parlent. Il s'approche de moi et c'est quand il touche mon bras que, petit à petit, les sensations reviennent. Il l'entoure avec un brassard noir avant d'actionner un bouton qui resserre l'emprise de ce dernier. C'est quand la pression se relâche que des picotements familiers envahissent ma peau, s'étendent jusqu'à recouvrir mon corps. Puis s'évanouissent, me laissant à nouveau maîtresse de mes gestes.

Il délivre au médecin une série de chiffres avant qu'elle ne le congédie d'un bref « merci ». Mon attention s'accroche ensuite à cette femme. Sa douceur m'empêche de paniquer à nouveau.

- Bonjour Quinn...

« Quinn ». Ce mot. Ce nom. Le mien.

- Comment te sens-tu ?

Mon regard se tourne à nouveau vers les deux inconnus dans le fond de la pièce. La distance qui sépare leur corps, leur manière de ne pas essayer de trouver du réconfort dans le contact de l'autre me permet de comprendre qu'ils n'ont aucun lien, sinon moi.

Et quelque chose m'empêche de déglutir correctement. La sécheresse de ma bouche semble similaire à celle qui emplit mon esprit à cet instant. Aride. L'émotion dans leurs yeux me met soudain mal à l'aise. Je sens pourtant que ça devrait être le contraire. Que je devrais m'en réjouir. Mais je ne ressens alors qu'une incompréhension étouffante. Je sens ma respiration s'entrecouper, comme le ferait le métronome pour son instrument. Comme si, involontairement ou non, elle voulait essayer de me calmer.

Et quand je tourne à nouveau mon regard vers la doctoresse, elle comprend. Les quelques rides de son front se plissent un peu plus quand ses sourcils se froncent.

- Quinn ?

Elle se lève soudain, se retournant vers la tablette derrière elle pour remplir un verre d'eau. Elle me le tend. Je suis obligée de serrer mon poing quelques fois avant de développer mes doigts et d'entourer le verre que je porte presque instantanément à ma bouche.

- Doucement...me conseille la doctoresse.

Je l'écoute et avale gorgée par gorgée. Le liquide a un goût étrange mais allège la brûlure de ma gorge, l'empêche de trop dérailler quand je m'exprime enfin.

- Je...

Elle me reprend le verre des mains et me sourit doucement. Presque tristement.

- Je ne sais plus...

Et l'impossibilité d'exprimer chaque détail du vide qui m'entoure m'empêche de parler à nouveau.

- On va commencer par se présenter Quinn, me dit doucement la Doctoresse en s'asseyant à côté de moi. Je suis le Docteur Clares.

Comment exprimer cela ? Quels sont les mots pour lui faire comprendre ?

C'est quand elle me tend la main que cela s'éclaire. Je lui sers faiblement et sans la quitter des yeux lui réponds simplement :

- Je ne sais plus « qui » je suis.


Je suis seule dans cette chambre. Tout le monde est parti et les infirmières ont poussé la porte pour me laisser un peu d'intimité. Le silence autour de moi m'apaise étrangement. Il n'y a rien à chercher, à soupeser ou à comprendre dans cette tranquillité éphémère.

« C'est l'un des symptômes qui peut apparaître après un tel choc. Nous allons surveiller l'évolution de Quinn. ». C'est ce qu'avait dit la Doctoresse. Les deux « inconnus » sont partis aussi. Judy Fabray. Ma mère. Et Finn...Dont le nom de famille m'a échappé. Mon « petit-ami ». Elle a éclaté en sanglot quand elle a compris et la mâchoire du jeune homme s'est contractée.

Mais rien.

L'accident. J'ai eu un accident. Je rentrais chez moi, un homme m'ait rentré dedans. Ma « mère » a parlé de « poursuites », de « scandaleux », d' « horrible » mais je n'écoutais déjà plus vraiment. Le garçon m'a serré la main. Et quelque chose de désagréable a fourmillé jusqu'à moi. Un sentiment d'étouffement, comme l'émanation d'un passé oublié.

La Doctoresse m'a ensuite expliqué qu'elle avait dû m'opérer. Et que tout ce qu'il resterait physiquement de cet accident serait quelques hématomes et cette cicatrice sur le côté droit de ma cage thoracique.

Je soupire et tourne ma tête vers la fenêtre dont j'ai demandé qu'on laisse les stores ouverts.

Quand la Doctoresse m'a demandé s'il y avait quelque chose dont je me souvenais, une émotion, un sentiment particulier, un souvenir, j'ai simplement répondu non. Mais sous-jacent à ce vide étrange, cette impression d'être « perdue » dans un dédale sans début ni fin, un autre sentiment est venu se glisser, apparaître. Un sentiment sans nom. Un désir étrange et sans visage. Sans savoir quoi, ni comment, je voulais cette chose. A m'en étouffer le cœur.

Allongée, mes yeux se perdent à travers l'obscurité au dehors. Et c'est là que la première sensation familière apparaît. Ainsi que mon premier semblant de sourire. Là au dehors, sans les apercevoir pourtant, je peux me rappeler de ces astres scintillants au dehors. De la manière que j'avais d'aimer les regarder.

Aimer.

Oui, j'aime regarder les étoiles. Je me plonge dans cette constatation avec un certain soulagement, m'imprégnant toute entière de ce besoin de m'évader à travers un ciel nocturne et sans nuages.

L'impossibilité de me lever pour peut-être les apercevoir m'emplit soudain d'une frustration étrange. Car immédiatement elle se relie à quelque chose d'autre. A une chose que mon esprit n'arrive plus à atteindre. Une chose importante. Primordiale. Qui me coupe un instant le souffle.

Et quand je respire à nouveau. Je sens avec une clarté étrange le cheminement de l'air jusqu'à mes poumons et la douleur, bien que légèrement présente, me rappelle que je suis en vie.

Je sens la fatigue s'insinuer à travers mes pensées, les rendre moins tumultueuses et m'apporter un calme, qui bien que précaire, me semble réconfortant. Et je ne sais pas réellement pourquoi, mais en même temps que le sommeil m'attire, ma main vient se poser sur la cicatrice. Mes doigts glissent sur les sillons irréguliers qu'ont formés ma peau quand on l'a refermée. Je la caresse et soudain, cette chose qui m'échappe me semble étrangement moins lointaine.

Plus proche.