Disclamer : le monde de Naruto appartient à Masashi Kishimoto. Je n'ai fait qu'en reprendre les personnages.

Je ne fais aucun profit sur l'écriture ou la publication de cette histoire.

Petites précisions : cette fanfiction est une Univers Alternatif, les personnages d'Ino et de Sakura sont Out Of Character.


Première Rencontre

C'était un jour comme un autre. Banal et monotone. Pas franchement excitant. Un jeune homme soupira de fatigue, créant un nuage de vapeur dans le froid hivernal du bus scolaire. Évidemment, les transports en commun n'étaient pas chauffés étant donné l'âge avancé des tristes véhicules. Au final, si le système scolaire ne parvenait pas à tuer les élèves, le froid caverneux des cars s'en chargeait. Ce même jeune homme posa mollement sa tête contre la vitre givrée du bus en remontant les manches de son sweat sur ses mains froides. Il avait déjà hâte d'être rentré chez lui.

Une brusque secousse du bus le réveilla lorsqu'il sentit sa tête rencontrer violemment son support glacé.

-Bordel, jura-t-il en massant son crâne endoloris.

Son grognement attira le regard de quelques élèves aux alentours. Peut-être avait-il parlé trop fort. Reportant son attention sur la route qui défilait inlassablement devant ses yeux cernés, le jeune homme remit ses écouteurs. Il sentit alors le car ralentir pour finalement s'arrêter dans un grincement que même sa musique ne parvint pas à masquer. C'était un autre arrêt. Le jeune homme bougonna encore une fois sa mauvaise humeur matinale. D'autres personnes arriveraient probablement et, irrémédiablement, elles devraient s'asseoir à côté des étudiants déjà installés. Autrement dit, le jeune homme aurait un compagnon de voyage qui ne ferait que restreindre davantage le mince espace qu'il parvenait à occuper. Prévoyant, il posa son sac de cours noir sur ses cuisses et observa distraitement les nouveaux arrivants.

Son regard bleu fut soudainement attiré par un maelström de couleurs. Il cligna des yeux et dévisagea la personne qui osait porter des couleurs aussi criardes. C'était une jeune fille. Ou jeune femme, il n'aurait su dire quel âge elle avait vraiment. Ce qui choquait au premier abord était sans aucun doute la longue crinière de cheveux roses qu'elle arborait. Ils étaient retenus par une quantité impressionnante de pinces, d'épingles et de rubans multicolores, et pourtant des mèches de cheveux parvenaient encore à s'échapper. A la limite, si on occultait ses étranges cheveux, on pouvait passer à côté de cette fille sans vraiment la remarquer … si ses vêtements n'attiraient pas autant l'œil. Le regard du jeune homme descendit alors sur ses collants oranges rayés roses, surmontés d'une jupe à carreaux noirs et jaunes usée et effilochée sur la longueur. Continuant son inspection les sourcils relevés par le choc, il vit une épaisse ceinture en métal gris posée sur ses hanches qui semblait constituée d'un assemblage de chaînes de vélo. Elle devait peser son poids, cette ceinture, pensa-t-il, perplexe. Le haut de la jeune femme complétait à merveille le tout. Un tee-shirt vert pomme avec écrit en lettres noires « Bannissons les applaudissements, le spectacle est partout ! ».

Ahuri devant cette fille si singulière, le jeune homme ne put que la fixer … jusqu'à ce qu'elle s'assoit sur le siège à côté de lui.

Il se secoua la tête et réalisa qu'elle n'avait même pas demandé la permission de s'installer là, ne serait-ce que par politesse. Le soupir agacé de la jeune fille à ses côtés le fit lever les yeux vers son visage qu'il n'avait finalement pas vu, tant son style vestimentaire sortait de l'ordinaire. Des mèches de cheveux barraient son visage malgré les nombreuses pinces ornant sa tignasse rose. Elle avait les sourcils froncés et ouvrit brusquement son énorme sac posé sur ses genoux. Enfin, ce qui ressemblait à un sac. On en reconnaissait la forme mais des capsules de bouteilles -d'eau, à première vue-, des stickers bariolés et des poupées stylisées recouvraient le tissu à tel point qu'on ne pouvait en voir la couleur originelle. Elle plongea brutalement sa main à l'intérieur et marmonna :

-J'aurais dû te chercher plus tôt aussi. J'étais persuadée de t'avoir ranger là-dedans ! Petit, petit ! Viens ici, je sais que tu es là quelque part, chantonna-elle d'une voix inquiétante pour toute personne extérieure.

L'esprit du jeune homme se réveilla d'un seul coup devant le personnage. Les yeux écarquillés, la bouche légèrement ouverte et le corps figé, il ne faisait qu'observer son étrange voisine.

D'ailleurs, elle commençait à sérieusement s'énerver. Le jeune homme se dit qu'il éviterait de la déranger car, même si les filles ne l'effrayaient pas, il préférait s'éloigner de celle-ci. Trop étrange. Sauf qu'elle sortit subitement ce que contenait son sac, en commençant par un petit livre de poche, sur les genoux de son voisin qui sursauta.

-Où est-ce que je t'ai mis ? Je pensais que tu étais là. J'suis pas encore folle tout de même !

Le jeune homme aurait aimé lui dire le contraire mais il se contentait de fixer sa voisine en train de sortir un petit miroir de son sac et de le jeter sur ses genoux à lui. Elle continua avec une sorte de peluche qui ne ressemblait plus … à une peluche. Son visage était noir de marqueur, une patte lui manquait, du rembourrage sortait de son ventre. Un carnet mauve et blanc atterrit sur ses cuisses, il était petit et duveteux. Avant que le jeune homme ne puisse enfin s'indigner du comportement envahissant de la jeune femme, celle-ci le coupa en psalmodiant:

-Il est là. Il est là. Je sais qu'il est là.

Une boite carré atterrit à nouveau sur ses genoux, suivie d'une brosse miraculeusement neuve, arriva ensuite un livre bien trop lourd pour être un simple livre de poche, ainsi qu'un baladeur sortit des années 90 …

Le jeune homme se secoua encore et se tourna vers elle en grognant sa lassitude du matin :

-Dis, j'te dérange pas là ?

Soudain, celle-ci sembla le voir. Le jeune homme remarqua enfin ses yeux vert d'eau. Peut-être la seule chose naturelle chez elle, se dit-il. Quoi que … ces derniers étaient encadrés par un maquillage bleu clair, surmonté d'un mascara sûrement violet. Même s'il n'était pas une fille, le jeune homme se doutait que ce genre de maquillage n'était pas ce qu'on pouvait appeler « à la mode ».

-Hey ! Je ne t'avais pas vu, petit. Tu vas m'aider. Enfin … non. Bouge pas, c'est tout, se reprit-elle.

Il n'en revenait pas. Elle osait dire qu'elle ne l'avait pas vu alors qu'elle se servait de lui comme d'un dépotoir pour ses affaires.

-Non, franchement récupère tout ça, répliqua-t-il en essayant de lui rendre ses … biens.

-Écoute mon mignon, je t'aime beaucoup mais tu serais un ange si tu pouvais te figer ne serait-ce que quelques secondes … Non, en fait, quelques minutes ça serait encore mieux, ajouta-t-elle sans le regarder.

Mon mignon. Elle l'avait appelé « Mon mignon. ». Mon ange, aussi. Et elle avait dit qu'elle l'aimait « beaucoup ». Non, elle avait décidément un grain, cette nana.

Pendant qu'il se remettait de ses paroles, elle s'exclama subitement d'une voix triomphante :

-Te voilà ! Oui ! Je savais que tu t'étais planqué quelque part derrière la peluche défenestrée ! Je lui avais dit que je n'étais pas folle.

Il leva les sourcils lorsqu'ils comprit que la peluche qui ne ressemblait plus à un peluche était passée par une fenêtre, d'où son état. Pourquoi l'avoir jetée par la fenêtre ? Se demanda-t-il, apeuré de connaître la funeste histoire de cette peluche.

Pendant ce temps, elle brandissait une mini peluche -encore une autre- noire et percée d'aiguilles de part en part. On aurait dit un porc-épic. Ses cheveux avait une couleur jaune et des desseins rouges parcouraient le tissu.

Les yeux toujours agrandis de stupeur et d'incompréhension face à cette fille, le jeune homme ne put s'empêcher de demander, incertain :

-C'est … quoi ce truc ?

La jeune fille ne le regarda pas. Mais elle prit les mains de son voisin et y plaça le truc en question. Pendant ce temps, elle en profita pour remettre tout son bric-à-brac dans son énorme sac.

-Une poupée vaudou. T'en fait pas, elle n'est pas à ton effigie donc t'as rien à craindre, expliqua-t-elle. Par contre, j'en dirais pas autant du mec représenté, ajouta-t-elle en ricanant.

Effrayé par sa santé mentale sans doute fragile, il préféra ne rien dire et ne plus bouger. Excepté les matins où la morosité prévalait sur tout espoir de sentiment positif, le jeune homme en question était le premier à inspirer une certaine peur au vue de sa gaieté et sa bonne humeur continuelle au point où on se demandait s'il était entier dans sa tête. Mais là, il s'avouait être battu. Et il comprit à quel point ça pouvait être choquant pour les autres.

La jeune fille soupira de contentement en se détendant sur son siège et reprit sa poupée vaudou. En l'observant à la dérobée, il la vit lever sa main à ses cheveux pour en sortir une aiguille. Étonné de voir qu'elle pouvait s'accrocher un truc aussi dangereux sur le crâne, il la fixa sans comprendre. Elle piqua soudainement sa poupée au niveau du crâne en affichant un sourire inquiétant. Elle finit par suspendre la poupée à sa ceinture de chaînes de vélo grâce au fil d'usure.

Alors, elle se tourna complètement vers son voisin et le fixa intensément. Lui, ne savait plus où se mettre. Il devait avouer qu'il était légèrement effrayé par sa voisine de car mais ses yeux limpides l'incitèrent à parler sans -trop avoir- peur.

-T'es bizarre.

Oui, personne n'a dit qu'il allait sortir quelque chose d'intelligent non plus. La jeune fille continua de le dévisager de longues secondes durant et un sourire éclatant surgit sur ses lèvres.

-C'est souvent l'impression qu'ont les gens en me voyant. Mais qui peut savoir ce qui se passe dans ma tête après tout ? Qui me connait ? Peut-être que je suis une terroriste infiltrée dans le pays pour faire exploser les banques afin de ruiner l'économie. Ou peut-être que je suis une fille sortie tout droit d'un asile psychiatrique et que des médecins en blouse blanches sont à ma recherche parce que je peux être dangereuse envers les jeunes hommes blonds. Sinon tu peux aussi imaginer que je n'suis qu'une simple anarchiste révolutionnaire qui combat le gouvernement et qui veut faire éclater le système actuel. C'est toi qui voit, petit, débita-t-elle en faisant de grands gestes, un sourire ravi aux lèvres.

Partagé entre l'amusement et l'ahurissement, le jeune homme ne savait plus vraiment quoi penser d'elle. Cependant, une chose était sûre : cette fille était complexe et elle avait réussi à chasser sa mauvaise humeur. Intrigué de voir jusqu'où son originalité pouvait aller, il se contenta de dire :

-Je crois que je préfère encore l'anarchiste à la terroriste ou à la schizophrène.

-Mais c'est que tu réfléchis. Avec ta belle gueule, on pourrait penser que t'en à plus dans le slip que dans la tête, s'amusa-t-elle en balançant ses pieds sous l'espace étriqué du car telle une petite fille.

Il fronça les sourcils de mécontentement. En fait, elle n'était peut-être pas si différente des autres filles. Elle ne manquait pas d'air celle-là. Elle osait l'appeler mon mignon et mon ange, et par la suite, elle le descendait en flèche. Mais soudain ses paroles percutèrent d'une autre façon l'esprit du jeune homme.

-Attends … t'es vraiment une anarchiste ?

La jeune femme se contenta de le fixer en souriant, les yeux brillants. Soudain, le car scolaire s'arrêta en grinçant et les étudiants se levèrent précipitamment de façon à sortir rapidement du taudis glacé qu'était le bus. Il réalisa alors que sa voisine devait gelée ! Elle ne portait qu'un tee-shirt et une jupe. La fille se leva aussi, mais s'arrêta net :

-Mais tu m'as pas dit ! Comment tu t'intitules, mon ange ?

Le garçon mit quelques secondes avant de comprendre qu'en fait, elle lui demandait son prénom. Drôle de façon, se dit-il. Sans réfléchir, il lui lança :

-Naruto ! Et toi ?

La jeune fille sourit à l'entente de son prénom et répondit joyeusement :

-Sakura ! Anarchiste de son État, future terroriste mondiale et dangereuse schizophrène !

Naruto la perdit de vue lorsqu'elle se fit happée par la foule. Il avait un léger sourire amusé aux lèvres.

Deuxième Rencontre

Encore une fois, il s'ennuyait dans le froid du car sans chauffage. Il commençait à penser sérieusement que les transports en commun voulaient tuer les étudiants ! Même en ville, les bus étaient chauffés. Mais pas ceux-là. Il posa sa tête contre la vitre emplie de buée et ferma les yeux. Il devait avouer qu'il espérait voir arriver l'étrange jeune fille, Sakura. Il n'avait pas vu le temps passé la veille au matin alors que d'habitude, les trajets en car étaient d'un ennui monstre. Arrivé à l'arrêt attendu, Naruto la vit apparaître. Si hier, elle était habillée en couleur, aujourd'hui, ça ne changeait absolument pas.

Elle avait des bottes noires et luisantes, des collants roses troués, un short vert et un tee-shirt gris bariolé d'inscriptions diverses. Ses poignets étaient recouverts de bracelets en tout genre et ses cheveux étaient semblable à la veille. On aurait pu croire qu'ils étaient plus emmêlés que coiffés, d'ailleurs.

Lorsqu'elle le vit, Sakura s'installa d'office à côté de lui en dégageant la place du sac de Naruto. Autrement dit, il n'avait pas le choix. Il l'observa et lui fit remarquer dans un sourire :

-Tu pourrais demander avant de t'installer. Je décalerais mon sac.

-Ce serait un manque total de politesse, répliqua-t-elle en souriant.

Naruto leva un sourcil de scepticisme.

-On ne doit pas avoir la même notion du mot « politesse ».

Elle se tourna vers lui en perdant son sourire. Elle leva alors un doigt devant son visage, en un air savant.

-Tu confonds la politesse et l'hypocrisie, petit. Avoue que les gens qui rentrent dans ce bus n'en ont rien à faire de savoir si leurs voisins seront d'accord de les avoir à côté d'eux. S'ils demandent, c'est uniquement parce que tout le monde le fait. C'est dans les convenances. Mais au fond, on s'en fout ! La politesse, c'est le respect -or, personne n'en a pour personne ici-. Et l'hypocrisie, ce ne sont que des faux-semblants. Et je refuse d'être hypocrite. Mais ne crois pas que je n'ai aucun respect pour toi, si je ne te demande pas à toi précisément, c'est parce que je sais que tu aurais dit oui, finit-elle en fixant ses ongles vernis de jaune, l'air sérieux.

Naruto réfléchit quelques secondes avant de s'avouer que sa voisine n'avait peut-être pas que des idées bizarres. Certes, il fallait aller loin pour avoir ce genre de réflexions mais vu comme ça, ce n'était pas idiot. Il préféra cependant rétorquer d'un air mi-amusé, mi-vexé :

-Et pourquoi tu m'appelles petit ? Je suis plus grand et plus âgé que toi.

Il avait remarqué que Sakura devait sans doute atteindre le mètre soixante … à peine. Il la dépassait donc largement.

-C'est faux, mon ange. Je suis plus âgée que toi. Quant à la taille, tu ne me dépassais sûrement pas lorsque j'avais sept ans !

Naruto grimaça d'incompréhension. Si, elle était bizarre. Bizarre et fêlée. Mais elle l'amusait. Il réalisa alors qu'elle venait de lui dire qu'elle était plus vieille que lui. C'était impossible, lui-même avait tout juste dix-neuf ans et était à la fac. Lorsqu'il l'avait vue, il l'avait prise pour une lycéenne. Et encore, il était gentil. Mais si elle affirmait cet état de fait, c'est qu'elle-même connaissait l'âge de son voisin. Oh, compliqué tout ça.

-Quel âge as-tu ? osa-t-il demander.

-Question stupide. Mais comme je suis de bonne humeur, je vais te faire une fleur. J'ai … euh attends … oui, c'est ça … j'ai vingt-et-un ans et deux cent cinquante-sept jours, avoua-t-elle en farfouillant dans son sac.

Naruto sourit face à tant de précision. Mais en réalité, il était surpris. Surpris que cette fille ait passé la vingtaine et qu'elle ait encore un air si candide malgré son style.

-Et comment savais-tu que j'étais plus jeune que toi alors ?

Elle arrêta de remuer son sac et en sortit un gros bouquin. Ce devait être le livre qu'il avait trouvé si lourd. Elle s'exclama d'une voix un peu trop stridente pour les voisins grognons du car qui lui lancèrent des regards noirs :

-Trouvé ! Ah oui, ça c'est une question intéressante, petit. Et bien … non, en fait je ne vais pas te répondre.

-Pourquoi ? demanda-t-il, étonné.

Le car s'arrêta soudain et les étudiants se lèvent tels des automates. Sakura en profita pour s'élancer dans l'allée bondée en lançant un clin d'œil à Naruto.

-Parce que mon bouquin m'attend, s'exclama-t-elle en brandissant l'épais volume.

Le jeune homme blond soupira devant sa réponse.

Troisième Rencontre

Naruto soupira. Encore, oui mais cette fois-ci, il se trouvait à la bibliothèque qui avoisinait sa fac. Il étudiait actuellement pour entrer dans le cercle fermé de la politique et il lui fallait du calme pour revoir ses notes car l'examen de fin d'année sélectionnait rigoureusement les candidats. La politique était sans doute la voie qu'on ne lui aurait jamais attribué en le connaissant. Le blond était quelqu'un d'ouvert aux autres -excepté le matin- et il prônait l'amitié par dessus tout. C'était quelques chose qui n'existait quasiment pas en politique. Toujours se méfier de ses ennemis, comme de ses amis, lui avait-on dit. Cependant, il comptait bien percer dans le métier.

Actuellement, la petite bibliothèque de quartier n'abritait quasiment personne excepté une vieille dame qui parlait avec la libraire, une femme avec sa petite fille et lui-même. Naruto soupira à nouveau. Il était fatigué et bizarrement, il n'avait pas envie d'étudier. Il fixait le mur en face de sa table en pensant à son lit.

Mais un voile rose apparut devant ses yeux éberlués d'incompréhension. Il sursauta en voyant si près de lui un visage familier … à l'envers. Il cligna des yeux.

-Bonjour, petit.

Naruto se figea et comprit alors en sentant un corps derrière lui que Sakura se trouvait dans son dos et venait de balancer sa tète au dessus de lui à quelques centimètres de son propre visage, d'où sa vision d'elle inversée.

Un sourcil levé, il sourit et demanda, tandis que la jeune extravertie prenait une chaise à côté de lui :

-Tu me suis maintenant ?

-Oui.

Naruto ne s'attendait pas à cette réponse, il pensait simplement la taquiner mais la jeune femme avait de quoi lui clouer le bec.

-Et … pourquoi ? se risqua-t-il, amusé d'avance par sa réponse.

La jeune femme sortit de son éternel sac stylisé son énorme bouquin et le posa sans aucune délicatesse sur la table. Un gros bruit se fit entendre, attirant le regard agacé de la libraire.

-Faites moins de bruit là-bas, ronchonna-t-elle.

-Ne vous en faites pas. Je vous paierais le dédommagement, lança la jeune femme, distraitement.

Naruto eut un rictus. Le fait de s'être fait reprendre n'engageait en rien un quelconque dédommagement. Soit elle ne l'avait pas écouter, ce qui était peu probable, soit Sakura avait vraiment un problème avec le vocabulaire. D'abord, la politesse, ensuite le silence. Vraiment étrange, cette fille. Mais très distrayante.

Sakura continua de chercher dans son sac sous le regard éberlué de la libraire. Elle en sortit soudain une sucette emballée dans un papier mauve. Elle l'ouvrit, la porta à sa bouche et expliqua :

-En fait, je trainais dans le coin avec ma poupée vaudou quand je t'ai aperçu à travers la vitre de cette bibliothèque. A l'origine, je cherchais moi-même un endroit calme. Alors j'me suis dis que, tant qu'à tuer le temps, autant le faire à deux !

Et elle ouvrit son énorme volume. Mais malgré l'état vétuste de l'ouvrage, ses pages étaient aussi blanches que neige. Elle chercha encore une fois dans son sac et en sortit un crayon de papier à fourrure rouge. Naruto sourit devant l'image. Elle était habillée cette fois-ci d'un jean-short bleu, de collants jaunes rayés noirs avec un sweat violet déchiré aux manches. Il avait l'air d'avoir bien vécu d'ailleurs.

Intrigué devant son livre, il s'amusa à demander, s'attendant à une réponse farfelue :

-Puis-je savoir ce que ce livre possède de plus que moi pour que tu refuses de répondre à ma dernière question dans le bus ?

La jeune femme griffonnait quelque chose dans la marge du bouquin et dit :

-T'es capable de dessiner ton imagination ?

Il leva un sourcil en riant. Il s'amusait vraiment bien avec elle.

-Je ne vois pas vraiment ce que pourrait représenter mon imagination. Pourquoi ?

Sakura se tourna vers lui, sa sucette dans la bouche et dit très sérieusement :

-Parce que ce livre raconte l'histoire de mon irréel.

- ... Et ? fit-il sans comprendre. A quoi cela va-t-il te servir ?

-Pour mes études, mon ange.

Naruto écarquilla les yeux. Il n'avait même pas réaliser que la jeune femme, bien que plus âgée que lui, devait probablement être encore sur les bancs de l'école. Ou de la fac, plutôt. Il s'approcha et vit enfin le contenu du livre. La jeune femme, contrairement à ce qu'il pensait, n'écrivait pas dans la marge. Il n'y avait d'ailleurs aucune écriture lisible car toute la page était recouverte d'arabesques complexes, de formes géométriques et de paysages fantasques. La jeune femme tourna quelques pages en arrière ce qui permit à Naruto de comprendre que la quasi-première moitié du livre était recouverte de dessin. Aucun espace n'était épargné. Certaines pages du début étaient d'ailleurs magnifiquement colorées. Ce bouquin promettait d'être superbe.

Il écarquilla davantage les yeux devant le travail accompli et à accomplir.

-Mais qu'est-ce que tu dessines sur ce putain de bouquin ? demanda-t-il, ahuri devant le travail que cela représentait.

-Un peu de respect pour mon travail, petit, le réprimanda-t-elle devant son vocabulaire. Je ne critique pas le fait que tu veuilles percer en politique, moi. Et sache que ce livre raconte une histoire. Mais au lieu que cela soit une histoire rédigée avec des mots, je la dessine. Il y a des personnages, des lieux, des pensées et des réflexions aussi, comme dans n'importe quel livre.

-Et tu arrives à dessiner des réflexions ? demanda-t-il, perplexe, sans tilter sur sa phrase.

-Évidemment, mon mignon.

-Mais … tu fais des études de quoi, au juste ? demanda-t-il.

Sakura lâcha son stylo et regarda sa montre, perdue parmi ses dizaines de bracelets. Elle s'étira longuement, sa sucette toujours dans la bouche. Elle ferma brusquement son livre et le rangea dans son sac. Naruto se demanda comment ce sac rafistolé pouvait soutenir le poids d'un tel manuel.

-Je vais à la fac d'Art à l'ouest de la ville, ça semble logique puisque je dessine une histoire pour mon projet de fin d'étude. Maintenant, si tu veux bien mon chou, je vais t'abandonner tel un pauvre animal sur le trottoir.

Interloqué par ses petites découvertes et son « abandon » soudain, Naruto ne réagit pas tout de suite. Ce n'est que lorsqu'elle s'éloignait qu'il cria presque :

-Mais comment tu sais que je suis en politique ?

La jeune femme se retourna en lui faisant signe de la main.

Un large sourire amusé s'étira sur les lèvres de Naruto. Il était encore moins motivé à revoir ses notes qu'avant.

Quatrième Rencontre

Le jeune étudiant blond marchait tranquillement à travers le parc. Un de ses amis l'avait appelé plus tôt pour qu'il vînt passer la journée chez lui. Le blond avait alors décidé de s'y rendre en coupant par le vaste parc. Tout en marchant, il pensait distraitement à la jeune femme si différente qu'il avait eu l'occasion de croiser à trois reprises. Il s'amusait comme un gosse à côté d'elle. Ses réponses tordues, son comportement décalé, son style original la rendait incroyablement attractive, dans le sens où Naruto aurait bien aimé tuer le temps en sa compagnie. Sa joie et son look lui donnait un charme que Naruto n'avait découvert que chez peu de gens. Il devrait la présenter à Sasuke, se dit-il.

Cependant, perdu dans ses pensées avec un fin sourire aux lèvres, il ne s'attendait pas du tout à ce qui allait suivre. Un cri perçant résonna à sa gauche. Sans s'arrêter, il tourna son regard vers la voix et écarquilla les yeux. Une bicyclette montée par une fille dévalait la légère pente herbeuse pour se diriger à tout vitesse … sur lui ! Le choc le sonna.

Étalé au sol, il cligna des paupières et essaya de bouger un peu. Un poids se trouvait sur son ventre. Il grogna difficilement lorsque ce poids se dégagea et il entendit une voix aigu qui commença à déverser un flot de paroles en continu :

-Oh ! Je ne t'avais pas vu. Enfin si, mais j'ai pas pu m'arrêter. J'étais seulement sur ma super bicyclette qui vient d'être repeinte. C'est un pote qui me l'a fait. Gratos, en plus ! J'ai eu un accident sur la route avec il y a un mois, alors la peinture était éraflée et la chaine était complètement foutue. Mais je l'ai récupérée aujourd'hui ! Alors j'étais trop contente pour ne pas l'essayer tout de suite, tu comprends ? Je ne pouvais pas gâcher ma bonne humeur en me privant de ça. Du coup, je l'ai vite enfourchée et j'ai pédalé jusqu'au parc, mais manque de bol, je suis tombé sur toi. T'as pas mal au moins ? Ça serait dommage si je t'avais abîmé alors que ma bicyclette est neuve. Enfin presque, maintenant je dois m'occuper des freins. Faut avouer qu'elle a bien vécu quand même… t'es mort ?

Naruto ouvrit les yeux et crut rêver. Une fille se tenait debout devant lui. Elle avait une magnifique chevelure blonde et de grands yeux bleus clairs, férocement entourés de noir. Ses lèvres étaient couvertes d'un rouge à lèvre sans doute noir aussi et sa peau revêtait une pâleur cruelle. Il remarqua que ses oreilles étaient criblées de boucles d'oreille et piercing en tout genre et sa lèvre inférieure arborait un anneau d'argent en son milieu. La blonde portait une courte robe noire faite de voiles transparents et ses manches recouvraient ses mains blanchâtres. Des pendentifs argentés et de longues croix pendaient à son cou gracile. De nombreuses chaînes et ceintures étaient posées sur ses hanches et des collants transparents noirs soulignaient ses jambes. De grosses bottes à lacets arrivants aux genoux terminaient le tout. Naruto réalisa alors qu'il avait une véritable gothique devant lui.

Un peu perdu, il se releva et dit d'une voix très lente, les yeux agrandis par le choc :

-Je ne suis pas mort. Euh …

Il allait dire que ce n'était pas la faute de la blonde si elle l'avait percuté, mais il réalisa qu'elle ne s'était même pas excusée. Elle allait parler, lorsqu'elle fut coupée par une voix.

-Ino ! Je t'avais dit que ton pote n'était pas net. Il a pas réglé les freins !

Naruto ouvrit la bouche de stupeur et fixa Sakura qui arrivait à leur hauteur. Celle-ci l'observa un instant et sourit de toutes ses dents. Lorsqu'il les vit côte-à-côte, il ne put que sourire devant le contraste saisissant. Une gothique blonde à la peau blanche et une extravertie aux cheveux roses habillée de couleurs criardes. Trouvez l'erreur.

-Salut, petit. Elle t'a pas fait mal ? Je vous ai vu tomber du haut du parc. C'était franchement pas beau à voir. Quoi que tu aurais sûrement aimé, Ino. T'aurais pu immortaliser la scène grâce à une jolie toile bien sanglante.

La fameuse Ino, la gothique, dévisagea de haut en bas le jeune homme blond devant elle avec un air des plus sérieux. Elle se tourna vers la jeune femme aux cheveux roses et déclara gravement :

-C'est moi qui suis tombée et c'est toi qui vois mal. Non, mais regarde-le dix petites secondes. Ok, il a un visage d'ange mais je n'aurais jamais pu faire un tableau de notre chute, enfin ! Il est même pas blessé. Ça n'aurait eu aucun intérêt. A la limite, si son bras s'était retrouvé écrasé ou si sa tête était en sang, j'aurais pu en tirer quelque chose. Mais là enfin, Sakura ! Réfléchis avant de …

-D'où mon idée de la jolie toile « bien sanglante », coupa Sakura sans se départir de son sourire éclatant devant les propos inquiétants de la blonde.

Ino sembla réfléchir en observant le pauvre Naruto. Sous son regard bleu, il avait la furieuse impression d'être sonder, déshabiller, et disséquer. Mal à l'aise, il se contentait de la fixer, lorsque la blonde éclata de rire. Elle prit Naruto par les épaules, essaya de se hisser à hauteur de son visage et s'exclama, radieuse :

-Je sais ! Je sais, je sais, je sais, je sais ! T'es un génie, mon lapin ! J'ai trouvé ce que je vais faire pour mon devoir d'Art ! Oh mais il faut absolument que je te prenne comme modèle. S'il-te-plait, dis oui. Je t'en supplie … enfin, non peut-être pas quand même. Je te serais redevable par la suite mais pose pour moi !

Naruto se faisait secouer par les petits bras de la gothique blonde. Il voulait à tout prix se dégager et ne put que répondre :

-Oui, oui, je ferais ce que tu veux mais arrête de me secouer comme un prunier.

La jeune fille l'embrassa subitement sur la joue et sautilla sur place comme une gamine fière d'avoir eu son paquet de bonbon. Ino sortit un crayon et un morceau de feuille d'on ne sait où et écrivit quelque chose. Elle le mit dans les mains du blond puis elle enfourcha sa bicyclette en lançant joyeusement à Sakura, spectatrice de la scène :

-Je te vois demain ! Je dois préparer mes toiles. Bisou mon lapin et rappelle-moi, je t'ai donné mon numéro ! s'écria-t-elle en pédalant bien trop rapidement pour pouvoir s'arrêter sans frein.

Génial. Encore une folle qui lui donnait un surnom pourri. Naruto devait halluciner. Pourtant pour une gothique, cette blonde était vraiment joyeuse. Il regarda alors la jeune femme aux cheveux roses.

-T'as beaucoup d'amies comme ça ?

Sakura lui lança un regard étrange et rétorqua en s'allongeant sur l'herbe du parc :

-Ino n'est pas mon amie.

Naruto s'assit à ses côtés en oubliant totalement qu'il avait rendez-vous avec Sasuke. Il observait Sakura en fronçant les sourcils.

-Pourtant tu as l'air de bien l'aimer, constata-t-il.

Celle-ci l'observa en souriant devant la mine interrogative de Naruto. Elle crut bon d'expliquer le plus naturellement du monde :

-Ino est sans doute la personne que j'affectionne le plus, à une exception près. Et pourtant, je ne la considérerais jamais comme mon amie ! J'ai horreur de poser des mots sur ce que je ressens ou sur ce dont j'ai envie. Lorsque je suis heureuse, je le suis, c'est tout. Je ne cherche pas à savoir à quel point je peux aimer ou abhorrer une chose ou autre. Au final, ça donne trop de réflexions pour si peu de conclusions ! Et puis quand tu y penses, si un jour tu fais un sale coup dans le dos d'un ami, il te laissera tomber, ni plus ni moins. Alors tu avoueras que « les liens de l'amitié » semblent ténus par rapport au sentiment lui-même. On pourrait se demander si l'Amitié n'est pas un idéal erroné créé par l'Humain pour pallier à la solitude…

Le jeune homme l'observait en réfléchissant à ses paroles. Même s'il ne comprenait pas vraiment comment elle était parvenue à avoir un tel raisonnement, son point de vue n'était pas dénué de sens pour autant. Elle avait les arguments. Naruto se demanda même si la jeune femme assise à côté de lui n'était pas la plus lucide des deux, même s'il n'était pas des plus d'accords avec son jugement. Il se contenta de la fixer en souriant légèrement.

Sakura regardait pensivement le ciel en jouant avec une mèche de ses cheveux lorsque son voisin sauta sur ses pieds.

-Merde ! J'ai oublié que j'avais rendez-vous avec un ami … enfin un … euh … c'est un …

Sakura éclata de rire devant son bégaiement. Après la jolie tirade de la jeune femme aux cheveux roses, le pauvre étudiant ne savait plus comment définir son meilleur ami devant elle.

-Ce n'est pas parce que j'ai une conception particulière de l'amitié que tu es obligé d'adopter le même, petit.

-... et au fait, pourquoi Ino veut que je lui serve de modèle ? Qu'est-ce qu'elle va faire ? Demanda-t-il pour détourner la conversation en passant une main derrière sa tête, gêné.

-D'après toi petit, qu'est-ce qu'est Ino ? Rétorqua la jeune extravertie en se levant.

-Euh … une gothique.

-Exact. Et qu'est-ce qu'a dit Ino lorsque j'ai proposé de peindre une toile de votre chute ?

- ... Que ça manquait de sang ?

-Tout à fait. Si elle t'a invité dans son atelier afin de poser pour elle, c'est simplement pour ne pas en mettre partout lorsqu'elle te peindra, rit Sakura et s'éloigna en sautillant comme une enfant.

Naruto mit un certain temps avant de comprendre ce que cette phrase impliquait pour lui. La jeune femme s'étant bien éloignée, il cria à travers le parc :

-Elle va quand même pas me saigner pour peindre un foutu tableau ?

Il crut entendre l'écho d'un rire.

Cinquième Rencontre

-J'te promets, Sasuke ! Elle est différente, cette nana. Complètement décalée mais vraiment cool.

-En règle général, les artistes sont comme ça, dit doucement Sasuke, en pensant à un ami de son frère.

-T'as sans doute raison. Oh et j'ai aussi rencontré une autre fille avec elle qui était gothique. Le truc, c'est que le caractère colle pas vraiment. Elle est super joyeuse et bavarde ! s'anima Naruto afin de faire comprendre à son ami à quel point elles étaient étranges. Faudrait que tu la rencontres, ça t'aiderait dans ta fixité d'état d'âme, crois-moi !

Le dit Sasuke ne répondit pas mais sourit légèrement. Il était connu pour son calme à toute épreuve. Jamais Naruto ne l'avait vu s'énerver ou rire aux éclats. Si certains affirmaient que le grand brun était quelqu'un de distant, Naruto pouvait dire que c'était davantage de la réserve. De la timidité, il n'irait pas jusque là, pourtant Sasuke restait un jeune homme très calme et mesuré dans ses paroles. Il n'était pas quelqu'un d'expansif contrairement à lui-même. Mais le blond tenait à lui depuis le bac à sable.

Naruto se plaisait à lui expliquer les différentes rencontres qu'il avait eu avec Sakura. Mais le brun ne semblait pas vraiment le prendre au sérieux pour une raison mystérieuse. Il est vrai que croiser une fille pareille était peu commun.

Après quelques instants de marche, les deux amis se séparèrent finalement au bas d'un immeuble.

-Tu me diras comment s'est passé ta cinquième rencontre avec cette Sakura, demain, fit Sasuke en s'éloignant.

-Mais je ne l'ai rencontrée que quatre fois, tu m'écoutes quand j'te parle ou pas ? s'indigna Naruto.

Le brun sourit à cette remarque et désigna la rue d'en face. Naruto crut rêver lorsqu'il vit Sakura. C'était hallucinant de voir le nombre de fois qu'ils étaient tombés l'un sur l'autre par hasard en l'espace de deux semaines. Bizarre …

Naruto se détourna de son meilleur ami sans au revoir. Il ne vit pas son meilleur ami rire silencieusement en rentrant chez lui.

-Sakura !

La jeune femme se retourna en souriant à l'entente de cette voix.

-Salut, petit !

-Tu pourrais arrêter de m'appeler comme ça à chaque fois qu'on se voit ? Soupira-t-il en rejoignant Sakura de l'autre côté du trottoir.

-D'accord, mon ange, mais là je suis pressée. Alors sois tu m'accompagnes, soit tu me suis, proposa-t-elle.

-Mais … tu n'me laisses pas le ch …

-Merveilleux ! Aller, viens ! S'écria-t-elle en prenant le poignet du jeune homme pour l'entrainer dans son sillage.

Quelques détours de rues plus tard, devant l'enseigne d'un magasin.

-Rappelle-moi pourquoi c'était si urgent d'acheter un paquet de bonbons, fit Naruto, perplexe.

-Je n'avais plus de sucettes à la violette et c'est le seul magasin de la ville qui en vend, expliqua-t-elle en déballant une sucette de son papier mauve devant la devanture.

Naruto se souvint avoir déjà vu cet emballage lorsqu'il était à la bibliothèque. Mais il fut surpris du parfum. Il n'avait jamais mangé de fleur et franchement, ça ne le tentait pas plus que ça. Il demanda stupidement en la voyant la mettre dans la bouche avec un air satisfait :

-T'aimes la violette ?

-Non, en réalité j'ai horreur de ça. Tu viens ? J'irais bien m'asseoir quelque part, répondit-elle naturellement.

Naruto la suivit en se demandant si elle venait de se payer sa tête ou si elle était sérieuse. Après tout, il s'attendait à n'importe quoi avec elle désormais.

-C'était de l'ironie ou tu détestes vraiment la violette ?

-Non, non je suis sérieuse. Je déteste ce parfum, fit-elle en cherchant quelque chose du regard.

-Mais … pourquoi t'en manges alors ? s'écria Naruto, perdu.

-J'aime beaucoup la couleur, dit Sakura en s'arrêtant devant un banc visiblement branlant.

La jeune femme s'assit dessus et commença à tresser ses longs cheveux qui étaient jusque-là totalement détachés sur son épaule gauche. Naruto s'assit à côté d'elle. Il soupira puis sourit. Décidément, il n'allait jamais pouvoir la suivre dans ses raisonnements. Mais ça changeait les moments lorsqu'il était avec elle. Il ne s'ennuyait jamais.

Une question surgit dans son esprit en la voyant terminer la natte. Natte qui atteignait son bassin lorsqu'elle était assise.

-Je me demandais. C'est une couleur, tes cheveux ?

La jeune femme se mit à rire en faisant un nœud dans ses cheveux pour boucler sa natte. Elle tourna son regard vert d'eau vers le blond et lui répondit doucement :

-Évidemment. Des femmes aux cheveux roses, ça ne court pas les rues, mon ange.

Naruto sourit d'un air contrit avant d'ajouter :

-Mais pourquoi rose ? Et du coup, quelle est ta couleur naturelle ?

-Tu poses beaucoup de questions ! Parfois, il est préférable de ne pas savoir, tu sais, sourit-elle en balançant ses jambes d'avant en arrière comme une enfant à la balançoire.

-En plus de la violette, tu détestes ta couleur de cheveux, c'est ça? devina-t-il.

-Oh, non ! Je ne la déteste pas. C'est juste que être brune, c'est terriblement banal.

Naruto la fixa avec stupeur et comprit. Il éclata de rire. Finalement, il se calma et s'expliqua :

-Tu as peur de ressembler à tout le monde, c'est ça ? Mais même si tu n'avais pas un style aussi différent, tu ne serais jamais banale, Sakura !

La jeune femme le regarda avec surprise. C'était étrange, d'ailleurs car c'était la première fois que Naruto voyait autre chose qu'un sourire ou un air d'agacement sur son visage. Il lui sourit et elle y répondit.

-Merci, mon ange.

Il soupira devant le surnom.

-Mais tu ne m'as pas répondu. Pourquoi rose ?

-Simplement parce qu'avec un groupe de jeune dans ma fac, on s'est lancé le défi de se teindre les cheveux d'une couleur improbable, fit-elle en souriant. A l'origine, je voulais rouge, mais certains avaient déjà pris cette couleur. Du coup, j'ai pris rose. Et finalement, je m'y suis habituée et j'aime bien.

-Vous êtes tous comme ça dans ta fac ou c'est juste le palmarès ? s'enquit le jeune homme, peu habitué à ce genre d'ambiance dans sa propre fac.

-Oh ! Mais tous les étudiants en Arts ont quelque chose de spécial. En général, on dit que les artistes sont décalés. Quelque part, c'est vrai ! Regarde-moi, fit-elle en se levant du banc face à lui.

Naruto sourit. Aujourd'hui, elle avait une jupe-salopette en jean, recouverte de traces de peintures colorées. Un tee-shirt jaune lui couvrait partiellement les bras. Sur ses jambes reposaient des collants opaques verts et ses éternelles bottes noires luisantes ornaient le tout. Ses cheveux tressés dévalaient son corps pour atteindre sa taille.

Le jeune homme sourit et lui présenta le banc pour qu'elle se rassoit. Chose qu'elle ne fit qu'à moitié car elle préféra s'asseoir sur le trottoir en face de Naruto.

-J'y pense. C'est assez étrange de se croiser aussi souvent. Jusqu'à il y a deux semaines, je ne t'avais jamais vu et maintenant on ne fait que se rencontrer.

Sakura ne répondit pas, se contentant de le fixer avec un sourire. Naruto plissa les yeux et fit d'une voix lente et hésitante :

-Ce n'est pas un hasard ?

-Qui sait ! s'exclama-t-elle en se relevant.

-Attends … tu me suis vraiment ? demanda-t-il, abasourdi.

La jeune femme se pencha pour porter son visage à hauteur de celui du blond assis. Naruto ne bougea pas, trop hébété.

-Je te suis vraiment, déclara-t-elle. N'oublie pas que je suis une dangereuse schizophrène !

Sur ces mots, elle déposa un baiser furtif sur les lèvres du blond ahuri et s'éloigna rapidement d'un pas dansant.

Naruto ne bougeait toujours pas.

Sixième Rencontre

Il cherchait. Il regardait partout où son regard le pouvait. Mais il y avait trop de monde pour qu'il pût la repérer parmi la foule d'étudiants. Étudiants qui le fixaient par moment, comme s'ils savaient que le blond ne faisait pas parti de leur fac d'Art. Mais il les ignorait. Tout ce qu'il voulait, c'était retrouver la jeune femme qui l'avait laissé stupidement seul sur un banc. Il l'avait mal sentie passer celle-là.

Soudain son regard fut attiré par une longue chevelure blonde. Aucun doute sur l'identité de la propriétaire. Il fonça vers elle et tomba sur un large groupe de personnes aux physiques tous plus originales et étranges les uns que les autres. Un avait une collection de piercing impressionnante sur le visage, une autre avait une rose en papier accroché dans ses cheveux bleus, un gars avait, lui, une tignasse de cheveux d'un rouge particulièrement soutenu … Naruto se dit que c'était probablement « le groupe de jeune » dont Sakura lui avait parlé. En parlant d'elle, il la trouva juste à côté de la gothique blonde.

Ino le vit et elle s'écria :

-Hey mon lapin ! T'as décidé d'entrer dans la fac d'Art maintenant ? Oh, mais ça tombe bien ! Ça sera plus facile pour te peindre.

Le groupe au complet se retourna sur lui. Il n'y prêta pas attention et se plaça devant la jeune femme aux cheveux roses avec un air décidé sur le visage. Il croisa les bras sur sa poitrine et fit d'un air sévère :

-Je veux des explications. Et cette fois, tu ne pars pas en me laissant encore une fois comme un débile avec des questions plein la tête.

Sakura le regardait d'un air mi-amusé, mi-inquiet. Elle lança au groupe qu'elle les rejoindrait plus tard et quelques-uns lancèrent des regards peu avenants au blond. Il les ignora et prit le poignet de la jeune femme pour l'entraîner plus loin.

Une fois éloignés, Sakura lui sourit et dit :

-Allez, petit. Dis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Et vas-y vite parce que j'ai un cours sur l'Histoire de l'Art dans dix minutes.

Naruto la regarda avec des yeux agrandis. Elle osait poser des conditions. Il se reprit cependant et demanda, énervé :

-Tu me suivais vraiment ou c'était une « blague » ?

-Hum … je ne pensais pas que tu commencerais par là, dit-elle en perdant son sourire. Et bien, oui et non.

-Ah, non, non, non. On arrête avec les devinettes. Là, je suis pas d'humeur. Tu sais certaines choses sur moi qui deviennent étranges -comme mon âge ou ma percée en politique-, tu m'embrasses, tu me laisses en plan comme un idiot, je ne te vois plus pendant deux semaines et je dois en plus venir te chercher dans ta fac ! Sache tout de même au passage que je viens ici en séchant moi-même mes cours ! s'exclama-t-il, en colère cette fois.

-Ok, soupira la jeune femme. Alors … sache toi aussi que, avant de m'asseoir à côté de toi dans le car la première fois, je t'avais déjà vu auparavant. Et je m'étais plus ou moins renseignée sur toi, avoua-t-elle d'une voix naturelle mais les yeux détournés.

Naruto ne sut quoi dire devant cette réponse. Il était hébété, ébahi, abasourdi, autant d'adjectifs pour décrire son état actuel. Et il ne comprenait pas. Il la laissa donc continuer.

-Après ça, je « provoquais » plus ou moins nos rencontres. Je savais que tu passais souvent dans cette librairie, et je savais aussi que ton ami habitait là. Pour Ino, c'était totalement inattendu ! se rattrapa-t-elle en voyant l'air méfiant du blond.

-Mais pourquoi tu me suivais au juste ?

-Je sais pas trop, répondit-elle vaguement.

-Mais pourquoi tu m'as laissé deux semaines comme ça ! Surtout après m'avoir embrassé ! ajouta-t-il en s'approchant, peu commode par rapport à ces réponses évasives.

Sakura sourit d'un air triste et avoua :

-C'était une sorte de test. Je voulais savoir si tu chercherais à me revoir après ça.

-Mais pourquoi ? demanda Naruto, perdu.

-Réfléchis, mon ange ! Si tu ne venais pas à moi, je t'aurais laissé tranquille. Mais si tu me retrouvais comme je l'espérais, alors …

Sakura s'approcha en souriant d'un air ravi et souffla :

-Ça voulait dire que tu tiens un tant soit peu à moi.

Naruto la regardait d'un air choqué. Oui c'était ça. Il était choqué et particulièrement énervé de tout le temps qu'il venait de perdre pour ça.

Sakura perdit son sourire devant la mine du blond.

-Ou alors c'était simplement pour avoir des réponses, fit-elle d'une voix faible.

-T'es vraiment qu'une idiote ! grogna-t-il.

Brusquement, il lui agrippa la taille et plongea sur ses lèvres. Naruto la sentit hésiter avant de finalement passer ses bras autour du cou du blond. Il sentit qu'elle souriait sur ses lèvres. Énervé malgré tout qu'elle l'ait fait poireauter pendant deux semaines pour un stupide test, il la serra davantage contre lui et voulut approfondir le baiser. Mais avant qu'il n'ait pu touché sa langue, elle se dégagea de lui.

Naruto aperçut son visage radieux.

-Qu'est ce qu'il y a ? demanda-t-il, mécontent qu'elle se soit reculée.

-Ça a sonné, répondit-elle, retrouvant sa voix chantante.

Naruto leva les yeux et vit effectivement que tous les étudiants étaient rentrés excepté le groupe d'étudiants bizarres qui accompagnait Ino et Sakura. Ce groupe les fixait d'ailleurs.

Gêné, il plongea sa tête dans les cheveux de la jeune femme pour cacher son embarras et il l'entendit rire.

-Ne me fais plus faux-bond comme ça. Sinon, je vais foirer mes études à force de venir te chercher, ajouta-t-il le visage réjoui en reculant sa tête.

La jeune femme éclata de rire et elle se détacha de lui pour s'éloigner en direction de son groupe.

-Promis, Naruto !

Il fut surpris d'entendre son prénom sortir de sa bouche. C'était la première fois qu'elle l'appelait comme ça. D'ordinaire, c'était mon ange, mon chou ou petit. Jamais Naruto.

Il lui sourit avant de l'interpeller à nouveau :

-Au fait, Sakura ! Tu m'as toujours pas répondu.

Sakura se retourna vers lui et l'invita à s'exprimer d'un regard interrogateur. Un large sourire éclaira le visage enchanté du blond et celui-ci lui cria :

-T'es vraiment une anarchiste ?