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Disclaimer : Avec la collection été 2012, les GBoys ne sont plus de saison. C'est out ! Donc ben comme je suis une fille super conciliante, je vous en débarrasse pour l'euro symbolique en les prenant chez moi ! Allez la Sunrise, Bandaï & Co, j'attends … ^^

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Note : Surprise ! Me revoilà ! … Pas de panique ! Cette fois, j'ai relégué le sadisme à la cave (ferais pas ça tous les jours non plus !). Bien obligée puisque cette fic est spécialement dédiée et écrite pour combler ma fidèle revieweuse Blues-Moon. Ne désespère plus d'avoir les deux choses qui ont fait défaut à ma précédente fic à rallonge. … Donc ben ici, point de retournement spectaculaire ! Ne vous attendez pas à du suspens, c'est dit. … Petite histoire toute tranquille. Sortez la pipe, le tricot et les charentaises ! ^^

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«La roue de la fortune»

(Prélude)

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Quatre minuscules jours pour perfectionner son entraînement. Quatre vingt seize heures à piaffer d'impatience avant d'entrer dans la course. Avant de se donner à fonds pour être le meilleur. Pour Heero, le compte à rebours était un véritable calvaire. Il aurait aimé se lancer déjà dans la compétition. Il se sentait fin prêt pour conquérir, enfin, le maillot jaune du Tour de Sank 2012. Une année entière consacrée à grimper, sprinter, lutter contre la montre sur ces routes de montagne. Idéal pour intensifier l'effort et donc gonfler l'endurance et parfaire le physique. Un rituel exemplaire proprement rodé sur ces sinueuses et désertiques pistes, en cette heure matinale, avec sa petite reine baptisée « Wing ». En juillet, à 7h00 : point de foule ni de véhicules. Un pur et inqualifiable plaisir pour le cycliste professionnel qu'il était. Sans entrave ni condition, il pouvait déployer ses ailes. Accélérer l'allure jusqu'à ressentir pratiquement son vélo décoller sous cette grisante vélocité. Ses gènes réclamaient cette effervescence. Pour cette raison, il avait délaissé sans regret l'amateurisme. En effet, il avait une sainte aversion pour la course en dilettante et être reconnu chez les professionnels induisait des équipements performants permettant une telle ivresse. A présent, il avait toutes les cartes en main pour la réalisation de son rêve : montrer sa perfection au monde en battant son adversaire de toujours Milliardo Peacecraft. Renommé « l'époustouflant Zech Merquise » par les médias planétaires. Allez comprendre pourquoi !

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Le vent sifflait à ses oreilles. Cette mélodie, synonyme de vitesse, électrisait la moindre de ses cellules. Voilà la parfaite et réelle jouissance à laquelle il était accroc. La contemplation du sublime paysage estival ? Pas le temps d'en profiter ! Il étudierait la question à sa retraite ! Lorsqu'il aura raflé tous les titres et maillots des diverses courses du monde. Pour le moment, couché sur le cadre de son vélo, il dévalait sans peur. Dans ses tripes, l'excitation de la future victoire le boostait pour délivrer le meilleur de lui-même. Les virages serrés et autres têtes d'épingle n'entamaient nullement sa conviction de toute puissance. Il était le maître. La perfection incarnée. Son entraineur, un vieux coureur du nom de J, l'encourageait à penser ainsi. Être le meilleur, « The Perfect », assurait à coups sûrs la gloire. Pour Heero, la gloire médiatique importait guère. Ce n'était pas son « saint graal ». L'adrénaline et se livrer sans réserve à son sport étaient les deux points qui l'animaient. Oui et en bonus : battre, accessoirement, son rival pour lui rabattre son caquet de prétentieux.

Subitement, sentant une sensible et minime déportation vers la gauche, il lorgna sa roue avant. Son œil de lynx repéra immédiatement un décentrage. Pourtant le disque ne semblait pas jouer sur les étriers. L'analyse aurait pu être poussée plus avant s'il n'était pas en pleine descente. « Rien d'alarmant » conclut-il alors à défaut. Non rien d'inquiétant, mais suffisamment indisposant pour le perfectionniste qu'il est néanmoins. Mentalement il s'admonesta. Dans la précipitation de l'envie de filer sur le macadam, il avait omis les vérifications élémentaires. La priorité basique de tout bon coureur, même amateur. Et ça ne lui ressemblait nullement. Comment avait-il pu négliger ce point crucial, fondamental ? Le stress de la course prochaine ? Non. Il se contrôlait parfaitement. L'excitation du défi était bien plus probable à la rigueur. Incriminer son équipe ? Certes il pourrait, or ce n'était pas son style. Il était l'unique responsable. D'ailleurs n'était-il point sorti aux aurores sans prévenir personne ? Aucun membre du staff ne savait qu'il était parti pédaler. Seconde erreur, il en convenait. Toutefois, sa personnalité était tel qu'il adorait être seul. Le monde l'importunait et préférait s'en dispenser autant que faire se peut. Ainsi personne pour le distraire ou le diriger à outrance. Une liberté totale ! Pour l'« infime » détail technique, il nota dans un recoin de sa tête qu'à son arrivée à la résidence il ferait un tour par le stand technique pour un réglage dans les normes. Pas la peine de s'alarmer pour une broutille. D'autant plus futile que présentement il n'aurait rien pu faire. Aussi remit-il totalement la tête dans le guidon pour s'enivrer intégralement de la sensation d'extase octroyée par la vitesse. … Décidément une véritable drogue !

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O o O

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Quatre minuscules jours pour perfectionner son œuvre. Quatre vingt seize heures à bomber pour satisfaire le commanditaire de l'ouvrage. Pour son premier contrat sur un évènement aussi médiatique, Duo ne pouvait louper le coche. Le combat contre la montre était amorcé. Il devait impérativement parfaire et achever, dans les délais impartis, sa fresque murale. Sinon il pourrait dire adieu à sa prometteuse carrière d'artiste-peintre. La Nature et le mauvais temps s'étaient ligués et avaient joué contre lui jusqu'ici. La météo s'était ingéniée à être capricieuse, bouleversant sans cesse son planning et l'empêchant de tracer les contours du dessin durant une bonne semaine entière. Dès lors, ayant perdu bien assez de temps déjà, il avait dû enchaîner les heures depuis plusieurs jours. Quitte à veiller jusque tard dans la nuit pour esquisser et badigeonner à la faveur de la lumière artificielle d'un spot. Pas terrible pour observer le rendu des couleurs et des jeux d'ombre sur la fresque, pourtant il n'avait point le choix. Depuis, trois semaines il accumulait la fatigue. Il savait que ce n'était pas le mieux pour un ornemaniste, mais ne pouvait blâmer personne de cet inconfort. En effet, il faisait cavalier seul. Pas d'assistant ni d'équipe pour l'aider et le seconder ! Pour cause : pas de ressources suffisantes pour s'en payer. Pas grave ! Il avait connu pire dans son existence de bohème, de va-nu-pieds. Après tout, comme le qualifiait si justement son ami Quatre dont il refusait l'aumône, il était l'exemple même d'un « chanceux fantaisiste indépendant ». Vivant au jour le jour, hors de toute convention sociale, et parvenant cependant à s'extraire miraculeusement de tout imbroglio. A défaut de soutien humain, le rythme de musiques endiablées suffirait à le maintenir éveillé et dans le tempo pour finir à temps. Du moins l'espérait-il !

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Tandis qu'il se déhanchait indolemment, les pinceaux en réalisation, il décela soudain un léger détail incommodant. Le visage de l'un des cyclistes était trouble. Les traits sportifs dans l'effort ne lui semblaient pas suffisamment bien exprimés. Une pointe de réalisme manquait. Il en était convaincu. Instantanément, il recula. Histoire de prendre de la distance et saisir la scène dans sa globalité. Il devait confirmer si cette impression venait de ses yeux fatigués ou si cela provenait véritablement du tableau. Heureusement, la fréquentation sur cette portion du circuit était inexistante ! Il rendait grâce à Monsieur Darlian, mécène passionné et accessoirement Directeur du Tour de Sank. Officiant dans sa vie courante en tant que Vice-ministre des affaires étrangères, ce cher homme avait obtenu, sans mal, des Hautes Autorités de la Cité le droit de verrouiller l'accès à cet itinéraire durant ses derniers jours de travail. Dès lors, sans plus de considération pour le danger, il décrocha jusque sur la route. De loin, le panneau mural était convainquant. Impeccable. La fatigue était une ennemie bien sournoise ! Suffisamment du moins pour douter de sa maîtrise. Quelques retouches et l'œuvre serait intégralement achevée.

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Un coup de frein strident, dépassant la musique vrombissant à tue-tête, et une voix hurlant « Ecarte-toi ! » coupèrent sa réflexion. Vivement son attention fut interpellée en amont. A peine eut-il le temps de se mouvoir et se déporter légèrement qu'une ombre déboula sur lui. Un cycliste, véritable boulet de canon, le frôla dangereusement mais parvint à l'esquiver. La longue chevelure blonde flottant au vent, seul détail qu'il entraperçut avant qu'elle ne disparaisse dans l'épingle, l'intrigua. N'était-ce pas l'un des favoris du Tour de Sank ? En tout cas, il le trouva bien imprudent et gonflé de passer outre l'interdiction. Ce coureur se croyait-il au dessus des lois ? Il lui aurait volontiers botté le cul d'avoir commis cette erreur s'il l'avait eu plus longtemps sous la main. En tout cas lui, qui se pensait en sécurité sur cette route barricadée, venait d'éviter le pire ! Rassuré, il leva les yeux au ciel et remercia sa bonne étoile située sans le système solaire de L2 : « Deathscythe ». Malgré son étrange prénom, la petite était toujours en veille, prête à l'action, et heureusement pour lui ! Puis, consciencieusement, il reprit son contrôle d'un œil expert quand il se sentit fauché violemment. Perdant connaissance sur le coup, il fut éjecté illico du virage, par-dessus le petit ravin non loin de là. Dans son malheur, ou grâce à l'intervention de son petit astre ?, son vol plané s'interrompit dans l'étendue verdoyante voisine. Une chance de cocu qui aurait pu l'inquiéter s'il eût été fiancé. D'autant que cette champêtre clairière était ornée de vieilles bottes de foin ! Parfait amortisseur pour l'accueillir lui et le satané chauffard. Cette fois, la collision s'était avérée inévitable et fâcheuse. … Décidément, tout concourait à l'empêcher d'accomplir sa fresque !