Un décès dans la famille

Titre : A death in the family

Auteur : Norah Rose

Traductrice : Azweig

Statut de l'histoire : terminée (14 chapitres)

Statut de la traduction : terminée (14 chapitres)

Note de l'auteur : Je suis horriblement désolée pour le retard de ce chapitre. Il y a eu beaucoup d'événements et d'autres trucs au lycée récemment et ça m'a pas mal occupée. J'ai demandé officiellement l'Université de Caroline du Nord à Chapel Hill au final. Souhaitez-moi bonne chance ! Enfin… J'espère que vous apprécierez ce chapitre et que je vous me ferez savoir ce que vous en pensez. Et comme toujours, merci !

Note de la traductrice : C'est avec beaucoup de joie (et un peu de nostalgie) que je vous présente ce dernier chapitre d'Un décès dans la famille. Un grand merci à toutes les personnes qui ont suivi fidèlement cette histoire, qui l'ont commentée et mise dans leurs favoris. Un merci tout spécial aux dernières personnes qui ont commenté; Melusine, Ryokushokumaru, Love NCIS-Sherlock, Elizabeth Mary Holmes, Clina, Evy Holmes. En ce qui concerne mes autres traductions: la suite et fin de Bonne nuit et bon vent sera disponible au plus tard demain matin et je compte commencer la traduction de Healing touch, donc pas mal de Drarry en vue. J'espère que le chapitre sera à la hauteur de vos attentes; excellente lecture!


Chapitre 14

Lorsque John se réveilla le matin suivant, il était seul dans un lit froid. Un lit dans lequel il manquait très clairement un certain détective. John frotta ses yeux ensommeillés et se redressa lentement en position assise. Deux valises proprement et parfaitement bouclées étaient posées à côté de la porte. Donc Sherlock s'était levé tôt pour préparer les valises. Un peu étrange mais utile, néanmoins. Il devait sûrement être soucieux à l'idée de rentrer à Baker street. John comprenait ce sentiment, d'autant plus qu'il aimait sa famille.

Ça expliquait les valises mais ça n'expliquait pas pourquoi Sherlock n'était pas quelque part en vue. John étendit ses jambes puis les sortit sur le côté du lit et se leva, s'étirant pour délasser ses muscles noués par son sommeil agité. Il était sur le point de sortir des vêtements propres de sa valise mais s'arrêta en voyant qu'une tenue était déjà posée sur un coin de la table. Sherlock avait pensé à tout. Bien entendu.

John enfila un pantalon noir et un pull bleu, qu'il était presque sûr de ne même pas posséder, et s'empressa de descendre à l'étage inférieur.

Il trouva Sherlock seul, dans la cuisine, en train de boire une tasse de thé, avec un journal déplié devant lui. « Bonjour, John, » dit-il, sans lui accorder plus qu'un coup d'œil, jeté par-dessus sa lecture.

« 'Jour, » marmonna John, commençant également à se préparer lui-même une boisson. « Sherlock, » demanda-t-il, une fois qu'il se fut installé sur une chaise en face de lui. « Où est-ce que tu as eu ces vêtements ? »

« Tes vêtements ? » demanda Sherlock, bien que John soit quasiment sûr qu'il n'avait en fait besoin d'absolument aucun éclaircissement.

« Oui, les vêtements que je suis actuellement en train de porter. »

« Le pantalon provient de ta valise. »

« Et le pull ? »

« Le pull ? » demanda Sherlock, ses yeux papillonnant vers la poitrine de John.

John hocha la tête en signe d'acquiescement, ses yeux se plissant légèrement.

« Je l'ai acheté, » répondit simplement Sherlock, prenant une autre gorgée de sa boisson.

« J'ai des vêtements, tu sais. Tu aurais juste pu prendre quelque chose de ma valise. D'ailleurs, euh, merci pour avoir préparé tout ça. »

« Pas de problème. Le pull est bleu. D'un bleu plutôt joli, en réalité, » dit Sherlock, comme si cela expliquait tout.

« Donc, tu l'as acheté parce qu'il était bleu alors ? » demanda John en détachant les syllabes, essayant de comprendre le raisonnement de l'homme en face de lui. « Est-ce que le bleu est ta couleur préférée ? Est-ce que tu as ne serait-ce qu'une couleur préférée ? Je n'aurais jamais pensé que tu étais de ce genre-là mais je… »

« Comme tes yeux, » dit Sherlock, la voix chargée d'exaspération alors qu'il interrompait John. « Désigner une couleur comme étant sa préférée est si puéril, John. La couleur préférée d'une personne dépend sûrement selon les jours, selon ce que la couleur représente, selon l'attachement émotionnel, s'il en est. Il y a tellement de facteurs. Le pull est d'une nuance de bleu quasiment identique à celle de tes yeux. »

John sentit l'air quitter précipitamment ses poumons. « Mes yeux, » articula-t-il, l'incrédulité résonnant dans sa voix.

« Oui. Bleus. A cause d'une faible concentration de mélanine dans le stroma de l'iris. Tu es docteur, John, tu es sûrement au courant de la raison de l'existence d'yeux de différentes couleurs. »

John se frotta le front et acquiesça. « Oui. Oui, je suis au courant de pourquoi mes yeux sont bleus, merci. Ce n'est pas ce que je… » Il leva les yeux vers l'expression perplexe de Sherlock et ses mots lui restèrent dans la gorge, se transformant en un sourire. « C'est pas grave. Le pull est joli, Sherlock, » dit-il, après un moment. « Merci. »

Le coin de la bouche de Sherlock n'avait jamais tressailli vers le haut aussi imperceptiblement mais il passa simplement à un autre sujet.

« J'ai eu une longue conversation avec ta mère. »

John sentit ses sourcils se soulever sans son accord.

« Eh bien, elle a parlé la majeure partie j'ai écouté, » continua Sherlock. « Ou plutôt, j'ai feins d'écouter. »

« C'est impoli, Sherlock, » dit John, rapide à souligner son échec.

« J'ai vraiment essayé d'écouter, » insista Sherlock en voyant la frustration de John. « Même lorsque la discussion s'est transformée en une conversation légère et sans intérêt. J'ai essayé d'écouter. »

John ressentit une soudaine bouffée d'admiration pour l'homme devant lui. Il avait fait un effort. Sherlock Holmes avait fait un effort. Même lors d'une conversation légère. Et, mon dieu, c'était tout ce que John pouvait lui demander, vraiment.

« C'est bon, Sherlock. De quoi avez-vous parlé exactement ? »

Sherlock fronça les sourcils, évita le regard de John et se concentra sur la tasse posée devant lui sur la table.

« Sherlock ? » interrogea John, haussant la voix, légèrement paniqué lorsqu'il imagina toutes les choses qui avaient pu être dites. « De quoi avez-vous parlé ? »

« Je ne suis pas sûr si je suis supposé t'en parler, » dit Sherlock.

John soupira et ramena une main dans ses cheveux. « D'accord, bon, » dit-il, en majeure partie pour lui-même. « Je peux demander à ma mère lorsque je lui parlerai. »

Les yeux de Sherlock rencontrèrent ceux de John. Il semblait… contrit, penaud ? Les émotions qui défilaient sur son visage ne lui étaient pas familières. Et lorsque John maintint son regard, il put identifier une émotion forte de plus, un regard rempli de doute qui l'alarma.

« Je ne suis pas en colère, Sherlock, » dit John, se penchant pour se rapprocher du détective.

« Je sais, » répondit Sherlock.

« Alors, qu'est-ce qui ne va pas ? »

« Rien, » dit Sherlock, mais sa réponse était trop abrupte, trop courte, même pour lui.

« Je ne te crois pas, » rétorqua John, d'un ton parfaitement stoïque.

Les yeux de Sherlock fouillèrent John pendant un instant avant de rassembler finalement son courage, ou son énergie, ou peu importe ce dont il avait besoin, pour parler. « Devrions-nous nous embrasser ? » demanda-t-il, méthodique et précis.

John dut se secouer légèrement dans le but de se remettre l'esprit en place. Ce n'était pas du tout ce à quoi il s'était attendu. Bien sûr, il avait pensé embrasser Sherlock toute la matinée. Merde, il avait presque toujours pensé embrasser Sherlock. C'est ce qui l'avait entraîné dans ce… eh bien, cette… relation, en premier lieu. Mais il n'avait pas vraiment réalisé que l'idée tourmentait également l'esprit de Sherlock.

« Est-ce que tu veux que l'on s'embrasse ? » demanda John, incertain de ce qu'il devait exactement répondre.

« C'est le matin et nous nous sommes juste réveillés pour une nouvelle journée. Je comprends que ce soit une tradition pour de nombreux couples de célébrer cela avec un baiser, » dit Sherlock.

Les yeux de John ne s'écarquillèrent qu'imperceptiblement à la mention du mot « couple ». Il n'y était toujours pas habitué. Il s'attendait toujours à moitié à se réveiller d'un instant à l'autre et à trouver que tout ceci avait été un quelconque délire, un rêve causé par une drogue de Sherlock.

« Nous n'avons pas à nous embrasser juste parce que c'est une tradition, » répondit John. « Tu n'as pas à faire quelque chose que tu ne veux pas faire, Sherlock. »

« Je ne fais pas les choses juste parce qu'elles font partie d'une tradition. Et je ne fais que très rarement des choses que je ne veux pas faire. » Les mots de Sherlock étaient honnêtes, John le savait. Bon dieu, l'homme ne mangeait quasiment pas il ne faisait évidemment pas les choses juste parce qu'on était « supposé » les faire.

Avant que John n'ait eu le temps de préparer une réponse, Sherlock s'était levé de sa chaise et marchait d'un pas décidé vers John. Il se baissa et captura le visage de John dans ses mains. Il pressa ses lèvres doucement, gentiment, contre celles de John pendant un court moment, un moment qui se termina trop rapidement, et il se recula.

« Voilà, » dit-il, le visage encore assez proche pour que John sente sa respiration sur sa joue.

« Bonjour, Sherlock, » dit John, incapable de retenir plus longtemps son sourire.

« Bonjour, John, » répondit Sherlock, ses propres lèvres s'incurvant de la même manière.

Une fois le moment passé, Sherlock retourna à sa place et redirigea son attention sur son journal.

« Eh bien, » dit John, ressentant le besoin de briser le long silence. « Je suppose que je dois aller parler à ma mère alors. C'est presque le moment pour nous de partir. Je devrais lui dire correctement au revoir et m'assurer que tout va réellement bien ici. »

Sherlock lui adressa un petit « hm » en réponse. John quitta la table et commença à sortir de la pièce mais s'arrêta abruptement lorsqu'il entendit Sherlock l'appeler depuis sa chaise.

« John, est-ce que tu as une couleur préférée ? »

Sherlock était debout maintenant, comme s'il était sur le point de quitter également la pièce.

John n'avait pas de couleur préférée. Il n'avait jamais été le genre de personne à en choisir juste une. Il aimait la plupart des couleurs. Ou peut-être les détestait-il. Il n'y avait jamais réellement réfléchi. S'il avait été questionné par quelqu'un d'autre, il aurait probablement répondu un simple non. Mais avec Sherlock debout devant lui, pour quelque raison inconnue, une couleur s'imposa directement dans l'esprit de John.

« J'aime le violet, » dit-il, avant qu'il ne puisse retenir cette pensée. « Je veux dire, euh, le violet foncé. Le violet royal. »

Sherlock croisa son regard. Il semblait pouvoir voir à travers lui. Il acquiesça légèrement, avant de se retourner et de monter à l'étage sans un mot de plus.

Ce ne fut qu'une fois qu'il fut parti que John se rendit compte que Sherlock portait une chemise violette. Une chemise d'un violet foncé. Une chemise d'un violet royal qui mettait en valeur le moindre muscle de son torse. Une chemise d'un violet foncé qui le faisait paraître plus comme un dieu que comme un homme. Comme une sorte de sculpture parfaite qui ne pouvait pas être réelle. Une chemise d'un violet foncé qui moulait son corps si parfaitement que le cœur de John avait raté un battement juste en y pensant.

John se reput de l'image de la chemise pendant un moment avant de se reprendre et de se rendre jusqu'à la chambre de sa mère. Il frappa un petit coup à la porte avant d'entrer.

Karen Watson était assise sur le bord de son lit, un album photo ouvert sur ses genoux. Elle leva le regard avec un petit sourire alors que John entrait dans la chambre mais ne dit rien. John ferma doucement la porte et s'assit à côté de sa mère sur le lit. Il jeta un coup d'œil aux photographies par dessus son épaule. C'était de vieilles photos de famille et il resta silencieux plusieurs minutes tandis que sa mère tournait les pages de l'album, se perdant dans ses souvenirs d'enfance.

Lorsqu'elle arriva à une photo jaunie de John enfant, un large sourire plein de dents sur son visage de poupon, se tenant fièrement à côté de son père, sa mère brisa finalement le silence qui s'était installé dans la pièce. « Tu lui ressembles tellement, John. Tu lui as toujours ressemblé. » Ses yeux brillaient d'émotion mais elle ne versa aucune larme alors qu'elle observait John.

« Je peux vraiment rester, maman, si tu as besoin de moi. Tu n'as qu'un mot à dire. »

« Non, » dit-elle brusquement, fermant l'album de photos et le déposant derrière elle. « C'est le moment de rentrer chez toi. Je te l'ai dit, tout ira bien. »

John fit une moue désapprobatrice et baissa le regard. « D'accord, » dit-il avec un soupir. « Bien. Juste, appelle s'il te plaît, si tu as besoin de quelque chose. De n'importe quoi. »

Sa mère posa une main sur son épaule et sourit. « Tout ira bien, » répéta-t-elle, lui pressant l'épaule en un geste rassurant. « Allez-vous partir ce matin ? »

« Je pense que oui. Je devrais probablement retourner au travail. Ecoute, maman, est-ce que Sherlock t'a dit quoi que ce soit ce matin ? Quelque chose de, euh, non habituel ? Si c'est le cas, il est juste… »

« Il n'a rien dit de mal, John, » l'interrompit-elle. « Aie un peu plus confiance en lui. Je pense qu'il est plus capable de s'occuper de lui-même que tu ne l'imagines. »

John souleva ses sourcils et lui offrit un regard peu convaincu. « Oui, si tu le dis. De quoi avez-vous parlé ? »

« De toi, » répondit sa mère, la voix étrangement enjouée.

« Pardon… De moi ? » dit John.

« Oui, de toi. Eh bien, j'ai juste dit à Sherlock combien tu étais chanceux de l'avoir et, tu sais… »

« Quoi ? »

« Je l'ai remercié, pour avoir veillé sur toi tout ce temps. J'ai l'ai correctement remercié. »

John laissa échapper un petit rire. « Crois-moi, maman. Je suis celui qui veille sur lui. Il ne sait même pas acheter son lait lui-même au supermarché. »

« Je suis sûre qu'il t'aide plus que tu ne le sais, » dit-elle.

Oh, il le savait. De nombreuses manières. John sentit son visage rougir et il se maudit lui-même pour faire toutes sortes de sous-entendus sexuels en présence de sa mère, même si ce n'était qu'en pensées.

« Je ne peux pas le croire… » dit John, la regardant avec incrédulité. « Il t'a complètement charmée, n'est-ce pas ? »

« Il t'a également charmé, » rétorqua-t-elle, un sourire jouant sur ses lèvres.

« Mon dieu, oui. Il m'a vraiment charmé. »

Leurs yeux se rencontrèrent durant un instant de tacite compréhension et John se leva du lit. « Nos affaires sont déjà bouclées, » dit-il.

Sa mère tendit les bras, le rapprochant d'elle et l'enveloppant dans son étreinte. « Rentre chez toi, John, chéri. Sois heureux. » Ils s'étreignirent pendant plusieurs secondes avant de se reculer.

« Et tu m'appelles si tu as besoin de quoi que ce soit, » dit John, essayant de paraître autoritaire pour masquer le tremblement de sa voix.

« Bien sûr, » dit sa mère avec un sourire.

John lui offrit un dernier sourire avant de quitter la chambre pour dire au revoir à Harriet. Leur échange fut bref. Après tout, Harry l'appelait parfois. Ils se promirent de s'appeler s'ils avaient besoin de quelque chose, de garder le contact et d'essayer de se voir plus souvent. John savait que c'étaient des promesses en l'air. C'était toujours le cas. Harriet et lui n'avaient jamais été le genre de personne à se retrouver pour des sorties occasionnelles. Il la serra néanmoins dans ses bras, sourit et fit comme s'il ne pouvait pas attendre de la revoir, exactement comme d'habitude.

Une fois que Sherlock et John eurent chargé leurs valises dans la voiture de Mycroft, ils restèrent à l'extérieur de la maison, incertains de ce qu'ils devaient faire. John contempla la maison qu'il connaissait autrefois comme sa poche. Amusant comme sa maison était différente maintenant. Si quelqu'un avait dit à John enfant que sa vie serait telle qu'elle est maintenant, il n'y aurait cru que difficilement, mais c'était sa vie aujourd'hui. Et il n'en aurait changé aucune seconde.

John jeta un coup d'œil à Sherlock qui, au lieu d'observer la maison, fixait John du regard. « Es-tu prêt à y aller ? »

Sherlock souleva légèrement un sourcil. « Et toi ? »

John lança un dernier regard à la main puis relâcha la respiration qu'il n'avait pas eu conscience de retenir, et se tourna vers Sherlock. « Retournons à la maison, » dit-il, tendant la main pour prendre celle de Sherlock dans la sienne.

« A la maison, » acquiesça Sherlock, resserrant sa prise sur la main de John.


Note de l'auteur : C'est le dernier chapitre de cette histoire. Je sais que ça a été subtil et que rien de trop sérieux ne s'est passé mais c'est ce que j'ai senti comme étant approprié, en accord avec la nature de cette histoire. J'aime la subtilité. Une suite est prévue dans un futur proche, qui ne sera probablement pas subtile du tout… Merci énormément à tous et à toutes pour votre lecture et vos commentaires.