Je ne possède pas Akagami no Shirayukihime

Il s'agit d'une fiction se situant vers la fin du chapitre 34 du manga. Voir le chapitre 1 pour tous les détails.

Les phrases en italic dans le texte correspondent aux pensées des personnages.
Les phrases entre « » sont des souvenirs qui reviennent en mémoire à des personnages, comme il s'agit également de pensées, elles sont également en italic.


Chapitre 12

.

Zen prit une profonde inspiration lorsqu'il fit son entrée dans le bureau de son frère. Il avait déjà ressentit l'atmosphère pesante jusque derrière la porte et l'ambiance à l'intérieur n'avait rien de plus invitante. Le ciel s'était couvert et un vent glacial commençait à gronder contre les hautes fenêtres renvoyait une lueur pâle sur les personnes présentes dans la pièce. Outre un serviteur et un secrétaire qui tentaient de se fondre au mobilier, le prince Kijima était installé avec une aise presque provocante dans l'un de siège dans l'un de ces habituels costumes élégants, un breuvage chaud à la main, feignant d'ignorer la présence un peu trop imposante devant lui. Derrière sa large bureau de bois massif, le prince Izana ne se débarrassait pas d'une mine sombre que Zen ne l'avait jamais vu affiché lors d'une rencontre diplomatique.

A-t-il si peu confiance en la collaboration du prince Kijima pour afficher un air aussi hostile avant même le début de la conversation?

Zen opta pour une attitude plus prudente, malgré sa propre aversion pour ce personnage, et s'installa dans son propre siège après quelques formules de politesse. Il n'était pas rare que son frère ainé l'invite à ce genre de réunion depuis quelques années, il avait atteint un âge qui impliquait qu'il devait participer d'avantager aux affaires du royaume. Son grand frère se reposait davantage sur lui et assister à ce genre de réunion ne pouvait que renforcer cet apprentissage.
Il y avait eu quelques menaces de guerre par le passé, l'une d'entre elles avaient même éclaté et Zen avait eu le dur sentiment d'impuissance de voir son frère et son père partir pour le champ de bataille, laissant derrière eux un gamin turbulent, sans mère.
Aujourd'hui encore, une guerre était peut-être à leurs portes et Zen était maintenant en âge d'y participer, à moins qu'ils ne puissent l'éviter avant qu'elle ne se déclenche et ainsi sauver plusieurs vies, peut-être les leurs. Zen avait confiance en son frère, lorsqu'il s'agissait de défendre leur royaume, il était intraitable. Si leur père lui avait confié cette entretiens c'est qu'il l'en croyait capable.

- Je crois que nous sommes finalement au complet, lança soudainement le prince invité, visiblement amusé par la tension dans l'air, comme s'il se moquait du sujet.

Cette attitude rendit Zen profondément nerveux alors que son frère en sembla agacé. Ignorait-il le sujet de cet entretien pour agir aussi légèrement?

- Je tiens d'abord, prince Kijima, a vous souhaité mes vœux de bons rétablissements à votre père. J'ai récemment appris les détails de son état de santé et j'espère qu'il retrouvera vite du mieux.

- C'est très aimable à vous.

- On m'a également informé que vous étiez en charge des affaires du royaume jusqu'à ce qu'il retrouve la santé.

- Vous êtes parfaitement bien renseigné.

- Votre père a-t-il eu le loisir de vous informer de l'état de la situation depuis ce transfert de pouvoir?

- Si vous parlez de cette armée qui tente d'obtenir notre accord afin de traverser nos terres pour ainsi pour attaquer les vôtres, oui je suis au courant.

- Vous comprenez donc la nécessité de cet entretien. Depuis la proclamation de l'indépendance de votre royaume, votre père n'a jamais officialisation son statut par rapport à Clarines malgré les liens solides qui nous unit avec votre ancien gouvernement, votre actuel voisin, le royaume de votre oncle.

- Vous m'avez donc fait quérir afin de me convaincre qu'une alliance avec vos ennemis serait une grave erreur? Il est vrai qu'en cas de défaite mon peuple aurait tout à craindre des représailles de la puissante armée de Clarines, sans compter les problèmes de famille qu'une telle décision engendrerait.

Izana serra les dents en entendant le ton presque moqueur du prince et il ne pu s'empêcher de le réprimander avec retenue.

- Vous rendez-vous bien compte des vies en jeu, prince?

- Je suis bien plus concerné par mon peuple que vous ne semblez le croire, objecta soudainement très durement Kijima. Je trouve simplement ironique que vous preniez la peine de prendre cette voie en discutant ainsi directement avec moi. J'ai cru entendre des rumeurs de mariage entre vous et ma chère cousine, la fille de mon oncle. Une telle alliance tomberait à providence et vous assurerait l'appui certain de son royaume, mettant ainsi une pression non négligeable sur mon père.

Zen sentit un frisson le parcourir. Il est vrai que son frère avait ce projet de mariage, mais il l'avait envisagé bien avant ce conflit. Il était évident qu'aux yeux du monde extérieur, cette alliance pouvait prendre les allures d'un plan froidement calculé afin de s'assurer de la soumission de leur faible voisin.
Izana allait-il réellement presser ce mariage comme le suggérait Kijima? Il éviterait ainsi une guerre et s'assurerait d'un allié puissant. Ils avaient tout à y gagner, mais… Zen devinait au dédain dans la voix du prince de Cyterrias qu'un pareil moyen de pression pourrait paraitre comme une insulte envers lui, son peuple et sa cousine. Il n'était pas rare pour des monarques puissants d'utiliser le mariage pour régler des conflits pareils mais il ne s'agissait jamais d'une technique très… apprécié.

Le visage du prince Izana était impassible devant la remarque de leur interlocuteur. Soupirant en retrouvant son calme, il avait enfin comprit la provenance de l'hostilité du prince et pouvait reprendre un entretien plus sérieux.

- Je mentirais en avouant qu'un tel cas n'a pas été envisagé et je ne vous demande pas de me croire en précisant qu'il s'agit d'un projet lancé avant même l'annonce de cette nouvelle. Néanmoins, en vue de certains événements, j'ai rejeté cette possibilité.

La surprise sur le visage de Kijima n'avait d'égale que celle du prince Zen à cette annonce.

- Ne vous m'éprenez pas, votre cousine est une femme définitivement digne d'être reine et je lui souhaite de trouver cette destinée dans son propre royaume ou bien un autre qui saura mieux l'accueillir que le miens. Après quelques temps passés en sa présence, je ne crains qu'elle ne s'ennuie mortellement à mes côtés et je ne peux que souhaiter du bonheur à une femme aussi charmante.

Zen reconnaissait bien là les compliments diplomates de son frère qui sonnaient, pour lui, horriblement faux, mais il ne comprenait toujours pas la vraie raison de ce retournement. Néanmoins, le prince Kijima sembla se détendre.

- Vous m'étonnez, je dois l'avouer.

- Je ne tiens pas à faire pression sur votre pays, même si je n'ai pas apporté mon soutien à la révolte de votre peuple vers son indépendance. Il s'agit d'une opinion que j'ai fournit à l'époque et sur laquelle je ne reviendrai pas. J'espère néanmoins qu'elle n'affectera pas votre décision sur le cas présent.

L'air arrogant du prince avait complètement disparu et il semblait enfin prendre la situation au sérieux.

- Hé bien, avancez vos cartes, annonça-t-il alors en s'adressant à Izana.

- Si vous nous promettez votre appui, il est évident que l'armée de Clarines s'installera aux frontières de votre pays afin d'assurer la protection de votre peuple. La guerre civile a laissé ses traces et, même si aucune attaque n'a été suggérée envers vous, nous voulons nous assurer que vous ne subirez pas contrecoups d'une alliance avec nous. Nous pouvons également établir une alliance officielle qui vous promettrait assistance en cas de danger éventuel. Nous sommes également près à offrir assistance à votre gouvernement afin de vous reconstituer une armée et une structure plus solide pour votre royaume.

- En fait, vous proposez de devenir un allié de choix pour mon royaume si nous vous prêtons allégeance de ce cas présent?

- Exactement.

Le prince Kijima demeura un instant silencieux, glissa un regard vers le prince Zen qui s'était contenté d'écouter depuis le début.

- Vous avez eu l'air aussi surpris que moi lorsque votre frère a annoncé l'avortement de son projet de mariage, prince Zen.

- Il ne m'en avait certes pas informé officiellement, mais il m'avait confié qu'il avait mit son choix en suspend afin de mieux y réfléchir.

- Êtes-vous d'accord avec sa décision?

- J'appuie mon frère dans chacun de ses choix sans aucune hésitation.

- Vous n'avez pas répondu à ma question, répéta le prince Kijima en fronçant les sourcils.

- Je ne sais pas ce que vous attendez comme réponse de ma part, mais je ne suis pas au fait des décisions qui ont poussé mon frère a envisagé un mariage avec la princesse Haki, ni celles qui l'en ont dissuadé.

- Pourtant les mariages pour alliance son chose commune de nos jours.

- Suggérez-vous que dans une possibilité de refus de votre part, je me tourne vers cette solution, intervint Izana.

- Je le suppose en effet, parce que vous êtes quelqu'un de reconnu pour protéger son royaume, peu importe les techniques. Un tel choix de votre part ne m'aurait pas étonné et j'avoue ne pas saisir votre stratégie.

- Hé bien, je me fis sur votre bon sens, sinon je ne pourrai éviter cette guerre.

- Vous ne prenez pas la peine de noter à quel point mon peuple pourrait subir les dégâts de cette guerre?

- Si guerre il y a, j'ai cru comprendre qu'ils comptaient franchir vos terres, non s'y installer. Les batailles auront lieu sur nos terres, votre peuple n'a pas à en supporter davantage.

Cette fois les traits du prince Kijima se figèrent devant la réponse sincère d'Izana. Les deux frères eu un sursaut d'incrédulité en surprenant un léger rire provenir du jeune homme. Reprenant son souffle, celui-ci leur offrit un sourire éclatant en posant son menton dans la paume de sa main.

- Clarines est décidemment remplit de gens étonnants. Pour vous dire la vérité, j'ai eu connaissance du fait que mon père est plutôt enclin à accepter l'offre de vos ennemis et l'opinion de j'avais de vous ne m'opposait pas à son penchant. Une charmante demoiselle qui vous ait tout particulièrement dévouée a installé un doute raisonnable en moi et je suis d'autant plus surpris de vous voir confirmer ce qu'elle me proclamait avec tellement d'assurance.

Ni Zen, ni Izana, n'avaient besoin de que le prince ne nomme cette jeune femme pour qu'un visage apparaisse aussitôt dans leurs esprits. Sur ces mots, le prince Kijima se leva d'un geste souple.

- Hé bien, c'est entendu, prince Izana. Je serai votre allié. Si tous vos sujets sont aussi dévoués et fascinants que cette femme, je vous envie infiniment. Je vous laisse le soin de rédiger les papiers concluant notre affaire, pour ma part je communiquerai ma décision à mes gens pour qu'elle soit transmise à Cyterrias.

Il serra ensuite la main des deux princes encore un peu sous le choc et se dirigea vers la sortie.

- Vous devriez remercier cette jeune demoiselle. Si ça n'avait été de notre conversation de la vieille, je n'aurais probablement même pas prit la peine de me présenter ici. Prenez soin de vos alliés, vos altesses.

La porte se referma, le secrétaire salua et sortit à son tour bientôt suivit du serviteur qui fut renvoyé en silence après s'être assurés que les princes n'avaient besoin de rien.

- Je serai curieux de savoir ce qu'elle a bien pu lui dire…, marmonna Izana après un moment de silence.

- Avais-tu réellement décidé de ne plus épouser la princesse Haki?

- En effet.

- Pour quelle raison?

Le ton du prince Zen avait prit une tonalité que son frère ne lui connaissait pas. En levant les yeux vers lui, il rencontra son regard mélangé de crainte et de colère. Pour le jeune prince, il n'avait aucune raison valable pour que son frère ait changé d'idée, à moins que…

- Parce que je suis confiant de trouver une compagne qui sera un meilleur choix qu'elle.

Les deux frères se confrontèrent du regard en silence.
Zen avait un jour avoué à Shirayuki qu'il serait incapable de ressentir une quelconque hostilité envers son frère, mais, à cet instant, s'il confirmait ses doutes, il n'était pas certain de sa réaction.

- Je me dois de penser au bien du royaume, continua Izana sur un ton posé. En tant que prince de Clarines, tu dois aussi mettre ton devoir en avant de tout.

- Pourtant, épouser la princesse Haki aurait évité une guerre et tu as repoussé cette idée.

- La guerre n'a-t-elle pas été évité?

Zen se leva de son siège, incapable de rester en place.

- Tu m'as déjà affirmé que tu ne laisserais pas ta rencontre avec elle entraver la voie que tu voulais suivre. Si ne pas entraver ce chemin voudrait aujourd'hui impliquer de la laisser s'éloigner de toi, pourrais-tu l'envisager?

Zen ne pouvait pas répondre à cette question, il en était évidemment incapable, surtout dans ses circonstances.

- Qu'est-ce que tu essayes d'insinuer?

Veux-tu la prendre près de toi mon frère? Pour le royaume? Pour toi? …

- Tu parles d'une femme dont tu n'as eu de cesse de vouloir te débarrasser, puis tu as semblé vouloir l'accepter et devenir notre alliée et maintenant, ça?

- Nous n'aurions jamais imaginé le précieux support qu'elle pourrait devenir. Comptes-tu toujours la demander en mariage, mon frère?

Bien sûr que Shirayuki pourrait faire une reine de premier choix, il l'avait toujours su, et le royaume n'en serait que plus fort mais… son frère le mettait-il réellement dans une pareille situation?
Soudain celui-ci se détourna vers la fenêtre.

- Tu peux sortir, Zen. Il n'est pas nécessaire d'aborder le sujet. Je n'ai aucune intention envers elle et elle n'envisagera jamais une telle possibilité, même si c'est pour ton bien. N'est-ce pas?

Cette dernière suggestion fit serrer violement les poings de Zen. Si son frère envisageait même cette idée devant elle, il … ne préférait pas y penser. Trop furieux, le jeune frère décida de prendre la porte sans un mot de plus, laissant Izana face aux derniers événements.

Dehors la neige tombait de manière chaotique, balayée par le torrent de vent, les mêmes bourrasques qui s'agitait en plus profond de lui. Cet entretien avec Kijima avait finit de le convaincre sur tout ce que cette fille pouvait représenter. Elle avait le don de gagner le cœur des gens, elle avait la force et le courage de tout affronter, avoir une femme pareille à ses côtés serait…
Izana n'arrivait pas à savoir s'il soulevait cette possibilité à cause de ce qu'elle pourrait apporter au royaume, ou de ce qu'elle pourrait lui apporter à lui.

«Elle sera avant tout votre femme, elle demeurera à vos côtés en toutes circonstances. Elle sera votre soutien et votre confidente. »

Sa femme… Izana eu un léger soupire en repoussant cette idée à contrecœur. Pourquoi avait-il fallu que ce soit elle? Pour la première fois depuis plusieurs années, il se sentait profondément jaloux de son cadet.
Être aimé de cette manière… par une personne pareille…
Izana se laissa retomber dans sa chaise, réalisant soudainement que l'éventualité d'un mariage d'alliance lui pesait soudainement avec un soupçon de tristesse.
Zen ne lui pardonnerait certainement pas d'aussitôt, mais il serait probablement soulagé d'apprendre qu'il ne soulèverait plus cette question. Pour leur bien à tous les trois…


Si vous avez des commentaires ou des suggestions, n'hésitez pas à cliquer sur Review pour me les communiquer.