Bonjour tout le monde ! Je sais : j'ai encore mis bien trop de temps avant de poster ce chapitre. Je travaille dessus depuis un peu plus d'un mois et je dois avouer que je l'ai trouvé très difficile à écrire. Parce que Peeta n'y est pas… et parce que Katniss est un vrai yoyo sentimental. Elle passe de la léthargie, à la joie, à la colère et aux larmes. Mais je ne la voyais pas être autrement alors qu'elle a « perdu » Peeta.

Je n'en dis pas plus, j'espère que vous aimerez votre lecture. On se retrouve en bas.

CHAPITRE 24

Il va revenir. Il me l'a promis. Il m'a promis de ne jamais me laisser seule. Et il tient toujours ses promesses.

Il va revenir.

Il va revenir. Il me l'a promis.

Un petit coup à la porte de ma chambre me tire de mes pensées qui tournent en rond. Je ne prends pas la peine de répondre. Peu importe de qui il s'agit, je ne veux pas les voir. Je ne veux voir personne.

Sauf Peeta.

Mais la porte s'ouvre quand même. C'est comme ça depuis mon retour du district 4. On ne me laisse jamais seul plus de quelques minutes. Quand ce n'est pas ma mère ou ma sœur, c'est Gale ou Madge qui viennent me rendre visite. On dirait presque qu'ils ont peur que je fasse une bêtise s'ils me laissent à mes pensées. Une bêtise comme m'enfuir pour me rendre au Capitol.

Ce que je ferais, sans aucun doute, si seulement il y avait un moyen de s'y rendre.

Je détourne la tête, pour ne pas avoir à faire face à mon visiteur quel qu'il soit, et je fixe un point sur le mur. Je reconnais le pas léger de ma petite sœur. Elle s'assoit à côté de moi et prend ma main dans la sienne.

-Katniss. Tu as de la visite en bas.

-Je ne veux voir personne.

-Je sais. Mais c'est important.

Je me redresse, soudain plus intéressée.

-C'est quelqu'un qui a des nouvelles de Peeta?

Prim hésite un instant avant de répondre :

-Non, mais…

-Alors je ne suis pas intéressée.

Elle pousse un soupir et pendant une seconde, je m'en veux de lui faire de la peine. Mon petit canard est triste pour moi. Si je m'en sentais la force, je sortirais de ce lit, juste pour lui rendre le sourire. Mais je ne peux pas.

Je me sens… vide. Sans lui.

-Il va revenir, Katniss. Tu dois y croire. Dès qu'il ira mieux, il va revenir.

Oui. Il va revenir. Parce qu'il a promis de ne jamais me laisser.

Je serre les doigts de Prim un peu plus fort entre les miens, pour la remercier d'être là pour moi, puis je la relâche. Tenir sa main dans la mienne, c'est presque trop pour moi.

Parce que ce n'est pas sa main.

-S'il-te-plaît, petit canard, qui que ce soit, fais-le partir. Je n'ai envie de voir personne.

Prim se lève et marche vers la porte.

-Je vais essayer, mais il est… plutôt têtu.

Elle ouvre la porte et sursaute. Haymitch se tient devant elle, avec l'apparence de quelqu'un qui a été malade pendant des jours. Ce qui est plus ou moins le cas. Depuis que je suis revenue, quatre jours plus tôt, il est trop saoul pour réussir à tenir une conversation. La plupart du temps, il était si abruti par l'alcool qui n'arrivait à faire rien d'autre que dormir. Autant dire qu'il ne m'a pas été d'une grande aide.

C'est pour ça que je lui lance mon regard le plus furieux avant de lui tourner le dos.

-Alors chérie, tu as décidé de passer le reste de ta vie dans ce lit? Hum?

Je ne réponds pas. Il ne mérite pas que je lui adresse la parole. Il a flanché au moment où j'avais le plus besoin de lui et ça, je ne crois pas pouvoir lui pardonner.

-Tu crois que ça va aider Peeta?

-Et vous, vous croyez que vous saoulez jusqu'à ce que mort s'en suive, va l'aider?

Mon ancien mentor hausse les épaules et entre dans la chambre pendant que Prim s'éclipse subtilement. Haymitch vient se planter devant moi, les mains dans les poches, avec une moue ennuyée. Comme si cette conversation n'était pas de la plus haute importance.

-Pas lui, non. Mais ça m'a aidé. Moi.

Cette fois, ça en est trop ! Je bondis sur mes pieds pour affronter Haymitch face à face et je lui crache au visage :

-Peeta a besoin de nous ! Il faut le faire sortir de là ! On ne peut pas le laisser au Capitol, dans les mains de Snow…

-Et que crois-tu qu'il va lui faire?

-Vous savez comme moi de quoi il est capable ! Il… c'est… c'est à cause de Snow que Peeta est dans cet état ! C'est lui qui l'a… il l'a empoisonné… ou quelque chose comme ça !

Haymitch a un claquement de langue agacé.

-Tu ne sais pas de quoi tu parles. Le garçon ne t'a rien dit, c'est ça?

Je croise les bras sur ma poitrine, furieuse, mais je suis obligée d'admettre qu'il a raison.

-Il m'a dit qu'il n'était pas malade. Qu'il avait seulement un peu trop fait la fête. Mais on ne peut pas mourir parce qu'on a trop fait la fête. Et c'est ce qui est arrivé… son cœur s'est arrêté Haymitch ! Sans Finnick, Peeta serait mort ! Mort !

-Je sais. J'ai vu les images.

Il soupire, puis va s'asseoir sur mon lit et me fait signe de le rejoindre. Je m'exécute à contre-cœur.

-Tu as raison sur une chose : ici, dans le douze, il est difficile de mourir parce qu'on a trop fêté. J'en suis la preuve vivante. Mais au Capitole, les choses sont différentes. Là-bas, ils cherchent toujours de nouveaux moyens de festoyer…

Je secoue la tête, perdue.

-Qu'est-ce que ça veut dire?

-En ce moment, les gens s'arrachent une petite pilule qu'ils ont appelé le « joy », parce que ça créé du bonheur à l'état pur. Ou presque.

Je sens qu'il y a un mais qui arrive. Un mais que je ne vais pas aimer.

-Mais il y a une contrepartie à ça. Comme toujours pour tout ce qui est agréable, il y a un prix à payer.

-Et quel est-il ? Quel est le prix à payer ?

-Il suffit de quelques doses de « joy » pour en devenir dépendant. C'est un vrai fléau en ce moment au Capitol. Au point où le président pense en interdire la fabrication et la vente.

La colère bouille dans mon ventre et se répand dans tous mes membres. Je crispe les poings et serre les dents. Je suis furieuse, furieuse contre le Capitole, contre Snow… et contre Peeta aussi. Surtout contre Peeta.

-Et Peeta en a pris, grondé-je en fermant les yeux.

Tentative vaine pour garder mon calme. Comme Haymitch ne me répond pas, je répète :

-Peeta en a pris, c'est ça ? Il en a pris avant le mariage et maintenant, il doit prendre des médicaments pour ne plus être dépendant !

Je me lève debout et tape du pied sur le sol. Comment a-t-il pu ? Comment a-t-il pu être aussi idiot ? Pourquoi a-t-il mis sa vie en danger pour un truc aussi stupide ?

-Calme-toi chérie, dit Haymitch d'un ton qu'il veut sûrement rassurant. Tu vas faire des trous dans le plancher à piocher comme ça.

Je n'ai pas envie de me calmer. J'ai envie de ramener Peeta ici… pour le serrer dans mes bras… pour lui dire ma façon de penser… pour l'embrasser jusqu'à ne plus avoir de souffle… pour lui hurler dessus de toute la force de ma colère.

-Il faut le ramener. Il faut ramener Peeta. Peu importe que ce ne soit pas Snow qui l'est empoissonné. Peu importe qu'il se soit fait ça tout seul. On doit le ramener ici.

-Je sais. C'est pour ça que je suis ici : pour te faire la grande annonce. Le garçon revient dans quelques jours. Juste le temps de faire une émission spéciale bien larmoyante sur vous deux et les méchants révolutionnaires qui ont essayé de vous séparer.

-Quoi ? Peeta revient ? Vous êtes certain ?

Il hoche la tête, un petit sourire aux lèvres. Mon soulagement est tel que, sans y penser, je me jette dans ses bras. Haymitch me serre contre lui un instant, mais je retrouve rapidement mes esprits et je me recule.

-Pourquoi ne l'avez-vous pas dit avant ? Ça m'aurait évité de me ridiculiser !

Haymitch hausse les épaules, en souriant toujours avec son sourire agaçant. Ça m'est égal. Il ne réussira pas à entacher ma joie. Pas en ce moment.

-Comment… qui vous l'a dit ? Et pourquoi est-ce qu'on ne me l'a pas dit à moi ?

-J'ai discuté avec Effie. Elle arrive par le premier train demain matin, avec ton équipe de préparation. Le soir, il y aura une émission spéciale où l'on t'interrogera sur ce qui s'est passé dans le Quatre, puis le lendemain je crois, ils filmeront vos retrouvailles.

Mon enthousiasme retombe, mais juste un peu.

-Il va falloir mentir, bien sûr. Et affirmer devant tout Panem que ce sont les rebelles qui sont responsables de l'attaque.

Mon ancien mentor ne répond même pas : son regard suffit à me convaincre que j'ai raison. Bien sûr qu'il faudra mentir. Comme Finnick me l'a affirmé, Snow va se servir de l'événement à son profit, pour renforcer sa position et fragiliser la situation des rebelles. Situation dont j'ignore presque tout d'ailleurs : la rébellion est-elle si précaire que nos propos, à Peeta et à moi, détruirons toute chance de voir quiconque s'opposer à Snow ? Les rebelles perdront-ils plusieurs supporters dans les districts à cause de nous ?

D'un autre côté, je ne vois pas ce que je pourrais faire d'autre qu'obéir. Pas si je veux que nous restions en vie. Pas si je veux que Peeta revienne à la maison sain et sauf.

-Ne t'inquiète pas : tu n'auras qu'à lire le texte rédigé par Effie.

Haymitch se lève et passe devant moi, ne s'arrêtant qu'un instant pour poser une main sur mon épaule.

-Surtout pas d'improvisation, d'accord ? Ce serait le pire moment que tu pourrais choisir pour ça, lance-t-il juste avant de sortir.

J'hoche la tête, repensant à ce pauvre homme qui est mort par ma faute dans le district 11, pendant la tournée de la victoire. Je comprends ce qu'Haymitch veut dire : si j'improvise, cette fois, ce sera peut-être Peeta qui recevra une balle dans la tête par ma faute. Pendant une seconde horrible, j'imagine le voir se faire exécuter en direct, sur l'écran géant de la grande place. Pendant une seconde horrible, je suis incapable de respirer et mon cœur semble cesser de battre.

Je repousse cette image. Non. Ça n'arrivera pas. Parce que je serai une gentille fille bien obéissante. Pour cette fois.

Juste pour cette fois.

Je sors de ma chambre, sur la pointe des pieds pour ne pas attirer l'attention de ma mère et de ma sœur qui discutent en bas, et je vais prendre une douche. Maintenant que j'ai la certitude que Peeta va revenir, j'ai presque honte d'admettre que c'est la première fois que je me lave en cinq jours.

Cinq jours sans lui. Cinq jours sans savoir s'il va bien, si on le soigne réellement ou si on laisse à sa souffrance. Cinq jours. Autant dire une éternité.

Après m'être récuré à fond, j'enfile les premiers vêtements qui me tombent sous la main, je natte mes cheveux et je descends à la cuisine. Ma mère et mon petit canard me fixent, un sourire identique aux lèvres.

-Katniss, tu es enfin levée, s'exclame ma mère, visiblement soulagée.

Elles viennent toutes deux me serrer contre elle dans un câlin familial. Je les laisse faire un court instant, puis je les repousse doucement. Je ne suis pas encore prête pour ça. La prochaine personne que je veux serrer contre moi, c'est Peeta. Pour me faire pardonner ma froideur, je passe une main tendre dans les cheveux blonds de Prim et je lui souris.

-Tu avais raison petit canard : il va revenir. Dans quelques jours.

Le visage de ma sœur s'éclaire un peu plus.

-Je sais ! Haymitch nous l'a appris avant de partir !

Ma sœur sautille tant elle est heureuse et j'éclate de rire. Ça fait du bien, de savoir que je pourrai être heureuse à nouveau.

Il va revenir. Peeta va revenir.

Ma mère me propose de me réchauffer le dîner et j'accepte sans hésiter. Je mange comme je n'ai pas mangé depuis des jours, m'empiffrant de tout ce qu'il y a de bon sur la table, puis je vais m'asseoir dans le salon avec ma famille. Ma mère et mon petit canard me lancent alors toutes les questions qu'elles retiennent depuis mon retour : elles m'interrogent bien sûr sur le désastre dans le Quatre, mais aussi sur notre voyage, ce que nous avons vu, ce que nous avons fait.

Au début, je réponds à leurs questions avec plaisir, mais peu à peu mes réponses se font de plus en plus expéditives. Comprenant le message, elles me laissent tranquille. Je reste assise là, leurs voix en fond sonore, les yeux dans le vide.

Peeta sera de retour dans deux ou trois jours. Il peut se passer tellement de chose en deux jours! Je sens l'angoisse m'étreindre à nouveau et je sais qu'elle ne disparaîtra pas tant que Peeta ne sera pas devant moi, souriant et en santé.

À un moment, je m'endors, pelotonner sur le sofa. Lorsque je me réveille, je constate avec surprise que le soleil se lève. Une journée complète est passée sans que je ne bouge de ma place… mais je n'ai toujours pas envie de me lever.

J'entends cependant une voix qui me tire de ma léthargie. Une voix que je reconnaîtrais entre toutes.

-Effie !

Je me lève en titubant et je me dirige vers la cuisine. Ma mère, ma sœur, Effie et Haymitch partagent un petit déjeuner, assis autour de la table.

-Effie !

Je me précipite vers elle.

-Vous l'avez vu ? Comment va-t-il ? Il est guéri ?

-Calme-toi Katniss, me gronde Effie. Une fille bien élevée reste digne en toutes circonstances.

Puis elle me fait un sourire rassurant.

-Peeta va bien. Les meilleurs docteurs se sont occupés de lui.

-Alors vous l'avez vu ?

-Moi non, mais Portia s'est occupée de sa tenue pour l'entrevue. Elle dit qu'il rayonne de santé.

Je ferme les yeux, étourdie de soulagement. Je sens le regard d'Effie sur moi.

-Ça ne semble pas être ton cas. Chérie, tu aurais eu grand besoin d'un moment avec ton équipe de préparation. Malheureusement, ils ne pouvaient pas venir. On va donc devoir se contenter de mes talents et de ceux de ta mère.

Ma mère m'oblige à m'asseoir à la table et à manger quelques bouchées de céréales chaudes. Le reste de la journée se passe comme dans un brouillard. Effie et ma mère m'aident à me préparer. J'enfile une jolie robe verte, assurément de la main de Cinna, puis on tresse mes cheveux avant de m'amener au rez-de-chaussée où l'équipe de tournage s'est installée pendant que nous étions à l'étage. Effie me présente à tout le monde avant de me tendre mon texte.

-Tu ne peux pas avoir les cartons avec toi pendant l'entrevue, il faut donc que tu mémorises tout ça. Tu t'en sens capable ?

Je prends une grande inspiration, puis hoche la tête. Oui, je vais le faire. Pour Peeta. Même si les mots qui sont écrits là me soulèvent le cœur. Chaque question, chaque réponse a été choisie pour faire paraître les rebelles comme des méchants sans cœur qui n'hésite pas à tuer des innocents… et le Capitole devient donc notre Grand Sauveur. Je dois répéter encore et encore à quel point je leur suis reconnaissante de nous avoir sauvés. Alors que la seule personne que je devrais remercier pour notre survie, c'est Finnick Odair. Le Capitole, lui, nous a abandonné à notre sort, espérant que nous mourrions.

Mais bien sûr, je ne peux rien dire de tout ça devant les caméras. Quelques minutes plus tard, le tournage commence. Une image de Caesar apparaît dans le vide, devant moi, et je pourrais presque avoir l'impression qu'il est vraiment là.

-On appelle cela un hologramme, m'informe Effie. N'est-ce pas merveilleux ?

Je lui assure que oui, puis nous commençons. L'entrevue n'est pas diffusée en direct, ce qui fait que nous pouvons reprendre jusqu'à ce que le réalisateur juge que tout est parfait. Cela prend des heures, mais je ne m'en plains pas trop : au moins, le jour où je retrouverai enfin Peeta se rapproche. Lorsque tout le monde est satisfait du résultat de l'entrevue, l'équipe quitte ma maison et je me retrouve seule dans la pièce, fixant de nouveau le vide.

-Katniss ?

La voix de ma sœur me tire de mes pensées.

-Tiens. Mange un peu, dit Prim en me tendant un sandwich. Tu n'as rien avalé depuis le déjeuner.

Je n'ai pas faim, mais je prends tout de même l'assiette qu'elle me tend et, comme elle reste là à m'observer, je m'oblige à croquer dans le pain. Ma sœur s'assoit à côté de moi.

-L'entrevue va commencer dans une minute. Est-ce que tu te sens assez forte pour regarder ?

-L'entrevue ? répété-je en secouant la tête. Non. Effie m'a dit qu'elle serait diffusée demain soir.

-La tienne, oui. Celle de Peeta passera ce soir. Si tu ne veux pas y assister, tu ferais mieux de monter maintenant.

Je reste figée à ma place, incapable du moindre mouvement. Mon envie de voir Peeta est si forte que mon ventre se crispe douloureusement.

-Kat ?

-Je reste, soufflé-je finalement, mes yeux rivés à l'écran, priant pour qu'il s'ouvre aussitôt.

Prim glisse sa main dans la mienne et cette fois, je m'y accroche. Nous restons silencieuse jusqu'à ce qu'enfin, l'écran s'anime. Caesar Flickerman apparaît, tel qu'il était il y a quelques heures dans mon salon, habillé d'un complet mauve et ses cheveux, bleus l'an dernier, sont maintenant roses. Il nous souhaite la bienvenue avant de rappeler les événements tragiques qui se sont déroulés dans le Quatre. Il s'extasie un moment sur notre sauvetage miraculeux, en insistant bien sur le fait que c'est grâce au Capitole que nous avons pu nous en sortir. Puis, enfin… enfin, la caméra recule et Peeta apparaît.

Je m'avance sur mon siège, les yeux rivés à l'écran.

Peeta.

Vivant et en bonne santé. En fait, il semble même mieux qu'avant notre départ pour notre lune de miel. Son teint est resplendissant et ses yeux bleus brillent. Mais son expression est grave. Je scrute son visage, imprimant chacun de ses traits dans ma mémoire, même si je n'en avais oublié aucun. Mon corps tremble. Mon cœur tremble. J'ai envie de le toucher. De lui prendre simplement la main. De le voir sourire.

-Peeta Mellark. Que c'est bon de te revoir. Tu nous as fait une sacré frousse, tu sais ? Et nous sommes soulagés que tu aies bien.

On entend des applaudissements approbateurs du public.

-Merci Caesar. Je dois dire que je suis heureux moi aussi d'être en vie. Je n'étais pas prêt à mourir. Pas juste après… pas après…

Il prend une grande inspiration.

-Je n'étais pas prêt à laisser Katniss, dit-il finalement.

Je perds le souffle un instant. Je me laisse tomber sur le sol, à genoux, et je m'avance jusqu'à l'écran. Jusqu'à ce que je puisse toucher son visage du bout des doigts.

Caesar demande à Peeta de lui raconter notre dernière journée dans le district 4, mais je distingue à peine les mots qu'ils échangent. Cela m'importe peu : je sais déjà ce que Peeta va dire. Alors je reste là, devant l'écran, à fixer son visage, à regarder ses lèvres bouger, jusqu'à ce qu'il disparaisse et que tout redevienne noir. Et même après, je reste là. C'est mon petit canard qui vient me tirer par le bras pour que je me lève.

Elle m'observe, remarque les larmes qui coulent sur mon visage et s'écrie :

-Oh ! Katniss !

Elle me serre contre elle et j'éclate en sanglots. Je suis heureuse d'avoir revu Peeta… et en même temps, j'ai mal. Tellement mal. Ma douleur ne disparaîtra pas tant que je ne serai pas certaine qu'il est hors de danger. Ma douleur est tellement forte qu'elle me paralyse. C'est exactement ce que je craignais, exactement pourquoi je ne voulais pas me laisser aller à l'aimer.

Est-ce que cela aurait été moins douloureux de le savoir loin si je n'avais pas succombé ? Si j'avais continué à contenir mes sentiments ? Je n'en suis pas certaine, mais j'ai l'impression que c'est le cas.

Puis une pensée plus horrible encore traverse mon esprit : je suis en train de devenir comme ma mère. Comme ma mère lorsqu'elle a perdu mon père. Depuis que Peeta a failli mourir, depuis qu'il est loin de moi, je ne suis plus bonne à rien. Je suis restée dans ma chambre, inerte, tournant même le dos à ma petite sœur.

-Respire Katniss, murmure Prim à mon oreille. Respire.

Je ne peux pas. Je ne peux plus respirer.

-Il revient Kat. Il revient dans quelques jours.

Et si ce n'est pas le cas ? Et si Snow décidait de le garder au Capitole, s'il changeait d'idées et décidait de le torturer, d'en faire un muet ? Juste pour le plaisir, juste parce qu'il a le pouvoir de le faire ? Est-ce que je passerais ma vie dans cet état ? Est-ce que je serais capable de tirer un trait sur lui, maintenant que je sais ce que c'est d'être avec lui ? Je ne sais pas. Je ne sais pas et c'est ce qui m'effraie le plus.

-J'ai besoin de prendre l'air, marmonné-je avant de sortir précipitamment de la maison.

Je marche dans le village des Vainqueurs. Vite. De plus en plus vite. Je veux juste ne plus penser. Ne plus ressentir.

Je ne sais pas comment je me suis retrouvée là, mais à un moment, je m'enferme dans un garde-robe. Roulé en boule à travers des vêtements à l'odeur familière, je m'endors enfin.

Oubliant tout pendant un court instant. Trop court. Lorsque j'ouvre les yeux, j'ai l'impression de n'avoir dormi que quelques minutes. Je me relève, maladroitement, et j'ouvre la porte de la petite pièce où je me trouve. Je suis chez moi. Je suis revenue chez moi, sans même le réaliser. J'entre dans la cuisine, mais elle est vide. Est-ce que ma mère et ma sœur sont parties à ma recherche ? Je me sens horrible tout à coup d'avoir disparu ainsi. À la position du soleil dans le ciel, il doit être à peu près 9 heures. Je me suis cachée toute la nuit. Elles ont dû s'inquiéter horriblement. Je vais à la salle de bain remettre de l'ordre dans mes cheveux, puis me passer de l'eau sur le visage, et je pars à leur recherche.

Je n'ai fait que quelques pas lorsque la porte de la maison de Peeta s'ouvre. Je me fige, surprise.

-Katniss ! Où étais-tu passée ? Tout le monde était très inquiet !

-Heu… désolée Effie, bredouillé-je, ne trouvant rien d'autre à dire.

Elle me fait un sourire lumineux, puis viens déposer une bise sur ma joue.

-Je suis si… si heureuse que tu te portes bien. J'ai craint qu'il ne te soit arrivé malheur. Encore.

Elle me fixe un long moment, si long que je gigote de malaise, toujours avec ce sourire immense sur le visage.

-J'ai une surprise pour toi.

Je répète en grimaçant :

-Une surprise ?

Je ne suis pas certaine d'en être heureuse. En fait, je ne suis pas certaine d'aimer les surprises d'Effie. Dans une minute, elle va me dire que je vais avoir droit à un relooking total, ou quelque chose dans le même goût.

-Une surprise ! La plus belle surprise ! Dans quelques secondes, je serai la personne que tu aimes le plus au monde. Tu verras.

Elle m'entraîne vers la maison de Peeta et mon cœur s'accélère malgré moi. Ce peut-il que… ? Non. Haymitch m'a dit qu'il revenait dans quelques jours. Que le Capitole voulait fêter nos retrouvailles en direct. Impossible qu'il soit là.

Oui, c'est impossible, mais je ne peux m'empêcher d'espérer. Et cet espoir grandit encore un peu plus lorsqu'Effie me fait signe d'entrer et qu'elle referme la porte de la maison derrière moi, sans me suivre à l'intérieur.

Mon cœur cogne douloureusement contre mes côtes alors que j'appelle doucement :

-Ohé. Il y a quelqu'un ?

Ma voix tremble. Mes mains tremblent. Je les joins dans mon dos dans une tentative vaine de garder mon calme. Puis je l'entends : le bruit de pas. Des pas reconnaissables à cause d'une légère claudication.

J'attends fébrilement qu'il me rejoigne. Mais c'est trop long… alors je fais quelques pas vers la cuisine. Et Peeta apparaît enfin devant moi. Je m'arrête, l'observe avec attention. Il est exactement tel qu'il était hier, avec Caesar : rayonnant de santé. J'avais oublié à quel point il est beau. À quel point sa seule présence peut me rendre heureuse.

Il m'observe lui aussi. Son regard bleu me détaille, scrute les moindres détails de mon apparence. J'ai envie de me jeter dans ses bras, de le serrer contre moi, de m'agripper à ses épaules. Je ne veux plus jamais le laisser partir. Je ne veux plus jamais qu'il m'abandonne comme il l'a fait.

Je sens la chaleur bouillir dans mon ventre et remonter dans mes membres.

Il l'a fait. Il m'a abandonné.

Je pousse un cri et je me jette sur lui… mais pas pour le prendre dans mes bras. Je le frappe. Une fois, deux fois, trois fois. Je frappe son torse aussi fort que je le peux, laissant sortir toute ma colère. Et je hurle :

-Je te hais ! Je te hais Peeta Mellark ! Tu n'avais pas le droit ! Tu n'avais pas le droit de me faire ça !

Peeta me laisse faire sans réagir pendant un moment, attendant peut-être que je m'épuise, mais je n'ai pas l'intention d'arrêter. Je veux qu'il souffre autant que j'ai souffert ces derniers jours.

-Je te déteste ! Je ne veux plus jamais te voir ! Tu m'entends ?

-Je sais Katniss. Je sais.

Je continue à le frapper, mais lui passe ses bras autour de ma taille et il me serre contre lui. Il me serre contre lui si fort que je ne peux plus bouger. Ma fureur retombe un peu, si bien que je n'essaie pas de me défaire de son étreinte. Au contraire, je me laisse aller contre lui. C'est trop bon de sentir son cœur battre contre mon oreille.

-Tu n'avais pas le droit de me faire ça, murmuré-je au bout d'un moment. Tu avais promis.

-Je suis désolé.

-Je te déteste.

Il dépose un baiser sur ma tête.

-Je suis désolé Katniss. Je t'aime.

Je secoue la tête et trouve enfin la force de le repousser loin de moi.

-Non ! Tu ne t'en tireras pas comme ça ! Ça ne marche plus avec moi !

Je croise les bras sur ma poitrine et l'affronte du regard. Un regard doux, tendre, aimant. Je ferme les yeux pour ne plus le voir. Pas question de flancher.

-Je pourrais te répéter vingt mille fois que je suis désolé Katniss… et je sais que ce ne serait toujours pas assez. J'ai fait une erreur…

-Une erreur ?

Je l'interromps, n'arrivant pas à croire ce que je viens d'entendre. Il réduit cela à une simple erreur ?

-Tu as mis ta vie en danger Peeta ! Pendant un instant, tu étais mort ! Et tout ça pour quoi ? Parce que tu as voulu t'amuser ? Parce que tu voulais passer une bonne soirée ? Parce que tu voulais oublier ?

J'ai débité tout cela sans prendre le temps de respirer alors je m'arrête, prends une grande inspiration et pointe un doigt accusateur vers Peeta.

-Je ne comprends même pas comment tu as pu agir aussi stupidement. Aucune raison ne peut justifier ce que tu as fait. Aucune.

Peeta baisse la tête vers le sol. Il semble enfin prendre la pleine mesure de ce qu'il a fait.

-Tu as raison, dit-il d'une voix douce. Rien ne peut justifier ce que j'ai fait. J'ai été idiot et je t'ai fait souffrir. Je suis désolé.

-Tu peux l'être ! Mais ça ne change rien : je pensais ce que je t'ai dit. Je ne veux plus te voir.

Je lui tourne le dos, serrant les dents pour ne pas pleurer, et je sors de la maison en claquant la porte derrière moi.

Je sais que vous n'être pas heureux et heureuse de la façon dont se sont passés les retrouvailles, mais bon… Katniss n'a jamais eu un caractère facile ! lol Et je vous promets que vous trouverez le prochain chapitre plus satisfaisant ! ;) D'ailleurs, il est déjà commencé vu qu'au départ, ce chapitre était plus long, mais j'ai décidé de le couper à ce moment-là parce que je suis une auteur cruelle ! Je m'engage donc à vous poster la suite dans deux mois maximum, pour me faire pardonner mes longues longues absences.

N'oubliez pas de me dire ce que vous en avez pensé, s'il y a toujurs des gens qui lisent cette histoire, et on se dit à bientôt.

Sweetmel

xxx