Yo, yo, yo, les potos. Excusez le langage pourri, mais je reviens de deux semaines d'enfermement social. Ce qui me permet de faire n'importe quoi, et d'en être excusée.

Je suis désolée pour touuuuuut ce temps sans rien à poster, mais je suis de retour avec ce chapitre.

Je tiens à remercier tout ceux qui m'ont laissé des reviews et les petits nouveaux qui ont débarqué pendant mon hiatus-mode. J'espère que vous ne serez pas déçu. Sachez que je fais de mon mieux pour vous satisfaire, en tout cas. Sur ce, bonne lecture ! On se retrouve en bas !


Chapitre 17 : Quand un homme a perdu ce qui faisait sa joie, je soutiens qu'il ne vit plus. C'est un mort qui respire.

Tripotant mon bandage, je rumine ma colère contre l'imbécile qui me sert de partenaire : comment a-t-il osé ? Comment a-t-il pu ? Qu'est-ce qui a bien pu passer dans sa tête blonde pour sortir une information comme celle-là ? Pour qui se prend-t-il ? Donnant un coup de pied dans un petit caillou proche, je l'envoie valser 2 mètres plus loin. Agitant ma tête, je renonce à m'énerver plus amplement : j'ai mieux à faire, vraiment. Poser des collets, par exemple. Avalant difficilement ma salive, je sais que je vais bientôt devoir retourner auprès de Peeta, pourtant. D'abord parce que je meure de soif et ensuite parce que je me suis promis qu'il rentrerait en vie.

Après avoir posé quelques collets de-ci, de-là, à quelques endroits stratégiques, je décide de rentrer à notre campement de cette nuit. Je commence à avoir sérieusement faim et soif. Qui plus est, avec ce foutu pisteur, je ne peux pas m'éloigner de Peeta. Ce qui, pour le moment, me plairait pourtant beaucoup. Je me sais capable de le protéger, même de loin. Rien, absolument rien ne m'oblige à rester près de lui pour sauver ses fesses, si ce n'est ce foutu pisteur. Me grattant inconsciemment le bras, je me demande pourtant si j'en suis certaine. Soupirant et rangeant le fil de fer dans une de mes poches -parce que j'ai bien l'intention de le garder, quoique Peeta-le-psychologue pourra en dire-, je fais demi-tour et repasse entre les plants de fougères. Alors que la prairie est en vue, je me demande si revenir est une bonne idée : pour quoi est-ce que je passe, moi ? Pour l'idiote de service qui revient en rampant auprès du seul qui soit capable de l'accepter. Auprès du seul qui n'a pas envie de mourir en restant avec elle. Même ma mère a eu envie de mourir, une fois seule avec moi. Qu'est-ce qui me dit qu'il ne voudra pas en finir avec moi dès cette nuit ? Me sachant faible et me prenant pour un boulet, ce ne serait pas étonnant. Haussant les sourcils alors que j'observe mon partenaire batailler avec l'arc, à l'ombre des fourrés, je me rassure en me disant qu'il a besoin de moi au moins pour se nourrir. Pour se cacher. Pour rester discret. Pour survivre.

Mais si Peeta était capable de chasser seul ? S'il savait rester discret, pister des animaux et les dépecer ? S'il savait faire tout ça, je n'aurais plus de raison d'être. Faut-il lui apprendre à se débrouiller par lui-même -quitte à ce que le costaud me marche dessus- ou garder mes connaissances pour moi -un peu comme une assurance vie- ? Sachant que si je ne meure pas d'une septicémie après avoir enfoncé cette flèche souillée dans mon bras, je pourrais très bien mourir abattue par l'un des onze autres tributs. Et abandonner Peeta à son sort. Grognant, je réalise qu'il va falloir que je me transforme en professeur, histoire d'apprendre deux ou trois trucs de survie au jeune homme qui vient juste de briser une de mes précieuses flèches en tentant de bander mon arc. Au diable l'assurance vie ! Je vais mourir de toute façon.

- Continue comme ça et je devrais me mettre à chasser les lapins à coups de pierres.

Je sors de ma cachette et plisse les yeux, mes pupilles se rétractant rapidement dû à la différence de luminosité. Je n'aperçois pas bien Peeta durant de longues secondes, éblouie par le soleil chaud.

- Tant que tu ne mets plus une main sur cet arc, ça me va.

Il réplique doucement et je ne sens plus d'animosité dans sa voix. Je me méfie tout de même. Même s'il n'est pas doué avec un arc, il pourrait me briser les os en deux mouvements. J'hausse les sourcils face à cette réponse complètement idiote de sa part - l'idiot a peut-être l'intention de chasser à coups de pierre- et rétorque :

- Tu veux mourir de faim ?

Je m'approche un peu plus de lui, prudente, les mains dans le dos, alors qu'il continue de jouer avec l'arc. Attrapant une autre flèche dans le carquois, il tente la mettre en place correctement, ne m'accordant pas un regard. Si sa voix ne me paraît plus suinter de colère, je soupçonne ses yeux de vouloir me fusiller sur place.

- Tu poseras des collets.

Je fais une grimace avec ma bouche, me retenant d'éclater de rire. Est-il réellement aussi idiot ? D'accord, j'ai foiré, mais tout de même. De là à vouloir se priver de nourriture saine pour m'empêcher de retenter le coup avec mon pisteur…c'est mal me connaître que de croire qu'un ignare tel que lui peut avoir le dessus sur mes propres choix.

- Parce que tu crois que ça suffira ?

Si je me posais des questions sur la capacité que pouvait avoir Peeta à la chasse, je suis rassurée : il n'y connaît vraiment rien.

- Il faudra bien.

Je commence à être sérieusement agacée : il ne me regarde toujours pas, préférant se battre avec la flèche qui refuse de se placer à l'endroit prévu sur l'arc et parle avec une assurance que je ne lui connaissais pas. Et dire que je le croyais craintif et faible. Personne n'est ce qu'on croit, ici bas, je ferais bien de m'en rendre compte rapidement. Serrant les dents devant la tête de mule qui me sert de partenaire, j'attrape son bras et le force à me faire face. Ce qui, avec un bras en moins, est particulièrement difficile, je dois bien l'avouer. Mais Peeta ne résiste pas trop et se laisse faire, visiblement prêt à ce qui va suivre. Tant mieux pour lui.

- Tu es un idiot, Peeta Mellark. Un idiot doublé d'un ignorant total. Que crois-tu ? Que parce que je sais poser des collets, nous sommes sauvés ? Quelle blague ! Je ne suis pas là pour survivre. Et si je te dis que les collets ne suffiront pas, c'est qu'ils ne suffiront pas. Tu sais bien que je suis une professionnelle du braconnage, non ? Alors laisse-moi faire ce que je fais de mieux et contente toi de serrer très fort les deux muscles par lesquels sortent les idiotes qui commencent à m'agacer au plus haut point. Tu n'es rien ni personne, tu ne l'as jamais été et tu ne le seras jamais si tu n'écoute pas ce que je te dis ! Cesse de te prendre pour mon ange gardien ou je ne sais quoi : je n'ai pas besoin de toi, Peeta Mellark. Ce qui est loin d'être ton cas.

Là-dessus, ne prêtant pas attention aux yeux ronds que mon partenaire me lancent -c'est sûrement la plus grosse tirade que je lui ai jamais sortie-, j'attrape rapidement l'arc qu'il lâche sans résistance et la flèche qu'il tient dans l'autre main. Plaçant la flèche à sa place, je bande l'arc, lui tourne le dos, repère un oiseau innocent qui est en train de chanter une joyeuse mélodie et l'abat d'un coup bien placé. L'animal tombe raide mort au pied de l'arbre sur lequel il était perché, transpercé de ma flèche. Le tout a duré moins de deux secondes.

- Le jour où tu pourras faire ça, je t'écouterai me donner des conseils sur la meilleure méthode pour rester en vie. En attendant, tu pose sagement tes fesses sur l'herbe et tu te tais.

Balançant rageusement l'arc près de l'arbre sous lequel nous sommes, je me dirige vers le sac et la gourde encore pleine. Je fronce les sourcils quelques demi-secondes : n'a-t-il pas bu ? Je suis absente depuis une bonne heure, pourtant, l'iode a eu le temps de faire effet. Me tournant vers lui, je constate qu'il a suivi mon conseil et qu'il est assis à l'ombre du grand arbre, les genoux repliés sur son torse musclé et son menton appuyé sur ses derniers. Il m'observe d'un air étrange et je repense immédiatement aux deux malheureux mots qu'il a prononcé plus tôt : se pourrait-il qu'il soit sérieux ? Ouvrant de grands yeux face à son expression que je ne saurais décrire avec précision, je trouve judicieux de m'insulter d'idiote pour penser de telles choses, attrape le sac qui est resté au soleil -l'état dans lequel doit être la nourriture…je n'ose imaginer- et me dirige, gourde à la main, vers Peeta. Ce dernier, alors que je me plante face à lui, sous l'ombre rafraichissante que procure le chêne, lève la tête vers moi, m'interrogeant du regard. Me laissant tomber à ses côtés, sur l'herbe tendre, je lui tends la gourde, luttant pour ne pas boire dedans en premier.

-Tu n'as pas bu.

Ma question s'est transformée en affirmation, alors que ma colère envers cet imbécile retombe quelque peu. Il hausse les sourcils, plantant ses yeux clairs dans les miens. Il semble hésitant. Il baisse finalement son regard sur la gourde et répond doucement :

- Je t'attendais.

Je fronce les sourcils, incertaine.

- Pourquoi ?

Peeta arrache maintenant l'herbe par touffe, ses joues prenant une légère coloration rosée. Je crains le pire.

- Je m'inquiètais.

Je me retiens de sourire face à l'expression qu'il arbore, mi-coupable, mi-gêné. D'accord, c'est un abruti total, mais il sait y faire. Alors qu'il m'observe du coin de l'œil, je tente de reprendre une expression neutre, ne voulant pas qu'il prenne mon air pour de la moquerie. Pourquoi tant de précautions ? Aucune idée.

- Tu es partie sans boire et je sais que tu meures de soif. En plus, je me sentais -et me sent toujours- mal, avec ce que j'ai dit, tout à l'heure et…

Je ne laisse pas terminer et fourre la gourde dans sa bouche, le faisant taire et manquant de l'étouffer avec. Il ouvre de grands yeux quand il sent le liquide frais couler dans sa bouche mais ne met pas longtemps avant d'agripper la gourde à deux mains et de boire plus amplement. Je prie pour qu'il m'en laisse : je ne tiens pas à devoir attendre une demi-heure de plus avant de sentir le précieux liquide glisser dans ma gorge sèche.

Alors que je soupire, laissant ma tête reposer contre le tronc de l'arbre, j'étends mes jambes devant moi, tripotant mon bandage ensanglanté. Sérieusement, je ne tiens pas à mourir d'une septicémie. Je lève la tête vers les frondaisons de l'immense arbre : tout paraît calme, si seulement ça pouvait durer. En excluant l'idée que l'on est dans un jeu morbide, l'endroit est assez sympathique : la chaleur est retombée quelque peu, les oiseaux chantent et un vent frais agite mes cheveux crasseux. En parlant de ça, il faudrait sûrement que l'on profite de cette source d'eau pour se nettoyer un peu : qui sait dans combien de temps on aura l'occasion de réitérer cette action ? C'est alors que je pense au foutu -un autre adjectif pour le qualifier ne serait pas de trop- pisteur qui va empêcher Peeta de s'éloigner durant mon bain que j'aperçois la gourde s'agiter devant mes yeux. Ramenant la tête en avant, je la tourne vers mon partenaire qui me sourit franchement, content de constater que je ne lui en veux pas pour ce qu'il a dit plus tôt. Enfin, que je ne lui en veux pas…c'est vite dit. Mais étant donné que je ne rentrerais jamais chez moi, j'échapperais au traitement que l'on réserve aux hors-la-loi. Honnêtement, je ne sais pas ce que je préfère : mourir ici sous les yeux ébahis de tout Panem, ou chez moi, face à toute la populace.

- A ton tour.

Il approche la gourde de ma bouche et je recule ma tête, d'instinct. Quand je constate qu'il l'approche encore, je commence à comprendre qu'il veut me faire boire lui-même. Je le regarde d'un air étrange -je ne suis pas encore infirme, même avec un bras en moins- alors qu'il pince les lèvres, soudain gêné.

-Je vais y arriver toute seule.

Attrapant la gourde et touchant au passage les doigts -étonnamment frais- de Peeta, je la porte à ma bouche et boit ce qu'il reste d'eau. Il m'en a tout de même laissé beaucoup. Je l'aperçois du coin de l'œil qui étend lui aussi ses jambes à côté des miennes. Il soupire doucement, ferme les yeux, semble apprécier le fait d'être réhydraté -qui n'aimerait pas ?- et profite du vent doux qui caresse ses cheveux blonds. Je décide que c'est le meilleur moment pour parler de mon idée de faire un brin de toilette :

- Il faut qu'on se nettoie un peu, avant de repartir.

Je fais mine d'observer une petite fleur jaune, perdue au milieu de centaines de brins d'herbe. Peeta se tourne vers moi. Il arbore une expression mêlant tristesse et incompréhension. Allons-bon.

- On repart déjà ?

Je ne me suis pas trompée quand à son ressenti : le jeune n'a aucune envie de quitter l'endroit. Je dois dire que je suis moi-même assez réticente : nous avons un point d'eau, des collets posés, un arbre dans lequel dormir…qui sait quand nous aurons toutes ces conditions de nouveau réunies. Mais nous ne pouvons prendre le risque de nous ramollir. Peeta doit le comprendre le plus vite possible.

- Pas tout de suite. Mais on ne peut pas se permettre de rester au même endroit trop longtemps.

- Mais qui…

- Qui sait quand on retrouvera un point d'eau, je sais.

Je soupire alors que Peeta laisse tomber sa tête contre le tronc de l'arbre, ce qui produit un son mat. Alors que je pense qu'il reprend la parole pour me convaincre de rester sur place un peu plus longtemps, il se met soudain à sourire -comme si l'on venait de lui raconter une bonne blague- et murmure d'un air mutin, son souffle caressant ma joue :

- Très bien. Tu commence ?

J'ouvre de grands yeux et m'apprête à lui en coller une, les joues légèrement rosies -par la chaleur, dira-t-on-, quand je me tourne vers lui et surprend son regard vers les frondaisons. Les caméras. Peeta Mellark ne perd décidemment pas le nord bien longtemps. La stratégie, il n'y a que ça de vrai, par ici, non ?


Alors, alors ? De ceux qui étaient là au début, qui reste-t-il ? C'est ce que je vais découvrir. N'hésitez pas à laisser vos avis, ça fait toujours plaisir !