Bonsoir !
Un petit mot pour ceux qui me connaissent déjà et ont déjà lu mes fictions. Hunger Games, je l'ai découvert avec le film, et j'ai ensuite dévoré les bouquins, ma fanitude frise d'ailleurs la pathologie. J'espère que si vous connaissez, vous me suivrez dans ce projet.
Pour ceux qui ne me connaissent pas, bienvenue et merci d'avoir cliqué !
Et pour tout le monde, j'espère que cette fiction va vous plaire. Le but, c'est d'écrire ce qu'il s'est passé entre le retour de Katniss au 12 et l'épilogue du bouquin. Vaste projet…
La plupart du temps, ce ne sera pas rose et pas joyeux à lire. J'ai essayé d'analyser Katniss telle que je la vois, imaginer tout le parcours qui la mène jusqu'à sa petite vie de famille fragile, les autres drames qui la toucheront, les épreuves qu'elle traversa, encore, pour se reconstruire. Ce qui fera d'elle une femme.
Edit: A l'heure actuelle, je pense que la fanfic comptera 25 chapitres.

Cette fiction, elle prend son départ, et doit son titre, au passage du troisième tome qui m'a le plus bouleversé, et me bouleverse encore au point de me faire pleurer dès que je le relis. Voici ce passage :
"Il doit deviner que l'impensable s'est produit et que survivre va nécessiter des mesures inimaginables jusque-là. Parce que quelques heures plus tard, quand je me réveille dans mon lit, je le vois dans le clair de lune. Assis à côté de moi, ses yeux jaunes en alerte, qui me protègent contre les dangers de la nuit."

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Mentalement perturbée


Période couverte: 18 mars 2461


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Si je me lève, ce matin-là, ce n'est pas sans but. Ce n'est pas pour regarder encore les heures défiler, le soleil tracer sa course immuable pendant que je reste prostrée dans mon coin, à pleurer sur ma vie à peine commencée et déjà détruite. Il faut que je fasse quelque chose, que je m'occupe. Le monde ne s'est pas arrêté de tourner avec moi.
Il continue sans moi.
Il continuera sans moi.
Je n'ai plus aucune importance pour lui.

Cette pensée me déprime.
J'ai joué mon rôle. Contre mon gré, pas pour les bonnes raisons, mais jusqu'au bout. Jusqu'à tuer la réalisatrice de ce cauchemar. Je n'ai plus rien à offrir au peuple de Panem. Je ne suis plus que le pauvre geai moqueur qui s'est brûlé les ailes, a sombré dans la folie, et que l'on va oublier.

Ils sont beaux, les rebelles des districts si remontés contre les habitants du Capitole, qui les singeaient, les détestaient pour leur manque de cœur, pour leur cruauté, leur stupidité ! Ces mêmes rebelles qui m'ignorent et me laisse moisir dans mon coin de district mort !

J'ai bien du courrier qui s'entasse, mais le contenu m'indiffère. J'en ai lu quelques-unes, qui ne sont que des remerciements creux de personnes voulant soulager leurs consciences, qui aiment à dire qu'en m'adressant un petit mot ils participent à l'effort de guerre, à la reconstruction de notre beau pays.
Des mots, toujours des mots, pas des actes. Personne ne se déplace. Mais je peux le comprendre. Qui voudrait s'enterrer avec moi au Douze ? Reconstruire sa vie sur des cendres ?

Enfin… je me lève.
Je me lève parce qu'aujourd'hui, la vie de quelqu'un dépend de nouveau de moi. Certes, la vie d'un animal, mais c'est mieux que rien. Qui aurait pensé que Buttercup me rattacherai à la vie ? Sae s'occupe de moi, mais qui s'occupe du chat ? Je dois veiller sur celui qui s'est tant occupé de ma sœur.

Ça peut paraître ridicule. Ça l'est même sûrement. Mais j'ai eu toujours besoin de prendre soin de quelqu'un pour tenir debout depuis la mort de mon Père.
Au début ma mère, et surtout ma sœur. Mon innocente petite sœur, si douce, si fragile mais si forte.
Séparée d'elle par les Jeux, c'est Peeta qui a hérité de mon encombrante surveillance. Puis, à mon retour au district Douze, auréolée de victoire, j'ai encore voulu protéger de toutes mes forces ma famille et celle de Gale, et enfin mon amant maudit de nouveau. Un cercle sans fin...

Je dois porter malheur.
Peeta a été conditionné à me haïr, Gale est sorti de ma vie, ma petite sœur est morte brulée par la vengeance d'un peuple et ma mère ne veut plus me voir. La quasi-totalité de mon district est mort carbonisé alors que je voulais les préserver.
Katniss, la fille du feu…
Cinna savait-il à quel point il était visionnaire ?

Et puis il y a moi, moi qui je suis devenue folle.
J'ai toujours mon bracelet médical qui me nargue, posé sur la commode de ma chambre qui me renvoie que je suis "mentalement perturbée".
Mais ce n'est pas ma faute, n'est-ce pas ?

Panem m'a forcé à me porter volontaire pour protéger ma sœur. Pour honorer ma promesse, celle de gagner, de revenir vers elle, j'ai dû tuer des adolescents de mon âge, voir mourir des enfants comme Rue, rentrer dans le système implacable du Capitole et m'y faire briser.
Et Prim est quand même morte.

J'ai un goût amer dans la bouche. Celui de m'être battue pour rien. D'aucun dirait que j'ai été le geai moqueur, j'ai entrainé les révoltes qui ont libéré les districts du joug implacable du Capitole, que j'ai changé notre monde. Mais je me fiche de ce monde s'il n'y a pas ma sœur.

Panem nous a rendu inhumains, tous autant que nous sommes. Nous obligeant à regarder des enfants se faire tuer en direct, nous étions écœurés mais irrésistiblement attirés par les images.
Nous obligeant à regarder ses amis se faire tirer au sort, être triste d'être heureux, tellement heureux d'avoir encore une année devant soi, tellement triste de savoir qu'ils allaient mourir, qu'on ne pouvait rien faire pour les aider. Nous obligeant à les regarder partir, sachant qu'ils ne reviendraient pas et penser au maigre repas de fête que nous ferions le soir même alors que deux maisons auraient fermé leurs volets sur leurs chagrins.

Panem a forcé les champions des jeux à revoir leurs meurtres tous les ans et à en sourire, à envoyer à la mort les gamins de leur district, essayant de les sauver en vain en tant que mentor, négociant une miche de pain ou une bouteille d'eau à un prix scandaleusement exorbitant quand le peuple crie famine. Ces mentors qui ont dû expliquer aux tributs à quel point les jeux sont encore plus horribles que dans leurs pires cauchemars. Sans pouvoir leur dire qu'ils perdront quand même tout si ils gagnent.

Notre belle nation a forcé des parents à choisir entre voir sa famille mourir de faim ou donner une chance de plus à leurs enfants d'être tiré au sort pour aller amuser le Capitole. Leur expliquer que, paradoxalement, manger plus leur fera risquer encore plus leurs vies. Comme si les enfants eux-mêmes écrivaient leurs noms sur un bulletin de papier glacé, une inscription de plus, contre de maigres Tesserae.
Des enfants… Adulte un jour par an à partir de douze ans, le jour où la mort est plus proche que jamais… Obligés de considérer leurs camarades comme des ennemis mortels.

Nous sommes tous fous en fait. Mais moi plus que les autres.

La folie me rend égoïste.
J'ai souvent pensé à me suicider. Tout serait tellement plus simple. Adieu remords, regrets, douleurs... Mais il faut croire que je n'en ai pas le courage. Que j'ai toujours cherché une raison de ne pas sombrer totalement. Ça aurait pu arriver. Je n'avais plus personne.
Et Buttercup est arrivé.
Je ne peux le confier à personne. Dans un nouveau monde où l'on apprend à pouvoir enfin penser à soi, on ne s'encombre pas d'un animal, et puis, il est tellement moche ce chat !

On pourrait m'opposer que j'ai Peeta.
En effet, mais vu ce que je lui ai apporté, je ne crois pas que mon existence lui soit bénéfique.
Haymitch ? Il se noie dans l'alcool et je lui en veux toujours. Enfin, c'est tellement compliqué… Il m'a sauvé, mais s'est servi de moi, il a été un des piliers de mes années de Jeux et de révolte, et pourtant, je ne sais rien de lui. Ce que je sais, je l'ai su par hasard, parce que je ne m'intéresse pas aux autres.

Je suis une égoïste. Je suis folle.
Mais Buttercup veille sur moi.

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Et voilà, le prologue est fini.
Ce prologue, c'était juste histoire de vous mettre dans le bain, dans le maelström mental de Katniss, dans l'horreur de son quotidien.
J'espère que ça vous a plu et vous a donné envie de lire la suite. Les prochains chapitres sont relativement courts mais s'allongent avec le temps. A titre d'exemple, ce prologue fait 1450 mots contre 7700 pour le chapitre 12.
Je vous promets que la suite vaut le coup, j'ai mis beaucoup de moi dans cette histoire, beaucoup de temps et de recherches pour coller au mieux à l'univers, être le plus fidèle à l'histoire.
J'espère vous retrouver au fil des chapitres, et merci d'avoir lu jusque-là.