Disclaimer : L'univers appartient bien évidemment à Suzanne Collins.

Note : Longtemps, très longtemps après, je reprends le chemin de cette fanfic pour écrire un petit bout de plus sur la vie de Peeta. J'espère que cela vous touchera ! J'espère aussi que vous allez tous bien. Je vous retrouve juste après pour la suite de cette journée mémorable ! Qu'avez-vous pensé du dernier film ? :)


Lorsque je me lève ce matin-là, je ne sais pas ce qui m'attend. En revanche, je sais déjà que ma mère patiente pour ce jour depuis ma naissance.

Allongé dans mon lit, je soupire. M'inquiéter ne fera pas avancer les choses. Je me lève rapidement et je m'approche de la fenêtre. Le ciel est gris, bleu par endroits, comme s'il hésitait lui-même sur l'apparence qu'il doit prendre. Depuis toujours, j'aime bien regarder le ciel, et particulièrement le soir, lorsqu'il se teinte d'orange. C'est une couleur magnifique que je n'arrive pas à reproduire sur mes glaçages.

- Peeta ! Dépêche-toi ! s'écrie l'un de mes frères.

Je ne sais pas lequel parle. A vrai dire, je m'en fiche. Depuis qu'ils ont mué, je n'arrive pas à distinguer leur voix s'ils ne s'expriment pas clairement. En y réfléchissant, c'est sans doute Karim, c'est toujours lui qui est le plus inquiet des deux. Joackim est plus calme.

- J'arrive !

Je passe rapidement à la salle de bain avant de me rendre dans la chambre des parents. Je n'ai presque jamais mis les pieds dans cette pièce. Un grand lit en bois traîne au centre de la chambre, la couette blanche recouvre les draps, l'armoire à vêtements est ouverte. Papa est déjà là. Il nous attend, assis au bord du lit. Je ne vois pas son visage, il a baissé la tête.

- On est tous là, affirme Joackim.

Papa respire profondément avant de nous regarder. Il a vieilli. Chaque année, à cette période, ce n'est pas un an qu'il prend mais deux. Seulement aujourd'hui, puisque j'entre en scène, il est trois fois plus inquiet. Il tente de sourire, ses lèvres tremblent. Comme ses mains qu'il a posé sur ses genoux. Je regarde par la fenêtre de sa chambre qui donne, à l'inverse de la mienne, vers le village. J'aperçois des petits pantins se déplacer rapidement, tous dans la même direction, droit vers la place du District.

- Bien, bien... murmure papa.

Il se lève et, son maigre sourire aux lèvres, se dirige vers l'armoire. Il en sort une première tenue, une chemise neuve, blanche, jolie et un pantalon beaucoup trop grand pour moi. Il les tend à Joackim. Malgré son inquiétude, je discerne au fond de son regard un peu de fierté. Mon frère attrape les vêtements en faisant attention à ne pas froisser la chemise. Lui aussi est fier. Il parait si calme comparé à Karim ! Ce dernier cogite juste à côté de moi, il serre les poings, ferme les yeux, inspire, expire, trop vite. Il ne se maîtrise pas. Ce qui lui vaut régulièrement des remarques de maman en temps normal.

- Voilà pour toi, Karim.

Je souris en voyant que mon frère manque faire tomber le cintre tant ses mains tremblent. Sa tenue est quasiment neuve, elle n'a été portée que quelques fois par Joackim avant lui. Il a tellement grandi en un an qu'il peut enfiler les anciens vêtements de notre grand frère. A côté d'eux, je fais beaucoup plus frêle. Mais c'est normal. Joackim a dix-sept ans, Karim en a quinze. J'ai le temps de devenir aussi grand qu'eux.

Enfin si je survis à ma première Moisson.

Lorsque papa me tend mes vêtements, je lui souris. Je suis, comme tous les hommes de ma famille, inquiet moi aussi. Pourtant jusqu'à ce que je me rende sur la grande place, je ne réaliserai pas quel jour nous sommes. Je joue les cyniques pour calmer mon esprit agité et demeurer maître de moi. Pour rester sûr de moi. Après tout, je suis le futur meilleur pâtissier du monde. Je dois rester humble et apte à gérer toutes les situations possibles.

J'attrape en souriant la chemise bleue que papa a préparé pour moi. Si le pantalon a déjà été utilisé par Karim, la chemise est neuve. En voyant cette couleur, ce bleu si clair, je sais que c'est papa qui l'a choisie en pensant à moi. En priant pour qu'elle me porte chance.

- Allez, enfilez tout ça maintenant ! Dépêchez-vous, il ne vous reste qu'une heure pour vous rendre sur la place ! s'exclame papa en tentant d'avoir l'air enjoué.

Je lui fais un grand sourire. Joackim, Karim et moi retournons dans nos chambres pour finir de nous préparer. Je suis soulagé de voir que le pantalon est à la bonne taille. Ce beige me va bien. Je mets précautionneusement la chemise par dessus, par peur de la froisser, avant de constater qu'elle me va parfaitement elle aussi. Je suis beau comme un cœur. L'espace d'un instant, je suis gêné par mes propres pensées. J'ai douze ans, je ne suis plus tout à fait un enfant, mais je suis encore loin d'être un adulte. Et puis Katniss sera là elle aussi. Je vais enfin la revoir.

Ces derniers temps, ses apparitions se sont faites rares. J'ai appris qu'elle passait son temps à s'occuper de sa mère et de sa petite sœur. Contrairement à moi, elle n'est plus une enfant. Mais ce n'est pas encore une adulte. C'est une fille, une jeune fille, qui au lieu de vivre se contente de survivre. Comme chaque fois que je pense à elle, mon cœur se serre. Je repense avec tristesse à cette journée pluvieuse où je n'ai pas été assez courageux pour la soutenir.

Je m'accorde trente secondes de silence pour fermer les yeux et penser à elle. Pour prier qu'elle ne soit pas moissonnée malgré les tessarae qu'elle a du prendre dès qu'elle a atteint l'âge de douze ans. Alors que je n'ai quasiment aucun risque d'être moissonné, à moins d'être complètement malchanceux, elle est déjà beaucoup plus en danger que moi. Mais je sais qu'elle s'en fiche.

La fille que j'aime est forte. Si elle est sélectionnée pour les 70ème Hunger Games, sa seule inquiétude concernera sa mère et sa sœur.