! CECI EST UNE TRADUCTION D'UNE FICTION DE TARDISCRASH QUE VOUS POUVEZ TROUVER SUR ARCHIVE OF OUR OWN . ORG !


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The Cat That Got The Cream

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Chapitre 10.

Steve ne faisait jamais les choses à moitié. C'est pourquoi, lorsqu'il s'abandonna à ses sentiments pour Tony, il le fit complètement et sans retenue. Et il continua de s'y abandonner dans la douche, sur le plan de travail de la cuisine, dans le lit … jusqu'à ce qu'il se fasse tard (ou tôt, ça dépendait du point de vue) et que les deux hommes ne décident de dormir toute la matinée dans les bras l'un de l'autre.

Steve se réveilla le premier, serrant toujours Tony dans ses bras (un peu engourdis et douloureux). La tête du brun était calée sous son menton, et son nez soufflait doucement contre sa gorge. Steve rit légèrement et déposa un baiser dans les cheveux ébouriffés de son compagnon.

« Bonjour. »

« Pas bon, tant qu'il y a pas de petit dej'. » grommela Tony, encore vaguement endormi, avant de bouger un peu pour aller mordiller l'épaule de Steve, sans grande conviction.

« Hey ! Arrête ça. »

« Mmmno. » voulait certainement dire 'non' quand on avait la bouche pleine de chair humaine.

Steve leva les yeux au ciel et poussa gentiment Tony sur le dos. Celui-ci ouvrit les yeux, l'air un peu plus éveillé mais encore hagard. Il bailla et marmonna : « Hey, je t'aime, fais du bacon. » comme si ces mots ne formaient qu'une seule pensée cohérente. Et connaissant Tony, c'était sûrement le cas.

« Qu'est-ce que je t'ai dit ? On dit 's'il te plait'. » lui rappela Steve.

« Il est trop tôt pour ça. Oublie le bacon, aime-moi. » exigea le brun, en passant ses bras autour de son cou.

Peut-être était-ce parce qu'il était lui-même dans les vapes, mais quelque chose dans la proposition de Tony l'empêcha de le corriger une seconde fois.

Il se pencha pour l'embrasser. Le baiser fut lent, et en surface seulement au début, puis s'approfondit, sans pour autant accélérer. Tout était tellement chaud et confortable que Steve se mit à sombrer dans le sommeil pour en ressortir presque aussitôt, pendant de longues minutes. Des mains glissaient sur son corps, des lèvres sur les siennes.

Lorsqu'il s'imaginait le Paradis, c'est ainsi qu'il le voyait. Un nuage tangible d'extase dans lequel on s'enfonçait avec plaisir. Et ça, c'était encore plus magique que le fait que quatre jours plus tôt, Tony n'était même pas humain.


Mais la magie a toujours un prix. C'est une des règles de base de l'Univers.


Le réveil sonna trop tôt, sortant Steve de ses nuages avec brutalité. Il s'extirpa de l'étreinte de Tony pour aller se préparer avant de partir au boulot. Il ne put s'empêcher de sourire une fois sous la douche, rien qu'en pensant au brun, roulé en boule, bien au chaud dans son lit. En pensant qu'il serait toujours là. En pensant qu'il ne serait plus jamais seul, qu'il avait quelqu'un qui l'aimait, et qu'il aimait en retour.

Steve avait simplement hâte de passer le restant de ses jours avec lui.

Tony sortit un t-shirt et un jean incroyablement moulant de la pile de vêtements qui gisait toujours sur le lit, tandis que son compagnon s'habillait. Celui-ci l'observa enfiler son pantalon avec difficulté au travers du miroir.

Il ricana.

« Je t'avais bien dit que c'était une mauvaise idée. »

Déterminé, Tony grogna en tirant sur le bout de tissu, juste assez pour pouvoir le boutonner.

« J'aime la façon dont tu me regardes quand je le porte. »

Steve fit volte-face, s'approcha du brun et posa ses mains sur hanches, le serrant avec possessivité contre lui.

« Mmh, comme ça oui. » murmura Tony, en souriant.

Pendant une seconde, Steve se demanda s'il serait capable de s'arrêter, si jamais il commençait à embrasser le brun. Il ne pouvait décemment pas manquer le boulot, mais peut-être que s'il arrivait un peu en retard … Non. Il devait se montrer responsable, aujourd'hui plus que jamais. Il avait Tony à sa charge aussi maintenant. Alors Steve se contenta de serrer le brun dans ses bras, et de l'embrasser au sommet du crâne.

« Garde-le pour quand je reviendrai. »

Tony s'écarta un peu et leva les yeux vers lui, une moue boudeuse sur les lèvres et de la curiosité dans le regard.

« Tu sais, tu n'as pas vraiment besoin de travailler. »

Il haussa un sourcil et Steve soupira, puis ébouriffa ses cheveux.

« On en a déjà parlé, et je sais que tu es bien assez intelligent pour comprendre. Je n'ai pas du tout envie d'y aller, mais il le faut pour que je puisse m'occuper de toi et j'ai besoin d'aller travailler pour ça. »

Tony fronça les sourcils un instant et frotta son nez contre la joue du blond, avant de reculer d'un pas.

« D'accord, mais tu reviens vite ? »

« Avant même que tu ne t'en sois rendu compte. »

« Mmh, alors j'imagine que tu peux y aller. »

« Merci Tony, tu es trop gentil. »

Steve grimaça plus qu'il ne sourit, alors que le brun haussait les épaules en allant chercher l'ordinateur portable.


Lorsque Steve fut prêt à partir, et après qu'il ait été retardé par de nombreux baisers d'adieu sur le pallier, il avait demandé à Tony de ne rien démonter. Il lui avait promis que dès qu'il aurait son salaire, ils se rendraient chez un quincaillier pour lui acheter de quoi s'amuser.

Tony trouva l'intention adorable. Il ne savait pas trop ce qu'était un 'quincaillier', mais il avait deviné que Steve ne comprenait pas la portée de ses ambitions. Parce qu'il n'allait pas se contenter de démonter des grille-pains. Il avait beau n'être humain que depuis quelques jours, il avait rapidement compris que le plus gros problème résidait en la durée de vie de leurs batteries. La vitesse à laquelle se déchargeaient le téléphone et l'ordinateur de Steve était tout simplement inacceptable. Et Tony avait bien l'intention d'y faire quelque chose.

A peine une heure plus tard, il avait trouvé un fournisseur, qui pouvait lui obtenir une belle petite quantité de palladium. Ses doigts s'agitaient fébrilement. Le numéro de la carte de crédit était juste à portée de main, mais il finit par se dire que c'était une des choses dont Steve voudrait être informé.

Il regarda les Aristochats et d'autres films sur Netflix, à la place.


Ce qui se passa ne fut en aucun cas la faute de Tony. Mais il aurait été tout à fait excusable de penser le contraire. Après tout, il s'amusait avec des appareils électriques sans jamais avoir reçu aucune vraie formation en la matière. Il y avait à parier que quelque chose allait finir par arriver. Pourtant ce n'est pas ce qui se passa.

Il est vrai, nombre de vieux immeubles possèdent un système électrique défaillant. Les électriciens sont humains après tout, tout comme les inspecteurs qui passent après eux pour examiner leur travail. Et les humains ne sont pas parfaits. Ils font des erreurs tous les jours.

Ce jour-là, personne n'avait fait d'erreur.

L'étincelle qui mit le feu à une pile de journaux attendant d'être recyclés, dans la cuisine, venait de quelque chose de bien plus malveillant qu'une simple erreur d'inattention.


Tony fut réveillé par un bip suraigu et surnaturel, qui résonnait si fort dans l'appartement qu'il emplissait quasiment l'air. Le son lui vrilla les tympans et la puissance de celui-ci parvint à lui donner mal à la tête en quelques secondes.

Il s'était endormi en plein milieu d'un film, roulé en boule sur le canapé, et la seconde d'après … la panique, un instinct animal s'empara de lui, l'adrénaline, la confusion saturèrent son esprit jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place pour quoi que ce soit d'autre dans sa tête.

Il avait à peine conscience de la chaleur ou de l'épaisse fumée qui commençait à l'étouffer. Tony était terrifié. Il se sentait mal, ses muscles tendus à l'extrême, et il ne pensait plus qu'à une seule chose : fuir.

En surgissant par la porte d'entrée, il ne s'arrêta pas pour regarder la fumée noire et les flammes qui léchaient déjà le mur au dessus de la fenêtre de la cuisine.

La peur consume tout, comme une sorte de feu, capable de brûler la raison du plus calme et posé des êtres humains.

Et Tony n'était certainement pas le plus calme et posé des êtres humains, loin de là. Si bien qu'il suivit son instinct sans se poser de question et courut dans la banlieue de Steve.

Il dévala la rue à toute vitesse sans aucune direction précise à l'esprit, seulement le besoin de s'éloigner le plus possible du danger, guidé par son seul instinct. Le ciel prenait la couleur rose orangé du coucher du soleil, ce qui donna l'impression à Tony d'être poursuivi par les flammes qu'il croyait voir du coin de l'œil.

La panique surpassait la fatigue, le forçant à continuer. Même lorsqu'il rentra dans quelqu'un, en pleine rue. La personne essaya de le retenir, de le calmer, et sa voix semblait familière, mais Tony refusa d'écouter. A peine avait-il retrouvé son équilibre qu'il s'élançait à nouveau, à la recherche d'un abri.

Ce ne furent que la sensation de brûlure dans ses poumons et les crampes de ses jambes qui l'obligèrent à s'arrêter et lui permirent de faire de l'ordre dans son esprit. Il comprenait à peu près ce qu'était le feu. C'était dangereux, ça pouvait blesser et Steve s'en inquiétait toujours beaucoup quand Tony se servait du micro-onde. Mais il ne s'était même pas approché de la cuisine. Il dormait. Et maintenant, il ne pouvait que se demander ce qui avait pu causer une telle catastrophe.

Tony se remit en route, ne sachant pas où aller ni comment rentrer, et se retrouva dans un parc qui lui semblait familier, mais qu'il avait dû visiter en étant bien moins grand et plus poilu.

'Peut-être que ce n'est pas aussi grave que tu le penses.' se dit-il, en shootant dans un caillou, plein d'espoir. Ou peut-être que c'était bien pire. Il n'avait aucun moyen de le savoir.

Il se sentait bête d'avoir réagi ainsi. Mort d'embarras et énervé de ne pas s'être servi de sa tête. Il n'avait même pas pensé à prendre l'ordinateur, et c'était Steve qui avait le téléphone, si bien qu'il n'avait aucun moyen de le contacter.

Il continua de parcourir le parc, et s'enfonça dans un grand bosquet. Cet endroit avait été sa maison, autrefois, maintenant ce n'était plus qu'un fourré sombre et hostile. Les buissons sous lesquels il avait pu se glisser auparavant, entravaient sa progression et le faisaient trébucher.

Il avait faim, et bien qu'il entendit les petites créatures qui s'enfuyaient à sa vue, il doutait d'être encore assez rapide pour en attraper une. De toute manière, il aurait préféré un sandwich au bacon.

Il avait besoin de quelque chose pour s'occuper l'esprit et les mains.

Il voulait le téléphone de Steve.

Il voulait Steve.

Tony se laissa glisser au sol, gémissant faiblement, avec l'espoir que quelqu'un soit là pour lui dire quoi faire.

« Il était temps, félin. »

Un garçon atterrit devant lui, ayant sauté d'une branche d'arbre. Il souriait, d'une façon non pas menaçante, mais plutôt pleine de promesses qui ne lui disaient rien qui vaille.

« Qui es-tu ? » demanda Tony, en se redressant brusquement et reculant de quelques pas, l'air inquiet.

« Je crois que tu le sais. La plupart des créatures de ton espèce me connaissent. Je suis une sorte de saint pour elles. Pas officiellement, mais j'ai toujours eu un faible pour vous. »

Le garçon jeta un coup d'œil circulaire, examina sa main et se re concentra sur Tony. Ses gestes étaient posés, ne reflétant aucune inquiétude ou doute, et cela en disait long sur ses pouvoirs.

Tony cessa sa retraite et se tint immobile et bien droit, face à l'Enfant Dieu des Méfaits et des Illusions.

« C'est toi qui m'a rendu humain. » murmura-t-il, en penchant la tête sur le côté pour scruter ses vêtements vert et or.

« Très perspicace, félin. Quand je pense que ton père a failli te dévorer … comme les pères peuvent être cruels, c'est exaspérant. Enfin, imagine que tu ais été un petit chaton stupide. Ca aurait été d'un ennui ! Heureusement, tu es spécial et je me suis bien amusé. Mais le conte de fées est terminé maintenant. »

« Je ne veux pas me retransformer. J'aime être un humain. »

Lorsqu'il se tenait ainsi, sa taille lui donnait l'avantage sur son créateur, mais il n'était pas assez stupide pour croire qu'il avait le contrôle de la situation.

Cependant, on dit qu'un chat peut affronter une Reine du regard. Pourquoi ne pourrait-il pas tenir tête à un Dieu ?

« 'Non merci, Maître' ? s'étonna le jeune garçon, en fronçant les sourcils. Les chats de nos jours, soupira-t-il, haussant les épaules, tu n'es pas obligé de revenir en arrière, je te donne le choix. Je ne suis pas cruel, enfin, je ne pense pas. Je l'ai peut-être été, autrefois … mais je veux seulement que tu agisses selon tes souhaits. »

« Mes souhaits ? »

« Je vais te dire ce que tu dois faire, ou plutôt, ce que tu pourrais faire. Ce qui te conduirait à la folie, et ce qui te rendrait heureux. »

Tony ne dit rien, préférant observer et écouter attentivement. Il sentait qu'il y avait un piège, mais n'arrivait pas à le situer.

« La métamorphose d'une bête en homme ne demande pas énormément de magie, et personne ne s'en étonne d'où je viens, expliqua-t-il, mais elle est utile. La bête est toujours plus loyale, plus digne de confiance que l'homme et elles font de bien meilleurs serviteurs et soldats. Mais peu d'entre nous comprennent réellement ce que l'on peut obtenir du changement du faible au fort. »

Tony n'aimait pas du tout le sens que prenait la conversation.

« Posséder l'esprit d'une bête dans le corps d'un homme, une créature si maligne, autrefois prisonnière d'un corps aux aspects limités à la survie, lui permettre de grandir et de s'améliorer … cela donnerait quelque chose d'époustouflant. De puissant. Comprends-tu ? »

Il ne comprenait que trop bien.

« Je veux rester avec Steve. »

Le garçon haussa un sourcil et pinça les lèvres.

« Je crois que tu ne comprends pas ce que je t'offre. Ta perspective des choses est unique, personne ne pense de la même manière que toi. Aucune autre créature des Neuf Royaumes ne te ressemble. Ton esprit, combiné à ma puissance nous donneraient le pouvoir. Tu combattrais pour moi, mais tu aurais tout ce que tu veux en retour. Si c'est de la compagnie que tu recherches, je te trouverai une multitu- »

« Non, le coupa Tony, en fronçant les sourcils, tu ne comprends pas. Je me fiche de tout ça, je veux seulement rester avec Steve. »

Le garçon inspira lentement et lui lança un regard plein de compassion.

« Petit chaton stupide, qu'est-ce qui te fait croire qu'il voudra encore de toi, après tout ce que tu as fait ? »


« C'est une ou deux rues après chez toi. Merci encore de m'avoir ramenée, Steve. Tu es vraiment adorable. »

Du siège passager, Sharon lui offrit son plus beau sourire.

« Pas de problème, je ne pouvais pas te laisser toute seule. »

« Tout le monde ne l'aurait pas fait, tu es un vrai gentleman. »

Et tandis que Steve surveillait le feu tricolore, elle posa rapidement un baiser sur sa joue.

« Hum, Sharon, je suis- » on klaxonna derrière, et il se re concentra sur la route, pressé de la faire sortir de sa voiture avant qu'elle ne tente autre chose.

Steve continua de rouler, en silence, pendant que sa passagère babillait toutes sortes de rumeurs. Globalement, il se contentait d'acquiescer de temps à autres.

« -et cette fille, Jessica … je ne peux pas vraiment parler d'elle, après tout, je suis bénévole dans une association pour les sans-abri, mais après avoir vécu aussi longtemps dans la rue, les gens ne sont plus les mêmes. Ce n'est pas que je ne l'aime pas, mais … on a beaucoup d'enfants qui viennent au magasin, tu sais ? Et j'ai peur que ça ne soit pas très sûr. »

Steve voulut dire quelque chose en entendant ça, mais fut distrait par le son des sirènes, alors qu'ils approchaient de sa rue. Puis il aperçut la fumée et le camion de pompiers sur le parking.

« Oh mon Dieu, c'est- »

« Tony. »

« Quoi ? »

Steve avait déjà freiné d'un coup sec et s'était précipité hors de la voiture.

Il courut vers le bâtiment, si déterminé à retrouver Tony et s'assurer qu'il allait bien, qu'il ne comprit pas tout de suite ce qui l'empêchait d'avancer. Il finit par entendre une voix.

« Monsieur, vous ne pouvez pas y aller ! Monsieur, s'il vous plaît, arrêtez. »

Un pompier le retenait et s'il n'avait pas été plus fort que lui, Steve aurait peut-être réussi à se jeter à l'intérieur sans même réfléchir. Mais ce n'était pas le cas.

« Non, je dois y aller ! Tony est dedans. »

Il supplia l'homme, tout en sachant que c'était inutile, mais il avait un peu d'espoir quand même.

« Restez ici, et laissez faire les professionnels. Je vous promets que s'il reste quelqu'un là-dedans, ils le trouveront. »

Steve s'arracha à la prise du pompier, indigné, mais l'homme ne s'en vexa pas, ou ne le fit pas remarquer. Le pompier recula un peu, sans trop s'éloigner, au cas où Steve voudrait y retourner.

Tony était malin, tenta-t-il de se rassurer, en regardant la fumée noire s'échapper par la fenêtre. Il était certainement sorti, à moins qu'il n'ait été blessé ou- non, il ne pouvait pas penser ça. Il n'y avait personne dans l'ambulance et le feu était désormais sous contrôle.

Steve ferma les yeux et essaya de prendre de grandes bouffées d'air, mais n'inspira que de la fumée. Sa toux lui permit au moins de cacher ses sanglots.

Il ne pouvait pas tout perdre.

Pas une fois de plus.


« Mais, je n'ai rien fait de mal ! Je- dit Tony d'une voix tremblante, je me suis enfui, mais- »

« Ca n'a pas d'importance, peut-être se sera-t-il lassé ? »

Un sentiment étrange et désagréable envahit Tony et sembla s'enrouler autour de lui pour mieux l'étouffer, l'empêchant de parler. Le garçon lui fit le même sourire compatissant et empoisonné.

Tony n'avait aucune excuse à fournir, aucune explication au fait que tout ce que Steve possédait, venait de partir en fumée. Il n'avait aucune excuse pour ne pas avoir été capable de l'arrêter. Il aurait dû y arriver, être assez intelligent pour cela.

« Il ne penserait jamais- »

« Mmh, en es-tu sûr ? Parce qu'il faut que tu saches, c'est la moindre des choses, si jamais tu retournes vers lui et qu'il ne veut plus de toi, tu redeviendras un chat, Tony. »

« Pourquoi ? Pourquoi ça ? »

« C'était son vœu. Exaucé selon sa volonté. S'il ne veut plus de toi ou qu'il est trop en colère contre toi pour te reprendre, tout sera terminé. La magie est étrange … tant de parts de vie, entassées les unes sur les autres, enlèves-en les fondations et- »

Il mima une chute et une explosion avec ses mains.

« Il m'aime. »

Tony détesta sa voix, pour laisser transparaître tant d'incertitude.

« Les humains sont volages. »

Le garçon agita les doigts et une image apparut dans les airs. Tony observa le phénomène, fasciné, mais lorsque la scène s'éclaircit, l'angoisse remplaça rapidement la fascination.

C'était Steve, fatigué et perdu, les yeux brillants de larmes contenues. Il y avait de la fumée autour de lui. Tony eut envie de le rejoindre tout de suite. C'était avant qu'il ne voie une jolie jeune fille blonde et mince se glisser à ses côtés, et poser une petite main sur son bras, comme si c'était son rôle de le consoler.

« Je ne- »

« Viens avec moi. Laisse les humains à leurs petites vies misérables. Tu es destiné à bien mieux que cela. »

Tony déglutit en fixant l'image. Et Steve. Il ferma les yeux.

« Non. »

Pour la première fois depuis leur rencontre, il vit quelque chose passer dans les yeux si inexpressifs du garçon, qui se reprit immédiatement.

« C'est stupide, de gâcher ta vie ainsi. Tu veux retrouver ta vie d'avant ? Vivre comme un animal de compagnie, comme une créature minuscule et faible, sans aucune liberté, ni parole ? Tu veux vraiment voir cette fille te remplacer dans son cœur, alors que tu ne pourras rien faire d'autre que souffler et miauler pour montrer ton désaccord ? »

Tony glissa sa main autour de la chaîne, à son cou, la serrant entre ses doigts.


« Steve ! »

Il sortit de ses pensées en entendant quelqu'un l'appeler, derrière lui.

« Steve, oh merci mon dieu, tu n'as rien ! »

Jessica courrait vers lui et se jeta dans ses bras sans avertissement. Carol arriva juste après et passa ses bras autour d'eux deux.

Avant que Steve ne puisse dire quoi que ce soit, elle déclara : « On a vu Tony. Il n'avait rien mais il avait l'air vraiment secoué. »

Steve lui rendit son étreinte et laissa échapper un sanglot de joie dans son cou.

Il n'avait rien.

« Où ça ? »

« Il nous est rentré dedans, en se rendant au parc. Pas moyen de l'arrêter ou de le calmer, je ne sais pas s'il était en pleine crise de panique ou- »

« Carol, merci. Merci beaucoup. Toi aussi, Jess. »

Steve se précipita vers sa voiture, et partit à la recherche de Tony.

Jessica regarda la voiture disparaitre à l'angle de la rue, puis se tourna et remarqua enfin sa collègue, qui se tenait à leurs côtés, l'air embarrassée. Sharon tenta un sourire amical.

« Tu l'espionnes maintenant ? » demanda Jess, en haussant un sourcil, tandis qu'elle la toisait du regard.

« Jessica ! » s'exclama Carol, les yeux écarquillés et le rouge aux joues.

« Quoi ? » se récria-t-elle, en levant les yeux au ciel, avant de sortir son téléphone comme si de rien était.


Steve ne s'arrêta pas une seule fois, bien qu'il ait conscience de ne pas vraiment savoir où il allait. Il abandonna sa voiture à l'extérieur du parc et se mit à le parcourir, tout en criant le nom de Tony. La nuit était presque tombée, le soleil à peine visible, ce qui n'offrait qu'une très faible luminosité.

Mais même dans la pénombre, Steve se rendit rapidement compte qu'il n'était pas dans les grands espaces à découvert, si bien qu'il s'approcha des coins plus sombres, près des arbres.

Et il se stoppa. Il vit quelque chose à travers les fourrés, une sorte de lueur étrange, qui semblait s'agiter tel un essaim de lucioles.

Il y eut un flash, et plus rien. Comme un silence après qu'on ait claqué une porte.

Steve retint son souffle pendant quelques instants, sans trop savoir pourquoi.

Il entendit un bruissement dans les fourrés, et quelque chose en sortit.

« Tony ! »

« Steve ! »

Le visage du brun s'illumina et il parcourut les quelques mètres qui les séparaient en une milliseconde, se jetant dans les bras ouverts du blond, qui le serra contre lui.

« Oh Tony, dieu merci, tu n'as rien. »

Steve s'écarta pour vérifier qu'il allait bien, puis l'étreint à nouveau.

« Je suis désolé d'avoir pris la fuite, j'ai eu peur. » expliqua Tony, d'une voix hésitante, presque apeurée, qu'il n'avait pas l'habitude d'entendre.

« Ce n'est rien. Tu as fait ce qu'il fallait, tu es sain et sauf. » le rassura Steve.

« Tu ne m'en veux pas ? » demanda le brun, avec inquiétude, comme s'il avait peur que son compagnon ne s'en rappelle soudainement et ne le repousse.

Steve le regarda droit dans les yeux.

« Tony. Tu n'as pas mis le feu volontairement ? » demanda-t-il simplement.

« Non ! Non, je te le jure, je- »

« Chhhhh, c'est rien, tout va bien. Je te fais confiance, je t'aime. Je sais. Et même si c'était le cas, ça n'aurait été qu'un accident. »

Steve chancela légèrement, l'adrénaline le quittant peu à peu et laissant place à la fatigue.

« Je ne sais pas ce qu'on va faire maintenant et je tremble tellement que je suis presque sûr d'être sous le choc, mais on va trouver. Tu n'as rien, et c'est tout ce qui compte. »

Le ciel perdit sa dernière touche de bleu clair, ce qui laissa place à de nombreuses étoiles. Et sous leurs regards, Steve et Tony étaient toujours dans les bras l'un de l'autre, silencieux dans la pénombre.

D'une façon ou d'une autre, ils allaient s'en sortir, pensait Steve, ils n'avaient qu'à trouver une location moins chère et ils auraient peut-être un peu de mal au début. Mais il ne serait pas seul et c'était le plus important.

« Steve ? » l'interpella Tony, après un long silence.

« Oui ? »

« Euh, je peux voir ton téléphone ? »

Steve le regarda avec consternation.

« Sérieusement ? »

« S'il te plaît ? J'en ai besoin juste une seconde. »

Le blond secoua la tête, mais le sortit quand même, avant de le tendre vers Tony.

« Tu sais, il va falloir le garder éteint pendant un certain temps. Je vais te trouver quelque chose, pour qu'on puisse se joindre en cas de problème, mais ça ne sera pas un modèle très haut de gamme- »

« Je sais déjà ce que je veux comme téléphone, enfin, smartphone. Je n'ai pas encore choisi d'ordinateur, mais je pense que je vais plutôt m'en fabriqu- »

« Tony, arrête, s'il te plaît. »

Steve n'était pas en colère. Il était frustré. Le brun avait beau être brillant, il ne semblait pas comprendre complètement le concept d'argent. Et là, c'était la cerise sur le gâteau.

« Il faut que tu comprennes que je n'ai pas autant d'argent. Surtout pas maintenant. Et ça va être dur pendant quelques mois … »

Tony leva les yeux au ciel en lui collant le téléphone sous le nez.

Steve cligna des yeux une fois.

Puis une autre.

Il saisit l'objet et continua de fixer l'écran.

« Mais qu'est-ce que- »

« Ca, Steve, c'est ton compte en banque, commença lentement Tony, tu me crois maintenant ? »

« Qu'est-ce que je dois croire ? Tony, ce n'est pas normal, je n'ai- »

« C'est ce que j'essaie de te dire depuis des siècles ! s'écria-t-il, en soupirant de frustration, mais tu, ne, m'écoutes, jamais. Tu as plein d'argent. Tu m'as dit que tu en avais besoin pour le loyer, la nourriture et tout le reste, alors j'en ai trouvé. »

« Quoi ? Comment ? On ne trouve pas, simplement, de l'argent ! » s'exclama Steve, en pâlissant.

Tony avait trouvé le moyen de se servir de sa carte de crédit, peut-être avait-il aussi trouvé comment se servir de celles d'autres personnes. Il ne lui avait jamais expliqué que c'était mal et s'il pensait qu'il ne faisait qu'aider … Steve commença à se sentir un peu mal.

« J'ai créé quelque chose et je l'ai vendu. C'est comme ça qu'on trouve de l'argent. » expliqua Tony.

« Tu n l'as pas volé ? »

« Quoi ? Non … On me le reprendrait si je me faisais attraper, c'est bien trop risqué. »

C'était plus de la logique que de l'honnêteté, mais Steve n'allait pas s'en plaindre.

« Tu avais plein de petits jeux que les gens achetaient sur ton téléphone, alors j'en ai fait un et quelques personnes l'ont acheté. Puis beaucoup de personnes l'ont acheté. Maintenant tu as plein d'argent. De rien. »

« Quoi ? »

« Je t'en supplie, ne me force pas à tout réexpliquer. Tiens, regarde. »

Tony reprit le téléphone et lança le jeu.

Il y avait un petit chaton noir, qui courrait à de gauche à droite sur un fond coloré, et tentait d'attraper des morceaux de bacon tombant plus ou moins vite.

« Tony. C'est le dessin que j'avais fait pour mon portfolio. »

« Ouais, c'était dans ton ordi. J'ai pensé que ça ne te gênerait pas, tout le monde l'aime. D'ailleurs, dans la plupart des commentaires, les gens disent que les dessins sont trop mignons. »

« Et tu as fait ça ? »

« Oui, j'ai bien essayé de te le montrer … Jess et moi on y jouait à table l'autre jour. Je l'avais mis en vente le matin même. »

« Mais … tu as vraiment gagné autant d'argent en moins de deux jours ? »

Tony haussa les épaules.

« Si ça ne suffit pas, je peux créer autre chose. J'ai plein d'idées et tu pourrais faire d'autres dessins. Pas seulement pour des jeux, mais des trucs plus gros, comme- »

Steve posa ses mains sur ses épaules et le coupa en l'embrassant. Le brun émit un petit cri de surprise mais se reprit bien plus rapidement que leur première fois, en passant ses bras autour de son cou.

Les grands projets pouvaient attendre, le plus important maintenant, c'était de trouver un endroit où dormir et manger le petit dej du lendemain matin.

THE END.


C'est fini les ami(e)s !

Un petit conte de fées terminé.

J'espère que ça vous aura plu à tous, que la traduction n'était pas trop mauvaise,

et que vous avez passé de bonnes semaines à attendre les suites ;)

Gros merci à Angel-06 pour sa beta-lecture (:

Et à Gwenhifar, Loupiotte-Rogers, et Patate-I-Patate-A pour leurs

encouragements et commentaires :D

Je vous quitte demain, en espérant que je pourrais traduire un peu pendant mes temps libres.

Mais normalement pas de nouvelle trad postée avant mon retour, désolée ^^

Bisous à tou(te)s !

-Star Spangled Girl.