Manga : Bleach
Auteur : Jimiloli
Genre : révolution, romance et rock'n roll
Rating : M
Statut : en cours
Pairing : vous l'aviez pas vu venir hein ?
La théorie de l'équilibre général
L'homogénéité des produits
II
L'homme peut aimer son semblable jusqu'à mourir ; il ne l'aime pas jusqu'à travailler pour lui.
Proudhon
Les feuilles grasses, luisant d'un vert émeraude, caressaient son visage alors qu'il parcourait la jungle d'une foulée souple. Loin, au delà de la canopée, un soleil brûlait et il sentait la végétation luxuriante se gorger de cette chaleur bienfaisante, il le sentait dans sa chair, aussi profondément que si les rayons de l'astre l'avaient touché directement. Tout, autour de lui, respirait d'une vitalité débordante. Sous ses pas rapides le sol souple ployait, un lit d'humus frais et humide exhalait une saveur terreuse, dans ses cheveux s'emmêlaient les lianes ondulantes, et il lui semblait voleter d'arbre en arbre. L'atmosphère moite et lourde ne le gênait nullement pour progresser, au contraire.
Il parvint au terme de sa course, sans même savoir qu'elle devait le mener à cet endroit précis. Là où les immenses fougères et les tronc noueux s'écartaient pour former une vaste enclave ceinturée de lianes enlacées, de buissons sempervirents et de troncs gigantesques.
C'est là qu'il le vit.
Il était là, immobile et silencieux. Il reposait, assis, au pied d'un des colosses de cette forêt. Il posa les yeux sur lui. Et Renji se figea, frappé de stupeur en croisant le regard de l'animal. Deux yeux jaunes, dans lesquels se reflétait l'entièreté de la lutte millénaire entre l'homme et l'animal. Renji se sentit happé, expérimentant un sentiment d'oppression infinie. Quelque chose en lui entrait réellement dans le regard de feu qui lui faisait face. Quelque chose du regard implacable s'introduisait en lui également.
Alors d'un seul et ample mouvement d'une grâce infinie, l'animal se leva, et se planta sur ses quatre pattes. Sa queue, terminée par une tête de serpent, ondulait à chacun de se pas.
La jungle enveloppa Renji tandis que le grand singe s'approchait, dans une marche souple, légère, soucieuse de ne laisser aucune trace dans le sol environnant. Les deux yeux jaunes soudaient l'âme endormie face à lui.
Lève toi.
Et Renji, sentit, sut, du fond de sa conscience, qu'il reposait, allongé.
Je suis debout, répondit-il cependant.
Non, lève-toi. Dresse toi.
Une douleur fulgurante lui traversa la hanche droite. Il tentait de se lever mais ne pouvait pas.
Et enfin, le singe fut face à lui, de près il semblait le couvrir de son ombre démesurée, sans menace, sans violence. Renji regarda à travers la lueur jaunâtre qui émanait de la créature. Irréelle, magnifique, hypnotique.
Regarde moi.
Je ne fais que ça.
En même temps, ce fut comme si un violent coup de poing venait de lui frapper le crâne. Ma tête, ma tête va éclater, s'alarma le Shinigami.
Et pourtant son regard ne se détachait pas de celui, terrible et lourd, du babouin géant.
Reconnais-moi.
Et au fond des iris jaunes, cerclés de rouge, se déchaîna la première guerre, la lutte millénaire, le combat acharné qui oppose depuis que le monde est monde, l'être sauvage et l'être civilisé. La seule bataille, née du fond des âges et qui continue encore et toujours. Elle fait rage, elle prospère ainsi en chaque être doué de conscience, elle crie pour le sang et pleure lorsqu'il est versé, elle a faim de violence et n'est rassasiée que de douceur, elle n'est qu'instinct et elle s'obstine à chercher à toute chose une raison.
Tu es moi.
Reconnais-moi.
Renji sentit le fantastique animal se fondre en lui. Et il se vit, il se vit du côté de l'animal, nu et velu, les griffes dressées, les dents sorties. Il vit ses propres yeux luire de la même clarté jaunâtre.
Il se sentit enveloppé, non plus seulement de l'ombre du primate, mais aussi de toute sa masse, de toute sa force. Ses muscles de bandèrent, nourris de la puissance de l'animal, son cœur s'emballa pour battre à l'unisson de l'autre cœur. Pour ne faire qu'un. Le tambourinement de son corps gronda plus fort encore, faisant vibrer tout son être.
Il leva les yeux, le singe avait disparu. Il baissa le regard, le regard gris du serpent le fixait.
Reconnais-moi.
Il devait savoir qui était le singe et qui était le serpent mais son cerveau lui semblait toujours sur le point d'exploser. Il tendit une main griffue et velue vers le reptile. Le contact de la peau écaillée sur la sienne le transperça de part en part.
Je te connais...
La jungle autour de lui se refermait lentement. Du coin de l'œil, il perçut les longues fougères se dresser pour retomber au centre de la clairière.
Instinctivement il porta la main à sa ceinture. Que pouvait-il bien chercher à sa ceinture ? Il le savait, au fond de lui quelque chose se trouvait à sa ceinture, dont il avait grandement besoin, mais son esprit semblait incapable de faire remonter ses souvenirs à la surface.
La tête du serpent était tout près de la sienne désormais. Le regard gris le transperçait mieux qu'une lame.
Une lame.
Lève toi.
Oui, je sais ce que je dois faire. Mais il me manque...
… Une lame.
D'un seul coup, il fut à la fois le singe, le serpent et l'homme. Il vit les yeux jaunes et les yeux gris et en même temps il voyait à travers les yeux jaunes et les yeux gris. Il se contemplait trônant dans la jungle et gisant sur le sol.
Sa main droite se referma à la fois sur le serpent, le singe et le sabre. Son corps fut en même temps déchiré par la lame, par les griffes, les crocs et les crochets. Et de ses lambeaux jaillit à la fois l'homme, la bête et le sabre.
Le mot traversa son corps avant d'avancer dans son esprit et de jaillir de sa bouche.
Zabimaru.
OoOoOo
La douleur irradia dans tout son corps. La chute brutale, d'un pur esprit, créature de pensée et de liberté, à un être physique enchaîné à un corps faible. Tout lui faisait mal, ses jambes ankylosées, son ventre, sa poitrine, qu'il imaginait transpercée de part en part d'un sabre dentelé. Et sa tête, par dessus tout, sa tête lui lançait de longues plaintes muettes.
Son premier réflexe fut de réprimer toute sensation de son corps. Et puis les yeux jaunes se fondirent dans les siens et il respira. Lentement, profondément.
Accepter.
En acceptant la douleur, il pouvait survivre à cela, mais il fallait d'abord accepter le conflit qui se tenait dans tout son corps. Les chairs lacérées, les os brisés, les nerfs à vif.
Laisser la douleur se répandre, accepter.
Et la laisser traverser.
Il ouvrit les yeux, avec une lenteur désespérante, la pénombre environnante n'était pas naturelle, mais le fruit, réalisa-t-il rapidement, des volets tirés. Entre les lames, filtraient de fins rayons de soleil.
Il fait jour.
Il réalisa enfin, que contre toute attente...
Je suis vivant.
Un frottement sur sa droite l'empêcha de se délecter de cette pensée.
Quelqu'un venait d'entrer, comme si son réveil avait fait l'objet d'une attente particulière.
Il respira à nouveau intensément en reconnaissant le pas qui venait à lui. Et inspira profondément. Même l'odeur lui était familière, et Renji se rendit compte qu'elle l'entourait complètement, que la pièce elle-même portait la même fragrance. Malgré lui il inspira avec délectation cette odeur. Il avait erré loin de ce foyer là, quelque chose en lui lui soufflait qu'il avait erré au point de se perdre et que seul une force miraculeuse l'avait fait revenir à son monde. Alors il pouvait bien se gorger de son odeur sans crainte. Car que pouvait-il lui arriver désormais ?
Le visiteur s'approcha et s'assit à côté de son lit, à même le sol.
Capitaine.
Il était certain de ce qu'il avait voulu dire, mais les sons ne sortirent pas ainsi. Ce fut plutôt « garglenn ».
Rien ne vint en face. Juste un soupir, qui aurait aussi bien pu être de soulagement que d'agacement. Et le silence. Enfin, le silence lourd, riche de non-dits, mais calme.
Renji aurait voulu parler, il aurait voulu étaler ce qui lui brûlait le cœur, mais il savait que ses lèvres ne suivraient pas. Il avait la gorge sèche et l'impression d'avoir respiré un air brûlant des heures durant.
Un spasme douloureux lui secoua le bras et l'épaule brusquement, et immédiatement après, il sentit un contact chaud contre la main qui avait sursauté. Une main qui serrait la sienne, et l'odeur douceâtre de la peur triste et résignée.
Ce fut tout. On lui fit boire un breuvage amer et épais qui le plongea dans un sommeil sans rêves.
Et quand il revint à nouveau à lui le monde lui parut plus clair. Sa rencontre avec Zabimaru était, sinon oubliée, au moins plus lointaine, mieux enfouie.
OoOoOo
Byakuya quitta la chambre où reposait son vice capitaine l'air sombre. Sombre parce que l'intense soulagement qu'il avait ressenti au réveil de Renji n'aurait jamais du exister. Il aurait du s'attendre à sa mort et l'accepter avec la même indifférence que celle d'un quelconque homme de rang. Il ne pouvait s'attacher à rien. La douloureuse discipline qui avait été la sienne depuis la perte déchirante de son épouse se fissurait un peu plus chaque jour. Une peur nouvelle s'était insinuée en lui, la peur de souffrir de nouveau.
Il pensa à Rukia, revenue couverte de sang, le visage noirci par les flammes. Et se remémora l'horreur intérieure qui l'avait envahi jusqu'à ce qu'il fut rassuré sur l'état de santé de sa sœur. La chair de son épouse, le sang d'Hisana, et sa fierté à lui, parce qu'il l'avait éduquée, au sens propre du terme, il l'avait tirée vers lui et lui avait patiemment inculqué la noblesse que sa naissance ne lui donnait pas. Et dans le regard franc et pur de la jeune femme, il avait vu son reflet.
« Mon frère. Je n'ai aucune excuse, pardonnez-moi de ne pas avoir défendu notre maison. »
Son cœur s'était gonflé d'orgueil à ces mots. Les mots de la plus pure noblesse d'esprit. Il savait, par divers biais, les faits d'armes accomplis durant cette nuit, il savait comment Rukia s'était portée au devant de l'ennemi, comment elle avait tenu tête aux rebelles pour défendre la maison Shiba en l'absence de tout shinigami apte au combat parmi les membres de cette maison. Il savait quel courage et quelle probité guidaient chacun de ses actes.
« Ton poste était face à l'ennemi, » s'était-il entendu annoner sentencieusement pour toute réponse.
Sa propre froideur ne le surprenait plus, parfaitement conscient qu'il était de n'avoir que ce seul moyen pour se défendre de la présence des autres. Il aurait voulu qu'elle sache quel nœud lui étreignait le cœur en la regardant, quel élan de fierté et de tendresse menaçait de l'emporter quand elle posait sur lui ce regard grave et droit. Il aurait voulu qu'elle sache, sans qu'il n'y ait besoin de mots pour cela, combien elle lui était chère.
Bien longtemps auparavant il avait laissé tant de gens prendre une telle importance, et tous avaient disparu les uns après les autres, ne laissant que le froid de l'absence. Il ne voulait plus s'infliger cela. S'il aimait Rukia au delà de ce qu'elle pouvait imaginer, il ne lui montrerait jamais l'étendu de cet amour, de peur qu'elle le lui rende, de peur qu'ils deviennent réellement comme un frère et sa sœur, et qu'au bout du compte, la mort emporte leur bonheur dans les larmes.
La jeune femme s'était inclinée brièvement. Et puis, relevant la tête, elle avait examiné l'homme des pieds à la tête. Elle avait esquissé un sourire et poussé un soupir de soulagement.
« Vous n'êtes pas blessé, heureusement. »
Le capitaine avait chassé cette idée d'un geste de tête et s'était assis à sa table de calligraphie.
« Les travaux dans notre demeure commenceront au plus vite », avant de se plonger dans la contemplation d'une feuille blanche, signe que l'entretien était terminé.
« Oui mon frère », avait murmuré Rukia dans un sourire en se retirant.
De quelles illusions s'était-il bercé ? Il l'aimait plus que tout, elle l'aimait au-delà de tout et ils étaient déjà frère et sœur, bien au-delà des liens du sang. Il le savait à la manière dont elle souriait avec indulgence lorsqu'il la congédiait froidement. Il le savait à la manière dont Rukia respectait sa retenue.
OoOoOo
Il faisait de nouveau face à sa table de calligraphie. Une feuille vierge s'offrait à lui. L'encre noire reflétait le motif rectiligne du plafond. Les pinceaux alignés devant lui appelaient sa main. Il inspira profondément pour se concentrer. L'exercice de la calligraphie permet de réduire l'esprit à l'essentiel. Il avait besoin de cet essentiel à cet instant. Il avait besoin de chasser toutes les pensées parasites, toutes les angoisses, toutes les questions. Il avait besoin de retrouver la voie.
Ses doigts fins errèrent un instant au dessus des instruments avant d'en choisir un et, retenant sa manche de l'autre main, de le plonger dans l'encre à la noirceur abyssale. La main suspendue à son esprit, il inspira profondément. Le tracé doit suivre le rythme de l'expiration. Pas de brouillon ni d'esquisse. Un trait ferme et net.
Il sonda son esprit. Il n'y trouva que le silence et la paix.
La pointe du pinceau se posa sur la feuille. D'un geste qui n'était que grâce, deux traits s'envolèrent sur le papier.
Il inspira de nouveau et un nouveau trait vint s'ajouter au motif.
Un rire mêlé d'un cri brisa son silence.
Byakuya releva sa main. Plongea le pinceau dans l'encre. Inspira de nouveau.
Un visage frondeur et agonisant à la fois brisa sa paix.
Il posa la pointe du pinceau sur le papier.
Renji. Le motif frémit.
Renji qui aurait dû mourir, sous ses yeux.
Le trait noir vacilla.
Renji qui était venu vers lui.
Une vilaine zébrure oblique barra le caractère qu'il traçait. Et Byakuya s'immobilisa, contemplant le triste résultat. Vaine tentative pour retrouver la sérénité. Les traits purs et les lignes fluides s'étaient heurtées à l'évocation de Renji.
Renji qui n'avait pas su se contenter de la froideur, qui avait forcé un chemin de fortune dans le cœur roide de son capitaine.
Quand a-t-il commencé à chercher ?
Bien sûr qu'il aimait Renji. Pas autant que Rukia bien sûr, mais il l'aimait certainement. S'il n'avait pas été touché par les efforts maladroits du jeune officier, pourquoi aurait-il accepté sa nomination comme son vice-capitaine ? Et s'il n'avait pas été ébranlé dans ses convictions par la force de caractère du jeune homme, pourquoi l'aurait-il admis dans son entourage ? Et s'il ne l'avait pas aimé, pourquoi se serait-il, un jour, penché sur son corps sans vie pour y déposer un hommage sans prix ?
Seulement, ce Renji était désespérément trop obtus pour comprendre, pour pencher doucement la tête comme Rukia, ou détourner pudiquement le regard comme le faisait Ukitake lorsqu'il le fallait. Il avait besoin de mettre toute chose à plat, au grand jour, libre et sans pudeur.
L'image de deux corps enlacés lui traversa l'esprit.
Sans pudeur, véritablement.
Le très noble chef de famille Kuchiki reposa son pinceau et contempla le caractère qu'il venait de tracer.
Le souffle apaisé.
De toute évidence il était tout sauf apaisé.
Quand ai-je commencé à ne plus chercher l'apaisement ?
Rétrospectivement, Byakuya devait bien admettre qu'il n'avait recherché l'apaisement que lorsque son cœur avait été brisé. Il n'avait pas besoin qu'on le lui rappelle, mais il avait été un enfant et un jeune homme plein de fougue. C'est cette fougue qui l'avait embrasé pour Hisana. Elle était son idéal féminin, déjà l'époque et encore aujourd'hui. Douce mais affirmée, raffinée mais simple, élégante mais modeste. Qui n'aurait pas été séduit par Hisana ? Son rang seul était une faute irréparable, mais naïvement, il avait cru pouvoir la faire accepter, il avait sincèrement pensé que ses qualités intrinsèques étaient d'une valeur supérieure au rang de naissance. Il le pensait toujours. Elle avait été la preuve vivante que la noblesse réelle ne vient pas de la naissance mais des vertus dont l'individu fait preuve au long de sa vie. Même dans la mort elle avait été d'une noblesse absolue, réclamant la protection pour sa sœur, expiant la culpabilité de l'avoir abandonnée.
Est-ce l'apaisement qu'il avait recherché dans la stricte discipline de vie qu'il s'imposait ? Probablement.
La souffrance quasi physique qu'il ressentait à la moindre évocation de sa défunte épouse ne s'était pourtant pas dissipée dans les gestes calmes et dans les propos mesurés. Non, elle s'était diluée dans l'inquiétude d'un regard violet, dans la détermination d'un rictus ensanglanté, dans la débauche d'un combat à mort… Étouffer tout élan de vie en lui avait pu être une issue pendant une période de temps, mais à chaque que son sang se déchaînait, il se sentait un peu plus guéri de la peine.
Ses yeux se posèrent sur les deux calligraphies qui ornaient le mur de cette pièce.
Le souffle impétueux et le souffle apaisé. Les deux facettes inséparables et irréconciliables de tout être équilibré. Il trouvait un sentiment de plénitude dans la reproduction à l'infinie de ces deux motifs. Seulement parfois la plénitude ne suffisait plus. Il avait en lui une telle fêlure que quelque chose d'autre devait l'envahir pour combler ce manque.
Un frottement discret à sa porte le tira l'auto-apitoiement dans lequel il menaçait de sombrer.
« Oui. »
Un serviteur poussa la porte.
« Le capitaine Kyoraku demande à vous rencontrer. »
Byakuya n'hésita qu'un instant. Ce n'était pas le visiteur qu'il aurait souhaité mais c'était celui que le sort lui envoyait pour se lancer dans une nouvelle bataille.
Kyoraku attendait nonchalamment avachi sur le tatami du salon où un verre d'alcool lui avait été servi. Kuchiki lança un regard désapprobateur à la bouteille entamée. Les règles de l'hospitalité obligeaient ses serviteurs à proposer une boisson aux invités de marque, mais vu le pouvoir d'absorption du capitaine de la huitième division, il allait peut-être faire passer la consigne de ne pas laisser la bouteille.
Un sourire narquois aux lèvres, Shunsui attaqua.
« Comment va notre grand blessé ?
- Il est vivant.
Kyoraku mima un frisson tout en répondant.
- Brrr tant de sollicitude de ta part, ce gamin doit beaucoup compter pour toi.
Un regard polaire plus tard, Kuchiki riposta d'un ton égal.
- Que viens-tu faire ici ?
- Jushiro n'a pas pu se déplacer. De la paperasse à faire, ou alors il était pas en forme, je sais plus quelle excuse il m'a donné. Toujours est-il que je suis là, aussi intelligent que lui et moins niais, donc probablement de meilleur conseil pour la sauvegarde de ton petit protégé.
- Je n'attends pas de conseil.
Byakuya s'assit à côté de son confrère, le dos droit et les mains posées sur le sol.
- Ah ?
- Il faut que la décision soit prise par l'assemblée des capitaines, sous l'autorité du capitaine-commandant.
Kyoraku dévisagea Byakuya avec stupeur. Pour la première fois depuis longtemps, il ne trouvait pas de répartie pleine d'esprit pour riposter contre Byakuya Kuchiki.
- Tu... tu...
- Le capitaine Ukitake m'a fait comprendre qu'il partageait mon point de vue.
Kyoraku leva les yeux au ciel.
- Il est contre la loi de commettre des actes terroristes ou de tenter de renverser l'équilibre de la Soul Society. On peut tourner la règle dans tous les sens, il n'y a pas d'échappatoire.
Byakuya eut un regard insolent peu commun chez lui, qui pouvait aussi bien signifier un profond désintérêt pour les arguments de droit que lui opposait son confrère, qu'un parfait dédain pour ceux-ci.
- Qui a commis des actes terroristes ?
Kyoraku tendit nonchalamment la main vers la bouteille, sous l'œil glacial et désapprobateur de Kuchiki.
- La collusion avec l'ennemi peut être considérée comme un acte terroriste.
Il se resservit abondamment.
- Quelle collusion ?
Byakuya écarta la bouteille hors de portée de son invité, ignorant superbement le regard narquois de ce dernier.
- Et bien... laisser un parasitage spirituel de son zanpakuto...
Kyoraku ne termina pas sa phrase, il sirotait la liqueur de prune et le regard assassin de Byakuya avec délice.
- Notre division scientifique a fait preuve d'une coupable incompétence en ne détectant pas un tel parasitage au retour de nos hommes au Seireitei, reprit Byakuya d'un ton parfaitement égal.
Kyoraku s'étouffa et manqua de recracher une gorgée de sa boisson, ce qui aurait été vraiment dommage, étant donnée la qualité rare de la dite boisson.
- Tu comptes vraiment jouer à ce petit jeu là ?
Byakuya toisa son interlocuteur.
- Le capitaine Kurotsuchi saura comprendre quel est son intérêt.
D'un geste quasiment imperceptible pour des yeux non entraînés, le plus âgé des deux capitaines attrapa la bouteille qui était loin d'être hors de sa portée et se resservit joyeusement à boire. Voyez-vous ça, Byakuya Kuchiki prêt à se lancer dans la guerre des capitaines pour sauver les fesses de son vice-capitaine. Voilà qui annonçait des temps intéressants...
- Toutes les divisions ne pourront pas être mises en cause aussi facilement, et Kurotsuchi est taré, donc son pouvoir d'influence sur les autres est négligeable.
Kuchiki jeta un regard navré à la bouteille d'alcool de prune. S'il fallait renoncer à de tels signes futiles de richesse et de pouvoir pour obtenir l'attention et le soutien de Kyoraku, qu'y pouvait-il ?
- La division scientifique est la seule à pouvoir attester que la manœuvre de nos ennemis était indécelable. Il serait fort regrettable qu'il ne reconnaisse pas son intérêt à le faire.
Kyoraku eut un sourire attendri. Le petit Byakuya si pur, si franc, si droit... le voici retors et perverti, comme nous autres.
- Et tu comptes mettre au courant Kurotsuchi... ?
Le froid capitaine lança un regard polaire à son invité.
- Pourquoi crois-tu être ici ?
Ce dernier frissonna.
- Carrément ?
- Tu es véritablement venu ici sans te douter de cela ?
Kyoraku sourit en coin en songeant que jamais une question n'avait autant été posée tout en sachant parfaitement la réponse.
- Je me doutais bien que le plaisir de ta compagnie n'était pas gratuit mais c'est quand même cher payé les trois verres de liqueur de prune.
Kuchiki soupesa la flasque de liqueur et secoua la tête.
- Cette liqueur fut offerte à mon grand-père lors du jubilée royal. Même après cela, tu resteras en dette.
Kyoraku eut une mimique choquée. Et un sourire tout en dent éclaircit son expression.
- Comme tu l'entends.
Il récupéra la bouteille et fit mine d'hésiter un instant. Le capitaine n'était certes pas tout à fait certain de la loyauté absolue de Renji Abarai envers le Seireitei. A vrai dire, il doutait de la loyauté de toute personne qui soit aussi prompte à s'élever contre ses propres chefs. Toutefois, le vice-capitaine avait failli mourir. L'accuser de trahison et forcer son jugement devant les 46 ne pouvait que le conforter dans sa défiance des autorités du Seireitei. Il y a des gens que la clémence rallie à toute cause, et Abarai était de ceux-là. Finalement il vida le flacon de liqueur sans le moindre regret, savourant le breuvage et l'expression sévère de Kuchiki.
- A la santé de ton vice-capitaine, alors.
OoOoOo
Ukitake étouffa une quinte de toux. Les mots de Unohana résonnaient encore en lui. Tu sais aussi bien que moi que tu peux mourir n'importe quand, je refuse de te donner des estimations et des espoirs infondés._Bien sûr, capitaine Unohana, je n'aurais pas dû te demander une telle chose.
Un craquement derrière la porte de son bureau trahit la présence de son officier de garde.
« Capitaine. Le capitaine Kyoraku vous cherche.
- Merci Kotetsu, tu peux le faire entrer.
Kyoraku se pressa dans l'embrasure de la porte, attrapant l'officier par la taille.
- Merci Kotetsu,
Cette dernière saisit une des mains trop baladeuses et y applique consciencieusement une torsion vigoureuse.
- Pervers.
- Tes officiers n'ont aucun respect.
Ukitake eut un pauvre sourire.
- Toi non plus, donc… l'un dans l'autre…
- J'aime t'entendre dire ce genre de choses.
- Quoi donc ?
- L'un dans l'autre…
Une expression lubrique se peignit sur ses traits.
- Si c'est pour ce genre de jeu de mot lamentable, tu peux retourner chez toi.
- Ne me fais pas rire, rétorqua le capitaine en s'avachissant à côté de son confrère. Tu adores mes jeux de mots lamentables.
Ukitake rétorqua par une toux projetant du sang partout autour de lui.
Un silence de mort se fit entre les deux amis, que Kyoraku brisa après quelques secondes lugubres.
- J'aime tellement quand tu m'en mets partout, Jushiro.
La riposte fut violente et immédiate. Une nouvelle quinte de toux vaporisa des gouttelettes de sang sur le kimono fleuri de son invité.
- Ça va ça va, j'ai compris, pas la peine de me repeindre le visage.
Ukitake s'efforça de reprendre son souffle.
- Je t'assure que je ne fais pas exprès.
- C'est ce qu'on dit. »
Kyoraku s'installa, attrapa la tasse de thé qui se trouvait à côté de son compagnon, la vida par la fenêtre ouverte, tira une flasque de la doublure de son kimono, et en versa une dose généreuse dans la tasse. Il inspira un instant les exhalaisons du liquide et en avala une partie. Il esquissa une grimace. Rien à voir avec la douceur raffinée de la liqueur de prune de papy Kuchiki, c'était déjà plus populaire.
« Bon, je reviens de chez Byakuya.
- Ah.
- C'est fou comme ce garçon tourne mal.
- Tiens donc.
- Je le soupçonne d'avoir un faible pour Abarai.
- Tu m'en diras tant.
- Je te jure.
- Je suis choqué.
Shunshui ravala sa phrase et se tourna vers son ami.
- Tu te fous complètement de ma gueule ?
Ukitake esquissa un sourire en coin dévoilant une charmante fossette au coin de sa joue.
- Je me demandais si tu allais t'en apercevoir un jour ou l'autre.
- Qu'il a un faible pour Abarai ?
- Non, que je me moque de toi. Et arrête avec cette manie de vouloir à tout prix voir des amourettes partout dans les divisions. Je te rappelle que la plupart de tes intuitions en la matière n'ont jamais pu être vérifiées.
- C'est parce qu'ils nous laissent jamais le temps.
- Te laisse. Ne me mêle pas à tout ça.
- Enfin, je me dis quand même que c'est louche, cette insistance à ne pas voir que Renji est près à déserter d'une seconde à l'autre.
- Déjà je ne pense pas que ce soit le cas, et ensuite, ça ne t'a pas effleuré l'esprit que Byakuya pouvait avoir à cœur à ne pas voir son premier officier être compromis ? De peur que ça rejaillisse sur lui au passage ?
- Quand il s'agissait de faire exécuter Rukia, c'était pas la même chanson.
- Je t'en prie ! Ne te fais pas plus idiot que tu ne l'es !
- Parce que ce serait trop dur ?
- Non, parce que tu ne peux pas ne pas avoir constaté les changements profonds qu'a connu notre société et certaines personnes en particulier ces dernières années.
- Mouais. Ce serait plus simple de considérer qu'il se tape Abarai et que c'est pour ça qu'il veut à tout prix le protéger. C'est clair, simple, logique, cohérent.
- Et complètement débile.
- Si tu veux. »
Ukitake étouffa une nouvelle quinte de toux mais cette fois il avait eu le temps de se couvrir la bouche de son mouchoir et il fit mine de ne pas remarquer le regard inquiet de son ami.
- Pour répondre à ta question, oui, ça s'est aggravé ces derniers temps.
Kyoraku eut un haussement d'épaule. Il esquissa un début de sourire.
- Je n'ai rien demandé.
- Tout en toi pose cette question à chaque fois que je tousse.
Kyoraku posa une main sur celle de Jushiro.
- J'ai pas le droit de m'inquiéter à l'idée de perdre mon plus vieil ami ?
Ce dernier sourit à son tour et serra la main qui tenait la sienne.
- La fin fait partie du voyage. Pour moi comme pour tout le monde, c'est juste que pour moi c'est plus tôt et l'agonie est plus longue.
Kyoraku écarta les bras en signe d'impuissance.
- Et c'est censé rassurer qui que ce soit ?
- L'impermanence de l'existence devrait nous rassurer et soigner notre égo.
- Je refuse de parler de ça à jeun.
Ukitake esquissa un sourire.
- Ça tombe bien, je ne pense pas que tu sois tout à fait à jeun.
- Bien sûr que si, c'est une question de seuil.
- Hem.
- Bon, pendant que tu philosophes, trouve moi comment je vais convaincre Kurotsuchi de faire croire à tout le monde que Renji n'a rien fait de mal.
Ukitake eut un geste d'impuissance.
- Kurotsuchi est compliqué à manœuvrer.
- Je ne te le fais pas dire, grommela Kyoraku en se resservant une nouvelle rasade.
- Comme tous les capitaines, il a un égo surdimensionné.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, je me sens tout à fait sain en la matière.
Ukitake ignora royalement la dernière remarque de son ami et continua son raisonnement.
- Et il est principalement motivé par une curiosité scientifique malsaine. A charge, on peut dire que ses chercheurs ont mis un moment à comprendre ce qui se passait et à détecter l'anomalie avec le zanpakuto de Renji, ça peut être une bonne entrée en matière.
L'autre capitaine reprit.
« Difficile de lui fournir une monnaie d'échange contre sa coopération. Il déteste être mis en cause, d'autant plus publiquement. Ça pourrait être du donnant-donnant : il ne soutien pas l'accusation contre Abarai et on ne creusera pas plus la manière dont sa division a manqué de prévoyance dans cette crise.
- Pourquoi pas. Ajoutons à cela qu'il ne devrait pas avoir tellement envie qu'on vienne poser des questions sur la manière dont il priorise les travaux de ses chercheurs en fonction des besoins sécuritaires du Seireitei.
Kyoraku eut un air amusé.
- Oh ?
Ukitake eut une moue désabusée.
- J'ai entendu des choses…
L'autre capitaine ricana en rabattant les pans de son kimono fleuri sur lui.
- Dans ce cas là, j'en aurait pour moins longtemps que prévu ! Garde moi quelques ragots de côté.
- Attends un peu, tu comptes y aller maintenant ?
- Pourquoi, tu vois un meilleur moment ?
- Je ne voudrais pas précipiter les choses. Et puis, pour l'instant, il n'y pas de convocation des capitaines…
Kyoraku haussa le sourcil.
- Mince, j'ai oublié de te dire ça. Byakuya m'a dit qu'un conseil restreint aurait lieu demain soir, dans les locaux de la première division.
Ukitake hocha la tête.
- D'accord, va retrouver Mayuri alors… il est plus que temps.
- Tu n'as pas l'air plus surpris que ça que nous ne soyons pas conviés.
- C'est tout à fait normal. Un conseil restreint est prévu pour régler une question qui n'engage que quelques divisions, pas le Gotei 13 en entier. Que Byakuya soit convoqué est normal, il s'agit de son vice-capitaine. Je pense qu'il y aura aussi Kensei et Soi Fon pour les questions de sécurité. Kurostuchi, parce qu'il y a un enjeu technique. Peut-être Hitsugaya et Unohana… c'est moins sûr.
- Il faudrait qu'ils soient un nombre impair pour prendre une décision à la majorité.
- A moins que le capitaine commandant décide de trancher lui-même. Ses décisions sont souveraines.
- Aïe, dans ce cas on peut rallier qui ont veut à notre point de vue, ça ne changera rien.
- Ne sois pas défaitiste, Shunsui, Même Yamamoto est capable de prendre une décision sensée de temps à autre.
Les deux capitaines se dévisagèrent quelques instants avant que Shunsui n'éclate de rire et que Jushiro se prenne la tête entre les mains. Ce n'était définitivement pas gagné.
OoOoOo
Un conseil restreint des capitaines du Seireitei obéit à plusieurs règles bien strictes, que le capitaine commandant choisit de toutes ignorer eu égard aux circonstances. S'ensuivit donc une séance particulièrement confuse.
Autour de la table, le capitaine-commandant, son vice-capitaine et les capitaines des deuxième, sixième, neuvième et dixième. Les regards se croisaient avec défiance et évitaient soigneusement celui de Byakuya.
Sasakibe s'éclaircit la gorge.
« Bonjour à tous, l'ordre du jour…
- Dont personne n'a été informé avant la réunion..
Soi Fon salua cette remarque d'un regard noir. Kensei haussa les épaules.
- Pas la peine de faire ces petits yeux de tueuse, toute convocation urgente à un conseil restreint doit comporter les points à l'ordre du jour.
- Je pense que l'ordre du jour est évident ! A moins qu'on ne vienne pas d'essuyer une attaque surprise d'un ennemis jusqu'alors inconnu par un procédé qui nous échappe encore ?
Le regard que Hitsugaya leva au ciel aurait pu dire « on n'est pas rendu ».
Après un toussotement autoritaire destiné à rétablir son autorité chancelante, le vice-capitaine Sasakibe reprit.
- A l'ordre du jour, disais-je, il s'agit de statuer sur le sort du vice-capitaine Abarai Renji. »
Les participants se dévisagèrent, un peu étonnés. Ils auraient tous et toutes souhaité un thème un peu plus capital du genre pister et détruire les ennemis, juger et exécuter celles et ceux qui avaient été capturés, mettre en place un nouveau système de surveillance pour parer à tout nouvel épisode dans ce genre. Non vraiment, statuer sur le sort d'un simple vice-capitaine était un peu décevant.
« Vous voulez dire quel chef d'accusation retenir contre lui ? S'enquit Hitsugaya, en jetant un regard narquois à Byakuya.
- Ou plutôt, que chef d'accusation et quel jour pour l'exécution ? Renchérit Soi Fon.
- On pourrait déjà le mettre en taule, juste par mesure de sécurité, trancha Kensei, un peu pris au dépourvu. Depuis quand faire tourner un Kuchiki en bourrique était devenue une coutume tolérée lors d'un conseil des capitaines ? Les choses s'étaient tellement dégradées au sein du Gotei 13.
- Silence, ce n'est pas un sujet de plaisanterie, les coupa Sasakibe. Il est avéré que la dimension spirituelle de nos ennemis s'est ancrée à la nôtre via le lien qui unit le vice-capitaine Abarai Renji à son zanpakuto. Ce dernier n'a pas fait mention de ce fait, soit qu'il ait participé à cette attaque, soit qu'il ait complètement ignoré ce parasitage spirituel. »
Un bruissement parcouru l'assemblée des capitaines.
« Connaissant les capacités de Renji, cette dernière possibilité n'est pas à exclure totalement, émit Hitsugaya à mi-voix.
Soi Fon secoua la tête.
- Et quand bien même ? À son insu ou de son plein gré, il a participé à cette attaque. Et pas dans notre camp ! »
Byakuya, qui avait gardé un silence prudent jusqu'à là, se tourna vers sa jeune collègue, dardant sur elle un regard polaire.
« Il est vrai que confinée au QG des capitaines durant toute la durée des combat, il a pu vous échapper que mon vice-capitaine a pris part aux combat aux côtés de nos troupe. »
Le malaise étant confortablement installé dans la pièce, il attendit quelques secondes mélodramatiques avant de reprendre.
« En tant que responsable des affaires internes, j'ai déjà mandaté une équipe pour enquêter sur les événements de ces derniers jours. Dans un soucis de neutralité, j'ai requis des capitaines des septième, huitième et neuvième division qu'ils affectent un certain nombre de leurs officiers à cette équipe. Requête qui est restée sans réponse à ce jour. »
Le malaise monta d'un cran.
Kensei, sentant les regards sur lui, haussa les épaules.
« On gère les suites de cette attaque depuis cinq jours. J'ai pris part à toutes les réunions de crise et mes officiers croulent sous les tâches. On a pu rater ce message.
Yamamoto hocha la tête.
- Donnez une suite favorable à la requête du capitaine Kuchiki. Et revenons à l'ordre du jour. »
Kuchiki reprit la parole.
Le vice-capitaine Abarai est actuellement retenu dans ma demeure personnelle, eut égard à l'encombrement des services de soin de la quatrième division. Il est sous ma surveillance et ma responsabilité. Les conclusions de l'enquête devraient permettre de donner une suite ou non à cette mesure de rétention.
La déclaration fut accueillie par un silence poli et dubitatif qui ébrécha l'amour propre de Byakuya.
Il leur paraît donc concevable que je protège un de mes officiers au mépris de nos lois ? Où ai-je acquis une telle image ?
Kensei jeta un coup d'œil interrogatif à Soi Fon. Par leurs fonctions et leurs caractères il se sentait proche de la jeune capitaine, même s'il n'approuvait pas certaines de ses prises de position.
Il est toujours comme ça ?
Non c'est étrange. Il est chiant par nature, mais c'est rare qu'il s'implique pour un sous-fifre.
Il pourrait être impliqué ?
Kuchiki ? Difficile à dire. Il est passé si rapidement de « je fais exécuter ma propre sœur » à « je viole les lois du Seireitei pour lui donner un coup de main quand elle se fout toute seule dans la merde avec ses amis chelou »… ça devient difficile de déterminer son alignement.
Le vice-capitaine Sasakibe repris la parole pendant que tout le monde faisait semblant de ne pas avoir compris parfaitement le moment où quelqu'un avait qualifié Byakuya Kuchiki de mec chiant.
« La question est de savoir si cette modalité de retenu doit se prolonger ou bien s'il n'est pas préférable de placer Renji Abarai en détention de manière un peu plus conventionnelle.
Kensei hocha la tête.
- Oui, entre quatre murs avec des gardes devant la porte et un inhibiteur de reiatsu. Classique mais toujours efficace.
Soi Fon leva la main pour l'interrompre.
- Personnellement, je suis en faveur au moins d'un incarcération au premier niveau de la Prison souterraine centrale ! Son maintien en liberté est un passe-droit incompréhensible ! Et c'est un danger pour nous tous, qui sait quels liens il entretien encore avec cette faction séditieuse !
Sasakibe intervint d'un ton embêté.
- Le capitaine Kurotsuchi a assuré que les liens avaient été brisés. L'autre dimension s'est détachée du Seireitei sans possibilité de l'atteindre de nouveau.
- Sauf son respect, Kurotsuchi a été incapable de détecter ce lien dès le début, je doute fort qu'il le puisse actuellement.
- En son absence, il nous est difficile de nous exprimer.
- C'est pratique. Pourquoi n'est-il pas là d'ailleurs ?
- Il s'agit d'une question de procédure et de discipline, l'expertise scientifique n'interviendra qu'en phase d'enquête.
- Nous n'avons donc aucune certitude à ce stade ?
- Aucune, confirma le vice-capitaine, las de siéger au milieu de ces être dysfonctionnels.
- Et bien je dis, dans le doute, on enferme !
Hitsugaya hocha la tête doucement.
- C'est effectivement ce qu'il conviendrait de faire dans ce type de cas, en temps normal. »
Byakuya lança un regard glacial au jeune homme sur lequel cela n'eut aucun effet. Il avait compté sur la bienveillante neutralité du jeune capitaine, avec trop d'optimisme semblait-il.
Tous les regards se tournèrent vers Yamamoto. Il fallait prendre une décision, chacun avait pu parler et tous savaient qu'ils ne changeraient pas d'avis.
Au moment où le capitaine-commandant allait prendre la parole, une aura bien connue s'éleva au milieu d'eux, comme si quelqu'un cherchait à s'annoncer avant d'interrompre leur petite causerie.
Une seconde plus tard, la porte claqua et un pas feutré s'avança vers la table du conseil.
« Bonjour chers amis. »
Un frisson d'anxiété se propagea parmi les participants. Normalement quand une voix douce et féminine vous dit « chers amis », c'est plutôt sympa. Là, on était à deux petits doigts de la menace de mort.
« Retsu.
- Capitaine Unohana.
- Vous n'avez pas été conviée à ce conseil restreint.
- Mon cher Sasakibe, les évidences ne nous mèneront nulle part, fit Retsu Unohana en prenant un fauteuil et s'asseyant entre Soi Fon et Kensei, pile en face du capitaine-commandant. Ce dernier la jaugea du regard un instant avec de hocher la tête.
- Nous vous écoutons.
Elle le remercia d'un petit mouvement de tête, sans se départir de son sourire sibyllin.
- Bien entendu, je n'ai aucune prétention dans ces matières qui ne relèvent pas de mon domaine d'expertise.
Le regard qu'elle laissa couler sur Soi Fon signifiait à peu près « et du tien non plus » aussi clairement que si elle l'avait dit à voix haute.
- Je suis toutefois pour le moins étonnée de ne pas avoir été conviée étant donnée que l'individu en question se trouve sous mon autorité et sous la responsabilité de mes équipes soignantes.
- Renji Abarai se trouve au manoir Kuchiki aux dernières nouvelles ! Protesta Kensei avant de se faire flétrir du regard par Unohana.
- Avec ma permission. L'hôpital étant bien assez encombré avec les autres victimes des récents combats. Et pour la simple et bonne raison que son état de santé ne permet pas un déplacement vers un autre lieu de soin en toute sécurité. »
Byakuya sentit les regards en coin soupçonneux des autres capitaines mais ne broncha pas.
« Puisque personne (et la manière dont le mot fut prononcé fit souhaiter à tous les capitaines présents de ne pas avoir à être compté dans ce « personne ») n'a cru bon de s'enquérir de l'état de santé d'Abarai Renji, il m'a semblé bon d'intervenir. »
Kensei lança un regard torve à Soi Fon.
Il fallait la consulter.
Mais il n'est pas à l'hôpital !
Il suffit que le moindre sous-grouillot de la quatrième lui ai posé un seul pansement il y a de cela quatre jour pour qu'elle puisse revendiquer son mot à dire.
Je pense que je vais pas vous suivre sur ce coup.
Quoi ! Hitsugaya ! c'est un déni de justice.
Pas envie de me faire couper en deux par Unohana. Surtout pour un crétin comme Renji que j'imagine incapable de la réflexion nécessaire pour fomenter une révolution et bien assez nul pour ne pas réaliser que son lien spirituel a été parasité.
« D'ailleurs le capitaine Kuchiki pourra confirmer qu'un de mes officiers assure toujours le suivi de santé du vice-capitaine Abarai et que des onguents guérisseurs sont fournis au manoir Kuchiki pour cela. »
Byakuya, qui aurait confirmé n'importe quoi qui aille dans son sens, hocha la tête d'un air pénétré. Il était possible qu'un officier de la quatrième se soit pointé une fois ou deux chez lui, il n'en savait absolument rien mais était prêt à le jurer si cela permettait de ne pas jeter son idiot de vice-capitaine en prison.
« J'ai d'ailleurs interdit formellement toute forme d'enquête ou d'interrogatoire sur la personne de Renji Abarai jusqu'à nouvel ordre. Son degré de lucidité ne le permet pas. »
Le sourire narquois de Hitsugaya fut parfaitement interprété par tout le monde comme une remise en question globale du degré de lucidité de Renji en temps normal.
« Cette interdiction s'applique aussi bien à l'équipe d'enquête mise en place par la sixième division qu'à celle menée par le capitaine Kurotsuchi. »
Chacun nota dans un coin de sa tête que le flippant capitaine de la douzième division ne perdait pas de temps pour faire oublier l'infiltration indétectable dont le Seireitei avait été victime.
« Enfin, j'ai obtenu l'assurance de la part du capitaine Kuchiki qu'il serait, à l'exception du personnel nécessaire aux soins, le seul à entrer en contact avec le vice-capitaine jusqu'à ce que les dites enquêtes apportent des résultats probants. »
Byakuya sentit ses battements de cœur s'accélérer en entendant le mot « entrer en contact » et il se haït pour ça. Ce fut d'ailleurs avec une expression haineuse que personne ne comprit qu'il acquiesça à ces mots.
« Je sais à quel point la collégialité est primordiale dans notre processus de décision, mais sur ce sujet précis, les impératifs médicaux font que j'ai dû prendre des décisions seule en amont. »
Comme personne n'en avait rien à foutre de la collégialité au Gotei 13, tout le monde approuva silencieusement.
« Merci, capitaine Unohana, pour ces informations précieuses. »
Le capitaine-commandant semblait partagé entre l'amusement et l'agacement. Il aurait bien été en peine de savoir pourquoi Retsu prenait la défense de cet officier. Mais il savourait à chaque fois la main de maître avec laquelle elle menait ses pairs. Ukitake et Kyoraku étaient ses plus vieux élèves bien sûr… mais il se prenait parfois à penser que seule Retsu était un shinigami valable pour prendre sa suite un jour.
« Quelqu'un voudrait-il ajouter quelque chose ? »
« Je pense que nous avons fait le tour de la question. Il n'y a pas de raison de s'attarder plus que ça, soupira Hitsugaya d'un ton fataliste.
- Quoi !
- S'il est intransportable, on ne va pas le téléporter en prison, et si le capitaine Kuchiki garanti de sa surveillance nous n'allons pas le déjuger.
Le regard dubitatif des deux autres laissèrent clairement entendre que déjuger un de leurs pairs ne leur posait pas de problème de conscience particulier. Soi Fon s'emporta :
- Mais il le protège ! Il le couve comme une poule son poussin !
Les réactions dégoulinantes de faux-culserie fusèrent.
- Je ne vous permet pas, protesta mollement Kuchiki, se drapant dans une hypothétique dignité.
- Capitaine Soi Fon ! Maugréa le Capitaine-Commandant plus pour la forme qu'autre chose.
- Tout de suite les grands mots… fit Hitsugaya les yeux levés au ciel, échappant au regard meurtrier de sa collègue.
- Soi Fon…. »
Le ton de Kensei contenait le « calme toi » que ses lèvres se gardaient bien de prononcer. Et on sait qu'il suffit de dire « calme toi » pour qu'une personne énervée retrouve la sérénité absolue en un instant. Non, bien sûr que non. Dire « calme-toi » à quelqu'un est le moyen le plus rapide pour l'énerver deux fois plus, voilà, c'est dit, vous connaissez la technique.
Quoi toi !?
Je suis d'accord avec toi sur le fond mais insister serait de la mauvaise foi.
Ah parce que le petit numéro de vertu attaquée de Kuchiki c'est de la bonne foi peut-être ?
Sasakibe toussota discrètement, histoire de rappeler à son capitaine qu'ils avaient du vrai travail à faire après et qu'on ne pouvait pas continuer ce cirque juste pour le plaisir.
Yamamoto se leva.
« Le cas est réglé. Le vice-capitaine Abarai reste sous votre responsabilité, capitaine Kuchiki. Le capitaine Unohana déterminera son aptitude à être interrogé par les équipes d'enquête. Est-ce clair ? »
La réponse fusa, mollement mais unanime.
« Oui capitaine-commandant. »
Tous échangèrent des regards assassins en se croisant, mais il fallait plus ébranler la résolution de Byakuya. Sauf Retsu Unohana qui ne lui accorda pas un regard, seulement au moment où ils passaient l'un à côté de l'autre, Byakuya entendit distinctement les mots d'Unohana se glisser au creux de son oreille.
« Je ne serai pas toujours là, préparez vous mieux pour la suite. »
Surpris, il lui lança un regard inquisiteur, qu'elle ignora superbement.
OoOoOo
La lumière se déversant à flot dans la petite pièce qui l'accueillait réchauffait son corps nu. Renji savourait chaque particule de chaleur qui se posait sur sa peau. La douleur était devenue tout à fait gérable, pour autant qu'il continue à être abreuvé de potion antidouleur. Il s'était réveillé plusieurs fois depuis son retour dans le monde sensible. À chaque fois, du personnel s'était empressé pour lui donner à boire, lui refaire ses pansements, le soigner. Mais encore jamais il n'avait revu son capitaine avant ce moment.
Byakuya était entré sans un bruit, sans un mot. Renji ne bougea pas la tête, il ne chercha pas à le voir. C'était accablant pour le vice-capitaine de réaliser à quel point il connaissait tout de son supérieur. Le rythme de ses pas, le bruit de la semelle de corde sur le sol, le froissement de la soie de son kimono, l'odeur particulière de ses cheveux et de sa peau, la manière dont le sol ployait lorsqu'il s'asseyait à ses côtés. Sans le regarder il pouvait deviner sa posture, son attitude, ses mains croisées devant lui, sa moue autoritaire. Il sourit pour lui-même, espérant ne pas paraître trop content de lui.
« Gnapitaine ? »
C'était loin d'être satisfaisant mais cela ressemblait déjà à un mot.
« Je suis là. »
Renji sentit à nouveau la douceur morose et triste dans la voix de son capitaine.
Il tendit le cou pour voir le shinigami à côté de lui et puis renonça, réalisant qu'il se ferait mal pour rien. Il surprit un mouvement à la limite de son champ de vision et Kuchiki parut devant lui. Le soleil l'inondait toujours, mais avec la silhouette découpée de Byakuya Kuchiki entre lui et la fenêtre désormais, qui projetait une ombre sur son corps.
« Guéris. »
Un rictus désabusé déchira les lèvres de Renji. Comme si ça pouvait être aussi facile que ça, une incantation, un ordre et son état allait s'améliorer par la seule force de sa volonté.
« Oui. »
Byakuya contempla le jeune homme avec circonspection. Il venait de lutter non seulement contre son chef et contre ses pairs mais surtout contre ses principes et contre la loi qu'il était chargé de faire appliquer, pour cet homme. Tant d'énergie pour sauver un seul être. Et lui, inconscient de ce que je viens de mettre en jeu pour le sauver.
Saurais-tu cela, Renji, m'accorderais-tu de nouveau ta confiance pleine et entière ? Est-ce pour cela que j'ai lutté pour toi ? Pour racheter ce que je pensais avoir perdu en m'immisçant dans ton passé ? L'ironie de la chose et son implacable logique sauta aux yeux du capitaine : il n'avait pas su protéger son passé, et, en réparation s'était attaché à lui offrir un avenir. Mais c'était encore s'immiscer entre Renji et son propre destin. C'était encore choisir pour lui. Byakuya secoua la tête, perdu dans ses pensées, sous le regard apaisé du jeune homme. Me faut-il sortir entièrement de sa vie pour ne plus m'y sentir systématiquement comme un intrus manipulateur ? Un contact le fit sursauter. Renji avait tendu la main, jusqu'à la poser au sol, le bout des doigts effleurant le bord de son kimono.
Ou alors c'est le contraire… Le capitaine s'éclaircit la gorge.
« C'est l'officier Agido qui t'a prodigué les premiers soins. Quand tu n'as plus été en danger de mort, j'ai pu confier les soins quotidiens à mes gens, l'hôpital est encore rempli de victimes des combats et des incendies. »
Renji sentit ses forces le quitter à l'évocation des combats. Qui avait péri ? C'était la seule question, et quelque soit la réponse, il savait que son cœur serait déchiré. Déchiré entre la paix et la joie qu'il avait trouvé avec les mʻntşn, et la loyauté sans faille qu'il devait au Seireitei. Il inspira. Ses lèvres se décollèrent avec difficulté.
« Qui ? »
Kuchiki secoua la tête.
« En temps utile. Pour l'instant, tu dois guérir ? »
Les derniers mots avaient été prononcés sur un tel ton que Renji n'osa plus prononcer un seul mot. C'était pire qu'un ordre, quelque chose d'urgent, de vital.
Ou alors c'est le contraire….
Accepter d'être une part de sa vie.
Byakuya inspira profondément et posa à son tour une main au sol, toute proche de celle de Renji mais sans la toucher.
« Il y a beaucoup de choses à dire, je le sais. Mais cela ne sert à rien si tu ne guéris pas. »
Le regard que lui jeta le jeune homme était désarmant d'étonnement. À tel point que le capitaine détourna le regard, décontenancé. Et alors qu'il se levait, il sentit la main au sol suivre son mouvement, érafler le tissu de son vêtement avec une âpreté qui n'était pas celle d'un corps tout juste revenu de la mort. Et comme il se dirigeait vers la sortie, un mot l'arrêta.
« Restez. »
Kuchiki fit volte face plus rapidement qu'il ne l'aurait souhaité. Et en même temps, à quoi ça sert de décider d'être une partie de la vie de quelqu'un si on ne sait pas être un peu moins fier l'instant d'après ?
Renji eut un signe de tête vers la carafe d'eau se trouvant sur une table contre un mur, et le capitaine hocha la tête. En buvant doucement au col du verre que Kuchiki lui présenta, Renji rassembla ses pensées. Il y avait beaucoup de choses à dire. Oui, il y avait les morts de l'attaque, les destructions, les évènements qui l'avaient entraîné dans les ténèbres, il y avait des jours qu'il n'avait vu personne d'autre que les gens du manoir Kuchiki. Les souvenirs remontèrent à la surface et s'engouffrèrent au premier plan de ses pensées. Il y avait beaucoup à dire. Il avait peut-être trahi, il avait peut-être oublié d'être un shinigami digne de ce nom. Avant l'attaque, il avait dérapé dans les grandes largeurs. Il y avait beaucoup à dire. Il avait parlé de colère et de désir, il avait détesté que Kuchiki voit si loin en lui et que lui soit incapable de connaître le fond de sa pensée. Il y avait beaucoup à dire. Il avait beaucoup à lui dire. La fin des combats était noyée dans un brouillard de sang et de désespoir en lui. Il ne pouvait s'empêcher de songer que son état d'ébriété, combiné à un désespoir sentimental total et l'état d'excitation causée par les combats avait été le cocktail nécessaire pour faire émerger ce nouvel état de conscience en lui. Il n'aurait jamais trouvé Zabimaru dans des circonstances plus ordinaires.
Il reprit son souffle lorsqu'il eut terminé de boire. Kuchiki était toujours à ses côtés, le gobelet vide toujours entre les mains et ne semblait pas décidé à partir pour de bon. Alors Renji puisa en lui le souvenir de cet élan désespéré qui l'avait possédé quelques jours auparavant.
« L'autre soir.
Byakuya fronça légèrement les sourcils et attendit. Renji précisa.
- Avant l'attaque.
- Cela...
Le ton pensif de son capitaine alluma une petit flamme d'espoir en Renji. Au moins il n'avait pas oublié. Et cet unique mot en suspens lui laissait espérer qu'il pouvait au moins en parler.
- J'étais…
Renji se tut. Il était quoi ? Fou ? Inconscient ? Inconsidéré ? Insolent ? Imprudent ? Certainement, tout cela à la fois, et mille fois plus, il était loin au-delà de ce que sa position lui permettait d'être. Il outrepassait tout et risquait tout. À ce moment là, pas grand-chose d'autre n'avait compté pour lui que de faire sortir ce qu'il avait sur le cœur.
- …la colère…
Renji soupira, à bout de souffle. Difficile de verbaliser autre chose pour l'heure pour sa part. Kuchiki hocha la tête. Rien qu'il ne sache déjà. Il termina les mots en suspens de Renji.
- Et le désir.
De nouveau, le même regard saisissant de stupéfaction de la part du jeune homme. Byakuya hocha la tête encore.
- Je t'ai bien entendu cette fois-là. Et je_il hésita un instant, incertain du terme à employer_je l'accepte ainsi. »
Oui, c'était bien ainsi. Il s'était introduit dans la vie de Renji Abarai, il devait savoir y faire face avec honneur. Ne pas prendre de cette vie que ce qui arrangeait sa curiosité mal placée, mais accepter d'y avoir une place.
Il se releva et cette fois-ci Renji ne fit pas un geste pour l'arrêter. Il n'en avait pas besoin. Il avait eu des mots pour l'assurer que rien de ce qui le troublait n'était vain.
Quand il sortit de la pièce, Byakuya se surpris à frisonner, conscient que quelque chose d'intense venait de changer en lui.
OoOoOo
Byakuya s'assit sur le plancher sous l'auvent et le bois craqua sous son poids. Qu'ai-je fait ? La pensée le traversa un instant qu'il avait été inconscient, qu'il s'était fourvoyé dans un avenir qui n'était pas le sien. Et aussi vite qu'elle était née, cette pensée mourut quand son regard se posa sur le gobelet de porcelaine qu'il tenait encore au creux de sa main. Il n'avait rien fait ce soir-là qu'il n'ait pas commencé des semaines auparavant, des années auparavant, toute une vie auparavant. Non pas au moment où il avait observé sans pudeur Renji en pleine étreinte. Non pas au moment où il avait honoré son corps sans vie de son ginpakukazahura. Non plus au moment où il avait pris chez lui une orpheline du Rukongai pour sœur. Peut être était-ce le jour où il avait pris Hisana pour femme. Peut-être avait-il, dès cet instant et pour toujours, eut au cœur d'être droit et d'honorer ce qu'il aimait, au-delà des lois, quel qu'en fût le coût.
Réponses aux reviews :
Emeline : hellooo bien sûr que si je me souviens de toi, puisque tu étais (et du coup, tu es toujours ) une fidèle revieweuse ! Ta dernière review est super touchante, j'espère que ce nouveau chapitre sera toujours aussi à la hauteur. Les délais de publication sont loin au delà du raisonnable, mais l'histoire continue et le rythme pourrais bien s'intensifier !
Ayaame : merci pour ta review, ça fait plaisir de voir que nos intentions d'écritures sont comprises et que les personnages tels qu'on les décrit te plaisent ! Bonne lecture pour ce chapitre, j'espère qu'il te plaira tout autant.