Bonus ou chais pas quoi.

Comme vous avez été sages (et par là, j'entends qu'aucun de vous ne m'a dénoncé aux autorités pour ce livre), je vous offre de petits bonus faits maison.

Comme d'hab, ces évènements n'ont rien à voir avec ceux des livres. On repart juste sur d'autres bases.


Bonus numéro ouno.

Nous voilà au conseil d'administration de Poudlard. Le dirlo est assis sur une petite chaise pliable de camping, au milieu de la salle. Face à lui, une grande table en ébène massif qui forme un demi-cercle, où sont installés une douzaine de gus encapuchonnés.

« Je résume la situation, dit l'un d'eux. Vous avez engagé un nouveau professeur uniquement parce que c'était un écrivain à succès, c'est bien ça ?
– Pas que, répondit le dirlo. Dans ses bouquins, il raconte ses aventures. En les lisant, je me suis dit qu'il avait l'étoffe pour ce métier, pour transmettre ses talents aux élèves.
– Mais les histoires étaient toutes bidonnées. Vous vous êtes fait avoir.
– Je pouvais pas deviner, je suis pas magicien.
– Ben un peu, si. En plus il existe des moyens pour sonder l'âme des gens. Avant de les prendre comme prof, ce serait utile, non ? Je veux dire, pour vérifier leurs intentions ou leurs prétentions.
– J'ai pas pensé.
– Vous auriez vu que c'était un menteur.
– Oui, bon, j'ai pas pensé.
– Heureusement que c'était simplement un fabulateur. Imaginez qu'il ait été violeur pédophile, meurtrier, ou pire : voleur de mobilier de château.
– Oui ben c'est bon, j'ai compris l'idée ! s'énerva le directeur. J'ai pas pensé, je vous dit !
– Peu importe : il y a un autre problème. Il a demandé à ce que vous ajoutiez à la liste des fournitures scolaires l'intégralité de son œuvre. Et vous avez accepté.
– Oui, en effet. Des livres à intérêt pédagogiques.
– Des romans ! Et une quinzaine, que chacun des trois cents élèves avait l'obligation d'acheter. Il a vendu plus de quatre mille livres d'un coup ! Vous avez cautionné un enrichissement personnel n'ayant aucun intérêt scolaire !
– Mais c'est lui qui disait que…
– Il existe un programme officiel et des manuels scolaires. Ces romans se sont révélés bidons, et n'étaient en plus que des récits fortement romancés de voyages et d'aventure. Bon dieu ! Il les lisait en cours, et n'a rien enseigné à qui que ce soit pendant un an !
– Ben le jeune Potier a réussi à terrasser le monstre, quand même !
– Pas grâce à ses cours ! Uniquement sur un formidable concours de circonstances ! Il a eu sacrément de la chance, encore une fois. Et où étiez-vous, pendant ce temps ?
– Vous voulez dire pendant que deux élèves kidnappait un de mes professeurs pour aller combattre la créature qui terrifiait l'école, pendant que moi je restais impuissant à ne rien faire du tout comme tout au long de l'année ?
– Voilà…
– Ben dans mon bureau, à jouer aux devinettes avec les tableaux de mes prédécesseurs.
– Vous vous rendez compte que la seule aide qu'ils aient eu venait de votre phénix domestique. Un piaf qui leur a apporté l'épée perdue de Godric Gryffondor !
– Oui, mais en tout cas tout fini bien, c'est l'essentiel !
– Vous êtes un parfait incompétent, et il n'y a pas eu de morts que grâce à une très forte dose de chagatte. Qu'est-ce qui nous empêche de vous virer ?
– C'est l'éducation nationale, j'ai la sécurité de l'emploi !
– Oui, mais pas la sécurité du poste. »

Le lendemain, le dirlo était devenu concierge.


Bonus numéro deuzio.

Henri, encore une fois, est à l'infirmerie (il a son lit réservé, à force). Là, c'est après son combat épique contre le basilic, ce serpent immense capable de transformer en pierre d'un simple regard.

Le directeur, comme toujours, est à son chevet lorsqu'il se réveille. S'en suit donc une discussion sur les événements.

« Bon, je récapitule, dit Henri. Une bête monstrueuse issue d'un autre âge se promène dans le château, qui est capable de tuer d'un simple regard.
– Oui.
– Il y a eu, en tout, douze victime, mais comme par hasard aucun mort ?
– C'est ça. Une grande chance, parce que dans un livre pour enfant l'évocation de la mort est toujours un sujet difficile et…
– Peu importe. Il y a cinquante ans, il n'y a eu qu'une victime, et elle n'est pas vraiment morte puisqu'elle est toujours là sous la forme d'un fantôme.
– Voilà. Là encore, on atténue le côté tragique pour épargner les enfants et…
– On s'en fout. Je reprends : chaque fois, un événement improbable a permis d'éviter que la victime ne meure, et tous n'ont donc été que figés.
– Oui, oui, c'est vrai.
– Colin l'a vu à travers son appareil photo, ce qui l'a sauvé.
– En effet.
– Justin l'a vu à travers le fantôme de Nico, et Nico étant déjà un fantôme ne pouvait pas remourir.
– Tout à fait.
– Tom l'a vu en reflet dans une flaque d'eau, et Hortense dans un miroir.
– Donc indirectement dans les deux cas, oui.
– Kevin l'a vu au travers les lunettes à double foyer de Jean-Jean, et Jean-Jean l'a vu sans ses lunettes (et ne voyait donc rien).
– Exact.
– Greg l'a vu au travers d'un kaléidoscope. Lisa était en train de pleurer et ses larmes ont déformés le regard du basilic. Le professeur Tite-Bite avait une cataracte. Hagrid était bourré et voyait trouble. Et enfin Théo faisait des bulles de savon, et a vu le basilic à travers elles.
– Donc douze victimes, mais aucun mort ! lança joyeusement le dirlo. »

Henri lui jeta un regard désabusé.

« Ça fait pas un peu beaucoup de coïncidences, tout ça ?
– Pas du tout. »

En fait un peu, quand même… Mais c'est de la fiction, après tout.

« Et je n'ai toujours pas compris une chose, dit Henri. Le basilic était un serpent de trente mètres de long pour deux mètres de diamètre, c'est bien ça ?
– Oui, répondit d'Outretombe.
– Et pour passer inaperçu, il se déplaçait dans les canalisations.
– C'est cela.
– Bon, je passe sur le fait qu'un château vieux de mille ans possède des canalisations dans ses murs, et j'en viens directement à mes deux questions.
– Je t'écoute, dit d'Outretombe, intrigué.
– Première question : pourquoi ces canalisations sont-elles aussi grosses ? Chez moi, les plus gros tuyaux sont des tuyaux en PVC d'une dizaine de centimètre de diamètre.
– Oui, mais chez toi vous êtes quatre. Ici nous sommes des centaines, nous avons besoin d'un plus gros débit.
– Je n'y crois pas beaucoup : on a des immeubles chez nous, et les tuyaux ne sont pas plus gros. Ils sont simplement plus nombreux.
– Eh bien voilà : nous avons fait différemment.
– Admettons. Voici donc ma deuxième question : comment le serpent de deux mètres de diamètre sortait des tuyaux pour aller attaquer les élèves dans les couloirs ? Sans doute pas par un robinet, alors par où ? Où est-ce qu'il y a des embouchures de deux mètres de diamètres dans le château ? Hein, où ça ?
– Eh bien, heu… Je ne sais pas, un système de trappe peut-être, avec un genre d'ouverture que le serpent pouvait activer qui… euh… »

Henri l'avait scié en deux.

Mais après avoir un peu bafouillé, le vieil homme se ressaisit.

« Tu as encore beaucoup à apprendre, je pense. Certaines choses t'échappes, mais…
– Mais rien du tout ! Tout ce que je vois, c'est que cette histoire ne tient pas debout. Enfin merde ! Arrêtez de déconner ! Je n'ai jamais lu une histoire avec autant d'incohérences au mètre carré, c'est du délire ! »

Aussitôt, d'Outretombe tendit les bras et appuya fortement sur les carotides de Henri, qui s'évanouit immédiatement.

« J'ai eu chaud, dit-il en se levant. »

Et il sortit de la pièce en sifflotant.

FIN

(du moins jusqu'à mon prochain découvert, puisque j'écrirai sans doute une suite par nécessité)