Je n'ai pas grand chose à rajouter au résumé, à part que la Terre du Milieu et ses habitants appartiennent à JRR Tolkien. Les personnages de Jarod et Nerwen, et peut-être quelques autres qui apparaitront plus tard, sont le fruit de ma propre invention.

Si vous avez cliqué sur le lien pour lire cette fiction, c'est que le résumé a dû (je pense) vous intéresser, ou à défaut titiller votre curiosité. J'espère donc ne pas vous décevoir, et je vous souhaite une bonne lecture.


Et pourtant, il faut vivre…


Partie I: La Louve du Bois Doré

Chapitre 1 : Prologue

Avancer, toujours avancer. La terre grise, brûlante des effluves ardentes de la montagne, le faisait trébucher sans cesse. Son fardeau également. Les yeux à demi clos, aveuglé par les flammes dansantes au bout de sa route, il grimpait. Sans tenir compte des larmes de sang qui coulaient le long de ses joues, aussitôt évaporées par la fournaise ambiante, il continuait. Un pied. Puis l'autre. Le premier. Le second.

Quiconque l'aurait vu de loin aurait juré qu'il portait un cadavre encore chaud dans le but de l'enterrer quelque part. Ses habits déchirés, sa salopette retenue uniquement par une bretelle sur le point de céder, la peau couverte de suie et de sang, les pieds nus écorchés par la roche noire, une petite épée passée à la ceinture, il avait tout de l'assassin cherchant à camoufler son dernier méfait.

Mais n'importe qui connaissant son nom, celui du corps qu'il portait, celui de l'épée qu'il tenait, celui du fardeau qu'il supportait, saurait que ce petit homme était bien loin d'être un tueur ordinaire. Il cherchait à tuer, oui. Mais quelque chose de bien plus puissant que lui. Quelque chose qui tenait dans la paume de de la main.

Un Anneau, pour les gouverner tous. Un Anneau pour les trouver. Un Anneau pour les amener tous, et dans les Ténèbres les lier.

Au pays de Mordor, où s'étendent les Ombres.

En cet instant fatidique, les espoirs de tous les peuples libres étaient tournés vers le semi-homme qui grimpait la montagne. Samsagace Gamegie, ancien jardinier de la Comté, et soutien inconditionnel de Frodon Sacquet, qu'il portait sur ses épaules et qui était chargé de détruire l'Anneau. La source du pouvoir de Sauron, le seul moyen de réduire à néant la menace qui pesait sur ce monde depuis le commencement des temps.

Tandis qu'Elrond, Thranduil et Galadriel mettaient toutes leurs forces à profit pour contrer l'offensive de Dol Guldur sur la Forêt Noire, le roi Daïn d'Erebor tentait envers et contre tout de survivre à l'assaut des orientaux de Rhûn sur la Montagne Solitaire. Aragorn, l'héritier d'Isildur, et Eomer, le roi du Rohan, menaient leurs hommes contre la Porte Noire, entrée du sombre royaume de Mordor. Mais tous faisaient ceci dans un seul et unique but : distraire Sauron et donner aux hobbits le temps de le vaincre. Définitivement.

Sam posa un genou à terre, exténué. Non pas que son maître était particulièrement gros et lourd, cette description convenant sans doute mieux au jardinier, mais la privation, les jours passés sans boire ni manger, les combats contre les orques et les araignées, et surtout contre ce petit vicieux de Gollum l'avaient vidé de ses forces. Il ne pouvait plus continuer. L'entrée de la crevasse du Destin était là, tout près, il le voyait, mais il ne pouvait pas se relever. Ses poumons peinaient à respirer l'air brûlant et souillé des terres des Ténèbres, et sans air, la vie est impossible. Il le savait bien, lui qui avait passé sa vie à s'occuper des plantes de tous poils poussant à travers la Comté.

La Comté… Un pays paisible, aux paysages verdoyants, aux habitants accueillants. Des terres verdoyantes, où il faisait bon de vivre. Sam fit un rapide calcul dans sa tête fatiguée. Ils étaient en mars quel jour, il n'aurait su le dire avec exactitude. Mais mars, cela signifiait le début des fraises, mangées avec la crème fouettée de Rosie, la serveuse de l'auberge du Dragon Vert. La belle Rosie, aux joues si roses et à l'air si joyeux… Il ne la verrait plus jamais désormais. Il ne reviendrait pas, il le savait, même s'il l'avait compris plus lentement que Frodon qui se l'était mis en tête dès le début de sa quête.

- Malins les hobbits, d'être montés si haut !

Sam se retourna juste à temps pour voir la frêle silhouette de son ennemi juré, Gollum, lui sauter à la figure. Il ne réussit qu'à moitié à l'esquiver, mais le « puant » ne s'intéressait pas à lui. Ramassant une pierre grosse comme son poing, il se jeta sur Frodon qui peinait à se relever. Le hobbit roula sur lui-même pour éviter le coup mortel de son ancien guide, qui ne se découragea pas pour autant et se retourna, prêt à tout pour récupérer son précieux.

Et c'est là que tout bascula.

Trop faible pour se défendre de façon classique, Frodon opta pour un pouvoir qui le tentait depuis qu'il était entré en sa possession. Profitant de la diversion que Sam lui offrit généreusement en attrapant Gollum par derrière, le hobbit dégagea une petite chaînette cachée sous sa chemise en lambeaux. Il la souleva, plaçant au niveau de ses yeux l'objet de sa convoitise, et de celle de bien d'autres êtres de ce monde.

Un Anneau pour les gouverner tous.

Du haut de sa tour sombre, Sauron détourna le regard de la bataille qui se déroulait devant sa grande-porte. Il avait senti une présence familière. Mais c'était impossible, il devait encore être à Minas Tirith… à moins que ?

Un Anneau pour les trouver.

Frodon approcha lentement le petit anneau à son doigt. Avec lui, il serait en sécurité. Oui, invisible, introuvable, invulnérable. Il avait traversé tant d'épreuves, il le méritait bien. C'était son trésor, le cadeau de son oncle Bilbon. Il était à lui, et à lui seul ! Il le passa à son doigt, et il disparut de la vue des deux combattants.

Un Anneau pour les amener tous.

Sauron hurla en constatant que son Anneau était ici, en Mordor, sur les flancs de la Montagne du Destin. A son appel, les nazgûls dirigèrent vivement leurs montures ailées vers le volcan. Guidés par le l'aura impie de la relique, les spectres se dirigèrent droit vers Frodon, qui redescendait la montagne au pas de course. Mais l'apparente invisibilité que lui conférait le port de l'Anneau ne pouvait duper que les vivants… et les nazgûls ne l'étaient pas. Dans un seul ensemble, leurs montures se posèrent sur la trajectoire du hobbit. Les huit spectres en descendirent, et ils avancèrent lentement vers Frodon, qui dans sa folie croyait pouvoir leur échapper. Son erreur ne lui apparut que quand il ressentit la froide morsure de l'acier qui le transperçait de toutes parts.

Et dans les Ténèbres les lier.


Saratoga, empire Britannique américain, 1777.

La bataille avait éclatée il y avait plusieurs heures déjà. Pour la première fois depuis le début de la guerre d'Indépendance, les Américains avaient une chance de battre les Anglais. Les deux armées étaient de force égale, mais les premiers avaient pour eux la connaissance du terrain, tandis que les seconds attendaient des renforts imminents du sud, du nord et de l'est. C'est pour cette raison que Livingston, commandant des forces québécoises alliées aux Américains, avait donné l'ordre à plusieurs de ses bataillons de tout faire pour stopper les nouvelles troupes anglaises. Tandis que certains prenaient place au fort de Stanwick au nord, d'autres attendaient à Brandywine au sud. Enfin, une centaine de soldats se tenaient en embuscade à l'est. De leur efficacité dépendrait l'issue de la bataille.

Comme tous ses compagnons, Jarod Wyrmslayer le savait. Il ne cessait d'y penser tandis qu'il se tenait tapis dans les broussailles bordant la route, en attendant les Anglais. Contrairement à ce que son nom laissait penser, il ne venait ni de Grande-Bretagne ni d'Amérique. Il était français, mais n'ayant jamais connu son père et ne pouvant porter décemment le nom de sa mère, il avait choisi un nom d'emprunt inspiré de la chevalière qu'il portait à l'annulaire de la main droite. Le motif du bijou représentait Saint-Georges, le saint tueur de dragon. Trouvant que ça sonnait mieux en anglais, il s'était approprié la légende pour s'en faire un nom. Lorsque la guerre d'indépendance avait éclatée, il s'était joint sans hésiter aux Français qui partaient aider les Américains. Depuis tout petit, il avait soif d'aventure et de combat, et les Anglais étant les ennemis attitrés de la France… Après plusieurs batailles il s'était retrouvé sous le commandement des Canadiens, et il ne s'en plaignait pas : tant qu'il tuait de l'Anglais, ça lui convenait.

Physiquement, Jarod n'avait rien d'exceptionnel. Il possédait des cheveux d'un brun des plus commun, qu'il se plaisait à attacher en catogan à l'aide d'un morceau de tissu quelconque. Il avait des yeux bleus, et le fait qu'il soit mal rasé ne faisait qu'ajouter au charme qu'il exerçait sur toutes les femmes qu'il rencontrait. De taille moyenne, approximativement un mètre quatre-vingt-cinq, il était assez svelte, bien que possédant une assez bonne musculature, acquise grâce à des années d'entraînement à l'épée dans sa jeunesse. Il avait à peine vingt ans, mais se considérait comme un homme accompli après tout ce qu'il avait vu durant la guerre, que ce soit en bien ou en mal. En fait, c'était malheureusement surtout en mal.

Un bruissement à ses côté le fit se retourner. Un autre soldat arrivait en rampant, et il reconnut un des Français qui étaient partis avec lui. Le nouvel arrivant lui offrit un petit sourire crispé. Jarod constata qu'il était au moins aussi tendu que lui. Mais qui ne le serait pas à leur place ? Il resserra sa prise sur son fusil. C'était un mousquet tout simple, auquel il avait apporté ses propres modifications. En temps normal, aucune fantaisie n'était tolérée sur les armes appartenant à l'armée, mais avec la confusion qui régnait depuis le commencement de cette guerre, plus aucune vérification ne se faisait sur le matériel. Il avait donc rajouté deux petits crans au-dessus du canon, ce qui permettait une meilleure précision au tir, et le bas de la crosse avait été taillé pour permettre l'ajout d'une lame de couteau pour le corps à corps.

Il vérifia une dernière fois son équipement. Il avait abandonné l'uniforme réglementaire pour adopter une tenue discrète, grise et brune, qui se confondait plus facilement avec le paysage, mais il avait gardé son tricorne, sur lequel il arborait fièrement une fleur de lys bleu roi brodée. En plus de son fusil, un grand couteau était attaché à sa ceinture, ainsi qu'un pistolet et quelques bourses pleines de poudre. Pour compléter le tout, une longue rapière était accrochée dans son dos, ce qui permettait une plus grande liberté de mouvement pour se déplacer et tirer l'arme. Rassuré quand il tata le pommeau en passant sa main derrière son dos, il reprit son observation de la route. A côté de lui, le soldat respirait bruyamment, sous l'effet de l'attente interminable qu'ils menaient depuis le matin. Tous commençaient à désespérer de voir arriver les Anglais.

- Ils arrivent ! fit un chuchotement un peu plus loin à sa droite.

Jarod respira un grand coup et tourna son regard aussi loin qu'il le pouvait, vers la lisière de la forêt. Et en effet quelques instants plus tard, un petit convoi fit son apparition. Il s'agissait d'un chariot, mené par un soldat en uniforme rouge, et protéger par cinq autres. On était bien loin de l'armée annoncée.

- Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda-t-il tout bas.

- Je ne sais pas, mais c'est pas bon, lui répondit son voisin sur le même ton.

Jarod était bien de cet avis. Il se mit néanmoins en joue, attendant l'ordre qui lui intimerait de tirer. Quand le convoi fut à mi-chemin du petit bois, en plein milieu du groupe embusqué, la première détonation retentit, et le conducteur du chariot s'affaissa en criant. Aussitôt, les autres se mirent en position défensive, mais c'était inutile. Deux secondes plus tard, ils étaient tous étalés dans leur sang, criblés de balles. Deux embusqués sortirent de leur cachette et entreprirent de dégager les corps, en prévision de l'arrivée imminente de l'armée. Jarod et quelques autres les rejoignirent, et l'un d'eux abattit les chevaux qui tiraient le chariot, afin d'éviter qu'un éventuel hennissement ne les trahisse. Jarod tira, avec l'aide de son voisin qui l'avait suivi, la carriole désormais toute seule au milieu de la route et la cacha du mieux qu'il put avec des branches et des feuilles mortes à quelques pas derrière son propre emplacement. Mais alors qu'il finissait de la recouvrir, il aperçut un petit coffre parmi les tonneaux et les caisses de nourriture. Puisque l'ennemi ne se montrait pas pour le moment, pourquoi ne pas en profiter ?

Il récupéra le coffret et retourna à sa place. Il plaça son fusil juste devant lui, de façon à le récupérer facilement en cas de besoin, et brisa le cadenas du coffre avec la crosse de son pistolet. Il allait soulever le couvercle quand le bruit de tambours se fit entendre. Il posa précipitamment sa trouvaille sur la mousse à côté de lui et se remit en position de tir. Des cliquetis de part et d'autre de la route l'informèrent que ses compagnons avaient aux aussi entendu les Anglais. Et ils arrivèrent.

Les Anglais se déplaçaient en une parfaite colonne, marchant au pas des tambours placés à intervalles réguliers le long de leur troupe bien visible en rouge écarlate. Jarod déglutit difficilement quand il vit s'étendre l'armée ennemie. Ça allait être un combat à dix contre un, voire pire. Un ordre retentit. Instinctivement, il pressa la détente, en même temps que la centaine d'hommes cachés dans les fourrés. La panique envahit les Anglais, mais ils se mirent à riposter en moins de temps que ne l'espérait Jarod. Après une première salve tirée au hasard sur les broussailles, les premiers rangs se lancèrent à l'assaut des embusqués.

Sans attendre d'être surpris en étant encore allongé, le jeune homme se leva et sortit son pistolet. La tête de sa cible éclata comme un fruit trop mur quand la balle traversa son crâne au niveau du nez. Un anglais se jeta sur lui, baïonnette au canon, et il eut juste le temps de tirer sa rapière en se décalant d'un pas en arrière. Il transperça rapidement son adversaire et se mit à en chercher un autre. Autour de lui, la confusion régnait en maître, autant parmi les assaillants que les assaillis. Il vint en aide à son voisin, qui contrait tant bien que mal les coups d'un Anglais, et esquiva aisément l'assaut brutal d'un second qui arrivait par derrière. Sa rapière à la main, il ressentait une impression d'invincibilité jouissive.

Mais l'abus de confiance nuit. Tandis qu'il parait un coup de baïonnette, il trébucha sur une racine et tomba en arrière en criant de surprise. Roulant sur lui-même pour éviter de se faire embrocher par son adversaire qui comptait bien en profiter, il percuta le coffre qu'il avait laissé un peu plus tôt. Un globe noir de la taille d'un melon en sortit, et dès qu'il se fut immobilisé sur un épais lit de mousse, il commença à briller de l'intérieur, d'une lumière si vive que Jarod dû se couvrir les yeux. Une exclamation derrière lui l'informa que son adversaire n'y voyait goutte, lui non plus. Profitant de ce moment de répit, il le transperça sans hésiter, dirigeant son bras grâce aux cris d'étonnement lâchés par l'Anglais. Le danger momentanément écarté, il saisit le globe, les yeux plissés. Prenant conscience de l'avantage que cela pourrait lui procurer, il le lança de toutes ses forces au beau milieu de la colonne anglaise. A son grand désarroi, au lieu de continuer de briller en aveuglant tout le monde, la sphère se brisa.

Une formidable onde de choc projeta tout le monde à terre.

Jarod se cogna la tête contre un tronc d'arbre abattu et aperçut du coin de l'œil un fragment du globe voler à toute vitesse vers lui, projeté par le souffle de l'explosion.

Puis tout fut noir.


La Terre du Milieu allait s'écrouler. Sauron était revenu, et tous les espoirs des peuples libres venaient de s'éteindre. Le seigneur elfe Glorfindel ruminait ces pensées en chevauchant à bride abattue vers Fondcombe. Si le continent devait tomber, la demeure elfe serait la dernière à se soumettre, et il comptait bien se battre jusqu'au bout. Il se retourna sur sa selle pour vérifier que ses hommes le suivaient. Tous avaient la même mine sombre que lui, mais ils tenaient le rythme. Tant mieux. De toute façon, ils mourraient tous ensemble d'ici quelques semaines.

A ses côtés chevauchait une jeune elfe. Thranduil l'avait prié de veiller sur sa fille, car il savait que la Forêt Noire serait le premier royaume elfe à tomber, suivi de peu par la Lorien. Le seigneur de la forêt l'avait prié de la mener aux Havres Gris alors qu'il était encore temps, et dans ce but Glorfindel était parti avant ses autres compagnons. Malheureusement il doutait que la voie maritime soit encore viable… Une semaine après la reprise de l'Anneau par Sauron, rien n'était moins sûr. Les cavaliers étaient déjà en Rhudaur, ancienne partie du royaume d'Arnor, et d'ici quelques heures il allait se scinder en deux. Nerwen, la fille de Thranduil, continuerait vers l'ouest avec quelques autres, tandis que Glorfindel bifurquerait vers l'est. Il se demandait où était le frère de Nerwen, Legolas. Sans doute mort à l'heure qu'il était. Comme ils le seraient tous bientôt.

Une flèche siffla à ses oreilles, suivie d'une dizaine d'autres. Plusieurs de ses compagnons tombèrent, mais Nerwen était intacte.

- Fuyez ! Partez d'ici ! lui ordonna-t-il. Allez aux Havres !

- Je ne vais pas vous laisser là ! protesta la jeune elfe en tirant son épée.

Des orques sortirent des arbres.

- C'est un ordre ! Allez !

La rage au cœur, Nerwen tourna bride et lança sa monture au galop sur la route. Glorfindel la regarda s'en aller, puis se joignit au combat que menait déjà les autres. Ce qu'il ne put voir, ce fut les orques qui se jetèrent sur la fille de Thranduil une dizaine de mètres plus loin.


La première chose que Jarod constata en se réveillant, c'était qu'il était toujours dans la forêt. Par contre, l'odeur de poudre et de sang avait disparu, ce qui était pour le moins intrigant. Il se força à bouger ses membres un à un, vérifiant qu'ils étaient tous en état de marche. Il se releva ensuite, et se rendit alors compte que plus aucun corps ne jonchait le sol.

Ça, ce n'était pas normal.

Il avait toujours son couteau, son pistolet et sa rapière, mais son fusil avait disparu. En fait, plus il regardait autour de lui et plus il se dit qu'en fait, c'était lui qui avait bougé. Ilse trouvait dans une petite clairière, sans route à proximité, alors qu'il était tombé tout au bord de celle-ci, et il ne reconnaissait pas les arbres qu'il avait pourtant scrutés pendant des heures. Il n'avait jamais eu réellement peur de sa vie en dehors des batailles, mais à cet instant son ventre commença à se nouer. Qu'est-ce que cette explosion avait provoqué ?

Une odeur infecte lui emplit les narines, et il se couvrit le nez avec sa main. Ce n'était pas l'odeur de la décomposition. Non, c'était… pire. Un cri guttural le fit se retourner, et il fit quelques pas en arrière, effaré. Quelqu'un, ou plutôt quelque chose, se tenait devant lui, un cimeterre rouillé au poing. C'était un être à la peau verte et crasseuse, vouté, doté de deux yeux jaunes injectés de sang et portant des morceaux de vêtements mêlés à des fragments de cotte de maille. Avec un autre cri, la créature l'attaqua.

Il sauta de côté et la transperça en prenant un air dégoûté. Il ne savait pas ce que c'était, mais ça ne lui voulait sans doute pas du bien. Du sang noir lui gicla dessus, et il recula précipitamment.

- Mais tu es quoi, toi ? s'écria-t-il tandis que la chose s'effondrait.

D'autres silhouettes sortirent du couvert des arbres, et il prit rapidement son pistolet tout en resserrant sa prise sur sa rapière. A son grand soulagement, ce furent des hommes qui apparurent, et il baissa les bras en laissant retomber la pression.

- Vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe ? demanda-t-il. Qu'est-ce que c'est que ça ?

Il y avait plus d'une centaine d'hommes, et tous portaient des habits rapiécés et de multiples sacs, et ne s'arrêtèrent pas de courir en passant devant lui. Certains ne lui adressèrent même pas un regard. Effaré, Jarod les regarda fuir, avant qu'enfin un vieillard ne s'arrête.

- Qu'est-ce que vous faîtes encore là ? lui demanda le vieil homme. Vous n'êtes pas au courant ?

- Au courant de quoi ? s'étonna Jarod.

- Sauron a récupéré l'Anneau ! Tout est perdu !

Sauron ? L'Anneau ? Mais qu'est-ce que c'était ?

- Mais de quoi parlez-vous ? Où sommes-nous ? Quel jour ?

Le vieillard le dévisagea, puis se remit à courir en lui lançant des dernières paroles par-dessus son épaule.

- Le 3 avril, et vous êtes en Rhudaur !

Le groupe de fuyards parti, Jarod se retrouva de nouveau seul dans la clairière, avec le cadavre de la créature qui inondait encore la terre de son sang noir comme de l'encre. Il n'y comprenait rien. Il n'avait jamais entendu parler du Rhudaur, ou d'un quelconque Sauron. Mais où était le reste de son détachement ? Il n'eut pas le loisir de s'interroger davantage.

Une dizaine d'autres choses jaillirent du bois. Deux d'entre elles trainaient un corps inconscient, et elles s'arrêtèrent toutes en le voyant devant eux. Elles semblaient au moins aussi surprises que lui. Celui qui semblait être leur chef s'avança prudemment, épée au poing. Jarod pointa son pistolet en direction de sa tête, et la créature regarda l'arme avec étonnement, mais s'arrêta tout de même.

- Vous comptez vous battre ? susurra-t-elle. Votre peuple a perdu, et vous ne fuyez pas ?

- La guerre n'est pas terminée, s'étonna Jarod. Les Anglais n'ont pas gagné.

- Les… Angles Gays ? répéta la chose. Pff… de toute manière, vous allez mourir. Tuez-le ! ordonna-t-elle.

Jarod pressa la détente et la tête de la créature explosa, ce qui le rassura un peu. Au moins, ça mourait comme les humains. Les autres se précipitèrent sur lui, saufs les deux qui tenaient le prisonnier. Il n'eut aucun mal à les tuer, car ils favorisaient la force brute à la technique, et leurs coups étaient très peu précis. Voyant que leurs compagnons n'arrivaient à rien, les deux derniers lâchèrent leur fardeau et attaquèrent également. Ils moururent tout aussi facilement.

Toujours sous le choc de l'apparition d'humanoïdes qui lui étaient inconnus, Jarod rejoignit la seule chose qui lui disait quelque chose : la silhouette humaine inconsciente qui était leur prisonnière. Il retourna le corps sur le dos, et se rendit compte que c'était une femme. Un très belle femme. Mais aux oreilles pointues.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce bordel… ?

Il ne savait pas où il était, mais il n'aimait déjà pas ça.


J'espère que ce premier chapitre vous a plu. Si c'est le cas, je vous invite expressément à m'en informer par le biais d'une review. Si quelque chose vous a déplu, j'espère tout autant que vous m'en ferez part via le même moyen, afin que je puisse tenter de le corriger par la suite.

Dans tous les cas, merci de m'avoir lu!