Voilà une nouvelle fanfic très différente de ce que j'ai pu écrire précédemment. Elle ne sera pas longue.

C'est un UA. J'ai repris certains persos de Twilight. Ils sont tous humains (à moins que je change d'avis entre temps). Je me suis un peu inspirée de la superbe série Homeland de Howard Gordon et Alex Gansa mais je ne reprends ni l'histoire, ni les persos. C'est un drame uniquement. Le rating est élevé car il y aura des scènes violentes et un peu de lemon (même si c'est pas trop mon truc).

Le point de vue sera de Bella (sauf exception).

Je ne sais pas si mes lecteurs habituels apprécieront mais j'avais besoin de changer. N'hésitez pas à me donner votre avis.

Disclaimer : La plupart des personnages que je vais utiliser appartiennent à Stephenie Meyer.

Merci à cette fantastique auteure pour avoir créer des personnages si attachants.

Relecture par Brynamon, ma petite sœur qui, même si elle n'adhère pas forcément à ma persistante envie d'associer Bella à Jacob, me soutient malgré tout et est toujours là pour m'éclairer. Je la rassure, Edward sera très présent dans l'histoire ;-).

Pour les lecteurs qui me connaissent déjà, merci de votre fidélité.

Bienvenue aux nouveaux.^^


Chapitre 1 : Un bonheur infini


POV BELLA SWAN BLACK

Deux ans et demie après leur rencontre

Il était dix-huit heures, je rentrais à la maison après une dure journée de labeur (j'étais conseillère en réinsertion professionnelle et Dieu seul savait qu'il y avait du boulot face à cette crise persistante engluant notre pays). J'habitais une grande maison moderne à l'écart de la ville. Je franchis le seuil, heureuse d'être de retour car je savais que mon mari m'attendait ce qui étai rare. Je posai mes clefs, impatiente de le retrouver. Je l'appelai tout en le cherchant :

-Jake, je suis rentrée !

-Je sais, me dit-il, me faisant faire un bond.

Il s'était glissé derrière moi. Je lui sautai au cou, l'embrassant furieusement. Après trois semaines sans le voir, j'étais en manque. J'avais attendu ce moment toute la journée. J'avais tant de choses à lui raconter, à lui dire. Et surtout j'avais une grande nouvelle. Je me fis violence et mis fin à ce moment de retrouvailles. Je le détaillai avec passion. Il était tellement beau.

Nous nous étions rencontrés il y a deux ans et demie dans un bar où je buvais un verre avec Alice, une collègue qui était devenue mon amie depuis. Quand il était rentré, je n'avais vu que lui, impossible de regarder ailleurs. Il avait dû s'en rendre compte. Il m'avait fait du rentre dedans sous l'œil amusé de ceux qui l'accompagnaient, j'avais été séduite par son allure dans cet uniforme. Il était dans le prestigieux corps des Marines. J'avais fondu littéralement sous ses yeux d'un noir intense, ce qui ne fut totalement pas le cas de mon amie. Elle l'avait trouvé immédiatement antipathique. Heureusement, avec le temps, son avis avait changé. Il avait réussi à m'extorquer mon numéro de téléphone et un mois plus tard, alors que j'avais fini par me faire une raison, il avait débarqué dans mon lieu de travail sous l'œil médusé de mes autres collègues et des personnes présentes. Comment avait-il pu me retrouver ?

-Un jeu d'enfant, m'avait-il répondu.

Après un seul restau, je l'avais emmené dans mon appart. Pas sérieux je le savais bien. Mais je voulais profiter de sa présence avant qu'il ne se lasse, ne voulant même pas savoir s'il y en avait d'autres. J'étais tellement quelconque, si peu féminine avec mes cheveux brun coupés très court, ma peau si pâle, mes yeux marrons et mes sempiternelles jeans, je me demandais encore ce qui avait pu lui plaire chez moi.

Cette nuit-là avait été incroyablement orgasmique, j'étais tombée amoureuse…

-Bella ?

Il avait recommencé à m'embrasser.

-Je dois te montrer quelque chose, lui annonçai-je.

Je quittai ses bras à regret. Je courus vers la salle de bain, il était derrière moi quand je me tournai pour ressortir de la pièce. J'en fis tomber mon objet si précieux. Il se baissa pour le ramasser.

-C'est un test de grossesse et il est positif, lui balançai-je tandis qu'il se redressait.

J'étais un peu inquiète, il n'avait pas paru emballé quand je lui avais exprimé mon désir d'enfant. J'avais arrêté la pilule le mois d'avant, je ne pensai pas que ce serait si rapide, je pensai pouvoir le préparer à cette idée.

Il fixait le test, impassible, les yeux braqués sur moi.

-Je sais que c'est un peu rapide, m'excusai-je presque.

-La seule raison de ma réticence est que, étant régulièrement absent, tu devras assumer seule son éducation et gérer tout ce qui va avec. Cela ne sera facile ni pour toi ni pour moi.

-Je savais tout cela en me mariant avec toi. Rien n'est facile dans la vie. Mais il ne faut pas se priver d'être heureux pour autant. Et là maintenant, je suis comblée. La question est : est-ce toi tu l'es ?

Il m'attira dans ses bras.

-Je le suis.

Il resserra son étreinte.

-Merci, rajouta-t-il.

OoooO

Les semaines passaient, il prenait soin de moi. Encore plus que d'habitude. Tout était nickel dans la maison, il était très ordonné (d'ailleurs il s'occupait lui-même de ses uniformes et autres habits), limite maniaque. Tout était à sa place, tout le temps. C'était bien le seul reproche que je pouvais faire, sinon il était un mari attentif et patient. Il repartit en mission deux mois plus tard. Ce fut plus difficile de le laisser partir. Je me sentais seule malgré mes amis du boulot. J'avais quitté Forks ma ville natale à mes dix-huit ans quand mon père était mort trop jeune d'un cancer foudroyant, laissant mes potes du lycée derrière moi. Je gardais contact avec Angela uniquement.

J'étais restée un an chez ma mère à phœnix, elle y vivait seule et m'avait aidée à surmonter la mort de Charlie. J'avais rencontré quelqu'un mais ça n'avait pas collé (trop ennuyeux). Et puis j'avais dû déménager pour venir travailler ici à Chicago suite à un recrutement massif du Ministère du travail. J'adorai mon job. Je faisais facilement des heures sup même si je ne gagnais pas des millions. Mon train de vie je le devais à Jacob. Nous ne manquions de rien. La maison, les voitures, le frigo toujours rempli. C'était un luxe pour moi et je le savais. Je ne faisais donc pas d'excès. J'étais restée simple. Ma seule coquetterie résidait dans cette parure boucle, chaine et bracelet-montre en or qu'il m'avait offert pour notre premier anniversaire de rencontre. J'en étais restée sur le cul d'ailleurs ce jour là surtout quand juste après il m'avait fait sa demande, un genou à terre, le visage grave.

Cette première année avait été chaotique. Je le voyais peu. Je fus brutalement confrontée à ce que voulait dire fréquenter un militaire. Cela exigeait patience et sacrifice. Pour lui j'aurais tout fait, en fait à chacun de ses retours c'est moi qui m'interrogeais sur l'attention qu'il me portait. Un jour, un peu avant nos fiançailles, il m'emmena en balade et une centaine de kilomètre plus tard nous étions chez son père : William Black. Il s'étonna de notre visite. Il le voyait très peu. Il se prit d'affection pour moi et il me révéla que j'étais la seule fille que son fils n'ait jamais emmenée.

-Il ne s'attache pas facilement. Et la mort de sa mère n'a rien arrangé. Il était colérique et impulsif. Heureusement, Sam a su le convaincre de le rejoindre en Virginie pour tenter de faire quelque chose de sa vie.

-Qui est-ce ?

-Sam ? Son ami, désormais. Ils sont tous les deux des Marines. Je suis fier de mon fils.

Ce jour là, j'avais acquis la certitude que Jacob m'aimait. Le soir même, chez moi, il me l'avouait dans un murmure alors que j'étais sur le point de m'endormir enveloppée dans ses bras. Mon rêve était devenu réalité.

OoooO

Après six semaines d'absence, il était enfin de retour. Il m'emmena quelques jours en vacances, j'étais moi-même en congés et plus en forme que jamais. Allongés dans un transat, nous prenions un bain de soleil près de la piscine de notre location. Il était à peine quatorze heures. Nous étions en plein mois de juin. Un dimanche. J'avais revêtu un bikini chocolat, exposant mon ventre un peu arrondi. Je sentais enfin les mouvements du bébé. Je pouvais passer des heures, la main sur mon ventre à attendre un petit coup de pied.

-Tu as une idée pour le prénom ? Le questionnai-je subitement.

Nous savions depuis une semaine que c'était un garçon. Il avait sourit en l'apprenant et avait aménagé en un temps record une des chambres pour lui.

-William comme mon père, trancha-t-il laconique.

Il continua de lire son journal. Il aimait la technologie mais ne pouvais se résoudre à lire les infos en version électronique.

Je grimaçai discrètement.

-Je t'ai vu, me prit-il en flagrant délit. Tu n'aimes pas ?

Il referma son journal, attendit, toujours aussi imperturbable.

-Si si.

-Tu fais une piètre menteuse. Si tu as une idée, je suis tout ouïe.

-Pourquoi pas Matthew ? Proposai-je, hésitante.

-Tu aimes vraiment ce prénom?

Impossible de savoir ce qu'il pensait.

-Je le trouve sympa.

-Va pour Matthew alors.

Et il reprit la lecture de son journal. Je n'en revenais pas d'avoir eu gain de cause. Pas que nous étions en affrontement perpétuel c'est juste que j'étais habituée à ce qu'il prenne les décisions qui nous concernait tous les deux.

Il repartit un mois plus tard. La veille, il passa une partie de la nuit éveillé avec moi, me confiant son inquiétude de ne pas être de retour à temps pour l'arrivée de notre fils. Il caressait mon ventre. Soucieux.

-Je sais que tu aimes ton travail mais si tu es fatiguée, arrête-toi. Promets-le-moi.

J'opinai, émue par l'évidence de son amour pour nous.

OoooO

J'accouchai le trente octobre à vingt-deux heures quinze, tenant la main de ma mère qui était arrivée il y a une semaine. J'étais si malheureuse à cause du recul du retour de Jake que je l'avais appelée. Elle s'était proposé de venir. Si elle était du genre un peu excentrique et parfois même immature, sa présence me fut d'un immense réconfort.

En découvrant le visage fripé de mon bébé, je ne sus définir à qui il ressemblait. Bien au chaud contre moi, je l'examinai pour imprimer ses traits. Je ne réalisai pas ce qui m'arrivait. J'étais une maman…

Les premiers jours auprès de Matthew furent difficiles. Je déprimai sans son père, ne pas savoir où il était, ne jamais pouvoir le contacter, c'était pesant. Je ne lui demandais jamais rien concernant ses missions. Lui aussi restait muet à ce sujet. J'avais remarqué à la fin de sa formation de tireur d'élite, un peu avant notre mariage, quand il était revenu de sa première mission, il s'était un peu renfermé. Je ne me faisais qu'une vague idée de ce qu'il vivait au quotidien. Je respectais donc son silence.

J'étais fatiguée, stressée. Ma mère me prodigua de bons conseils. Quinze jours passèrent, Jacob revint enfin après trois mois et demi d'absence. Dans ses bras je retrouvai ma sérénité. Il était fort et je me sentis en sécurité de nouveau. Il salua brièvement ma mère, trop fixé sur le petit être dans ses bras. Il prit place près d'elle, elle lui posa délicatement son bien entre les bras. Elle me céda sa place. Il était aussi ému que je l'avais été en découvrant Matthew. J'attrapai son avant bras et posai ma joue sur son épaule. Tout était parfait.

Les fêtes de fin d'années arrivèrent. Puis la nouvelle année commença. Je fis enfin la connaissance de Sam et de sa femme Leah. Malheureusement pour moi, je ne les appréciai pas du tout surtout Sam. Je fis tout pour le camoufler mais Jacob s'en rendit compte. Nullement fâché néanmoins, il essaya de comprendre.

-C'est physique, je ne l'aime pas du tout.

-Quand je l'ai rencontré, c'était pareil, et puis avec le temps et connaissant son histoire, j'ai compris que nous étions similaire.

-Il ne te ressemble en rien. Il est arrogant, il a un désintérêt évident pour sa femme. Je ne serai pas étonné qu'il…

Je préférai me taire mais il saisit l'allusion.

-Ce qui se passe entre eux ça les regarde.

Je ne cherchai pas à polémiquer.

Un soir alors que nous dinions tous les quatre dans une ambiance pesante, Leah s'excusa pour aller au wc. Jake s'élança dans la chambre de Matthew qui pleurait. Je voulus l'aider, il refusa me conseillant de finir de diner. Quelle erreur ! A peine était il hors de vue que Sam égara sa main sur ma cuisse (Nda : oui je sais il ressemble au Sam de mon autre fic, à croire que je ne vois que le mal chez lui !^^). Je le repoussai avec force. Il persista, tout sourire, s'aventurant entre mes cuisses. Je me redressai, outrée, hésitant à le gifler.

-Et tu prétends être son ami, sifflai-je.

Il accusa le coup, plissa les yeux, je me hérissai sous la menace de ce regard noir. Il se détourna car Leah revenait, elle perçut la tension. Elle fronça les sourcils, nous fixant tour à tour. Je ne pus m'empêcher de rougir. Elle s'enflamma, me saisissant le bras avec brutalité.

-Qu'est-ce que tu fais ! Lâche-moi !

Je tentai d'ôter mon bras, elle resserra son emprise me tordant presque le bras. Je gémis.

-Je te conseille de t'occuper de tes affaires et de laisser les miennes tranquilles, me menaça-t-elle avec hargne.

Sam lui était là en spectateur. Il perdit son sourire à l'arrivée de Jake qui empoigna Leah au cou d'une seule main sous mes yeux effarée. Celle-ci me lâcha, tentant de se libérer. Sam s'en mêla. Une bagarre éclata. Leah s'agenouilla, crachotant, se frottant le cou. Je l'ignorai, peu encline à la compassion vue qu'elle était tout comme Sam à l'origine de ce fiasco. Devais-je les séparer ? Jacob eut rapidement le dessus. Son expression me glaça. Je ne le reconnaissais pas.

-Arrêtez ! Hurlai-je dépassée.

Matthew se manifesta de nouveau. Jacob suspendit son geste, le poing en l'air. Sam aussi, amoché. Ils se fixèrent avec rage. Je me hâtai vers la chambre, récupéra Matthew pour le rassurer.

-Je ne voulais pas crier mon chéri, lui murmurai-je au bord des larmes.

J'entendis la porte claquer. Je jetai un œil en me penchant légèrement. Jacob, les deux bras contre la porte, fixait le sol. Sa poitrine se soulevait avec frénésie. Il ferma les yeux. Mon cœur me portait vers lui mais mon instinct me retint. Mieux valait le laisser seul.

Depuis cet incident, je n'entendis plus parler des Uley. A aucun moment, il ne me reparla de ce qui s'était passé. La vie reprit son cours. Je ne travaillai plus mais ça me manquait surtout pendant ses absences. Il rata les premiers pas de Matthew, le premier « papa », ainsi que son premier anniversaire que je parvins néanmoins à lui filmer pour lui montrer à son retour. Il s'arrangea pour lui faire parvenir une vidéo d'à peine quelques secondes. Matthew sautilla, rit aux éclats en le reconnaissant, criant « papa, papa ! ». Et moi, j'étais triste et je pleurais. J'avais tenté d'appeler l'agent de liaison mais je n'avais pas eu plus d'informations. Je gérai avec difficulté les nuits blanches à cause des poussées dentaires, le quotidien routinier sans vie sociale. Matthew m'épuisait, il était casse-cou depuis qu'il gambadait.

Alice venait régulièrement, c'était une véritable amie. Le jour de l'anniversaire de Matthew elle débarqua avec un gros nounours. Elle ne pouvait rester, elle avait un impératif. Sur le perron, elle prit mon fils dans ses bras et le câlina. Elle l'aimait tellement et c'était réciproque. Il était devenu la coqueluche du boulot. Il était aussi mat que j'étais pâle. Il avait les yeux de son père, sa texture de cheveu. Il ne me ressemblait pas même si Jake affirmai le contraire. Mais peu importait, il était parfait.

Elle le reposa au sol, il s'agrippa à ma jambe. Elle m'embrassa avec effusion me promettant une sortie entre filles.

-Tu sais bien que je n'ai personne pour garder Matt.

-Je connais une bonne nourrice et gratos si je lui demande.

-Je ne sais pas trop. L'idée de le laisser à qui que ce soit me fait peur.

Elle sembla comprendre mais était déçue.

-C'est qui cette perle rare ?

-Ma sœur Rosalie.

J'étais perdue. Alice m'avait révélé avoir été adoptée.

-Ma sœur adoptive, m'éclaira-t-elle.

-Tu ne me l'avais jamais dit.

-C'est une partie de ma vie dont je ne parle pas. Nous sommes trois.

Elle se tourna vers la voiture en marche stationnée devant le trottoir.

-Edward est le troisième.

Je me décalai pour voir sa tête.

-Je suppose que je dois aussi m'attendre à ce que Rosalie soit un top modèle.

Elle éclata de son rire perlé. C'était agréable car rire n'était pas monnaie courante ces temps-ci.

-C'est vrai, admit-elle.

-La vie est vraiment injuste, râlai-je pour la forme.

Elle s'en alla, une fois dans le véhicule elle me désigna du doigt. Son frère se rendit compte de ma présence. Je lui fis signe. Son visage resta de marbre, il jeta un œil à Matthew et se détourna tout aussi vite. Contrariée par son impolitesse je rentrai à l'intérieur.

OoooO

Environ un mois plus tard, nous étions en route pour voir Billy. Les sœurs de Jake s'y trouvaient aussi. Je ne les avais pas revues depuis notre mariage il y a bientôt deux ans et demi. Elles tombèrent en adoration devant Matthew qui en profita largement, les menant à la baguette comme il le faisait déjà avec son grand-père. Jake était détendu, heureux d'être en famille. Il conversa avec son neveu, le fils de Rebecca. Il avait huit ans. Il m'avait accueilli avec réserve. Il était dans son coin quand nous étions arrivés. Ils s'éloignèrent tous les deux dans le jardin et entamèrent une partie de foot. Le ballon ovale échappait un peu trop facilement des mains de Jake à la plus grande joie de Stephen. Je l'imaginais dans quelques années faisant de même avec son fils.

Nous avions diné. Il se proposa de faire la vaisselle. Je restai à discuter avec cette famille qui était désormais aussi la mienne. Je les enviais. Je n'avais pas de frère ou de sœur. Plus de grands-parents. J'avais une cousine qui trainait je ne sais où. Je n'avais plus que ma mère que j'adorais mais il n'empêche que je me sentais pauvre en liens filiaux. Billy s'éclipsa. Après cinq minutes d'interrogatoire intensif par mes belles-sœurs, je partis à la salle de bain. En revenant, je fis un détour par la cuisine, m'arrêtant bien avant la porte entrouverte.

-Je ne peux pas changer d'unité, s'agaçait Jake.

-Et bien prend tes distances avec Sam, répondit son père.

-C'est difficile. Et ça en devient dangereux. Nous devons tous être solidaires. La moindre fissure dans le groupe pourrait nous être fatale.

-Dans ce cas prends sur toi et pardonne-lui.

-Non. Quand il a laissé sa femme poser les mains sur la mienne sans réagir, j'ai compris à quel genre d'homme j'avais à faire. Il a enfreint les règles. Ce n'est pas un homme d'honneur. J'ai fermé les yeux sur ses infidélités, je ne voulais pas m'en mêler. J'aurais dû. Comment peut-on compter sur quelqu'un qui ne respecte même pas ses engagements ?

Je le savais ! J'en fus écœurée. Pas étonnant que Leah soit si vindicative. Elle devait se douter de quelque chose.

-Je comprends, déclara Billy.

-Non, tu ne comprends pas ! Sa femme est dangereuse. Elle est comme une cocotte minute prête à exploser. Quand je l'ai vue malmener Bella, j'ai vu rouge.

-Tu l'as frappée ? Demanda son père, atterré.

Silence.

-Jake !

-J'ai fait ce que je devais faire. Personne ne touchera ni à ma femme, ni à mon fils tant que je serai en vie.

Cette déclaration sonnait comme une lourde menace. Nullement horrifiée, je me sentis au contraire démesurément rassurée.

OoooO

Deux semaines avant le deuxième anniversaire de Matthew, il m'annonça son départ pour l'Irak en urgence le lendemain. Des renforts étaient nécessaires. Habituée, je ne fis aucun commentaire même si la peine et l'angoisse était bien présente. Le soir, je le trouvai debout contre le chambranle de la porte de la chambre de Matthew, fixant son berceau. Il était triste.

-Ça va ? M'alarmai-je.

-Oui, il dort.

-Non, je parle de toi.

Immobile, il restait muet. Je saisis sa main et la pressai pour l'encourager.

-Quand je me suis engagé, dit-il enfin, j'avais décidé que je resterai seul. Quand mon père a perdu ma mère, il a sombré. Je me suis juré que jamais je n'infligerai cela à qui que ce soit. Jamais je ne m'attacherais à personne. Je n'ai pas eu de mal à tenir cette promesse. Et puis je t'ai rencontrée…

-Et je suis devenue pour toi une source d'inquiétude.

-Une source de motivation pour revenir, rectifia-t-il le regard toujours en direction du berceau. Je pensais à toi à chaque instant. Mais maintenant avec l'arrivée de Matthew, j'ai comme l'impression de m'arracher le cœur à chaque départ.

Que pouvais-je lui répondre. Aurais-je pu supporter d'être loin de mon fils ?

-Je ne le vois pas grandir. Je suis son père, je devrais être là pour le protéger et l'encourager à chaque étape de sa vie et non à des centaines ou des milliers de kilomètres.

-Tu fais ton travail afin qu'il ait un toit comme le font tous les pères. Il le comprendra plus tard, il sera fier comme je le suis. Il ne faut pas te tracasser.

En fait je mentais, je voulais qu'il se tracasse, qu'il s'en fasse pour qu'il reste et ne parte plus jamais. Mais je l'aimais trop pour le lui dire.

-Etre père n'est pas si simple, constata-t-il, il n'y a pas de formation pour ça. Je me sens démuni et je n'aime pas ça.

-Tu te débrouilles bien.

-Me débrouiller, ce n'est pas suffisant. Je suis effrayé à l'idée d'échouer.

Il aimait contrôler les choses, il était perfectionniste. Une déformation professionnelle probablement.

-Sur le terrain tout est plus simple. Face à la mort je n'ai pas peur, me confia-t-il.

-Tu n'as pas peur ? Vraiment ? Lui demandai-je, surprise et peu rassurée par ses confidences.

-Je n'en ai pas le droit car je ne suis pas tout seul. Nous sommes un groupe. Chacun à la vie de l'autre dans ses mains. La peur vient après coup quand l'ennemi est à terre.

-Tu as déjà tué quelqu'un ?

Question stupide, qui ne méritait pas de réponse. Il me fit face, il avait recouvré son impassibilité.

-Ça ne te pèse pas ? Le questionnai-je, soucieuse de ce qu'il devait gérer dans son âme.

-Je défends mon pays.

-Ça ne répond pas à ma question.

-J'essaie de déshumaniser l'ennemi, sinon je deviendrai fou.

Il s'éloigna vers le berceau, caressa les cheveux de son fils. Je n'insistai pas.

-Je vais me coucher, tu viens ?

-J'arrive.

Une demi-heure plus tard, je l'attendais dans notre lit simplement vêtu d'un négligé noir des plus explicites, j'avais voilé les lampes, créant ainsi une atmosphère romantique. Impatiente et avide comme à chaque veille d'un départ, je résistai encore quelque minute. Il arriva enfin, l'air toujours aussi grave. Il remarqua les lumières tamisée, retrouva le sourire en posant les yeux sur moi. Il se déshabilla à la vitesse de la lumière et se retrouva sous la couette dans mon dos. Il m'entoura la taille de ses deux bras me collant à lui dans une prise des plus sensuelles. Il agrippa mon cou d'une main, dégageant ma gorge. Il y fit glisser ses lèvres. Je soupirai en sentant ses doigts s'aventurer sans hésitation dans les plis chauds de mon intimité. Je posai ma main sur la sienne pour appuyer ce contact grisant. Il grogna, me mordit l'épaule. Sa main s'enleva de ma gorge pour faire glisser la bretelle de ma nuisette, dégageant un de mes seins qu'il enveloppa de sa main. Il y gouta comme un fruit murement cueillie. Je supportai difficilement cette longue agonie qu'il m'infligeait. Grisée par son souffle haletant, je lui murmurai mon envie. Il arrêta mon supplice pour me tourner vers lui. Les yeux voilés de désir, il m'embrassa. Sa langue s'insinuait doucement, caressant la mienne. Il semblait insatisfait. Il attrapa mon visage de ses deux mains, approfondissant brutalement ce baiser, il était comme insatiable. Je lui enserrai le cou, l'attirant sur moi. Son cœur battait si fort qu'il semblait vouloir sortir de sa poitrine. Il releva ma nuisette, écarta mes cuisses pour s'y faire une place, s'introduisit sans ménagement et entama un va-et-vient qui provoqua rapidement des spasmes dans le bas de mon ventre annonciateurs d'une extase dévastatrice à venir.

OoooO

La veille de l'anniversaire de Matthew, je me levai aux aurores, perturbée par un cauchemar où j'avais vu Jacob enchainé, prisonnier je ne sais où, vivant mille enfers, subissant mille tortures.

Cela faisait bientôt quinze jours qu'il était parti.

Vers huit heures et quart, on sonna à ma porte. Je déjeunais avec Matt. Je le pris dans mes bras et allai ouvrir. Mon cœur se compressa à la vue de deux hommes, deux militaires.

-Madame Black ?

-Oui, murmurai-je dans un souffle.

Ils se présentèrent.

-Pouvons-nous entrer ?

Le cœur en lambeau, le cerveau embrouillé, je les laissai faire. Un gouffre s'ouvrit sous mes pieds. Je titubai non sans mal jusqu'au séjour. Assise face à eux, je fixai leur visage sérieux. Ravalant mes larmes, je m'accrochai à mon fils. Il était calme comme s'il avait compris.

-Comment ? Demandai-je simplement.

-Il y a eu une explosion lors de leur opération commando près de la frontière syrienne.

-Quand ?

-Cette nuit.

-Vous êtes sûr… ? Demandai-je, incapable d'accepter l'inacceptable.

-Il n'y a aucun survivant, me confirma le plus âgé.

Ils exprimèrent leur compassion, leur condoléances, me firent part des dispositions prévues en tant que veuve d'un Marine. Mais je m'en foutais, je l'avais perdu, il ne reviendrait plus, plus jamais.

-Maman ?

Matthew me caressait la joue, les yeux plein de larmes. Malgré mon immense volonté, j'avais éclaté en sanglot.