Disclaimer : Toutes les questions (ou presque) m'ont été proposé par mes chers lecteurs ! Pour le reste, je m'inspire des livres de Suzanne Collins.

Remerciements : Après un temps d'attente inexcusable, je reviens avec un chapitre plus joyeux, bonus, que vous pouvez lire comme sauter. J'espère cependant qu'il vous plaira, et que vous me laisserez de nouvelles reviews motivantes ! Merci à celles et ceux qui découvrent cette fic, à ceux et celles qui la suivent, et même à ceux qui la suivent anonymement. Les prochains chapitres sont en cours d'écriture, en espérant que je ne vous ferais pas trop attendre ! Bonne lecture !

N.B : Certaines questions m'ont demandé un vrai travail de recherche pour essayer de vous donner des réponses satisfaisantes. J'ai essayé de caser toutes vos questions, dans la mesure où je pouvais le faire. J'espère que ce chapitre (et mes petites dédicaces) vous plaira et encore toutes mes excuses pour ce retard !

BONUS - Caesar Flickerman

Les applaudissements retentissent. Je m'en délecte. Encore, encore, applaudissez-moi ! Je suis votre roi, votre adoré, votre précieux, votre passé et votre avenir, celui...

J'ouvre les yeux. Comme je m'en doutais, je suis au Capitole. Sur l'estrade. Cette fameuse, si familière, estrade. Celle où chaque tribut défile, tremblant, celle où se succèdent vingt-quatre adolescents, celle sur laquelle ne s'en tient plus qu'un. Moi. Finnick Odair. Le grand. Le magnifique.

- Il est là ! Rien que pour vous !

Je souris. Oui, je suis là. Je les regarde. Je les méprise, mais qu'est-ce que je les aime ! Qu'est-ce que c'est bon qu'ils soient là, pantins insignifiants, peuple victime et malsain, terribles spectateurs d'une violence sans cesse renouvelée. Ils sont là, pour moi, et j'aime ça. Je les domine, j'agite la main, nonchalamment, presque distraitement, tandis que quelques femmes s'évanouissent dans la foule. Je souris. Victorieux.

- Que quelqu'un m'apporte des lunettes, il resplendit tellement que j'en ai mal aux yeux ! poursuit la voix à mes côtés.

Je ne tourne pas la tête. Je ne peux pas. Je me délecte beaucoup trop de cette foule anonyme rassemblée pour moi. Je détaille leurs perruques, fausses, leurs vêtements, loufoques, leurs sourires, trop blancs et artificiels, mais je suis heureux. Je ne suis plus dégoûté. Je les aime. Ils sont mon peuple. Je les salue encore, je bombe le torse, leur adresse un sourire autrement plus séduisant que le leur. Je compte le nombre de femmes qui rougissent, le nombre d'hommes qui s'extasient sur mes muscles, sur mon corps, sur toute ma fabuleuse personne.

- Capitoliens, Capitoliennes, vous ne rêvez pas ! Il est là !

La foule m'acclame encore. Et puis Caesar - qui d'autre ? - rit et les gens se calment doucement. Ils attendent. Ils le connaissent. Caesar est leur présentateur depuis plus de dix ans, il a encouragé tous les tributs, il a joué avec eux sur ce plateau, il a amusé le Capitole entier sans jamais faiblir. Ils lui font confiance pour leur donner encore du plaisir.

- Assieds-toi, Finnick, me dit-il lorsque je me tourne vers lui. Ils vont te demander de saluer pendant des heures si tu les écoutes ! s'exclame-t-il en riant.

Je lui obéis, lentement, comme à regret. Je m'installe confortablement dans mon fauteuil. J'ai l'impression de ne jamais l'avoir quitté, il épouse à nouveau toutes les formes de mon corps. Je me détends. Je suis calme, apaisé, en sécurité. J'attends que Caesar poursuive son show. Il ne tarde pas à reprendre la parole, après s'être lui-même installé dans le deuxième canapé.

Pour la première fois, je détaille sa tenue du jour. Il est vêtu d'un costume noir qui fait d'autant plus ressortir sa chevelure jaune. Oui, jaune, je ne me trompe pas. Caesar a poussé le vice jusqu'à arborer des cheveux, non pas blonds, mais jaune. Jaune canari. A l'image de l'écusson brodé sur son costard. Je souris. C'est... pour le moins original, mais ça lui va bien. C'est moins sanglant que le rouge qu'il portait il y a quelques années. Tout aussi voyant, mais moins sanglant.

- Alors, mon champion, comment vas-tu ? demande-t-il sans se préoccuper de mon regard légèrement moqueur.

- Je suis en pleine forme. Et vous ?

Je regarde mon public. Qui s'exclame. Ils crient tous à quel point ils sont heureux. Grâce à moi. Pour moi.

- Quel charme fou ! Si vous voulez, je peux m'en aller aussi ! s'exclame Caesar en riant, faussement vexé.

La foule le siffle doucement. Ils sont complices. Ils ont répété ce manège des centaines de fois. Caesar a un vrai don de conteur, il est doué pour mettre en avant la particularité, si ridicule soit-elle, de chacun d'entre nous. Nous, les tributs... Mais ce soir, il n'est là que pour moi, et grâce à lui je brille davantage.

- Reste donc, mon ami ! Tu es le bienvenue ici ! je rétorque en prenant un petit air supérieur.

- Quel honneur ! s'étonne-t-il en écarquillant les yeux.

Je souris, amusé. Il me semble distinguer des paillettes jaunes dans son regard. Jusqu'où Caesar colorie-t-il son corps ? Je me suis toujours posé la question. Pourtant, cela ne devrait pas m'étonner. C'est un artiste, le présentateur le plus connu du Capitole, de tout Panem, et il est naturellement enjoué, amusant, intriguant ; comédien dans l'âme. Plus doué encore que les tributs qu'il présente et qui se donnent des genres.

- Bien. Mon cher Finnick - la foule siffle et gronde - oui, VOTRE cher Finnick, acceptes-tu de répondre à quelques questions posées par tes fans ? continue-t-il sans se troubler.

Je hoche la tête, grand prince. Caesar sourit. Je sais que l'émetteur qu'on lui a glissé dans l'oreille ne lui sert à rien. Caesar n'a pas besoin qu'on lui souffle son texte. Il est son texte.

- Commençons par une question facile... murmure-t-il dans son micro. D'abord, pourquoi ce prénom ? Certes, il te va merveilleusement bien, mais il doit bien vouloir dire quelque chose, non ?

- En voilà une question intéressante ! dis-je en souriant.

Je réfléchis une seconde, le temps de me souvenir des paroles de ma mère. Je réalise soudainement que cela fait longtemps que je n'ai pas eu une conversation avec elle. Je suis bien trop pris par le Capitole pour lui accorder un peu de mon attention.

- Quand j'étais petit, ma mère me racontait l'histoire d'un homme que l'on nommait Nick. On disait de lui qu'il était un marin extraordinaire, un homme incroyable. Bien sûr, quand ma mère chantait cette comptine, je ne pouvais pas m'empêcher de lui dire que mon héros s'appelait Omar Calipus...

Je penche la tête. J'ai inconsciemment baissé le regard vers mes mains. Lorsque je prends une inspiration, je sens le public respirer avec moi. Je suis leur mythe à eux, leur dieu, et ils m'admirent tellement qu'ils en oublient de vivre sans moi. Cette pensée me fait rire.

- Ma mère adorait cette histoire, qui date de très longtemps. Mon père m'a dit un jour en rigolant que si ma mère avait pu choisir entre l'épouser lui ou ce Nick, elle n'aurait même pas hésité. Et ma mère a confirmé !

Le public s'exclame. En levant les yeux, je me rends compte de l'atmosphère qui s'est installée. Une atmosphère nostalgique. Touchés par mes souvenirs, les capitoliens sourient doucement, émus par mes confidences. Même Caesar arbore un sourire sincère.

- Cet homme, Nick, aimait énormément la mer. Il y passait tout son temps. Il était constamment sur son voilier. Il pêchait, nageait, il ne vivait que pour la mer. Et puis un jour, une grave tempête a secoué son bateau et, en voulant sauver un de ses marins, Nick est tombé à l'eau.

J'hésite. Je ne suis pas très doué pour raconter les histoires. Pourtant, le peuple est suspendu à mes lèvres. D'un signe discret, Caesar m'encourage alors à poursuivre.

- Il fut sauvé par un dauphin. Il s'accrocha à la nageoire de l'animal et grâce à lui, survécu. Ce que ma mère aimait particulièrement dans ce conte, et je souris en disant ces mots, c'est la fin. Car c'est cette fin qui m'a donné mon nom. Nick a donné un nom au dauphin qui l'avait aidé.

Je vois certains froncer les sourcils dans la foule. Ils ne comprennent pas. Forcément, puisque cette histoire leur est inconnue. Elle n'est connue que de rares personnes, même dans le District Quatre. Le succès d'Omar Calipus a suffit à enterrer cette vieille légende.

- Quel était le nom de ce dauphin ? demande Caesar pour éclairer les capitoliens.

- Finnick, dis-je modestement.

Stupéfaits, les gens sur les gradins s'immobilisent. Puis, brusquement, ils se mettent à applaudir. Un tonnerre d'applaudissements qui me fait sourire. Caesar se rend compte immédiatement que je ne suis plus tout à fait là, que je suis retourné dans le petit salon de ma maison, et qu'à la place du peuple, je crois entendre le rire de ma mère. En présentateur compétent, il décide immédiatement de reprendre les choses en main.

- Après ce touchant épisode, passons à la deuxième question !

Immédiatement, le public se tait. Ils attendent. De retour au Capitole, je suis une fois de plus émerveillé par la manière dont Caesar contrôle la foule. Il a un talent fou pour maîtriser le nombre.

- Mon cher dauphin, que manges-tu pour être aussi beau ?

Je ris franchement en entendant Caesar. Comme je le disais plus tôt, c'est un présentateur de génie. Décidé à jouer le jeu, je feins la modestie.

- Moi, beau ? Tu exagères !

Je me tourne vers le public.

- Vous êtes d'accord avec lui ? je demande en prenant un petit air choqué.

La foule réagit aussitôt. Je vois des gens s'évanouir dans la foule. Je me lève et leur adresse une révérence.

- Mes chers amis, si je suis aussi beau, c'est grâce à vous ! C'est votre amour qui me va si bien au teint !

Caesar rit. Lorsque je retourne à ma place, je vois dans son regard quelque chose de différent. S'il m'appréciait avant, ce sentiment a changé. Désormais, on dirait qu'il éprouve... de l'admiration. Mais pas l'admiration éperdue du public, non, un sentiment... plus noble. Caesar semble discerner en moi un homme qui lui ressemble, capable de charmer la foule, de dominer le nombre et de s'élever. Il me sourit.

- Mais quel flatteur, Finnick ! Voyons si tu t'en sortiras aussi bien à la prochaine question...

Je me fige, légèrement anxieux. Jusqu'ici, je n'ai pas eu à parler de choses personnelles. Je n'en ai pas envie. Mais le sourire du présentateur semble m'assurer que je ne vais pas pouvoir y couper plus longtemps.

- Quelle est ta couleur préférée...

Facile !

- ... de caleçon ?

Argh ! Je manque m'étouffer de surprise. Je lève le bras pour porter la main à ma bouche, d'étonnement, mais je m'immobilise. Je ne suis pas ici ce soir pour me montrer prude. Au contraire ! Je suis là pour être conquérant. Je suis un vainqueur. Un séducteur.

- J'adore les caleçons bleus. Mais j'aime aussi ceux dorés, argentés, ceux en bonbons - j'adresse un clin d'œil à la foule - et même les caleçons transparents. Même si, à ce moment-là, je préfère presque être nu. Vous n'avez jamais enfilé un jean sans caleçon ? je souffle en me penchant vers les gradins. C'est tellement... agréable...

Les spectateurs s'agitent. J'entends des cris, mon nom est scandé par des voix aiguës, de drôles de phrases atteignent mes oreilles. Certaines femmes veulent m'épouser, d'autres veulent connaitre mon adresse. Certains encore sont moins élégants dans leur demande.

- Mais quel succès, Finnick ! Je crois bien n'avoir jamais vu un Gagnant attirer autant les femmes. Et les hommes ! ajoute-t-il en riant.

Je lui souris en m'installant dans le fauteuil. Je caresse l'accoudoir, d'un air légèrement rêveur. Je joue la comédie, j'attends les réactions. Je sais déjà que certaines femmes vont s'évanouir, qu'un mouvement va agiter la foule, que les pacificateurs vont avoir du mal à contenir le public, et je m'en délecte.

Pour calmer le jeu, Caesar ne me pose plus que des questions simples. J'y réponds du tac au tac, énumérant mes plats favoris, la tenue dans laquelle je dors, les sous-vêtements que je préfère voir sur les femmes... Pendant plus d'une heure, comme dans un brouillard, j'enchaîne les interrogations. Je m'amuse en voyant des journalistes noter toutes mes réponses. Les cours du tiramisu glacé et des coquilles quatre vont augmenter dans les prochaines heures, jusqu'à ce qu'un autre Vainqueur subisse le même questionnaire.

Arrive enfin l'heure des dernières questions. Je suis fatigué mais je m'amuse encore. Les pirouettes de Caesar et les acclamations de la foule suffisent à mon bonheur.

- Nous allons maintenant annoncer la gagnante de notre jeu !

Je hausse les sourcils, étonné. Est-ce que j'ai loupé un épisode ou ne suis-je tout bonnement pas au courant de ce jeu ?

- Elle s'appelle Lauren et elle nous vient du Capitole !

Sous mon regard ébahi, une jeune fille s'avance sous la lumière des projecteurs. Elle doit être un peu plus jeune que moi. Elle est mignonne, avec un visage très innocent, souligné par sa robe verte.

- Cette demoiselle aura, ce soir, la chance infinie de poser personnellement une question à Finnick Odair !

La foule applaudit. Je discerne quelques regards noirs, envieux, et je souris davantage. Quoi qu'il arrive, j'ai l'éternel soutien des capitoliens.

- Alors, Lauren ? Quelle est ta question ?

La jeune fille fait un pas vers moi. Elle se tord les mains. Elle hésite. Elle lève le regard vers moi, plongeant ses yeux dans les miens. Elle est happée par ma beauté, ma magnificence, par ma personne entière... Lorsque je lui souris, elle ouvre la bouche et, très rapidement, pose sa question.

- Accepterais-tu de passerunenuitavecmoi ?

Je ne comprends pas de suite. C'est Caesar qui m'éclaire.

- Quel courage ! Cette demoiselle souhaite un rendez-vous avec Finnick ! Pour dire les choses correctement, ajoute-t-il en riant.

Je reste immobile. Et puis je me détends. Je m'approche de Lauren et passe ma main sur sa joue en me penchant vers elle. Je m'assure que le micro posé dans mon cou capte bien mes mots. Je dépose un léger baiser sur sa pommette gauche.

- Avec plaisir, Lauren, mais je coûte cher, très cher...

Elle écarquille les yeux. Caesar demande à sa place.

- Quel est ton prix, Finnick ?

- Mais tu le connais, Caesar !

Je me tourne vers la foule.

- Quel est mon prix ?

Et tandis que le public s'écrie « Des secrets ! », le rêve se fissure.