Bonjour à tous !

Comme annoncé, voilà le nouveau chapitre.

Avant toute chose, je vous informe que malgré la période sanitaire actuelle, je pars en vacances pour deux semaines et ne pourrais donc pas publier durant celles-ci. Ce n'était pas vraiment prévu, mais quand une opportunité s'offre à nous, on la saisit au vol ^^.

Encore merci pour les dernières reviews, je devrais normalement vous répondre aujourd'hui même.

Donc au programme de ce nouveau chapitre... Je me demande si je dois vraiment y répondre compte tenu de son titre.

Bon sur ce, bonne lecture !


La propriété de la famille Weasley, perdue au beau milieu des champs dans le Devon, offrait à tous le spectacle d'une maison biscornue unique en son genre. Le terrier, comme on aimait à la surnommer, était en effet une bâtisse de plusieurs étages curieusement agencés, soutenus ça et là par des poutres à l'apparence fragile et prête à céder si la magie n'était pas employée pour leur permettre de supporter le poids des planches de bois qui composaient presque exclusivement l'habillement extérieur. La maison elle-même donnait l'impression au premier abord d'être particulièrement bancale, prête à s'effondrer au premier coup de vent. Plusieurs cheminées fumantes se dressaient sur son toit de tuiles rouges, et une cour intérieure, délimitée par un muret de pierres recouvertes d'une mousse épaisse, composait un rempart rudimentaire aux intrusions extérieures.

La propriété faisait très rustique, simple dans sa conception et totalement hermétique à la moindre sensibilité architecturale, presque négligée si l'on s'attardait sur le chaudron déposé près du portail d'entrée ou des mauvaises herbes poussant ça et là le long des murets.

Cette pauvreté qui transparaissait dans l'habitation n'était en vérité que le reflet de l'indigence dans laquelle vivaient les Weasley, une famille autrefois respectable et considérée parmi les autres membres de la communauté sorcière du pays, mais qui depuis des décennies n'avait cessé de faire les mauvais choix, de prendre les mauvaises décisions, de s'accoutumer aux risques financiers au point de se trouver aujourd'hui dans le plus terrible dénuement. La faute n'en revenait pas uniquement à Arthur Weasley, actuel chef de la famille et dépositaire de la maigre fortune de celle-ci, mais bien de ses ancêtres dont les prises de risque et les paris hasardeux sur l'avenir leur ont fait perdre non seulement l'argent qu'ils possédaient, mais surtout et plus terrible encore les titres de noblesse de «maison la plus noble et ancienne» qui étaient autrefois attachés à leur patronyme.

Difficile ainsi de s'imaginer que cette famille puisse à présent vivre dans ce que l'on pourrait cataloguer aujourd'hui de taudis, et pourtant c'était bien là qu'encore aujourd'hui Arthur et Molly Weasley tentaient de faire survivre leur grande famille.

Pour autant, si on laissait à ses fourneaux la matriarche de la famille et que l'on s'intéressait plus en détail aux différents étages qui composaient la maison, on pourrait alors se rendre compte que le grenier, d'ordinaire uniquement occupé par une goule bruyante et plaintive, était habité aujourd'hui par plusieurs individus n'ayant pas de liens particuliers avec les Weasley.

Quatre hommes se trouvaient là dans la minuscule pièce dont la fenêtre haute offrait une vue splendide sur les champs labourés entourant la propriété. Quatre hommes et une goule donc, enfermée pour sa part dans une malle disposée dans un coin du grenier qu'elle s'évertuait à secouer dans une tentative vaine pour s'en extraire. L'un des hommes était assis sur une chaise, ligoté à celle-ci par des cordes le maintenant contre le dossier et les bras à ceux du siège dans lequel on l'avait mis en place.

- Parlez Remus, lui ordonna le vieil homme en agitant devant lui sa baguette magique. Parlez, dites-nous ce que nous voulons savoir, et nous pourrons mettre un terme à cette fâcheuse affaire.

- Allez vous… vous faire foutre Al-Albus…, balbutia l'autre en respirant avec difficulté.

Dumbledore agita de nouveau sa baguette, et aussitôt la tête de Remus se rabattit en arrière tandis qu'il gémissait de douleur. Sirius le regardait faire avec effarement, toujours aussi peu habitué à voir le directeur de Poudlard torturer sous ses yeux l'un de ses anciens camarades de classe sans pour autant l'interrompre dans son geste.

Cela faisait plus d'un mois maintenant que Remus supportait avec un courage peu commun les séances d'interrogatoire de Dumbledore, et malgré les supplications, les avertissements, les menaces en tout genre et la torture à la fois physique et psychique, son ami demeurait inflexible et jusqu-au-boutiste dans sa résolution de ne leur dévoiler aucune information concernant son neveu, sa mère ou sa sœur. Les brimades, les maléfices de découpe, les sortilèges mentaux lui attaquant à longueur de temps l'esprit… Rien n'avait d'emprise sur lui, comme si le loup-garou qui sommeillait en lui était résolu à mourir plutôt qu'à vendre ses louveteaux.

Sirius ne pouvait s'empêcher de respecter profondément l'attachement qui semblait lier Remus à cette partie manquante de la famille Potter, et lui-même se savait capable de réagir de la même manière si les rôles étaient inversés et que c'était envers Matthew que l'on souhaitait s'en prendre. Mais intérieurement, il suppliait son ami de parler, d'arrêter tout ça et de peut-être lui épargner plus longtemps cette torture constante à laquelle il était confronté depuis tout ce temps.

- Croyez bien que cela me chagrine de devoir agir ainsi, affirma de son côté Dumbledore en gardant sa baguette magique pointée sur lui. Mais vous ne me laissez pas le choix Remus.

- S-sortez de ma t-tête ! Sifflait le loup-garou en serrant les dents.

- Votre défense est admirable Remus, mais vous devriez abaisser à présent les barrières qui protègent votre mémoire, lui conseilla le directeur. Vous savez comme moi qu'une exposition prolongée à une attaque aussi violente de l'esprit peut avoir des répercussions dramatiques pour la santé mentale de la personne concernée.

- V-vous n'obtiendrez rien de… de moi…, marmonna t-il. Tuez moi…

Soupirant, Dumbledore relâcha finalement son emprise sur l'esprit du loup-garou, et aussitôt la tête de Remus s'affaissa sur sa poitrine alors qu'il respirait lourdement.

- N'avez vous rien d'autre pour le forcer à avouer ses secrets, Severus? Demanda alors Albus en se tournant vers la quatrième personne présente qui n'avait toujours pas prononcé le moindre mot depuis leur arrivée.

- L'esprit d'un loup-garou est bien plus difficile à manipuler que celui d'un homme car il faut dompter à la fois l'être humain et la bête qui sommeillent tous les deux à l'intérieur, lui rappela le potioniste. La difficulté est encore accrue dès lors que la résolution de l'homme et de la bête se trouvent en symbiose, comme ici. Si vous parvenez à dominer l'homme, le loup-garou vient immédiatement à la rescousse pour vous chasser, et inversement.

- C'est fâcheux, commenta sombrement Dumbledore en regardant Remus. Avez-vous eu des résultats de votre côté Sirius?

- Rien du tout, lui certifia t-il en jetant lui aussi un coup d'œil vers son ami.

Sirius se gardait bien de lui avouer qu'en vérité, ses séances personnelles d'interrogatoire se résumait surtout à observer en silence Remus dormir sans jamais essayer quoi que ce soit contre lui. Une petite voix dans sa tête lui ordonnait pourtant le contraire, mais celle-ci se faisait de plus en plus lointaine et faible en comparaison de sa résolution à ne pas faire le moindre mal à son ami. Dumbledore s'en chargeait suffisamment bien pour le faire pour deux, et un regard sur l'index coupé de Remus le lui confirma encore une fois.

- Vous semblez décidément ne pas comprendre l'importance de notre requête Remus, reprit Dumbledore après quelques instants de réflexion. L'avenir de notre communauté en dépend, et c'est par pure égoïsme que vous vous obstinez à garder pour vous ces informations cruciales.

- Égoïsme dites-vous? Répéta avec une pointe d'amusement Remus. Qui est le plus… égoïste des deux, celui qui souhaite protéger coûte que coûte son… son neveu, ou celui qui veut s'en servir comme d'un morceau de viande pour faire la sale besogne, quitte à y laisser la vie?

- La prophétie affirme que…

- La prophétie quelle qu'elle soit n'est qu'un ramassis de conneries..., le coupa le loup-garou. Chacun peut l'interpréter à sa manière et lui d-donner le sens qu'on veut lui attribuer… Et à ce jeu là, je ne vous laisserai pas vous ser-servir d'Harry comme d'un pion dans votre foutu plan…

Dumbledore avait l'air de perdre patience à mesure que les secondes défilaient, et l'étincelle de gaieté avait depuis longtemps disparu de son regard. À en juger par la manière dont il jouait fébrilement avec sa baguette, la punition n'était pas loin.

- Dites-nous où est Harry Potter, lui ordonna t-il durement.

Mais Remus se contenta de lui adresser un sourire particulièrement narquois qui eut le don de faire descendre encore de quelques étages l'humeur déjà massacrante du directeur.

- Vous n'avez aucun droit sur lui, lui dit-il en continuant de sourire. Harry est désormais majeur et donc parfaitement libre de ses choix… V-vous ne pourrez pas le forcer à vous suivre, comme vous ne pourrez pas forcer James à faire usage de son droit de parenté sur lui pour l'obliger à le suivre jusqu'ici… Quant à le faire obéir par un sortilège, vous savez tout comme moi que cela est illégal en plus d'impacter négativement les compétences magiques de la personne visée…

- Ce ne serait pas la première fois que je commettrais un acte jugé illégal, mais tout ce qui doit être fait pour le plus grand bien nécessite de faire des choix que d'autres jugeraient contraires aux grands principes, lui certifia le directeur.

Remus se mit alors à rire bruyamment à la surprise des trois autres, mais bientôt des gémissements remplacèrent ses gloussements alors que les multiples coupures de son visage se rouvraient.

- L-le plus grand b-bien? Marmonna t-il douloureusement, les yeux plissés par la douleur. Vous en êtes en-encore à cette vilaine maxime pour justifier vos… vos actes abominables? Je pensais que… que vous auriez fait preuve de plus de sagesse depuis le temps…

- Remus, intervint Sirius en voyant son ami souffrir véritablement sur sa chaise. Pour l'amour de Merlin mon vieux, cette information permettrait de sauver tellement de vie si tu acceptais de nous la confier. Nous avons déjà perdu tellement de camarades dans cette guerre, l'aide que nous apporterait Harry serait suffisante pour arrêter le règne de terreur de Voldemort…

Et tout en parlant, Sirius se remémorait encore la longue liste des membres de l'Ordre disparus en affrontant le seigneur des ténèbres et ses acolytes mangemorts. La dernière attaque au sein du quartier général de l'Ordre avait elle-même été la plus destructrice jamais subi par leur camp, et si Kingsley, Tonks, les parents Weasley, James, Dumbledore et lui-même avaient survécu, on ne pouvait en dire autant de tous les autres mutilés par les explosions ou carbonisés par le dernier maléfice du faux Maugrey. L'ordre du phoenix avait été amputé d'une dizaine de membres en une soirée, et Dumbledore n'avait plus été le même depuis ce jour-là, peut-être par honte d'avoir été aussi longtemps berné par un espion, peut-être par dégoût des techniques employées, peut-être tout simplement parce que son estime personnelle en avait pris un coup… Sirius ne saurait dire, mais il préférait surtout ne pas s'aventurer à lui poser la question.

- Depuis quand sommes-nous redevenus familiers l'un envers l'autre, Sirius? Lui demanda Remus en l'observant à la dérobée. Que je sache, tu n'as jamais paru particulièrement inquiet de ma santé depuis mon déménagement en France… Je dirais même que depuis notre sortie de Poudlard, tu n'as fait que rester continuellement dans les jambes de James et de Dumbledore sans te soucier de ce qui pouvait se passer sous ton nez… Je suis par ailleurs étonné de voir que tu accordes tellement d'importance à la vie d'autrui quand jusqu'à présent tu acceptais sans broncher que celle de ton propre neveu lui soit sacrifiée dans son combat contre Voldemort… Tu n'as peut-être pas la même manière que moi de prendre soin de tes proches, mais pour ma part jamais, ô grand jamais, je ne sacrifierai Harry sur l'autel «du plus grand bien»…

- Comment oses-tu penser que…

- Bien que votre histoire personnelle soit particulièrement touchante et larmoyante, il serait de bon ton que vous la gardiez pour vous-mêmes et nous épargniez ce genre de scène pitoyable, intervint Rogue en regardant avec mépris les deux hommes. Si vous me permettez cette remarque directeur, il serait bon à l'avenir que ni Black, ni Potter, ne participe à ces interrogatoires où il est évident que les antagonismes sont bien trop vifs pour obtenir des résultats satisfaisants.

Sirius le foudroya du regard alors que sa main glissait lentement vers la poche de son pantalon contenant sa baguette. Mais pour autant Severus se garda d'imiter son geste et se contenta de lui adresser un petit sourire satisfait.

Au même moment, des petits coups se firent entendre sur le plancher, et un instant plus tard la trappe permettant l'accès au grenier s'ouvrir dans un grincement strident. La tête de Matthew apparut alors, les yeux légèrement plissés par la lumière qui émanait de la fenêtre mêlée à l'obscurité partielle de la pièce dans laquelle il pénétrait. Sa main se porta devant son visage pour servir de visière, et son regard rencontra alors celui de son parrain dont le visage s'éclaira d'un sourire radieux à cette vue.

- Matthew mon garçon, ravi de vous revoir, le salua Dumbledore en se dirigeant vers lui pour l'aider à grimper. J'aurais préféré vous laisser profiter de votre week-end à Poudlard pour travailler à vos devoirs, mais les circonstances nécessitaient votre présence au Terrier.

Son élève accepta avec une mauvaise grâce évidente la main tendue du directeur, mais son regard devint troublé à la vue de l'homme ensanglanté face à lui.

- Je t'en prie installe toi confortablement, l'invita Albus en faisant apparaître une chaise juste face à Remus. Nous avons aujourd'hui l'agréable surprise d'avoir avec nous ton cher vieil oncle Remus, et je sais que cela fait très longtemps que tu mourrais d'envie de le revoir, alors nous avons… fait en sorte de vous permettre de vous retrouver.

Sirius fronça les sourcils à la scène qui se déroulait sous ses yeux, et il réprima l'envie qui se faisait toujours plus violente en lui de toucher quelques mots au directeur quant au petit stratagème qui se mettait en place et dont Matthew semblait être le principal acteur ; Tirer les vers du nez d'un homme en usant de violence était une chose, utiliser un enfant pour effectuer ses basses besognes en était une autre qu'il ne tolérait que très moyennement.

- Que lui est-il arrivé? Lui demanda avec anxiété son neveu en continuant d'observer son oncle.

- Eh bien vois-tu Matthew, tu sais très certainement que ton oncle et nous devons discuter de certaines choses, et notamment de l'endroit où pourraient se trouver ta maman ainsi que ton frère, lui rappela patiemment Dumbledore. Mais Remus est semble t-il réticent à nous divulguer ces informations, alors il faut malheureusement user de méthodes moins orthodoxes…

- Et qu'est-ce que j'ai à voir avec tout ça? S'enquit t-il avec une perplexité manifeste.

- Ton parrain et moi-même pensions à juste titre qu'une discussion avec Remus pourrait lui délier la langue d'une certaine manière, affirma Albus. Après tout, cela fait si longtemps depuis la dernière fois que tu as pu voir ta mère, ce serait la moindre des choses de votre part de lui expliquer pourquoi vous vous obstinez à lui refuser ces retrouvailles Remus…

- Je n'ai jamais dit que j'étais d'accord avec ça, argua avec franchise Sirius en regardant froidement le directeur.

Lui-même fronça ses sourcils dans sa direction, mais Sirius maintint son regard obstinément froncé alors qu'ils se jaugeaient dans un duel silencieux pour déterminer qui serait le premier à baisser les yeux.

- Peu importe, souffla Dumbledore en reportant son attention sur le jeune adolescent.

De nouveau, des coups se firent entendre depuis la trappe du grenier, et à peine celle-ci s'ouvrit que la tignasse mal peignée de Molly Weasley apparut dans l'encadrement. Celle-ci arborait un sourire particulièrement radieux, et son visage semblait illuminé d'une joie si éblouissante que Sirius ne put s'empêcher d'être mal à l'aise pour elle.

- Je vous apporte quelques collations ! Lança t-elle joyeusement en faisant glisser par terre un plateau comprenant plusieurs tasses et une bouilloire fumante. Vous devez être assoiffés à rester toute la journée dans cette si petite pièce !

- Merci Molly, lui répondit Dumbledore.

La matriarche Weasley se releva légèrement tandis que les pans de sa robe de chambre balayaient la poussière accumulée du grenier.

- Restez-vous pour le souper? Demanda t-elle d'un ton toujours si faussement joyeux. Je vais préparer un excellent potage dont vous devrez me dire des nouvelles ! Quel dommage que Ronnie ne soit pas venu avec toi Matthew, c'est l'un de ses plats préférés !

- Oui, quel dommage Madame Weasley…, maugréa Matthew en roulant des yeux.

- Je me demande si nous aurons assez de place pour ce soir avec les membres de l'Ordre qui viennent manger, reprit distraitement madame Weasley en se grattant le crâne. Je ne sais plus du tout où donner de la tête ! Il faut encore que j'aménage la chambre de Bill et de Charlie en plus de ça, les pauvres risqueraient de dormir dans des lits pas encore faits !

Instinctivement Sirius détourna le regard, gêné face au déni de réalité manifeste dans lequel s'était plongée Molly depuis plusieurs semaines maintenant. La pauvre femme alternait depuis décembre les phases d'accablement devant les décès soudains de ses deux fils aînés et celles de démence où elle semblait plongée dans une sorte de monde où rien n'avait changé, où Bill et Charlie continuaient de vivre, où ses principales préoccupations étaient de réfléchir au repas qu'elle préparerait pour la soirée. En y réfléchissant, cela devenait véritablement dérangeant, et devoir l'entendre plusieurs fois par semaine pleurer bruyamment dans sa chambre la mort de ses garçons aggravait encore davantage cette sensation d'inconfort.

- Enfin, je sais que même si nous n'avions qu'une planche sur laquelle dormir, mon petit William ne s'en plaindrait pas davantage, gloussa t-elle. Un garçon si charmant… si facile à vivre…

- Merci Molly, mais si vous voulez bien nous excuser, nous avons encore beaucoup à faire ici, l'informa le directeur en lui souriant amicalement.

- Oh… Bien sûr ! S'excusa t-elle en lui adressant un geste de la main. Pardonnez-moi, je divague quelques fois ! Bon eh bien, soyez sages !

Et sans plus attendre, elle referma derrière elle la trappe dans un bruit sonore qui résonna longtemps dans la pièce.

- Reprenons là où nous en étions, argua Dumbledore en posant une main réconfortante sur l'épaule de son élève.

Mais Matthew comme Remus ne semblèrent pas vouloir adresser le moindre mot à l'autre, et la gène était aisément perceptible dans l'air alors que le regard de l'un fuyait continuellement celui de l'autre.

- Matthew aimerait savoir pourquoi vous lui refusez la joie de revoir enfin sa mère, l'interrogea calmement Albus.

- Vos méthodes sont minables vieil homme, lui répondit le loup-garou en levant les yeux en direction du plafond. J'en viens à me demander qui est tombé le plus bas entre vous et Voldemort…

- Est-ce que maman va bien? Le questionna tout à coup Matthew.

Son oncle parut se demander si sa question était sincère où s'il agissait de la sorte uniquement pour lui soutirer des informations pour le compte de l'homme à côté de lui, mais la réponse qu'il lui apporta par la suite certifia pour Sirius qu'il avait opté pour la première hypothèse :

- Oui, avoua t-il d'un ton doux. Elle n'a jamais été plus heureuse que ces dernières années…

- Heureuse sans moi de toute évidence, pesta le plus jeune d'un ton froid.

- Son bonheur aurait été complet avec toi, le corrigea patiemment Remus. Rien ne pourrait lui apporter plus de joie que de vous savoir tous les trois avec elle, et loin de votre père. Si elle se serait sentie pleinement en sécurité et aurait eu la certitude que t'arracher à James ne vous ferait courir aucun risque, elle serait déjà venue te chercher.

- Elle aurait pu au moins prendre la peine de m'écrire ! Éructa Matthew en se levant d'un bond. Prendre de mes nouvelles ! Se soucier de mon bien être ! Mais rien !

- Elle avait peur Matthew, rétorqua t-il. Peur que par un moyen quelconque, Dumbledore ou ton père puisse remonter jusqu'à elle, la ramener ici et vous faire du mal à tous les deux.

- C'est absurde, s'indigna Dumbledore en secouant négativement sa tête. Jamais nous n'aurions fait une telle chose à son encontre…

- C'est pour cela que vous vous donnez la peine de me charcuter depuis des semaines, lui rappela narquoisement Remus. Si vous êtes capable d'une telle bassesse à mon égard, je n'imagine pas ce que vous pourriez faire à Lily. Vous comprenez donc mes réticences à vous dévoiler l'endroit où elle pourrait se trouver.

Sirius vit rapidement Dumbledore lever sa baguette vers son ami, et un instant après Remus se tortillait de douleur si violemment sur sa chaise qu'il en fit sursauter de peur Matthew qui s'écarta rapidement de lui.

- Des quatre maraudeurs, vous étiez pourtant le plus tempéré de tous, fulminait Albus en gardant sa baguette orientée vers lui alors qu'il continuait à se contorsionner derrière ses liens. Et pourtant vous êtes aujourd'hui celui qui a la langue la plus fourchue !

- Arrêtez ! Lui ordonna Sirius pendant qu'il passait un bras autour de la taille de son neveu pour le rassurer. Vous ne voyez pas que vous lui faites peur !

Dumbledore regarda furtivement son élève caché derrière son parrain, et l'espace d'un instant Sirius crut que le directeur allait s'en prendre à lui. Mais au bout du compte il leva finalement sa baguette, arrêtant par la même occasion les gémissements de douleur que poussait Remus.

- Je pense que c'est assez pour aujourd'hui Monsieur le directeur, intervint Severus en s'approchant de leur prisonnier pour vérifier son état de santé. Il ne supportera pas une prochaine attaque de votre part…

- En effet…, marmonna Dumbledore en rangeant sa baguette. Je… Je crois que le temps des questions peut être remis à demain…

Et tournant les talons, le directeur ouvrit fébrilement la trappe avant de s'engouffrer vers la sortie sans plus se soucier désormais des autres occupants. Rogue continuait à ausculter précautionneusement Remus, et au moment où il s'attardait longuement sur son visage, Sirius était persuadé de l'avoir vu pencher légèrement la tête vers son oreille pour lui murmurer certaines choses dont il n'avait malheureusement pu entendre le moindre écho. Mais ce geste fut si rapide qu'il n'était pas certain d'en avoir été témoin.

- Ce conseil vaut également pour toi Black, reprit Rogue en se tournant vers lui. Pas d'interrogatoire avant demain.

- Je n'y manquerai pas, lui assura t-il nerveusement alors que Severus hochait sa tête dans sa direction pour le saluer puis de prendre la même direction que le professeur Dumbledore.

Sirius attendit qu'il disparaisse et que la trappe se referme sur lui en ne le quittant pas des yeux, puis après avoir eu confirmation, il se tourna à nouveau vers Remus, l'air profondément troublé.

- R-Remus? Marmonna t-il en s'approchant de lui. Tu m'entends?

- Oui…, chuchota t-il d'une voix à peine plus perceptible qu'un murmure.

Sirius fit alors apparaître une serviette et entreprit immédiatement de lui éponger le visage pour faire disparaître les traînées de sang qui s'y étaient répandues. Matthew lui restait en retrait, collé à une cloison alors qu'il hésitait entre prendre la poudre d'escampette et rester avec son parrain.

- Je suis sincèrement désolé pour tout ça, avoua Sirius tout en accomplissant sa tâche. Je ne pensais pas qu'il irait aussi loin pour te soutirer des informations…

- Depuis quand tu… Tu te soucies de la santé d'autrui? Souffla Remus en l'observant curieusement.

À vrai dire lui-même n'en savait rien, tout ce qu'il savait c'était qu'il avait l'impression d'avoir l'esprit plus clair depuis quelques temps, comme si le brouillard qui depuis si longtemps avait pénétré sa tête se faisait moins compact, que le fil conducteur de ses pensées s'était de lui-même démêlé. Il restait un fervent partisan de Dumbledore dans son cœur comme dans son âme, mais un côté rationnel depuis longtemps disparu refaisait surface et lui insufflait l'idée que certaines choses commises par lui n'étaient pas acceptables.

- Matthew, apporte une tasse de thé, veux-tu? Lui ordonna t-il d'un ton doux en évitant soigneusement de répondre à Remus.

Son neveu se précipita aussitôt vers le plateau de madame Weasley, et précautionneusement, il versa le liquide encore fumant dans l'une des tasses et l'apporta à Sirius qui aida son ami à boire dedans. Le thé lui brûlait la gorge, mais un soupir d'aise s'échappa de ses lèvres.

- Merci…, marmonna Remus en lui souriant pour la première fois.

- On… On va te laisser te reposer, proposa Sirius en s'éloignant de lui. Je viendrai te monter quelque chose à manger pendant la nuit pour que tu ne meurs pas de faim.

- Quelle touchante attention…, ironisa son ami en levant péniblement les yeux au plafond.

Sirius lui-même sourit à son commentaire, puis comme Severus et Dumbledore avant lui, il se dirigea vers la sortie avec prudence. Cependant la voix de Remus l'arrêta net dans sa marche :

- Sa porte te sera toujours ouverte Matthew…, dit-il en regardant fixement le jeune homme. Si tu ressens le besoin de la revoir, de… De lui parler… De lui reprocher son absence… De lui dire que tu l'as hais pour ça… Elle est parfaitement consciente des torts qu'elle pourrait avoir selon toi, et elle les accepte c-comme elle acceptera ta décision de ne plus la revoir le cas échéant…

Son parrain pouvait voir que ses yeux étaient humides de larmes depuis longtemps refoulées alors que ses poings étaient si serrés qu'ils en tremblaient violemment. Tout son corps parlait pour lui et de la tristesse mêlée à la colère qui l'habitaient depuis tout ce temps, mais Matthew gardait malgré tout le silence.

- Elle n'a jamais perdu l'espoir de te revoir un jour, continua inlassablement Remus. L'espoir aussi de pouvoir reformer une famille, tous ensemble, loin… Loin des manigances de Dumbledore… Elle sait que ce sera long et difficile, mais n'oublie pas que tu as une mère qui t'aime profondément et qui veut r-reconstruire quelque chose avec toi…

Matthew persista dans son refus de lui parler ou même de le regarder, mais un simple hochement de tête lui confirma qu'il avait bien compris le message. Puis sans attendre plus longtemps, le jeune homme se précipita vers la trappe laissée ouverte par Sirius, dévala le petit escalier y permettant l'accès et disparut à l'étage inférieur. Ses pas précipités se firent encore entendre longtemps après son départ, puis le calme revint de nouveau entre les deux hommes.

- Toujours à t'accommoder de la compagnie des p-petites catins londoniennes? Le questionna soudainement Remus.

- Moins qu'avant, lui répondit t-il en ricanant. Et toi? Pas de louve pour partager ta tanière?

- ça ne te regarde pas, le coupa t-il d'un ton sec bien que Sirius se demandait s'il était véritablement hermétique à ce sujet.

- Très bien, dit Sirius en passant ses jambes dans le trou du parquet. Je… Je repasserai donc te voir plus tard.

- Tu te répètes, lui rappela Remus d'une voix moqueuse. Mais si cela concerne Lily, Harry ou Rosie, t-tu n'auras pas davantage de réponse que Dumbledore…

- Je sais, souffla t-il en descendant progressivement l'escalier. J'ai donc quelques heures pour réfléchir à ce dont on pourrait parler.

Et pour la quatrième fois en moins d'une heure, la trappe fut une nouvelle fois abaissée derrière lui. Sa tête elle ne lui avait pas une seule fois fait mal de toute l'après midi.


A/N : Chapitre terminé. Curieusement c'est en le relisant juste avant de le publier que je me rends compte que certains passages auraient pu être améliorés... Tant pis ! Dans l'ensemble il me convient donc ça devrait malgré tout aller.

Je me suis dit qu'il fallait obligatoirement passer par la case "mais que devient Remus?" si je voulais éviter les questions le concernant. D'un autre côté ça permet également de mettre une nouvelle fois en lumière les aspects les moins reluisants de Dumbledore.

Après pour ce qui est de Sirius, s'agit t-il vraiment d'un début de repentir? Jusqu'où cela pourrait-il le conduire? On verra ;)

Comme annoncé dans la note du début, je pars en vacances deux semaines, donc ne vous attendez pas à avoir un chapitre bientôt. Cependant l'histoire est seulement en pause pour cette période, elle reprendra dès mon retour !

Sur ce, à bientôt !