"Les jumeaux maudits"

Bleach
Pairing : Grimm x Ichi principalement (les autres auront droit à un petit one-shot pour expliquer par exemple, le pourquoi du comment de leur rencontre, etc...)
Rating : M (très très légèrement lémoné pour ce chapitre)
Note de l'auteur : Un titre un peu nul, mais j'espère trouver mieux prochainement. J'espère que cette nouvelle fic qui, je pense, ne comptera qu'une dizaine de chapitres vous plaira, en plus de ces petits oneshots. Je m'excuse pour l'orthographe, mais étant donné mon emploi du temps couplé à des problèmes d'ordres personnels, se serait trop compliqué pour l'instant de faire appel à une beta reader et de trouver un rythme satisfaisant avec elle (ou lui), sachant que ma fréquentation du net est aléatoire. Pour la rédaction, je me débrouille : papiers, pc, téléphone portable x)
Donc j'espère que vous ne m'en voudrez pas trop et que vous lirez cette fic avec plaisir. C'est tout ce que je souhaite.

Bonne lecture!


Chapitre 01

Au début il n'y avait que le silence, ensuite entrecoupé de quelques faibles gémissements. Des gémissements qui se transformèrent bien vite en des cris de douleurs agrémentés de sanglots. Une femme, dont les traits du visage étaient déformés par la douleur, était allongée sur un lit dont les draps étaient tachés de sang et ces deux bras levés au-dessus de sa tête s'accrochaient avec force à ceux d'un homme dont l'expression du visage trahissait une certaine anxiété. La jeune femme poussa de nouveaux cris et ses plaintes exprimèrent à juste titre la douleur qui la tiraillait. Au milieu de ces hurlements, elle pouvait quand même entendre les encouragements de la sage-femme dont les mains s'affairaient à essayer d'extraire son premier enfant. Une servante au visage tiré par l'angoisse passa un tissu mouillé sur son visage afin d'y essuyer la sueur quand une nouvelle contraction lui fit pousser de nouveaux hurlements. Son mari chuchotait des paroles apaisantes à son oreille alors qu'elle plantait ses ongles dans la chair de ses bras jusqu'au sang. Cela dura encore quelques minutes jusqu'à ce que de nouveaux cris aigus aillent se joindre au sien. Son premier enfant venait de naître.

Du coin de l'œil, elle put voir malgré le brouillard d'eau qui embuait ses yeux une servante enveloppait l'enfant dans un tissu. Distraite et le corps déchiré par la douleur, elle réussit tout de même à capturer les phrases de la sage femme qui lui annonçait la naissance d'un fils, mais qui rajoutait aussitôt de s'accrocher, car le travail n'était pas terminé. Prenant sa respiration tout en respirant et expirant par saccade, elle poussa à nouveau de toutes ses forces, n'ayant pas le temps de se réjouir davantage de l'heureux événement. Une brise légère alla balayer la pièce dont le balcon ouvrait sur le jardin de la maison. La jeune femme en apprécia la fraicheur. Une nouvelle brise balaya la pièce, mais cette fois si elle la glaça littéralement sur place. Son mari leva les yeux et elle put voir alors à quel point ses sens semblaient soudains en alerte. Son regard ne cessait de balayer la pièce dans les moindres recoins jusqu'à ce qu'il finisse par fixer le jardin. Effrayée par ce brusque changement d'attitude, elle lâcha ses bras quand une nouvelle contraction alla lui déchirer les entrailles, lui faisant pousser un nouvel hurlement.

La sage-femme semblait avoir ressentie quelque chose elle aussi, car elle adressa un regard méfiant à son mari qui acquiesça à son tour. Entre ses cuisses trempées par le sang et la sueur, la jeune mère pouvait sentir ce corps fait de chairs et de sang sortir du sien par poussées régulières, aidé par la sage femme dont les mains continuaient leur travail entre ses jambes. Alors que son mari se levait, elle attrapa son poignet et lui adressa un regard suppliant auquel il répondit par un léger baiser sur son front.

Reprenant son souffle, elle poussa à nouveau de toutes ses forces alors que ses yeux suivaient distraitement son mari qui se dirigeait lentement vers la balustrade. À cet instant, les lèvres de la jeune femme laissèrent échapper un nouveau cri et elle sentit que la sage-femme saisissait doucement le corps de son deuxième enfant. Au même instant une nouvelle brise se leva, ou plus exactement un vent glacial. Les servantes poussèrent des cris de terreur alors que son mari semblait soudain se battre contre quelque chose d'invisible qui venait d'entrer dans la pièce. Il y avait quelque chose de maléfique à présent, à l'intérieur de leur maison et la jeune femme le devinait juste en distinguant la légère couche de givre qui avait commencé à naitre sur sa peau. Soudain, la pièce se mit à trembler violemment et ce fut comme s'ils étaient tous écrasés par le poids d'une force phénoménale. Cela ne dura que quelques secondes à peine, car alors, tout cessa soudain et revint à la normale. Son mari gisant à terre se releva en tremblant et scruta la pièce, s'assurant que personne n'avait été blessé.

Inquiet, il courut vers la servante qui tenait son premier enfant dans ses bras et soupira de soulagement quand il vit le minuscule petit-être s'agitait en pleurant dans le drap dans lequel on l'avait enveloppé. Rassuré, il se tourna vers la sage femme. La jeune mère se figea à la vue de l'expression qui s'était peinte sur le visage de son mari et à son tour elle se tourna vers la sage-femme qui se relevait lentement, le corps immobile de son deuxième enfant gisant dans ses bras tremblants...

OOOoooOOO

Les lampadaires s'allumèrent les uns après les autres dans des grésillements. D'abord faible, la lumière qu'ils projetaient gagna très rapidement en intensité. On pouvait entendre alors le bruissement d'insectes dans l'herbe et les fourrés, ainsi que le gémissement du vent dans les arbres feuillus, tandis que les ombres des bancs en bois formaient sur le sol des ombres étranges et biscornues. Il ne fallut que quelques minutes pour qu'on entende au sein de cette sérénade aux accents de campagne, des gémissements rauques entrecoupés de temps à autres de grognements féroces. Comme en guise d'accompagnements à cette étrange litanie, les lampadaires s'éteignirent un à un dans des grésillements brefs, comme privés d'électricité.

Rampant sur le sol, des masses de chairs putrides et difformes glissaient en nombres, raz de marée infernal surgit du néant, leurs ongles griffant le ciment dans des crissements stridents. Leurs mâchoires entrouvertes étaient figées dans des hurlements muets, pourtant on entendait nettement dans les airs comme des râles qui venaient d'outre-tombe. Ils avançaient les uns sur les autres dans les moindres recoins, humant l'air en dignes créatures des Enfers amateurs de chair et de sang. Le vent leur apporta très vite l'atmosphère de la ville et la présence des nombreux humains qu'elle impliquait. Les gémissements se transformèrent en féroces grognements et la démarche titubante en course désordonnée. Leur avancée précipitée projetait certains d'entre eux au sol, d'autres se faisaient écraser et des membres en décomposition s'éparpillaient un peu partout derrière eux. Heureusement, leur avancée n'alla pas plus loin que le milieu du parc.

Dans un même mouvement, ils se figèrent en une même masse compacte alors qu'autour d'eux se dessinait à une vitesse surprenante un cercle de lumière, diffusait par l'intermédiaire d'un sceau effectué avec des o-fudas éparpillaient sur le sol. La plupart d'entre eux se jetèrent sans hésiter sur la paroi invisible qu'induisait la présence du cercle avant d'exploser en morceaux, projetant chairs et organes sur leur congénères. Des hurlements surexcités vinrent saluer cette pluie de sang quand leur attention fut soudain attirée par la présence d'individus apparus autour d'eux. Perchés sur les arbres ou debout sur le sol, des hommes dont les visages étaient recouverts de masques semblaient les considérer avec froideur. L'un deux s'approcha des spectres qui grognèrent de rage et de colère, déchirant l'air de leurs griffes et de leurs mâchoires dégoulinantes, d'où s'échappait une matière visqueuse et nauséabonde. S'approchant au plus près de la barrière, les rayons de la lune éclairèrent partiellement son visage à demi recouvert d'une capuche et d'un masque noir agrémenté de quelques symboles argentés. La partie dénudée de son visage quant à elle, ne montrait aucune émotion. Mais ses yeux par contre, d'un ambre profond, ne montrait que haine et dégout pour ce qui se trouvait à ses pieds.

Pendant un court instant, il se contenta de les regarder sans prononcer un seul mot, les hommes autour de lui semblant attendre un signe de sa part pour intervenir. Puis dans un sifflement d'acier, il dégaina un katana de son fourreau et dont la lame brilla à la clarté des rayons de lune, le manche quant à lui, recouvert par ce qui s'apparentait à des parchemins. Dans un même ensemble, tous les hommes en noir dégainèrent leurs lames et les spectres reculèrent en hurlant. Le son strident de leurs griffes raclant le sol fut comme le tambour de guerre qui annonça le début de la bataille.

Le premier assaut ne se fit pas attendre et ne dura guère bien longtemps. Les hommes en noir se déplaçaient rapidement et la vitesse autant que la précision de leurs coups faisaient mouche à chaque fois que les lames de leurs épées entamaient la chair d'un spectre qui disparaissait alors dans une explosion de particules rouges. Quelques minutes suffirent à débarrasser le parc de ces infâmes créatures. Quelques minutes de plus pour nettoyer la zone du fiel qui s'était répandu et avait partiellement empoisonné l'air. Quand tout fut terminé, les hommes se rassemblèrent autour de celui qui semblait être leur chef et au moment de partir, un croassement attira leur attention. Ils levèrent la tête et aperçurent un corbeau perché sur une branche d'arbre. Le volatile fixa sur eux ses pupilles d'un rouge sang tandis que le chef d'équipe retirait son masque et sa capuche, révélant une chevelure mi-longue d'un roux sauvage mis en valeur par un teint de peau halé, comme bruni par le soleil.

- Kurosaki-sama. Le maître vous fait quérir.

- Dit-lui que j'arrive sans plus tarder.

Dans un bruissement d'ailes, le corbeau s'envola sur ces mots et disparut dans les ténèbres de la nuit. Le rouquin remit son masque en place et se tourna vers ses hommes. Ils glissèrent dans l'obscurité, traversant la ville d'un pas mesuré. Le gigantesque building devant lequel ils firent halte était un gratte-ciel de cinquante étages dont les poteaux métalliques en «i» non structurels de couleur bronze, montraient de façon simulée la structure en façade. De jour, il était agréable de remarquer que ce mur-rideau reflétait le ciel nuageux, même si ce n'était là qu'un pâle chatoiement semblable à un reflet qu'on pouvait distinguer à la surface de l'eau.

Sur un simple signe de tête du rouquin, les hommes s'éclipsèrent chacun dans une direction différente, disparaissant dans l'obscurité de la nuit alors que lui pénétrait à l'intérieur du bâtiment. À cette heure tardive, personne n'était là pour inquiéter son trajet jusqu'au bureau où il devait se rendre. Il avança rapidement et d'un pas feutré jusqu'à l'ascenseur principal et composa un code sur le pavé numérique une fois les portes refermées derrière lui. Quand il arriva au dernier étage, il se glissa dans le couloir qui menait jusqu'au bureau et ôta son masque qu'il glissa dans la poche intérieure de sa veste avant de frapper trois coups discrets contre une porte en chêne finement ouvragé. Il pénétra à l'intérieur de la pièce sans attendre de réponse et s'inclina respectueusement devant l'homme qui lui faisait face, assis confortablement dans un fauteuil de cuir marron, les jambes croisées derrière un bureau de grande manufacture, les mains croisées sur ses genoux. Quand il le vit arriver, l'homme se leva, révélant ainsi un individu de grande taille, au corps puissant et robuste habillé d'un costume de couleur crème qui mettait en valeur des cheveux bruns et courts légèrement ondulés. Il tourna vers lui ses yeux d'un or profond et envoutant, fichés dans un visage à la forme angulaire, avant d'écraser sa cigarette dans un cendrier. Il gratifia Ichigo d'un sourire empli d'une douceur réconfortante et d'une petite tape sur l'épaule.

- Comment c'est déroulé cette mission ?

- Sans problème majeur Aizen-sama.

Ichigo s'avança vers une table dressée un peu plus loin. Il observa rapidement la carte détaillée de la ville qui se trouvait dessus, déjà piqueté par une multitude de punaises de couleur. Il en saisit une parmi les dizaines qui restaient encore dans une petite boîte en fer et la plaça sur la carte.

- Comme nous le pensions, les Spectres étaient ici, au parc de Clover. Ils sont partis du cimetière qui se trouve un peu plus loin et ils sont descendus le long de la colline.

- Toujours aucune concordance avec les autres attaques ?

Il fixa la carte alors qu'Ichigo réfléchissait tout en effleurant du doigt toutes les petites tiges en fer qui y étaient déjà plantées.

- Personnellement, je ne vois toujours aucune logique dans leur déplacement. Ils ont attaqué au parc. Ils peuvent recommencer demain et le lendemain encore, ré-attaquer dans la sixième avenue près de la bibliothèque. C'est aléatoire.

- Dans tous les cas, nous sommes certains qu'il y a quelqu'un derrière tout ça. Quelqu'un qui utilise son sang pour donner vie à ces démons.

- Devons-nous continuer l'enquête ?

- S'il te plaît. Et veille à la plus grande discrétion.

- Il en sera fait ainsi.

Ichigo s'inclina et commença à s'éloigner avant d'amorcer un geste de recul. Il voulait s'assurer d'une chose bien qu'il savait d'avance qu'elle serait la réponse. Il en avait toujours été ainsi.

- Est-ce que Grimmjow est…

- Il est en bas, acheva Aizen. Dans le sous-sol. Il t'attend.

Le rouquin esquissa l'ombre d'un sourire teinté de mélancolie avant de remercier le brun d'un léger signe de tête. Il referma la porte derrière lui et reprit l'ascenseur, tapant un nouveau code sur le pavé numérique d'un air absent. Son trajet le mena jusqu'au sous-sol, dans un vaste étage tout en marbre noir aménagé sous l'immeuble. Il traversa un large corridor qui le mena au devant d'une large entrée fermé par une porte en bois à doubles battants, d'une même manufacture que celle du bureau d'Aizen, mais dans une teinte plus foncée. Deux hommes en gardaient l'entrée. Quand ils le virent arriver, ils s'inclinèrent avant de s'éloigner et de quitter le couloir. Ichigo tendit l'oreille, attendant que le bruit de leurs pas quasi-inexistant s'éloigne. Certain d'être à présent seul, il inspira longuement et s'introduisit à l'intérieur de la pièce qui était décorée de la même manière que l'étage, sachant qu'il y avait quatre colonnes d'un marbre blanc qui contrastait férocement avec l'obscurité du marbre noir. Ces quatre piliers placés respectivement à quatre mètres des murs, partaient du sol et rejoignaient le plafond comme s'ils le soutenaient afin de l'empêcher de s'effondrer.

La pièce comme tout l'immeuble d'ailleurs, était d'un luxe à n'en pas douter, mais Ichigo n'y prêtait pas la moindre attention. Lui n'avait d'yeux que pour celui qui se trouvait assis dans une simple chaise en fer noir au milieu de la pièce, ses poignets enchaînés aux accoudoirs par des chaînes en argent. Ce dernier sembla remarquer sa présence car il releva la tête avec lenteur, dardant sur lui un regard brulant teinté d'une folie qui semblait le ronger en raison de ses traits tirés par la douleur. Un gémissement plaintif monta du fond de sa gorge comme s'il le suppliait, arrachant un pincement douloureux à Ichigo qui se mordit les lèvres d'angoisse. Il s'approcha et tendit la main vers son visage pâle et en sueur, caressant ses joues tremblantes avant de plonger et d'apprécier la douceur soyeuse de ses cheveux d'un bleu azur. Il se pencha et monta à califourchon sur les cuisses du bleuté qui grogna de frustration, entravé par ses chaînes qui l'empêchait de faire un seul mouvement. Ichigo esquissa un léger sourire et rapprocha son visage du sien jusqu'à ce que leurs lèvres ne soient plus qu'à seulement quelques centimètres l'une de l'autre. Il voulut l'embrasser, mais il se rétracta à la dernière seconde, ses mains se crispant sur les épaules du bleuté qui tremblait de plus en plus.

- Ça ne pourra pas durer éternellement Grimmjow. Un jour, ça finira par…

Ichigo baissa la tête et rit doucement de son incertitude en constatant qu'il était dans l'incapacité d'aller jusqu'au bout de sa pensée. Ça lui faisait bien trop peur d'imaginer un futur où Grimmjow ne serait plus à ses côtés. Il ferma donc les yeux et raffermit sa poigne sur ses épaules avant de déposer ses lèvres sur les siennes. À peine ce contact fut-il instauré que le bleuté chercha à l'approfondir, dévorant ses lèvres avec une certaine brutalité. La douleur ressentie l'obligea à ouvrir la bouche et le bleuté en profita pour insinuer sa langue à l'intérieur, prenant ainsi pleinement possession de ses lèvres dans un geste de supériorité et de possessivité. Bonheur et plaisir se confondirent sans son esprit et c'est l'esprit embrumé par toutes ces grisantes sensations qu'il ôta les chaînes qui entravaient les mouvements de Grimmjow. L'instant d'après, il était brutalement projeté au sol. Les deux mains maintenues au-dessus de sa tête, il chercha à se défaire de son emprise tout en cherchant à capter son regard. Celui-ci le fixait avec une intensité rare, ses yeux d'un rouge sang coulant une œillade affamée sur sa nuque.

Ichigo se sentit défaillir face à un tel regard et chercha à se débattre, en vain, ne pouvant esquisser que de vagues gestes de défense manquant cruellement de conviction. Après tout, ce n'était pas la première fois qu'il se sentait aussi troublé quand le bleuté le regardait de cette façon, lui donnant l'impression d'être la seule personne dont il avait besoin en ce monde. Ce qui était le cas en cet instant présent. C'est pourquoi il ne se débattit pas quand le visage de Grimmjow plongea dans son cou et qu'il sentit ses crocs perçaient sa chair aussi facilement qu'un couteau coupe dans du beurre. Il se mordit les lèvres jusqu'au sang, mais la douleur était tellement forte qu'elle réussit à lui arracher des geignements plaintifs. Et plus il sentait que ses forces lui échappaient, plus il sentait une vague de quiétude l'envahir. Il n'avait pas à être effrayé. Il s'agissait de Grimmjow. Une nouvelle vague de souffrance le traversa, son corps s'arquant contre celui du bleuté qui grogna de contentement quand leurs virilités s'effleurèrent, signe invariable du plaisir intense éprouvé au cours de cet échange sanglant. Ce qui se passa ensuite, il n'en eut pas vraiment le souvenir. La fatigue l'emporta sur tout le reste, du reste que la présence de Grimmjow l'aida à aller ce sens malgré la souffrance qui le tenaillait encore, à la fois plaisante et perverse qu'elle lui prodiguait un immense plaisir qui se payait dans la douleur de ces morsures.

OOOoooOOO

- Est-ce que ça va ?

L'esprit encore embrumé par le sommeil, Ichigo cligna plusieurs fois des yeux. Ignorant la douleur qui le traversait, il se rapprocha du corps qui se trouvait près de lui et se lova contre le torse puissant de Grimmjow qui l'emprisonna aussitôt dans l'étreinte de ses bras. Un rire monta dans sa gorge, mais qui mourut aussitôt sans qu'il puisse avoir le temps d'en apprécier la sonorité. Inquiet, Ichigo leva les yeux vers lui et se laissa couler dans la profondeur de ses yeux bleus, rassuré de voir qu'ils avaient repris leur couleur initiale. Il leva une main vers sa joue, mais Grimmjow l'en empêcha, les traits tirés par l'angoisse.

- J'ai déconné pas vrai ?

- Pas plus que d'habitude, confia Ichigo d'une voix amusée.

- C'était douloureux ?

- Tu veux la vérité ?

- La vérité.

- Alors, oui c'était douloureux, mais rien d'insurmontable vu qu'on a encore fini dans le lit.

Ichigo éclata de rire, mais Grimmjow sembla ne pas partager son avis. En le voyant se renfrogner, il éprouva un élan de compassion, comprenant bien là le trouble qui l'habitait et tenta tant bien que mal de le rassurer, gardant aux lèvres un sourire chaleureux tout en caressant sa joue du pouce dans un geste d'apaisement.

- Je t'assure que je vais bien. D'accord ?

Cette caresse couplée au ton calme d'Ichigo sembla dissiper son malaise, car il darda de nouveau ses yeux sur lui avant de prendre lentement son visage en croupe et de s'emparer de ses lèvres qu'il dorlota longuement entre les siennes, les léchant doucement avant de les reprendre en bouche avec une passion dévorante. Ichigo poussa un grognement de contentement et fit basculer Grimmjow sur le dos avant de s'asseoir sur ses hanches. Cramponné à sa taille, il se délecta de l''expression de pur extase qui traversa le bleuté quand il ondula du bassin de manière suggestive, frottant l'un comme l'autre leurs deux sexes érigés par le plaisir.

- Ne me dis pas que tu veux remettre le couvert ? ricana Grimmjow en caressant ses cuisses.

- Et c'est toi qui oses me dire ça? s'offusqua Ichigo avec un sourire. Qui de nous deux est le plus pervers, hein ?

- Ne m'en veut pas. Tu sais bien que je ne peux plus me passer de toi.

- C'est vrai ce mensonge?

- Ce manque de confiance me blesse énormément. Je peux savoir comment tu comptes te rattraper ?

Ichigo esquissa un sourire espiègle et se pencha pour couvrir le ventre de Grimmjow d'une pluie de baisers qui le fit frissonner de plaisir. Sa bouche se déplaça lentement jusqu'à son bas-ventre où sa langue se glissa dans le creux de son nombril, son regard profondément ancré au sien alors qu'il mimait l'acte sexuel de façon suggestive.

- Et après, c'est moi qu'tu traites de pervers, souffla le bleuté d'une voix rauque et assombrie par le désir.

- Seul un regard malicieux lui fut retourné en réponse.

OOOoooOOO

- Salut Renji !

- Salut Ichigo !

Abarai Renji. Un homme élancé aux muscles puissant mis en valeur par un tee-shirt noir qui moulait agréablement son torse. Il avait un teint pâle comme la plupart de ses semblables et ses yeux ainsi que sa longue chevelure étaient d'un rouge écarlate semblable au sang dont ils étaient tous dépendant. Des symboles tribaux parcouraient son front et une bonne partie de son corps, appuyant le côté bestial qui ressortait autant de son physique que de sa personnalité. Le vampire était en train de réparer le moteur d''une Ford Mustang noir. Il releva la tête et esquissa une grimace douloureuse en voyant le rouquin venir dans sa direction.

- Pas trop près, grommela-t-il en ôtant une vis de sa bouche. J'ai pas encore mangé.

- Désolé.

- Sérieusement, tu devrais faire un peu plus attention mec. Un de ces quatre, l'un de nous va finir par te sauter dessus.

- Je peux déjà t'exclure de la liste, affirma Ichigo avec un sourire tout en se saisissant d'une chaise à portée de lui.

- Plaisante pas avec ça, j'suis sérieux.

Néanmoins, Renji sourit à son tour et retourna à ses occupations.

- Au fait, comment c'était hier soir ?

- Comme d'habitude, mais cette fois c'était au parc Clover. Et de ton coté ?

- Une vraie boucherie. Les gars se sont fait plaisir, y a pas à dire. Ils étaient complètement déchaînés.

- Un besoin de se défouler ?

- J'crois bien. Ils sont stressés depuis quelques temps, j'sais pas pourquoi. Enfin, j'crois que…

Ichigo sentit l'hésitation perçait dans la voix du vampire.

- Tu crois qu'ils…

- J'crois qu'ils ont la pression. À cause de tes potes, termina le rouge après un temps d'hésitation.

- Renji, commença le rouquin avec une note d'impatience dans la voix. Ce ne sont pas mes potes.

- Ouais, j'sais bien continua le vampire d'un air mal à l'aise. M'enfin tu vois ce que j'veux dire.

- Je vois parfaitement oui. Je vais essayer d'arranger ça, mais je ne garantis rien. Aizen-sama est au courant ?

- Bah ouais.

- Et qu'est-ce qu'il en dit ?

Renji se releva et essuya ses mains tachées d'huile sur un torchon.

- Il dit qu'il faut laisser faire le temps et tout un tas de trucs que j'ai pas vraiment compris.

- Ça ne m'étonne pas venant de toi.

- Arrête de te foutre de ma gueule.

Ichigo esquissa un sourire et balaya la pièce du regard.

- Au fait, tu comptes venir ce soir ?

- Venir où? demanda le vampire en replongeant derrière le capot, ses mains de nouveau affairées sur le moteur.

- Comment ça, où ? Il y a le bal de Commémoration de l'Alliance ce soir, ne me dis pas que ça t'es sorti de l'esprit?

Un silence lui répondit, puis le visage de Renji apparut lentement. Ichigo éclata de rire en voyant ses traits tirés par l'angoisse.

- Merde! J'avais complètement oublié !

- C'est bien ce dont je me doutais.

Renji se figea et laissa tomber la clé qu'il avait en main au son de la voix basse et chaude qui résonna derrière lui. Les deux hommes levèrent la tête pour voir arriver un homme de noble apparence, aux longs cheveux d'un noir de jais noués sur le côté par une petite cordelette et au regard anthracite tacheté de petit losange rouge sang. Il était simplement vêtu d'une chemise en soie blanche et d'un pantalon en toile noire, mais tout chez cet homme, de son expression impénétrable à sa démarche assurée rappelait la noblesse de son rang. Ichigo se leva immédiatement et s'inclina devant lui dans une profonde marque de respect.

- Kuchiki-sama.

- Kurosaki-san.

Byakuya Kuchiki, chef du clan Kuchiki, l'une des plus illustres familles de vampires que la ville pouvait compter en son sein. Ichigo avait toujours éprouvé une grande admiration pour cet homme. Il avait été l'un des seuls à l'avoir accepté sans l'avoir dénigré une seule fois pour ce qu'il était.

- Kuchiki-sama, bredouilla Renji d'une voix mal assurée, alors qu'Ichigo esquissait un sourire narquois. J'suis désolé, ça m'était complètement sorti de la tête.

- N'en faisons pas toute une histoire. Que cette omission ne te dispense pas de m'escorter lors de cette soirée. Me suis-je bien fait comprendre ?

- Bien sûr Kuchiki-sama.

- À présent, si tu en as terminé nous devrions y aller. Il est temps pour nous d'aller nous nourrir.

Si les vampires pouvaient rougir, Ichigo était certain que Renji serait devenu rouge écarlate. Cependant, on ne pouvait tromper la lueur affamée dans ses yeux rétrécis par la soif. Mi-amusé, mi-gêné par le double sens de cette phrase, il se racla la gorge afin de rappeler sa présence aux deux hommes qui ne s'étaient pas quittés des yeux. Byakuya haussa très légèrement le sourcil et s'éloigna, suivit de Renji qui balança son poing dans le bras d'Ichigo.

- J'espère que nous pourrons aussi compter sur votre présence Kurosaki-san.

- Bien entendu Kuchiki-sama.

Le vampire lui lança un regard entendu avant de disparaître derrière la porte, Renji à sa suite. Une fois seul, Ichigo se rassit sur sa chaise et se demanda ce qu'il allait bien pouvoir faire du reste de sa journée. Il éprouvait le désir de rejoindre Grimmjow et de passer plus de temps avec lui, mais il savait que le vampire avait besoin de se reposer. La crise d'hier soir avait été plus violente que la normale. Plusieurs années que cela durait et il lui arrivait de plus en plus souvent à se demander comment il faisait pour supporter toute cette pression. La raison lui était bien entendue évidente, elle l'était moins pour d'autres. Il rejeta la tête en arrière, en équilibre précaire sur sa chaise, se balançant d'avant en arrière. Il s'ennuyait. Il savait pourtant qu'il avait mieux à faire, mais la vérité étant qu'il cherchait à retarder l'échéance. Son portable sonna. Il s'en saisit d'un geste lasse et se redressa si brutalement sur sa chaise qu'il faillit en tomber en voyant qui était en train de chercher à le joindre. Il décrocha sans plus attendre.

- Aizen-sama ?

- Ichigo, pourrais-tu venir dans mon bureau ?

- Bien entendu. J'arrive tout de suite.

Ichigo raccrocha et se dirigea vers l'ascenseur le plus proche qui le mena ensuite à l'étage où se trouvait le bureau d'Aizen. Il hésita un court instant en s'apercevant qu'il n'y avait que lui dans la pièce, avant de s'avancer et de le saluer. Le brun se tourna vers lui et Ichigo tiqua devant son air soucieux, peu habitué à voir une telle expression sur le visage de celui qui était à la tête du clan des Fils de la nuit. Il redouta à l'instant qu'il se soit passé quelque chose de grave, mais le sourire que lui adressa Aizen suffit à dissiper cette hypothèse. Quand bien même, il savait que le vampire ne l'avait pas fait venir sans une bonne raison et par instinct il savait qu'elle n'allait pas lui plaire.

- Merci d'être venu aussi vite Ichigo.

- Je vous en prie, mais dites-moi plutôt quelle est la raison de ma venue ? À en juger par votre air soucieux, il semblerait que ce soit quelque chose d'important ?

- Toujours aussi direct hein, répondit le brun en riant doucement. Quoi qu'il en soit, tu ne t'es pas trompé. J'ai reçu il y a quelques minutes un appel de ton père et ne me regarde pas ainsi, tu sais que je ne peux l'ignorer sans une bonne raison. Il s'est adressé à moi en tant que membre et porte-parole du Conseil, dans l'unique but je suppose de justifier sa démarche. Quoi qu'il en soit, afin de ne pas nuire au bon déroulement du bal qui aura lieu ce soir, il a demandé à ce que tu ailles le voir à la Tour des Astres.

Ichigo se massa l'arrête du nez dans un geste lasse. Il fallait se rendre à l'évidence. Il n'aurait pas pu retarder ce moment indéfiniment et il avait été bête de croire qu'il en réchapperait s'il se faisait discret pendant un moment. À croire que le spectre de son père allait continuer de le hanter tant qu'il ne se plierait pas à sa volonté.

- Pour une réunion du Conseil. Je présume donc qu'ils veulent que je leur fasse un rapport des derniers évènements ?

- C'est cela. Il est important que certaines choses soient mises au clair, sans ambiguïté possible et d'un commun accord, nous avons jugé qu'il serait inconvenant de traiter de notre affaire au cours d'une soirée organisée chaque année, spécialement pour honorer l'alliance entre nos deux clans.

- Je le comprends tout à fait.

- J'espère seulement que tout se passera sans grande anicroche. Le mieux serait que tu y ailles maintenant.

- J'y vais de ce pas.

- Très bien. Nous nous verrons ce soir.

Ichigo acquiesça d'un bref signe de tête, l'humeur quelque peu rembruni par la tâche qui lui incombait d'aller faire un rapport à son paternel. Il prit l'ascenseur et gagna le parking souterrain et s'installa au volant de la voiture que Grimmjow lui avait offert à son dernier anniversaire, à sa demande. Une voiture tout à fait banale, le rouquin n'étant pas très friand des voitures de luxes que son amant affectionnait tout particulièrement. Il s'engagea dans une ruelle et gagna très rapidement l'autre bout de la ville, garant sa voiture non loin d'une immense tour en ivoire blanc qui n'était autre que la Tour des Astres. Ichigo la regarda longuement avant de soupirer d'un air résigné.

- Bien. Aux grands maux, les grands remèdes ! lança-t-il d'une voix qui se voulait enthousiaste, tout en prenant une grande inspiration comme pour se donner du courage.

Il monta les grandes marches et poussa les portes, déterminé à en finir au plus vite. À peine fut-il entré qu'il sentit d'emblée des ondes vibrantes de colère convergeaient dans sa direction. Il se sentit réagir à cette menace voilée dans l'ombre alors qu'il distinguait quelques personnes dissimulées dans l'obscurité de la pièce tout autour de lui. Il renifla avec dédain et s'avança, préférant les ignorer plutôt que d'initier une bagarre sans intérêt, mais les personnes dont il inspirait une telle hostilité ne semblait pas de cet avis. Très vite, il fut entouré d'une dizaine d'hommes à l'air menaçant et qui grondaient dans sa direction tout en montrant des dents comme pour lui interdire d'aller plus loin. Ichigo avait fini par ne plus répondre à leur provocation, mais il éprouvait toujours un frisson d'excitation à l'idée que leur attitude insolente puisse être une raison suffisante pour leur mettre à chacun la raclée qu'ils méritaient.

Il leva les yeux vers l'escalier qui le mènerait à l'étage. Un pas de plus dans cette direction serait pris comme un défi et Ichigo savait qu'ils n'attendaient que ça. Pourtant, il ne pouvait rester indéfiniment en ces lieux et c'est pourquoi son impatience se fit légèrement ressentir par un bref grondement bourdant du fond de sa poitrine. Néanmoins, il resta parfaitement immobile dans une attitude digne, jaugeant du regard ceux qui l'entouraient, accordant pour certains qu'il reconnaissait une œillade légèrement amusé. Les grognements ennemis se firent plus féroces encore. Puis constatant au bout de quelques minutes que la situation n'avançait guère, il se décida à avancer malgré tout, bien conscient que les hommes qui l'entouraient étaient au courant du pourquoi de sa présence en ces lieux. De la provocation gratuite, c'est tout ce que cela représentait.

Il avança jusqu'à l'escalier, évitant prestement ceux qui se mettaient volontairement devant lui dans l'unique but de donner raison par un simple contact à une éventuelle bagarre. À peine eut-il monté la première marche qu'une main sur son bras l'empêcha d'aller plus loin et il ne put retenir cette fois un grognement irrité, bientôt rejoint par des grognements semblables qui se manifestèrent pareils à un tremblement de terre. Ses yeux se plissèrent et l'ambre de ses iris apparut comme de l'or en fusion, donnant à son regard quelque chose de singulièrement envoûtant. Les grognements se firent très vite plaintifs et tous les hommes reculèrent d'un seul mouvement, un air abattu et dépité sur le visage comme à l'image d'un enfant sur lequel on aurait tapé sur les doigts dans le but de le réprimander.

- Je te saurais gré de ne pas faire preuve de ton autorité au sein de la tour, Kurosaki.

Le mot autorité ayant été prononcé avec un certain mépris à peine dissimulé. La voix, légèrement nasillarde, mais puissante démontrant une certaine fermeté et une certaine suffisance. Ichigo n'eut pas à faire l'effort de tourner les yeux pour reconnaître la voix d'Ichida Uryuu, fils d'Ishida Ryuken qui était lui-même le fils de Soken, ancien chef du clan des Fils de la Terre et décédé depuis longtemps déjà. Le rouquin s'autorisa un sourire et se tourna lentement vers celui qu'il pouvait considérer comme une sorte de rival depuis l'enfance. Ils se jaugèrent du regard dans un parfait silence que les autres hommes n'osaient pas rompre, terrifiés par la tension presque palpable qui se faisait sentir entre les deux hommes.

- Tu m'en vois désolé commença Ichigo avec un léger sourire en coin. Mais c'était le seul moyen de passer sans avoir à blesser l'un d'entre eux.

La menace voilée était clair et tous comprirent que derrière le flegme apparent de ce garçon à la chevelure fauve, se cachait un homme qui n'avait aucune hésitation à faire montre de son autorité alors qu'il ne faisait même plus parti du clan. Ce qui démontrait bien par là ce dont il était capable en réalité.

- Tu as du cran pour croire qu'il t'est encore permis de faire ce dont tu as envie ici, lança soudain Ishida comme pour appuyer les faits. Tu te rends bien compte que ton geste pourrait être considérer comme étant une attaque envers l'autorité de l'alpha.

Ichigo ne put pas s'empêcher d'éclater de rire et quelques hommes se figèrent tant ils semblaient fascinés par ce roulement de gorge.

- Je peux savoir depuis quand tu prends la défense de mon père Uryuu ?

- Ce n'est pas ce que tu crois. Je ne fais qu'énoncer une évidence au vu de ta position actuelle.

- Une évidence que tu ne cesses de rappeler à mon bon souvenir à chacune de mes visites. Je te remercie pour tant de sollicitude.

Le rouquin semblait si calme en prononçant ses mots qu'il était difficile de savoir s'il disait ça sérieusement ou pour se moquer de son homologue aux cheveux d'un noir d'encre et aux doux reflets violacés. Ce dernier eut l'air pincé, mais ne renchérit pas, remontant du doigt la monture fine de ses lunettes.

- Toujours aussi insolent à ce que je vois.

- J'ai connu une époque où mon insolence ne semblait pas te déranger autant que cela.

- Les temps ont changé. J'ai changé et j'ai des responsabilités à présent. Contrairement à toi, je prends très à cœur les affaires de notre clan, mais c'est peut-être quelque chose de difficile à comprendre pour un solitaire comme toi.

Des ricanements féroces réagirent à cette remarque. Ichigo fronça les sourcils d'un air mécontent face à un comportement aussi immature, blâmant intérieurement Ishida de ne pas chercher à réfréner une telle attitude. Mais après tout, le jeune homme avait toujours été comme ça : si imbu de sa personne pour la simple et bonne raison qu'il y avait déjà eu de nombreux alphas dans sa famille et croyant que ce simple fait lui procurait l'autorité qu'il se targuait d'avoir, il établissait d'emblée une certaine autorité sur un bon nombre des membre de la meute. Ichigo n'arrivait même pas à lui en vouloir pour ça, après tout le jeune Ishida revendiquait sa place au sein du clan et il la réclamait à juste titre.

- Franchement, je ne vois pas ce que mon statut à a voir avec le fait que je me sente concerné ou non par les affaires de la famille, déclara finalement Ichigo dans un soupir tout en se détournant. Mais vu que tu as toujours aimé remettre au goût du jour ce qui n'a plus grand intérêt aujourd'hui…

- Détrompe-toi. Peut-être que ton père a finalement passé l'éponge, mais nous sommes nombreux à penser que tu dois recevoir la punition que tu mérites pour ta traîtrise.

- Cette histoire fait désormais du passé Ishida. Et au risque de me répéter, je ne vois pas en quoi le fait d'avoir quitté le clan fait de moi un traitre.

- C'est parce que tu es le fils de l'alpha. Tu te dois d'avoir un comportement exemplaire.

Cette fois, Ichigo sentit la moutarde lui monter au nez et il se retourna avec brusquerie, dardant sur Ishida un regard brulant chargé de colère. Malgré sa propre force, ce dernier sentit dans ses yeux toute la puissance propre à un alpha et il ne put s'empêcher de baisser les yeux alors que les hommes derrières lui tombaient à genoux dans des glapissements aigus, comme privés de leur énergie.

- Alpha, alpha ! Tu n'as que ce mot à la bouche ! Si ça te dérange tant que ça que d'obéir à mon père, alors va donc en parler au tien. Et si ça ne suffit pas, alors quitte le clan. Mieux encore, défis-mon père et revendique donc la place que tu ne cesses de considérer comme étant la tienne ! J'en ai assez de te voir courir après moi comme si j'étais responsable de tous tes maux. Comme tu l'as si bien dit, je ne fais plus parti du clan. Je n'ai plus aucune obligation envers n'importe lequel d'entre vous. À présent, si vous voulez bien m'excuser.

Et sur ses derniers mots qu'il grimpa les marches de l'escalier jusqu'au premier étage. De l'extérieur, malgré que l'architecture de la Tour des Astres semblait plutôt archaïque, l'intérieur était beaucoup plus moderne, mais n'égalait certainement pas le raffinement des vampires. Au niveau technologique néanmoins, on pouvait considérer qu'ils étaient au même niveau. Ichigo repéra rapidement l'ascenseur qui le mènerait au dernier étage, ignorant l'hôtesse d'accueil qui chercha à le retenir en lui demandant s'il avait rendez-vous. Il la vit se figer quand elle le reconnut enfin, juste avant que les portes de l'ascenseur les séparant ne se referme dans un chuintement. Le rouquin se laissa aller au fond de la cabine, respirant longuement et à plusieurs reprises afin de reprendre son calme afin d'affronter le Conseil avec tout le self control dont il se sentait encore capable. Quand les portes s'ouvrirent au le dernier étage, son regard était beaucoup plus déterminé, mais dans son regard brillait une certaine inquiétude qu'il balaya quand il se rapprocha de l'escalier central qui le mènerait directement à la salle du Conseil. Un homme encapuchonné l'y attendait. Ce dernier rabattit le vêtement sur ses épaules, dardant sur le rouquin ses yeux noirs aux accents métalliques, mais qui s'adoucirent immédiatement à sa vue.

- Ichigo.

- Le vieux.

Kurosaki Isshin, qui n'était autre que le père d'Ichigo et en tant qu'alpha, l'homme à la tête des Fils de la Terre, sembla ne pas s'offusquer de l'appellation dont son fils l'avait affublé. Il esquissa un simple sourire, réajustant sur ses épaules un large pan de tissu en soie semblable à une cape et qui représentait la noirceur du ciel clairsemée d'une myriade d'étoiles.

- Je suis désolé de t'avoir fait venir ici aussi rapidement. Tu avais certainement mieux à faire je suppose.

- Tu supposes juste.

- Ne le prends pas mal s'il te plait, souffla le quadragénaire en sentant venir la dispute. Aizen te l'a surement dit, mais il aurait été impromptu de discuter des derniers événements au cours du bal de ce soir.

- Je sais, lâcha Ichigo dans un soupir en détournant légèrement les yeux. Bon alors, on y va où tu te décides à me dire ce qui ne va pas ?

Ichigo n'était pas dupe. Il avait bien vu la lueur dans le regard de son père et ce visage, l'expression qu'il prenait à chaque fois qu'il avait quelque chose de plus ou moins important à lui dire, mais qui malheureusement engendrait plus de disputes que de discussions amicales entre eux. Isshin sembla pris au dépourvu durant un court instant, avant de se reprendre rapidement.

- Rien d'important qui nécessite que je t'en parle maintenant.

Suspicieux, Ichigo fut tenté un instant d'interroger son père davantage, mais se dit finalement qu'il ne valait mieux pas insister, se disant lui aussi que ce n'était ni le lieu, ni le moment pour une éventuelle dispute avec son paternel. Il le suivit jusqu'à l'escalier en spirale et qui menait au centre d'une immense salle circulaire, les murs étant des gradins en pierre légèrement défraichis par le temps. Rien de bien exceptionnel mis à part le plafond qui n'était en fait qu'un gigantesque dôme de verre et qui permettait de voir dans toute sa splendeur, la voute céleste. De parts et d'autres du centre de la pièce, il y avait de gigantesques télescopes qui permettaient de distinguer alentour ce que l'on ne pouvait voir d'ici juste en levant les yeux.

Ichigo s'avança légèrement tandis que son père rejoignait un groupe de personnes plus ou moins âgés qui étaient assis sur la partie des gradins la plus imposante et la plus en vue, car mise en valeur par de longs tapis en velours de couleur ivoire et qui en recouvrait les marches. Un silence s'installa alors que le rouquin sentait qu'on le scrutait avec une attention accrue et presque malsaine, qui lui arracha une légère grimace. Mais très vite une voix s'éleva, légèrement chevrotante, mais pleine de force malgré tout.

- J'ai entendu dire que tu as fait preuve d'autorité au sein de la tour Ichigo, alors que tu es parfaitement au courant des mesures qui ont été prises à ton encontre.

Un soupir à fendre l'âme se fit entendre, accompagné de légers murmures réprobateurs. Le rouquin faillit éclater de rire et remercia son père en pensée d'avoir aussi bien exprimé son avis sur le sujet. Il coula un regard sur le côté et s'avança légèrement afin de récupérer une chaise qui traînait et de s'assoir dans une position des plus nonchalantes avec un air complètement indifférent.

- Je n'crois pas être sujet à des troubles de la mémoire, mais mettons les choses au clair. On est là pour parler des récentes attaques qui ont eu lieu en ville, ou on est là pour parler de moi et de ce que je ne suis pas censé faire, mais que j'fais quand même parce que je sais que ça vous fait terriblement chier ?

- Quelle insolence ! s'écria un vieil homme parmi tant d'autres alors que le reste du Conseil approuvait ses dires dans un flot de protestations inintelligibles, tant ils parlaient tous en même temps.

- Soyons sérieux quelques secondes, okay ? lâcha Ichigo d'une voix puissante afin de se faire entendre. Il serait peut-être temps que vous revoyez l'ordre de vos priorités. J'ai quitté le clan il y a plusieurs années déjà. On ne devrait même plus en reparler aujourd'hui. Le plus important à l'heure actuelle, ce sont les attaques de Spectres qui ont eu lieu en ville et les morts qu'elles ont engendrées, autant chez les vampires que chez les loups.

Les cris de protestations se dissipèrent rapidement, tandis que quelques-uns semblaient s'obstiner, continuant de protester discrètement après lui. Isshin releva les yeux vers son fils, le visage grave.

- Pardonne ce léger contretemps. Nous t'écoutons.

OOOoooOOO

Ichigo considéra son reflet quelques instants, alternant devant le miroir un nombre de chemises impressionnant. Il se décida pour l'une d'entre-elles, de couleur cannelle et l'enfila rapidement avant d'enfiler le haut de son costume noir. Il leva légèrement le bras, tirant sur son poignet afin de s'enquérir de l'heure qu'il était sur sa montre. Il était déjà vint et une heure passée. La fête devait déjà battre son plein et il était en retard. Il jura contre les membres du Conseil, étant donné que c'était à eux qu'il devait le prolongement de la réunion. Il jeta un dernier coup d'œil à son reflet et se dirigea vers l'ascenseur. Arrivé jusqu'au parking, il monta au volant de sa voiture. Le trajet dura une quinzaine de minutes et le mena vers une immense bâtisse, spécialement construit pour recevoir divers événements à teneur culturel ou diplomatique comme des réunions au sommet, des repas de grande envergure, des bals… En résumé, il s'agissait d'un lieu neutre où pouvait se réunir les vampires et les loups.

Quand il parvint enfin jusqu'à la salle de bal qui se trouvait au rez-de-chaussée du bâtiment, l'orchestre emmenait déjà la foule sur une nouvelle valse viennoise au rythme entraînant. La pièce était immense, éclairée par de larges chandeliers d'un or scintillant, pareils à l'argenterie qui brillait de mille feux. La vaisselle était de la plus précieuse porcelaine. Les fenêtres étaient de gigantesques vitraux multicolores qui grimpaient jusqu'au plafond, les draperies de soie d'un rose pâle, le sol d'un marbre blanc tacheté de gris. Les longues tables étaient alignées en parallèle des murs, la piste de danse au centre, bien en vue où virevoltaient déjà un bon nombre de danseurs.

Ichigo jeta un œil aux alentours et repéra très vite des vampires de sa connaissance et dont il était très proche. Ces derniers levèrent la main dans sa direction pour le saluer. D'autres passèrent à ses côtés et le gratifièrent de diverses tapes dans le dos. Près d'une table pas loin de l'orchestre, il repéra Byakuya et Renji qui discutaient. Le premier lui jeta un bref coup d'œil auquel le rouquin répondit par un signe de tête entendu. Si les vampires lui réservaient un accueil chaleureux, ce n'était pas le cas des loups. Du moins, en partie seulement. Certains l'observaient sans animosité, presque avec curiosité. D'autres lui adressèrent un simple signe de tête. Les plus réticents d'entre eux murmuraient sur son passage et le regardaient avec dégout et animosité. L'inquiétude qu'avait ressentie Ichigo après sa brève entrevue avec Ishida refit surface et il ne put s'empêcher de chercher son père du regard parmi la foule. Il le repéra assez vite, ce dernier discutant avec Aizen. Il s'approcha d'eux. Les deux hommes sourirent instantanément à son approche, mais l'air sévère qu'ils arboraient un peu plus tôt n'avait pas échappé à l'œil vigilant du jeune garçon qui fronça les sourcils.

- Il y a un problème Ichigo ?

- Il y a juste quelque chose dont j'aimerais te parler. Aizen-sama, je peux vous emprunter mon père un instant ?

- Bien entendu Ichigo. Prenez tout votre temps, je vous attendrais ici.

Les deux hommes s'éloignèrent dans le jardin qui entourait l'immense propriété. Ichigo resta muet un moment, tendant l'oreille à l'affut de tout bruit suspect, alors que son père le regardait d'un air étonné.

- Vas-tu enfin me dire ce qui ne va pas ?

- C'est assez compliqué et tu vas surement penser que je me mêle de ce qui ne me regarde pas, mais je suis assez inquiet. Ça concerne Uryuu.

Isshin fronça les sourcils, sans pour autant être vraiment surpris.

- Le fils de Ryu ? Quel est le souci ?

- Tu as surement du t'en rendre compte, étant donné que j'ai pu le remarquer moi-même au cours de mes dernières visites. Il y en a de plus en plus qui rejoigne son parti. Je crains qu'il ne veuille bientôt se révolter contre toi, bien que je ne sache pas encore comment.

- Et alors ? Est-ce vraiment un problème ?

Ichigo soupira. Il n'était pas surpris de la réaction de son père. Ishida était certes, jeune, mais déjà assez vieux pour prétendre à un combat contre l'alpha.

- C'est sa façon de procéder qui ne me plaît guère. Les affaires du clan ne me concernent plus, mais si l'influence d'Uryuu s'accroît plus encore, j'ai peur qu'il n'y ait des répercussions sur l'alliance entre nos deux clans.

- Tu te considères vraiment comme l'un des leurs, hein ? Ne put s'empêcher de grogner le brun à l'entente du qualificatif nos.

- Ne recommences pas avec ça et reste sérieux une minute, veux-tu ? Là n'est pas le plus important et tu le sais très bien. Uryuu commence à avoir une grande influence au sein du clan et j'ai l'impression qu'elle ne cesse de s'accroître de jour en jour et tu sais autant que moi combien il hait les vampires.

- Douterais-tu de ma force Ichigo ? Me vois-tu déjà perdant dans un combat contre lui ?

- J'envisage toutes les possibilités, nuance. Cependant, tu sais aussi qu'il peut décider de quitter le clan et qu'il est très probable qu'il ne le fasse pas seul.

- Alors, tu voudrais que j'envisage de le sanctionner ?

- Je voudrais simplement que tu te tiennes prêt à toute éventualité.

- Il est le fils de Ryuken. Tu sais que je ne veux rien faire de malencontreux contre lui.

Ichigo fronça les sourcils et soupira de dépit, mais pas pour ce que venait de dire son père. Il finit par se détourner de ce dernier.

- Alors, veille au moins à ce qu'il ne se passe rien de fâcheux.

- Je n'avais pas besoin que tu me le dises. Celui qui a besoin qu'on lui rappelle ce qu'il doit faire ici, c'est toi.

- Je suis un loup solitaire. Je n'ai plus d'ordre à recevoir de toi.

- Quoi que tu puisses dire, tu restes mon fils. Que tu es quitté le clan ne m'ôte pas l'autorité que je peux encore exercer sur toi.

Le jeune loup se figea, se retournant lentement contre son père.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Gronda-t-il doucement en plissant les yeux dans l'obscurité de la nuit.

- Ne joue pas les ignorants. Tu sais très bien combien il serait facile d'arranger la situation que tu sembles tant redouter.

- Je n'épouserais aucune des filles que tu me présenteras si c'est ce que tu veux dire. Elles ne m'intéressent pas. Attends, je précise. La place d'alpha ne m'intéresse pas.

- Cesse donc d'être aussi insolent. Tu sais pourtant qu'il te suffirait d'épouser une louve du clan pour réintégrer ta place au sein de la famille. Ainsi, ton erreur serait oubliée et

- Tu qualifies toujours ce que j'ai fait comme une erreur hein ? Ishida voit ça comme une traîtrise, mais personne ne comprend la véritable raison de mon geste.

- Si ce n'est pas une erreur, alors c'est de la pitié.

Ichigo aboya de colère et des murmures inquiets s'élevèrent rapidement autour d'eux. Le temps qu'Ichigo reprenne son calme, une main apaisante venait de se poser sur son épaule. Le rouquin leva les yeux et croisa un regard améthyste empli de douceur, encadré par une chevelure d'un blanc chatoyant.

- Ishida-san ?

- Ichigo. Ravi de te revoir. Je te cherchais justement. Heureusement que vos éclats de voix m'ont alertés. Et si ce n'était pas ça, les ondes que vous émettez auraient été largement suffisantes pour que je vous trouve. Il y en a beaucoup qui sont en sueur en ce moment même donc je vous saurais gré de reprendre votre calme rapidement. Toi aussi Isshin.

Le brun jaugea rapidement la situation avant d'acquiescer d'un bref signe de tête et de se redresser, suivi d'Ichigo qui darda sur son père un regard lourd de reproche.

- Aizen t'attend Isshin. Il me semble que vous étiez en pleine discussion avant qu'Ichigo ne vous interrompe. Tu devrais te dépêcher d'aller le rejoindre.

- Tu as raison. Nous nous verrons plus tard Ryuken. Toi aussi Ichigo.

- Cours toujours après ce que tu as dit.

Isshin retint une exclamation, mais ne tarda pas à s'éloigner, laissant les deux hommes seuls. Ichigo ferma les yeux et s'appuya contre un arbre.

- Je suis désolé pour l'incident Ishida-san.

- Je t'en prie. Ton père a toujours su se montrer d'un tempérament plutôt borné.

- Ouais. J'en viens à me demander parfois comment vous faites pour le supporter.

Ichigo posa sur le père d'Uryuu un regard qui en disait long. Ce dernier esquissa un sourire, mais son expression resta teintée d'une profonde tristesse qui déchira le cœur du rouquin. Il en détesta son père, sachant pourtant qu'il n'y était pour rien, mais la douleur de Ryuken était bien trop dure à regarder surtout quand on en connaissait la cause. Le rouquin avait toujours entretenu d'excellents rapports avec ce dernier, à l'instar de la pseudo rivalité qui l'opposait à son fils, c'est pourquoi il se sentait encore plus concerné par ce qui l'affligeait.

- Ishida-san…

- Allons Ichigo. Il commence à se faire tard. Il serait peut-être temps que tu profites toi aussi de la fête en allant danser un peu.

Devant le sourire que lui lança Ryuken, Ichigo capitula, mais avec regret. Il aurait tellement aimé que les choses en soient autrement pour le père d'Uryuu, mais le destin semblait vouloir s'acharner contre lui. Un dernier geste de la main pour le remercier et il se détourna, amer. Quand il regagna la salle, les regards convergèrent immédiatement dans sa direction. Apparemment, la nouvelle de son altercation avec son père était vite parvenue aux oreilles des personnes restaient présentes dans la pièce. Il les ignora complètement, zigzaguant parmi la foule à la recherche de la personne qui lui ferait instantanément oublié ses soucis. Il s'arrêta un instant pour chercher à mieux le distinguer parmi les nombreux invités quand une voix fluette s'éleva derrière lui.

- Excusez-moi. Kurosaki-san ?

Ichigo se retourna pour se retrouver devant une jeune femme aux formes généreuses et au visage de poupée. Très belle, son corps était moulé dans une robe saumon légèrement évasé au niveau des cuisses et ses longs cheveux d'un roux semblable aux siens coulaient le long de ses épaules jusqu'à sa chute de rein, pareils à une cascade. Ses yeux noisette quand à eux, étaient grands et innocent. La demoiselle esquissa un sourire auquel il répondit poliment, se penchant afin de se saisir de sa main et d'en embrasser le dos avec élégance. Les joues de la jeune femme prirent une douce couleur coquelicot.

- Loup, pensa Ichigo.

L'odeur ne l'avait pas non plus trompé. Il releva les yeux vers la jeune femme, ne la reconnaissant pas pour ne l'avoir jamais rencontré une seule fois.

- C'est bien moi. Et à qui ai-je l'honneur ?

- Je suis Inoue Orihime. Je fais partie du clan ShunShun Rikka. Nous sommes comme vous, originaire du Japon, mais nous sommes établis aux États-Unis. C'est notre première participation au bal de Commémoration.

- C'est vrai ? Alors, laissez-moi vous dire que je suis honoré de comptez sur la présence d'un clan aussi ancien et illustre.

- Il n'est rien comparé à la renommée du vôtre, Kurosaki-san.

- Je suppose que vous n'avez pas tort, mais je dois vous prévenir que

- Oh, je suis au courant. Vous voulez parler du fait que vous êtes désormais un loup solitaire, rattaché au clan des Fils de la Nuit n'est-ce pas ?

Ichigo ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.

- C'est ça. Est-ce que ce fait vous dérangerez d'une quelconque manière ?

- En aucun cas. J'étais simplement venu à vous pour me présenter et espérer une amitié durable pour le futur.

- Je serais plus que ravie de vous l'offrir Inoue-san.

- Orihime suffira amplement, si vous me permettez l'audace de vous appeler Ichigo.

- Ce serait avec grand plaisir.

Ils esquissèrent tout deux un sourire sincère quand une femme arriva entre eux, un sourire suffisant sur le visage. Physiquement, elle n'avait rien à envier à Inoue et ses cheveux étaient aussi longs qu'ils étaient bouclés que ceux de la jeune femme. En les observant côte à côte, Ichigo était certain qu'un lien de parenté les reliait. Cela se confirma par la suite par la présentation de la nouvelle arrivante. Aguicheuse, elle ne cessait de mettre son décolleté sous le nez d'Ichigo qui soupira, arrachant un sourire amusé à Inoue.

- Salut beau gosse. Moi, c'est Rangiku. Je suis la sœur d'Inoue et l'une des six fleurs du clan. Enchantée !

- Moi de même.

- J'ai super envie de m'éclater sur la piste. Tu m'accordes une danse, beau gosse ?

- Désolé poupée, mais c'est à moi qu'il va faire l'honneur de sa première dance. Alors, si tu veux bien t'écarter un poil pour qu'on puisse passer, tu s'rais mignonne.

Rangiku ouvrit la bouche d'un air scandalisé alors qu'Ichigo souriait de toutes ses dents, tout en se saisissant de la main que Grimmjow avait tendue vers lui. Inoue lui adressa un clin d'œil alors qu'ils s'éloignaient vers la piste de danse. Le rouquin essaya de réfréner les battements affolés de son cœur alors qu'ils coulaient ses lèvres contre l'oreille de son bien-aimé.

- J'ai cru que tu ne viendrais jamais, susurra-t-il d'une voix assombrie par le désir.

- Un prince charmant choisit toujours son moment pour faire son apparition, ne l'oublie jamais amour…

Grimmjow plaqua durement le corps du rouquin contre le sien, glissant un bras autour de sa taille alors que son autre main venait se glisser tendrement dans la sienne. Ichigo s'accrocha à son épaule comme un naufragé à sa bouée, l'esprit complètement chaviré et le cœur inondé par la myriade de sensations qui le ravageaient à présent qu'il était dans les bras de l'homme qu'il aimait. Il en oublia totalement les regards mécontents qui s'étaient tournés vers eux en les voyants. Le bleuté le remarqua enfin alors qu'il levait les yeux, avant d'éclater de ce rire qu'Ichigo affectionnait tout particulièrement.

- Tu sais, je retire deux plaisirs de cette danse avec toi. La première et non des moindres, celle de t'avoir auprès de moi - Ichigo esquissa un sourire - la deuxième, celle de faire enrager ton père.

Ichigo leva un sourcil et regarda rapidement autour de lui, distinguant son père parmi la foule qui les observait. Ce dernier semblait enragé. Il joignit son rire à celui du bleuté qui resserra son étreinte.

- Tu joues la carte de la provocation, souffla Ichigo contre les lèvres du bleuté.

- Mais avoue que tu aimes ça.

- Non.

Grimmjow esquissa un sourire carnassier.

- J'adore ça…

Ils dansèrent longtemps, ignorant toujours les mauvais regards posés sur eux. Quand ils furent lassés de tournoyer sans arrêt sur la piste de danse, Grimmjow entraîna Ichigo à l'extérieur après qu'ils se soient entretenus rapidement avec Byakuya et Renji, puis Aizen qui les autorisa à se retirer pour le reste de la nuit. Ils marchèrent jusqu'au parc et se promenèrent sous le couvert des arbres, Grimmjow serrant Ichigo contre lui, son bras passé autour de ses épaules quand soudain, il retira son étreinte et accula le rouquin contre l'arbre le plus proche. Ichigo ne put s'empêcher d'esquisser un sourire alors qu'il distinguait parfaitement malgré la semi-obscurité les petits losanges rouges qui tachetaient les yeux bleus de Grimmjow.

- Tu as faim ? Murmura t-il d'une voix rauque alors qu'il voyait du coin de l'œil le regard du bleuté glissait jusqu'à sa nuque.

Ce dernier secoua la tête avec un maigre sourire.

- Bois si tu en as envie. Ça ne me dérange pas.

- Mais moi si. Je ne suis pas à ça près, Ichigo. Alors, ça pourra attendre encore un peu.

Ichigo baissa les yeux, quelque peu refroidi par la réaction de son amant.

- Ne fais pas cette tête amour. Je sais que tu fais ça pour moi, mais comprends aussi que j'essaye de te ménager.

- Je sais. Excuse-moi.

Grimmjow prit le visage d'Ichigo entre ses mains, caressant ses joues du pouce dans un geste de tendresse avant de se pencher avec une lenteur presque exagérée sur ses lèvres. N'en pouvant plus d'attendre, Ichigo se hissa sur la pointe des pieds afin de combler la distance qui le séparait des lèvres pleines et charnues du bleuté, les attrapant entre les siennes avec avidité. Avec une pointe d'exaspération et d'amusement, il sentit le sourire moqueur de Grimmjow contre sa bouche alors qu'il nouait ses bras autour de sa nuque.

Les deux hommes s'écartèrent l'espace d'une seconde, Ichigo reprenant sa respiration alors que le bleuté replongeait sur ses lèvres rougies à force d'avoir été mordillées. Sa bouche s'entrouvrit, autorisant le passage d'une langue mutine quand elle glissait contre ses dents et impétueuse quand elle engageait un ballet torride avec la sienne. La frénésie de cet échange les transporta, leur arrachant un gémissement de plaisir qui s'écourta quand un glapissement aigu résonna derrière eux. Ils se figèrent et tendirent l'oreille. Dans l'obscurité, Ichigo avait quelques difficultés, mais son ouïe et son odorat étaient beaucoup plus développés, au contraire de Grimmjow qui lui, pouvait voir comme en plein jour. Il leva le nez au ciel et huma l'air, avant de gronder subitement et de repousser Grimmjow pour mieux se placer devant lui dans une attitude défensive. Ce dernier avait les yeux fixés devant lui, une expression intense dans le regard alors qu'un groupe d'hommes sortaient de l'ombre.

Ichigo darda son regard sur l'un d'entre eux en particulier et dont la respiration semblait beaucoup plus laborieuse alors qu'il sentait posé sur lui un regard emplit de désir. Le rouquin esquissa une grimace. La tension sexuelle entre Grimmjow et lui avait été si intense qu'elle avait déstabilisé leurs invités. Leur chef y comprit.

- Je ne te savais pas aussi débauché Kurosaki. Tu fais vraiment ça n'importe où ?

- Ferme-la Ishida. Je ne suis pas d'humeur.

- Ouh ! Mais c'est qu'il montre les crocs. T'en fais pas, je ne suis pas ici pour toi, mais pour ton ami.

Ichigo plissa les yeux de suspicion. Un grondement préventif traversa ses lèvres.

- Qu'est-ce que tu veux, exactement ?

- Rien en particulier. Je ne suis pas assez fou pour déclencher une bagarre alors qu'a lieu ce soir une véritable mascarade en l'honneur d'une prétendue alliance avec des suceurs de sang.

- Fais attention à tes paroles Ishida, gronda Ichigo entre ses dents.

- Sinon quoi ? Tu me dénonceras à ton père ? Je croyais que les affaires du clan ne te concernaient plus, à moins que tu n'aies changé d'avis ?

- Mêle-toi de ce qui regarde. Après tout, tu n'es qu'un subalterne.

Ishida aboya avec véhémence, très vite accompagné par les hommes qui l'accompagnait et qui grondèrent à plusieurs reprises d'un air menaçant.

- Et bien quoi ? On n'est pas ravis qu'un solitaire rappelle sa place à un subalterne ? Lâcha Ichigo avec acidité.

- Va te faire voir. Et ton copain de vampire ? Il a besoin de toi pour se protéger ? Ton frère ne lui a pas suffit, il fallait qu'il se tape la fratrie pour être satisfait ? Il t'a déjà vampirisé comme ton frère ou son emploi du temps est trop chargé ?

Un cri rageur retentit derrière Ichigo et ce dernier dut faire un grand effort pour empêcher son amant de se jeter à la gorge d'Uryuu qui souriait maintenant d'un air satisfait. Malgré le profond dégoût et l'immense colère que lui-même ressentait à l'égard de celui qui faisait partit des Quincy, il tenta d'apaiser la colère de Grimmjow qui se débattait furieusement en tentant de défaire l'étreinte de ses bras.

- Je t'en prie Grimmjow. Je sais combien c'est difficile, mais s'il te plait ne le fais pas. Ne prends pas le risque de rompre l'alliance à cause de ses provocations. Il ne vaut pas la peine que tu te déchaines ainsi contre lui.

Plus il parlait, plus il sentait Grimmjow se détendre contre lui et sa respiration reprendre un rythme normal.

- Je gardais espoir, mais il fallait croire que c'était prendre un rêve pour une réalité. Une pourriture restera une pourriture, quoi qu'elle puisse dire ou faire.

Ishida rougit de colère en comprenant que c'était de lui dont parlait Ichigo.

- J'en ai ma claque que tu prennes tes airs supérieurs avec moi Kurosaki. Je vais te montrer une bonne fois pour toute qui est le chef ici. Et tu seras bien forcé de te mettre enfin à genoux devant moi !

Ichigo sentit la panique le gagnait quand il vit Ishida s'effondrait d'un seul coup, le dos en boule alors que ses ongles griffaient la terre à plusieurs reprises dans des râles de douleur. Le rouquin sentit le vampire réagir derrière lui et il se retourna vivement.

- Ichigo, tu

- C'est une affaire entre lui et moi ! Ne t'en mêle surtout pas, compris ?

L'instant d'après, un loup gigantesque à la fourrure d'un bleu obscur et légèrement cendrée bondissait dans leur direction, babines retroussées. Ichigo sentit sa bouche se contractait dans un rictus douloureux alors que ses bras s'allongeaient et se tordaient dans des craquements sinistres avant de se recouvrir d'une épaisse toison d'un orange mordoré. Ses jambes s'arquèrent, sa masse corporelle augmenta tandis que ses épaules doublaient de volume.

Ishida le percuta violemment et ils roulèrent dans l'herbe dans des aboiements féroces. Quand Grimmjow releva les yeux après que les deux masses tout en muscles soient passées au-dessus de sa tête, il put distinguer à quelques mètres de leur place initiale, deux loups qui se faisaient face, les babines retroussés et les poils hérissés furieusement. Le plus imposant des deux était de loin le plus magnifique. Ses orbes d'un ambre envoutant scintillaient comme de l'or et coulaient comme de la lave en fusion, son pelage d'un roux chatoyant, semblait changer de couleur selon l'angle de vue. Le poil était d'un blanc nacré autour du museau et continuait en une ligne parfaite juste au-dessus des yeux, dessinant comme une croix sur son front. Même les hommes sous les ordres d'Ishida semblaient subjugués. Grimmjow était certain que c'était la première fois qu'il voyait la transformation d'Ichigo. Elle impressionnait toujours autant et même après encore. Lui-même ne s'en lassait jamais.

Il l'aimait. Son loup. Son homme. Son bien aimé.

... à suivre


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