Nouveau Kapitre!
On remerciera fort fort du fond du coeur Téli qui m'a débloquée, relue, rerelue, corrigée, encouragée, déconcentrée avec des soldat et des fanarts, et à qui on doit aussi la nouvelle image de fic (oui, oui, c'est Castiel. Si vous cliquez dessus, vous la verrez en plus grand, tellement c'est bien la technologie)
On remercie aussi Jeff, homme de Téli, qui nous a bien éclairées de son expérience de militaire (enfin surtout moi, Téli savait déjà, elle)
On ne remercie pas la gastro et la grippe qui m'ont salement collée pendant les deux dernières semaines.
J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d'année. Oh, et BONNE ANNEE 2013! (Comme ça, c'est dit)
Janvier 2006
Il avait su dès la seconde où il s'était réveillé, avant même d'ouvrir les yeux, que cette journée allait être longue. Une douleur sourde frappait sa tempe gauche, et ce n'était qu'une question de temps avant qu'elle ne se réveille à son tour, il aurait juré que son estomac avait été retourné avec autant de délicatesse que la peau d'un lapin fraîchement tué, et il était à peu près certain que le moment où il reprendrait sa place et sa forme initiale allait être un sale moment pour ses toilettes. Il posa son avant bras sur ses yeux fermés en soupirant. Son estomac convulsa lorsqu'il prit conscience du goût on ne peut plus désagréable de l'alcool sur sa langue.
- Oh, super... croassa-t-il.
Il laissa tomber son bras et se risqua à ouvrir un oeil. Le ciel était couvert par d'épais nuages gris ce qui, Dieu merci, n'accentua pas son mal de crâne. Il jeta un regard sur sa droite pour voir que le lit était vide. Castiel était déjà levé. Il ferma de nouveau les yeux avant qu'une vague de panique ne le secoue: Et s'il était trop tard? Si Castiel était déjà parti, ne voulant pas réveiller Dean, soit parce qu'il dormait trop profondément, soit parce qu'il était trop gêné parce qu'il s'était passé entre eux la veille, et qu'il était déjà en route vers l'Irak?
Dean se redressa violemment, jetant un regard à son réveil. Il regretta immédiatement son geste. Parce qu'il n'était que neuf heures et que l'avion de Castiel ne décollait qu'à quatorze heures trente, parce que son mal de crâne profita du mouvement pour se transformer en une diabolique torture, et parce que son estomac profita de sa poussée d'adrénaline, du mouvement et du mal de crâne pour se retourner comme un gant. Dean se leva d'un bond et se rua dans la salle de bain et se laissa tomber à genoux devant la cuvette des toilettes. Il sentit sa nausée remonter de son estomac vers sa gorge, mais rien ne vint. Une fois qu'il fut certain qu'il ne vomirait pas, il souffla profondément avant de se lever précautionneusement:
- Okay... Pas de mouvements brusques, Dean...
Après avoir pris le temps d'enfiler un caleçon et un pantalon de jogging, et après s'être lavé les dents pour se débarrasser du goût fantôme du whisky qu'il avait tant chéri lors de la soirée précédente, Dean se dirigea d'un pas hésitant vers la cuisine. Alors qu'il y entrait, Castiel lui jeta un regard, assis sur un des tabourets de bar devant le plan de travail et vêtu de son jean de la veille et d'un sweat à capuche trop grand que Dean reconnut comme étant sa propriété. Sans un mot, le soldat saisit la canette de soda devant lui et la lui tendit. Dean sourit et dit, la voix toujours éraillée, en s'asseyant près de lui, saisissant la boisson:
- Oh, Seigneur... Tu sais comment gérer une gueule de bois.
- Aucun mérite. J'ai trouvé ça dans ton frigo, répondit-il en se levant pour aller jeter sa propre canette, désormais vide. J'ai pas trouvé les aspirines, par contre.
- Oh... Elles sont quelque part dans la salle de bain. Je suppose...
Castiel jeta un coup d'oeil au couloir puis dit en revenant s'asseoir:
- Ça attendra que j'aille me doucher.
Dean bu son soda en silence avant de demander:
- Tu veux manger quelque chose?
Castiel lui répondit d'un regard noir:
- Tu te trouve drôle, Winchester?
- Je sais pas, moi, tu étais moins déchiré que moi, hier soir.
Le soldat haussa un sourcil et Dean se tourna vers lui, levant les yeux au ciel:
- J't'en prie, dis moi que tu étais moins déchiré que moi...
- Vu notre état ce matin, je dirais qu'on était ex eaquo.
- Putain... J'arrête de boire.
Castiel esquissa un sourire et attrapa un des cordons de capuche de son sweat et se mit à jouer nerveusement avec.
- Heum... Dean?
- Quoi?
- Est-ce que... Tu te souviens d'hier soir...?
La canette de soda s'immobilisa quelque part entre le plan de travail et les lèvres de Dean, alors que celui-ci dévisageait Castiel:
- Pour tout te dire, je ne me souviens pas du nom de cette fille que j'ai dragué... Mais il me semble pas que ce soit très important, vu que... Tu te souviens de la soirée, pas vrai?
Les iris bleus accrochèrent silencieusement les verts pendant plusieurs secondes, et Dean sourit faiblement:
- Tu te rappelle, hein...?
- Je me rappelle. Je veux juste savoir... Est-ce que tu regrette...? Parce que je... Il est possible que tout ça ait été sérieux, pour moi. Enfin, pas sérieux "sérieux", mais... C'était pas...
Dean sourit plus franchement puis vida sa canette avant de répondre:
- Non, Cas. Je ne regrette pas. Je ne regrette rien de ce qui s'est passé entre nous hier soir. Sauf peut être notre pseudo dispute à cause de ce mec, là... J'ignorais franchement tes interêts sexuels avant ça, j'aurais autant aimé l'apprendre autrement.
- Mais toi, tu es pas homosexuel.
- Définitivement pas.
- Alors nous deux, on est...
Dean se massa les tempes et l'interrompit:
- Je sais pas ce qu'on est, Cas. Ecoute, on peut pas parler de ça un autre jour? Parce que j'ai une perceuse qui a prit ma boîte cranienne pour un mur en plâtre là...
- Je m'en vais aujourd'hui...
- Et ça a vraiment besoin d'être rêglé aujourd'hui? On a vraiment besoin d'étiqueter ça maintenant? On peut pas juste profiter de ta dernière journée ici, sans nous prendre la tête?
Castiel haussa les épaules en se mordant la lèvre:
- Je suppose que si...
- Alors faisons ça...
Il se leva et allait jeter sa canette vide quand il se retourna vers Castiel:
- Je te préviens, pas de rapports sexuels, je suis pas au meilleur de ma forme, les lendemains de cuite...
Le soldat grimaça puis dit avec un sourire:
- Je crois que mon estomac se suiciderais rien qu'à l'idée.
- Parfait! Je vais prendre ma douche.
xx-xx
Dean était affalé sur son canapé, regardant la télévision qui n'avait pas grand chose à lui proposer de vraiment intéressant. Il avait cessé de zapper quand il avait noté que le changement rapide d'image lui redonnait la nausée, et était resté sur une rediffusion de Miami Ink. Le vombrissement aigu des machines à tatouer n'arrangeait pas vraiment son mal de tête, mais c'était toujours mieux que les niaiseries qu'il avait pu croiser sur d'autres chaînes.
Il ne tourna pas la tête quand Castiel le rejoignit dans le salon, se laissant tomber à côté de lui en soupirant. Dean se frotta l'oeil en grimaçant avant de dire:
- J'veux un tatouage.
- Tu dis ça seulement parce que tu regarde des types se faire tatouer.
- Non. Je veux vraiment un tatouage...
Il sentit le regard de Castiel sur lui pendant un moment, puis il le bouscula avec son genou:
- Quoi? T'aime pas les mecs tatoués?
Les deux hommes bougèrent en même temps, sans se concerter. Dean glissa sur le dos, un bras derrière sa nuque et Castiel s'installa entre ses jambes, la tête contre sa clavicule. Il sentit la main de son -quoi? Ami? Petit Ami? Il ne savait même plus- compagnon glisser sous son tee shirt et se poser au creu de ses reins.
- Et tu voudrais te tatouer quoi?
- Je sais pas, Cas...
Ils ne dirent plus rien après ça, d'un commun accord. Castiel jouait d'un air absent avec le pendentif qu'il lui avait offert, alors que Dean observait les tatoueurs sur l'écran, respirant l'odeur des cheveux du soldat, encore humides de la douche qu'il venait de prendre. Après de longues minutes, Dean soupira:
- Détends toi, Cas... Il nous reste quatre heures.
Le soldat hocha la tête mais ne se décontracta pas pour autant. Il tourna légèrement la tête, respirant l'odeur de Dean et faisant de son mieux pour ne pas trembler:
- J'ai pas envie de retourner en Irak...
- J'avais cru comprendre...
- J'imaginais pas que ça m'angoisserait autant.
Dean baissa les yeux vers lui:
- Angoissé? A ce point?
Castiel leva la tête, croisant son regard:
- Je pars pas au bord d'une piscine à boire des cocktails, Dean... Je pars à la guerre. Tuer des gens et éviter de l'être.
- Je sais bien, Cas... Ça me stresse aussi...
Le soldat reposa la tête sur son torse et murmura:
- Je pourrais rater mon avion. Et tout les avions suivants...
Dean esquissa un sourire et secoua la tête:
- Désertion? Tu risque quoi, pour ça?
- Cher. Très cher, même.
- Dommage. J'aimais l'idée.
Castiel ferma les yeux, clairement nerveux. Dean baissa le son de la télévision et dit à voix basse, sa main gauche chatouillant les reins de son soldat:
- Quand j'étais gosse, ma mère me chantait "Hey Jude" pour me calmer ou m'endormir.
- Est-ce que ça sous-entend que tu es prêt à me chanter quelque chose?
- Je dis juste que si tu en a besoin, je le ferais. Pour peu que c'est pas une comptine à la con ou du Britney Spears...
Castiel sourit puis resta silencieux une bonne minute avant de demander:
- Pourquoi "Hey Jude"?
- C'était sa chanson préférée des Beatles.
- Dean...?
L'intéressé tourna la tête, lui faisant comprendre qu'il l'écoutait.
- Tu peux me parler de ta mère...?
Dean remua légèrement sous lui, visiblement gêné:
- C'est pas... C'est pas vraiment un sujet que j'aime aborder, tu sais...
Castiel ne dit pas un mot, mais il était évident qu'il attendait une réponse. Dean soupira et dit en secouant la tête:
- J'ai très peu de souvenirs d'elle, en fait. J'étais gosse quand... Sam avait tout juste six mois. Mon père m'a réveillé en catastrophe et m'a mis mon frère dans les bras, en m'ordonnant de quitter la maison sans me retourner. C'est qu'une fois dehors que j'ai vu la maison en feu. Et mon père a finit par nous rejoindre. Sans ma mère...
- Je suis désolé, Dean...
- J'aurais aimé la connaître mieux, continua-t-il. De ce que nous racontait mon père sur elle... Il était très amoureux.
Il laissa sa phrase en suspens, et Castiel en profita pour souffler:
- Je suis sûr qu'elle vous aimait énormément.
Dean baissa les yeux sur lui, sa main contre son dos le serrant un peu plus contre lui:
- J'en suis certain. Elle était très... Cas, c'est quoi, ça?
Le soldat releva la tête pour voir de quoi il parlait. Les yeux verts étaient rivés sur la base de sa nuque, légèrement découverte du tee shirt un peu trop grand qu'il portait, et il devina aussitôt de quoi il parlait.
- Oh... J'espère que toi, tu aime les hommes tatoués.
Dean sourit et se redressa vivement, forçant Castiel à se rasseoir, et passa le tee shirt par dessus la tête du soldat pour apercevoir son tatouage. Il représentait un aigle aux ailes effilées, tournées vers le ciel -ou, en l'occurence, vers la nuque de Castiel. Sous l'oiseau était inscrit une phrase dans une langue que Dean ne reconnut pas. Son enthousiasme fit rire doucement Castiel, désormais torse nu, les mains de Dean le tenant par les épaules.
- Pourquoi je savais pas, ça...?
- Parce que tu ne me l'as jamais demandé. Et parce qu'hier, on est resté en face à face.
- Ça aurait été une agréable surprise, si tu veux mon avis. Ça veut dire quoi, ça?
Castiel sourit avant de répondre:
- "J'aime manger des épinards au petit déjeuner"...
Dean lui envoya une pichenette sur l'oreille et gronda:
- Je suis sérieux, Cas.
- D'accord... T'as aucun humour. C'est de l'énochien. Mais c'est une citation de Platon. "Seuls les morts ont vu la fin de la guerre".
- Sympa, sympa... Et pourquoi l'aigle? Quelque chose à voir avec le symbole patriotique?
Dean sentit le soldat hésiter avant de lui répondre:
- C'est mon surnom, Eagle. Diminutif d'Eagle Eye, même.
- Eagle Eye, rien que ça. Tu te bats à l'arc et aux flèches?
- C'est Hawkeye, ça.
- Alors... Pourquoi l'aigle?
Castiel resta silencieux, ce qui éveilla la curiosité de Dean:
- S'il te plait, Cas! Pourquoi un aigle?
- C'est pas... J'ai pas l'habitude d'en parler. C'est soit les gens me connaissent et ils n'ont pas besoin de demander, soit ils ne me connaissent pas, et ils ne valent pas la peine de le savoir.
- Je ne vaux pas la peine, alors...? demanda Dean en haussant un sourcil.
Les yeux bleus de son ami -amant, il avait du mal à se mettre ça dans la tête- croisèrent les siens et il laissa tomber sa tête contre son épaule:
- C'est pas ce que je voulais dire. Loin de là.
La main de Dean glissa sur le tatouage de Castiel, et ses doigts partirent s'égarer sur sa nuque aux cheveux ras, que le soldat avait sans doute retondu le matin même.
- Pourquoi tu refuses de me le dire?
- C'est pas... C'est juste que ça va entraîner des choses... Que je suis pas sûr d'encaisser.
Le jeune mécanicien posa les lèvres sur le front de Castiel, voulant se montrer rassurant. Le soldat soupira et ferma les yeux:
- Je suis tireur de précision.
Dean sourit contre son iroquoise:
- Je jugerais de ça par moi même, le moment venu.
Castiel releva la tête une fois de plus, ses yeux bleus si sérieux que le sourire de Dean fondit sur ses lèvres:
- Quoi?
- Je suis sérieux. Je suis tireur de précision.
Dean fronça les sourcils et souffla:
- Sniper...?
- Sniper, tireur d'élite... C'est aussi comme ça qu'on nous appelle.
Le jeune mécanicien sentit une douce chaleur inonder sa poitrine, un sentiment qu'il n'avait pas ressenti depuis que Samuel avait obtenu son diplôme. Et pourtant, il savait le reconnaître entre mille. Fierté. Il se retourna légèrement vers Castiel d'un air incrédule, alors que celui-ci se laisser tomber contre le dossier du canapé:
- Un sniper... Le genre... Jude Law dans Stalingrad?
Castiel grimaça et le corrigea:
- Le genre un peu moins seconde guerre mondiale, mais ouais.
Dean siffla entre ses dents, impressionné.
- Pourquoi tu m'en a pas parlé avant, Cas...?
- Parce qu'il y a certaines choses dont je ne suis pas fier.
- Déconne pas. Moi, je suis fier. De toi. Non seulement tu es un soldat, mais t'es un putain de sniper, mec.
Castiel baissa les yeux et se mordit la lèvre. Forcément. Il s'était attendu à ça. Dean était fier. Comme Gabriel était fier, comme sa mère l'avait sans doute été. Il avait espéré que Dean soit différent, qu'il comprenne un minimum de quoi ils étaient en train de parler. Il ne pouvait même pas lui en vouloir. Les gens, tout le monde, les imaginaient en héros, eux les planqués de précision. Il n'avait rien d'héroïque dans ce qu'il faisait. Il croisa de nouveau les yeux verts de Dean et se gifla mentalement. Non, il n'était pas comme les autres. C'était Dean. Il comprendrait, pour peu qu'il prenne la peine d'essayer de lui expliquer.
- Tu te souviens, à Noël, quand je t'ai dit que j'étais un tueur en série...? Tu m'as dit que c'était pas vrai...
- Et je le pense toujours, Cas. Le fait que tu sois un tireur d'élite ne change pas grand chose à ça.
Le soldat secoua la tête et joua nerveusement avec sa montre, celle que Dean lui avait offert:
- J'ai du mal à croire ça, tu sais...
- Tu sais pas ce que c'est Dean.
- T'es un tireur d'élite, putain!
- Y'a pas de tireur "d'élite". Je suis pas "l'élite" de quoi que ce soit. J'ai la chance d'avoir de bons yeux et un self control à toute épreuve. Les mecs sur le front, ceux qui rampent dans la boue, ceux qui ne se détournent pas de leur mission, quand bien même ils entendent les balles siffler autour d'eux. Ces gars là, c'est des vrais héros. Moi j'suis un planqué. Un putain de planqué avec une tenue qui ferait rougir Chewbacca pour qu'on me confonde avec le paysage. Et avant que t'ai le temps de te rendre compte de quoi que ce soit, avant même que tu entende le coup de feu, ta cervelle repeindra les murs. Mais ça, par contre, ce sera grâce à moi. Il y a aucune gloire dans ce que je fais. Aucune.
Dean le dévisagea d'un air hébété. Castiel avait parlé à une vitesse impressionnante et sa colère était aisément perceptible dans ses mots, mélée à sa honte. Il essaya de le rassurer d'une voix tremblante sous l'émotion de ce qu'il venait d'entendre:
- Castiel... Tu es au service de notre pays. C'est les ordres. Et, si tu le fais, je suis sûr que c'est pour une bonne raison...
- Au nom de mon pays, j'abats des mecs qui ne savent pas que j'existe...
Dean se rapprocha de lui et Castiel soupira:
- J'ai pas envie d'y retourner, Dean... J'en ai marre de vivre ça, d'apercevoir leur vie dans la lunette de mon fusil, de savoir la couleur de leur yeux, savoir s'ils sont mariés, s'ils ont l'air heureux... J'en ai marre d'avoir le pouvoir de leur prendre ça d'une pression du doigt. Et de le faire.
- J'comprends...
Et c'était vrai. Il comprenait mieux, maintenant que Castiel avait exprimé ça, ce que son soldat pouvait ressentir. Il ne pouvait que l'imaginer, bien sûr. Mais maintenant qu'il savait, il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour le soutenir.
- Et, quand j'y serais, continua Castiel, l'automatisme reprendra le dessus. J'y réfléchirais plus. Je reprendrais mon fusil et je tirerais encore. Parce qu'une fois sur le terrain, c'est tout ce qu'on attend de ceux qui portent cet uniforme.
C'est pour cela que Castiel aurait préféré rester à Chicago. Parce qu'ici, il était Castiel Novak, vaguement militaire, certes, mais pas cet automate patriotique. Malheureusement, il n'avait pas le choix. La demie-journée qu'il leur restait passa bien trop vite et Castiel se retrouva devant le canapé-lit qui dans lequel il avait dormi pendant les dix derniers jours, à boucler son sac. Dean le rejoignit en silence, s'appuyant contre le chambranle de la porte, et il l'observa sans un mot. Castiel avait enfilé son uniforme, moins la veste, qui attendait sagement son tour dans l'entrée, et Dean pouvait observer à loisir les muscles de son dos, mis en valeur par son tee-shirt réglementaire. Le soldat se sentit observé et se retourna, croisant le regard de Dean.
- Quoi?
Les yeux verts glissèrent sur le torse du soldat et Dean haussa les sourcils en secouant la tête:
- Rien. Rien du tout.
Castiel soupira et dit en enfilant ses plaques, qu'il glissa sous son tee shirt:
- Arrête avec l'uniforme, Dean.
- J'y peux rien! Tu t'es vu?
Castiel lui jeta un regard amusé et bomba le torse:
- Je sais.
Dean sourit plus franchement, l'espace d'une seconde, avant de reprendre son sérieux:
- Ça va aller...?
- Une fois là-bas, oui, soupira Castiel... On devrait pas tarder... J'voudrais pas rater mon avion.
Parce que si c'était le cas, il n'aurait pas la force de prendre le suivant. Il lança son sac sur son épaule et les deux hommes se rendirent dans le couloir. Avant que Castiel n'ait eut le temps d'attrapper sa veste camouflage, Dean lui saisit le poignet et l'attira contre lui. Le soldat ne se fit pas prier et il se colla à lui, s'enivrant de son odeur.
- Ça va aller, Cas. Tu vas très bien t'en sortir. Aussi bien que jusqu'à maintenant, d'accord? Ce qui s'est passé la nuit dernière ne change rien. Je ne change rien. Tu es un excellent soldat.
Castiel sourit contre son cou:
- Comment tu peux le savoir...? Tu ne m'as jamais vu combattre.
Dean s'éloigna légèrement, juste assez pour effleurer ses lèvres:
- Je le sais.
D'une main, il attrapa la patrol cap de Castiel et la lui vissa sur la tête avant de s'éloigner et de saisir ses clés de voitures:
- En avant, marche, Sergent.
xx-xx
Le voyage jusqu'à l'aéroport avait été trop silencieux pour être naturel. Alors qu'ils avaient passés la majeure partie du séjour de Castiel à discuter, plaisanter et rire, ils restèrent aussi calme l'un que l'autre, Dean se concentrant sur la route pour éviter de penser à autre chose, et Castiel les yeux rivés sur la vitre, tentant de faire taire l'angoisse qui commençait à poindre au creux de son ventre.
Quand Dean stoppa le moteur de l'Impala sur le parking de l'aéroport, Castiel cru qu'il allait être malade. Dean passa une main dans ses cheveux et dit:
- Tu sais, on devrait éviter d'être trop... démonstratifs, une fois à l'intérieur. Je doute que les soldats...
- Ouais. Je comprends... C'est juste...
Il haussa un sourcil et se tourna vers Castiel:
- Quoi?
Le soldat saisit la manche de la veste de Dean et l'attira vers lui, réunissant leurs lèvres. La langue du mécanicien rejoignit rapidement la sienne alors que sa main remontait sur sa cuisse. Castiel gémit contre ses lèvres, voulant l'arrêter, mais Dean prit cela pour un encouragement et ne stoppa nullement ses caresses. Castiel détourna légèrement la tête, et souffla:
- Dean... S'il te plaît...
Les mains du mécanicien s'attaquèrent à la ceinture de son treillis. Castiel du compter sur sa raison pour arrêter son geste. Dean leva sur lui un regard assombri de désir et de frustration:
- Cas...
- Je crois pas que ce soit le moment, Dean...
- Je sais, mais...
Ils se regardèrent un moment en silence, puis Dean se recula en soupirant. C'était plus dur qu'il ne l'avait imaginé. Et Castiel n'avait pas encore quitté le sol américain. Il hocha la tête et ils prirent quelques instant pour se calmer avant de descendre de la voiture à contrecoeur. A contrecoeur, parce qu'une fois dehors, ils n'étaient rien d'autres que de bons amis. Et Dean n'avait pas envie de dire au revoir à un simple ami. Castiel récupéra son sac et ils se dirigèrent vers l'aéroport.
Une fois à l'intérieur, l'angoisse de Castiel, qui s'était vaguement tue après le baiser de Dean, reprit ses droits dans son estomac, et la nausée revint de plus belle. Il inspira profondément, espérant qu'elle passe, mais lorsqu'ils s'assirent sur les sièges peu confortables, attendant l'embarquement, elle était toujours sauvagement accrochée à sa gorge. Les yeux azur du soldats se posèrent sur la jambe de Dean qui remuait nerveusement à côté de la sienne. Il était au moins aussi angoissé que lui. Angoissé de ne pas le voir revenir. Lui au moins, n'aurait pas à subir ce qu'il se passait en Irak.
Dean releva subitement le nez et demanda:
- T'as une photo de moi, hein?
- Oui. Celle que tu m'as envoyée. Avec le type bizarre qui fait de la guitare.
- C'est pas un type bizarre, c'est un bon copain à moi, okay?
- Si tu veux... Pourquoi tu me demande ça?
- Tu devrais la garder avec toi... Quand tu partiras sur le terrain.
Castiel sourit et s'appuya sur le dossier de sa chaise, effleurant la main de Dean qu'il ne pouvait pas tenir en public:
- J'avais déjà prévu de faire ça, figure toi.
Dean lui rendit son sourire et sa jambe cessa de trembler:
- Tu m'en enverras une autre. C'est pas une question. Je veux te voir avec ta tenue de terrain. Tu sais, gilet pare-balles, fusil et tout le bazar.
- Je t'enverrais ça. Promis, répondit Castiel en souriant.
La main de Dean glissa entre eux, ses doigts chatouillant discrètement sa cuisse au passage:
- Tu vas bien t'en tirer.
- On va bien s'en tirer.
Ils n'échangèrent plus que de rares mots, après ça, tous les deux trop stressés pour parvenir à rassurer l'autre. Si le malaise de Castiel avait été à peu près supportable jusque là, il s'installa plus franchement lorsque une voix féminine et légèrement mielleuse annonça par les hauts parleurs que son vol était prêt à l'embarquement porte sept. Il se prit la tête dans les mains, tremblant légèrement, et ferma les yeux. Le souffle de Dean lui chatouilla l'oreille:
- Détends toi, Cas... Ça va.
Il avait pu deviner rien qu'au ton de sa voix qu'il était lui même loin d'être détendu. Castiel respira un grand coup puis se leva, ses jambes miraculeusement stables, rapidement imité par Dean. Celui-ci se gratta nerveusement la nuque:
- C'est le moment où je dois te souhaiter bon courage, je crois.
- Je crois, ouais...
Dean attira Castiel contre lui dans une étreinte un peu moins virile qu'elle n'était censée l'être. Il sentit les doigts du soldat se resserrer légèrement sur sa veste et, alors qu'il s'éloignait, il ne put s'empêcher de renifler doucement. Castiel lui jeta un regard attristé et secoua la tête:
- Non, Dean...
Le mécanicien leva les yeux au ciel, tentant de renvoyer ses larmes d'où elles venaient:
- Je sais, c'est juste... Le pessimiste en moi a peur de pas te voir revenir...
Castiel le serra de nouveau contre lui, moins longtemps cette fois, et Dean souffla:
- Soit prudent, j't'en prie.
- Je te promet. Je garderais un oeil sur l'ennemi.
- Ha. Très drôle, Eagle.
Castiel sourit tristement et, alors que la voix réitérait son appel, il s'éclaircit la gorge:
- Hem... Je devrais... Je devrais filer.
- Ouais. Va pas rater ton vol.
- Fais attention à toi. Je peux t'appeler demain, une fois au convoi. Si tu veux. On sera pas en Irak avant mercredi...
- Ouais. Fais ça.
Dean hocha la tête et Castiel s'éloigna vers la porte d'embarquement. Il ne le quitta des yeux pas une seule seconde, jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Tout ça allait lui manquer. Terriblement. Castiel, ses blagues plus ou moins drôle, leur discussions, leur fou rires, leur nuit, l'odeur de Castiel flottant vaguement dans l'appartement...
Dean se frotta le visage en soupirant puis, enfournant ses mains dans les poches de sa veste, il tourna le dos à la porte d'embarquement pour retourner sur le parking, l'estomac déjà retourné d'inquiètude pour Castiel alors que celui-ci n'avait même pas encore quitté le sol américain.
Voilààà!
J'vous aime toujours pareil, je fais de mon mieux pour écrire, mais l'inspiration me dit un peu "merde", en ce moment.