Je m'améliore en temps de post, non ?

Bon allez, je vous fais des tas de câlins et je retourne m'enfouir sous ma couette. Et réviser pour mon bac blanc.

Merci de toujours me lire, même si je sais pas pourquoi vous le faites. Mais j'adore tellement vos messages.

ps : je suis maintenant sur ! Venez me poser des questions rigolotes : /Briecks


Il s'avéra que la soirée du dépucelage de Chris, comme l'avait si bien phrasé Lauren, se transforma en plusieurs soirées. Des soirées suivies par des soirées suivies par d'autres soirées. Chris n'en voyait plus le bout.

Il adorait chaque membre de la troupe qu'il avait pu rencontrer ― certains étaient passés en coup de vent, juste pour une soirée ou deux, et ceux-là aussi il les avait adorés. Il passait le plus clair de son temps avec Lauren, qui était trop drôle pour être réelle, mais il avait appris à apprécier chaque trait de caractère de chaque personne de la troupe.

Il s'avéra aussi que passer autant de temps avec la bande de fêtards lui faisait passer de moins en moins de temps avec Darren. Oh, Darren était toujours présent et ils partageaient même un lit, mais les soirées s'étiraient en matinée et le lit servait strictement à se reposer pendant quelques précieuses heures avant de tout recommencer.

Il commença à réaliser qu'il n'était peut-être plus autant qu'avant avec Darren lorsque Lauren le chopa entre le frigo et le comptoir de la cuisine un matin (c'était à dire, un début d'après-midi).

« Tu l'évites, lâcha-t-elle comme s'ils discutaient depuis un bon quart d'heure.

- Excuse-moi ?

- Darren. Tu l'évites.

Chris laissa échapper un léger rire.

- Comment est-ce que tu pourrais savoir si j'évite Darren, tu sais même pas comment les choses sont quand on est à Los ―

- Ecoute, Chris, soupira la jeune femme. On n'est peut-être pas à L.A., mais on sait ce qui s'y passe parce que Darren appelle l'un d'entre nous, genre, presque tous les jours. Et Joey habite avec lui les trois quarts du temps. Alors même si on te connaissait pas avant cet été, on connait la relation que t'as avec Darren.

- Y'a pas de relation entre ―

- Chris. Je t'en prie. On me la fait pas, à moi. »

Elle dit ces derniers mots d'un air qui aurait pu être drôle si la situation avait été différente, mais Chris se sentait plutôt d'humeur à se taper la tête contre un mur plutôt qu'à se marrer. Il détestait l'admettre, mais Lauren avait raison : il évitait Darren. Inconsciemment, peut-être, mais tout de même. Et cela faisait déjà huit jours qu'ils avaient débarqué à Ann Arbor.

La dernière fois qu'il avait parlé à Darren, c'était la veille pour lui demander s'il avait besoin de quelque chose parce qu'ils faisaient une descente à l'hypermarché du coin avec Brian.

La dernière fois qu'il avait eu une conversation avec Darren remontait à il y a cinq jours. C'était juste avant de partir en boîte avec tout le monde ― Darren lui avait demandé comment il se plaisait ici. Ils avaient parlé pendant une vingtaine de minutes, puis ils avaient dû quitter le balcon et monter dans la voiture.

A part les nuits où ils dansaient collé-serré dans un club, leurs interactions étaient devenues assez… limitées.

Pas besoin de préciser que Chris se sentait assez coupable, d'un coup.

Ce soir là, ils sortaient encore. Joe avait absolument envie d'essayer le « nouveau club trop fancy cool » du coin, et tout le monde était de la partie. Certains appelèrent même des amis en renfort pour les accompagner. Chris n'en connaissait aucun, mais il ne put s'empêcher de remarquer quelques spécimens fortement à son goût.

Lorsqu'ils entrèrent dans la boîte, l'endroit était bondé de monde ― Ann Arbor était une ville étudiante avant tout le reste ― mais la musique était bonne et les prix assez bas. Le club devint donc l'endroit préféré de tout le groupe (du moins, pour la nuit).

Cependant, Chris ne se sentait pas vraiment d'humeur à faire la fête ce soir. Alors qu'il mâchouillait avec un peu trop d'entrain sur la paille de son Cuba Libre, un jeune homme prit place sur la chaise haute à sa droite. Lorsque Chris le reconnut (c'était un ami de Lauren, un des spécimens), il esquissa un sourire.

« Alors, beau gosse, t'as décidé de pas t'amuser ce soir ?

- Non, ricana Chris, je suis juste un peu crevé. On sort tous les soirs depuis plus d'une semaine.

- Faut dire que c'est comme ça avec la bande là ! Tu les connais depuis longtemps ?

- Depuis une semaine, en fait.

- Ah ouais, répondit le gars en hochant la tête (il n'en avait rien à faire). Dis, je peux t'offrir un verre ?

Chris leva son verre pour lui montrer qu'il n'en avait pas besoin.

- Non, mais… J'ai vraiment envie de t'offrir un verre.

- Ah… Oh. Ce genre de verre là, d'accord, murmura Chris. D'accord, ça sera ―

- Une piña colada, commanda-t-il en lançant un clin d'œil. Et un double scotch pour moi. »

Chris le remercia (il n'aimait même pas vraiment la piña colada) et ils se mirent à bavasser sur des sujets plus emmerdants les uns que les autres. Apparemment, le mec faisait une école d'art. Comme si cela lui permettait d'être chiant au possible, pensa Chris. Ils discutèrent assez longtemps, vu que le jeune acteur était coincé ce soir et n'avait pas envie d'aller sur la piste.

Ce n'était pas l'avis de son interlocuteur, cependant.

Ce dernier le supplia d'aller danser deux, trois fois et, lorsqu'il réalisa que Chris ne changeait pas d'avis, il le prit par la main et le tira jusqu'à la piste. Chris, trop fatigué pour protester, se laissa faire et se mit à danser de façon automatique (et un peu robotique, à vrai dire). Il eut le temps d'apercevoir quelques têtes familières, mais l'alcool et la fatigue avaient achevé ses sens.

L'étudiant se rapprochait de plus en plus et il n'y avait bientôt plus que de fines couches de vêtements qui séparaient leurs deux corps. Chris voulait partir et retourner s'asseoir mais il ne sentait même plus ses jambes ― il soupçonna même être porté seulement par la force de la foule autour de lui. Soudain, son partenaire de danse glissa les mains sur ses fesses et se mit à lui lécher le cou.

Il sentait fort le scotch. Darren sentait souvent le scotch lorsqu'ils sortaient. Chris avait envie de partir et d'aller pleurer et pisser un coup pour évacuer toutes ces pensées.

L'autre mec continuait son ascension, puis tout à coup Chris ne sentit plus rien du tout. Il ne pouvait pas être cuité à ce point, si ?

Non. Il ne sentait plus la langue baveuse de son partenaire simplement parce qu'il n'était plus devant lui, mais par terre.

« Darren ! »

C'était la voix de Lauren, perçante malgré la lourde musique. Chris leva la tête et vit que Darren releva l'étudiant… pour lui coller une droite dans la mâchoire. Ses yeux s'arrondirent d'un coup, et Lauren arriva d'un pas furieux.

« Mais t'es malade ou quoi, s'exclama-t-elle, on frappe pas les gens comme ça ! On frappe pas les gens du tout même, méchant Darren ! Ca va, Dale ?

- Ca va, marmonna le jeune homme (qui s'appelait apparemment Dale). Je vais y aller, hein, merci pour l'invit' Lauren. »

Elle lui fit un signe de tête et une brève étreinte, puis se tourna vers Darren, furieuse. Elle le tira hors de la piste, ainsi que Chris.

« Bon, Darren, maintenant tu expliques ton mauvais geste.

- Je... Il m'agaçait, marmonna le bouclé en s'ébouriffant les cheveux d'un air frustré. Il léchait le cou de Chris, et quoi, je devais le regarder et l'applaudir ?

- Personne t'a demandé d'applaudir personne, Darebear, » soupira-t-elle.

Elle se tourna vers Chris pour lui demander son avis, mais ce dernier s'était assoupi debout, contre le mur. Elle se mit à rire, quand soudain une main agrippa l'épaule de Darren.

« T'as un problème avec mon mec, bouffon, demanda avec rage un homme plutôt bien bâti.

- Quoi ? Je comprends pas, répondit sincèrement Darren.

- Je vais t'aider à trouver tes mots, moi ! » s'exclama l'homme avant que son poing s'écrase contre le menton de Darren.

« Oh non, c'est la soirée », grommela Lauren lorsqu'elle vit un vigile se diriger vers eux.

« Messieurs, je vais devoir vous demander de vous diriger vers la sortie, s'il vous plaît.

- Darren, l'interpela-t-elle, prend Chris avec toi. Il est en mode zombie et je pense qu'on va encore rester quelques heures ! »

Darren saisit Chris par la taille et se dirigea dehors. Résigné, il se laissa glisser sur le trottoir. Entre temps, Chris s'était réveillé. Il avait un air assez hagard, ce qui était compréhensible.

« Pourquoi on est dehors, questionna-t-il d'une petite voix.

- Je me suis fait jeter du club, marmonna Darren.

- Parce que t'as frappé quelqu'un ?

- Parce que je me suis fait frapper. »

Il renifla bruyamment et Chris s'aperçut que le nez du bouclé saignait. Il fouilla rapidement ses poches, mais il n'avait rien sur lui pour nettoyer le visage de Darren. Ce dernier se mit soudainement à rire, ce qui lui valut un regard étonné de la part du plus jeune.

« Rien, c'est juste que… (il ria encore un peu plus et fit un geste du genre, 'laisse tomber' tout en haletant)… Chris, bordel de merde, tu te rends compte qu'on vient de se faire jeter d'un club ? »

Chris eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que Darren était déjà reparti dans son fou-rire incapable de résister aux larmes qui commençaient à couler le long des cils du guitariste, il le suivit dans son délire et se mit à rire comme il n'avait pas ri depuis bien longtemps.

« Techniquement, Dare, hoqueta Chris lorsqu'il s'était calmé, tu t'es fais jeter du club. Je t'ai juste suivi. J'ai rien à voir là-dedans.

- Bien-sûr, rétorqua Darren d'un air suffisant.

- Hé, je suis en tout bons rapports avec la loi, moi, monsieur Criss.

- Ah, la, la, Colfer, qu'est-ce que je ferais sans toi… »

Chris eut envie de répliquer « La même chose sans moi, hé banane », comme il l'aurait fait en temps normal, mais le temps était tout sauf normal. Ils se trouvaient dans une autre ville, de l'autre côté du pays, loin du boulot et des personnes habituelles, loin de ce monstre de bitume géant qu'était Los Angeles, cette ville si impersonnelle mais où ils se sentaient pourtant curieusement chez eux – peut-être grâce à leur 'seconde famille' qu'était Glee, mais aussi grâce à l'un et l'autre. Alors, oui, tout changeait.

Mais eux restaient les mêmes, avec tous ces traits de caractère qui devraient les empêcher de se supporter et qui, malgré cela, les rapprochaient. Ces tas de coïncidences étranges qui faisaient qu'ils étaient comme destinés à se rencontrer, un jour ou l'autre, peu importe la façon, peu importe l'année. Leurs doigts qui se laçaient toujours aussi bien ensemble, leurs phrases qui se complétaient, leurs mimiques qui, peu à peu, devenaient identiques – leur amour commun du métier éclectique qu'ils faisaient, leur amour commun de tas d'autres choses aussi, des dessins animés jusqu'aux nouilles chinoises à chauffer au micro-ondes. Leur affection pour l'autre qui commençait un peu à dépasser des limites invisibles qu'ils ne s'étaient jamais vraiment fixées, l'amour de chaque petite chose chez l'autre mais la haine aussi. Le dégoût de certaines réactions, de certaines situations, l'énervement et l'agacement presque constant mais surtout les courts instants insignifiants que l'on retient et les grandes dates que l'on oublie.

Tout cela ressemblait de plus en plus à de l'amour, si ce n'en était déjà, et aucun des deux n'en avait peur, parce qu'avoir peur était devenu totalement inutile à ce stade.

Alors ils prenaient conscience de tout, ils étaient comme branchés à des câbles haut-voltage et ils n'en avaient rien à faire laisser les choses venir, commencer à agir et arrêter de trop réfléchir, c'était ça, leur priorité loin de tout.

Loin de tout, mais plus proches d'eux-mêmes qu'ils ne l'avaient jamais été.

« Tu m'as manqué, murmura Darren.

- Tu m'as manqué aussi », répondit Chris.

Et sans grande cérémonie, leurs mots se firent engloutir par la nuit noire, et ils étaient tout ce qui restait l'un à l'autre.