Bonsoir! :)

Je me présente, je suis Layla Guilden - c'est le nom du personnage principal d'un roman que je sus en train d'écrire, en fait :) - j'écris depuis des années (surtout des poèmes en fait...) et ceci est ma première fanfic *stressée*. J'ai beaucoup hésité avant de me lancer, mais aujourd'hui, l'inspiration est venue, et je me suis laissée guider...

Le texte est actuellement inspiré d'une discussion que j'ai eue avec un très bon ami sur nos influences l'un sur l'autre, et j'ai trouvé que ses mots pourraient parfaitement coller dans la boucle de notre séduisant détective *_*

Cette fic sera peut-être traduite en anglais, si les échos que je reçoit pour la version française sont bons :)

N'hésitez pas à me donner un avis, donc, j'en ai même absolument besoin pour être rassurée à propos de mon 'talent' *kof kof*

Evidemment, je ne détiens pas les droits sur la série Sherlock, ni sur Benedict Cumberbatch et Martin Freeman. Même si ce n'est pas l'envie qui me manque ;)


La toute première fois où j'ai rencontré Sherlock Holmes, j'ai compris que ma vie venait de prendre le plus grand de tous les tournants de mon histoire.

Au départ, lui et moi étions juste collègues, comme il se plaisait à le rappeler. Nous nous étions associés par facilité, parce que rien à ce moment-là ne s'y opposait, et parce que, dès le départ, nous avions senti en l'autre ce qui nous manquait à chacun. Il savait lire les gens, je me laissais guider et piétiner par eux. Je connaissais les émotions qu'il refusait de laisser émerger en lui.

Sherlock est un pur génie de l'observation, ce qui ne l'empêche pas d'être aussi un fameux égoïste, un homme froid et stoïque, et, au fond, un sacré connard. En tout cas, la plupart du temps, et avec la plupart des gens. Ce serait me vanter que d'affirmer que peut-être son comportement change en ma présence, mais je ne peux m'empêcher de repenser à tous ces moments où il a baissé sa garde devant moi, et je suis à peu près certain que oui, je suis quelqu'un de spécial pour l'incroyable être humain qu'est Sherlock Holmes.

Il est assis dans le salon en ce moment, et je le regarde travailler, plongé dans les documents concernant l'affaire en cours. Il tourne les pages à une vitesse impressionnante, en maître de la lecture en diagonale, et repère comme on respire les erreurs les plus flagrantes en un battement de cils. Son ordinateur portable sur les genoux, il compulse les informations recueillies en un documents virtuel mieux organisé, et plus accessible. Sherlock Holmes, roi de l'organisation, est pourtant un colocataire désordonné, qui laisse trainer chemises et draps de lit sur le canapé.

La scène a un côté domestique. Je sais que je ne devrais pas rester là, à le fixer, à l'examiner, mais je repense aux mots que nous avons échangés récemment, à ce qu'il m'a dit, et à cette sorte de douceur dans la façon qu'il a de s'adresser à moi depuis peu. Alors que je commence petit à petit à faire mes propres déductions, Sherlock explore ses sentiments et la façon qu'il a de les exprimer. Découvrir l'amitié lui a probablement été bénéfique, dans un sens.

Je souris à cette pensée, à la simple idée que je suis l'ami de cette créature extraordinaire. Me dire que j'ai réussi à voir au travers de sa carapace, que je peux dire ce qu'il pense à la façon dont il fronce les sourcils, ce qu'il ressent à la manière dont il serre les poings. Je me sens tellement fier d'être là, dans la chaleur de notre salon, un soir de mars, et de pouvoir simplement rester assis à le regarder, à le contempler. Ce n'est pas de l'observation. Je porte sur Sherlock Holmes le regard que certains réservent aux œuvres d'art. Et je le fais consciemment.

"John ?"

Je ne peux m'empêcher ni de sursauter en étant violemment sorti de ma rêverie ni de frissonner en entendant le son de sa voix. Une voix profonde, insidieuse, étourdissante…

"John !"

"Oh, désolé, Sherlock, j'étais perdu dans mes pensées. Un problème ?"

"Quel genre de pensées ?"

"Pardon ?"

"Sincèrement, John, cela fait au moins dix minutes que tu me fixes, et que ton expression passe sans transition de la contemplation à l'inquiétude, et je crois avoir vu toute la gamme de tes sourires défiler sur ton visage. A quoi pensais-tu ?"

"Euh… Je ne me souviens pas t'avoir vu lever la tête, alors comment diable… Non, oublie ça, je ne veux pas savoir. "

"John, je ne voudrais pas me répéter, mais tu étais plongé très profondément dans tes pensées. Ce qui explique que tu n'aies pas remarqué que je te fixe également depuis cinq bonnes minutes."

"Oh." Ce qui voulait dire je venais d'être disséqué sous tous les angles. Fantastique.

"Alors ?"

"Rien d'extraordinaire, à dire vrai. Je me remémorais certaines de nos aventures, et je me disais que j'avais énormément de chance d'être l'ami du grand Sherlock Holmes. Je me disais que j'avais beaucoup appris en matière de déduction et d'investigation, et j'espérais t'avoir apporté quelque chose en échange."

Un long silence suivit ma réponse. Sherlock semblait contemplatif, et je ne savais pas si je devais me sentir rassuré ou inquiet. Je détournai mes yeux de lui pour regarder au dehors les passants de Baker Street. J'étais en train de me demander si notre voisine d'en face était chez elle ou pas lorsque Sherlock me sortit une nouvelle fois de ma rêverie.

"Je pense qu'il serait ridicule de dresser maintenant le bilan de ce que nous nous sommes apporté l'un à l'autre, n'est-ce pas ? Il est beaucoup trop tôt pour organiser ce genre de listes. Il n'y a pas assez de données que pour arriver à une classification concluante de nos influences respectives. Même si j'admets que certaines choses sont d'ores et déjà observables, nous ne pourrons faire un véritable bilan que sur notre lit de mort. Pas la peine donc de s'attarder là-dessus."

Je ne peux m'empêcher de me sentir légèrement blessé par les mots de mon ami. Il a raison, évidemment – il a toujours raison. Je n'ose pas lui dire que je dresse au jour le jour les moindres changements dans mes habitudes, dans mes réflexions, dans la façon dont j'envisage le monde. Par contre, je suis incapable de savoir s'il a changé en rien à mon contact, si en tout cas il sent que quelque chose a changé. Je me surprends à soupirer doucement, et je courbe l'échine pour appuyer mon front contre le bois sombre du bureau.

"John ?"

Le ton est plus doux, presque inquiet. Je lève les yeux et croise son regard. Il s'est levé et se tient à quelques pas de moi, à côté du canapé. Je me laisse emporter par le bleu presque métallique de ses yeux. J'aime comment ses iris, d'ordinaire si froids, peuvent s'illuminer et devenir chaleureux lorsqu'il sourit, ou quand il va jusqu'à rire…

"John ? Tout va bien ?"

"Oui, Sherlock, tout va parfaitement bien."

"Je ne pense pas… Tu pleures, John."

Je porte mes mains à mon visage pour me rendre compte qu'il a raison, que des larmes coulent sur mes joues sans que rien puissent les arrêter. Dieu, que j'aimerais le faire rire, que j'aimerais que le métal de ses yeux soit toujours réchauffé par un sourire, comme j'aimerais que cet homme soit heureux !

J'essuie lentement mes joues, et je lui souris.

"Tout va bien, Sherlock. Une émotion de passage. Tout va bien."

Je prends mon air le plus rassurant, j'arbore mon plus beau sourire, celui qui monte jusqu'à mes yeux, et qui fait toujours sourire mon colocataire en retour. Cette fois-ci ne fait pas exception, et Sherlock récompense mes efforts avec un sourire de son cru, illuminant son visage déjà si séduisant.

"Thé, Sherlock ?"

Les mots magiques, ceux qui mettent fin à toute discussion. Il me répond d'un hochement de tête, et je me dirige lentement vers la cuisine, concentré sur cette petite tâche quotidienne, pour fuir mes propres pensées.

Le temps s'écoule lentement pendant que nous sirotons notre thé. Je me suis installé sur le canapé, en face du fauteuil dans lequel Sherlock travaille, et je le regarde boire doucement une gorgée de thé, toujours concentré sur l'affaire en cours. Ou du moins, c'est ce que je crois.

"John ? Je suis dans le regret de te dire que tu m'observes encore."

Pris par surprise, je manque de laisser tomber ma tasse de thé, que je pose sur la table basse avant de répondre.

"Désolé, Sherlock. C'est assez apaisant de te regarder travailler. Et assez agréable aussi."

"Plait-il ?"

J'essaye de combattre, sans succès véritable, la rougeur qui me monte lentement aux joues.

"Je veux dire… C'est l'expression de ton visage qui… Enfin…"

Je n'arrive pas à croire que je sois en train de m'enfoncer comme ça... Mieux vaut opter pour le silence.

"John..."

"Désolé, Sherlock, je réfléchis un peu trop en ce moment."

"Je vois ça. Quelque chose en particulier retient ton attention ?"

"Je... Je ne sais pas, Sherlock, je pense à tout ce qui a changé dans ma vie récemment, et je n'arrive pas à décider si j'en suis heureux ou non."

Je laisse ma tête reposer sur le dos du canapé et je contemple le plafond, attendant la réponse de mon colocataire. Je ne suis pas sûr qu'il va me répondre d'une manière ou d'une autre, mais je ne sais pas vraiment quoi dire moi-même, et je me concentre sur les fissures qui courent entre le lampadaire et le mur qu'orne la cheminée.

"Des regrets ?"

Surpris à nouveau par la soudaine réaction de mon ami, je sursaute légèrement. Lorsque je tourne mon regard vers lui, je remarque que son visage est toujours tourné vers son écran, bien qu'il ait cessé de taper sur le clavier.

"Aucun regret, Sherlock, aucun."

La tension semble s'échapper lentement de ses épaules, comme s'il était soulagé d'un poids, et la valse de ses doigts reprend de plus belles sur les touches noires et blanches de son ordinateur.

Pense-t-il vraiment que je puisse regretter une seule seconde de cette nouvelle vie en sa compagnie? Je ne regrette rien, non. Les poursuites en taxi, les courses folles dans les rues de Londres, les bagarres avec les criminels, les longues séries de déductions où chaque nouvel engrenage qui se met en route allume une étincelle dans les yeux de l'homme incroyable qui m'a accepté dans sa vie... Impossible de regretter quoi que ce soit.

Sherlock s'est à nouveau arrêté de taper. Nos regards se croisent, et je sens la tension monter à nouveau, comme s'il se posait à son tour mille questions et qu'il n'osait pas les laisser franchir la barrière de ses lèvres.

"Sherlock ?"

"Moi non plus je n'ai pas de regret."

Un instant, mon cœur cesse de battre, pour reprendre vie à un rythme frénétique.

"J'en suis très heureux, Sherlock."

Mon sourire monte jusqu'à mes yeux, et à ce rythme-là, il va s'étirer jusqu'à mes oreilles. Sherlock ne regrette pas que je sois là, avec lui. Il n'a pas envie que je m'en aille, il a probablement aussi peu envie que moi que tout cela s'arrête. C'est parfait, tout est parfait.

Le thé, dans la tasse abandonnée, est devenu froid. Le trajet qui me conduit jusqu'à la cuisine pour la remplir à nouveau me fait passer à côté de mon colocataire, et je m'empare de sa tasse également, par habitude. C'est devenu une routine, le fait de toujours faire du thé pour deux. J'ai du mal à comprendre pourquoi le fait d'avoir des habitudes avec Sherlock fait naitre une sensation étrange dans mon estomac.

Je dépose la tasse pleine à portée de sa main en retournant à ma place sur le canapé. Le bruit sec de l'ordinateur qui se referme me fait sursauter. Sherlock se lève, s'empare de sa tasse, et vient s'asseoir à côté de moi, étendant ses jambes interminables sous la table basse. Il boit lentement une gorgée de thé brulant et ferme les yeux, savourant la sensation de chaleur et celle du sucre courant dans ses veines.

Le silence s'étire, tout doucement, à travers la pièce. Je souris en repensant à ce que ma mère disait du silence quand j'étais enfant, qu'il était comme un chat : il pouvait s'étirer, se faire paisible ou agressif, ne pas se faire remarquer ou être incroyablement perturbant. Le chat de notre silence, à ce moment, se contente juste d'être là. Il dort doucement sur les genoux de Sherlock, et se contente de ronronner pour attester de sa présence. Mais mon ami a visiblement décidé de secouer le chat.

"John ?"

"Oui, Sherlock ?"

"Je suis désolé si j'ai été blessant tout à l'heure. Je ne voulais pas dire que rien n'avait changé dans ma vie depuis que nous avions commencé à travailler ensemble. Je voulais juste te faire comprendre qu'il n'est pas facile, même pour moi, de savoir jusqu'où va l'influence que nous avons l'un sur l'autre. Je remarque que tu es plus observateur, et moi moins fermé, mais ça ne va pas plus loin que ça. Je sais qu'il y a une influence mutuelle, et cela me suffit."

J'en ai le souffle coupé. Sherlock avait en fait vu que ce qu'il avait dit m'avait blessé. Il avait été attentif à ce point-là, au point d'être lui-même troublé par ma réaction et d'y réfléchir, pour comprendre le cours de mes pensées et trouver les mots justes pour que je comprenne le sien.

"John ?"

Je suis encore resté silencieux trop longtemps. Je secoue doucement la tête.

"Tout va bien, Sherlock. Encore une fois, tu es tombé juste. Merci."

"Merci ?"

"D'avoir pris le temps de m'expliquer ça. D'être le plus incroyable et le plus exaspérant de tous les colocataires. D'être Sherlock Holmes, d'avoir raison sur tout. De m'avoir fait une place dans ta vie, dans ton espace. De laisser trainer des expériences dans le frigo et de toujours trouver les bons mots pour te faire pardonner. Merci, Sherlock."

Un instant, il semble complètement décontenancé, à cours de mots. Sa tasse vide va rejoindre la mienne sur la table basse, puis il se laisse retomber contre les coussins. Je peux presque voir tourner à pleine vitesse les rouages de son incroyable intellect. Lentement, il lève les yeux vers moi et me regarde droit dans les yeux. Je me laisse à nouveau emporter par le métal de ses iris, incroyablement chaleureux, étrangement. Mon cœur s'emballe légèrement à l'idée que, peut-être, ce sont mes mots qui ont réchauffé le gris de ses prunelles...

"C'est moi qui devrait te remercier, John. J'ai passé toute ma vie dans la plus infernale des solitudes, à attendre sans jamais vouloir me l'avouer que quelqu'un s'arrête, me regarde, et me comprenne vraiment. Certains sont juste passés dans ma vie. Mais toi, John, tu es le seul qui soit resté. Le seul à supporter chaque jour mes caprices, mes humeurs, mes lubies. Alors c'est à moi de dire merci, John. Merci d'être resté. Merci d'avoir rempli le vide de mon existence."

Les mots me manquent. Je ne pense pas que les mots soient suffisants, d'ailleurs. Alors je fais la seule chose qui me semble cohérente qui me traverse l'esprit à ce moment-là : je me penche lentement vers Sherlock et j'entoure ses épaules de mes bras, dans une étreinte douce, mais ferme, à travers laquelle je laisse transparaitre toute la tendresse, tout l'amour que j'ai pour cet homme...

'Est-ce que je viens juste de penser que j'aime Sherlock ?'

Lentement, ses bras se glissent autour de ma taille et il me rend mon étreinte, presque désespérément. Je réalise que Sherlock doit manquer de contact physique autant que moi, à ce moment-là. De ce qu'il m'a dit de son enfance, il n'a pas été énormément câliné par sa mère, et j'imagine mal Mycroft Holmes prendre son petit frère dans ses bras. Je réalise toute l'importance que mon geste doit avoir pour lui, et je suis soulagé de ne pas avoir gâché ce moment de douceur entre nous.

Je caresse doucement ses boucles sombres et je sens la tension contenue dans son corps s'en échapper petit à petit. Quelques minutes plus tard, sa respiration devient égale, et je me retrouve assis dans le canapé, les bras pleins d'un Sherlock profondément endormi. Je contemple son visage, paisible, débarrassé de son habituel froncement de sourcils ou de tout sourire narquois. Je sais qu'il ne dort pas souvent, et je n'ai pas le cœur à le réveiller. J'arrange délicatement nos membres sur le canapé pour qu'aucun de nous ne se retrouve courbaturé au réveil, et je m'endors paisiblement, noyé par l'odeur de Sherlock et drapé dans sa chaleur.

Alors que je dérive lentement vers le pays des songes, j'accorde une dernière pensée à mon adorable et exaspérant colocataire, à peine conscient de toute la tendresse contenue dans le simple 'merci' qu'il m'a adressé.


J'espère que ça vous à plu! :)

~ Layla