Le Cantique de Sherlock

Résumé : Sherlock et John viennent tout juste de découvrir qu'il y a plus que de l'amitié entre eux. Le passé de Sherlock devient un problème. Partie 3 de la série "Aucun autre coeur que le tien".

Note de l'auteur : Cette histoire est une séquelle à mes deux fictions précédentes "Toujours le dernier à comprendre" et "Absolument fantastique". Ce sera probablement plus compréhensible en lisant d'abord l'une d'entre elles ou les deux, comme les deux racontent comment John et Sherlock vont se retrouver là, au milieu de cette première scène qui est une épique séance de bécotage !

Warnings: Sherlock/John. Slash, slash, slash. Si les relations homme-homme ne sont pas votre tasse de thé, alors pour l'amour du ciel, allez ailleurs et écartez vos yeux. Références à une précédente relation abusive, au consentement douteux.

Note de la traductrice : Toujours aussi fière de traduire cette série de Sherlock's Scarf. Et je tiens à dire, bien plus que l'histoire, ce sont les paroles de la chanson de Salomon qui m'ont presque faite pleurer, parce à elles-seules, elles racontent toute l'histoire. Je n'ai pas de bible hein ^^ et en trouver la traduction sur internet est difficile, alors j'ai traduit les paroles moi-même, et aux vues de la fiction dont il est question, j'ai décidé que pour la traduction, les paroles parleraient de deux hommes. Ah et je préviens, quand John dit qu'il est amoureux, il ne blague pas hein, il est littéralement A-MOU-REUX. Les anglais utilisent facilement de petits surnoms affectueux, entre amis et en couple. N'hésitez pas à laisser des reviews ! Et merci à Sherlock's Scarf de me laisser la traduire !

Autre note à Shir : Re-laisse-moi ton adresse mail en mp s'il-te-plait, car elle ne s'est pas affichée dans ta review, n'oublie pas de mettre des espaces à plusieurs endroits de ton mail, pour qu'il puisse s'afficher correctement. Merci pour tes gentilles reviews !

IMPORTANT ! Visualisez bien Sherlock, lorsqu'il était complètement paniqué après avoir "vu" le chien, dans l'épisode "Les chiens de Baskerville". Vous comprendrez bientôt pourquoi je vous demande ça =) Je rappelle également que l'auteur, tout comme les scénaristes de la série Sherlock, a basé son Sherlock sur le Syndrome d'Asperger (l'Autisme donc). Bonne lecture.

(1) Sandy Duncan est une actrice connue pour son interprétation de Peter Pan à Broadway.

(2) Dans la version originale Sherlock dit "A Bit Not Good", ce qui correspond au "Pas vraiment non" de John en réponse au "Ce n'est pas bon ?" de Sherlock lors du tout premier épisode quand le détective se demande pourquoi Jennifer Wilson aurait pensé à sa fille morte avant de mourir. En français ça ne colle pas, donc j'ai pris une autre phrase du même épisode qui correspond à la situation. Le "Je sais que ce n'est pas un souci", scène du restaurant que nous avons tous en tête ;)


EDIT : Suite à la review de Ligeia1987, j'ai dû me poser la question quant à savoir si le mot "Song" dans le titre même de cette fiction n'était pas à considérer comme étant au sens "chant religieux". J'ai alors demandé à l'auteur, qui m'a effectivement confirmé que, à y réfléchir, elle dirait que c'est bien au sens "Cantique" qu'elle pensait. Le titre français passe donc de "La chanson de Sherlock" à "Le Cantique de Sherlock". Désolé pour les habitués ! Moi aussi je m'y était attaché =)


Chapitre 1 :

xXxXxXxXxXxXxXxXxXxXxX

"Qu'il m'embrasse avec les baisers de sa bouche,
car sa tendresse est plus délicieuse que le vin.
Dans son ombre exquise je me suis assis,
et son fruit est doux à mon goût.
Mon amour est mien et je suis sien."
- Le Cantique de Salomon

xXxXxXxXxXxXxXxXxXxXxX

Je suis en train d'embrasser Sherlock. Mieux encore, Sherlock est en train de m'embrasser.

N'est-ce pas le moment où je dois me réveiller ?

Jusqu'à hier, je n'avais même pas réalisé à quel point je voulais que ceci arrive. Les dernières 24 heures ont été une tornade qui a changé ma vie. J'avais bu des verres avec Sarah, et l'avais finalement arrosée de toute ma confusion à propos de cette obsession que tout le monde a envers ma relation avec mon fou de colocataire. Elle avait gentiment, mais de façon impitoyable, fait remarquer qu'il était évident pour tout le monde (bien que ça ne le soit pas pour moi) que j'étais amoureux de Sherlock.

Après une longue nuit passée à sonder mon âme, j'ai dû réaliser qu'elle avait raison. Que Dieu me vienne en aide, j'ai été ensorcelé par ce déraisonnable et merveilleux cinglé. Je préférais passer un samedi après-midi avec lui, à fouiller dans une benne à la recherche de doigts coupés (si seulement je pouvais exagérer en utilisant cet exemple), plutôt que de passer le même temps avec quelqu'un d'autre, à faire quelque chose de normal.
La normalité n'est pas pour moi.

Donc c'est une bonne chose, d'avoir trouvé Sherlock.

Parce que là, à cet instant même, rien n'a jamais été aussi bon de toute ma vie. Nous sommes affalés sur le canapé, chemises hors du pantalon, échevelés, bras et jambes emmêlées ensembles, échangeant nos souffles, nos langues s'encerclant et dansant, et je suis plus que conscient d'une certaine pression, dure et chaude, contre ma hanche. Je note aussi que mon propre jean manque de place dans une zone spécifique, mon érection est en voie de devenir un... eh bien... problème grandissant. Si je ne calme pas le jeu, je vais venir dans mon caleçon comme un adolescent porté par ses hormones. Il est dur de croire que j'approche des 40 ans.

Je me relève à contre-coeur, un exploit rendu encore plus difficile à réaliser à cause des petits gémissements poussés par Sherlock (Oh mon Dieu, moi, c'est moi qui lui fait ça !). Je caresse sa joue, embrasse légèrement son cou, riant doucement dans son oreille.

Il se recule, m'étudie, avec cet adorable et confus demi-sourire sur le visage, celui qu'il a quand il n'est pas sûr de "sur quoi" porte la plaisanterie. J'aime cette expression, et la déteste en même temps. Je l'aime parce qu'elle est si maladroitement charmante, comme si il essayait un nouveau visage, fraîchement sortit d'une boîte, et qu'il n'était pas sûr qu'il lui aille bien. Mais elle me brise le coeur, parce qu'elle me montre le petit garçon à l'intérieur, celui qui est certain que quelqu'un se moque de lui, encore. Je me dépêche de justifier mon rire, pour effacer les peurs de ce Sherlock si jeune, si vulnérable.

"- Bon, je pense pouvoir arrêter de dire 'Je ne suis pas gay' à Angelo, Lestrade et tous ceux que nous connaissons."

Le sourire de Sherlock s'élargit en un vrai sourire, celui que si peu de personne peuvent voir. Mon coeur tambourine quand je me rends compte qu'il me fait assez confiance pour le partager avec moi. Le sourire est quelque chose de magique, transformant le visage de Sherlock en une parfaite, irréprochable sculpture de plis et lignes de rires, qui reflètent cette âme extraordinaire.

(Hey, je l'avais bien dit que je suis fou amoureux.)

La bouche de Sherlock s'étire encore plus, et il me regarde, un sourcil relevé.

"- Tu n'es plus attiré par les femmes, John ?"

"- Pour l'instant, je suis uniquement attiré par toi. Je ne peux pas imaginer que quelqu'un, homme ou femme, puisse m'attirer de nouveau un jour."

"- Dans le passé, j'ai remarqué que tu étais attiré par les individus des deux genres, John. Je ne pense pas que tu sois gay, mais bisexuel, ou peut-être pansexuel."

"- Pansexuel ?"

"- Attiré par des personnes particulières, au lieu d'un genre général." clarifie Sherlock. "Pas mal de gens ne font pas la distinction entre ces deux types d'orientation sexuelle."

"- Hmm. Docteur John Watson : Pansexuel. Tu as peut-être raison." Je m'arrête un moment, puis me lance dans un fou rire. "Au début je pensais qu'être pansexuel signifiait 'être attiré par des hommes en tenues vertes qui peuvent voler'."

Les yeux de Sherlock brillent en me fixant.

"- En fait John, tu pourrais prouver que ça l'est. Le plus souvent, c'est une femme qui joue Peter Pan, à la fois sur scène et dans les films, parce que les harnais de sécurité utilisés pour le vol causent d'intenses inconforts pour les acteurs. Est-ce que Sandy Duncan(1) fait tourner ton moteur ?"

"- Crétin." Je plaque Sherlock contre les coussins du canapé, l'immobilisant pour un autre baiser. "Je pense que tu as là largement de quoi trouver la personne qui fait tourner mon moteur."

Il enroule ses jambes autour des miennes, manoeuvrant pour nous retourner donc je me retrouve sur le dos, son corps long et mince pressé contre moi. Je gémis en sentant comme une déferlante de chaleur dans mon aine.

"- En effet."

oOoOo

Et Sherlock et moi nous embrassons encore. Embrasser Sherlock n'a rien à voir avec embrasser n'importe lequel de mes anciens rencards. Il a cette même précision et cette quête de la perfection, celles qu'il applique dans chacune de ses actions. Il est tout simplement incroyable. Comment j'ai pu ne pas réaliser jusqu'à maintenant qu'il est fait pour moi ?

Sherlock se recule, les lèvres gonflées et rougies par les baisers (mes baisers !), et il me sourit.

"- Ça va ?"

"- Tout va bien, Sherlock."

Il se niche contre ma poitrine, bercé par mes bras, et enroule fermement ses bras autour de moi. Je sens ses doigts longs et minces tracer paresseusement des cercles le long de mes côtes. Nous restons longtemps allongés comme ça, mais au bout d'un moment mon estomac me trahit, gargouillant bruyamment dans le calme de l'appartement. Sherlock lâche un rire étouffé contre ma poitrine.

"- Chinois ou Indien, John ?"

Je souris.

"- Chinois, je pense."

Sherlock sort son portable de sa poche et envoie rapidement un message à notre restaurant Chinois préféré, au bout de Baker Street. Vingt minutes plus tard, la sonnette retentit. Je commence à me redresser. Sherlock grogne et me rallonge.

"- Laisse faire Mme Hudson."

"- Sherlock, je ne vais pas lui faire payer notre repas. Laisse-moi y aller, je reviens et je te donnerai les beignets de crevettes que tu adores."

Il gronde mais me relâche.

Je me précipite en bas, passant en quelques pas devant la porte de Mme Hudson. Je paye le livreur, puis retourne vers les escaliers, pour me retrouver face à notre logeuse, me regardant malicieusement, une lueur dans le regard.

"- Il était temps vous aussi, John Watson !"

J'ouvre grand la bouche, stupéfait. Elle est assez souvent... si... dingue, si étourdie. Puis brusquement, il y a des moments où elle devient presque aussi perspicace que Sherlock.

Elle sourit, espiègle. "Je pensais que vous n'y arriveriez jamais tous les deux. Pour l'amour de Dieu les garçons, pourquoi avez-vous été si longs ?"

"- Je...je..." Il n'y a aucun mot approprié. C'est une bonne question. Pourquoi ça m'a pris autant de temps ? "... Je ne sais pas."

"- Vous êtes stupides et ignorants, tous les deux. Trop têtus pour voir ce que tous les autres voient. Clair comme de l'eau de roche."

Impulsivement, je m'avance et l'enlace rapidement, la submergeant de sacs pleins de nourriture Chinoise à emporter. Elle me tapote le bras, souriant tendrement.

"Allez-y. Je poserai des scones devant la porte, dans le salon, comme ça vous aurez quelque chose de bon pour un petit déjeuner au lit, demain." elle me fait un clin d'oeil. "Maintenant montez retrouver votre homme."

Je me rue à l'étage pour rejoindre mon... colocataire... ami... petit-ami ?

Amant ?

Sûrement bientôt.

oOoOo

Plus tard dans la soirée, après un nombre important de câlins ainsi que de fous rires, et une longue séance de bécotage, nous nous sommes réinstallés dans le salon, dans les bras de l'autre, sur le canapé. Je suis sincèrement heureux de voir cette autre partie de Sherlock. Il a toujours été plus tactile avec moi qu'avec les autres. La plupart des gens ne sont pas autorisés à le toucher, autrement qu'avec une froide poignée de main. Il me laisse le toucher, même le malmener parfois, mais il y avait toujours eu de la réserve, une ligne que je ne pouvais pas franchir.

Et maintenant nous sommes là, enlacés sur le canapé, nous embrassant, nous caressant, et il ne semble pas avoir de réticences à être touché et caressé. En fait, il n'arrête pas de me tirer contre lui, d'enrouler fermement ses bras autour de moi, ses mains et sa bouche explorant, découvrant de nouveaux goûts et de nouvelles odeurs, comme si il enregistrait tous les détails de chacun des centimètres de peau de mon visage et mon cou, pour la suite.

En un rien de temps il m'a rendu haletant, en voulant désespérément plus, plus de contacts. Je m'éloigne un peu, et lève des doigts tremblants pour défaire maladroitement les boutons de cette chemise pourpre fichtrement sexy. Le regard brûlant de Sherlock ne quitte pas le mien (Seigneur, ces yeux !) pendant que je m'attelle à retirer ses boutons, puis à faire glisser le tissu soyeux pour dévoiler cette peau que je n'ai pas encore exploré.

Je passe mes mains sous sa chemise, dévoile ses épaules, puis la dépose sur le sol près du canapé. Son torse est exquis. Je me souviens être resté médusé la première fois que j'ai vu Sherlock sans chemise. Je m'étais attendu à apercevoir ses côtes, peut-être un sternum légèrement enfoncé, et des vertèbres saillantes. Pas du tout, en fait il est très élancé, Sherlock est fait de muscles solides, et son corps est une oeuvre d'art, de muscles lisses et d'albâtre. Sherlock est comme l'homme de Vitruve, mais en chair et en os.

(Ouais, ouais, je sais. Fou amoureux, tu te souviens ?)

Je m'arrête le temps d'enlever ma propre chemise, ignorant les boutons en la faisant simplement passer par-dessus ma tête, puis je la jette avec force à travers la pièce. Plus tard nous la retrouverons pendouillant sur la corne de la tête de vache accrochée au mur, mais pour l'instant, aucun d'entre nous n'y fait attention, il y a des choses plus importantes à faire.

Maintenant que je suis réellement autorisé à toucher cette parfaite peau de porcelaine, j'ai bien l'intention d'en profiter. Je m'en approche et la lèche, le long de sa clavicule jusqu'au début de son sternum. En sentant ma langue caresser ce creux si sensible, Sherlock gémit et rejette sa tête en arrière, exposant son long cou, semblable à celui d'un cygne. Sa gorge s'agite convulsivement lorsque j'y dépose des baisers, faisant mon chemin jusqu'à sa mâchoire pour ensuite capturer ses lèvres pleines, avec les miennes.

Je mords gentiment sa lèvre inférieure, et quand sa bouche s'ouvre pour relâcher son souffle saccadé, je me jette sur l'occasion d'approfondir le baiser, j'y introduis ma langue. Il plonge ses mains dans mes cheveux, il me rapproche. Nos poitrines nues se pressent l'une contre l'autre, et nos érections, toujours prisonnières, glissent ensembles en une délicieuse friction.

Je libère la merveilleuse bouche de Sherlock et commence à embrasser sa poitrine, douce et musclée. Je donne un rapide coup de langue à un de ses tétons dur. Sherlock halète "John !", il a des spasmes.

Hmmm... il est si incroyablement sensible ici. J'envoie ma main gauche taquiner son téton droit tandis que je continue à jouer de ma langue avec le gauche. Sherlock se tend et gémit, perdu dans les sensations.

Je progresse dans mon exploration et descends sur son ventre, je plonge ma langue en son nombril, ce qui provoque un autre gémissement, et Sherlock empoigne mes cheveux en tremblotant. Je donne un autre coup de langue à son nombril (si incroyablement sexy), puis je remonte l'embrasser encore une fois, tout en faisant serpenter une de mes mains jusqu'à saisir ses fesses, d'une poignée pleine de promesses.

Ça va trop vite. Tout ce que je veux, c'est continuer de découvrir les mystères de son corps, de le voir se tordre sous mes mains et ma bouche. Être avec lui est un miracle, et je ne veux pas que ça s'arrête, jamais.

Mais je réalise que maintenant Sherlock frissonne et a du mal à respirer. Vraiment... tout est si récent, si soudain. Ces sentiments que j'ai pour Sherlock ne sont pas réellement nouveaux, ils ont évolués depuis un certain temps. Pourtant, jusqu'à hier je ne les avais pas vraiment analysés, et je me pensais encore hétérosexuel. On peut sans aucun doute dire que c'est une expérience mémorable. Peut-être que ralentir un petit peu les choses ne serait pas une mauvaise idée.

J'embrasse Sherlock une fois de plus avant de me redresser en m'appuyant sur un coude, puis avec ma main libre je trace des petits cercles sur sa nuque. Bordel, il fait plus que frissonner... il tremble comme une feuille.

"- Sherlock ? Sherlock qu'est-ce qui ne va pas ?"

Sherlock ouvre les yeux, mais son regard refuse de croiser le mien. Je m'éloigne encore de manière à pouvoir m'asseoir, et prends doucement sa main afin de le remonter près de moi. Prudemment, je place un bras autour de ses épaules, sans le serrer, de sorte à ce qu'il ne se sente pas emprisonné. Il s'assied, courbé en avant, les poings fermés dans ses cheveux, le regard rivé vers le sol.

"- Sherlock ? S'il-te-plaît parle-moi. S'il-te-plaît."

Pas de réponse.

"Sherlock." Je me mets par terre, en face de lui, posé sur mes genoux, et je suis horrifié de le voir légèrement se balancer d'avant en arrière, perdu dans sa propre tête. "Sherlock !"

"- Je suis désolé John." il chuchote. "Je suis désolé, je suis désolé... pardon... pardon..."

"- Sherlock, tu n'as rien à te reprocher. Rien !" J'approche mes bras et touche doucement ses mains, les détachant calmement de ses cheveux éparts puis les serrant dans les miennes. "S'il-te-plaît, dis-moi ce qui ne va pas. Qu'est-ce que j'ai fait ?"

Mes propres mains tremblent maintenant. Comment ai-je pu le blesser ?

Les doigts de Sherlock serrent les miens à en blanchir. Il lève les yeux puis voit le choc et l'inquiétude sur mon visage, et étonnamment, ma détresse semble l'aider. Il se redresse vaguement, regagne un peu de sang-froid, et amène une de mes mains à sa bouche, appuyant un baiser tremblant sur nos doigts crispés.

Je me relève du sol, et m'installe soigneusement près de lui sur le canapé. Détachant calmement nos mains, je me penche et l'attire avec précaution dans une étreinte. Au bout d'un moment, il pose sa tête contre mon torse et soupire profondément.

"Sherlock, pourquoi... qu'est-ce qu'il s'est passé, là ? Est-ce que je t'ai fait mal ? Où est-ce que tu es parti comme ça ?"

Sherlock avale durement sa salive et colle son nez contre moi, puis il murmure :

"- Non, tu ne m'as pas fait mal John. Je suis désolé... Je ne voulais pas..."

"- Arrête ça Sherlock. Je te l'ai dit, tu n'as pas à être désolé. Je ne veux. Plus. Aucune. Excuses." Je pose ma main sous son menton et tourne son visage pour que ses yeux rencontrent les miens. "Compris ?"

Il avale de nouveau sa salive et acquiesce. Le tremblement s'est complètement calmé, mais il est presque aussi mou qu'une poupée de chiffon. Je nous déplace, de manière à ce que je sois adossé contre l'accoudoir du canapé, la jambe gauche dépliée sur le long des dossiers, puis j'entraîne Sherlock à s'installer contre mon torse pour ensuite placer mon autre jambe contre lui. Ainsi je le maintiens complètement, dans une étreinte légère, rassurante.

"- Maintenant, dis-moi."

Durant une seconde, je pense qu'il va refuser de me répondre. Mais finalement il souffle intensément, et murmure de nouveau.

"- Je suis dés– je veux dire, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, John. Je crois que j'ai paniqué."

J'hésite quelques instants, mais je dois lui demander, je dois savoir.

"- Sherlock, est-ce... tu ne voulais pas que je t'embrasse ? Est-ce que j'ai mal interprété la situation ?"

"- Non !"

Il se tortille un brin pour me faire face, alors je peux intercepter son regard, et la sincérité que j'y lis est incontestable.

"J'aime t'embrasser, John. J'ai juste un peu paniqué. Ça fait longtemps que je n'ai pas... que je n'ai... et j'ai oublié comment on... comment..."

Sa voix s'éteint, et je me retiens de l'étouffer avec des mots réconfortants. Il a besoin de trouver lui-même un moyen de dire ce qu'il a à dire.

Regarder Sherlock lutter pour trouver ses mots est insupportable. Il est toujours si rapide, si vif, il est "Monsieur Mot De La Fin". Le voir si perdu, si démuni, c'est en train de me briser.

"John, j'ai si désespérément souhaité avoir raison, souhaité que tu veuilles... de moi. Et maintenant je crois que tout est peut-être vrai, et ça me fait si peur."

Oh. Je me penche vers l'avant, déposant doucement près de ses lèvres le plus tendre des baisers.

"- Sherlock... J'ai passé la nuit dernière à me questionner, à Regent's Park, à penser à toi. J'ai réalisé cette nuit-là que... je te... ah, putain. C'est si difficile, et je ne sais pas pourquoi. Je pense que... j'ai peur de te le dire, peur de t'effrayer."

L'intense regard translucide et nacré de Sherlock ne quitte pas le mien, comme si il m'encourageait à poursuivre.

"Sherlock, j'ai réalisé la nuit dernière, que je suis amoureux de toi."

Je ne peux pas continuer de le regarder, ce regard argenté, c'est juste trop pour moi. Mon estomac se retourne, il roule de panique. Il n'est jamais simple de sauter le pas du 'Je t'aime', et je ne me suis jamais déclaré à un homme jusqu'à maintenant. Et Sherlock peut être si distant, si critique. 'Je suis amoureux de toi' sera sans doute trop sentimental pour qu'il le tolère.

Les doigts longs, et élégants de Sherlock font le tour de ma mâchoire, tournent ma tête, me forcent à le regarder. Sa voix est légèrement rauque, chevrotante.

"John... Moi aussi, je suis amoureux de toi."

Oh.

Oh mon Dieu, oui.

oOoOo

Sherlock s'avance, capture mes lèvres avec les siennes, et m'entraîne dans le baiser le plus doux que je n'ai jamais eu. Ce sont de légers, de tendres baisers cette fois, où nos langues se caressent faiblement, et nos lèvres glissent de manière soyeuse, l'une contre l'autre. Je l'aime. Et il m'aime.

Un miracle.

Je ne veux pas briser la magie de l'instant, donc j'essaye de rester dans la lenteur et la douceur. Les mains de Sherlock se baladent sur ma poitrine, et j'ai les deux mains enfouies dans ses cheveux fins. Je ne me suis jamais senti aussi perdu en quelqu'un – le reste du monde pourrait s'écrouler, je ne le remarquerais pas, aussi longtemps que je resterai ici, dans ses bras.

Cependant, la raison nous ramène sur terre. Je me rends compte que le feu de la cheminée s'est éteint, et que le froid s'attaque à ma poitrine et mes épaules nues. Sherlock frissonne d'un coup, je le serre contre moi pour le réchauffer.

"- Sherlock ?"

"- Oui, John ?"

"- Ça te dirais d'aller dans une des chambres ?"

À la seconde où je dis ça, je supplie tous les Dieux de ne l'avoir jamais fait. Sherlock... s'est gelé. Il n'y a pas d'autres mots pour le décrire. Son corps est devenu entièrement rigide, et la température de sa peau semble réellement chuter. Tout son langage corporel est en train de crier "Non !".

"Sherlock... Sherlock ! Ne t'en vas pas une nouvelle fois. S'il-te-plaît. Parle-moi. Il est évident que quelque chose ne va pas. Je t'en prie parle-moi, amour."

Il lève avec lenteur un regard terrifié vers moi, mais chuchote :

"- Ce n'est rien – je vais bien. On peut aller dans la mienne. J'ai changé les draps ce matin, et je te promets que j'ai retiré toutes mes expériences."

Il me fait l'horrible sourire 'pour les autres', celui qui n'atteint pas ses yeux. Le sourire que je considère comme 'juste-pour-John' n'est pas là.

"- Sherlock..."

Mais il est déjà debout, tirant ma main pour me pousser à le suivre. Déconcerté, je vais jusqu'à sa chambre avec lui, malade d'inquiétude en voyant le chemin qu'a soudainement pris cette soirée.

oOoOo

Dans la chambre de Sherlock, nous restons debout, face à l'autre, durant un long, un silencieux moment. Je caresse sa joue, désirant revoir la joie qui brillait dans ses yeux, tout à l'heure. Où est partie cette lumière intérieure ?

Sherlock attrape la boucle de ma ceinture, l'ouvre, et me retire d'un seul coup mon jean et mon caleçon en un mouvement rapide. Surpris, je m'apprête à lui retirer aussi, mais il se recule, les enlève lui-même, puis monte sur le lit.

"- Sherlock..."

Il remonte la couette et le drap de dessus, et sous mes yeux choqués, il se met sur ses coudes et ses genoux puis me présente son postérieur parfaitement bien formé. Je reste figé, sidéré quand il me souffle "Je... Je suis prêt John."

Sainte Marie Mère de Dieu. Mais merde, c'est quoi ça ?

"Sherlock ?" Je prends soin de rester à côté de lui, ne voulant pas trop m'approcher tant que la situation n'est pas claire. "Sherlock... mon amour... qu'est-ce que tu fais ?"

"- Je suis prêt pour toi, pour le sexe, John."

Sa voix est rude, tremblotante et ça me brise le coeur.

"- Sherlock Holmes, retourne-toi et parle-moi. Immédiatement."

Il se tourne, l'air confus et terrifié. Terrifié ! Par moi ?

"- Ce n'est pas ce que tu veux John ? Tu as dit que nous devions aller dans la chambre. J'ai supposé que tu voulais avoir des relations sexuelles."

"- Sherlock... il y a tellement de sujets à aborder dans cette situation... Je vois difficilement où commencer. Tout d'abord..."

Je me retourne pour prendre sa robe de chambre bleue, accrochée à la porte, et je le recouvre avec. Je ne supporte pas de le voir si vulnérable. Nous allons aller au bout de ce problème, mais j'ai besoin qu'il conserve sa dignité pendant que nous le ferons. Ensuite je m'installe à côté de lui, au bord du lit, et rabat la couette sur mes genoux. Ça ne me fera pas de mal de garder également un peu de ma dignité.

"Sherlock, amour, avant tout, à moins que nous ne soyons tous les deux prêts pour ça, personne n'aura de relations sexuelles ce soir. Parce que... je ne sens pas la 'bonne' vibration venant de toi, même si tu déclares le contraire." Je prends sa main froide dans la mienne. "Deuxièmement, et le plus important, Sherlock, tu es complètement terrifié. Je ne t'ai vu comme ça qu'une seule fois avant – quand nous étions dans le Dartmoor – et tu avais été drogué. Que je sache, aucun scientifique timbré n'a lâché un nuage de fumée chimique stimulant la peur dans notre appartement. Je peux donc seulement en conclure que tu as peur de moi."

Sherlock laisse tomber ses mains, refusant de croiser mon regard. Ça me fait mal, plus que tout. Il a toujours été capable de me regarder dans les yeux, il a toujours été impitoyable avec ce regard vif-argent. C'est manifestement de la peur et de la honte que projettent ces yeux, ça m'anéanti.

"Sherlock, regarde-moi. S'il-te-plaît. Ce soir tu m'as dit la chose la plus merveilleuse qui soit, que tu es amoureux de moi. Je t'aime, tellement. S'il-te-plaît, regarde-moi."

Lentement, Sherlock relève la tête, et ses yeux bordés de rouge fixent les miens. Je m'approche et prends son visage entre mes mains.

"Sherlock, j'ai besoin de te poser certaines questions. J'ai besoin de comprendre. Tu me fais confiance ?"

Il se penche vers moi, pose son front contre le mien, et soupire.

"- Oui John."

oOoOo

Je prends mon temps avant de parler, j'essaye de former mes questions dans ma tête. Il faut que j'avance doucement là...

"- Sherlock, tu sais que je n'ai pas vraiment d'expérience avec les hommes. En fait, il n'y a seulement eu qu'un 'accrochage' avec un autre homme, lorsque j'étais à l'Université."

J'hésite, décidant de ne pas parler de mon expérience avec les femmes, puisque j'ai l'impression que Sherlock a déjà déduit ce qu'il fallait de ce côté, et qu'en plus il se sentirait intimidé de comparer notre nombre total de partenaires.

Il bouge inconfortablement, me lisant probablement comme il lit tout ce qui passe sous son microscope, je me demande pourquoi je m'embête encore à tenter de lui cacher quoi que ce soit.

"Sherlock, tu peux me dire combien d'expériences tu as eu ?" Il ne répond pas tout de suite, donc je me dépêche d'ajouter : "Je ne veux pas comparer nos 'scores' ou autre, amour. Je veux juste vérifier si mes suppositions sont justes."

Les coins de sa bouche se lèvent sarcastiquement.

"- Je déteins sur toi, John. Je pense que déduire le nombre de partenaires sexuels de ton amant potentiel se situe dans la rubrique ' Ce N'est Pas un Souci'(2)."

Je lui souris, soulagé d'apercevoir un éclat du Sherlock familier, un éclat de mon Sherlock. Il m'est très difficile de faire face à cet étranger timide. Ça fait du bien de savoir que mon Sherlock est toujours là.

"- Je pense qu'il n'y a eu qu'une personne Sherlock. J'ai raison ?"

Il fronce les sourcils. Je lui rends le regard, et il baisse yeux en acquiesçant.

"Sherlock, est-ce que cet homme... a été cruel avec toi ? Est-ce qu'il t'a blessé ? Est-ce qu'il t'a frappé ?"

Un autre hochement de tête, lent et affirmatif. Mes poings se serrent sur la couette, et je peux sentir la pression de mon sang monter en flèche. Reste calme. Je prends de profondes respirations. Sherlock me regarde avec accablement.

"Est-ce c'est..." Je désigne le lit, près de l'endroit où il s'est mis en une position soumise. "...comme ça que vos relations sexuelles se déroulaient ? Attendait-il de toi que tu te soumettes dès qu'il en avait envie ? Il ne t'a jamais fait l'amour ?"

Ses sourcils se froncent, et je réalise à mon grand désarroi, qu'il ne comprend vraiment pas la question.

"Sherlock... la façon dont je t'ai embrassé tout à l'heure, en descendant dans ton cou et sur ta poitrine, en te caressant et te touchant – il ne t'a jamais touché comme ça ?"

Il secoue négativement la tête, me regardant comme si je lui avais demandé si son ancien partenaire jonglait avec des quilles en feu avant le sexe, ou quelque chose d'autre d'aussi étrange. Mon coeur se brise encore une fois, pour le jeune Sherlock qui n'a jamais eu la chance d'être caressé et chéri par un amant.

"Mon amour, je suis désolé de te poser des questions si personnelles, mais j'ai besoin de savoir une dernière chose. Quand tous les deux vous aviez... des relations... est-ce qu'il prenait d'abord le temps de te préparer ? Est-ce qu'il utilisait du lubrifiant ? Est-ce qu'il y allait doucement ?"

Encore une contestation étonnée. Fils de pute. Si jamais je trouve celui qui a blessé mon Sherlock de cette façon...

"Ok, Sherlock. Plus de questions. Tu peux me parler de toutes les choses avec lesquelles tu te sens assez à l'aise, mais je ne vais plus rien te demander pour l'instant." Je me baisse pour ramasser le boxer en soie de Sherlock qui traîne parmi les vêtements jetés sur le plancher. "Tiens. Remet ça, et viens contre moi, juste pour dormir d'accord ?"

Sherlock est déconcerté.

"- Tu ne veux pas de sexe ? Tu veux juste dormir ici ?"

"- Si ça ne te dérange pas, amour. Je veux te serrer contre moi cette nuit, et me réveiller près de toi demain matin. Je pense que tant que nous n'aurons pas réglé certaines choses, nous attendrons pour le sexe."

Son petit sourire à demi-confus est de retour, et il est plus adorable et bouleversant que jamais. Je mets la main sur mon caleçon gris posé au sol, et l'enfile. Puis je me déplace jusqu'à l'autre partie du lit et me place sous la couverture.

"Aller viens Sherlock. On doit dormir un peu."

Il me rejoint sous la couverture, et viens se blottir entre mes bras avec hésitation. Je nous place délibérément comme nous l'étions sur le canapé, plus tôt, et je peux sentir son corps se détendre contre moi, grâce à cette position familière. Il se sert de mon épaule non douloureuse comme oreiller, et nous restons allongés paisiblement, moi caressant le dos de sa main posée sur mon torse.

"- John ?"

Sa voix est toujours si incertaine, si loin du Sherlock habituel. Cette profonde vulnérabilité risque d'être douloureuse pour moi, si elle ne devient pas une véritable source de souffrance. Je le serre un peu plus contre moi, et dépose un baiser dans les cheveux qui me chatouillent la poitrine.

"- Oui, amour ?" Je le sens frotter son nez contre moi, clairement ravi par ce surnom.

"- Je comprendrais si tu ne veux plus... si tu préférerais..." il grogne de frustration, de toute évidence agacé parce qu'il n'est pas capable de s'exprimer distinctement. Sherlock n'est jamais à court de mots, ça doit le rendre fou. Je le serre encore, je tente de l'encourager sans rien dire. "On peut revenir à notre relation d'avant, si c'est ce que tu préfères. Mais juste... s'il-te-plaît, ne pars pas."

J'approche ma main, j'agrippe son menton et tourne sa tête jusqu'à plonger dans son regard.

"- Sherlock. Il n'y a rien, de toute ma vie, que j'ai voulu avec tant de force. C'est peut-être nouveau, mais c'est réel, et c'est sérieux. Je n'irai nulle part."

Son sourire, le sourire-juste-pour-John, s'étend lentement le long de son visage. Il s'approche pour m'embrasser légèrement, ensuite il retourne se blottir contre mon épaule. Et presque trop bas pour que ça puisse être entendu, il me chuchote "Je t'aime."

Finalement il s'assoupit, et je regarde son adorable visage endormi, il a l'air si jeune quand il ne réfléchit plus, et qu'il est détendu. Je ne peux pas me lasser de sa beauté parfaite, et penser qu'il est à moi (À moi !), ça va jusqu'à faire trembler mon âme. L'idée même que quelqu'un ait pu maltraiter et abuser d'une si précieuse créature me fait enrager. Quel fou... Quel monstre... peut avoir violé et abandonné un trésor pareil ?

Je m'oblige à desserrer les poings, j'essaye de calmer ma respiration. J'en saurais plus demain, ça je le promets, et si possible, cet enfoiré de bâtard de merde qui a fait du mal à Sherlock (mon Sherlock à moi, le mien, à moi) souffrira énormément pour l'avoir touché. Je m'imagine de quelles façons je vais lui faire payer.

Il s'écoule beaucoup de temps avant que je ne m'endorme.

À suivre…


Et voilà, donc ne vous inquiétez pas, je suis parfaitement consciente que ce Sherlock ci en dérangera plus d'un. Mais même lui, ne peux pas réagir implacablement en revivant dans sa tête son… agression. En tout cas, moi je veux un John comme ça ! Pour lui aussi il est difficile et surprenant de voir Sherlock ainsi. Bon en tout cas côté fluffy, y a pas à s'en faire XD

Je trouve ça mignon aussi, dans le sens où l'on se rend vraiment compte que John est le plus mature des deux, et que Sherlock a vraiment besoin d'être protégé parfois. Comme dans l'épisode du Banquier Aveugle, quand Sebastian dit que tout le monde le détestait, l'expression blessé de Sherlock donne envie de lui faire un câlin.

Je tiens aussi à dire, que Sherlock baisse plusieurs fois les yeux face à Sebastian, quand il parle, quand il se tourne vers lui. Prenez le temps de re-visionner ^^

Ah ! Et la nouvelle partie, la cinquième que Sherlock's Scarf est en train de publier… OH MON DIEU elle déchire ! Sa version du post-Reichenbach est extraordinaire =)

À la semaine prochaine =)