titesouris : Toujours, y en a toujours un pour garder l'autre !

vinie65 : Oui pauvre Merlin !

DAM : Ne tombe pas amoureuse, il est déjà prisˆˆ Et oui Gaius a été maladroit...

Colinou : PARDOOOOOON ! Oui typique d'Arthur de faire semblant d'en avoir rien à cirer alors qu'en fait il s'inquièteˆˆ Il n'y a pas assez d'interactions Arthur/Hunith dans la série.

Allons-y pour la dernière partie... Presque un an et demi après la publication du premier chapitre, le temps passe vite !

Il y a quelques semaines, je conseillais la fic de titesouris. Aujourd'hui je vais conseiller un autre AU, écrit par Abeille : "Le destin est plus puissant qu'on ne le croit", une reprise de la saison 3 avec Balinor vivant ; pour mieux comprendre, il est conseillé de lire ses deux autres fics, "Balinor et Merlin" puis "Hunith et Balinor", cette dernière offrant la version d'Abeille de ce qu'il s'est passé entre les parents de Merlin au moment de la Purge...

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Chapitre 78: La Crainte du Pouvoir ~Partie 3~

Des mains absentes accomplissaient de manière automatique leurs corvées habituelles, leur propriétaire ne portant que l'attention minimum nécessaire à ses tâches. Des mois à faire ce travail rendaient plus facile pour lui de penser à autre chose. Du moment que la tâche n'impliquait rien d'aiguisé du moins.

Merlin reposa précautionneusement l'épée désormais impeccable d'Arthur, la fine couche d'huile dessus scintillant tandis qu'elle retournait dans son fourreau. Combien de fois avait-il failli se couper les mains sur le fil de cette lame ? Il avait perdu le compte après la cinquième, qui était la fois où il s'était forcé à se concentrer davantage dessus. Et maintenant, jetant un regard autour de la pièce tout aussi impeccable, il réalisa qu'à ce moment particulier il ne lui restait qu'une chose à faire.

Il se dirigea vers la porte des appartements du prince, saisissant le bouclier qu'il avait laissé appuyé contre le mur à côté. Il y avait une bosse près du bord, trop profonde pour qu'il l'enlève avec le talent limité qu'il possédait dans ce domaine. À l'armurier il irait donc, pour qu'un professionnel puisse le remettre à neuf.

C'était également, par pure coïncidence, un prétexte idéal pour sortir du château et aller marcher un moment. Sans se faire gronder parce qu'il traînait.

Merlin transporta le bouclier à l'extérieur du château vers la ville haute, prenant la route la plus directe possible vers l'homme qui faisait la plupart des armures et des boucliers pour les guerriers de Camelot. Le forgeron sembla un peu irrité au début quand il entendit le serviteur entrer simplement dans son atelier, mais cela disparut rapidement quand il reconnut qui se tenait là et que Merlin annonce que le bouclier du prince avait besoin de réparations.

Cela bien sûr avait été immédiatement suivi par l'homme hurlant à son apprenti de se charger de ce qu'il avait été en train de faire, avant que le forgeron ne prenne personnellement l'objet en charge et n'assure à Merlin que les réparations seraient faites en une demi-heure.

Donc, une demi-heure à faire ce qu'il voulait... Incapable de penser à quoi que ce soit d'autre pour occuper son temps, Merlin se dirigea vers le marché. Il avait toujours quelques pièces sur lui en cas d'urgence, et il avait certainement assez pour acheter quelque chose pour le souper de sa mère, Gaius et lui.

Le marché bourdonnait d'activité quand il arriva là-bas, le fait qu'il y avait toujours un sentiment de quasi-réjouissance parmi le peuple fournissant une distraction bienvenue. Tout le monde ressentait toujours la joie et le ravissement du retour d'Arthur des portes de la mort, tous ceux qu'il croisait lui adressant un signe de tête et un sourire si leurs regards se croisaient. Il aurait pu trouver cela bizarre, puisque normalement les gens ne lui adressaient qu'un regard bref en tant que valet d'Arthur, mais c'était toujours valable. Puisqu'il était le serviteur d'Arthur, exprimer à quel point ils étaient heureux de cette guérison, même juste auprès de son serviteur, était aussi proche que la plupart obtiendraient jamais, de pouvoir exprimer cette joie auprès du prince lui-même.

Lorsqu'il eut réussi à acheter un pain frais, de la viande fumée, et un petit sac de pommes, Merlin découvrit qu'il commençait à se fatiguer de toute la joie. Aucune de ces personnes ne savait ce qui s'était vraiment passé. Aucun d'eux n'était au courant des souffrances que sa mère, Gaius, et lui avaient traversées. Il était aussi bien qu'il soit l'heure d'aller chercher le bouclier, parce qu'il était prêt à battre en retraite dans le château où les serviteurs et les résidents le traitaient comme d'habitude.

Cette idée de répit était dans sa tête quand il récupéra le bouclier, le portant d'une main et ses courses de l'autre tandis qu'il remontait la rue principale de la ville haute. Et ce fut à cause de son choix d'utiliser la rue principale qu'il fut bientôt confronté à une vue solennelle.

Les gens s'écartaient, inclinant la tête un moment en signe de respect pour le groupe qui se dirigeait vers le bord de la ville. Voyant ce groupe, les yeux de Merlin s'écartèrent tandis qu'ils se posaient sur la silhouette enveloppée que portaient plusieurs de ces personnes... C'était une procession funéraire, portant leur tragique fardeau vers le bûcher funéraire qui aurait été préparé pour lui.

Il sentit un frisson le traverser tandis qu'ils le croisaient, un frisson au moment où il réalisa que le corps qu'ils portaient était celui d'une femme. Dans son esprit, cette femme devint Nimueh, le narguant pour son ignorance et le maudissant pour lui avoir refusé une telle fin. Il n'avait laissé aucun corps à brûler ou enterrer, pas pour elle. Il l'avait oblitérée...

Merlin détourna le regard, prenant une rue moins fréquentée et se dirigeant vers le château par cette route, le pas hâtif et la respiration se coinçant dans sa gorge. Extérieurement, il avait l'air calme, et ne semblait pas être plus que modérément pressé comme s'il faisait une course qui nécessitait d'aller vite. Mais à l'intérieur, il frôlait l'attaque de panique, s'étouffant presque sur l'envie de trouver un coin sombre, de se rouler en boule, et de se cacher.

Il laissa le bouclier d'Arthur dans l'armurerie, avant de se diriger vers les appartements de Gaius où il déposa la nourriture. Le vieil homme sembla assez surpris de la hâte de son pupille, mais ne put dire quoi que ce soit quand Merlin se contenta de sortir en courant, affirmant qu'il avait encore des corvées à faire.

C'était, bien sûr, un mensonge complet. Assuré de savoir qu'il avait du temps avant qu'Arthur ne l'attende où que ce soit, Merlin se dirigea vers le toit du château, se dissimulant dans un coin obscur. Il était loin des passages principaux autour du bord de la cour centrale, mais avait quand même une vue claire du ciel ouvert au-dessus. Au lieu de trouver un trou sombre où se cacher, le magicien avait choisi l'endroit le plus ouvert qui lui soit disponible où il puisse quand même être seul.

Le ciel était gris quand il leva les yeux vers lui, les nuages assombris par la menace de pluie, et semblant s'assombrir davantage à chaque minute qui passait. Et tandis qu'il sentait grandir son tourment intérieur, Merlin les entendit gronder avec le tonnerre à peine un battement de cœur plus tard. Était-ce lui qui causait cela ? Il n'en était pas sûr, mais il se souvenait d'avoir entendu plus d'une fois le tonnerre gronder au-dessus de lui dans les nuages quand son esprit avait été troublé.

Merlin s'assit, ramenant ses genoux vers sa poitrine et y appuyant son front, les entourant de ses bras tandis qu'il se roulait en boule. Il avait peur, vraiment peur... de lui-même. Pourquoi fallait-il qu'il soit ainsi ? Pourquoi diable fallait-il qu'il soit si puissant ? Était-ce parce qu'il était Emrys ? Ou était-il Emrys parce qu'il était puissant ? Il n'aurait su répondre à cela, et n'avait personne qui puisse y répondre pour lui. Il ne connaissait que la terreur que sa nouvelle capacité évoquait en lui.

Aussi resta-t-il assis là, pratiquement figé par la peur, tandis qu'au-dessus de lui les nuages continuaient de frissonner.

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Le grondement soudain du tonnerre au-dessus de sa tête fut ce qui le sortit de sa préparation de remèdes... ça, et le regard dans ses yeux que Merlin avait tenté mais échoué à cacher.

Gaius regarda par la fenêtre en direction du ciel, fronçant les sourcils tandis qu'une partie de lui se rappelait comment ce qui avait été une journée claire quand il était mort, était devenu une averse torrentielle quand il avait été ramené à la vie. Il ne pouvait s'être écoulé plus de quelques minutes entre les deux, et le changement s'était produit quand Merlin était arrivé sur l'île. Si l'on en croyait les implications, que les émotions de son pupille pouvaient conjurer des tempêtes, alors il devenait clair que quelque part dans le château Merlin était assis à broyer du noir.

Le vieil homme se dirigea vers la porte, s'arrêtant pour jeter un œil vers la chambre où se trouvait Hunith avant de décider qu'il ne voulait pas l'inquiéter. Elle ne savait pas ce qui s'était réellement produit sur l'Île Fortunée, et lui infliger le fardeau de cette connaissance, et de l'inquiétude pour son fils qu'elle causerait, ne serait pas juste. Non, il parlerait à Merlin lui-même d'abord. S'il ne pouvait faire accepter au jeune magicien ce qui s'était passé, alors seulement il lui demanderait son aide pour cette tâche.

Gaius descendit les escaliers et sortit par la porte juste en-dessous où se trouvait le panneau indiquant ses appartements, s'arrêtant pour regarder par les fenêtres du couloir devant lui. Si Merlin voulait réfléchir il y avait deux endroits qui étaient probables les cryptes ou le toit. Mais les premières étaient peu probables, puisqu'elles rapprocheraient le jeune magicien du dragon. Si le Grand Dragon était celui qui avait envoyé Merlin à l'Île, à Nimueh, alors il était fort probable que Merlin soit actuellement furieux contre lui.

Ce qui signifiait qu'il était sur le toit, et s'il était sur le toit il n'y avait qu'un seul endroit où l'on pouvait être certain de ne pas être vu par les autres personnes qui passaient là-haut.

Le médecin se dirigea vers l'accès au toit le plus proche, faisant monter à son vieux corps les raides escaliers pour atteindre les chemins qui suivaient le bord des pentes couvertes de tuiles. Le toit du château était loin d'avoir une forme uniforme, sa multitude d'étages et de pièces en-dessous ayant pour résultat des coins étranges ici et là. Mais celui vers lequel il se dirigeait, était l'endroit où le bout du toit de la Grande Salle s'arrêtait à quelques mètres de la tour est. Cela formait un trou sans issue, coincé entre les tuiles et le mur de la tour, et ce fut là qu'il trouva son pupille, assis et roulé en boule.

Gaius l'approcha, la voix à la fois inquiète et bienveillante.

« Merlin, au nom du ciel que fais-tu là-haut ? »

A la voix de son mentor, Merlin sursauta et leva la tête pour le regarder. Il détourna ensuite le regard, haussant les épaules avec raideur.

« R-rien. Je réfléchis. »

Son mentor vint s'arrêter auprès de lui, loin d'être dupe.

« Tu oublies, Merlin, que je te connais trop bien. Tu ne viens jamais là-haut pour réfléchir à moins d'être vraiment bouleversé, ce n'est pas ton coin habituel. Venir ici n'était pas pour réfléchir, c'était pour te cacher. La question est, de quoi est-ce que tu te caches ? Parce que j'ai le sentiment que ce n'est pas quelque chose que tu peux fuir. »

Merlin sembla se recroqueviller sur lui-même, en contradiction avec son affirmation suivante.

« Je ne me cache pas. »

Gaius tendit la main, hissant son pupille surpris sur ses pieds avant de l'attirer dans ses bras. Le magicien se tendit au début, mais commença à se détendre dans cette étreinte rassurante.

« Je peux dire que tu as peur de cette nouvelle partie de ta magie, mais ne le sois pas. Ça ne fait pas de toi une mauvaise personne, Merlin. Souviens-toi, c'est la personne qui l'utilise qui décide si leur magie est bonne ou mauvaise. Ce n'est pas la magie qui choisit cela, mais toi. »

Merlin se mordit la lèvre pour l'empêcher de trembler, avant d'enfouir son visage dans la toge de son mentor.

« Mais pourquoi a-t-il fallu que j'aie cela ? Je n'en veux pas. »

Gaius soupira, une main tapotant le dos de Merlin tandis qu'il le serrait dans ses bras.

« Qui peut le dire ? Nous sommes ce que nous sommes, et nous avons les dons que le sort nous donne. Tout ce que nous pouvons faire c'est en tirer le meilleur parti. Tu peux craindre ce pouvoir, Merlin, mais demande-toi pourquoi tu as tué Nimueh ? Je sais qu'une partie de toi voulait la punir, mais je suis certain qu'une partie de toi savait également que tu devais l'arrêter. Elle aurait continué à attaquer Camelot si tu ne l'avais pas fait. Tu le sais, aussi je suis sûr qu'une certaine partie de toi agissait également pour protéger Arthur. »

Merlin, le visage toujours enfoui, réfléchit à ces paroles. Il ne pouvait nier qu'il l'avait anéantie dans un accès de rage. Mais avant ce moment, la première fois qu'il l'avait attaquée, il avait pensé à s'assurer qu'elle ne pourrait jamais interférer avec le prince.

« Je... je suppose que oui, au moins un peu. »

Gaius repoussa Merlin à bout de bras, afin de pouvoir le regarder dans les yeux, avec l'attitude de quelqu'un qui allait énoncer ce qui devrait relever du sens commun.

« Eh bien dans ce cas, je suppose qu'avoir mis sa mort à profit plutôt que d'en faire une fin vaine a été une bonne chose. Elle a créé la situation qui m'a poussé à donner ma vie. Tout ce que tu as fait, c'est me rendre ce que ses actions m'avaient forcé à sacrifier. Sacrifier pour celui à qui je tiens, pour toi. »

Merlin semblait au bord des larmes maintenant, mais il les retint tandis qu'il hochait la tête avec gratitude. S'il y avait une personne dont il pouvait écouter les conseils quand il était perdu, c'était le médecin.

« Merci, Gaius, dit-il avant de prendre une inspiration tremblante, prenant une décision. Je ne me sentirai plus coupable à son sujet, pas quand ça s'est produit parce qu'elle a joué avec nous, mais... Je n'utiliserai plus jamais ce pouvoir. »

Gaius haussa un sourcil.

« Jamais ? »

Merlin détourna les yeux, des yeux qui étaient rapidement devenus douloureux et hantés.

« Je ne saurais... Je ne saurais prendre la vie de quelqu'un et la donner à quelqu'un d'autre. C'est mal, et je... Je ne peux pas. »

Le vieil homme à côté de lui soupira, compréhensif mais toujours incertain que ce soit le meilleur choix. Des problèmes et des peurs qu'on n'affrontait pas, étaient ceux qui revenaient vous troubler plus tard.

« C'est à toi de faire ce choix, mais n'oublie pas, jamais est un temps fort long. »

Il sourit, plaçant une main sur l'épaule de Merlin.

« Mais maintenant c'est le présent, et je pense qu'on devrait te ramener à l'intérieur. Tu n'as pas eu beaucoup de temps à passer avec ta mère, alors que c'est la raison pour laquelle elle est venue. Et après cela, je suis sûr que ta destinée va appeler pour son souper.

- Merci, Gaius. »

Merlin laissa échapper un sourire devant cette dernière remarque amusée, laissant Gaius le ramener dans le château. Oui, la destinée... Arthur. S'il avait eu besoin d'une preuve qu'il avait accepté sa destinée, et avait vraiment choisi de la suivre jusqu'au bout, elle était dans les événements de ces derniers jours. Il avait été prêt à mourir pour Arthur, à donner sa vie pour le prince puisse vivre. Si quelqu'un devait lui poser la question, est-ce qu'il continuerait sur ce chemin, sa réponse serait simple.

Si on lui posait la question de sa destinée maintenant il n'aurait qu'une réponse. Qu'il n'y avait plus besoin de questions, il avait choisi sa route... Tout ce dont il avait besoin maintenant, c'était la résolution de la suivre jusqu'au bout.

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Ce qui nous amène à la prochaine fic, Une Question de Résolution.