DISCLAIMER :Cette magnifique histoire appartiendra toujours à HoistTheColours. Je ne suis qu'une humble traductrice, essayant de retranscrire le charme de cette fanfiction du mieux qu'elle peut. Le Joker, Batman, et leur univers appartiendront toujours à DC Comics & à Christopher Nolan.

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SYNOPSIS : Se situe plusieurs mois après les évènements de THE DARK KNIGHT. Le Joker s'est échappé de l'asile d'Arkham, il cherche à présent un nouvel endroit pour préparer sa prochaine attaque. En entrant par hasard dans un immeuble abandonné, le Joker rencontre une petite fille...

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NDA de HoistTheColours : J'ai créé cette histoire pour approfondir un côté du Joker que les gens ne voient pas assez souvent, voire jamais, que ce soit dans le film ou dans les comics. Je voulais présenter le Joker dans une situation où sa conscience (pour le peu de bonté qu'il possède toujours) lui donnerait du fil à retordre. Cela étant dit, j'espère réussir, tout en gardant le véritable caractère du Joker, autant que je le pourrai. Les commentaires sont les bienvenus, et j'espère que vous aimerez cette histoire.

A mes lecteurs Français : Bonjour ! C'est un grand plaisir de vous retrouver ici, pour lire cette histoire. Cette histoire ne serait pas là s'il n'y avait pas eu Anger-Lola, qui a gracieusement proposé de traduire "Clockwork". Je lui donne tout le mérite pour cette version Française que vous vous apprêtez à lire. J'espère vraiment que ça vous plaira.

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NDT de… moi : J'espère que la magnifique fanfiction de HoistTheColours saura vous séduire autant que moi. Laissez-vous porter, Clockwork est vraiment sublime.

READY. SET. GO !


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CHAPITRE I

Le Joker grimpait les escaliers du complexe d'appartements délabré et abandonné, ses longues jambes sautant deux marches à la fois. Au-dessus de lui, la pleine lune brûlait brillamment, ses rayons blancs se reflétant sur l'eau du port plongé dans l'obscurité derrière lui, et illuminait les vagues. La marée montait doucement et effleurait les quais de chargement, accompagnée par le bruit des voitures glissant sur l'asphalte à l'intérieur de la ville de Gotham.

Ce soir, le brouillard était froid, et plus lourd que d'habitude, enveloppant complètement les Narrows, flottant au-dessus du port. Cela formait une épaisse couche de brume. L'air glacial de la nuit d'hiver poussait les pans du vêtement pourpre du Joker derrière lui, alors qu'il terminait son ascension, atteignant le dernier étage. La neige fraîche crissait sous ses chaussures. De petits nuages de fumée blanchâtre sortaient de sa bouche alors qu'il exhalait doucement, enveloppant sa main gantée autour de la poignée glacée.

Il donna nonchalamment un dernier coup d'œil derrière lui avant d'entrer. Il entrouvrit la porte et balaya l'appartement du regard. Le bâtiment était sombre, et vraiment inoccupé, vu ce à quoi il ressemblait. Il humecta ses lèvres gercées et franchit le seuil, ouvrant plus largement la porte pour mieux inspecter l'intérieur. En signe de protestation, les charnières grincèrent sinistrement.

Le clair de lune inonda instantanément la salle, ses rayons s'arrêtèrent sur le mobilier brisé et dispersé sur le plancher. L'endroit sentait la cigarette froide, la poussière et le bois pourri. Ce n'était évidemment pas une odeur des plus agréables, mais cela ne le dissuada pas.

Il faisait encore trop sombre pour qu'il puisse y voir plus clair, il se déplaça donc dans la salle de séjour, sans se soucier des morceaux de verres qui jonchaient le sol. Il se dirigea vers la grande baie vitrée, qui offrait une vue sur le port. Sans plus réfléchir, il déchira rudement les lourds rideaux couverts de fleurs, envoyant des particules de poussière et de la neige à travers la pièce. La lumière lunaire afflua totalement dans le salon. La tringle en plastique et les rideaux s'écrasèrent au sol, tombant sur le tapis dans un bruit sourd.

Tournant le dos à la fenêtre, le Joker put maintenant examiner la totalité de l'appartement.

Le canapé sur le côté droit avait perdu une partie de ses coussins, et le tissu marron vert rayé était déchiré, éventré, comme si quelqu'un s'était acharné sur lui à coup de couteau. En face, il y avait un vieux téléviseur, couché sur le sol, dont l'écran était partiellement fissuré en son centre, dessinant ainsi une espèce de toile d'araignée qui laissait penser que quelqu'un l'avait défoncé à coups de batte de Base-Ball. Des vieux papiers et des couvertures de livres déchiquetés décoraient le sol recouvert d'une vieille moquette sale, accompagnés de nombreux éclats de verre provenant des grandes lampes brisées, ou des vases. Les murs, faits de briques rouges, avaient l'air usés, les rainures étaient couvertes de poussière. Pour couronner le tout, une fine couche de neige recouvrait l'ensemble, probablement soufflée à travers une fenêtre brisée.

Au-delà du séjour se trouvait une petite cuisine, qui semblait être dans le même état. Le sol en linoléum jaune était fissuré par endroits, et il en manquait une bonne partie. Les portes des placards étaient toutes ouvertes, et certaines pendaient mollement sur le côté, à peine soutenues par leurs gonds. Le réfrigérateur avait perdu la porte de son congélateur, la cuisinière et le four étaient carbonisés à côté de lui, comme si quelqu'un avait fait brûler plus d'un repas là-dessus.

Une petite table ronde reposait au centre de la cuisine, entourée de chaises auxquelles il manquait deux ou plusieurs pieds, toutes couchées sur le sol. Des assiettes en porcelaines brisées et des tasses avaient été jetées négligemment dans l'évier. Les pétales de roses dorées qui ornaient le bord des assiettes brillaient durement au clair de lune.

Le Joker fit claquer sa langue de dégoût devant le désastre devant lui, puis il se détourna pour rejoindre la cage d'escalier. Le bois usé grinça sous ses pieds. En haut de l'escalier, la lune brillait encore plus vivement à travers les fenêtres des différentes pièces. Il regarda le couloir et ses sourcils se haussèrent, dans une agréable surprise, quand il constata qu'il était extrêmement long. Quelqu'un avait apparemment cassé plusieurs parois, ce qui voulait dire que l'on pouvait maintenant accéder aux escaliers de tous les appartements voisins, sans avoir à quitter celui-ci.

Splendide.

Il continua à marcher lentement dans le couloir recouvert de moquette verte, et jeta un coup d'œil dans chaque pièce, à la recherche de quelque chose d'intéressant. Il fit tourner son cran d'arrêt dans sa main droite, toujours prêt à l'emploi en cas de besoin. Il doutait vraiment que quelqu'un puisse encore vivre dans cet endroit, sans-abri ou non. La fondation du bâtiment était en ruine, et dans l'ensemble l'endroit était délabré et vieux. Le Joker pensait que personne n'était assez fou pour rester dans un bâtiment comme celui-ci, et c'était ainsi parfait pour lui. Il en avait plus qu'assez de dormir dans la vieille Berline noire, comme il l'avait fait ces trois derniers mois après son évasion d'Arkham. La banquette arrière était bien trop étroite pour lui, et il ne pouvait pas allonger ses jambes, le siège du conducteur ne s'inclinait pas suffisamment.

En pensant à cela, le Joker décida que ce serait l'endroit où il établirait un camp, jusqu'à ce qu'il puisse y faire quelques travaux. Toutes les chambres étaient vides, mis à part un lit d'appoint ou une armoire pour certaines, ce qui le confortait dans l'idée que l'endroit était réellement inoccupé avant qu'il n'arrive.

Alors qu'il approchait de la fin du couloir, en fredonnant un air joyeux et optimiste, il commença à planifier mentalement de quelle manière il pourrait embellir cet endroit. Tout d'abord, il devrait mettre un ruban jaune d'avertissement sur la porte d'entrée, comme ça, personne ne songerait à entrer. Et puis, il allait falloir poser des pièges aussi, juste au cas où des jeunes, des adolescents ou autre décideraient de se montrer arrogants en bravant l'interdiction.

Ah oui, il aurait également besoin d'une serrure, car la porte s'était ouverte beaucoup trop facilement lorsqu'il était arrivé ici. Il barricaderait toutes les entrées des appartements voisins, pour que personne ne puisse y entrer par là. Il placarderait sans doute les fenêtres, et avoir l'eau courante serait parfait, si ce n'était pas encore le cas. Il faudrait aussi décorer l'endroit, bien sûr. Il avait beaucoup de coupures de presse au sujet de la chauve-souris qu'il pouvait coller aux murs.

Tant de choses à faire et si peu de temps, se dit-il distraitement.

Il arrivait enfin au bout du couloir, et constata qu'une des portes était fermée. Il trouva cela étrange toutes les autres étaient branlantes ou complètement ouvertes. Le Joker fredonnait encore alors qu'il approchait lentement de la porte, mais un bruit de pas précipités crépita à l'intérieur et titilla ses oreilles. Il s'arrêta immédiatement et fronça les sourcils, immobile, puis il écouta attentivement. Il savait qu'il n'avait pas imaginé ces bruits.

Les sourcils toujours froncés, il fit un pas en avant. Avant même qu'il n'eût le temps de placer sa main sur la poignée, il entendit une petite voix résolument enthousiaste venir de l'intérieur de la chambre.

Maman ?

C'est quoi cette—…

La porte s'ouvrit entièrement, et alla frapper le mur en briques derrière elle, elle rebondit un peu. À l'intérieur, il y avait une petite fille debout qui souriait joyeusement, les yeux écarquillés avec espoir, du moins… c'était ce que le Joker supposait lire.

Tout aussi rapidement qu'il était venu, cependant, le sourire de la petite fille disparut alors qu'elle remarquait que la personne qui se tenait devant elle n'était absolument pas celle qu'elle attendait.

Le Joker était grand et imposant dans le chambranle, il regardait la petite fille avec intérêt, un sourire agréable se propageant lentement sur ses traits. Elle n'avait sans doute pas plus de trois ou quatre ans, son petit corps était seulement vêtu d'une robe en coton bleu, à manches courtes, qui lui arrivait aux genoux, et de baskets minuscules. Elle avait une tignasse de cheveux blonds emmêlés, qui tombaient dans une queue de cheval négligée, et elle portait un sac à dos sale, avec des sangles jaune moutarde, qui pesait lourdement sur ses petites épaules.

La petite fille tremblait visiblement, sans doute à cause du froid, ou parce qu'elle avait peur, il était incapable de la déchiffrer réellement. Un vent glacial entrait par la fenêtre cassée, et la neige avait tout juste recommencé à tomber pendant qu'ils se regardaient. Les petits flocons blancs se glissaient à l'intérieur et atterrissaient doucement sur le sol autour d'eux. La chambre était pâle et silencieuse.

Les plus grands et brillants yeux verts que le Joker n'ait jamais vus se levèrent vers lui, dans une expression qui pouvait être interprétée comme de la confusion, et il lui sourit en avançant d'un pas. La petite fille recula maladroitement pendant qu'il fermait la porte et s'approcha encore plus d'elle. Ses yeux circulaient librement sur son corps élancé, en dessous de ses minuscules sourcils froncés.

— Eh bien, bonjour ma chérie.

Il avait appuyé sur le 'r' avec une certaine lassitude, et il se pencha vers la petite fille, posant ses mains sur ses cuisses.

— C'est quoi ton nom ? demanda-t-il de la voix la plus agréable qu'il puisse modeler.

Il ne voulait pas lui faire peur, pas encore. Le Joker parcourut le visage de la gamine en attendant, alors que ses yeux verts scintillaient vivement sous ses cils noirs. Elle observa les siens, qui étaient bordés de fard noir jusqu'à ses sourcils. Elle balaya son visage barbouillé de blanc. Ses yeux erraient sur tout, sur ses lèvres et les cicatrices irrégulières peintes en rouge brillant et sanglant, jusqu'à son costume violet, et ses cheveux gras d'un vert fané.

Le clown fit travailler sa bouche, impatient face à l'incapacité de la gamine à lui répondre.

— Alors… ? demanda-t-il, ses yeux ne quittant jamais son visage.

La petite fille se mordit la lèvre.

— Taylor.

Elle avait finalement répondu, timidement, d'une petite voix qui sonnait incroyablement douce aux oreilles du Joker. Il n'avait pas entendu une voix comme la sienne depuis bien longtemps. Elle avait l'air si… innocente. Il sourit.

Elle le fixait avec méfiance maintenant, la tête légèrement penchée sur le côté en continuant à le regarder. Ses yeux se plongèrent dans les orbes bruns et obscurs, elle ne semblait pas savoir quoi penser de l'homme en face d'elle.

— Taylor… répéta le Joker en appuyant le 'r', tout en testant le mot pour lui-même.

Il glissa sa langue au coin de ses lèvres et se rapprocha d'elle.

— Quel joli nom.

Il lui sourit, et la petite fille baissa la tête en rougissant. Le clair de lune éclaira le rosissement qui s'étalait sur ses joues. Il avait envie de rire de sa pudeur ridicule. Ne savait-elle donc pas qui il était ? Il était le Joker, il était impitoyable, un tueur psychopathe, et elle rougissait devant lui parce qu'il venait de lui lancer un compliment par négligence. De toute évidence, elle ne regardait pas beaucoup les informations.

Elle releva la tête, et rencontra à nouveau ses yeux. Elle le regardait avec sérieux, comme s'il était un puzzle qu'elle ne pouvait pas reconstituer entièrement. Ils s'observèrent pendant quelques secondes, et ni l'un ni l'autre ne cligna des yeux jusqu'à ce que soudain, la petite fille se mette à parler, en se penchant près de lui, comme si elle allait lui murmurer un sombre secret.

— Pourquoi es-tu habillé comme un clown ? Chuchota-t-elle timidement, craignant de pouvoir l'offenser avec sa question, mais totalement incapable de retenir sa curiosité.

Le Joker laissa un grand sourire se répandre sur son visage, et ses yeux noirs furent traversés par une lueur d'amusement, ce qui montrait qu'il aimait beaucoup son audace. Il ne s'était pas senti aussi amusé depuis longtemps. Il passa la langue sur sa lèvre inférieure et il regarda brièvement le plafond avant de lui répondre.

— Pourquoi ne pas… s'habiller comme un clown ? demanda-t-il.

Son sourire disparut, et il prit une expression sérieuse. La petite fille parut pensive, en réfléchissant.

— Je ne sais pas, répondit-elle tranquillement, sa voix faiblit la fin de sa phrase alors qu'elle attendait une réponse de sa part.

Mais au lieu de lui répondre, il se contenta de la dévisager en penchant la tête sur le côté, les yeux plissés.

— Où est ta maman ? demanda-t-il la voix dénuée d'émotion.

Manifestement, la petite fille l'attendait lorsqu'il était arrivé. Reviendrait-elle bientôt ?

Taylor haussa les épaules, l'une des sangles de son sac à dos glissa sur son bras.

— Je sais pas, répondit-elle tristement.

Ses sourcils formaient un pli entre ses yeux, et elle fixa le tapis.

— Elle m'a dit d'attendre ici jusqu'à ce qu'elle revienne.

Sa petite voix n'était rien d'autre qu'un murmure, et elle ferma sa petite main, se frottant les yeux avec son poing, fatiguée. On aurait dit qu'elle n'avait pas dormi depuis des jours.

— Ça fait combien de temps que tu es là ? interrogea-t-il en l'observant d'un peu plus près.

La petite fille baissa les yeux et compta sur ses doigts.

— Deux jours, annonça-t-elle après un moment de réflexion.

Le Joker traita cette information en la fixant, les yeux plissés pour la jauger. La gamine ne l'avait manifestement pas encore réalisé, mais il devinait que sa mère l'avait délibérément abandonnée ici. Qui pourrait laisser une petite fille toute seule dans un complexe d'appartement désert, pour la laisser mourir en plein hiver, rien de moins ?

Il fit courir sa langue à l'intérieur de sa bouche, caressant ses cicatrices. Les yeux sombres du Joker se promenèrent brièvement dans la pièce, observant le lit double poussé conte le mur, et les multiples boîtes en carton dans un coin de la chambre.

Ses yeux revinrent finalement à Taylor.

— Qui c'est ça ? il fit un signe de sa main gantée, pointant la peluche qu'elle tenait dans une main.

Instinctivement, elle resserra les doigts autour de l'ours.

— Oh… c'est Teddy, dit-elle lentement en retrouvant sa voix, mon… mon papa me l'a donné, pour moi, à Noël, avant de partir.

Le Joker regarda de quelle manière elle baissa la tête pour regarder son ours en peluche avec adoration, comme s'il s'agissait d'un ange envoyé par Dieu. Quand il vit l'air sérieux de la petite fille, il eut envie d'éclater d'un rire hystérique, mais il parvint à se contenir et il serra les lèvres étroitement pendant qu'elle caressait la tête de son ours avec amour. Elle leva la tête pour faire face au Joker, et elle prit conscience de l'air étrange sur son visage. Elle parla rapidement.

— Ne t'inquiète pas, commença-t-elle doucement, Teddy aime rencontrer de nouveaux amis.

Elle se voulait rassurante, mais elle choisissait soigneusement et lentement ses mots afin de ne pas l'offenser. Elle était intelligente.

Elle se mordit timidement la lèvre, et le regarda à nouveau. Ils se fixèrent pendant quelques secondes de plus, se contemplant en silence. Le Joker ne pouvait s'empêcher de remarquer que cette gamine n'avait pas peur de lui. Bien sûr, elle était inquiète, et peut-être un peu effrayée, mais c'était naturel pour un enfant. En vérité, il était juste un peu intrigué par la façon dont elle le regardait. Elle soutenait ses yeux pendant plus de temps que la plupart des adultes pouvaient le faire, et pourtant elle ne détournait le regard que par timidité ou embarras.

Pendant qu'il l'observait, il remarqua que les yeux de Taylor s'étaient décalés vers sa main droite qui tenait encore son cran d'arrêt. Elle ne l'observa pas directement, jetant des coups d'œil furtifs comme s'il s'agissait d'une vipère qui pouvait mordre à tout moment. Elle fit un pas en arrière.

Il baissa les yeux et observa son arme, en regardant de quelle manière le clair de lune se reflétait doucement sur la lame, la faisant étinceler.

Pendant un moment, il fixa simplement son cran d'arrêt. Allait-il la tuer ? Il n'avait jamais réellement tué quelqu'un de son âge avant, ou du moins, pas volontairement. Pourquoi se posait-il cette question, d'abord ? Il avait tué des centaines de personnes chaque jour, sans se soucier d'elles. C'était une seconde nature pour lui de tuer quelqu'un qui le gênait ou tout simplement parce qu'il en avait envie. Quelle différence l'âge pourrait-il faire ?

Mais qu'est-ce qu'il ferait avec elle s'il ne la tuait pas ? Elle ne pouvait certainement pas rester ici. C'était tout simplement hors de question. Il n'avait pas le temps ou manifestement pas l'envie de prendre soin de petites filles abandonnées, et de les nourrir. Il avait des immeubles à faire exploser, des visages à charcuter, quelques petits jeux à jouer, et une amie chauve-souris à déloger. Il ne pouvait pas—il ne voulait pas— s'encombrer d'une gamine.

Le Joker ferma rapidement son cran d'arrêt dans un mouvement rapide, faisant sursauter Taylor, puis il l'empocha. Il reporta immédiatement son attention à son visage.

Elle avala bruyamment, et ses yeux se posèrent à nouveau à l'endroit où il avait rangé son arme.

— Tu ne sais pas quand ma maman va rentrer ?

Sa petite voix était à peine audible, et ses grands yeux étaient remplis d'espoir.

— Elle m'a promis de bientôt revenir, ajouta-t-elle en s'adressant à moitié à elle-même.

Il soupira dramatiquement, et les yeux de Taylor se posèrent sur lui. Il bougea légèrement, et fit courir sa langue sur sa lèvre inférieure. Il se rapprocha de la petite fille, les mains posées sur ses cuisses.

— Je ne pense pas que… maman va euh… revenir ici… pour l'instant.

L'expression d'espoir de Taylor disparut lentement et ses épaules s'affaissèrent tristement. Teddy tomba mollement à ses pieds.

— Oh…

Ses sourcils se froncèrent confusément, comme si elle ne comprenait pas ce qu'il venait de dire. Elle baissa la tête et regarda ses pieds, et le Joker observa ses cils qui battaient rapidement sur ses joues sales. Elle le regarda à nouveau, au bord des larmes.

Oh merde, songea-t-il avec exaspération. Craignant qu'elle ne fonde en larmes, ou qu'elle ne pousse des hurlements, ou qu'elle fasse une sorte de crise, il changea à nouveau de position, se penchant plus près. Il baissa la tête vers elle, de manière à ce qu'elle le regarde dans les yeux.

— Hé, murmura-t-il rapidement, tu as faim ?

Il chercha la réponse dans son regard. Sa tête se releva rapidement et ses yeux verts s'éclaircirent considérablement, dans ce qui semblait être de la surprise.

Aha !

Le Joker hocha la tête une fois, et glissa la langue au coin de sa bouche en se dressant sur ses pieds, ses genoux craquèrent.

— Viens.

Il fit signe à Taylor de le suivre alors qu'il se détournait d'elle pour sortir de la chambre. Quand il n'entendit aucun mouvement derrière lui, il fronça les sourcils et se tourna vers le visage de la petite fille pour constater qu'elle n'avait même pas bronché. Il lui jeta un regard interrogateur et elle se mordilla la lèvre.

— Maman a dit que je d-dois rester ici.

Elle releva les yeux vers le Joker, et grimaça comme si elle s'attendait à ce qu'il la gronde ou qu'il se mette à lui hurler dessus.

Au lieu de cela, il fit claquer ses lèvres, produisant un bruit sec.

— Tu sais, commença-t-il en ouvrant la porte pour observer le couloir vide, les sourcils haussés, si tu ne manges pas, tu vas mourir de faim.

Il fit travailler sa mâchoire en se tournant vers elle, pour la regarder ostensiblement.

— Et nous ne voulons pas ça, n'est-ce pas jolie poupée ?

La petite fille fronça les sourcils et se tourna vers Teddy, comme si elle attendait une réponse de sa part. Elle tourna lentement la tête vers le Joker, encore debout sur le seuil.

— Teddy est en quelque sorte affamé, offrit-elle en tirant son ours contre sa poitrine.

Le Joker sourit et fit un mouvement de la tête pour qu'elle le suive. Il fit son entrée dans le couloir, et entendit des bruits de pas légers et minuscules. Taylor était loin derrière lui, ses petites jambes étant incapables de suivre ses longues enjambées.

Une fois qu'il atteignit le bas des escaliers, il se tourna pour vérifier et constata que Taylor commençait tout juste à descendre. Sa petite main se serrait autour de la balustrade en bois, et elle avançait marche par marche, en faisant bien attention de ne pas tomber. Elle continua ainsi jusqu'à la moitié de l'escalier. Sur la septième marche, elle leva les yeux pour voir que le Joker la regardait avec une expression légèrement amusée.

Se méprenant et prenant ça pour de l'impatience, Taylor se laissa rapidement tomber sur les fesses et glissa le long de chaque marche, les deux jambes tendues devant elle, légèrement penchée en avant. Elle atteignit la dernière, et le Joker commença à marcher vers la cuisine. Il s'arrêta en l'entendant pousser un petit gémissement, essayant d'attirer son attention.

Elle était toujours sur la dernière marche, les yeux fixés sur le sol.

Oh.

Des éclats de verre jonchaient le parquet, et Taylor avait peur de marcher dessus, même en baskets.

Il ne pouvait pas croire ce qu'il était sur le point de faire. Soupirant d'exaspération, il marcha de nouveau vers elle et la prit sous les bras, la tenant loin devant lui, avec une certaine maladresse et traversa la pièce jusqu'à la cuisine.

Il la posa sur le sol quand ils entrèrent, et il ouvrit rapidement les placards et les tiroirs, pendant que ses yeux fouillaient leur contenu à la recherche de toute sorte de nourriture. Il ne pouvait pas croire qu'il lui cherchait à manger alors qu'il ne le faisait pas pour lui-même. Au moins, elle ne pleurait pas, sinon, il pourrait se charger de la faire taire. Eh bien, ce ne serait pas drôle pour elle, de toute façon.

Alors qu'il fouillait encore, en sortant les tiroirs et les portes de leurs gonds sans ménagements, il se demanda vaguement depuis quand la gamine n'avait pas mangé. Elle avait l'air vraiment maigre, comme si elle n'avait jamais été vraiment bien nourrie depuis sa naissance, ses joues étaient creusées et ses membres presque aussi fin que les pieds d'une chaise pliante.

L'intérieur des placards était sombre, et le Joker dut passer une main à l'intérieur pour sentir s'il y avait quelque chose d'intéressant, ses ongles grattant contre le bois.

Taylor se tenait immobile sur le seuil, en le regardant avec une attention soutenue, son sac à dos toujours suspendu laborieusement sur ses épaules et Teddy dans ses bras.

En se mordant les lèvres, elle se détourna de lui pour aller plus loin dans la pièce. Elle avança péniblement vers la table ronde au centre de la cuisine, elle lutta pour ramasser une chaise qui était allongée sur le sol. Heureusement pour elle, celle qu'elle avait ramassée avait quatre pieds. Elle se redressa et en trouva une autre, qu'elle remit dans sa position verticale tandis que le Joker fouillait toujours la cuisine en face d'elle. Elle plaça soigneusement Teddy sur la première chaise, et monta sur la deuxième avec beaucoup de difficulté.

Aha. Le Joker sortit avec une boîte de céréales violette du fond d'un placard en poussant un grognement, puis il se tourna vers la petite fille.

Elle était assise à table, les mains croisées sur ses genoux d'une manière polie et ordonnée, et son ours était placé à côté d'elle en observant le Joker avec ses gros yeux globuleux noirs.

Il n'était pas certain de ce qu'il devait faire : éclater de rire devant l'absurdité de la situation, ou commencer à lancer des couteaux ?

Pourquoi faisait-il ça d'abord ?

La petite fille observa la boîte avec intérêt alors qu'il s'approchait d'elle et posa les céréales sur la table.

— Là !

Taylor regarda le dessin pendant une minute, ses yeux s'attardant sur le soleil jaune, le visage souriant, avant de tirer lentement la boîte vers elle. Elle la tint maladroitement sur ses genoux avant de plonger la main à l'intérieur. Elle attrapa une poignée de céréales et de raisins secs, et les posa sur la table, puis avidement, elle en avala une petite quantité. Certains ratèrent sa bouche, et retombèrent dans la boîte qui était toujours sur elle.

Le Joker la regarda en silence alors qu'elle croquait les céréales avec bonheur, balançant ses jambes qui étaient loin d'atteindre le sol. Il ouvrit la bouche pour parler, mais il fut distrait par le bruit des sirènes de police. Fronçant les sourcils, il sortit de la cuisine pour pénétrer dans le salon. Il se dirigea vers la baie vitrée à l'avant du bâtiment qui donnait sur la rue et sur le port.

Il découvrit une voiture de police qui fonçait à toute allure en face de l'appartement, ses sirènes rouge et bleu clignotantes et hurlantes, et il aperçut rapidement le 'GCPD' sur le côté de la voiture qui circulait dans la rue.

Hmmm.

Il se demanda si la police courait après Batman, mais il rejeta rapidement l'idée. Même si Batman était « recherché », la police avait de plus gros poissons à pêcher. Et puisque Batman devait techniquement « aider » la ville, il n'était pas la plus grande menace de Gotham pour le moment. Certes, il avait soi-disant assassiné Harvey Dent, mais le Joker n'y avait pas cru une seule seconde. Il savait que Batman refusait de tuer, et c'était sa seule règle. Après tout, ça expliquait pourquoi le Joker était toujours en vie.

Il se demanda alors ce que l'homme chauve-souris faisait aujourd'hui. Sauvait-il la ville en luttant contre la criminalité comme un héros discret… ou était-il à la maison en train de dormir à poings fermés ? Il avait une maison au moins ? Une famille aussi ? Avait-il une femme qui faisait les cent pas en attendant son retour chaque nuit, pendant qu'il luttait contre les criminels dans les rues sales de Gotham ?

Est-ce que Batman avait… des enfants ?

Le Joker sourit à cette pensée, se représentant mentalement un petit garçon qui courrait avec un sac-poubelle noir noué autour du cou en guise de cape de fortune, et un masque en plastique posé fièrement sur sa tête. Quel spectacle ça serait.

Et en parlant d'enfants…

Qu'est-ce qu'il allait faire avec Taylor ? Elle ne pouvait pas rester ici. Il ne… la voulait pas ici. Et puis, il n'allait pas la tuer, elle était une gentille fille, innocente, amusante, vraiment amusante. Et non corrompue par les malheurs du monde. Il pensait qu'elle était probablement l'une des rares personnes à Gotham qui méritait encore de vivre.

Il songea qu'il pouvait la mettre à la garderie la plus proche. Et ils s'occuperont d'elle, comme ça. Au moins, elle serait en sécurité et hors de ses mains.

Ça sonnait parfaitement bien. Demain matin, elle serait hors de sa vue et le Joker pourrait enfin s'occuper du « grand ménage » de son nouveau campement, et de la planification de sa prochaine attaque sur Gotham.

Le Joker se sentait un peu plus détendu maintenant qu'il ne s'inquiétait plus de telles broutilles, et il retourna rapidement à ses pensées habituelles.

Son plan serait génial, ça, il en était certain. Il serait encore mieux et plus élaboré que celui qui concernait Harvey Dent. Il allait mettre cette ville pitoyable à genoux... Et ils pourraient tous le sucer pendant qu'ils y étaient, pour ce que ça valait…

Dehors, la neige tombait toujours dans l'obscurité, et la lune brillait encore fortement. Un chien aboya au loin, et cela fit sortir le Joker de ses pensées.

Il fit finalement demi-tour pour revenir voir Taylor, et il remarqua que sa tête était appuyée sur la table, et qu'elle était profondément endormie. Il s'approcha, et il vit que « Teddy » avait un tas de raisins secs juste devant lui. Il se sentit presque confus, puis un demi-sourire étira ses lèvres. Soit Taylor n'aimait pas les raisins secs, ou bien elle s'attendait réellement à ce que son ours les mange.

Le Joker retira la boîte de céréales vides de ses genoux et la posa sur la table. Il glissa sa langue sur ses lèvres, et il hissa son corps aussi léger qu'une plume dans ses bras, la serrant pensivement contre son torse tandis que sa tête trouva presque naturellement son épaule. Eh bien, c'était… inattendu. Il se détourna de la cuisine et se souvint alors de son ours en peluche. Soupirant avec exaspération, il revint sur ses pas et attrapa l'animal par l'oreille, puis il traversa péniblement le salon pour grimper à nouveau les escaliers.

Fronçant les sourcils pendant son ascension, le Joker ne put s'empêcher de se dire qu'il n'avait jamais… porté quelqu'un dans ses bras avant, pas comme ça. À moins qu'il ne s'en souvienne pas, bien sûr. La simplicité de cette situation agita des émotions étranges en lui. Il se sentait… mal à l'aise, ce qui était une sensation des plus rares et même étrangère. Il se sentait… déconnecté, hors de contexte, et étrangement égaré, comme s'il n'était vraiment pas censé faire ça. Et dans un sens, il ne devait pas le faire. Depuis quand n'avait-il pas fait quelque chose de généreux pour quelqu'un d'autre que lui-même ? Il n'avait même plus jamais fait preuve de compassion depuis de longues années, du moins, pas de cette manière-là. Peut-être qu'il réfléchissait un peu trop.

Peu importe, à quel point tenir la gamine dans ses bras lui provoquait une sensation étrange, il parvint à l'oublier, à tout repousser dans un coin de sa tête alors qu'il rejoignait la chambre où il avait découvert Taylor. En entrant, il enleva soigneusement le sac à dos de ses épaules sans la réveiller, et le laissa tomber sur le plancher. Penché sur le lit, il la posa sur le matelas, laissant tomber l'ours à côté d'elle. Elle remua légèrement, et se tourna sur le côté, en pelotonnant ses petites jambes contre elle pour se réchauffer dans son sommeil.

Il la regarda un moment, la lune projetant ses pâles rayons sur son visage. Ses joues étaient pâles, et un peu cachées par la poussière. Sa bouche était légèrement entrouverte et elle respirait doucement, ses cils épais caressant ses joues.

Il secoua la tête et se redressa rapidement, en fermant la fenêtre pour empêcher la neige d'entrer et il quitta la pièce en refermant la porte derrière lui.

— Dingue, dingue, dingue… murmura-t-il en pensant à cette situation ridicule.

Errant dans le couloir, il découvrit une autre petite chambre, avec un grand matelas, seulement quatre portes plus loin. Il tendit les bras dans son dos en grognant, écoutant ses omoplates craquer tandis qu'il entrait dans la petite pièce. Ses muscles étaient étrangement tendus et il avait bien besoin de s'étirer.

Il lança ses chaussures et se laissa tomber lourdement sur le matelas sale, en observant le plafond. Il retira ses gants en cuir, les empocha à l'intérieur de sa veste et il posa ses paumes sur son ventre.

L'odeur de moisi et la poussière imprégnaient le matelas, mais il s'en foutait. C'était quand même mieux que de dormir dans la voiture.

Après quelques minutes, son esprit toujours en marche et ses pensées rampaient silencieusement, le Joker dériva finalement dans un agréable rêve rempli d'explosions, de blagues, et de chauves-souris.


HoistTheColours et moi attendons vos réactions avec impatience. J'espère que ce premier chapitre titille votre curiosité, et votre envie de lire la suite. En tout cas, faites le moi savoir.

Même pour une simple traductrice, le travail n'est pas aisé. Alors, les reviews sont les bienvenues et motivantes.

Let me know !


(Petite parenthèse, pour ceux qui suivent mes fanfictions, je tenais à dire qu'elles ne seront en aucun cas freinées par la traduction, et que vous aurez la suite. Je suis déjà en retard, mais j'ai récemment traversé une période assez difficile où je n'avais plus aucun plaisir à écrire. J'ai alors beaucoup lu, et je me suis aussi mise à la traduction, en ayant de terrible coups de coeur... Grâce à ça, j'ai repris du poil de la bête et je continue ce que j'aime faire avant tout, écrire. Et en parallèle, je traduis aussi.

J'espère que quand on dit "Plus c'est long, plus c'est bon" est vrai, parce que quand je posterais la suite de Luxuria & de Temporel, j'espère que l'attente aura été justifiée :-). By the way, je suis toujours vivante, et je ne me suis pas exilée, comme vous pouvez le constater.

A très bientôt ici, ou ailleurs.)