Chapitre 4 :
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« Un baiser est un tour délicieux conçu par la nature pour couper la parole quand les mots deviennent superflus. »
– Ingrid Bergman
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Le soleil de fin d'après-midi, déposant sa lumière sur le visage de John, le réveilla. Grognant, il jeta un regard à l'horloge, et fut stupéfié de voir qu'il était presque l'heure du thé. Cela prendrait probablement plusieurs jours avant que son horloge biologique ne revienne à la normale, à cause de sa séance de marche nocturne.
Après une douche rapide, John se dirigea vers la cuisine afin de prendre une tasse de thé. L'appartement était silencieux, donc Sherlock était sûrement sorti. Merci Seigneur. Une fois l'eau bouillie et versée dans une grande tasse de thé, il déambula dans le salon, en quête d'une émission de télé poubelle qui occuperait son cerveau pendent un moment. Le "problème Sherlock" l'avait épuisé.
Affalé dans son fauteuil, John alluma la télévision, et tenta de s'oublier en regardant Snog, Marry,Avoid(1). Il réalisa rapidement qu'il n'en suivait pas un mot, et avec un soupir, il éteignit. Retour à son problème.
Après une nuit résolument pleine de rêves érotiques homosexuels, mettant en scène un séduisant détective aux yeux froids et gris, John était obligé de se reconnaître, effectivement, attiré par Sherlock. Sarah avait raison, il n'était pas un zéro sur l'échelle de Kinsey, et Sherlock étaitbel et bien sexy.
Donc, la sexualité et l'attirance mises de côté, John avait un sérieux problème. Il aimait vivre avec Sherlock, il aimait tout, des montées d'adrénaline lorsqu'ils étaient sur une affaire, aux agréables nuits passées à écouter Sherlock dénigrer impitoyablement son Grand Frère, ou une quelconque émission de télé-réalité. Il s'était jamais senti aussi en vivant qu'avec Sherlock. Comment pouvait-il risquer de perdre ça ?
S'il laissait Sherlock apprendre ce qu'il ressentait, il y aurait pas mal de chances que cela gâche tout. Sherlock ne serait plus jamais à l'aise avec lui, et la pression deviendrait insupportable.
Dès lors, la solution semblait évidente. John devait simplement trouver le moyen d'enterrer profondément ses sentiments pour son ami, et laisser les choses comme elles étaient. Il ne pouvait pas risquer de perdre ce qu'il avait avec Sherlock, même si cette prise de risque pouvait lui faire gagner quelque chose de plus. Il y avait trop à perdre.
La porte d'entrée s'ouvrit, se ferma, et il y eut des bruits de pas précipités dans les escaliers.
Bon. Le masque est en place.
Sherlock fit irruption dans la pièce, un tourbillon de veste et d'énergie. Je me demande si il se rend compte de ses entrées ? Je suis persuadé qu'il aimerait avoir des portes doubles à ouvrir de travers – si dramatique.
« John. Tu t'es enfin levé. »
Il enleva son manteau et son écharpe, ensuite il rôda dans la pièce jusqu'à se pelotonner dans le canapé comme un chat envahissant. John se trouva être la cible du regard glacial de Sherlock, et une fois encore, il lui fit cette impression, celle d'un tigre traquant sa proie. Toutes ses actions devaient-elles être aussi félines ?
« Alors, qu'as-tu décidé ?
- À propos de quoi ? haleta John.
- À propos du problème qui t'a tenu éveillé et fait marcher dans le parc toute la nuit, puis empêché de dormir jusqu'au levé du soleil. Le problème qui te consume tellement que tu en es assis ici, dans le noir, télé éteinte, sans livre, juste à réfléchir. Te demandant si oui ou non tu dois révéler tes sentiments à l'objet de ton affection.
- Comment est-ce... Quoi ? Tu ne peux...
- Très intéressant John, ta logique sommaire et habituelle à l'oeuvre, mais j'aimerais entendre quelque chose de plus spécifique. »
Les yeux de Sherlock s'étaient plissés, un sourire amusé sur les lèvres.
« Comment as-tu su que je pensais à tout ça ? »
John sentit ses lèvres s'assécher d'un coup. Il les lécha nerveusement, et vit le regard argent-vif du détective glisser rapidement sur sa bouche. Mon Dieu, avait-il espéré qu'il serait possible de cacher quoique ce soit à l'homme le plus observateur du monde ?
« Tu es un livre ouvert John. Toutes tes pensées sont inscrites sur ton visage, surtout celles concernant tes affaires de coeur. »
Sherlock bougea dans son canapé, se penchant en avant pour fixer son regard directement dans celui de John.
« Mais sérieusement John... Que vas-tu faire ?
- Que... Qu'est-ce que tu penses que je devrais faire Sherlock ? Comment savoir si... si... "l'objet de mon affection" éprouve les mêmes sentiments que moi ? Cette... personne... m'a clairement fait comprendre par le passé, qu'elle était complètement non-intéressée par une relation. »
John le regarda prudemment.
« Complètement John ? »
La voix grave et veloutée de Sherlock fit frissonner John. Cette voix pouvait lui faire ça, et il ne s'en était jamais rendu compte ?
« Cette... personne... n'a laissé aucun indice qui montrerait qu'elle ait changé d'avis ?
- Comment je pourrais le savoir ?
- Tu connais mes méthodes John. Applique-les. »
Sherlock retomba dans le canapé, ses longs doigts assemblés sous son menton, attendant clairement que John résolve le problème.
John laissa tomber sa tête contre le dossier du fauteuil et ferma les yeux afin d'éviter le regard de Sherlock. Bien, comme si "appliquer ses méthodes" ne m'avait pas donné assez de peine durant les dernières 24 heures.
Mais bon, Sherlock lui avait demandé de le faire, et John n'avait jamais refusé de faire quoique ce soit que le brillant détective lui ait demandé. Alors John rappela ses souvenirs, à la recherche d'indices concernant les sentiments actuels de son colocataire.
oOoOo
Les Quatre Saisonsde Vivaldi était depuis longtemps un des morceaux préférés de John, et l'Été était la meilleure partie. Quelques semaines plus tôt, il avait demandé à Sherlock de le jouer pour lui, et Sherlock l'avait regardé en roulant des yeux.
« Vivaldi, John ? Vraiment ? Que c'est vulgaire. Pourquoi ne pas aller jusqu'au bout des choses, et me demander de te jouer du George Michael ou les Spice Girls ? Il y a tout un monde de compositeurs stupéfiants comme Stenhammer ou Arensky, et tu veux du Vivaldi ? »
Piqué au vif, John avait répondu.
« Tu ne t'es jamais dit qu'il y avait une raison au succès de Vivaldi ? De plus, c'est mon morceau de violon préféré et je suis assez vieux pour être sûr de mes goûts musicaux. Je ne vais pas m'excuser d'aimer Vivaldi... ou George Michael d'ailleurs. »
Sherlock avait planté son regard sur lui pendant un moment, le coin des yeux plissés, et les lèvres courbées en un sourire amusé.
« Bravo John. C'est ce que j'aime chez toi... Tu me tiens toujours tête. »
Sans un autre mot, il avait placé le violon sous son menton, s'était tourné vers la fenêtre, puis lancé dans une représentation à couper le souffle de l'Été de Vivaldi.
En se souvenant de cette conversation, John réalisa que Sherlock avait régulièrement joué Vivaldi à partir de ce moment-ci. Compte tenu du fait qu'il trouvait Vivaldi "vulgaire", se pourrait-il qu'il l'ait joué uniquement pour faire plaisir à John ?
oOoOo
L'esprit de John revint sur un tas d'autres conversations avec Sherlock, cherchant plus d'indices.
« Ce que tu... Ce que tu as... Ce que tu as fait. Ce que tu as proposé de faire c'était...uh... c'était bien.
- Je suis content que personne n'ai vu ça.
- Hm ?
- Toi en train de– de m'arracher mes fringues dans la pénombre d'une piscine, ça pourrait faire jaser.
- C'est à peu près tout ce que les gens savent faire. »
–
« Tu viens ?
- Oui, si tu veux.
- Bien sûr que je veux. Je serais perdu sans mon blogueur. »
–
« Tu sais ce que je t'ai dit un peu plus tôt, ce n'était pas tout à fait vrai, John. Je n'ai pas des amis. Je n'en ai qu'un. »
–
« John ! Tu es incroyable ! Tu es extraordinaire !
- Oui, d'accord, inutile d'en faire trop.
- Tu n'es peut-être pas ce qu'on appelle une lumière mais pour ce qui est de la transmettre, tu es imbattable ! »
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« On sort ce soir.
- En fait je... j'ai un rencard.
- Un quoi ?
- C'est quand deux personnes qui s'apprécie sortent s'amuser.
- C'est bien ce que je proposais. »
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« C'est bien ce que je proposais. »
Peut-être que ça n'était pas sans espoir après tout. John redressa la tête, rencontrant le regard transparent de Sherlock.
« Je pense avoir une solution possible, à mon problème.
- Merveilleux. »
Sherlock se pencha en avant, regardant John attentivement.
« Quelle est cette solution ?
- Une expérience Sherlock. Si tu m'y autorises ? »
Les yeux de Sherlock pétillèrent d'amusement face à l'inversion des rôles, et le souffle de John s'arrêta dans sa gorge. Ces yeux ! Il se leva, contourna la table basse, et s'installa à côté de Sherlock, sur le canapé. S'inclinant vers l'avant, John s'arrêta, laissant seulement quelques centimètres entre leurs visages. Sherlock restait absolument immobile, comme taillé dans du marbre.
Lentement, John combla l'espace entre eux, effleurant timidement les lèvres de Sherlock avec les siennes. À son plus grand étonnement, Sherlock appuya le baiser, ses lèvres s'adoucissaient contre celles de John. Le blond fit doucement passer sa langue sur la lèvre supérieure de Sherlock.
Le plus jeune répondit en approfondissant le baiser, leurs langues s'entourant avec douceur, puis avec plus de passion. Les doigts de John s'enroulèrent dans les boucles étonnamment douces, couleur d'encre, et il rapprocha un peu plus Sherlock. Les lèvres dansaient ensembles, les langues exploraient et réclamaient, respiraient dans la bouche de l'autre... C'était meilleur que tout ce que John put avoir expérimenté. Finalement, le baiser redevint plus léger, plus doux, puis ils se séparèrent lentement, fixant leurs regards dans celui de l'autre.
Tremblant, John leva une main pour caresser la joue de son ami. Les yeux de Sherlock étaient à moitié fermés, et il s'appuya contre la main de John comme un chat se faisant câliner. Tout ce qu'il fait est réellement félin.
« Sherlock ? » John attendit, haletant, qu'il lui réponde.
Sherlock tendit sa main et entoura doucement la nuque de John de ses doigts, poussant sa tête jusqu'à ce que leurs fronts se rencontrent. Son regard argenté plongea amoureusement dans celui couleur noisette. Sa bouche s'étirant en un doux et affectueux sourire.
« Je savais qu'au final, tu y arriverais. »
Voilà ! Il est en avance rien que pour vos beaux yeux !
Hé oui, Sherlock est beaucoup plus lucide que John ici, et vous n'imaginez pas à quel point =)
C'est pour cela que je vous invite à lire la deuxième partie de "Aucun autre coeur que le tien", qui s'appelle "Absolument fantastique", et dont le premier chapitre sera mis en ligne samedi prochain ! Vous aurez toute cette histoire, sinon plus, du point de vue de notre détective adoré, et pour la "vraie" suite de l'histoire, il faudra attendre la troisième partie de la série ^^
(1) Snog, Marry, Avoid est une série anglaise qui regroupe à peu près les concepts de "Next" et "Relooking", et le tout un peu plus trash.
A bientôt donc, dans une semaine et demie, pour de pas si nouvelles aventures, mais qui sont tout aussi fantastiques !
Et vraiment merci d'avoir lu et laissé de si adorables reviews. Et laissez en encore ! Ça nous fait tellement plaisir à moi et à Sherlock's Scarf =)
