Une fic Drago/Hermione, qui sera probablement un two-shot. Cela se passe après Poudlard.

Livres : du 1 au 7 sauf l'épilogue.

Rating : K

Point-de-vue : Hermione Granger

Disclaimer : les personnages et l'univers de Harry Potter appartiennent à J. K. Rowling


The dark side of the moon

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Après la chute de Voldemort, il nous a fallu reprendre le cours de nos vies.

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Et ce malgré les morts, les mutilés, les familles déchirées... La vie a continué.

Mais comment reprendre goût à la normalité lorsque l'on a vécu tant de choses extraordinaires ? Quand on a vécu si intensément que désormais la vie paraît fade, sans saveur ? Bien qu'il y ait eu la terreur et l'horreur, je ne me suis jamais sentie aussi vivante que durant cette période de guerre.

Pour Harry et Ron, cela a été plus simple. Harry avait vécu trop de choses et n'aspirait plus qu'à la paix, Ron quant à lui avait toujours voulu une vie tranquille et bien rangée... Mais moi j'avais toujours rêvé d'aventures. Après les avoir vécues, que me restait-il à faire ?

En premier lieu il a fallu, pour tout le monde, reprendre l'année perdue à Poudlard. Année qui a été la plus étrange que j'ai vécue dans l'école, en dépit de toutes les aventures que j'ai pu y vivre. Trop d'élèves manquaient à l'appel, trop de visages tristes, trop de souvenirs... La Grande Salle était calme la plupart du temps, le brouhahas habituel ne remplissait plus les couloirs.

L'un des points les plus marquants de cette année a été le retour des Serpentard, dont Malfoy qui désormais faisait profile bas, même si le rôle que sa mère avait joué dans la survie de Harry était important.

Et puis il y avait Harry et Ginny, Ron et moi... Notre trio n'en était plus un, il n'avait plus lieu d'être. Les liens que les épreuves avaient tissés étaient toujours là, mais d'autres fils s'y joignaient, créés par d'autres épreuves.

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Bref, la vie a repris peu à peu son cours normal. Et moi, peu à peu, sans vraiment m'en rendre compte, j'ai commencé à sombrer...

J'ai fini par entrevoir ma vie telle qu'elle allait se dérouler : choisir une profession, faire des études dans ce sens, vivre ma relation avec Ron, finir par me marier, faire des enfants peut-être... Mais cela n'a jamais été ce que je voulais. Il me fallait plus. Retrouver cette sensation d'être vivante, d'être importante.

Et je me suis haïe pour ça. Je me déteste toujours. Comment puis-je être si égoïste ? Comment puis-je regretter ces années de souffrance simplement parce que je me sentais utile ? Pourquoi refuser de vivre une vie normale parce que j'ai l'impression de valoir plus que cela ?

Suis-je donc si arrogante ? Comme je me hais pour cela...

J'ai fini par laisser tomber Ron, prétextant que je devais me consacrer à l'obtention de mes ASPIC, puis à mes études supérieures. Et le bon Ron, le merveilleux Ron a compris. Il a accepté, il ne m'en a pas voulu. Ce qui n'a fait que me conforter dans l'idée que je ne le mérite pas.

Ni son amour, ni même son amitié ou celle de tous les autres. Mais ils ne savent pas. Alors je continue de faire semblant. Je fais semblant d'être heureuse alors qu'à l'intérieur, je suis vide.

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J'ai décidé de m'exiler. J'ai choisi la médicomagie non seulement pour me sentir utile, mais aussi parce que je savais que j'allais être débarrassée de la plupart de mes camarades d'école étant donné la difficulté de cette carrière. Je ne pouvais espérer l'anonymat, j'étais bien trop connue désormais de part mon rôle dans l'élimination de Voldemort. Cependant j'aspirais à quelque chose de différent, un nouveau départ. Je suis donc partie étudier en France, à l'Académie Européenne de Médicomagie.

Personne de Poudlard n'a fait ce choix, excepté une personne : Drago Malfoy. En le voyant le premier jour, j'ai presque eu envie de rire. Presque. Drago Malfoy, médicomage ? Pour cela ne faut-il pas être altruiste et avoir envie de faire du bien aux gens ? Que venait-il faire ici ? Et puis je me suis dit qu'après tout, lui aussi devait espérer un nouveau départ, loin de ceux qu'il avait connus.

J'ai décidé de l'ignorer. De faire comme si je ne le connaissais pas. J'avais passé six années de ma vie à être insultée et méprisée par lui. Je repartais à nouveau pour cinq ans dans la même école que lui... Heureusement l'Académie est grande, et il semblait peu probable que nous ayons choisi les mêmes options.

La première année s'est écoulée tranquillement, nous ne nous croisions que de temps en temps, nous ignorant à chaque fois superbement. Il semblait avoir opté pour la même stratégie que moi, ce qui me convenait parfaitement.

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Je revenais bien sûr régulièrement en Angleterre pour voir ma famille, mes amis. Mais je me sentais éloignée d'eux, comme sur un plan différent de la réalité, sans jamais leur montrer. Toujours souriante, toujours riante, et en dedans, vide. Et je me détestais pour ça. Comment pouvais-je me sentir ainsi alors que j'avais tout pour moi ? Je suis jeune et extrêmement brillante. J'ai des amis sur qui je peux compter. Je suis aimée et choyée par ma famille. J'ai une vie de rêve, et un avenir encore plus époustouflant.

Alors pourquoi ce gouffre à l'intérieur de moi, pourquoi rien ni personne qui puisse le remplir...

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La difficulté du cursus m'a aidée à ne pas devenir folle. Travaillant d'arrache-pied, je ne rentrais dans ma chambre étudiante que pour m'endormir, épuisée.

J'ai bien sûr passé la première année en tant que major de promotion. Juste derrière moi, Malfoy. L'éternel deuxième, juste après la Sang-de-Bourbe. Comme avant. Comme à Poudlard.

J'en ai ressenti une immense satisfaction. Comme un écho au mépris que j'avais pu ressentir pour lui à l'époque. Et pendant quelques instants bénis, ma haine contre moi-même s'est évanouie.

Je l'ai regardé, alors, comme je n'ai probablement jamais regardé quelqu'un. Il l'a senti, et m'a rendu mon regard. Il était froid, mais sans haine. Sans haine...

Quelque chose est alors passé entre nous. Je ne saurais dire quoi. En tous cas quelque chose qui m'a éveillée, et j'ai soutenu son regard un long moment. C'est lui qui a détourné les yeux. Et toujours, sans haine.

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Alors, dès le début de la deuxième année, j'ai cherché ses pas. Coïncidence ou pas, nous avons opté, cette fois-ci, pour les mêmes options. Avec les mêmes horaires la plupart du temps, les mêmes cours, les mêmes professeurs. Une compétition est née entre nous. Lui cherchais à me battre, à être premier, et moi je cherchais... quoi ? Son regard, peut-être. Ou sa haine.

Et une deuxième année est passée. Cette fois, nous laissant tous deux ex æquo à la première place. Immanquablement, deux esprits aussi brillants, galvanisés par cette compétition muette nous poussant à nous surpasser toujours, ne pouvaient passer inaperçus.

La troisième année étant celle où l'on doit choisir notre projet de recherche, on nous a donc incités à non plus nous concurrencer, mais à nous unir. Et, cette fois encore, nous nous sommes regardés. Et, cette fois encore, son regard ne recelait aucune trace de haine et il y a eu cet instant d'éblouissement où ma haine de moi-même a disparu pour laisser place au souvenir de mon mépris pour lui. Où j'ai eu l'impression que le gouffre en moi pouvait se remplir.

Nous avons accepté la coopération.

Et j'ai décidé de le haïr, si c'était la seule chose qui pouvait vaincre le vide.

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Alors oui, je hais Drago Malfoy. Plus que je ne l'ai détesté à Poudlard. Et pourtant je suis nue, étendue dans son lit alors qu'il dort du sommeil que seul le désir comblé octroie.

Je n'ai jamais réellement compris comment nous en sommes arrivés là. J'avais décidé de le haïr, mais la haine n'est pas si simple à émerger. Parce qu'elle avait déserté son regard à lui, parce que malgré les piques et les provocations que je lui lançais lors de nos séances de recherches, il restait stoïque.

Un jour pourtant, pour me faire taire ou parce qu'il en avait envie, il m'a embrassée. Sans douceur, sans amour, sans tendresse... et sans haine. Mais j'ai senti la mienne s'embraser comme un feu de joie, et j'ai répondu à ce baiser, et j'ai senti le vide, en moi, se remplir peu à peu. Alors nous avons fait de son lit notre champ de bataille...

Depuis, c'est entre des draps que nous nous faisons la guerre en nous faisant l'amour.

Je me sens vivante, à nouveau. Il n'y a plus de gouffre en moi. Plus de haine envers moi-même, juste envers lui.

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Et, tandis que je le hais, il m'aime.