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Chapitre VII

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Harry fonça droit sur le trottoir à toute vitesse, ne songeant à freiner qu'à quelques centimètres d'une éventuelle collision avec le mur. Il posa ensuite un pied à terre, le moteur tournant toujours, et se pencha vers Ginny qui enlevait son casque derrière lui.

« Tu es un véritable danger public. » déclara-t-elle comme chaque matin où son copain la déposait au travail en moto.

Descendant du bolide, la rousse récupéra son sac à main puis se plaça juste devant Harry.

« Je suis très sérieuse. » insista-t-elle en le voyant sourire moqueusement. « A force de rouler comme un ivrogne, tu finiras par tuer quelqu'un un jour. »

« Tu viendras me voir en prison ? » lui demanda-t-il.

« Pas sûr. »

« C'est pas très gentil, ça... » lui fit remarquer Harry tout en l'attirant vers lui.

Ginny pesta juste pour la forme mais consentit à l'embrasser. Elle le regarda ensuite reprendre la route en slalomant entre les voitures comme s'il était coursé par le FBI puis s'en retourna à son restaurant.

Qui, techniquement, n'était pas son restaurant.

Le Terrier appartenait à sa mère. Molly Weasley tenait cette petite entreprise marchant fort bien depuis une bonne dizaine d'années. Malheureusement, sa serveuse la plus compétente avait déménagé au Pays de Galles trois mois plus tôt, déréglant un peu le rythme soutenu de la maison. Ginny avait alors consenti à venir la remplacer le temps que Molly trouve une autre employée. C'est pourquoi elle venait chaque matin ouvrir le local, rétablir la propreté, préparer les vitrines et actualiser le tableau des menus. Sa mère venait habituellement sur les coups de dix heures avec la ration de légumes, viande, laitages et boissons qui servirait pour la journée et toutes deux se mettaient à préparer les divers plats dans la petite cuisine en papotant de choses et d'autres.

Ginny passa son chiffon sous l'eau puis l'essorra légèrement tout en se tremoussant sur la musique que diffusait le transistor. Elle essuya énergiquement la première table et s'apprêta à attaquer la deuxième lorsque quelqu'un toqua à la vitre. Malgré les rideaux que la jeune fille avait tiré pour bien signifier que le restaurant n'était pas encore ouvert, une grande silhouette féminine en tailleurs et talons hauts était distinguable derrière.

« ..oui ? » s'enquit-elle en ouvrant légèrement la porte. « Que puis-je faire pour vous ? »

« Je suis venue pour votre annonce, en fait. » expliqua la jeune femme en resserrant sa queue de cheval blonde. « Vous recrutez toujours du personnel ? »

En moins de temps qu'il n'en fallut, Ginny la fit entrer puis s'asseoir à la seule table nettoyée tout en s'excusant de l'état de chantier de la pièce.

« Oh, ne vous inquiétez pas, je connais ça. » lui assura la jeune femme. « Là où je travaillais avant, on me faisait faire la plonge à six heures du matin. »

« Wow. » réagit Ginny tout en éteignant le poste radio. « Et où étiez-vous avant ? »

« Au Honeydukes Café, juste devant la Banque Gringott. » répondit-elle avant de sortir une feuille plastifiée de son sac à main. « D'ailleurs, voici mon CV. »

Ginny prit une chaise pour s'asseoir en face de son interlocutrice et examina le contenu de son parcours professionnel. Il était dit dessus qu'elle s'appelait Astoria Greengrass, tout juste vingt-quatre ans, qu'elle avait été plusieurs fois restauratrice et hôtesse d'accueil – le Maestro Jewelry se trouvait dans la liste, rien que ça..! –, qu'elle maîtrisait le français, l'espagnol, le russe, et qu'elle faisait des études de lettres en parallèle.

« Pourquoi avez-vous quitté Honeydukes Café ? » demanda Ginny tout en finissant de lire le papier.

« Mon manager avait...disons...les mains baladeuses. » éluda Astoria avec un rictus amer.

« Oh. Je vois. » répondit-elle en grimaçant légèrement avant de reprendre d'un ton plus léger : « Eh bien ici, rien de ce genre ne risque pas d'arriver étant donné que nous ne sommes qu'entre filles. »

« Oui, j'avais remarqué ça ! » s'exclama la blonde en croisant des mains dans une gestuelle que Ginny trouva plutôt distinguée pour une simple serveuse. « C'est l'un des éléments qui m'a le plus convaincu pour venir postuler chez vous. »

« Vraiment ? Quel a été celui déterminant, dans ce cas ? »

Astoria fit mine de réfléchir tout en tapotant son index sur la table. Ses ongles étaient manucurés à la perfection et ses mains semblaient n'avoir jamais été mises à l'épreuve des travaux manuels.

« Eh bien je dirais le fait que vous vous situiez juste en face de la grande Bibliothèque Serdaigle qui est, dans tout Londres, l'un de mes endroits favoris. J'adore y aller, même lorsque je ne prévois pas d'y travailler mes cours. »

« Fanatique de bibliothèques ? » demanda Ginny, un demi-sourire aux lèvres.

« Oui, je sais, rares sont les personnes qui développent une quelconque passion pour un endroit comme celui-ci. » reconnut Astoria en dodelinant de la tête.

« Au contraire ! » rit Ginny. « Je connais une personne qui pourrait vendre père, mère et chien pour vivre jusqu'à la fin de ses jours entourée de livres. »


« Bibliothèque Serdaigle »

Hermione se décala vers la gauche pour laisser le flot de passagers sortir à cette station. Lorsque la sonnerie retentit, elle se tînt à nouveau à la barre de sécurité et grimaça en sentant la moiteur sous ses doigts. Dieu merci, la station suivante était la sienne.

« Avenue Churchill »

A peine fut-elle sur le quai que la brune réquisitionna un banc pour fouiller dans ses affaires à la recherche de son flacon de solution hydroalcoolique. Elle le pressa ensuite généreusement au-dessus d'une de ses paumes pour éliminer tous les microbes incrustés. Tout en frictionnant ses mains, la policière regarda distraitement la trentaine de voyageurs qui se dirigeait en procession vers l'escalator. Parmi eux, une tête blonde platine. Hermione frotta ses mains de plus en plus lentement, ses yeux restant aimantés à la chevelure de son collègue.

Elle devait reconnaître que même de dos, il avait de l'allure. Sa démarche souple et assurée, son manteau noir épousant sa silhouette comme s'il avait été conçu pour lui, sa main glissée dans sa poche, ses cheveux plaqués partiellement en arrière. C'était à se demander si l'élégance ne coulait pas naturellement dans ses veines.

Jusqu'à la sortie de la bouche de métro, Hermione ne le perdit pas de vue. Elle veilla tout de même à garder une marge de distance entre eux, de peur qu'ils n'aient à se rencontrer et – pire – à discuter. Elle ne voulait pas discuter avec lui. L'observer à la dérobée ne lui posait aucun problème, en revanche.

Tandis qu'elle remontait les escaliers menant à l'air libre, quelqu'un descendit les marches à contre-courant et la bouscula sans vergogne. Furieuse, Hermione se retourna pour lui lancer son regard le plus noir – les gens étaient d'une telle impolitesse le matin...incroyable. Elle reprit ensuite son ascension en bougonnant. Ce ne fut qu'une fois avoir émergée sur le goudron de l'Avenue Churchill que la jeune femme se rappela qu'elle suivait Draco. Et que ce-dernier avait totalement disparu. La brune eut beau scruter le flot de passants allant et venant autour d'elle, aucune chevelure peroxydée ne lui tapa à l'oeil. Résignée, Hermione finit par se diriger vers la gigantesque tour de verre de la HBP.

« Deux sacs aujourd'hui, Mlle Granger ? » remarqua l'un des vigiles chargé des portiques de sécurité. « Vous partez en voyage ? »

« Si seulement... » soupira la brune tout en déposant ses affaires dans le bac.

Elle ne savait pas pourquoi mais depuis le premier jour, presque tous les agents de sécurité des locaux s'étaient pris d'affection pour elle. Chose dont elle ne se plaignait pas, au contraire. La plupart de ses collègues étaient si désagréables et hautains avec elle que lorsqu'on lui montrait un peu de gentillesse, la jeune fille accueillait cette attention les bras grands ouverts.

« Ting ! »

Les portes d'ascenseur s'entrouvrirent sur une cabine vide et Hermione se réjouit d'avance à l'idée de l'emprunter seule jusqu'à son service. Les parois de l'habitacle étant vitrées, la montée offrait un beau panorama en hauteur. Elle se tourna vers le tableau de boutons pour appuyer sur celui de son étage lorsque...

« Bonjour. »

Hermione le reconnut sans même avoir à se retourner.

Il vînt s'adosser au fond de la cabine tandis que les portes blindées se refermaient et la brune sentit ses yeux se poser sur elle puis sur ses affaires.

« Deux sacs. » dit-il, à croire que le vigile de l'accueil et lui s'étaient passé le mot. « Donc tu as apporté ce que je t'ai dit d'apporter ? »

Ce que je t'ai dit d'apporter. Hermione grinça des dents. Il prenait apparemment un malin plaisir à marquer le fait qu'il donnait des ordres et qu'elle les exécutait.

« Apparemment. » répondit-elle en remontant la lanière de son petit sac de sport contenant ses habits de future hors-la-loi.

« Ce qui veut dire que tu es toujours partante pour jouer aux apprenties cambrioleuses ? »

« Je ne vois pas pourquoi je me défilerais. L'idée vient de moi. »

« Peut-être l'hypothèse que tout foire, que tu te fasses arrêter, virer de la HBP puis radier de la police toute entière. » énuméra-t-il et Hermione eut la nette impression qu'il tentait de lui faire peur.

Pour montrer qu'elle n'était nullement impression, elle se tourna vers lui. Toujours appuyé contre le mur vitré, sa main dans sa poche, le blond la fixait en retour. Et cette habituelle et insupportable expression d'amusement flottait sur son visage.

« Essaierais-tu de me dissuader ? » lui demanda-t-elle.

« Pas le moins du monde. » nia immédiatement Draco. « Je m'assure juste que tu sais ce dans quoi tu t'embarques. »

« Ce dans quoi je m'embarque ? Dois-je te rappeler que tu es également impliqué dans cette histoire ? Je ne suis pas la seule à risquer ma carrière ici. »

« Ah mais pour ma part, je connais pertinemment la gravité des conséquences. »

Hermione fronça légèrement des sourcils.

« ...pourquoi avoir accepté de m'aider, dans ce cas ? » ne put-elle s'empêcher de lui demander.

Ce qui fit naître un sourire en coin sur les lèvres du blond.

« Disons que j'aime vivre dangereusement. »

Les portes s'entrouvrirent une seconde plus tard sur le sixième étage et cinq personnes entrèrent, signant la fin de leur discussion.

Cependant, les paroles de Draco firent leur chemin dans la tête de la brune. Ce qu'elle s'apprêtait à faire n'était pas une mince chose. C'était même le projet le plus dangereux qu'elle n'ait jamais entreprit de toute sa carrière, voire de toute sa vie. Elle y risquait non seulement son boulot mais sa liberté en tant que citoyenne, en tant que civile. Se faire coincer en train de cambrioler une quelconque entreprise était une chose, se faire coincer en train d'entrer en effraction dans les locaux du FBI en était une autre. Ne parlons pas du fait qu'elle soit en plus membre des forces policières rivales. Si tout cela foirait, Hermione risquait très, très, très gros. Et bien qu'elle ait tenté de paraître courageuse dans l'ascenseur, un peu plus tôt, la brune ne peut empêcher l'anxiété de la gagner par vagues successives.

Comment faisait Draco pour paraître aussi...serein ? Chaque fois qu'elle tournait la tête et interceptait sa silhouette longer le couloir ou rigoler avec un de ses collègues, il dégageait une aura de totale décontraction. Alors que pour elle, il semblait que les mots ''JE VAIS VOLER DES DOCUMENTS AU FBI DE LA MANIÈRE LA PLUS ILLÉGALE QUI SOIT'' étaient gravés au silex sur son front. Plus les heures passaient, plus son habituelle maîtrise d'elle-même se détériorait. Ses gestes devenaient nerveux, ses jurons se faisaient de plus en plus fréquents et son chignon était décoiffé à force d'y glisser ses doigts fébriles. Allons bon...où était passé son célèbre sang froid ?

« Tu ressembles à une tueuse en série qui s'apprêterait à récidiver dans les minutes qui suivent et planifierait déjà où cacher les corps. » la complimenta Blaise en posant un gobelet de café sur son bureau.

« Rappelle-moi de t'apprendre à aborder une fille dans les règles de l'art, à l'avenir. » répliqua Hermione en attrapant le breuvage sans cesser de fouiller nerveusement dans sa paperasse. « Rappelle-moi de te donner des leçons de drague, tout court. »

« Si ce sont ces mêmes leçons qui t'ont conduit dans les bras de Weasley, j'aimerais tout autant bénéficier des services d'un autre coach séduction...sans vouloir te vexer. »

La policière releva la tête vers lui, cette fois-ci, et se confronta au rictus effronté de son collègue.

« Que dis-tu d'aller te faire intergalactiquement foutre, Zabini ? » siffla-t-elle, toujours hypersensible lorsque quelqu'un abordait sur le ton de la moquerie sa dernière et désastreuse aventure amoureuse. « Non, sérieusement, qu'est-ce que tu en dis ? »

« J'en dis que s'il y a du wi-fi dans l'intergalaxie en question, pourquoi pas. » répondit Blaise, son sourire taquin s'élargissant. « Je ne veux pas rater la finale de Top Model USA. »

Hermione secoua la tête, dépitée, mais finit éventuellement par rire. Parce qu'il lui était littéralement impossible de rester énervée après Blaise plus de cinq minutes. Ce-dernier, voyant qu'il avait encore une fois réussi à lui faire dérider le front, prit d'assaut la chaise en face de la brune pour s'y asseoir à califourchon comme à son habitude.

« Blaise, ce n'est vraiment pas le moment, là... » soupira-t-elle en retournant à sa montagne de dossiers. « Je ne suis pas d'humeur à rire ou discuter ou quoi que ce soit. »

« Ouais, ouais, discours habituel. » balaya d'un revers de main Zabini. « Je passais juste pour m'assurer que tu ailles...bien. »

La brune releva la tête pour le dévisager, cette fois-ci. C'était bien la première fois qu'il entrait dans son bureau et déclinait clairement le motif de sa venue. Hermione savait que lorsqu'il se pointait à sa porte et se débrouillait pour qu'elle soit hilare en moins de deux minutes, c'était parce qu'il avait bien senti qu'elle n'était pas dans son assiette. Il avait comme un flair pour ça. Rares étaient les journées où elle avait eu un coup de déprime sans que Blaise ne se soit pointé pour chasser sa grisaille à coups de balai ensoleillés. Mais il ne lui avait jamais demandé texto comment elle se portait, se contentant juste de jouer aux veilleurs silencieux.

« T'as l'air vraiment en dehors de tes pompes depuis ce matin, c'est assez impressionnant. » continua-t-il.

« Ca va. Je t'assure. » le rassura Hermione. « Je suis juste un peu...stressée ces derniers-temps mais ça va. Ca va. »

Blaise hocha lentement la tête, comme un peu plus rassuré. Il se releva au ralentis pour se diriger vers la porte mais s'arrêta en cour de route pour lui dire :

« A propos de la mission que McGo t'a donné...je sais que les enjeux pour ta carrière doivent être immenses et que cette enquête t'angoisse, même si tu ne veux pas le montrer. Et c'est pour ça que je n'ai jamais abordé ce sujet-là jusque maintenant. Mais si tu veux en parler... » Il fit signe qu'il était présent.

Hermione n'avait jamais réellement vu un Blaise Zabini parler ou se comporter sérieusement au bureau, ce qui lui donna l'impression de parler à une toute autre personne en ce même moment. La maturité qui se dégageant de lui à présent était presque intimidante.

« Merci beaucoup, Blaise, c'est très gentil de ta part. Je saurais m'en rappeler en temps nécessaires. » le remercia-t-elle.

Le métis hocha la tête puis prit rapidement congé de sa collègue. La brune fixa longtemps l'endroit où il avait disparu, plongée dans ses pensées. Reprenant contact avec la réalité, elle se rendit compte avec effroi que dans sa semi-conscience, ses yeux avaient été cimenté sur la silhouette de Draco, au loin. Ou bien ce-dernier s'était-il mis pile dans son champs de vision. Dans tous les cas, il lui rendait son regard, adossé contre l'embrasure de la porte du coin cafétéria. Son gobelet fumant à la main, il avait la posture anodine de l'employé qui prend sa petite pause café de fin de matinée. Mais ses yeux gris intenses, eux, ne trompaient pas. Et une fois qu'il fut sûr d'avoir capté l'attention d'Hermione, il fit signe à celle-ci de le rejoindre en bougeant furtivement son index. La seconde suivante, le voilà qui retournait d'un pas tranquille vers son bureau.

Par prudence, Hermione attendit cinq bonnes minutes avant de se lever. Elle se donna un alibi en prenant un lot de feuilles, n'importe lesquelles, puis sortit de son bureau le nez plongé dedans et les sourcils froncés, comme si elle ne comprenait pas ce qu'elle lisait. Ainsi, les rares petits curieux se demandant ce qu'elle allait faire dans le bureau de son collègue pourraient penser qu'elle allait lui demander des explications sur ce qu'elle déchiffrait. Arrivée devant la porte, la brune toqua.

« Entrez. »

Hermione ouvrit la porte alors et la referma juste derrière elle. Draco était assis derrière son bureau et pianotait quelque chose sur son ordinateur portable. Il ne leva pas la tête vers elle lorsqu'il lui dit :

« Changement de programme. On part dans trente minutes. »

La brune écarquilla des yeux.

« ...quoi ? On ne va tout de même pas s'infiltrer à l'intérieur de jour ! »

« Ce sera beaucoup moins risqué que de s'y infiltrer la nuit. »

« Pourquoi ? » voulut savoir Hermione.

« Compliqué. Tout ce que je te demande, c'est de me rejoindre dans le parking, place 219C, à midi précise. » lui indiqua Draco qui écrivait toujours sans lui lancer un seul regard.

« Est-ce que je peux au moins savoir quel est le plan, cette fois-ci ? »

« Je te l'expliquerai en route. »

« Non. » s'opposa la brune.

Et là, Malfoy leva les yeux. Et quels yeux... Un gris anthracite perçant qui captiva Hermione en une seule seconde. Il haussa un sourcil.

« Non ? » répéta-t-il, calmement.

« Je refuse de participer à une excursion aussi dangereuse sans savoir en détails le plan qui est prévu. » continua la policière, soutenant avec tous les efforts du monde son regard. « Alors si tu ne me dis pas ce que l'on compte faire, non, je ne viendrai pas. »

Draco baissa lentement le clapet de son PC avant de s'adosser totalement contre sa chaise de bureau, ses bras reposant sur les accoudoirs.

« Je pensais qu'on avait passé un petit accord tous les deux, hier, concernant le fait de dire ''non''... » lui rappela-t-il d'une voix légère et moqueuse.

Hermione serra la mâchoire.

« Tu ne t'en souviens plus ? » continua-t-il.

« Je ne vais pas mettre en péril ma carrière pour un stupide accord. » siffla-t-elle.

« Oh. Donc tu admets avoir peur ? » en déduisit-il

La brune ferma brièvement les yeux. Ce petit accent narquois omniprésent dans sa voix était tout bonnement insupportable. Si cela ne tenait qu'à elle, elle l'aurait giflé jusqu'à ce que ce foutu rictus disparaisse de son visage.

« Ce n'est pas de la peur mais du bon sens. » répondit-elle en tâchant de rester calme. « Je veux savoir ce dans quoi je m'embarque, pour reprendre tes si sages paroles de tout à l'heure. »

« Et moi je veux te détailler tout cela plus tard. Alors soit tu te plies à mes instructions, soit tu te débrouilles pour entrer dans ces locaux sans mon aide. Choisis. »

Il n'y avait plus une seule trace d'ironie dans sa voix où dans ses traits ; il parlait donc sérieusement. Mais même sans cela, Hermione ne pouvait s'empêcher d'être irritée par ses paroles. Cette façon qu'il avait de toujours vouloir marquer son autorité sur elle ainsi que le fait qu'elle dépende supposément de lui, donnait à la policière envie de vomir. ''Moi je veux''. ''Tu te plies à mes instructions''. ''Entrer dans ces locaux sans mon aide''. A croire que sans lui, le monde cesserait de tourner et partirait automatiquement en fumée. Ne le quittant pas des yeux, la brune se dirigea vers son bureau et se penchant en avant, ses bras en appuis sur la table, pour articuler :

« Pourquoi ce perpétuel besoin d'affirmer ta supériorité et de faire en sorte que je t'obéisse au doigt et à l'oeil ? Est-ce que je suis à ce point une menace pour toi ? Je te fais peur, Malfoy ? »

Elle avait terminé sa phrase avec une pointe de provocation et cela eut pour effet de relever le coin des lèvres de Draco en un début de sourire amusé. Il se redressa, réduisant la distance entre leurs deux visages, et attrapa un des prospectus se trouvant sur sa table.

« Si jamais tu as besoin de justifier le fait de prendre ta pause déjeuner plus tôt. » dit-il en le lui tendant. « Je sais que tu déjeunes vers treize heures, habituellement. »

Et ils restèrent là à se fixer, à se tester du regard. C'était à celui qui flancherait le premier. Habituellement, Hermione était très forte à ce jeu-là. Elle savait intimider et imposer le respect sans avoir à ouvrir la bouche. Mais il semblait qu'elle ait affaire à un adversaire beaucoup plus coriace qu'elle. Draco semblait si habitué à cet exercice que dans ses yeux brillait quelque chose de nonchalant. Il sortit sa langue d'entre ses lèvres pour humidifier celles-ci dans un tic sûrement inconscient, et Hermione tomba dans le même piège que la veille. Sans même le contrôler, elle baissa les yeux sur sa bouche. Son regard y resta figés deux secondes à peine mais ce fut assez pour que la partie soit perdue pour elle. En effet, lorsque la policière releva les yeux vers son collègue, elle vit que les sourcils de ce-dernier étaient légèrement haussés, une lueur victorieuse dansant dans ses pupilles. Furieuse contre lui mais surtout contre elle-même, la jeune fille se redressa brusquement. Elle arracha ensuite le papier des mains du blond puis tourna des talons pour regagner son bureau. Ce ne fut qu'une fois totalement calmée que la brune eut la surprise de découvrir la nature du prospectus en question : un dépliant du restaurant de Molly Weasley.


A midi moins le quart, Draco sortit de son bureau tout en terminant d'enfiler sa veste en cuir. Il sortit ensuite son trousseau de clé de sa poche et verrouilla la porte en deux tours. Une main se posa doucement sur son bras.

« Tu pars déjà manger ? »

Draco se retourna. Lavender lui faisait face, un grand sourire étirant ses lèvres pulpeuses. Sa poitrine semblait vouloir sortir à tout prix de sa chemise qui, elle, ne commençait à être attachée qu'au troisième bouton.

« Non, j'ai un rendez-vous vers midi. »

« Ho-ho... » minauda la brune. « Qui est la petite chanceuse ? »

« Ma dentiste. » répondit Draco, rictus aux lèvres.

« Comment se fait-il que tu aies besoin d'un dentiste ? Tu as une mâchoire parfaite...tout comme le reste d'ailleurs. » ajouta-t-elle en accompagnant ses propos d'un clin d'oeil taquin.

« Ne me fais pas rougir... »

Dès son premier jour de service, Draco avait su, en croisant le regard brûlant de Lavender Brown, qu'elle ferait de lui sa cible. Il connaissait parfaitement ce genre de croqueuses d'hommes prêtes à tout pour obtenir sa friandise et s'amusait donc de la voir rôder presque agressivement autour de lui, attendant le moment opportun pour faire de lui son quatre-heure. Au-delà du spectacle gratuit que lui offrait cette petite parade séductrice, le blond devait admettre qu'il admirait l'acharnement de Lavender, l'érigeant même au rang de qualité. Elle savait exactement ce qu'elle voulait et Draco aimait les gens sûrs d'eux. L'ascenseur fut littéralement bondé jusqu'au rez-de-chaussée. Draco regarda les vingtaine de personnes agglutinées dans la cage vitrée se déverser dans le hall d'entrée et fut seul à descendre jusqu'au second sous-sol. Se dirigeant vers la place 219C, il déverrouilla sa Mercedes à distance et s'installa. Un sac de sport se trouvait sur les sièges arrières et le parfum de Pansy flottait encore dans les airs. Draco baissa légèrement la vitre et attendit patiemment que l'horloge digitale de son tableau de bord indique midi.

Hermione apparut à midi neuf. Les mêmes neuf minutes de retard réglementaires avec lesquelles elle était venue, lorsqu'ils avaient pris un verre au Goddrick's Hollow. Draco la regarda avancer dans l'allée, cherchant la place qui lui avait été indiquée, puis stabiliser ses yeux sur lui. Ou, du moins, sur la Mercedes, les vitres teintées ne laissant rien voir de l'intérieur. Elle se dirigea dans sa direction d'un pas prudent puis ouvrit la portière et se pencha, ses longues boucles chocolat glissant de son épaule pour pendre dans le vide.

« As-tu volé cette voiture ? » lui demanda-t-elle.

Elle était sincèrement impressionnée par la carrure du véhicule mais faisait de son possible pour ne pas le montrer entièrement.

« Non, pas celle-ci. » répondit Draco avec un demi-sourire énigmatique. « Installe-toi. »

La brune entra alors et ferma la portière derrière elle. Plus aucun bruit provenant de l'extérieur ne filtra, la voiture étant si bien insonorisée que l'on aurait pu croire qu'ils étaient totalement coupés du monde. Hermione se tourna vers son chauffeur qui sortait déjà les clés.

« Maintenant qu'il est midi passé et que je t'ai rejoint sur cette fameuse place 219C, aurais-tu l'extrême obligeance de m'expliquer le déroulement du programme ? »

Draco alluma le contact.

« Tenter de s'infiltrer dans les locaux du FBI le soir relève de la folie. » dit-il alors tout en conduisant vers la sortie. « Passé 19h, la surveillance des locaux est doublée, voire même triplée. Il y a des radars de partout, des codes à composer, des empreintes digitales à poser, des rayons infrarouges à dévier, et j'en passe. Je ne dis pas que ça aurait été impossible car aucun bâtiment est absolument impénétrable, mais il aurait fallut que l'on s'y prépare six mois voire un an avant. »

« Et s'y rendre la journée n'est pas plus dangereux ? »

« Moins que le soir. Contrairement à ce que l'on peut penser, les gens sont beaucoup moins vigilants pendant la journée qu'une fois la nuit tombée parce qu'ils ne s'attendent pas à ce qu'une infraction soit commise au grand jour. »

Il roulait vite, comme à son habitude, mais la voiture était si performante que les kilomètres brûlant au compteur ne se ressentait pas dans la conduite. N'étant pas ballottée de droite à gauche comme la fois dernière, Hermione n'eut pas matière à se plaindre cette fois-ci. Mais elle pouvait toujours se plaindre du plan.

« Donc tout ce qu'il nous reste à faire, c'est de se présenter à l'accueil et leur dire : ''Hey, nous sommes Draco Malfoy et Hermione Granger de la HBP, oui, oui, vos voisins. Pourrions-nous vous piquer deux, trois voire quatre pièces à conviction ?'' puis suivre quiconque nous mènera vers le butin ? »

« Derrière toi. » répondit alors Malfoy sans cesser de regarder la route.

Hermione se retourna et vit le sac de sport noir qui se trouvait sur les places arrières en cuir. L'attrapant pour le poser sur ses genoux, la brune ouvrit la fermeture éclair et rabattit le haut du sac. Apparut alors sous ses yeux cinq perruques toutes différentes les unes des autres. Il y en avait une auburn coupée court, une autre noir jais bouclée, une grisonnante, une autre brune toute simple et une dernière blonde vénitienne. En dessous se trouvait un sachet contenant des plaquettes de lentilles colorées ainsi que trois paires de lunettes : une simple, une à monture aviateur et une aux verres légèrement teintés. Un autre sachet encore se trouvait à côté avec à l'intérieur ce qui semblait être de faux sourcils et de fausses moustaches. Et enfin, au fond du sac, deux uniformes identiques bleus étaient sagement pliés, tout près de deux grosses paires de chaussures noires.

« Des déguisements ? » lui demanda-t-elle en relevant la tête.

« Une couverture. » rectifia Draco. « Le temps d'une demi heure, nous serons techniciens de surfaces. » annonça-t-il, une pointe d'amusement égayant sa voix.

Hermione baissa à nouveau les yeux sur le sac ouvert sur ses cuisses. Elle devait admettre que l'idée était assez bien trouvée. Mais il fallait à chaque fois que son esprit cherche la petite faille.

« Les services de ménage se font le soir, normalement. » lui fit-elle remarquer. « Et non au beau milieu de la journée. »

« Et c'est l'exacte réflexion que je me suis fait lorsque la nouvelle recrue que j'étais voyait un agent du ménage nettoyer le sol entre midi et deux. Il faut croire que c'est un truc qui ne se fait qu'au FBI. Ils aiment toujours se démarquer de la façon la plus absurde qui soit. »

« Pourquoi as-tu quitté le FBI pour la HBP ? » demanda soudainement Hermione.

« Parce que la cantine est bien meilleure chez vous. » éluda Draco avant de continuer : « Les agents du ménage commencent leur service à treize heures pile. Ils se connaissent tous entre eux donc il ne faudra surtout pas qu'on les croise parce qu'ils vont tout de suite voir que nous sommes des intrus. » Il passa de justesse au feu orange puis bifurqua au premier croisement. « Il y a des caméras partout dans le bâtiment mais dans l'aile qui nous concerne, seulement deux agents sont au poste de surveillance. Ils prennent leur pause à midi quarante-cinq tous les deux pour aller manger au fast-food du coin puis reviennent généralement vers treize heure cinq ou dix. Ce qui veut dire que les écrans ne seront pas surveillés pendant à peu près vingt minutes. » Il tourna à droite après avoir mis le clignotant. « Sachant que tout doit être fait avant que les nettoyeurs arrivent et que les agents de sécurité reviennent, cela nous laisse une marge de dix minutes, à peu près. Deux minutes pour entrer, six minutes pour jouer aux hors-la-loi et deux minutes pour sortir. »

« ...comment fait-on pour rentrer ? Il ne faut pas un badge ? »

« Si. Mais j'ai naturellement redonné le mien en partant des rangs du FBI. Nous entrerons donc par la porte de service. La plupart des employés l'utilisent pour aller fumer sans avoir ensuite à repasser par l'entrée parce que cela les obligerait à passer une fois de plus les portiques de sécurité et poser toutes leurs affaires pour les reprendre ensuite. Il faudra juste attendre dehors jusqu'à ce que quelqu'un ouvre la porte pour pouvoir rentrer nous aussi. »

« Ils ne vont pas trouver ça suspect ? »

« Pour une personne habillée en civile dont le visage serait inconnu au bataillon, si. » répondit Draco en doublant la voiture qui avançait un peu trop lentement devant lui. « Mais un homme de ménage – c'est cruel à dire, je sais –, personne ne fait attention à lui ni ne retient son visage. Il pourrait être un fantôme qu'on ne le remarquerait pas moins. Et c'est parfait pour nous. »

Hermione ne pouvait pas affirmer le contraire. Bien qu'elle fasse partie au HBP depuis quelques années et qu'elle soit restée assez tard quelques fois pour que le nettoyage des bureaux nocturnes se soit fait en sa présence, elle ne pouvait pas se rappeler précisément des traits des agents du ménage chargés de faire briller leur service. Sa négligence vis-à-vis de ceux sans qui les lieux auraient pris la poussière lui fit se sentir temporairement mal.

« Alors lorsqu'ils ouvriront la porte de l'extérieur et qu'on la tiendra pour entrer nous aussi, ils nous laisseront inconsciemment passer tout en continuant leur petite discussion au sujet du dernier cadavre démembré découvert dans l'Ouest de Londres ou du dernier coup de l'As de Pic. »

« Comment fera-t-on pour s'orienter ? Tu connais déjà les lieux ? »

« Comme ma poche. » lui assura Draco.

« Es-tu sûr que les nettoyeurs du FBI sont habillés avec ces vêtements ? » embraya Hermione. « Si, comme tu le dis, personne ne les remarque ni ne retient leur visage, comment as-tu pu retenir que ces uniformes étaient les leur ? »

« J'observe et retient tout. C'est bien là ma malédiction. » déclara le blond sur un ton exagérément fataliste.

« Et les nettoyeurs ne sont-ils pas censés avoir leur matériel sur eux : détergent, saut, serpillière... » ajouta-t-elle.

« Tout est dans le coffre. » répondit du tac au tac Malfoy. « En parlant du coffre, un appareil photo s'y trouve. »

« Pour ? »

« Tu ne comptais tout de même pas te sauver avec les réels documents que tu es venue chercher...si ? » dit-il, l'idée le rendant visiblement hilare.

« Non. » mentit Hermione, plus parce qu'elle ne voulait pas passer pour un agent inexpérimenté qu'autre chose.

« L'appareil te permettra donc de photographier tout ce que tu voudras sans avoir à partir avec les documents en question. »

« Comment est-il ? »

« Petit, mince, léger, performant. » résuma Draco.

La brune hocha lentement la tête, regardant la route droit devant elle tandis que ses méninges travaillaient toujours à chercher un dernier bémol. Qu'elles ne trouvèrent pas.

« C'est ingénieux. » finit-elle par admettre.

Un sourire étira les lèvres du blond.

« Est-ce un compliment ? » demanda-t-il.

« Une constatation. » rectifia Hermione.

« Je prends quand même. »

Ils finirent par se arriver dans un immense parking en plein air et Draco se gara entre un fourgon du FBI et une Jeep, parfaitement camouflé. Devant eux se trouvait les locaux de son ancien employeur.

Si le bâtiment du HBP était sophistiqué et tout en hauteur, celui du FBI était tout l'inverse. A première vue, il avait une allure de gigantesque base militaire aux murs gris ternes surmontés de barbelés. Mais si l'on savait que ces murs avaient autrefois abrité une prison pour femmes, l'aspect lugubre des lieux prenait tout son sens. L'entrée ne semblait pas se trouver du côté où Malfoy venait de se garer, peut-être fallait-il même faire tout le tour du complexe, et Hermione comprenait alors pourquoi certains employés préféraient entrer et sortir par l'une des trois portes de service leur faisant face.

« Ok. » dit alors Draco en attrapant le sac pour le ramener contre lui. « Place aux essayages. »

« Quoi...ici ? ! » sursauta Hermione.

« Tu peux toujours te changer sur le trottoir, si ça te convient mieux. » la railla son voisin.

La brune lui lança un regard noir qui fit encore plus rire son coéquipier. Fouillant dans le sac de sport, il lui tendit son bleu de travail.

« Et voici ta robe de bal. » lui dit-il. « Avec quelle perruque veux-tu la mettre ? »

« N'importe. » haussa-t-elle des épaules.

Draco leva alors la tête vers elle et se mit à inspecter son visage pendant dix secondes. Dix très longues secondes. Face à son regard scrutateur, Hermione ne put s'empêcher de déglutir nerveusement. Puis il se ré-intéressa de nouveau au sac et sortit la perruque noire bouclée pour la lui remettre.

« Qu'est-ce qui t'a fait arriver à cette conclusion ? » l'interrogea alors Hermione, laissant parler sa curiosité.

Tout en sortant son propre camouflage du sac, le blond répondit :

« Tu as les yeux ambrés et c'est la première chose que l'on voit sur ton visage parce que les iris ambrés ne sont pas communs. Alors il faut, pour atténuer leur effet, que tes cheveux soit d'une couleur commune. D'où le noir. »

« Mais une couleur sombre fait justement ressortir tout ce qui est clair autour. »

« Tu porteras des lentilles. » décida Draco. « Elles donneront à tes yeux une teinte à peu près normale. »

La jeune femme fronça des sourcils.

« Tu insinues que mes yeux au naturel ne sont pas normaux ? »

« Non, ils ne le sont pas. » confirma Draco en déboutonnant sa chemise. « Mais ce n'est pas une critique. »

« Et qu'est-ce que c'est alors ? »

Le blond eut un petit sourire en finissant de détacher son habit.

« Une constatation. »

Hermione voulut répondre quelque chose mais prendre brusquement conscience de la semi-nudité de Draco tua sa réplique dans l'œuf. Elle détourna des yeux tandis qu'il ôtait sa chemise et décida de s'exiler à l'arrière de la voiture pour se changer. Les vitres étaient teintés ; il n'y avait donc aucune chance que les passants se rincent l'oeil. Quant à Draco, elle gardait un constant oeil sur lui via le rétroviseur intérieur pour pouvoir le prendre en flagrant s'il osait la inspecter la couleur de son soutien-gorge.

Elle passa donc rapidement son haut par-dessus sa tête puis enfila sa blouse, ne cessant pas de guetter son collègue tandis que ses doigts boutonnaient rapidement l'habit. Ce-dernier détachait la boucle de sa ceinture, son regard distrait posé sur le tableau de bord. Il allait défaire sa braguette lorsque ses yeux se braquèrent soudainement droit sur elle, comme s'il savait qu'elle le fixait depuis tout ce temps. La brune sentit son sang affluer à ses joues la seconde suivante et détourna du regard avec urgence. Elle entendit Draco émettre un petit rire étouffé.

Cinq minutes plus tard, les voici qui étaient habillés et déguisés. Sa perruque sur la tête et ses lentilles dans les yeux, Hermione se reconnut à peine. Ne parlons pas de son voisin qui, avec sa chevelure brune, sa moustache factice et ses grosses lunettes à verres épais, n'avait plus rien d'un Draco Malfoy. En se tournant vers lui, Hermione laissa échapper un ''oh, bon sang...'' avant d'éclater d'un rire incontrôlable. Puis Draco se mira – ''quoi, je suis aussi moche que ça..?'' – et se joignit à elle en découvrant qu'en effet, son attirail lui enlevait quelques bons grammes de sex-appeal. Il ôta alors sa perruque, sa moustache broussailleuse ainsi que ses fausses lunettes en prétendant que ces horreurs lui donnaient chaud et Hermione s'arrêta de rire car sa blondeur et ses orbes métalliques étaient de retour.

« Bon. » dit Draco en regardant sa montre. « Il est midi vingt-cinq. Ce qui veut dire que l'on a exactement vingt minutes à tuer. »

« Et comment les tue-t-on ? »

« Avec un couteau. »

« Pas très malin de commettre un meurtre à proximité du FBI. » remarqua à juste titre la policière.

« A part si c'est fait dans un coin sombre, loin des regards. » suggéra Malfoy.

« Comme ici ? »

« Par exemple. » acquiesça le blond. « Et il faudra faire attention à ne pas qu'une seule goutte de sang ne tombe sur le sol. »

« Bon point. Toutes traces d'empreintes digitales doivent être également prohibées. »

Draco se tourna alors vers elle, amusé.

« Je rêve où, pour la première fois, nous sommes sur la même longueur d'onde ? »

« Ne te réjouis pas trop vite. » le calma Hermione. « On ne s'entend que sur le mode d'emplois d'un bon meurtre. »

« Ce qui est déjà un bon début. » répondit Draco. « Prochaine étape : élaborer le mode d'emplois d'une bonne strangulation. Puis celui d'un suicide réussi. »

« Ton humour est assez glauque. »

« Certes, mais je suis sûr qu'il pourrait te faire rire. »

Intéressée par le challenge, la brune se tourna vers lui.

« Très bien. Fais-moi rire. »

« Hmm, ok. » dit Draco avant de réfléchir.

Ses yeux gris fixèrent alors le pare-brise, pensifs, et Hermione observa sa figure concentrée à la dérobée. Elle fut ainsi témoin du sourire progressif qui se construisit sur ses lèvres et dut se recomposer rapidement une expression distante lorsqu'il se tourna vers elle.

« C'est l'histoire d'un zoophile qui rentre dans un bar. » dit-il alors.

Hermione attendit la suite de la blague mais, celle-ci ne venant pas, elle haussa lentement des sourcils en disant :

« ...et ? »

« Et c'est tout. »

« Juste ça ? Un zoophile qui rentre dans un bar ? »

« Juste ça. » répondit Draco et son rictus s'élargit car il semblait que cette blague le faisait encore rire.

La brune se répéta alors la phrase plusieurs fois dans sa tête sans pour autant déceler son sens humoristique caché. Elle la tourna et la retourna dans tous les sens, l'analysant comme elle analyserait les différentes pièces d'une enquête à résoudre, mettant en lien toutes les informations possibles. Mais la réponse ne vînt pas. Et voir Draco pouffer à ses côtés ne faisait qu'accroître sa frustration.

Et puis, sorti de nulle part, le déclic vînt. D'un seul coup. Un zoophile qui rentre dans un bar. Un éclat de rire brut jaillit alors soudainement de sa gorge. Si brut que Draco s'arrêta un instant de s'esclaffer à ses côtés pour la regarder. Hermione mit quelques secondes à se calmer et reprendre son souffle.

« Pas mal. » admit-elle alors. « Pas mal du tout, même. Je pense que je vais te la...quoi ? » dit-elle en remarquant qu'il la fixait avec un sourire bizarre.

« Tu as un rire étrange. »

« Alors après mes yeux anormaux, c'est mon rire qui cloche ? »

« C'est comme si c'était une autre personne qui riait. Sérieusement. » ajouta-t-il en récoltant son regard blasé.

« Tu crois qu'en vingt minutes j'ai le temps de courir à la première église du coin pour me faire exorciser de cette fameuse personne ? »

« Je crois plutôt que cette personne n'est qu'une autre facette de toi-même. Une facette enfouie, beaucoup plus sauvage et spontanée que celle qui paraît à la surface. Une facette que tu refoules. » détecta Draco.

Hermione eut un petit rire méprisant, très loin de celui qui avait passé ses lèvres un peu plus tôt.

« Et qui es-tu ? Mon psy ? Dois-je prendre des médocs pour troubles de personnalités, docteur ? »

Le sourire de Draco s'élargit.

« Toujours, toujours obligée de retomber dans l'agressivité... » constata-t-il d'un ton de voix pensif. « C'est plus fort que toi quand on t'approche de trop près, hein ? »

« Ecoute, ta petite psychanalyse à deux Gallions six Mornilles, teste-la sur les arbres ou le goudron, mais pas sur moi. S'il nous reste encore du temps à assassiner, j'aimerais autant qu'on l'assassine dans le silence et chacun de notre côté, surtout. »

Ce qui n'empêcha pas Malfoy de continuer à la fixer, cette insupportable risette toujours présente sur ses lèvres. Hermione décida alors de l'ignorer en reportant son attention sur sa vitre. Il n'y avait pas grand chose à regarder dehors, mis à part le logo blanc sur bleu du FBI ornant la fourgonnette garée juste à côté d'eux, mais cela suffit à ce que Draco détourne son attention d'elle une minute plus tard. Ne sentant plus son regard cimenté sur elle, la tension se relâcha alors dans le corps d'Hermione et, les yeux toujours fixé sur sa fenêtre, elle put enfin se perdre dans des pensées aléatoires. Une dizaine de minutes plus tard, le bruit d'un briquet que l'on allume la sortit de ses réflexions. Elle se retourna juste à temps pour voir Draco embraser l'embout de sa cigarette.

« Tu fumes ? » demanda-t-elle avant même que son cerveau n'ait pu filtrer ses paroles – elle qui, en général, détestait les gens qui questionnaient l'évidence, la voilà qui en faisait de même.

« Jamais de la vie. » répondit Draco, à peine narquois, avant de rejeter la fumée par la fenêtre puis lui présenter le reste de son paquet de Marlboro.

Hermione déclina d'un ''non'' un peu plus sec qu'elle ne l'aurait voulu et Malfoy eut un petit rire, sa clope toujours au bec.

« Bien entendu, Mademoiselle ne mange pas de ce pain là. » ricana-t-il avant que ses joues ne se creuse pour insuffler de la fumée à ses poumons.

« Pardonne-moi de ne pas vouloir mourir jeune des suites d'un cancer des poumons. »

Draco haussa des épaules, évacuant la fumée dans l'ouverture de la vitre.

« Et pourquoi pas ? »

Hermione haussa des sourcils très haut.

« Pourquoi ne pas mourir d'un cancer des poumons ? » répéta-t-elle.

« Non : pourquoi ne pas vouloir mourir jeune ? »

Hermione scruta sa figure, à la recherche d'un quelconque indice prouvant qu'il blaguait. Elle n'en trouva aucun.

« Tu poses cette question sérieusement ? »

« Tout le monde est littéralement obsédé par la mort, par le fait qu'elle vienne nous faucher trop tôt. Mais quel mal y a-t-il à ça ? Je ne crois pas que ce soit la Mort qui viennent trop tôt mais nous qui nous réveillons trop tard. »

« Je ne sais pas si tu te rends compte de l'absurdité de ta question. »

« Ma question n'est pas absurde. Personnellement, je ne vois pas ce qui est si grave dans le fait de mourir tôt. Et je ne sais pas ce que signifie ''mourir tôt'', de toutes les façons. A mon sens, ce n'est pas la Mort qui vient trop tôt mais nous qui nous réveillons un peu trop tard pour entamer la vie. »

« Mais quelle vie y a-t-il à entamer si l'on sait déjà qu'on est condamné à décéder jeune ? Tu ne peux faire aucun projet d'avenir, tu ne peux absolument rien entreprendre sur le long-terme. Tu ne peux pas acheter ta maison, monter ton entreprise. Tu ne peux pas te marier et même si tu le fais, tu n'auras pas le temps de profiter pleinement de la personne qui partage ta vie. Tu n'auras pas le temps de construire des souvenirs. Tu ne pourras pas offrir de petits-enfants à tes parents. Et même si tu y arrives, ce sera encore pire parce qu'ils grandiront sans un de leurs parents. Et tes propres parents devront enterrer leur propre enfant alors que la logique voudrait que ce soit l'inverse qui se fasse. Tu n'auras pas le temps de profiter pleinement de ta vie. »

« Alors l'accomplissement d'une vie se résume au quatuor : ''maison – famille – voiture – labrador'' selon toi ? »

« L'accomplissement d'une vie est d'avoir fait en sorte qu'elle soit stable. » répondit Hermione.

« Donc la stabilité est synonyme de bonheur ? » continua Draco.

« Elle y contribue. »

« La vie est un long fleuve tranquille pour Miss Granger. » fit pensivement Malfoy en mimant de sa main les aléas d'un cour d'eau, son autre main portant sa cigarette à ses lèvres. « Mais tu n'as pas peur que la mort vienne te surprendre ? »

« Je... » commença Hermione, assez prise de court. « Etant donné qu'elle me surprendra, je n'aurais pas le temps d'avoir peur. »

Il y eut un silence durant lequel le souffle de Draco exhalant sa fumée entre de ses poumons fut le seul bruit de l'habitacle. Puis Hermione se tourna vers lui.

« Toi ? »

Draco tira à nouveau sur le filtre de sa Marlboro avant de déclarer avec un certain aplomb :

« Moi, elle ne me surprendra pas. »

« Qu'est-ce qui te permet d'en être aussi sûr ? »

Malfoy se redressa sur son siège et tapota sa tige de nicotine à moitié consumée au-dessus du cendrier incorporé dans la voiture.

« Tu as dit tout à l'heure qu'en mourant jeune, on ne pouvait pas profiter pleinement de sa vie. C'est faux. C'est même tout le contraire. Plus tu te rends compte que la Mort peut te faucher à n'importe quel moment, plus tu fais en sorte de vivre au maximum pour n'avoir aucun regret une fois six pieds sous terre. Le tout, c'est de prendre conscience le plus tôt possible que la Mort existe, que ce n'est pas une fiction et qu'elle n'arrive pas qu'aux autres... »

« Tu n'en as pas peur ? » l'interrompit Hermione.

« Tu en as peur, toi ? »

La brune haussa des épaules.

« Ca m'arrive. »

« Faut pas. » lui dit alors Draco. « Il faut que tu la regardes droit dans les yeux, que tu fasses corps avec elle. Il faut qu'elle devienne ta meilleure amie. Parce que la Mort n'est pas notre ennemie. Dans le fond, elle ne nous veut que du bien. Elle ne veut pas que l'on s'installe dans une vie de routine et de lassitude parce qu'à quoi bon vivre si c'est pour refaire chaque jour de chaque semaine de chaque mois de chaque année l'exacte même chose encore et encore ? Ce serait une existence toute entière de gâchée. Vaut mieux ne pas jamais être sorti du néant, dans ce cas là. » Il expira son nuage de fumée. « Mais là, au contraire, au lieu d'être dans le perpétuel recommencement tous les jours de notre séjour terrestre, la Mort veut que l'on profite de toutes les opportunités qui s'offrent à nous et que peu de personnes utilise, au final. Elle veut qu'on profite de tout ça pendant qu'il en est encore temps, que l'on explore tout ce qu'i explorer, que l'on fasse tout ce qui est susceptible d'être fait et que l'on vive le plus de vies possibles. Parce qu'une seule vie peut en contenir des milliers d'autres. D'une année à l'autre, on peut changer et devenir différentes personnes, se reconvertir, exercer des centaines de métiers, se découvrir de multiples talents qui nous ouvriront la porte vers d'autres vies à vivre encore et encore jusqu'à la fin. La proximité de la Mort doit nous pousser à tenter tout ce qui peut être tenté pendant que c'est encore possible. Elle doit nous pousser à aller au-delà de soi et à ne surtout pas perdre de temps. C'est un compte à rebours permanent, de l'adrénaline du lever au coucher du soleil. Et il se trouve que j'adore vivre dans l'adrénaline. »

Hermione était charmée. Littéralement charmée. Et elle savait qu'elle ne devait pas céder à la ''tentation'', si l'on pouvait appeler ça comme ça, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être subjuguée par sa manière de concevoir les choses car elle ne les avait jamais vu sous cet angle là. Ce fut donc d'une voix beaucoup moins guerrière que celle qu'elle lui réservait habituellement qu'elle lui demanda :

« Et tu n'as pas peur que toutes les choses que tu as expérimenté te manquent, une fois que tu seras définitivement parti ? »

« Non. » répondit Draco. « Je n'aurais pas la tête à regretter quoi que ce soit. Être mort me prendra déjà tout mon temps-libre. » ajouta-t-il, son humour lugubre reprenant le dessus.

Il jeta ensuite son mégot par la vitre, la remonta puis fit tambouriner trois fois ses paumes sur le volant.

« Prête ? » demanda-t-il à Hermione.

« ...quoi ? Maintenant ? » sursauta la brune. « Il n'est que quarante ! »

« Il semblerait que la faim ait eu raison de la surveillance du bâtiment. » dit Draco en pointant les deux colosses en uniformes qui sortaient par la porte de service.

L'un deux percha sa cigarette entre ses lèvres et fouilla dans ses poches à la recherche de son briquet tandis que son compère lui expliquait quelque chose avec animation.

« Ok. Que fait-on, maintenant ? » demanda Hermione d'une voix déterminée.

« On attend une minute ou deux, le temps qu'ils s'éloignent suffisamment. Puis on sort récupérer les affaires dans le coffre. Normalement, trois-quatre personnes par minute sortent par cette porte donc il n'y aura pas de problème pour entrer.

« Et une fois à l'intérieur, qu'est-ce qu'on fait ? »

« Chaque chose en son temps. »

Les yeux fixés sur les agents de sécurité s'éloignant d'un pas nonchalant vers le trottoir d'en face, les deux policiers attendirent le bon moment pour sortir. L'anticipation montait de plus en plus chez Hermione, lui mettant des fourmis dans les jambes. Elle était à la fois nerveuse et excitée, chose étrange. Puis il y eut le signal de Draco qui détacha soudainement sa ceinture.

« Go. »

La brune sortit alors de la voiture pour se diriger vers le coffre et Malfoy la rejoint quelques secondes plus tard, après avoir porté sa perruque, sa moustache et ses lunettes. En ouvrant le capot arrière, la brune fut impressionnée de voir qu'il avait pensé à tout. Deux sauts les attendaient, trois flacons de produits vides à l'intérieur avec un spray de liquide incolore, un chiffon posé sur le rebord. Draco attrapa le sien en premier puis le manche du balai-brosse posé un peu plus loin. Tandis que sa voisine prenait elle aussi ses affaires, il lui une boîte qui, à première vue, ressemblait à un paquet de mouchoirs. Mais quand Hermione mit ses doigts dans l'ouverture pour extirper ce qu'elle contenait, elle se retrouva avec des gants incolores.

« Toutes traces d'empreintes digitales doivent être prohibées. » la cita-t-il avec un petit rictus.

La brune roula des yeux mais enfila ses gants avec un minuscule sourire aux lèvres. Ceux-ci, une fois portés, semblaient quasiment invisible, faisant presqu'office d'une seconde peau. Draco en fit de même puis ferma le coffre et ouvrit la voie. Tout en avançant vers la porte de service par laquelle les employés affamés sortaient, Hermione murmura :

« Si on se fait attraper, je dirai que c'est toi qui m'a manipulée pour que l'on s'infiltre ici. »

Elle essayait de rester dans la légèreté mais la simple idée de se faire démasquée la faisait trembler de tous ses membres. Ce qui ne semblait pas du tout être le cas de Draco – pour changer. Il lui répondit même d'une voix moqueuse :

« Crois-moi, si je t'avais manipulée, ce ne serait pas le FBI que l'on aurait infiltré. »

La brune s'apprêta à répondre quelque chose mais ils se trouvaient déjà trop près du bâtiment. Un groupe d'employés passa à côté d'eux sans faire attention à leur présence, l'un d'eux réclamant qu'ils aillent pour une fois déjeuner au restaurant thaïlandais. Draco la précéda de quelques pas pour aller intercepter la poignée de porte lorsque celle-ci fut réouverte et la tînt pour qu'Hermione puisse rentrer la première.

Tandis qu'ils remontaient le couloir de service menant à l'escalier d'incendie, des membres du FBI les dépassant à contre-courant pour sortir, Hermione tenta de se donner une démarche normale, ni trop lente, ni trop rapide non plus. Elle était censée travailler dans ces locaux, les connaître et ne pas paraître étrangère à ces lieux. Certes, les gens faisaient rarement attention à eux mais si elle se mettait à regarder partout autour d'elle avec des yeux de nouveau-né découvrant le monde, leur couverture n'allait pas faire long feu.

Draco monta les escaliers en premier, se poussant docilement lorsque les employés le descendaient en discutant entre eux, et Hermione le suivit silencieusement derrière.

« Attendez ! Ne fermez pas, s'il-vous-plaît ! » s'exclama-t-il tandis que quelqu'un ouvrait la porte de service du quatrième palier.

La jeune femme qui venait de sortir retînt de justesse la porte tandis que Draco montait rapidement les quatre dernières marches pour atteindre le palier. Hermione en fit de même et sentit le regard de la policière les scanner de la tête aux pieds, ce qui lui donna l'impression d'être plongée le temps de quelques secondes dans de l'eau glacée. Mais elle se contenta d'un vague mouvement de tête à leur encontre puis descendit les escaliers tout en sortant son paquet de Camel.

Les deux faux employés débouchèrent sur un autre couloir qui s'articulait en carré. Si l'on se penchait au-dessus de la balustrade donnant vue sur le centre du carré, on pouvait apercevoir, quatre étages plus bas, le hall d'entrée. Hermione suivit Draco qui se dirigeait vers l'aile gauche du couloir. Ils longèrent le corridor, dépassant sept portes de bureau, puis tournèrent à l'angle droit et en dépassèrent sept autres. Devant la huitième, Draco s'arrêta. C'était une porte blindée dont l'ouverture nécessitait de faire glisser un pass.

« Tu l'as, hein, le pass ? » chuchota Hermione, de plus en plus nerveuse.

Mais Draco continuait à fixer la porte sans rien dire. La brune ferma alors les yeux.

« Oh, bon sang. Génial. Gé-nial. » fulmina-t-elle.

« Il n'y avait pas de pass quelques mois plus tôt. »

« Eh bien maintenant il y en a un ! » cria silencieusement Hermione. « Alors qu'est-ce qu'on fait ? ! »

Draco s'humecta les lèvres, ses méninges tournant à toutes vitesses. Puis il déclara soudainement :

« Bouge pas. Je reviens. »

« ...quoi ? Eh ! Comment ça...qu'est-ce que je fais pendant ce temps ? ! »

Mais il disparut en quelques enjambées, la laissant seule devant la porte avec deux sauts remplis de produits vides. Hermione avait envie de frapper quelque chose. Le mur, la porte, la figure aussi parfaite qu'insupportable de Draco. Quelque chose. Parce qu'il était bien mignon en la laissant ici mais qu'était-elle censée faire si quelqu'un venait à passer dans le couloir ? N'allait-il pas trouver cela suspect s'il la voyait postée droite comme un piquet devant une porte en particulier ? Que devait-elle faire dans ce cas ? En parlant du loup, n'était-ce pas des bruits de pas qui se rapprochaient ? En urgence, Hermione attrapa le balai de Draco et se mit à balayer le sol sans lever une seule fois la tête. Elle suivit les talons avancer vers elle, la contourner sans ménagement puis disparaître de l'autre côté du couloir. Lorsque le bruit fut bien lointain, la brune se redressa enfin et soupira de soulagement. Mais elle eut à peine le temps de lâcher le manche que des pas se rapprochèrent à nouveau. Hermione se remit alors aussitôt à balayer le carrelage avec ferveur sans quitter sa tâche des yeux ne serait-ce qu'une seule seconde.

« C'est bon. » fit alors la voix de Draco, lui faisant relever la tête d'un seul coup.

Il fit glisser le fameux pass manquant dans la fente prévue à cet effet et la porte s'entrouvrit avec un petit bip aigu. Hermione leva vers lui des yeux aussi impressionnée qu'intriguée.

« Comment tu t'es débrouillé ? » souffla-t-elle.

« Je me suis débrouillé. » répondit simplement Draco avant de lui faire signe d'entrer. « Plus que trois minutes. »

Cela suffit à presser Hermione qui poussa la porte. Derrière elle, Malfoy la ferma après avoir attraper leurs affaires puis appuya sur l'interrupteur. La pièce faisait peut-être entre 75 et 80m² et était remplie d'armoires métalliques placées les unes derrières les autres à une distance cependant raisonnable pour qu'il soit possible de déambuler entre elles et ouvrir complètement chaque compartiment.

« C'est classé par lettres alphabétiques. » lui indiqua alors Draco.

« D. » répondit immédiatement Hermione, faisant référence à la première lettre du nom de famille de Tony Delano.

Draco fit un tour d'horizon puis indiqua la partie un peu plus à droite.

« C'est vers là-bas. »

Les deux policiers se mirent alors en recherche de la section D. Puis ''DE''. Puis ''DELA''. Hermione trouva l'armoire la première.

« Ici ! » dit-elle et Malfoy rappliqua à ses côtés.

« Je suppose qu'il n'y avait pas de serrure les mois derniers ? » ironisa-t-elle.

« Si. Mais j'ai de quoi faire. » répondit Draco en fouillant dans sa poche d'uniforme.

Hermione le regarda sortir un long fil de fer et comprit tout de suite ce qu'il avait derrière la tête.

« Je sais le faire. » dit-elle alors en tendant la main pour qu'il le lui donne.

Pour une fois qu'elle pouvait être utile à quelque chose, elle n'allait pas laisser passer cette occasion. Elle qui aimait être au contrôle des choses, cela avait été assez frustrant de ne se contenter que d'obéir et suivre depuis le début de cette opération. Un rictus amusé aux lèvres, Draco le lui donna et la regarda faire, comme convaincu qu'elle n'y arriverait pas. Mais c'était sous-estimer les prouesses manuelles de la brune. En effet, il ne fallut que trente seconde pour que le fil de fer fasse office de clé dans la serrure et déverrouille le compartiment. Lorsque la brune rendit l'outil à son propriétaire, ce fut à son tour d'avoir un petit sourire en coin. Elle sortit alors complètement le tiroir de son armoire et passa en revue ce qu'il contenait.

Des merveilles.

Scellées sous plastiques se trouvaient toutes les affaires qui avaient été trouvé sur Tony Delano la nuit de son meurtre. Son portefeuille, les diverses cartes de visites, d'achat ou de magasin qu'il contenait, les billets et pièces retrouvés dans ses poches ou porte-monnaies, les tickets de caisse froissés, le stylo qui devait être glissé dans son costard, son portable dont l'écran était – pour une raison ou une autre – fissuré, sa montre, ses bagues, son trousseau de clés...absolument tout. La policière s'empressa de tout flasher sous tous les angles, faisant des zooms si nécessaire.

« Il nous reste une minute et trente secondes. » la pressait Draco à ses côtés.

« Je fais de mon mieux. » répondit sèchement la brune.

Mais elle essaya tout de même d'aller un peu plus vite dans ses prises de vue. Soudain, le déclic de la porte se fit entendre. Sur le coup, Hermione se remit d'un bond sur ses pieds. Et avant même qu'elle puisse comprendre quoi que ce soit, Draco la poussait brusquement en arrière par les épaules pour la plaquer violemment contre le mur. Lorsqu'elle ouvrit la bouche pour protester, le blond plaqua sa paume de main dessus, la rendant ainsi muette. Son autre main maintenait fermement son poignet contre le mur de brique, de même pour sa jambe qui se trouvait entre les siennes, l'empêchant ainsi d'amorcer ne serait-ce qu'un seul mouvement. La brune tenta alors de se débattre en poussant un petit cri mais Draco resserra son emprise contre sa bouche.

« Si tu ne veux pas terminer le restant de tes jours en prison, je te conseille de la fermer. » articula-t-il d'une voix basse mais glaciale.

Hermione écarquilla des yeux. Elle ne l'avait jamais entendu parler de cette façon ni aperçut une telle lueur dans le fond de ses iris argenté. Il avait une attitude et un sang-froid de tueur à gage. Le fait que le ton de sa voix soit à la fois calme et polaire faisait froid dans le dos et suffit à ce qu'Hermione reste aussi figée qu'une statue pour les secondes suivantes.

Car quelqu'un venait d'entrer dans la pièce. Maintenant qu'elle se concentrait, elle pouvait entendre des pas se déplacer dans les allées.

« Y'a quelqu'un ? » demanda une voix masculine.

Hermione eut une respiration plus courte que l'autre, au comble du stress. Les pas se déplacèrent encore plus près.

« Pas possible ça, ils laissent toujours la lumière allumée ! » soupira encore l'homme. « Heureusement que ce n'est pas nous qui payons les factures d'électricité... »

Plus près. Toujours plus près. A ce stade là, le corps d'Hermione était pris de tremblements nerveux. Son coeur battait la chamade et sa respiration, bien que silencieuse, était totalement chaotique. Elle leva des yeux embués vers Draco qui la regardait fixement. Il secoua lentement la tête en signe de négation, l'air de dire : ''non, tu ne craques pas. Pas maintenant.'' Hermione ferma les yeux très forts.

Une armoire fut ouverte, juste une allée plus haut. Juste à côté. L'homme fouilla dans les dossier qu'elle contenait et en sortit quelque chose de plastifié, à en croire le bruit que cela faisait. Il referma ensuite le compartiment, sortit de l'allée, s'arrêta. Hermione retînt son souffle. Mais les pas s'éloignèrent progressivement vers la porte et, après avoir éteint la lumière, l'homme sortit de la pièce. Trois secondes après, Draco lui rendit sa liberté de mouvement et elle se laissa glisser jusqu'au sol, la respiration erratique.

« C'était moins une. » commenta Draco en ôtant un de ses gants.

Hermione, qui le regardait faire, rassembla le souffle nécessaire pour lui demander :

« Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi est-ce que tu l'enlèves ? »

« J'ai touché ta bouche. » répondit Malfoy.

La brune plissa des yeux, tout d'abord vexée, mais comprit ensuite ce qu'il voulait dire. Il ne voulait pas prendre le risque de laisser son empreinte.

« On est en retard sur le programme. » dit Draco. « Il faut qu'on parte. »

« Mais je n'ai pas fini de... » commença à protester Hermione.

« Il faut qu'on parte. » siffla Malfoy, reprenant à moitié sa voix autoritaire de tout à l'heure. « Il est treize heures moins cinq et le personnel chargé du nettoyage sera là dans exactement cinq minutes. Et étant donné que les agents de la surveillance sont partis manger plus tôt que prévu, les chances sont grandes pour qu'ils rentrent également quelques minutes plus tôt que d'habitude. Alors il FAUT qu'on parte. »

Il n'avait pas l'air angoissé, juste pressé par le temps et déterminé à sortir le plus vite possible. Alors Hermione se redressa et remit le compartiment comme il l'était auparavant, trafiquant à nouveau la serrure à l'aide du bout de fer pour le verrouiller. Tout deux se dirigèrent ensuite au trot vers la sortie et Hermione vérifia que la voie était libre avant qu'ils ne se réengagent dans le couloir. Avant qu'ils n'atteignent la porte de service menant à l'escalier, Draco jeta par terre le badge qui leur avait servi d'ouvrir la porte blindée, donnant ainsi l'impression que le pass avait été laissé tombé par quelqu'un de négligeant.

Ils descendirent les escaliers, ne croisant par chance aucun nettoyeur, juste des employés revenant de leur pause du midi. Arrivé au rez-de-chaussée qu'ils avaient quitté quelques minutes plus tôt, les deux acolytes se dirigèrent d'un pas synchronisé vers la sortie. Quand soudain :

« Eh ! »

Hermione, ne sachant pas si cela leur était destiné, continua sa route. Après tout, Draco à côté d'elle ne s'était pas arrêté.

« Eh, vous deux là ! »

...mais il s'agissait bien d'eux. Son coeur recommençant à battre plus vite que la normale, la brune pivota lentement sur ses talons – partir à toute vitesse n'aurait fait qu'augmenter les soupçons. Et elle faillit laisser tomber son saut en apercevant l'un des agents de la sécurité qu'ils avaient vu de loin, lorsqu'ils étaient encore dans la voiture. La montagne de muscles se dirigea droit sur eux, ses sourcils blonds froncés, un index accusateur pointé sur eux.

« Qu'est-ce que vous foutez ici ? » siffla-t-il en les dévisageant tour à tour.

Hermione déglutit bruyamment puis ouvrit au ralentis sa bouche aride pour sortir le premier mensonge qui lui venait à l'esprit. Mais Draco la précéda et déclara sur un ton que l'on aurait pu jurer innocent :

« Nous sommes venus nettoyer, Monsieur. »

Il avait pris un accent écossais parfait, comme s'il ne s'était jamais exprimé d'une autre manière que celle-ci. L'agent dirigea ses yeux plissés vers Hermione, cette fois-ci.

« Et combien de fois faudra-t-il vous dire de passer par l'entrée principale, bon sang de bonsoir ? Seuls les employés sont autorisés à passer par ici, pas les serpillières ! » beugla-t-il.

La brune baissa docilement des yeux, retenant autant qu'elle le pouvait son gigantesque sourire. Ce nigaud était réellement tombé dans le panneau, pensant qu'ils faisaient parti de l'équipe des ''serpillières''. Les voilà qui se trouvaient encore une fois hors de danger.

« Ca ne se reproduira plus, Monsieur. » promit-elle.

« Allez, filez, et que je ne vous revoie plus ici parce que sinon, ça va barder ! »

Les deux policiers ne se le firent pas redire deux fois. En moins de temps qu'il n'en fallut, les voilà qui étaient de retour dans la Mercedes de Draco.

« Oh mon Dieu... » hallucina Hermione en se prenant la tête entre les mains. « Oh mon Dieu, on l'a fait ! Bordel de merde ! ON L'A FAIT ! »

Ses mains toujours plaquées sur ses joues, des étoiles pleins les yeux, elle se tourna vers Malfoy qui venait à peine de claquer sa portière derrière lui.

« On l'a fait. » confirma-t-il, un demi-sourire aux lèvres.

« J'arrive à peine à y croire..! » souffla la brune, encore sous le choc. « Maintenant que c'est fini, ça m'a presque l'air...je sais pas...facile. »

« Crois-moi que ça ne l'était pas. » lui assura Draco avant d'ouvrit la soute pour en sortir un fil noir. « Tiens. Le câble pour l'appareil photo.. »

S'ensuivit la séance de rhabillage durant laquelle chacun se débarrassa de ses affaires d'emprunts pour les troquer contre leurs véritables vêtements. La brune ne pouvait s'empêcher de fliquer du coin de l'œil son partenaire tandis qu'elle ôtait ses habits, ce que ce-dernier interprétait d'une autre manière, bien entendu.

« Et ne crois surtout pas que je te mate. » siffla la brune lorsque ses yeux gris rieurs croisèrent pour la troisième fois les siens via le rétroviseur intérieur.

« Je ne crois que ce que je vois. » répondit Draco.

Une fois perruques, lentilles, moustache, lunette, uniforme et chaussures de retour dans le sac et le sac de retour sur la banquette arrière, Draco redémarra et quitta le parking pour regagner la route. Hermione, se rembobinant leur folle aventure encore et encore dans sa têe, fut amenée à poser cette question :

« Comment est-ce que tu savais tout ça ? »

« Tout ça ? » répéta Draco, ne quittant pas la rue des yeux.

« Comment entrer, comment sortir, comment se procurer tel ou tel pass, à quelle heure entrent et sortent telle ou telle personne, etc ? » énuméra la brune. « Comment est-ce possible que tu saches tout cela ? »

« L'observation, jeune fille. L'observation. »

« Tu ne vas pas me dire que ce n'est que par ce biais que tu sais autant d'informations..! » contesta Hermione. « Il y a forcément quelque chose. »

« Quelque chose ? » répéta de nouveau Draco – cette conversation l'amusait et Hermione ne savait pas pourquoi. « Quelque chose comme quoi ? »

« J'en sais rien ! Des données auxquelles tu as eu accès, des personnes auprès desquelles tu t'es renseigné...j'en sais rien ! » dit encore Hermione, frustrée. « Ce n'est pas possible de savoir autant de choses en ne se contentant que d'observer. D'autant plus que tu n'étais même pas un vrai employé au FBI mais un simple stagiaire. »

« T'en sais des choses sur moi, dis-donc... »

« C'est toi-même qui l'a dit lorsque tu t'es présenté, le premier jour. » se justifia la brune. « Et un stagiaire ne reste pas assez longtemps dans une entreprise pour accumuler autant d'informations. »

« A part si ses seules tâches ont été de ramener du café ou photocopier des feuilles, ce qui lui laisserait un temps considérable pour observer tout ce qui se passe autour de lui. » suggéra Draco.

« Je doute que ça ait été le cas. » le contrat Hermione. « Pour qu'une personne soit admise dans cette section particulière du HBP, il faut vraiment qu'elle soit brillante dans tous les domaines. Et je doute que le fait d'agrémenter de deux sucrettes le café de ton ancien patron ait pu faire que ton CV se retrouve en tête de tous les autres sur le bureau de McGonagall. Si elle t'a choisi, c'est parce que tu faisais du bon boulot au FBI. Si tu faisais du bon boulot, cela veut dire que l'on t'en donnait et en quantité considérable. Et si on t'en donnait, cela signifie donc que tu n'avais pas le temps de disserter sur tout ce qui se passe autour de toi. Donc on en revient à ma première question : comment est-ce que tu sais tout cela ? »

« Et on en revient également à ma première réponse : j'observe. » répondit Draco en activant les clignotants.

Hermione se tourna vers lui.

« Ecoute, je suis au HBP depuis cinq ans et ce n'est pas pour autant que je sais de quelle heure à quelle heure s'absentent les gardiens de l'accueil pour manger, aller au toilettes ou téléphoner à leurs femmes. »

« Parce que tu n'observes pas assez. »

« Et que signifie ne pas observer assez, ô grand maître de la perception ? » demanda Hermione – ça y était, elle était énervée. Poser des questions et ne pas recevoir des réponses claires et précises la mettait en général hors d'elle.

Comme ils étaient arrêtés au feu rouge, Draco désigna la vitre de sa voisine et lui dit :

« Regarde par la fenêtre et dis-moi ce que tu vois. »

La brune haussa des sourcils, sceptique, mais finit par s'exécuter.

« Des passants qui marchent dans la rue, des restaurants, des magasins de vêtements, un banc, des feux tricolores, des arbres espacés symétriquement, une poubelle entre le troisième et le quatrième arbre...c'est tout. »

« Sûre ? » insista Draco.

Hermione observa une nouvelle fois la rue mais rien d'autre ne lui sauta aux yeux.

« Le soleil ? » ironisa-t-il. « Les nuages ? »

« Ca fait déjà deux choses de plus. » acquiesça Draco. « Rien d'autre ? »

« Parce que tu vois autre chose, toi ? »

« Je vois pleins d'autres choses. » dit alors Malfoy. « Au lieu d'un groupe indistinct de passants marchant dans la rue, je vois une femme enceinte en robe rouge qui va très certainement s'asseoir sur le banc à la peinture verte décrépie pour se reposer un peu, je vois un couple qui marche ensemble mais sans se tenir la main et sans avoir à se lancer des regards dégoulinants d'amour toutes les trois secondes, ce qui prouvent qu'ils sont ensemble depuis pas mal de temps déjà, je vois un vieillard marcher le dos courbé, sa main tremblante tenant sa canne prouvant qu'il est atteint de Parkinson, je vois une femme aux cheveux d'un blond artificiel – les rayons du soleil s'y reflètent comme ils s'y refléteraient sur du plastique – se disputer avec son mari et ce mari qui joue avec son alliange en la faisant monter et descendre le long de son annulaire – bien qu'une alliance ne soit pas aussi facile à retirer que ça, normalement, car plus les années passent, plus le doigt enfle et épouse la forme du bijou, donc si le mari arrive à la retirer aussi facilement, cela veut que : 1) il fait un métier interdisant le port de bijoux mais a) ces métiers sont rares, voire même inexistants, b) et même s'ils existent, ils ne sont généralement pas exercés par des hommes, ce qui me pousse à pencher pour la solution 2) il trompe régulièrement sa femme et enlève ainsi son alliance avant de commettre son adultère – et donc pour en revenir au couple, le mari et la femme se disputent et ne font pas attention à leur petite fille – cheveux brun de son père, nez et bouche de sa mère, robe un peu trop grande pour elle – qui pédale sur son vélo à une vitesse beaucoup trop élevée et avec des gestes maladroits, ce qui fait que les chances sont très grandes pour qu'elle trébuche dans les secondes qui suivent...et bam. » commenta-t-il lorsque la fille en question tomba de son vélo après être rentrée de plein fouet dans la poubelle. « Je continue ? » demanda-t-il en se tournant vers la brune.

« On y sera encore pour demain après-midi. » répondit-elle tandis que Draco se remettait à rouler, le feu étant passé au vert pour eux. « D'autant plus que tu ne m'as pas dit d'entrer dans les détails lorsque tu m'as demandé ce que je voyais. Et le HBP m'a de toutes les façons appris à être concise. »

« Moi, le FBI m'a appris à avoir une vision périphérique de façon à n'oublier absolument aucun détail. » répliqua Malfoy. « Il m'a appris à éduquer mon oeil et tout observer. Absolument tout. Ne rien laisser passer. »

« Quand une situation nécessite d'être évaluée avec rapidité et efficacité, entrer dans les tout petits détails s'avère être inutile. »

« Pas si la méthode est parfaitement maîtrisée. » objecta le blond. « Si tu parviens à tout observer d'un seul coup d'oeil en une seconde, tu n'imagines pas le gain de temps gigantesque que cela peut être. »

« Et c'est ce que tu fais ? » le questionna sa voisine. « Tout observer en une seconde ? »

« Plutôt dix. Je n'en suis encore qu'au stade débutant. » ajouta Draco avec un petit sourire.

Il revinrent au parking à treize heures et quart et Malfoy ré-emprunta la place 219C pour garer sa Mercedes puis coupa le contact. Les deux restèrent un moment sans parler puis Hermione détacha sa ceinture.

« Ce qui s'est passé entre midi et treize heures n'a jamais existé. Je suis allée manger, tu es allé faire ce que bon te semble. » dit-elle. « Dès que je sortirai de cette voiture, nos relations reprendront au stade où elles en étaient avant. »

« Et à quel stade en étaient-elles ? » demanda Draco.

« Paix impossible, guerre improbable. » dit Hermione, provoquant un rire chez son voisin.

« Tu es au courant que tu es la seule personne dans l'histoire à vouloir instaurer cette Guerre Froide entre nous ? Tu es à toi toute seule le bloc américain et le bloc soviétique. C'est quand même grave, ça. » constata-t-il avant de rire encore.

« Je t'appellerai quand le mur de Berlin s'effondrera, dans ce cas. » lui lança Hermione tout en ouvrant la portière.

Elle amorça un mouvement pour s'extirper du véhicule mais se ravisa et dit :

« Mais merci beaucoup. »

Draco fronça légèrement des sourcils, l'air de ne pas comprendre ce à quoi elle faisait référence.

« Pour..? »

« Le FBI, les uniformes, l'aide...tout ça. » résuma la brune.

Draco eut l'air encore plus intrigué par son discours.

« ...excuse-moi mais de quoi est-ce que tu parles ? »

Hermione se retourna vers lui, prête à lui rafraîchir la mémoire...et puis elle comprit. Un début de rictus releva alors le coin de sa bouche et, juste avant de sortir de la Mercedes pour de bon, elle aperçut le même sur les lèvres de Draco.


Je suis impardonnable, je sais, près de six mois sans poster de suite...enfin, j'espère m'être bien rattrapée avec ce chapitre, en tout cas. Dites-moi les personnages que vous aimeriez bien revoir ou ceux que vous aimeriez voir, tout court, et je m'arrangerai à les caser. J'aimerais vous promettre que la suite sera postée rapidement mais une partie de moi sait que ce n'est pas entièrement vrai – j'ai trois autres fics en cours dont une qui me prend presque tout mon temps. Cependant, je ferai de mon mieux pour ne pas faire pire que pour ce chapitre, promis.

Merci pour votre patience et vos encouragements, ça me fait très plaisir de voir qu'en dépit du temps que je mets à poster, vous appréciez toujours cette histoire.

xo.

IACB.

PS : J'ai créé un groupe Facebook IACB, au fait. Le lien est sur mon profil !

PPS : J'ai répondu ci-dessous à toutes les reviews, enregistrées comme anonymes.

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Rar :

Letrangère : Merci beaucoup pour tes compliments et ta compréhension ! Ce n'est en effet pas facile d'écrire sur plusieurs fanfics en même temps...

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Shady 185 : Oui je vais continuer cette histoire mais un peu irrégulièrement, malheureusement. Je suis contente qu'elle te plaise ! Un chapitre comme celui-ci peut s'écrire en 2-3 jours mais il me faut le temps et la motivation.

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Anne : Merci beaucoup ! Je suis très contente de voir que vous appréciez le personnage de Blaise car c'est aussi l'un de mes préférés, haha. J'essaierai de la caser plus souvent à l'occasion. Je ne sais plus du tout d'où m'est venu l'idée de cette fanfiction, tu me poses une vraie colle là...si je m'en souviens, je te dirai haha ! Ca me fait plaisir que tu te sois laissée tenter bien que ce soit un UA et j'espère que cette histoire continuera à te plaire, en tout cas.

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Nadra : Merci :)

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Anonyme H : Tu le sauras bientôt, héhé !

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Laura : Que de compliments, merci beaucoup ! Ca me fait vraiment plaisir de voir à quel point vous aimez cette histoire. J'espère que cette suive t'a plu !

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Eve : Oui, je la continue, no worries.

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Dramionne : Merci beaucoup ! Et non, l'affaire ne sera pas simple à gérer pour cette chère Hermione... J'espère que ce chapitre te plaît :)

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Bert : Merci, merci !

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Melissa F. : Ah, vous l'aimez ce Blaise ! Je vais essayer de le mettre plus souvent et de lui donne un rôle plus consistant à l'avenir, promis. C'est gentil de continuer à venir même si je ne poste pas régulièrement, ça fait plaisir de le savoir :)

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Hunted Down : Merci beaucoup ! J'ai en effet une véritable passion avec les Univers Alternatif, haha.

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Malilite : La relation entre Draco et Pansy est un point que je vais développer car elle est super intéressante à écrire, et je suis contente que le personnage te plaise ! J'aime beaucoup le pole dance aussi, je trouve ça super sensuel et pas aussi vulgaire qu'on pourrait l'imaginer. Mais il paraît que ça détruit le dos... dommage. Ah, du coup t'as compris le passage où Hermione expose le cheminement de sa pensée pour se rendre compte que l'As de Pic n'agit pas seul ? J'ai vraiment essayé d'être le plus clair possible et je ne sais pas si j'ai réussi... Dis-moi que j'ai réussi ! Haha. J'espère que tu te laisseras quand même tenter par Trash Po un de ces jours ! Et j'espère également que ce chapitre t'a plu.

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Anonymous : Je n'abandonne pas, promis !

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Manouchka 931 : Aha ! Des doutes sur Blaise ? La réponse dans les prochains chapitres ;) Je suis contente que l'intrigue et le caractère de Draco te plaise à ce point. J'espère que cette suite t'a plu ! :)

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Laurine : Merci beaucoup ! En effet, Hermione déteste - ou aimerait détester plutôt - Draco mais elle ne peut nier l'effet qu'il lui fait ;)

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Chocolaifye : Ohhh merci ! Bonne année à toi aussi (et je souhaite ça en juillet, oui oui).

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Heapple : Merci beaucoup :)

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Tia : Ah, je vous ai fait attendre pour l'avoir, cette suite...mea culpa ! J'espère que tu as tenu et que ce chapitre t'a plu en tout cas. Merci pour ta review !

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Weirdskyline : Merci beaucoup ! Le double-jeu de Draco est très marrant à écrire donc je suis contente que cette facette de sa personnalité vous plaise.

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Ayden Quileute : Et j'espère qu'elle t'a plu !

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Guest : Que de gentils mots, merci, merci, merci. :)

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Nelloo : Haha, j'en ai prévu des choses pour la semaine de torture de notre héroïne nationale...et elles seront dans les prochains chapitres !

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Djat : Hello, ma petite. Oui, je vais un peu plus développer le contexte familial de Draco ainsi que sa relation avec Pansy mais tout cela sera expliqué petit à petit, chapitre par chapitre. Je ne regarde pas beaucoup de série policière, haha, surprenant, non ? Enfin, à part New-York Unité Spéciale (une des séries les plus réalistes à mes yeux), Dexter quelques fois et Hercule Poirot. Et ta question date de 2013 mais j'y réponds quand même haha : oui, j'ai vu La Vie D'Adèle, au final, et je l'ai trouvé très très cool.

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Guest 2 : Merci beaucoup !

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Guest 3 : Merci !

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Charlie 3216 : Mmh, qui sait ? Peut-être qu'Hermione deviendra encore plus machiavélique que Draco ;)

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Drago-Mia : Et j'en suis contente !

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Lh42 : C'était très drôle d'écrire la scène d'entrée par effraction, en effet ! Et excitant aussi parce que du coup, je vivais un peu la scène avec les personnages haha. Limite si j'ai sursauté en écrivant la partie ou quelqu'un entre dans la salle de pièces à conviction pendant qu'ils sont à l'intérieur. Je vais approfondir au fur et à mesure le passé de Draco et aborder la relation de Ron et Hermione, mais ce sera dans les chapitres suivants ! J'espère que celui-ci t'a plu, en tout cas.

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Trotronon : Merci ! J'espère que cette suite te plaît :)

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Giselle Levy : Hello très chère, ça me fat plaisir que tu apprécies également cette histoire. Et omg mais OUI Pansy est définitivement la réincarnation de Mia Wallace. Le truc dingue c'est que j'y pensais il y a, quoi, 3 jours ? Et là je lis ta review et c'est comme une confirmation, haha. Oui, j'ai oublié de faire laver ses mains à Draco haha, what a crado. Mais cette faute d'hygiène ne se reproduira plus, foi de Chuck Bass. J'espère que ce chapitre te plaît ! Des bisous.

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S2aa : Ca me fait plaisir que tu aimes les UA ! La secte des adeptes des UA augmente de jour en jour, hinhin, rameutons tout le monde du bon côté de la Force. J'espère que tu as aimé cette suite :)

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Until next time.