Bonjour !
Et oui, tout arrive, je vous l'avais promis, l'épilogue est déjà là !
Je profite de mon blabla pour remercier les revieweurs anonymes, donc Célia28, merci pour les compliments et le soutien, et Yellow, oui, ça s'appelle une malheureuse coïncidence, je me suis vraiment retrouvée démunie quand j'ai voulu écrire. Mais je suis ravie que ce chapitre t'ai plu, et je suis bien d'accord, Peeta est vraiment fantastique et malheureusement pour nous, entièrement fictif ! (et la magie d'écrire sur lui, c'est de pouvoir lui faire faire ce que l'on veut^^)

Bref, ce qui suit est un épilogue, donc il est bien entendu beaucoup plus court que mes chapitres habituels. Et c'est vraiment étrange de dire que, ça y est, c'est la fin de cette histoire, que j'en ai tapé le point final. Presque 3 ans d'écriture et 25 chapitres pour décrire 20 ans d'histoire, tout ce blanc que a laissé à notre imagination.
Cet épilogue ne décrit que deux scènes éloignées de 7 ans. Je vous laisse découvrir la première, et quand à la seconde, vous allez reconnaître, bien sûr, l'épilogue du livre que j'ai recopié au mot près. Et que j'ai poursuivi légèrement, histoire de donner des nouvelles de tout le monde, d'aller un peu plus loin, flirtant même avec le style NextGen, qui ne m'est pas familier mais que j'ai aimé écrire.
Est-ce que ça vous plaira ? Est-ce que ma conclusion vous satisfera ? Est-ce que ce n'est pas trop mièvre ?
J'ai beaucoup de choses à en dire, et je vous l'expliquerai en fin de chapitre, d'ici là, bonne lecture !

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La croisée des chemins


Période couverte: Du 29 novembre 2475 au 21 janvier 2482


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29 novembre 2475

Je regarde Amarante courir après les feuilles mortes emportées par le vent, éclatant de rire dès qu'elle arrive à en attraper une. Le pré en est recouvert, une source de jeu inépuisable pour ma fille de quatre ans. Elle s'y trouve seule, peu de parents amenant leurs enfants jouer sur un cimetière. C'est la raison pour laquelle c'est ici que nous l'emmenons. Nous ne pouvons pas l'enfermer toute la journée chez nous, elle nous le ferait cent fois payer. Bien que ce soit une petite fille calme qui peut passer des heures entières à dessiner, elle a besoin de se défouler. Le pré est un bon compromis entre ses besoins d'enfant et mon besoin de solitude.

- Papa ? hurle ma fille en courant vers lui.
- Oui mon cœur ?
- C'est quoi cette couleur ? demande Amarante en lui tendant une feuille séchée.
- Alors là, c'est un mélange de plein de couleur tu sais.
- On pourra essayer de faire cette mélange à la maison ? Tu sais faire ?
- Je te montrerai, oui.
- Merci papa !

Et elle range la feuille dans une de ses poches, la réduisant en miette sans s'en rendre compte. Mhh, je pressens un caprice quand elle réalisera l'état de la pauvre feuille morte une fois rentrée…
Mais pour le moment, elle est toute à son jeu, autant en profiter et ne pas hâter la catastrophe.
Peeta passe son bras autour de ma taille et je me blottis contre lui. Assis sur une couverture, nous profitons des dernières chaleurs d'automne.

- Ca va ? me demande Peeta avec attention.

Les jours sans sont moins nombreux qu'avant, mais plus difficile à gérer. Je déteste me réveiller comme enchainée à mes souvenirs, et incapable de quoique ce soit pendant une journée entière, parfois deux. Dans ces moments-là, même ma fille n'arrive pas à me sortir de ma léthargie. J'ai l'impression d'être ma mère après le décès de mon père et je déteste qu'Amarante puisse se sentir abandonnée. Inconsciemment, elle comprend quand je vais mal et a trouvé une explication qui lui convient pour l'instant, à savoir que « Maman est fragile ». Flancher dans mon rôle de mère me désespère, je voudrai tant être capable de la protéger de tout !
Mais Peeta veille et lui change les idées. Il l'emmène avec lui à la boulangerie et la laisse faire des pâtisseries. Notre fille a hérité de son tempérament artistique et manuel.
Fort heureusement, jamais elle n'a eu à faire face à une crise de son père. Plus rares encore que mes passages à vides, il faut qu'il soit exténué pour se laisser basculer dans son monde fantasmagorique. Cela a du arriver deux fois depuis sa naissance. Et toujours après une dispute.

- Ca va, je le rassure. J'aime la voir s'amuser. J'aime entendre ses questions naïves.
- Ca te donne foi en l'avenir ?
- Parfois... je réponds, laconique.
- Tiens, Cyrille est de sortie.
- Pauvre Amy... je soupire.

Cyrille est le fils ainé de Thom, l'ancien ami de Gale, qui a refait sa vie. Agé de six ans, c'est un concentré d'énergie à l'état pur qui aime se promener dans le Douze qu'il connait comme sa poche. Petit dernier d'une fratrie de trois garçons, Amarante le fascine et il cherche à s'en faire une amie. Mais ma fille est sauvage et timide, et ne se laisse pas approcher.

- Pauvre Cyrille tu veux dire, plaisante Peeta.

En effet, Amarante ne veut pas partager son jeu et lui tourne le dos dès qu'il essaye de lui parler, laissant le jeune garçon triste d'être rejeté.

- Je crois bien que notre fille a hérité de ta sociabilité, me dit Peeta en secouant la tête.
- Tout de suite les grands mots... je réplique, piquée au vif.
- Non mais regarde-là, insiste Peeta en montrant notre fille du doigt.

Amarante est précisément en train de jeter une poignée de feuilles mortes au visage de Cyrille, qui les ramasse pour mieux les lui rendre, mais elle lui tire la langue. Les enfants sont cruels. Mais je défends ma fille.

- Il faut dire que Cyrille est pénible, il ne comprend pas qu'elle ne veut pas jouer.
- Y'a-t-il une autre façon de réussir à approcher une Everdeen que de leur courir après jusqu'à ce qu'elles daignent nous accorder leur attention ?
- J'espère que oui ! je m'insurge.

Je m'éloigne de Peeta et me laisse retomber en arrière sur mes coudes et soupire :

- Si je n'étais pas si paranoïaque, elle n'aurait pas ce rejet des autres enfants, non ?
- Je n'en serais pas si sûr à ta place, me répond Peeta. On ne la retient pas en otage, elle croise souvent des enfants de son âge à la boulangerie, mais elle préfère les... coulisses au devant de la scène. Comme sa mère.

Je me revoie, seize ans plus tôt, dans les coulisses, précisément. Parée d'une robe qui ferait de moi la fille du feu, les mains moites. Peeta, un peu plus loin, s'apprêtant à faire de nous les amants maudits. Le début des symboles que nous sommes devenus.
L'expression de Peeta me dévoile que nous pensons à la même chose et je secoue la tête :

- Oh je t'en prie, ne compare pas ça aux Jeux, c'est vraiment... Non, ne fais pas ça.
- C'était juste pour illustrer, s'explique-t-il. Tu étais pareille à son âge non ? Tu avais des amis ?
- Je ne m'en souviens pas, j'étais trop jeune. Et juste après... il y a eu Prim, et elle me suffisait... je murmure.

Amarante reprend sa course folle en ignorant superbement Cyrille qui repart dans l'autre sens, dépité.

- Je me demande comment elle se comporterait si elle avait un petit frère ou une petite soeur, se demande Peeta, à voix haute.

C'est la première fois qu'il ose formuler cette question devant moi. Pourtant, je sais combien il y pense depuis des mois. Je sais aussi qu'il estime m'en avoir demandée assez pour toute une vie, pour cette vie qui éclate de rire en roulant dans les feuilles.

- Moi aussi, je réponds innocemment, comme si je parlais du temps qu'il ferait demain.

Du coin de l'oeil, j'observe sa réaction. Les premières secondes, rien, comme s'il n'avait pas compris ma réponse. Puis la lumière se fait progressivement, et sa bouche s'entrouvre alors qu'il tourne lentement son visage vers moi.

- Toi aussi ? me demande-t-il, incrédule.

J'hausse un sourcil et lève les yeux pour regarder le ciel. Mais Peeta ne me laisse pas s'en tirer à si bon compte, bien qu'il tente de modérer les espoirs que j'ai fait naître chez lui.

- Katniss ? Est-ce que tu viens de dire ce que tu as dit ? Est-ce que j'ai bien compris, est-ce que... tu as conscience de ce que tu as dit ?
- Probablement pas, où ça voudrait dire que j'ai perdu l'esprit...
- Attends là... Il faut se calmer ou... Reprenons. Je...

Sa franche surprise me donne envie d'éclater de rire et je ne peux pas retenir un sourire un peu moqueur de se dessiner sur mes lèvres. Parce que Peeta a parfaitement compris mais n'ose pas croire à sa... bonne fortune ?
Il sait parfaitement que je n'ai pas dit ça à la légère. Je ne fais pas de suppositions, je ne me pose pas de questions sans envisager, prévoir, jamais. Pas sur un sujet si sérieux, si brûlant. Pas alors que la moindre allusion pourrait précisément emballer son imagination.

- Tu serais... reprend Peeta, tu serais prête à... ce qu'on fasse un autre enfant ?
- Pourquoi pas ? je réponds en le fixant dans les yeux.

Peeta se met à genoux devant moi et attrape mes mains, comme s'il avait peur que je m'envole, et ma promesse avec.

- Tu n'aurais pas peur ? me demande-t-il sérieusement.
- Peeta, j'ai peur. Tout le temps. J'ai peur quand je me lève, quand je me couche, et quand je la regarde... je lui désigne Amarante d'un signe du menton, je suis terrifiée. C'est comme ça, ça ne changera jamais. Est-ce que ce serait plus difficile d'essayer d'empêcher l'inévitable avec deux enfants plutôt qu'un seul ? Est-ce que je n'aurai pas deux fois plus peur ? Sûrement mais...
- Mais ? m'encourage Peeta.
- Mais même si ça a été horrible de la perdre, même si je n'en guérirai jamais, je chéri chaque jour les souvenirs de Prim, et la joie que ça a été de l'avoir dans ma vie. Cette complicité... Même si un jour Amarante est entourée d'amis, rien ne peut remplacer ça. Tu le sais, toi qui as eu des frères.
- Bien sûr que je le sais, bien sûr mais...
- Mais ? je le relance comme il l'a fait avec moi.
- Mais tu ne plaisantes pas ? Je ne rêve pas ? Tu es sérieuse ?
- Plus de parole en l'air, je confirme.
- Pas besoin de négocier ?
- Pas besoin de négocier, je le rassure.

Je me perds dans la joie qui l'irradie et le transfigure. Je crois que je préfère ça plutôt que penser à l'engagement que je viens de prendre. Un deuxième enfant. Une deuxième vie. Qu'est-ce qui me prend ? A quoi je pense ?

- Amy ! appelle Peeta en se relevant souplement.
- Oui papa ?
- On rentre !
- C'est déjà tard ? demande ma fille avec déception. Le soleil il est pas allé se dormir papa, on reste encore !
- Tu ne veux pas aller chez Haymitch ? propose Peeta.
- Chez Haymitch ? je questionne, étonnée.
- Haymitch ? grimace Amarante. Il fait tout le temps dodo le jour, même quand c'est pas la sieste, il est pas marrant !
- Oui mais il y a Leevy, lui rétorque son père. Et tu sais que si tu es sage, elle te laisse jouer avec les oies.
- Les oies ? s'enchante ma fille. Oui je veux voir les oies !

Amarante adore s'approcher de cette volaille bruyante qui l'amuse beaucoup. Les animaux la fascinent et je pense que jamais je ne pourrais l'emmener chasser avec moi, me voir tuer du gibier lui ferait trop de peine. Elle passe de nombreuses heures dans l'exploitation de Dalton, en compagnie de Nee qui y travaille à présent à plein temps. Sae est morte l'année dernière et sa petite-fille s'est beaucoup attachée à la mienne.

- Marché conclu, annonce son père. Allez viens, on y va !
- Je peux courir pas trop loin du devant de vous ? lui demande Amarante.
- Pas loin, lui concède Peeta.

Il attrape ma main pour m'aider à me mettre debout et me sourit. Le soleil se reflète dans ses cheveux blonds, laissant dans l'ombre ses cicatrices. Et c'est comme s'il avait de nouveau seize ans.

- Pourquoi veux-tu l'envoyer chez Haymitch ? je demande, soupçonneuse.
- Pourquoi ? plaisante Peeta. Parce que je compte bien te faire un enfant, femme !
- Peeta !
- Quoi ? On ne va pas faire ça ici, en public ? Je sais me tenir quand même !

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21 Janvier 2482

Ils jouent dans le Pré tous les deux. La fillette brune aux yeux bleus gambade devant. Le garçon aux boucles blondes et aux yeux gris s'efforce de la suivre en trottinant sur ses jambes dodues. Il m'a fallu cinq, dix, quinze ans avant d'accepter. Mais Peeta en avait tellement envie. Quand je l'ai sentie remuer en moi pour la première fois, j'ai d'abord éprouvé une peur panique vieille comme le monde, que seul le bonheur de la tenir entre mes bras a su calmer. Le porter, lui, a été un peu plus facile, mais pas beaucoup.
Ils commencent à peine à poser des questions. Les arènes ont été rasées, on a érigé des monuments du souvenir, les Hunger Games n'existent plus. Mais on leur en parle à l'école, et la fillette sait que nous y avons joué un rôle. Le garçon l'apprendra dans quelques années. Comment leur parler de ce que nous avons connu sans les terroriser à mort ? Mes enfants, qui prennent pour argent comptant la chanson :

Sous le vieux saule, au fond de la prairie,
L'herbe tendre te fait comme un grand lit
Allonge-toi, ferme tes yeux fatigués,
Quand tu les rouvriras, le soleil sera levé
Il fait doux par ici, ne crains rien
Les pâquerettes éloignent les soucis
Tes jolis rêves s'accompliront demain
Dors, mon amour, oh, dors, mon tout-petit

Mes enfants, qui ne savent pas qu'ils jouent sur un cimetière.
Peeta dit que tout ira bien. Nous sommes ensemble. Et nous avons le livre. Nous saurons leur expliquer d'une manière qui les rendra plus courageux. Mais un jour, il faudra bien leur parler de mes cauchemars. D'où ils me viennent. Pourquoi ils ne s'effaceront jamais complètement.
Je leur apprendrai comment je survis. Je leur dirai que certains matins, je n'ose plus me réjouir de rien de peur qu'on me l'enlève. Et que ces jours-là, je dresse dans ma tête la liste de tous les actes de bonté auxquels j'ai pu assister. C'est comme un jeu. Répétitif. Un peu lassant, même, après plus de vingt ans.
Mais j'ai connu des jeux bien pires.

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- Amy, Flo, on y va, c'est l'heure ! hèle Peeta.

Nos enfants nous rejoignent en courant. Amarante manque de glisser et Florian[1] lui rentre dedans, la faisant tomber sur les genoux. Ma fille se met à gémir de frustration :

- Mes collants ! Flo, tu exagères ! Papa, est-ce que ça fait sale ?
- Non mon ange, tu es toujours très jolie, ne t'inquiète pas.

Amarante fait preuve d'une coquetterie et d'un souci de son apparence surprenant pour son âge et connaissant ses parents. Rien d'étonnant à ce qu'elle s'entende si bien avec Effie qui nous rend visite au moins une fois tous les deux ans. Elle se serait également entendue à merveille avec Cinna. Lui-même n'aurait jamais parié que je donnerai naissance à une enfant si coquette ! Heureusement, la mode du Capitole s'est considérablement assagie avec les années, et a perdu de son extravagance, bien qu'Effie reste un vivant spécimen de l'avant-Révolte. Les gens s'arrachent ses services d'organisatrice mondaine chevronnée.
Mon fils en revanche semble se moquer totalement des vêtements qu'il porte et vivrait nu si ça ne tenait qu'à lui. Il faut dire qu'à cinq ans, il a d'autres priorités.

- Où on va maman ? me demande-t-il.
- Sur la Grand-Place, il y aura tout le monde, et des gens que tu ne connais pas, tu verras.
- Des enfants ?
- Oui.
- Super !

L'opposé de sa soeur. Flo est un petit garçon extrêmement sociable, à l'image de son père. Il aime rencontrer du monde, parler, rire. Il tire sur ma main pour accélérer la cadence, pressé d'arriver.

- Hamiche ! crie-t-il alors qu'il aperçoit mon ancien Mentor venant manifestement à notre rencontre.

Celui-ci grimace en entendant son surnom. Florian sait parfaitement prononcer son nom à présent mais a conservé le sobriquet maladroit par lequel il a appris à l'appeler. Je trouve ça attendrissant mais Haymitch déteste. C'est pourquoi j'encourage mon fils à continuer. Il fonce dans les jambes d'Haymitch pour le bousculer et celui-ci ronchonne :

- On se calme bonhomme, je suis vieux, un peu de respect !
- T'es pas vieux Hamiche !
- Si je suis vieux, j'ai soixante et un ans gamin, c'est vieux ça ! Je suis fragile.
- Non, t'es pas fragile. C'est maman la fragile.

Mon sourire se fane mais Haymitch ne me laisse pas le temps de me fustiger.

- Oui et bien Katniss-La-Fragile va se bouger les fesses parce qu'elle est attendue ! Je n'ai plus la vie devant moi, allez zou !

Les années n'ont pas épargné Haymitch. Il accuse son âge, marche vouté, et ses cheveux sont gris depuis quelques années déjà. Par contre, il est toujours aussi aimable.

- Ca va hein, ne la jouez pas à la Effie ! je bougonne.
- Je t'en donnerai des Effie moi, ne prononce pas son nom, ça pourrait l'invoquer, et on n'a pas besoin de ça ! Fichue cérémonie !

Aujourd'hui, le pays fête les vingt et un ans de la Révolte. Ce jour est traditionnellement férié à travers tout Panem, donnant lieu à des festivités de choix orchestrées par l'éternel Plutarch Havensbee, et sa femme. Dans chaque district, un banquet est dressé sur la Grand-Place en cet honneur, et le Douze ne fait pas exception. Peeta y prend toujours part, étant donné qu'il fournit le pain et les desserts, mais je m'y rends très rarement. Cette année, j'ai fait l'effort. En partie pour mon fils, qui aime la compagnie, en partie parce qu'une famille native du Douze sera présente, les Hawthorne.
Leur venue est très officielle. Posy Hawthorne brigue le poste de Josef Regent, qui, à l'heure des troisièmes élections septennales[2], a décidé de prendre sa retraite. Quand Peeta m'a annoncée la nouvelle, je me suis sentie encore plus vieille qu'au dernier anniversaire d'Amy. La petite sœur de Gale faisant de la politique alors que la dernière fois que je l'ai vue, ce n'était qu'une gamine à peine plus âgée de Flo dont le seul souci dans la vie était la couleur de sa robe...
Je suis curieuse de voir ça. Et, il faut bien que je m'avoue que je suis également curieuse de voir de mes yeux la compagne de Gale et ses enfants, qui au dernier comptage sont au nombre de cinq. Ou probablement le voir lui, et lui montrer ma famille à moi, celle que je n'ai jamais voulu construire avec lui.
Katniss Everdeen, mère de famille de trente-huit ans mais seize ans d'âge mental... Consternant...

Nous arrivons sur la place, où sont disséminées des dizaines de tables pour que chacun puisse s'assoir librement. Une bouffé d'angoisse m'envahit. Il y a beaucoup de monde. Beaucoup. Le Douze est revenu à sa population d'avant-guerre. Je devrais m'en réjouir, mais c'est autant de regards qui se posent sur moi avec curiosité. Parfois, je me dis que j'aurais du faire l'effort de sortir plus souvent de chez moi avec les enfants pour que les gens s'habituent à l'image du Geai Moqueur mère de famille.

- Madame Everdeen, merci de nous honorer de votre présence ! m'accueille le Gouverneur Regent avec un grand sourire.

Je me retourne, faisant mine de chercher quelqu'un derrière moi, puis fait de nouveau face à Josef Regent en lui demandant :

- Je ne savais pas que ma mère était là aujourd'hui.
- Votre mère ? me questionne le Gouverneur, l'expression dubitative.
- Oui, qui auriez-vous appelé madame Everdeen sinon ? Pas moi j'espère ?

Le Gouverneur semble se demander si je fais de l'humour mondain ou si je suis vraiment vexée. A vrai dire, je ne le sais pas moi-même. Toujours aussi mal à l'aise en société, mes déclarations font sourire à défaut d'autre chose. Mais comme c'est ce qui m'avait fait gagner des sponsors avant les premiers Jeux, c'est une ligne de conduite que j'ai conservé depuis, et qui, il faut bien le dire, ne me demande pas beaucoup d'effort.

- Mademoiselle Everdeen, mes excuses, se rattrape Regent poliment.
- Il n'y a pas de mal. Oh, et pas d'honneur non plus. Je suis juste venue pour les enfants.
- Bien sûr. Bonjour Amarante. Bonjour Florian.

Le Gouverneur se met à hauteur de mes enfants pour les saluer. Les rumeurs qui parviennent jusqu'à moi, et transitent donc par Haymitch, font courir le bruit que si Josef n'a pas de famille, c'est qu'il n'aime pas assez la gente féminine pour ça. On murmure même depuis quelques temps que le Shérif non plus, et qu'ils s'entendent décidément très bien tous les deux, formant une "fine équipe". Peu sensible aux potins, ceux-là m'ont pourtant fait sourire.
Quoiqu'il en soit, le Gouverneur aime beaucoup les enfants, avec qui il a le contact facile. Sauf avec ma fille qui se tient près de son père dont elle refuse pour le moment de lâcher la main. Poussée par son père qui tient à ce qu'elle se montre polie, elle finit par murmurer :

- Bonjour Monsieur...
- Bonjour Josef ! s'exclame joyeusement Florian avant de partir en courant rejoindre n'importe quel enfant qui voudra bien jouer avec lui.

Je tends le cou pour essayer de suivre se course folle, inquiète, et Peeta me rassure d'une pression de la main. Tout le monde adore notre petit garçon, il ne craint rien, me répète-t-il constamment. Ce à quoi je réponds le plus souvent que tout le monde adorait Prim aussi, et qu'on sait tous comment ça a fini. Aujourd'hui cependant, je le laisse s'amuser, ou je risque d'atteindre un niveau d'inquiétude alarmant qui provoquera forcément une dispute, ce dont je n'ai aucune envie. Pas aujourd'hui, pas en public.

Florian m'angoisse déjà bien assez en me réclamant à grand cris d'aller rentre visite à sa grand-mère, Tante Annie et Arion dans le Quatre. Voir la mer.
Le lac où je l'emmène dès qu'il fait assez beau n'est pas assez grand pour son énergie débordante. Et Arion lui fait miroiter monts et merveilles sur son district. Je ne peux même pas lui en vouloir, il en est le meilleur ambassadeur possible. Mais cela voudrait dire que je devrais l'accompagner, et je ne suis pas à l'aise devant les Odair. Arion est devenu un jeune homme de vingt ans beaucoup plus renfermé qu'il y a dix ans. Il a appris tout ce qu'il y avait à savoir sur le passé de ses parents et cela l'a beaucoup marqué. J'ai peur que mes enfants souffrent du même isolement le temps venu, et je n'ai pas envie de leur donner l'exemple d'Arion. J'espère qu'il y a au moins une autre façon d'accepter son histoire familiale que de passer ses journées en mer et ses soirées à consoler sa mère qui voit en lui le père qu'il n'a jamais eu et n'aura jamais, souvent incapable de discerner le passé du présent. Les seuls voyages qu'il s'autorise ont pour destination le Douze, quand il accompagne parfois ma mère qui nous rend visite une fois par an.

- Regarde Amy, Cyrille est là-bas. Tu ne veux pas aller le voir ? propose Peeta à notre fille.

Amarante, dévorée par sa timidité, secoue la tête. A moins que ce soit par ennui.

- Cyrille est casse-pied, il veut toujours me parler pendant des heures ! déclare-t-elle, un peu grandiloquente.

Peeta rit et lui pince la joue. J'aime les voir si complices.

- Je vais aller nous chercher à manger au buffet. Toi Amy je sais ce que tu manges, Miss poulet frit ! Mais qu'est-ce que tu veux Katniss ? propose Peeta.
- Tu sais ce que j'aime, je réponds, indifférente.
- Oui, moi, rétorque-t-il avec humour.
- Papa, maman, c'est dégoutant ! déclare Amarante en grimaçant.

Ma fille est aussi pudique que moi avec les sentiments et déteste voir son père minauder avec moi, surtout en public. Je ne peux pas vraiment l'en blâmer. Je passe une main dans ses cheveux.

- Allez, allons-nous assoir. Regarde, Leevy nous appelle.

En effet, assise à une table plutôt à l'écart, et surtout seule, mon amie nous fait un signe discret de la main. Amarante la rejoint en courant. Elle est plus à l'aise avec les adultes que les gens de son âge.
Je m'assois à leurs côtés en soupirant et Leevy compatit :

- Aussi enjouée qu'Haymitch.
- Ce qui n'est pas peu dire... je renchéris.
- Il faut dire qu'il y a du monde cette année.
- Oh je t'en prie, ne me dit pas que c'est pour moi qu'ils sont venus...
- Non Katniss, tu n'es pas le centre de l'univers aujourd'hui, me lance-t-elle avec malice.

Leevy est discrète, douce, serviable, mais sait remettre les gens à leur place avec une redoutable efficacité. Je dois dire que j'encaisse difficilement, tout en admettant qu'elle a raison. Ma paranoïa renvoie souvent une image d'égoïsme que j'ai du mal à assumer, et Leevy, tout en étant mon amie, ne partage pas cette indulgence que tout le monde croit me devoir. Et je l'en remercie.

- Bon, de quoi ça discute par ici ? s'enquiert Haymitch en nous rejoignant, une bière à la main. Ah non, en fait je m'en moque !

Il se laisse lourdement tomber sur une chaise qui grince – il a pris du poids ces dernières années – et boit la moitié de sa bouteille d'un trait. Leevy fait la moue mais ne dit rien. Le regard qu'elle lui lance vaut tous les mots.
Je dois dire que jamais je n'aurais imaginé que leur histoire, aussi sérieuse semblait-elle être, puisse durer si longtemps. Ni que Leevy prendrait cette ascendance sur mon ancien mentor. Il ne vieillit pas très bien, c'est certain, mais cela aurait été bien pire s'il n'avait pas légèrement ralentit sa consommation d'alcool. Ce qu'il doit uniquement à l'influence douce de Leevy. Et je n'en reviens toujours pas, dix ans plus tard. Quel est le ciment de leur couple, qu'est-ce qui les fait tenir ? Qu'est-ce qui fait rester Leevy auprès d'un homme vieillissant et acariâtre ?
Leevy se montre pudique et discrète à ce sujet, tout comme Haymitch. Jamais ils n'ont officialisé leur liaison, jamais ils ne s'affichent. Par exemple, aujourd'hui, s'ils sont à la même table, ils ne s'assoient pas côte à côte. Quand ils sortent, même pour se rendre au même endroit, ce n'est jamais en même temps. Pas une fois je ne les ai vus avoir un geste équivoque en public. Je les ai déjà surpris chez eux, par hasard, mais personne n'a cherché à en parler. Et Peeta et moi avons plusieurs fois prêté notre seconde maison à Leevy lors d'une dispute. Mais ce sont les seules preuves que j'ai eu de leur couple.
Et ni l'un ni l'autre ne semble mal le vivre. Ni de se soucier que tout le district se doute de leur liaison. Il faut dire que si Leevy avait eu un compagnon, les choses auraient été différentes. Et ce n'est pas faute d'avoir été courtisée, les hommes s'accordant à la trouver très jolie. Mais elle a toujours repoussé chaque soupirant, sans explication, passant ses journées de liberté dans la maison qu'elle partage avec Haymitch. Alors que le salaire que lui verse Peeta pourrait largement lui permettre de vivre seule dans un district reconstruit où chacun peut à présent se loger correctement. Les habitants ont eu tôt fait d'additionner deux et deux. Mais comme pour Peeta et moi à notre retour au Douze, personne ne les brusque, ou ne les force. C'est ce que j'aime dans mon district. Le respect de la vie privée.

- Maman, qui c'est la jolie fille là-bas ? me demande soudain Amarante.

Je suis du regard son doigt tendu pour découvrir un effet une superbe jeune fille brune plutôt jeune se diriger vers nous. Elle lève les yeux vers moi et je la reconnais immédiatement.

- Posy...

Je reste muette de stupeur devant la transformation de l'enfant de six ans[3] que j'ai vu pour la dernière fois il y a vingt ans, en une jeune femme radieuse débordant d'assurance. Pas besoin de réfléchir à son âge, je le connais. Un peu moins de vingt-sept ans, elle est née juste après la mort de mon père, et du sien. C'est un subtil mélange entre Hazelle et Gale. Beaucoup d'hommes la regardent passer, mais je doute qu'un seul puisse passer la barrière de son frère Rory qui se tient près d'elle comme un garde du corps. Sanglé dans son uniforme des Gardiens dont il a rejoint les rangs, il veille sur la sécurité de sa soeur avec un sérieux qui semble exaspérer Posy.
Celle-ci nous rejoint et me prend dans ses bras :

- Katniss !

Je referme mes bras autour d'elle, toujours aussi surprise et balbutie :

- Posy tu es... tu es devenue magnifique.
- Oh tu trouves ? me répond-elle en s'éloignant et en rougissant légèrement.
- Tout le monde le pense... renchérit Rory d'une voix trainante paternaliste.

Sa soeur se tourne vers lui en posant ses mains sur ses hanches :

- Oh Rory, tu es là ? Quelle surprise ! Katniss, comme tu le vois, Rory n'a pas changé. Toujours aussi formel !
- Posy ! se vexe-t-il avant de se tourner vers moi et de me faire un salut très militaire. Katniss, heureux de te revoir.
- Moi aussi Rory, je réponds.

Celui-ci reste à sa place, juste derrière Posy qui lève les yeux au ciel.

- Bon Rory, tu n'as personne à voir, d'anciens amis ? suggère-t-elle.
- Je préfère rester ici.
- Tu préfères me surveiller oui ! Dégage ! se fâche-t-elle.
- Mais...
- Je te préviens Rory, si tu continues ton petit numéro, ça va mal aller pour ton matricule ! Je suis une adulte, je sais m'occuper de moi, je suis en campagne bon sang ! Alors va voir ailleurs si j'y suis !

Son frère renifle de mépris mais s'en va en trainant des jambes.

- Quelle autorité ! plaisante Peeta qui vient de nous rejoindre et n'a rien perdu de la scène.
- Peeta ! s'exclame Posy. Il le faut bien, si j'arrive à mes fins, il faut que je sache me faire entendre ! Comme la Gouverneur Mason, ou la Présidente Paylor.
- Elles ont chacune des qualités qui peuvent servir de modèle, en effet, concède Peeta.

Il est vrai que l'opiniâtreté de Johanna peut être élevée au rang de qualité quand on sait que cela lui a permis de devenir enfin Gouverneur du Sept. Quant à Paylor, aucune de ses décisions ces dernières années n'a a été sujettes à critique, et le respect qu'elle inspire à ses citoyens lui permet de repasser chaque élection avec un succès insultant pour ses adversaires.

Florian apparait soudainement de nulle part pour piquer un morceau de poulet dans une des assiettes qu'a apporté son père. Je n'ai jamais vu un enfant dévorer autant !

- Posy, explique Peeta avec fierté, le petit monstre que tu viens de voir passer est Flo, notre fils à Katniss et moi. Et la jeune demoiselle assise ici est Amarante, notre fille.

Celle-ci regarde la petite soeur de Gale avec une admiration non dissimulée et Posy se met à lui parler. Je ne sais pas de quoi elles discutent, mais Amy boit ses paroles et se coupe du monde. Posy sait écouter les gens, comme sa mère. Et si elle sait obtenir la confiance de ma fille, alors, elle saura remplacer Regent, je n'en doute pas.

Je me mets à picorer un épi de maïs sans grand enthousiasme quand le reste du clan Hawthorne apparaît.
Ce n'est pas Gale que je vois en premier, mais son fils ainé. Wil a treize ans, et est le portait craché de son père, avec les cheveux plus clairs. Il est suivi par trois de ses sœurs, âgées respectivement de neuf, sept et quatre ans. Jayne, Elanor et Katrine[4]. Hazelle surveille cette troupe et tout comme sa benjamine, me prend dans ses bras et m'adresse quelques mots affectueux. Elle a beaucoup vieilli, mais garde une force étonnante pour son âge.
Puis arrive enfin Gale, et c'est comme si les années n'avaient eu aucune prise sur lui. La nature est injuste. Il est accompagné de sa femme, que je rencontre pour la première fois, qui tient dans ses bras leur dernier né, Frederik, presque deux ans.
Izzy me sourit mais s'approche lentement de moi, comme si elle ne savait pas quel comportement adopter. Gale s'est toujours livré entièrement à la personne qu'il aime, il a dû lui confier que je n'étais pas qu'une proche cousine avec qui il aimait chasser, quel rôle j'ai réellement joué, quelle importance j'ai eu. Du moins à en juger par sa prudence, inutile quand une amitié est sensée être morte depuis vingt ans. Il y a le spectre de la jalousie qui danse derrière ses prunelles bleues. Malgré son physique qui respire la douceur, je la soupçonne d'avoir un sacré caractère. Il faut au moins ça, pour vivre avec Gale.
Finalement, elle doit penser que je ne représente pas de menace puisqu'elle me tend la main.

- Izzy Hawthorne, enchantée, se présente-elle, visiblement fière de son nom de famille.

Cette espèce de vanité ne me plait pas. C'est plus fort que moi, je n'aime pas beaucoup la femme de Gale. Mais je n'ai pas envie de faire la part entre la réalité et mes regrets.

- Katniss Everdeen, je réponds en lui serrant mollement la main.

Elle s'assoit face à moi et Gale se place à ses côtés.

- Hey, je le salue maladroitement.
- Salut Katniss.

Que se dire d'autre ? Ces dernières années, nos échanges se sont résumés aux protocolaires voeux de bonne années et faire-part de naissance de sa part, et aux réclamations à la limite du caprice que je lui adressais pour augmenter la surveillance autour du Village et de ma famille.
Sur ce bonjour plutôt guindé, Peeta intervient pour présenter nos enfants. Amarante le salue timidement mais l'observe avec curiosité.
Elle sait qui il est.
Tout le monde connait le respecté Délégué de la Sécurité de Panem, figure de proue de la Révolte, modèle pour tous les petites garçons du district Douze dont il est originaire.
Mais Amarante sait aussi que sa mère, dont il a été notoirement l'ami, ne parle jamais de lui.
Etant dotée d'une sensibilité assez singulière, elle ressent le malaise qui s'installe. D'autant plus quand Gale s'immobilise quelques secondes en la regardant.
Je sais ce qu'il voit.
Je sais qui il voit.
Amy ressemble à Prim, en brune, dans sa jolie robe. Ce qui est aussi réconfortant que déprimant, selon les jours.
Elle finit par hausser les épaules devant l'intérêt insistant qu'il lui porte et lui tourne le dos pour mieux continuer sa conversation avec Posy. Ma fille est timide, peut-être, mais ne s'embarrasse pas de manières pour faire comprendre quand quelque chose l'ennuie. Ce qui amuse beaucoup Gale.
Flo, lui, accorde juste ce qu'il faut d'importance à cet inconnu pour mieux aller à la rencontre de ses enfants qu'il veut entraîner dans ses jeux improbables où il est question de chaise, d'assiette, et de parcours d'obstacle. Et les trois fillettes le suivent, captivées. Si ma fille a hérité de mon mépris du monde, mon fils, lui, a toute l'imagination débordante mais surtout le charisme de son père.

- Et bien sûr tu te souviens d'Haymitch, conclut Peeta, me sortant de mon hébétude.

Visiblement, il a fait un tour de table que je n'ai pas suivi.

- Comment l'oublier ? répond Gale. Haymitch, ravi de vous revoir.
- Pareil, pareil, marmonne Haymitch. Dis-donc, tu t'es multiplié en vingt ans !
- Vous n'avez pas idée, intervient Izzie en posant au sol Frederik qui veut rejoindre ses sœurs.

Se faisant, elle dévoile son ventre tendu par un début de grossesse.
J'écarquille des yeux. Je savais que Gale voulait fonder une famille, mais nom d'un chien, six enfants ? Il est devenu fou ?![5]
Haymitch doit partager mon sentiment car il s'écrit :

- Dieu du ciel, mais c'est une maladie ? J'espère que ce n'est pas contagieux ! Hey tu sais quoi Gale, tu te souviens de Dalton ? Je vais l'appeler, il est éleveur de bétail et ce genre de trucs, je crois qu'il a des problèmes de reproduction en ce moment, je suis sûr que tu as la solution pour l'aider !

Izzie rougit de contrariété mais Gale éclate de rire, tout simplement heureux. Heureux qu'on puisse lui faire cette réflexion, parce que ça veut dire que c'est sa réalité. Il a une femme, bientôt six enfants, la famille dont il rêvait, celle pour laquelle il s'est battu, et a fait des choix discutables. Ce projet qu'il estimait possible si le monde était différent, ce projet que je rejetais, à mille lieux d'imaginer ce futur dans lequel nous sommes plongés à présent. Il y a assez de joie dans sa vie pour supporter les cauchemars de ce qu'il a fait, ou pas, il y a vingt ans.
Je tourne le visage pour fuir ce tableau et mes yeux se posent sur Peeta. Il rit lui aussi, mais pas pour la même chose. Il rit en regardant son fils slalomer entre les chaises, trois petites filles sur ses talons. Puis il sourit en regardant sa fille qui murmure un secret à l'oreille de Posy. Et enfin il me regarde, et c'est comme s'il n'y avait plus que moi, sur cette place, moi et ses yeux bleus qui me transpercent.
Et je réalise à quel point il est ridicule de ma part d'espérer rendre Gale jaloux devant la fragile vie de famille que j'ai construit. D'abord parce qu'il aura toujours le dessus, c'est injuste, mais c'est ainsi, et je l'ai toujours su. Mais aussi et surtout parce que ce n'est pas un concours, une compétition, et encore moins un Jeu. On a chacun trouvé notre façon d'être heureux, des chemins différents, qui se croiseront parfois mais sans jamais se rejoindre.
Et la vie continue.

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Et voilà, c'est vraiment la fin !

Avant tout, petit lexique :
[1] : Florian est un prénom assez classique qui veut tout simplement dire « fleur ». J'ai trouvé le choix judicieux. (cela dit, mon mari et moi avons bien ri en imaginant le gamin avec un nom du style tzatziki ou houmous, à cause de Peeta et du pain pita... bref, pardon). Ah et au passage, les fautes dans les dialogues de Amy quand elle est petite sont voulus.

EDIT: Je viens d'apprendre qu'en fait, avait lâché les prénoms officiels des enfants Everdeen/Mellark dans une interview! Et j'étais pas au courant, oh bordel! Je corrigerai ça à la réécriture!

[2] : J'ai choisi de placer les élections des Gouverneurs et autres politiques de Panem tous les 7 ans, même si je n'en ai pas parlé dans les chapitres précédents.

[3] : Je me suis rendue compte que je m'étais plantée dans mes calculs quand j'ai attribué un âge aux frères et soeurs de Gale dans le chapitre 21. Ce sera corrigé dans ces chapitres, mais je rétablie le bon âge ici.

[4] : Ce sont des prénoms très librement inspirées de ceux d'héroïnes de Jane Austen. Ma bêta me dit que Katrine lui fait penser à Katniss, c'est vrai, je n'y avais pas songé. Du coup, j'aime à penser que Gale n'a pas choisi ce prénom par hasard !

[5] : Je ne sais plus dans quelle fanfic j'ai lu récemment que l'auteur voyait bien Gale avec toute une meute autour de lui. Si tu me lis, fais-toi connaître, car j'ai adopté l'idée.

Sinon, reprenons les choses chronologiquement. La scène où Katniss avoue bien vouloir d'un second enfant. Comme le rappelle l'épilogue que j'ai repris, elle dit qu'il lui a fallu 5, 10, 15 ans pour accepter. Est-ce que ça signifie qu'elle a accepté les demandes de Peeta, ou accepté ses propres envies à elle ? Je ne crois pas, comme je l'explique, que Peeta, après avoir obtenu gain de cause pour Amarante, ait pris le risque de la poursuivre avec son envie d'un second enfant. En tout cas pas de front. De toute façon qu'aurait-il pu dire de plus qu'il n'a déjà dit des années plus tôt ? C'est pour ça que le petit frère arrive parce que les deux parents l'ont voulu. J'ai adoré écrire cette scène, et rendre Peeta heureux.
Pour le passage qui suit l'épilogue officiel, j'avais besoin de jeter les bases de la future génération de Panem. Je voulais aussi donner – succinctement- des nouvelles des personnages que l'on connait, dans la mesure du possible. Il n'était pas prévu que Gale prenne une telle importance, mais j'ai presque écrit tout ça malgré moi. J'ai toujours dit, et le soutiens encore, que jamais Katniss ne verrait Gale à nouveau comme un ami, c'est pour moi impossible. Mais il fera toujours parti de sa vie, d'une façon ou d'une autre, trop de choses les relient. Finir cette histoire avec Katniss, Peeta et lui m'a semblé cohérent.

Je ne mets pas le statut Complete à cette fiction car je vais m'atteler à sa relecture et sa réécriture ces prochains jours, et dieu sait que les premiers chapitres en ont grand besoin ! Et il y aura quelques modifications.
Avec du recul, il manque pas mal de choses. De la profondeur sur certains passages, plus de légèreté quand le récit devient trop lourd, ce dont j'ai conscience. Je me suis parfois trop appesantie sur la psychologie de Katniss, il faut que j'alterne avec un peu plus de… quotidien ? Et même si cette fiction est racontée par Katniss, ça manque cruellement de Peeta à qui je compte bien rendre
la place qu'il mérite. Sans compter les incohérences qui sont apparues au fil des mois d'écriture, les problèmes de dates, de mise en page, de répétition … Ça ne changera pas le sens de l'histoire ni son déroulement, mais certains passages seront raccourcis, d'autres rajoutés. Bref, il y a du boulot !
Et quand tout ceci sera fait, je rajouterai un chapitre qui sera une annexe. Vous y trouverez toute la trame temporelle des livres et de la fiction, les dates importantes, les anniversaires, bref, tout ce qui m'a permis de me repérer pour écrire une histoire qui se passe sur plus de vingt ans.
Et donc si vous trouvez qu'il manque des choses, si vous pensez que certaines choses seraient meilleures autrement, alors
dites-le moi, car vous êtes une grande source d'inspiration.

Je conclurai tout ceci en vous adressant un gigantesque MERCI. Merci de m'avoir lue, tout ce temps, d'avoir aimé, critiqué, échangé avec moi en mp, félicité, réconforté... Je retrouve à chaque chapitre des statistiques qui m'indiquent que vous me lisez depuis les 4 coins du monde, Chine, Islande, USA, Australie, waw ! Et grâce à vos nombreuses reviews, cette histoire fait partie du top dans le classement des fanfics HG françaises. 13eme la plus reviewée, et 8eme la plus favorite et follow ! Vous savez depuis le temps que je suis très sensible à ça, alors merci beaucoup.
Le dernier mot sera pour une personne qui se farcit depuis 2 ans mes incohérences, mes fautes, mes doutes, mes mauvaises idées... pour transformer tout ça en chouette chapitre : mon amie depuis plus de 25 ans, ma bêta de compèt, j'ai nommé...
Shiriliz (qui va avoir autant de pain sur la planche que moi avec la revue de la fiction). Merci ma poulette !

Alice.