iMes jambes ne parvenaient plus à me tenir et je m'effondrai sur le sol, pleine de sanglots qui ne passaient pas ma gorge. Je caressai mon ventre de ma main. Il était encore plat, mais je savais qu'on petit "nous" y grandissait, à l'abri de tout.

Jamais il ne connaîtra son père. Jamais son père ne le connaîtra./i

- Alors, tu as fait quoi ces cinq dernières années pour finir dans un état pareil ?

Il avait dit ça d'un ton neutre, le regard un peu vide, comme si dans le fond sa question n'avait pas d'importance pour lui. Hermione le regarda, silencieuse, avant de décider que ça en avait pour elle et que ça ne le regardait aucunement.

- Et toi ? retourna-t-elle. Tu as fait comment pour être acquitté ?

Elle afficha un petit sourire en coin. C'était forcément un sujet sensible pour le jeune homme blond qui se tenait droitement assis dans son canapé et elle avait envie de le piquer, de le faire réagir. Peut être un peu pour lui rappeler la bonne époque. Il la fixa un instant, et elle crut qu'il allait s'énerver, partir – grand bien lui fasse, elle n'aurait jamais du l'inviter chez elle. Mais il lui répondit d'une voix neutre, qu'elle ne lui connaissait pas.

- Tu ne le sais pas ? s'étonna-t-il. Tu ne lis pas les journaux comme tout le monde, Granger ?

Non. Elle ne lisait plus les journaux.

- Au pire, je ne les ouvre pas, au mieux j'en parcours le sommaire avant de les refermer sèchement, exaspérée par le nombre d'inepties qu'ils peuvent contenir.

- Hum, acquiesça-t-il.

Il comprenait cette attitude. Il avait longtemps fait de même. Voir son nom inscrit à chaque page aux côtés de mots comme « assassin » ou « un héro martyr » l'avait souvent exaspérer. Il n'était ni l'un, ni l'autre. Il était juste Drago Malefoy, une personne pas forcément née au bon endroit, ni au bon moment.

- J'ai fait pression sur les Aurors pour qu'ils acceptent de me laisser une chance de m'expliquer, sous Veritaserum…

Hermione ne put contenir le léger rire que lui inspira l'idée. Même incarcérer, Malefoy avait réussi à faire pression sur quelqu'un. Mais le blond ne releva pas et continua son récit, imperturbable.

- Ils ont longuement hésité, mais on fini par accepter.

- Et ?

- Savais-tu que Severus Rogue était mon parrain ?

- J'en ai vaguement entendu parler, oui.

Mon professeur de potion avait fait parti de la longue liste des morts lors de la bataille finale. S'interposant entre le sortilège mortel lancé par Lestrange et Remus Lupin, il était mort plus qu'honorablement et avait ainsi racheté son image auprès de l'ensemble de la communauté sorcière.

- Et bien un soir, lors de notre sixième année, il est venu me trouver. Sur l'ordre de Dumbledore, je pense. Quand j'y repense, cela a été une soirée assez étrange car pour la première fois de ma vie, je l'ai vu anxieux. Bref, il était au courant, bien sûr, de la mission que m'avait confié le Seigneur des Ténèbres. Et de là, il m'a expliqué avec un petit sourire amusé que tuer le directeur de Poudlard serait lui rendre service puisqu'il était déjà condamner à mort.

Hermione acquiesça. Elle savait tout ça, et elle savait comment cela avait fini. Drago Malefoy resta quelques minutes les yeux dans le vague avant de continuer :

- Nous nous sommes revus. De nombreuses fois. Je n'avais jamais été réellement proche de mon parrain. Problème d'éducation, tu vois ? fit-il ironiquement, à la grande surprise d'Hermione. Mais j'ai fini par me confier à lui. Je lui ai raconté mes doutes, mes peurs… Et de fil en aiguille il m'a suffisamment bien manipulé pour que je choisisse son camp… La suite, tu la connais.

La jeune femme ne répondit pas, se contentant d'observer le jeune homme plongé dans ses souvenirs. Elle attrapa une cigarette sur la table basse devant elle et l'alluma de la pointe de sa baguette. Elle quitta le fauteuil dans lequel elle était installée et se dirigea vers la grande fenêtre de son salon qui donnait sur le chemin de traverse.

Il était déjà tard lorsqu'elle était rentrée, à son plus grand étonnement, accompagnée de Drago Malefoy au le petit studio qu'elle louait à bon prix, situé dans l'un des quartiers les plus chics du Londres sorcier. Maintenant, il devait être plus de minuit et l'activité qui régnait dans la rue s'épuisait peu à peu. La lune était pleine et on pouvait distinguer les quelques silhouettes qui sortaient des rares restaurant ouverts encore à une heure si tardive.

En ce plein mois de janvier, il neigeait. Hermione avait toujours adoré la neige, et c'est avec un pincement au cœur qu'elle laissa son esprit divaguer. Elle se souvenait de ses hivers en tant que moldue, encore enfant qui se débattait parmi les flocons blancs en présence de ses parents. Elle se souvenait de ses premiers hivers en tant que sorcière, découvrant toute la magie de Poudlard à cette époque si particulière de l'année. Elle se souvenait également des derniers Noël qu'elle n'avait pas passé seule, encore accompagnée de ses amis, au 12, square Grimmaurd.

La voix de Drago la sortie de ses pensées.

- Et toi ? Pourquoi cet appartement ? Tu n'habites plus avec Potter et Weasley ? Il m'avait semblé comprendre qu'un mariage était prévu ?

Elle hésita à répondre. C'était son histoire et le jeune homme lui avait raconté la sienne. Elle tenta d'ouvrir la bouche, mais les mots se perdirent dans sa gorge. Elle inhala une bouffée de nicotine qui lui fit du bien malgré la répugnance qu'elle éprouvait à fumer.

- Je ne sais même pas pourquoi je suis là, à parler calmement avec toi de nos vies respectives…

- Et si tu te posais moins de question, pour une fois ?

Elle hocha la tête.

- A la fin de la guerre, ça a été très dur. Pour tout le monde… Avec Harry, Ron et Ginny, nous avons décidé de nous installer ensembles, chez Harry. Enfin plutôt dans l'ancien quartier général de l'ordre. Nous avions besoin d'être ensembles. De se dire que malgré toutes les personnes perdues, nous, nous étions toujours là. Toujours unis malgré tout. En fait, nous n'étions rarement que tous les quatre. Neville, Luna, et beaucoup d'autres venaient régulièrement nous voir. Il arrivait même que Remus et Tonks restent le week-end entier, avant la naissance de la petite Alice. Rapidement, et comme tout le monde s'y attendait, Harry et Ginny ont repris leur relation là où ils l'avaient laissé moi je suis tombée dans les bras de Ron.

Elle tenta un regard vers Malefoy, qui se tenait toujours assis dans son canapé, mais son visage ne laissait paraitre aucune émotion. Peut être que dans le fond, il se fichait bien de connaitre sa vie et qu'il voulait simplement paraitre poli.

- Il s'est avérer que nous n'étions pas faits pour être ensembles.

- Ça, je veux bien te l'accorder, remarqua-t-il.

Hermione haussa un sourcil mais ne releva pas.

- Je pense que c'est ça, qui nous a détruits. Je ne les ais pas revus depuis... En fait, je ne vois pas grand monde, ces derniers temps…

Elle n'ajouta pas un mot de plus.

- Le boulot, fit Drago. Il parait que tu fais des merveilles en tant que medicomage.

- Il parait…

Malefoy se leva et vint lui retirer la cigarette qu'elle tenait toujours près de sa bouche. Il la prit et la jeta par la fenêtre sans qu'elle réagisse.

- Tu as changé, Granger.

- Toi aussi.

Sans rien ajouter, il reprit la veste qu'il avait laissé sur le canapé, l'enfila et sorti dans le froid.

Elle était à nouveau seule et elle s'écroula en sanglot sur le sol. Comment en était-elle arrivée là ? Comment sa vie avait-elle pu devenir si vide ? Un miaulement la sortie de sa rêverie, et elle prit son vieux Pattenrond dans ses bras.

- Heureusement que tu es là, toi, souffla-t-elle.

Elle se releva, remplit la gamelle du chat, prit une douche chaude et se coucha.

Le réveil fut dur avec elle le lendemain. Elle avait oublié de le débranché, comme souvent, et c'était son jour de congé. Elle ronchonna, mais puisqu'elle était à présent réveillée elle se dit qu'elle n'avait cas en profiter. Elle avait besoin de documents pour son travail, mais ne trouvait rien qui ne convienne. Un patient posait de sérieux problème dans son service, mourant à petit feu sans qu'ils ne parviennent à déterminer les causes de sa maladie.

Après un petit déjeuné frugal, elle enfila un pull blanc à col V, un simple jean sombre, une paire de botte, attrapa sa cape d'hiver et sorti en rabattant la capuche sur son visage.

Elle aurait pu parcourir le chemin qui la séparait de Fleury & Bott les yeux fermés. Elle s'y rendait souvent, le soir juste avant la fermeture ou bien très tôt, comme ce matin. Quand elle risquait d'y croiser le moins de monde, en fait. Elle ne supportait plus sa célébrité, ces prunelles admiratives, passionnées, voir même craintive des fois, dans le regard des gens. Ils ignoraient tous qu'il n'y avait vraiment rien d'admirable chez elle.

- Bonjour Hermione ! s'exclama le vendeur en la voyant pénétré la boutique.

- Salut Boris, répondit-elle en sentant son cœur s'emplir d'un peu de chaleur.

Être dans cette boutique, en présence de ce vendeur, l'apaisait. Le vieil homme ne se formalisait jamais de ses réactions souvent inattendues et de ses achats parfois étranges. Et surtout, elle avait toujours adoré l'odeur du parchemin.

- Tu cherches quelque chose en particulier ?

- Hmm, fit-elle en lui tendant une liste où un nombre conséquent de titre s'étalait.

Alors qu'il les parcourait, Boris fit une tête bizarre.

- Je vais aller voir dans l'arrière boutique, mais je doute fortement d'avoir ce qu'il te faut, expliqua-t-il. Et puis tu as déjà certainement plus de livre chez toi que moi ici…

Elle grimaça. Il n'avait sûrement pas tord, puisqu'elle avait du transformé la chambre d'ami de son appartement en immense bibliothèque pour pouvoir contenir tous ses ouvrages. Elle patienta en silence en attendant que Boris revienne lui annoncer qu'il n'avait rien de tout ce qu'elle lui demandait.

- Tu ne sais pas où je pourrais trouver tout ça ? s'enquit-elle

- Non… A part dans l'allée des embrumes peut être.

- Pourquoi ? s'étonna-t-elle.

Elle ne pensait pas que les livres qu'elle demandait étaient si sombre que ça.

- Granger se perverti, fit une voix dans son dos.

- Malefoy ! Tu me suis ou quoi ?

- Hier soir, cela n'avait pas l'air de te déranger.

- Mais je n'avais aucunement besoin de toi, tu sais !

- Ha oui ? J'aurais juré le contraire…

La veille, ses pas l'avait conduite dans une ruelle assez sombre. Au début, elle ne s'était pas rendu compte, puisque perdue dans ses pensées elle avait cherché dehors des solutions à des problèmes qui n'en avaient sûrement pas. Aussi, deux sorciers un peu louches qu'elle avait croisés là l'avaient agressée sans la reconnaitre. Elle n'avait même pas eut le temps de sortir sa baguette que Malefoy les avait désarmé de dos et fait fuir. Se sentant malgré tout redevable, elle l'avait invité chez elle à prendre un verre, chose qu'elle regrettait amèrement à présent.

Il arracha la liste des mains du vendeur et la consulta rapidement, un sourire s'affichant peu à peu sur son visage. Il sembla songeur quelques minutes, puis finit par dire :

- On va faire un marché.

- On va faire rien du tout !

- Ecoute, Hermione, j'ai tout ce qu'il faut à la bibliothèque du manoir, et j'ai besoin de toi. Echange de bon service…

Elle ouvrit la bouche doucement. Comment l'avait-il appelée ?

- On prend un verre ?

Hermione accepta presque malgré elle. Sa bouche avait semblée ne plus être reliée à son cerveau durant quelques secondes et elle avait grommeler un vague oui. C'est ainsi qu'elle se retrouva, ahurie, assisse à une table de l'établissement de Florian Fortarôme, à écouter Drago Malefoy lui parler.

- Donc, maintenant que je sais que tu entretiens avec certains grimoires des relations peu catholiques, je sais comment t'acheter, fit-il avec un sourire triomphant.

- Tu ne pourras pas, Malefoy, soupira-t-elle. Et flirte avec personne.

Il eut un petit rire.

- Il y a sûrement dans la bibliothèque du manoir de quoi répondre à un bon nombre de tes questionnements.

- Et tu sous-entends que tu me laisserais y accéder ?

- A la condition que tu m'aides à purifier le manoir en échange.

- Pardon ? Hors de question. Demande au ministère !

- Non. Que je ne partage pas les idéaux de mon père est un fait, mais ça ne veut pas dire que je vais accepter de tâcher mon nom et mon honneur encore un peu de plus. Je compte me débrouiller tout seul. Enfin… je comptais me débrouiller seul.

Hermione le regarda, perplexe. Etait-il réellement sérieux ?

- Quand nous nous sommes vus hier, je me suis dit que… hé bien tu es douée, Granger, et disons que ton aide serait la bienvenue. Je suis parti en me demandant ce que je pourrai te proposer en échange de tes services et comme l'or ne doit sûrement pas t'intéresser… Bref. Tu m'as donné la solution ce matin sur un plateau d'argent.

Elle n'en revenait pas ! Malefoy. Drago Malefoy, le Serpentard le plus orgueilleux que Poudlard avait dû connaître depuis sa création, était en train de lui demander… de l'aider. En échange d'un accès libre à sa bibliothèque. Cette proposition était plus que tentante, si on faisait abstraction du fait qu'il s'agissait de Malefoy, bien entendu.

- Très bien. J'accepte, soupira-t-elle après quelques minutes de réflexion.

Son patient était plus qu'important qu'un peu d'égo froissé.

- Super !
- Mais n'oublie pas ce que tu me dois en échange.
- Oui, oui. Ecoute, ce que je te propose, c'est heu… Quels sont tes horaires à Sainte Mangouste ?
- Huit heures trente – Quatorze heures. Globalement tous les jours, sauf le dimanche bien entendu.

Il grimaça.

- Ok, je te suggère de venir au manoir à partir de… seize heures. Tous les jours après ton travail. Tu as accès à la bibliothèque trois heures, et ensuite tu m'aides.

La jeune femme fit un rapide calcul… Seize heures plus trois, dix-neuf heures. Il comptait la laisser manger au moins ?

- Tu ne dînes jamais, chez toi ? demanda-elle, feignant l'amusement.
- On aura cas dîner tous les deux.
- Il en est hors de question Malefoy ! Ecoute, je viens chez toi à partir de quinze heure, je reste dans ta fichue bibliothèque deux heures et ensuite on travaille tous les deux jusqu'à dix-neuf heures.

Il soupira, mais accepta. Elle le laissa là, déposant quelques mornilles d'argent sur la table.