Voilà… Je sais que bien que j'ai deux autres fics en cours et que mes lectrices vont me maudire, mais j'ai un réel besoin d'écrire cette fic. L'idée me tourmente depuis trop longtemps, et si je ne la sort pas de ma tête, je vais devenir folle.

J'ai commencé à regarder Game of Thrones sous les supplications de mes amis qui me disaient combien cette série était géniale. J'ai dévoré les deux saisons en une semaine et comme j'ai tout regardé en VOSTFR, j'ai gardé certains termes en anglais. De plus, j'ai commencé le Tome 2 donc si vous reviewez, s'il vous plait, ne me spoilez pas la suite.

Pour justifier le pairing, il se trouve que j'adore Robb et Jon et que je trouve qu'ils iraient très bien ensemble. Une histoire passionnelle doublement interdite par l'inceste et l'homosexualité, je trouve ça captivant. Je tiens à préciser que je j'ajouterais éventuellement, je dis bien éventuellement, d'autres couples si vous êtes beaucoup à m'en réclamer un en particulier. En général, je suis preneuse d'idées de lecteurs, du moment qu'elles s'insèrent bien dans l'histoire que j'ai prévu et qu'elles ne nuisent pas à mon couple principal.

Sur ce, trêve de blabla, place à la fiction !

POV Jon

Jon avait beau n'être qu'un bébé lorsque son père l'avait ramené à Winterfell, il avait toujours su qu'il n'était pas comme eux. Qu'il ne faisait pas vraiment partie de cette famille, qu'il n'était qu'une simple pièce rapportée qui étalait aux yeux de tous la disgrâce de Lord Eddard Stark. Peut-être à cause du regard froid et méprisant que Lady Catelyn lui adressait à chaque fois qu'il se trouvait dans son champ de vision. Peut-être à cause des murmures des domestiques sur son compte, ou plus tard, les brimades de Theon Greyjoy. Toutes ces choses, aussi insignifiantes soient-elles, avaient suffi à imprimer dans l'esprit de Jon qu'il serait toujours un intrus dans cette maison, et l'avaient marqué au fer rouge comme le bâtard et la honte d'un honnête homme.

Heureusement, les enfants Stark, ces demi frères et sœur, ne le traitait pas ainsi. Arya adorait son frère, peut-être parce qu'il était le seul à la considérer comme elle était vraiment. Bran et Rickon ne faisaient même pas la différence. Lorsqu'ils avaient trouvé les direwolves un mois plus tôt, quand Jon avait sauvé les petits en convainquant son père qu'il y avait cinq chiots, un pour chaque enfant Stark, Bran avait demandé le plus innocemment du monde « Et toi ? » Jon avait répondu froidement « Je ne suis pas un Stark » et Bran avait semblé soucieux tout le reste du trajet. Sansa c'était éloignée de lui dès qu'elle avait su ce que signifiait le mot « bâtard », comme pour soutenir sa mère dont elle était très proche.

Quant à Robb, que dire de plus si ce n'est qu'aussi loin que Jon puisse se souvenir, il avait toujours été à ses côtés, présent pour lui. Il s'était entendu nommer « l'ombre de Robb » bien avant qu'il ne connaisse son propre nom, et on lui attribua ce sobriquet toute son enfance. Quand il pleurait après s'être fait mal, Robb essuyait ses larmes en lui disant que tout irait bien. Quand il avait peur après un cauchemar, Robb grimpait dans son lit, le serrait dans ses bras tout en lui assurant qu'il était là et qu'il ne laisserait rien ni personne lui faire du mal. Robb était, depuis toujours, l'objet de son affection, son admiration et de son dévouement sans bornes. Jusqu'à ce que tous ses sentiments ne muent en un seul, plus fort, mais aussi plus dévastateur. L'Amour.

C'était ce sentiment qui rongeait Jon ce soir, car l'amour menait à la jalousie, et la jalousie à la colère. C'était essentiellement pour cela que Jon se défoulait sur ce sac de sable, son épée le transperçant de parts en parts. Lady Stark avait spécifié qu'il serait offensant pour la famille royale de laisser le bâtard de son mari participer à la fête, et Jon avait l'habitude. Non, ce qui le mettait hors de lui c'était que Robb y était, avec Theon.

« Et bien tant mieux pour lui ! » ragea Jon en assenant un nouveau coup d'épée au mannequin de bois. « Qu'il s'amuse avec Theon, je n'ai pas besoin de lui ! » songea-t-il.

C'est à ce moment qu'il entendit le martèlement des sabots d'un cheval au trot dans la cour. Il n'y prêta pas attention, s'acharnant d'avantage sur sa cible, lorsqu'une voix forte et familière parvint à ses oreilles.

- Est-il déjà mort ?

Jon se retourna et un sourire fendit son visage lorsqu'il vit son interlocuteur.

- Oncle Benjen ! s'exclama-t-il.

Ce dernier eu un rire rauque avant de l'étreindre à lui en briser les os.

- Tu as grandi ! dit-il en desserrant son étreinte pour mieux le regarder. J'ai galopé toute la journée. Je ne voulais pas vous laisser seuls face aux Lannister. Privé de fête ?

- Lady Stark juge que cela serait offensant pour la famille royale de voir le bâtard lors des festivités, dit calmement Jon.

- Eh bien ils sont bienvenus au mur. Les bâtards n'y sont jamais refusés.

- Alors emmène-moi avec toi quand tu y retourneras, déclara-t-il spontanément.

- Jon… soupira Benjen.

- Père me laisserai si tu le lui demandais, insista Jon, je sais qu'il le ferait.

- Le mur n'ira nulle part.

- Je suis prêt à prononcer mes vœux, souligna son cadet.

- Tu ne comprends pas ce que tu abandonnerais. Nous n'avons pas de famille, aucun de nous n'aura jamais de descendance.

- Je m'en moque, riposta Jon.

- Car tu ignores ce que ça signifie.

Un silence s'insinua entre les deux hommes. Les deux parties semblaient être à court d'arguments.

- Je ferais mieux de rentrer à l'intérieur, déclara Benjen, sauvez ton père de ses invités.

Il serra les épaules de Jon.

- On en reparlera plus tard, lui assura-t-il.

Quand son oncle parti, une voix s'éleva de l'obscurité.

- Ton oncle est dans la Garde de la Nuit ?

Jon se retourna pour voir à qui il avait affaire. Un nain aux cheveux blonds s'avança vers lui, et le jeune homme su de qui il s'agissait.

- Que faites-vous ici ?

- Je me prépare à passer la nuit avec votre famille.

Jon tiqua lorsqu'il dit « votre famille ». Ce n'était pas totalement vrai. Pour preuve, on lui avait interdit de participer aux festivités.

- J'ai toujours voulu voir le mur, poursuivit-il.

- Vous êtes Tyrion Lannister, déclara Jon. Le frère de la reine.

- Ma plus grande réussite, signifia ce dernier, ironique. Et vous êtes le bâtard de Ned Stark, n'est-ce pas ?

Jon s'éloigna à ses mots. Même s'il le savait, ce simple constat lui faisait toujours l'effet d'être un moins que rien.

- Je vous ai offensé ? demanda l'autre en le suivant. Pardon. Mais vous êtes bien le bâtard.

- Lord Eddard Stark est mon père, déclara-t-il posément.

- Mais Lady Stark n'est pas votre mère, ce qui fait de vous un bâtard. Laissez-moi vous donner un conseil bâtard. N'oubliez jamais qui vous êtes, les autres ne l'oublieront pas. Portez-le comme une armure, et on ne pourra jamais s'en servir pour vous blesser.

- Qu'est-ce que vous pouvez savoir sur le fait d'être un bâtard ? s'énerva Jon.

Tyrion se tourna avant de lui adresser un sourire contrit.

- Tous les nains sont des bâtards aux yeux de leur père.

Le Lannister s'en alla en buvant à longues rasades le contenu de son outre, du vin de Dorne à n'en pas douter. Jon réfléchit un moment sur la récente tournure des évènements. Bien sûr, il avait déjà songé à aller au mur, mais il n'y avait jamais pensé sérieusement. Jon regagna sa chambre, en pleine réflexion. Sur le Mur, il serait l'égal de tous. Seul son mérite pourrait le distinguer des autres. Il pourrait se forger une réputation, être reconnu, et non comme le bâtard d'Eddard Stark. Mais il devrait laisser tant de choses derrière lui, à commencer par Robb. Et Jon se doutait que celui-ci ne serait pas ravi de sa nouvelle vocation. Jon était encore perdu dans ses pensées lorsque Ghost bondit sur le lit pour s'allonger à ses côtés.

- Eh, souffla le jeune homme en lui caressant la tête, qu'est-ce qu'il t'arrive ?

Le direwolf gémit doucement, comme si lui aussi avait gros sur le cœur. Jon ne saurais dire combien de temps ils restèrent ainsi, en silence, mais leur méditation fut interrompue par le battant de la porte qui cogna le mur. Nymeria jappa joyeusement avant d'entrer dans la pièce, suivie par Arya qui la referma tout aussi bruyamment, visiblement en colère. L'expression fâchée de sa petite sœur encouragea Jon à se redresser sur les coudes.

- Arya, qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il doucement.

Ghost rejoignit Nymeria et les deux direwolves commencèrent à jouer, tandis qu'Arya s'installa à la place laissée par celui-ci. Elle s'allongea à côté de son frère, posant sa tête sur sa poitrine, sa petite main jouant avec ses boucles noires.

- C'est mère. Elle m'a renvoyé de la salle après la farce que j'ai faite à Sansa. Ce n'est pas juste ! C'est toujours Sansa qui a les éloges, et moi les réprimandes.

- Si ça peut te consoler, ta mère n'a pas voulu que j'assiste à la fête non plus.

- Ce n'est pas juste !

- C'est ainsi, Arya.

- Jon, je crois que mère ne m'aimes pas.

- Ne dis pas ça…

- C'est vrai ! Il n'y en jamais que pour Sansa.

- Arya, ta mère t'aime, tu le sais. A sa manière, mais elle t'aime. Je te le promets.

Arya sourit avant de se pelotonner d'avantage contre lui. Jon l'entoura de ses bras et l'embrassa sur les cheveux, juste au-dessus de son front.

Un ange passa, puis Jon reprit la parole.

- Arya, je peux te demander quelque chose ?

- Oui, je pense.

- Est-ce que tu sais où est Robb ?

- Mère lui a demandé de me ramener dans ma chambre, il l'a fait et il est reparti. Il doit être retourné à la fête, il avait l'air de bien s'amuser avec Theon.

Sans nul doute que si Arya avait su que cette révélation avait fendu le cœur de son frère, elle se serait abstenue. Mais en étant complètement inconsciente, elle continua sur sa lancée.

- Leur table était sans doute la plus bruyante de toute l'assemblée. Theon était abruti par l'alcool et se comportait de façon plus grossière que d'habitude. Je ne l'aime pas.

- Tu veux savoir un secret ? demanda Jon sur le ton de la confidence.

Arya releva la tête, intéressée.

- Je ne l'aime pas non plus, lui glissa-t-il à l'oreille.

- Jon, lui répondit-elle d'un ton guidé en prenant un air grave, ceci n'est un secret pour personne.

Ils éclatèrent de rire simultanément. Quand leur hilarité fut calmée, Jon se dit qu'il allait sûrement devoir la porter jusqu'à sa chambre une fois qu'elle se serait endormie, mais la porte s'ouvrit une seconde fois. Jon et Arya sursautèrent, et les deux direwolves, qui montaient la garde de chaque côté du lit, se redressèrent. Mais ce n'était que Robb, visiblement surprit devant la scène. Il se reprit néanmoins rapidement.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Je t'avais pourtant dit d'aller dormir ! cria-t-il à Arya.

- Je ne veux pas y aller ! s'insurgea-t-elle en s'agrippant à la tunique de Jon. Tu ne peux pas m'y obliger !

- Voyons ça ! déclara Robb.

- Non, je ne veux pas ! Jon ! Jon ne le laisse pas !

En entendant les cris d'Arya, Nymeria s'avança vers lui en grondant. Grey Wind vint à la rescousse de son maître en s'interposant, les dents découvertes.

- Il suffit ! s'écria Jon d'une voix forte en se levant pour faire face à son frère. Qu'est-ce que tu veux ? maugréa-t-il en direction de Robb.

Il se sentit bête à l'instant où la question franchit ses lèvres. Evidemment, si Robb était venu le retrouver, dans sa chambre, en pleine nuit, ce n'était que pour une chose. Mais Jon avait trop de rancune contre lui ce soir pour tolérer quoi que ce soit.

- Arya, il est tard. Tu dois aller te coucher. Viens, dit-il en lui tendant la main.

Arya s'en saisit sans hésitation et suivit son frère. Juste avant de quitter la chambre, elle se retourna vers Robb, encore ahuri, et lui tira la langue. Ghost et Nymeria fermèrent la marche. Devant la chambre d'Arya se trouvait la nourrice des enfants, une matrone bien replète, qui sagement près de la porte, un sourire chaleureux aux lèvres.

- Alors Milady, vous êtes-vous bien amusée ? s'enquit-elle.

- Non, la compagnie était déplaisante et ne possédait pas le moindre humour, déclara la petite en songeant à la réaction de sa sœur face à sa plaisanterie.

- Eh bien, je suis désolée que milady ai passé une mauvaise soirée. Maintenant venez, vous devez faire votre toilette avant de vous coucher.

La servante lui tendit la main, mais Arya leva la tête vers Jon.

- Tu voudrais bien me border ? demanda-t-elle. Je ferais vite.

- File, j'attends devant la porte.

Arya lui sauta au cou pour le serrer fort avant de prendre la main de la nourrice. Elle se retourna et lui adressa un sourire, ce à quoi Jon répondit avant de s'accouder sur le mur de pierre, Ghost au garde-à-vous à ses pieds.

- La nuit promet d'être longue, dit-il à son compagnon en écoutant les échos étouffés de la fête qui parvenaient au château.

Après un bon moment d'attente, adossé au mur de pierre froide, la porte de la chambre s'ouvrit avec précipitation et Arya l'entraina brusquement à l'intérieur. La petite se glissa sous les couvertures tandis que Jon s'asseyait au bord du lit.

- Je suis heureuse que tu sois là, lui murmura-t-elle sur le ton de la confidence. Tu es le seul qui me comprenne vraiment. Mais tu sais, continua-t-elle en passant du coq à l'âne, je suis vraiment déçue de cette prétendue fête. Je n'ai même pas vu le lutin ! grommela-t-elle avant de tomber mollement sur ses oreillers.

- Tu sais quoi ? lui demanda Jon d'un ton malicieux.

Arya se releva sur les coudes.

- Quoi ? demanda-t-elle, un peu maussade.

- Je l'ai vu, souffla Jon.

Ni une ni deux, Arya se leva vivement sur son séant, l'air curieux et malicieux qu'elle arborait d'habitude refaisant surface.

- Raconte-moi ! supplia joyeusement sa sœur en lui pressant l'avant-bras. Raconte-moi !

- Eh bien, dit Jon en prenant sa voix de conteur, Tyrion Lannister, le lutin, est apparu derrière moi, sortant des ténèbres de la cour obscure.

Arya, émerveillée, haletait, les mains crispées sur la couverture remontée à ses genoux contre sa poitrine.

- Le lutin m'arrive à peine à la taille, Arya, mais son corps noueux le rend robuste. Ses cheveux blonds sont la seule chose qu'il partage avec la reine et le Régicide. Sa tête à une forme étrange, comme allongée vers l'arrière, et son visage a l'air d'avoir été écrasé sur un coup de botte. Ses mains sont courtaudes et calleuses, sa peau trop claire lui confère un aspect maladif. Mais on voit dans ses iris sombres le sournois, le calculateur petit lutin, et sa langue est aussi acérée que du venin.

Arya le regardait, avec des étoiles dans les yeux. Jon ne comprenait pas d'où venait la fascination pour les choses terrifiantes comme elle et Bran les adoraient. Il se souvenait qu'étant jeune, lui-même était fasciné par les histoires de Marcheurs Blancs, de Sauvageons et de tous les montres d'au-delà du mur qu'Oncle Benjen leur racontaient à Robb et lui, au coin du feu.

- Quand l'as-tu vu ?

- Juste après qu'Oncle Benjen ne soit parti rejoindre père.

- Oncle Benjen est ici ! s'exclama Arya avec ravissement en essayant de s'extirper des couvertures pour bondir hors du lit.

- Du calme, jeune lady, la calma Jon en la maintenant assise, tu pourras le voir demain.

Arya se rallongea en donnant un coup de pied à Jon dessous les couvertures.

- Je ne suis pas une lady, maugréa-t-elle entre ses dents.

- Je sais, tu es seulement mon enquiquineuse de petite sœur, déclara gentiment Jon.

Il l'embrassa sur le front et se releva doucement. Au moment où il passait la porte, il entendit Arya demander :

- Tu crois qu'Oncle Benjen nous racontera des histoires sur le delà du mur comme il le faisait pour toi et Robb ?

- Je suis sûr qu'il le fera, si tu lui demande.

Après avoir quitté Arya, Jon se rendit compte à quel point il était tard. Plus un bruit en provenance de la fête, tout le monde semblait avoir rejoint ses quartiers. Tout était calme et le plus grand silence régnait dans le château. Sans doute avait-il attendu plus longtemps qu'il ne le pensait. Jon se rappela alors que Robb était demeuré dans sa chambre lorsqu'il était parti avec Arya.

« Il est sans doute parti. » songea-t-il en soupirant de soulagement.

Il ne voulait pas voir son frère ce soir, il était trop blessé pour le tolérer. Mais lorsqu'il ouvrit la porte, il demeura interdit en trouvant Robb assis sur son lit, les yeux rivés sur ses mains crispées sur ses genoux. Ce dernier releva la tête quand Jon apparu sur le seuil.

- Par tous les Dieux Robb, qu'est-ce que tu fais ici ? s'exclama le cadet, visiblement mécontent.

Robb bondit et d'une main, ferma la porte, tandis que son avant-bras, appuyé sur la gorge de Jon, maintenait son frère plaqué contre celle-ci.

- Pourquoi fais-tu ça ? bredouilla Jon en voyant la rage luire dans les prunelles de son frère.

- Je devrais être celui qui pose cette question ! tempêta l'auburn. Qu'est-ce qui qui t'arrive ?

Jon le repoussa rudement, assez pour l'éloigner de lui, mais ils demeuraient si proches que leurs souffles se mêlaient.

- Bien, vu que tu ne sembles pas comprendre par toi-même, je vais t'expliquer. Tu es parti à la fête alors que tu savais que n'avais pas le droit d'y aller…

- Je suis l'aîné des Stark ! L'héritier de Wintefell ! Je devais y aller ! le coupa Robb.

- Et tu y es resté des heures à bavasser avec Theon Greyjoy ! Tu n'en serais pas sorti si ta mère ne t'avait pas demandé de reconduire Arya à sa chambre ! continua Jon sans se soucier de son éclat. Ensuite, tu es reparti à la fête, parce que si tu étais venu me retrouver après avoir laissé Arya, tu aurais été là avant elle !

- Je suis reparti seulement pour saluer Oncle Benjen, après quoi je suis directement venu à toi !

- Je me moque bien de cela. La chose est que tu t'amusais bien trop pour me prendre en compte.

- C'est faux ! hurla Robb, la peine trahissant son éclat.

- C'est la seule vérité à mes yeux ! assena Jon. Maintenant, s'il te plaît, signifia-t-il en ouvrant la porte.

Son frère le regarda, tout penaud et l'air désespéré.

- Jon, écoute…

- Dehors ! exigea Jon, excédé.

Le regard de Robb se voila de tristesse, et il sortit sans un mot. Quand il se retourna pour faire face à son frère, ce dernier lui ferma la porte au nez. Il s'adossa ensuite à celle-ci, conscient de la présence de Robb derrière. Il aurait voulu pouvoir l'ouvrir, le rappeler, lui dire qu'il était désolé, qu'il l'aimait et que c'était tout ce qui comptait. Mais Jon était trop fier pour cela.

« L'honneur, songea-t-il avec ironie, est la seule chose qui sépare un bâtard comme moi et la pourriture du monde*. »

POV Robb

Cela faisait trois jours. Trois jours qu'il était en froid avec Jon. Trois jours qu'il luttait avec sa fierté pour ne pas tomber à genoux devant lui et lui dire à quel point il était désolé et combien il l'aimait. Ce matin, semblable à tous les autres depuis leur affrontement, Robb se trouvait devant la porte de Jon, pantelant, ne sachant que faire, ou plutôt, étant trop fier pour faire quoi que ce soit. Il posa sa main sur la porte close, comme une dernière tentative de l'écarter, mais c'était trop tard. Derrière la porte, Jon avait érigé un mur qui l'empêchait de l'atteindre.

- Les remparts, souffla Robb, sont construits pour protéger la forteresse.

« Et le cœur de Jon se protège derrière. » songea-t-il en s'éloignant.

L'âme en peine, Robb se traina vers la salle à manger, où tous les Stark étaient attablés, ainsi que la famille royale.

- Vos majestés, les salua-t-il poliment

Il inclina ensuite respectueusement la tête vers son père, s'agenouilla auprès de sa mère, lui pris les mains et les embrassa, et elle lui baisa le front en le gratifiant d'une caresse dur la joue. Robb baisa ensuite le front de Sansa et Rickon avant de chatouiller les côtes d'Arya et Bran pour s'installer entre eux avant de donner un baiser à sa sœur et une bourrade à l'épaule de son frère.

- Navré pour le retard, vos majestés, mon cheval a été plus loin que prévu, dit-il.

- N'oublies pas qui tiens les rênes mon garçon ! ria Robert.

- Notre fils est un excellent cavalier Robert, appuya Catelyn pour contrer sa moquerie. Il aime tellement galoper qu'il part les dieux savent où tous les jours. Quand il avait neuf ans, il est parti un matin et n'est pas revenu. Vous ne pouvez pas imaginer à quel point j'étais terrifiée. On a fouillé les abords de Winterfell, le Bois-aux-Loups. Ned à même envoyé un corbeau à Château Noir. L'enfant est revenu trois jours plus tard. Il avait été jusqu'à la côte, à La Veuve. Il me disait qu'il voulait voir la mer.

- Je me rappelle de cela, déclara Robb en souriant. A quel point tu m'as sermonné après.

- J'étais morte de peur à l'idée qu'il arrive malheur mon fils aîné, seul, livré à lui-même au beau milieu de nulle part.

- Je n'étais pas seul. Jon est parti avec moi.

Robb regretta ses paroles dès qu'il s'entendit les prononcer. Ces mots glacèrent sa mère et jeta un froid à l'attablée. Seule la famille royale n'y prit pas attention. Devant la précaution qu'avait mise Catelyn à cacher le bâtard de son mari, la reine et ses enfants n'avait même pas eu ouï-dire de son prénom. Seul Robert jeta un œil vers son ami avant de retourner à ses côtelettes de mouton laquées.

- Eh bien, dit finalement Lord Stark, la seule chose importante est que vous soyez rentrés sains et saufs. Tous les deux, insista-t-il en regardant Catelyn.

- Ma seule préoccupation, se révolta l'ancienne Tully, était que mon fils rentre à la maison sain et sauf.

Ned poussa un soupir et détourna les yeux. Sansa recommença prudemment à manger en faisant attention à la réaction de sa mère. Rickon n'avait pas cessé de s'empiffrer. Bran et Arya se jetaient des coups d'œil en biais. Robb mangea très peu, comme les derniers jours durant, et sortit rapidement de la salle à manger oppressante. Il n'avait pas fait quelques pas dans la cour extérieure qu'il lui prit l'envie de partir. Il avait besoin de paysages, de l'air froid mais vivifiant du nord, et de fendre le vent à une vitesse qui lui donnait l'impression de voler. Il sortit son cheval des écuries et l'enfourcha rapidement, mais au moment où il allait s'élancer, il entendit Arya crier son nom.

- Robb ! criait-elle en courant, dans l'espoir de le rattraper. Robb !

Le jeune homme mis pieds à terre, se demandant pourquoi sa sœur s'époumonait ainsi. Arrivée à sa hauteur, Arya repris son souffle et demanda d'une voix hachée :

- Est-ce que c'est ma faute ?

- De quoi tu parles ? demanda Robb.

- Toi et Jon.

Là-dessus, Robb fut interloqué.

- Je ne vois pas de quoi tu parles, finit-il par déglutir.

- Pas de ça avec moi. Tu t'es disputé avec Jon. Vous ne vous adressez plus la parole, vous évitez le plus possible de vous retrouver ensemble… Est-ce que c'est ma faute ?

- Par tous les saints Arya, pourquoi ce serait de ta faute ?

- La nuit de la fête, lorsque tu m'as trouvée dans la chambre de Jon, vous vous êtes disputés. Donc c'est ma faute.

- Non Arya, ce n'est pas de ta faute. J'ai juste… Je me suis seulement comporté comme un crétin avec Jon et il m'en veut. Il en a le droit. Je l'ai délaissé lors de la fête alors que je savais qu'il n'avait pas le droit d'y assister, j'ai préféré m'amuser…

- Avec Theon Greyjoy, assena fatalement la petite.

- Quoi ?!

- Lors de la fête, tu t'es amusé avec Theon alors que tu sais très bien que Jon le déteste, déclara Arya d'un ton entendu.

- Attends une minute… As-tu dit cela à Jon ?

- Bien sûr que je l'ai fait. Il m'a demandé où tu étais, et j'ai répondu « probablement retourné à la fête, il s'amusait tellement avec Theon. » ou quelque chose comme ça.

- Je retire ce que j'ai dit. Tout est entièrement de ta faute.

- Et pour ça je suis désolé, s'excusa-t-elle d'une petite voix plaintive. Bon, je suppose que maintenant, je dois vous aider à vous réconcilier ! enchaina-t-elle avec entrain.

- Parce que tu te sens coupable ? demanda Robb avec un sourire en coin.

- Un peu… consentit la fillette. Et puis, tu crois que ça me fais plaisir de voir mes deux grands frères préférés fâchés ?

- Arya, tu n'as que nous comme grands frères.

- C'est bien ce que je disais. Donc, j'ai vu Jon ce matin. Il a dit qu'il avait besoin de réfléchir. Devine où il est allé ? demanda-t-elle malicieusement.

- Dans le Bois Sacré, souffla Robb.

- Exactement ! Allez, va le rejoindre ! ordonna Arya en le poussant.

- Qu'est-ce que tu y gagnes ?

- La satisfaction d'avoir fait une bonne action et de rabibocher mes frères. Je n'aime pas vous voir tristes.

A ces mots, la petite s'élança en courant pour aller les Dieux savent où, et il remit son cheval à l'écurie quand il perdit de vue la chevelure châtain se balançant dans son dos. Il n'en avait pas besoin là où il allait. Il s'efforça de paraître normal quand toutes les fibres de son corps lui hurlaient de courir retrouver Jon.

- Robb ! s'exclama Theon venant à sa rencontre.

- Pas maintenant Greyjoy, grinça-t-il en le poussant rudement pour l'écarter de son chemin.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? s'écria Theon, consterné.

Robb ne prit même pas la peine de se retourner. Il continua de tracer son chemin et entra dans le Bois Sacré. Pas difficile de trouver Jon, quand il savait pertinemment que celui-ci ne pouvait s'être terré que dans un seul endroit. Au fur et à mesure qu'il approchait de l'étang près de l'arbre-cœur et sa face sculptée dans le tronc. Robb cessa d'avancer quand il vit Jon, de dos. Se dissimulant derrière un chêne deux fois plus large que lui, il demeura aux aguets. Son frère était en train de se dévêtir. Le cortège royal semblait avoir amené avec eux la chaleur du sud, car La journée était chaude, pour le nord. Jon semblait de cet avis, car il avait décidément décidé de se baigner dans l'étang. Etrangement, le cœur de Robb se serra à cette pensée. C'était une chose qu'ils avaient toujours fait ensemble. Voir son petit frère bien aimé se dissocier de lui était plus douloureux qu'il ne l'avait jamais envisagé. Robb secoua sa tête et sa respiration se stoppa quand Jon enleva sa tunique, les muscles de ses épaules roulant sous sa peau pâle, qui miroitait au soleil. Robb la savait douce, pour l'avoir caressée maintes et maintes fois. Son regard alla à ses larges épaules musclées, puis descendit le long de sa colonne vertébrale jusqu'à sa chute de rein diablement tentatrice.

« Par tous les Dieux ! » se morigéna Robb en se sentant devenir dur. « Comment ose-t-il s'exhiber ainsi ? Avec tous les sudistes qui ont débarqué ! On pourrait le voir ! »

La jalousie aiguisait la possessivité de Robb. Elle altérait sa nature calme et rendait plus sauvage. Et voir Jon se dévêtir ainsi, sans aucune pudeur, en un lieu où il pouvait être surpris à tout moment, le rendait littéralement fou.

« Tu m'appartiens, tu me l'as promis ! Tu n'as pas le droit de… »

Robb songea un instant à châtier Jon comme il faut, pour le punir de son incartade. Sauf qu'à cet instant, Jon ôta ses sous-vêtements, et Robb arrêta tout bonnement de penser. La vue du corps nu de son frère, certes de dos, - mais il se figurait très bien le reste - , court-circuita son cerveau.

« Je le veux… Le prendre maintenant… » et autres pensées du même genre étaient à présent les seules pensées qui l'habitait.

Jon rompit le contrôle qu'il exerçait sur la raison de son frère en sautant dans l'étang, se dérobant à sa vue. Robb en profita pour recouvrer ses esprits, mais s'alarma lorsqu'il remarqua que la surface de de l'eau était redevenue lisse, et que Jon n'était toujours pas remonté à la surface.

« Ce crétin ne s'est tout de même pas laissé couler ! » s'alarma Robb.

Au moment où Robb allait s'élancer pour le repêcher, Jon remonta à la surface, et, en quelques brasses, rejoignit la rive. A la force de ses bras, il se hissa sur la berge et commença à se rhabiller. Soudainement, il lança ironiquement à la ronde :

- Tu apprécies le spectacle ?

Robb devint rouge comme une pivoine en réalisant que son voyeurisme avait été découvert. Essayant de reprendre contenance, il resta dissimulé derrière l'arbre.

- Qu'est-ce que tu me veux ? demanda le bâtard, agacé mais pas hargneux comme il y a quelques jours.

Ce fut cette différence qui encouragea Robb à sortir de sa cachette. Il s'avança, encore mal à l'aise, vers Jon qui ceignait sa ceinture autour de sa taille.

- Je suis désolé Jon… commença-t-il.

- Pour quoi ? hurla quasiment ce dernier.

- Pour tout, dit Robb.

Ce dernier eu également la présence d'esprit de ne pas s'approcher de Jon, de pas tenter de le toucher, et il resta immobile en attendant qu'il se décide. Snow sembla être tiraillé entre l'envie de rejoindre les bras de son frère et dévider sa rancœur. Visiblement, le visage désolé et sincèrement attristé de Robb eu raison de lui.

- Fuck you Robb ! Je t'aime vraiment trop pour t'en vouloir !

Un sourire s'épanouit sur le visage de son frère, qui lui tendit la main. Aussitôt qu'il la saisit, Jon se trouva subitement tiré en avant pour finir enlacé dans ses bras.

- Tu m'as tellement manqué ! lui souffla Robb à l'oreille.

Rassuré comme jamais, Jon dissimula son visage dans son cou pour sentir son odeur musquée et enivrante, et l'embrasser sur la clavicule.

- Tu m'as manqué aussi, murmura-t-il contre son cou, tellement si tu savais.

- Je suis désolé, répéta Robb en portant une main dans la toison bouclée de son frère. C'était un tic addictif chez lui. Quand il se rendit compte qu'elle était dégoulinante, suite à sa récente immersion, Robb rompit son étreinte.

- Retournons au château. Tu vas tomber malade si tu restes dehors avec tes cheveux trempés.

- Laisse le soleil se charger de les sécher.

- Non, trancha Robb, inébranlable. Je ne veux pas que tu tombes malade.

- J'adore quand tu t'inquiètes pour moi, rétorqua Jon, taquin.

- Et je déteste quand tu n'en fait qu'à ta tête ! riposta Robb. Viens, on rentre ! lança-t-il d'un ton qui ne laissait pas place à discussion.

Jon se contenta d'éclater de rire en se laissant ramener au bercail. Quand ils arrivèrent dans la cour de Winterfell, se charriant mutuellement, Arya, qui les guettaient sûrement depuis la fenêtre, couru à leur rencontre.

- Alors ça y est ? Vous avez fait la paix ? demanda-t-elle anxieusement.

- Comment lui dire ? demanda Robb en se tournant vers Jon.

- Je ne sais pas. Peut-être qu'une petite chipie t'a joué un tour ?

- Oui, c'est tout à fait cela, déclara Robb, songeur.

Arya les regardait sans comprendre, puis Jon l'attrapa par le bras et l'attira aussi loin que possible de la portée de Robb.

- Cours Arya ! dit-il en riant.

Comprenant tout à coup, la petite se mit à détaler, Robb sur les talons, Jon se fendant la poire en regardant son frère la poursuivre sans parvenir à l'attraper. Lorsqu'Arya semblai fatiguée, Jon se joignit au jeu pour bloquer Robb et l'empêcher de l'attraper pendant que leur sœur reprenait son souffle, Ils riaient tous aux éclats et leur joie attira leurs direwolves, Bran, Rickon, et leurs compagnons respectifs. Tous couraient dans tous les sens pour échapper par intermittence à Robb et à Jon. Sansa avait beau sembler outrée de leur comportement devant Septa Mordane, au fond d'elle, elle mourrait d'envie de les rejoindre et de se mêler à leurs jeux, comme avant. Lord Eddard Stark, du haut d'une tour, aperçu avec bonheur la joie de ses enfants. Il se réjouit lui-même de ce spectacle quand Catelyn vint le rejoindre, intrigué parce qu'il regardait, l'air si ému et épanoui, par la fenêtre. Alors qu'elle regardait la scène, penchée par-dessus son épaule, il lui demanda :

- N'est-ce pas merveilleux Cat ?

- Ça l'est, confirma dignement sa femme, mais il reste une ombre au tableau.

Après ces mots, elle s'éloigna vivement de la fenêtre, et Lord Stark se rembrunit. Il regarda une dernière fois Jon, en contrebas, qui hissait sans effort le petit Rickon, qui riait de plaisir, sur ses épaules.

- Que va-t-on faire de toi ? demanda-t-il gravement.

Les pierres grises de Winterfell ne lui soufflèrent aucune réponse.

* Jon se rabaisse constamment du fait de son statut de bâtard. Sa phrase veut dire que la seule chose qui le met au-dessus des bandits, des voleurs, des tueurs ect … en gros de toute la racaille, c'est qu'il a un sens de l'honneur exacerbé.

Et voilà pour ce premier chapitre ! J'espère que ça vous a plu. Si je n'ai pas été assez précise, je le dit ici. Quand les autres enfants Stark rejoignent Arya, Jon et Robb, ils jouent au loup, une variante du chat. Je ne sais pas si je me suis fait bien comprendre à ce sujet. Je vous laisse sur une question (quasi rhétorique) pour la fin, c'est donc sans mystères que vous pourrez présumer de l'objet du prochain chapitre, que je posterais dans les trois prochaines semaines. N'étant pas très régulière et ayant également une vie, je prévoie large. Merci encore de m'avoir lu, et rendez-vous dans les prochaines semaines si vous désirer continuer l'aventure !