Je dédie cet OS à Exces. Mon premier MorMor.


Honey, you should see me...

Le grand patron s'ennuyait. Ferme.

Il triturait son smartphone d'un air absent. Il arrivait à l'appareil de cracher des sons qui secouaient toute l'équipe proche de lui. Ne s'en souciant guère, il continuait à solliciter l'écran tactile, le martyrisant presque comme pour lui faire payer de ne pas avoir d'âme ou le moindre intérêt.

Il soupirait.

Moran se présenta à lui.

"Qu'est-ce que tu veux ? pousse-toi de là, tu me prends la lumière, imbécile." grognait Moriarty depuis le fauteuil.

Le patron était d'une humeur de chien. Epuisé par une opération précédente, passablement ennuyé et agacé. Mais qu'importait. Moran en était même parvenu a déceler une forme d'affection dans les insultes prodiguées par cet homme génial !

"Si vous sortiez prendre l'air ?" suggéra Moran.

Moriarty leva les deux billes sombres qui lui servaient d'yeux sur la haute silhouette musclée.

"De quoi je me mêle, Moran ?"

"C'est ce que je faisais quand ça n'allait pas..."

"Quand je t'ai trouvé, foutre d'idiot, tu gisais dans le caniveau et tu y avais fait ta place. Alors maintenant hors de ma vue."

Moran secoua la tête et s'installa plus loin, parmi les troupes du grand M.

Moriarty, vêtu casual pour l'occasion, bascula une jambe sur l'accoudoir du fauteuil et continua à s'acharner sur le pauvre engin électronique qui couina d'agonie au bout de quelques heures. Il finit sa course écrasé, boyaux et circuits imprimés à l'air.

"Moran ! vas m'en chercher un autre !" beugla Moriarty tel un enfant capricieux.

Le fidèle bras droit se tint devant lui avec un colis : "Voilà ce que nous attendions."

Moriarty sauta sur ses jambes et lui arracha le paquet des mains, le déballant avec frénésie qui fit soulever le sourcil gauche à l'homme de main.

Du papier léger flotta un instant dans l'air et Moriarty se retrouva avec une magnifique casquette londonienne entre les mains, la tournant dans tous les sens, l'observant avec intérêt.

Le patron était un véritable gamin... du poison juvénile, l'acné en moins. Il possédait ce visage lisse et insouciant des gens qui n'appuient pas eux-mêmes sur la gachette. Avec lui, nul besoin de penser, il s'occupait de tout ! les choses les plus inimaginables pouvaient avoir lieu avec un roi de cet acabit à la tête de l'équipe. Impossible n'était décidément pas Moriarty !

"Je vais faire un paquet de jaloux avec ça !" s'extasia-t-il.

Moran, qui le côtoyait depuis un certain temps déjà, ne pouvait jamais prévoir ses réactions. Il s'emballait parfois si rapidement...

"Patron, il faut qu'on voit pour les derniers détails de l'op..."

"Demain." trancha Moriarty en se coiffant de la casquette comme s'il eut s'agit d'une couronne.

Il baissa les mains, attendant un son d'extase de Moran. N'entendant rien arriver, il fronça les sourcils. Moran demeurait décidément dubitatif devant Moriarty qui avait quitté ses costumes de prix pour un jean, un t-shirt col V blanc, une veste beige. Il faisait soudain 10 ans de moins et c'était pire affublé de cette casquette aux couleurs de Londres.

"Parfait." murmura Moran, peu convaincu.

"J'ai pas entendu."

"Je disais : parfait."

FIN.