Chapitre 1 : Coup d'Etat.

« Une touffe de poils de chat, et une marque blanche sur le coin du pied d'un de mes petits soldats. Qui a touché à mon armée ! »

Du haut de ses huit ans, Sherlock regarda tout autour de lui, s'imprégnant de chaque détail, cherchant le moindre indice. L'enquête commençait.

« La marque sur le bord indique que ce soldat a été frotté contre un mur, probablement accidentellement, mais l'action a été vive et brutale. Trois suspects possibles. Mycroft, maman, et le chat. »

En tout premier lieu, il devait définir les alibis de chacun pour éventuellement rendre la liste des potentiels criminels encore plus courte. Il décida d'interroger le premier suspect : Le chat. Il s'élança alors à la recherche de ce dernier, arpentant les couloirs de sa grande maison, puis finit par trouver le dangereux poilu.

« Hé ! Le chat ! Où étiez vous entre neuf heures du matin et maintenant ?

_ Miiaaou ?

_ Inutile d'essayer de me berner ! J'ai trouvé des poils vous appartenant sur les lieux du crime !

_ Miiaaaaaaoou ! Maaoooon… MIAAAOU ! »

Sherlock jugea finalement inutile d'essayer de faire parler son chat et inspecta son pelage. Il vit que la touffe qu'il avait trouvée provenait de son dos. Il déposa ensuite la bête dans sa chambre pour voir si celle-ci se dirigeait vers ses jouets, et s'il perdait autant de poils qu'il en avait trouvés. Hors l'animal en question ne semblait même pas avoir remarqué les petits soldats en plastique.

L'enfant se rendit donc à l'évidence.

« Innocent. Et de toute façon il n'y avait même pas de marques de griffes où de dents pointues. C'est là que ça devient intéressant, les poils ont donc été posés ici volontairement afin de faire accuser le chat. Prochain suspect à interroger : Maman ! »

Il se dirigea cette fois ci vers la cuisine et y vit sa mère en train de cuisiner un gâteau au chocolat. Il s'approcha d'elle, un air suspicieux collé au visage, et voulut commencer l'interrogatoire.

« Hoo, Sherlock ! Tu veux goûter la pâte ?

_ Plus tard maman. L'heure est grave. Je dois te poser quelques questions.

_ Tu fais encore une enquête ? Pour quoi cette fois ci ? J'espère que ce n'est pas encore pour savoir qui a…

_ Non ! Cette fois là est de la plus haute importance. Où étais-tu entre neuf heures ce matin et maintenant ? Et as-tu vu d'autres habitants de cette maison ?

_ J'étais ici, en train de cuisiner et de faire un peu de ménage. J'ai vu Mycroft dans le jardin en train de s'amuser avec le jet d'eau, rien de plus. »

Le brun à bouclettes observa sa mère, cherchant un détail susceptible de la trahir. Elle était allergique aux poils de chats et n'avait aucune trace d'irritation sur les mains, ce n'était donc sûrement pas elle. Il ne restait que Mycroft, mais d'après les dires de leur maman, il était innocent puisque resté dehors… Il fallait à tout prix éclaircir ce mystère. Une seule solution se présentait à présent pour faire avancer l'enquête : aller interroger Mycroft ! Il sortit dans le jardin d'un pas décidé et en colère, puis s'avança jusqu'à son grand frère.

« Où étais-tu ce matin ? ET ne me mens pas !

_ Quoi ? Ici, pourquoi ?

_ Mes soldats ont été déplacés, et l'un d'eux a été blessé au pied ! Je sais que c'est toi.

_ QUOI ? Mais c'est pas moi ! Je te le jure !

_ Mais QUI alors ? Le chat n'y est pour rien, maman non plus, ça ne peut être que toi.

_ Mais pourquoi j'aurais pris tes soldats ?

_ Je ne sais pas encore, mais je compte bien le découvrir. Tu es fourbe Mycroft ! »

Sherlock rentra dans la cuisine en claquant la porte. Il allait devoir inspecter la chambre de Mycroft. Il entra alors dans celle-ci, enregistrant chaque information que ses sens pouvaient lui faire parvenir, et une chose retint son attention. Les playmobiles ! Sa miniature de Buckingham Palace était intacte, mais tous ses playmobiles en costumes cravates étaient à terre. Seul un playmobile, ressemblant étrangement à l'aîné des Holmes, restait debout.

« Un coup d'Etat ! »

Son regard dévia alors sur le mur où une marque discrète apparaissait, comme si l'on avait accidentellement frotté un objet. Un sourire se dessina alors sur son visage. Plus de doute possible. Il comprenait maintenant, tout était clair. Mycroft avait manipulé ses soldats pour faire un coup d'Etat et accéder au pouvoir !

« Le fourbe ! »

Sherlock retourna immédiatement auprès de son frère.

« J'ai des preuves maintenant, inutile de continuer à nier. Tu as pris mes petits soldats et tu as fait un coup d'Etat, tu as mis des poils de chats dans ma caisse à jouet pour que je le pense coupable, et maman qui a témoigné en ta faveur était ta complice.

_ HEIN ? Pourquoi je ferais un coup d'Etat, JE suis déjà le gouvernement et tous les playmobiles sont à mes ordres. Ce n'est pas dans mon intérêt de me renverser moi-même. C'est pas moi, et maman n'y est pour rien non plus ! »

Le plus jeune ne décela étrangement aucun signe de mensonge. Déçu mais étrangement animé par cette question qui restait sans réponse, il retourna dans sa chambre, réfléchissant encore et encore. Il saisit son violon, se plaça devant sa fenêtre, et joua.

Soudain, il stoppa tout mouvement. Un détail qu'il n'avait pas vu jusqu'à maintenant attira son attention. La petite écharde qui sortait du bois de sa fenêtre n'était pas comme d'habitude. Elle était légèrement plus inclinée et sa couleur semblait plus sombre. Il attrapa alors sa petite loupe et inspecta le minuscule bout de bois. En effet, il y avait du sang dessus. Quelqu'un s'était blessé, quelqu'un était entré chez lui, et par sa fenêtre ! Mais qui ? Ne pouvant encore répondre, le petit Sherlock décida de passer le reste de sa journée normalement, attendant du nouveau.

« Sherlock ! Debout ! C'est l'heure de te préparer pour l'école ! »

Le petit garçon se leva malgré sa profonde envie de rester dans son lit.

« C'est pas juste maman. On n'apprend que des choses inutiles à l'école. Je te jure, ça ne sert vraiment à rien ! »

Sa mère ne dit rien et se contenta de servir le petit déjeuner à ses deux fils.

Plus tard, en classe, Sherlock réfléchissait encore à cette histoire. Le cours de l'institutrice ne l'intéressait pas. Il abordait un certain système solaire.

« James ! Arrête d'embêter ton camarade ! N'arrêtes-tu donc jamais de perturber la classe ? Va au fond, à côté de Sherlock ! Tu seras plus tranquille peut-être comme ça. »

Jim soupira, remballa ses affaires et déménagea, blasé.

Le fils Holmes fit abstraction de l'agitation momentanée à côté de lui et resta imperturbable, toujours en train de réfléchir profondément. Soudain, la voix appuyée de son nouveau voisin qui répondait à une question le sortit de sa torpeur. Le garçon aux cheveux bouclés tourna alors la tête vers lui. Vers le petit Jim Moriarty, deuxième génie de la classe de CE2. Il lui et allait repartir dans ses pensées lorsqu'il vit un petit point légèrement rouge sur le bout du doigt de son camarade. Mais ce qui l'intrigua encore plus, c'est que ce dernier chercha à cacher ce même doigt quand il vit que Sherlock le regardait.

Tout lui paraissait bien suspect. Il ne tarda pas à faire le lien avec l'écharde de sa fenêtre.

« Qu'est-il arrivé à ton doigt ?

_ Tu te soucies de moi maintenant ? C'est mignon.

_ Ton doigt. Je t'ai demandé ce qu'il t'était arrivé.

_ Un cure dent m'a attaqué.

_ Ho le fourbe ! Ce cure dent t'a piégé c'est ça ? Il s'est camouflé en écharde qui dépassait du rebord d'une fenêtre ?

_ Hein ? Tu parles de quoi là ? »

Sherlock attrapa le poignet du petit garçon à sa droite pour rapprocher le doigt suspect de ses yeux, comme s'il l'auscultait.

« Es-tu sûr que ce n'était pas l'écharde d'un rebord de fenêtre ?

_ Bah oui ! Pourquoi tu me parles de rebord de fenêtre depuis tout à l'heure ? »

Les lèvres du jeune Holmes s'étirèrent en un sourire victorieux, et il ne fallut pas plus de temps à Jim pour comprendre qu'il venait de se faire avoir.

« Pouls élevé. Tu mens.

_ Rien à voir ! Je… si j'ai le pouls élevé c'est parce que… euh… je t'admire ! Et que… tu me parles enfin, depuis tout ce temps, ça m'émeut tu comprends ?

_ Non. Tu es entré chez moi.

_ Pourquoi j'aurai fait ça ?

_ Justement. C'est ce que je me demande, tu as voulu faire accuser mon frère donc c'est contre lui que tu en avais. Tu voulais nous faire entrer en conflit peut-être. Mais la question est : Pourquoi ?

_ Mais voyons, je n'ai absolument rien contre Mycroft. Tout ceci est absurde. Ce merveilleux chef des délégués de l'école est tout à fait admirable, tout comme son charmant petit frère qui accéssoirement me tient toujours le poignet !

_ Alors c'est ça… tu lui en veux car il t'as battu aux élections de chef délégué… Et tu espérais que je me venge sur lui, croyant que tout était une manigance de sa part…

_ Je vois que je suis démasqué et qu'il est inutile que je continue de plaider en ma défense. Veux tu bien me rendre ma main à présent je te prie ?

_ Avec plaisir. Je n'arrive pas à croire que tu ais fait cette erreur. Sans ça ton plan aurait parfaitement marché.

_ Je sais. Ça m'a appris quelque chose… Je ne me salirais plus jamais les mains !