title 524 Loud & Clear
sommaire Dans un slum où les guerres de gangs font rage et se mêlent au cannibalisme, la bande Matryoshka met de l'ordre en secret. Gumi, ancienne championne de base-ball, se retrouve enrôlée dans la légende... Basée sur plusieurs chansons Vocaloid.
pairing
sans
rating
ça variera de T à M

a/n : Aah, la frénésie xD Puisque ce sont les vacances, j'ai cette folie, cette envie d'écrire. En écoutant de nombreux mashups, des medleys, j'ai eu envie d'écrire ça. Ca sera l'une de mes prochaines séries, en plus d'Hikky's Daughter, une fanfic en anglais que je vais publier prochainement. Ouais je sais que j'ai Orchestral, mais j'ai comme qui dirait l'angoisse de la feuille blanche dessus.

Et oui, c'est librement inspiré de Matryoshka, et de pleins d'autres chansons. Vous verrez.

*Paru Café


524 Loud & Clear


Le soleil se couchait. Le ciel, d'un jaune pisse, se mariait avec la couleur saumon du coucher de l'astre.

Gumi prit une grande respiration. Elle s'avança parmi les décombres puants, ses yeux d'un vert glacial cachés par ses longues mèches noires en bataille. Elle enfonça les mains dans les poches de son sweat-shirt rouge à capuche, arquant le dos, la tête rentrée dans les épaules. Carapace. Une tortue. Ses lunettes glissèrent sur son nez, qu'elle remonta d'un coup sec avec son index et son majeur.

Elle savait bien qu'elle était folle de faire ça. Rentrer dans la déchetterie, en sachant pertinemment que cela risquait de signer son arrêt de mort. Sur les carcasses de voitures abandonnées, des tags de smiley aux yeux déments la dévisageaient, riant silencieusement de cette jeune femme. Un rat couina, recouvert de peinture couleur violette à pois roses, la dévisagea une fraction de seconde avant de détaler devant elle. Elle déglutit et avança, une des mains au fond de ses poches serrant un canif.

Son pied buta contre une boîte de conserve. Elle donna un grand coup dedans, et l'objet cylindrique vola dans les airs avant d'atterrir sur un mur couvert de tags fluo avec un bruit métallique. Gumi déchiffra l'écriture stylisée, pour comprendre des mots sans aucun sens. Ce qui revenait souvent était Kalinka ? Malinka ? ainsi que le chiffre 524. Elle s'approcha, et effleura des doigts le muret. Soudain, un léger bruit attira son attention par-dessus les poubelles. Elle tourna la tête à une vitesse hallucinante, au point de se craquer la nuque. Ses réflexes prirent le dessus et elle sentit serrer le canif dans sa poche plus fort que d'habitude.

Si seulement elle pouvait calmer ce stupide cœur.

-Yo, fit une voix haut perchée.

Gumi sursauta. Elle avait beau plisser des yeux, elle ne voyait personne. Elle remonta ses lunettes avec son épaule. La voix venait de partout et de nulle part en même temps. Un écho. Des tiges de métal, sûrement des antennes de télévision, servirent de diapason et tremblotèrent en émettant une vibration cristalline. La voix reprit la parole, dénuée d'animosité mais pleine d'arrogance.

-Tu as l'air tendue, chérie.

-Elle est totalement aléatoire, Mi'. Fit une autre voix- féminine, indubitablement plus grave et plus sérieuse.

-Laisse-moi un peu m'amuser, voyons. J'ai bien le droit de torturer une tête vide un peu, répondit le timbre haut perché.

Soupir de l'autre. Gumi saisit cette occasion pour hurler.

-MONTREZ-VOUS !

Aucune réaction. Un mauvais sourire étira les lèvres de Gumi.

-Seriez-vous assez lâche pour ne pas venir me voir face à face ?

-Qu'est-ce tu racontes, petite ? Nous sommes juste en face de toi.

Gumi glapit et recula de deux pas. Une recommandation s'insinua dans son esprit, en même temps qu'une sueur froide traçait son sillon dans son dos. Ne les sous-estime pas. Ils sont capables de se rendre visibles aux aveugles… Elle sentit un courant d'air violent lui caresser le visage, apportant des relents d'aliments pourris. L'air chaud et fétide lui fouetta les joues, faisant tomber ses lunettes. Elle suffoqua : ce n'était pas naturel. Son pouls s'accéléra tandis qu'elle voyait trouble, pas seulement à cause de ses lunettes qui gisaient sur la terre sèche. Sa capuche tomba sur son dos, tandis que ses cheveux noirs ballotaient au gré du vent. Elle serra les dents pour ne pas vomir. L'odeur infecte lui parvenait enfin. Un rire caquetant retentit de l'autre côté des panneaux publicitaires. Elle ferma les yeux pour éviter les larmes naissantes de couler.

-Pourquoi es-tu venue ici ? siffla la voix haut-perchée.

Pas de réponse.

-Oï ! interpella la voix. Gumi crut que c'était à elle qu'elle s'adressait. Est-ce qu'elle vit dans les bidonvilles ?

-Je ne l'ai jamais vue, Mi'. Quoique…

Gumi se sentit observée, scrutée. Elle se sentit extrêmement vulnérable. Elle se mordit l'intérieur de la joue pour occulter cette pensée.

-Nan, elle ne me dit… r…

-Eh, qu'est-ce qui t'arrive ? T'as perdu ta langue ?

-Mi', j'l'ai déjà vue. Dans un rêve.

Il y eut un très long silence. Gumi frissonna. Elle sentait son cœur battre trop vite. Et elle se sentait… grisée… Ce qui lui faisait peur. Elle n'avait jamais ressentie cela avant. Soudain, la voix haut perchée éclata de rire, la tirant brutalement de sa torpeur. Les diapasons sifflèrent trop fort. Gumi se dit alors que c'était la même sensation après une cuite. Ses tempes explosaient. Lentement, un voile noir passa devant ses yeux. Incapable de tenir sur ses jambes plus longtemps, elle sentit son ventre toucher le sol poussiéreux et ses oreilles siffler à cause de ce rire suraigu avant de perdre entièrement conscience.


Un rayon de lumière vint lui chatouiller l'œil. Elle se réveilla alors en sursaut. La chaleur habituelle de son sweat-shirt n'était pas sur elle. Gumi baissa lentement les yeux sur sa poitrine. Elle était en sous-vêtements, son leggings noir retroussé sur ses genoux. La jeune fille était allongée sur un lit de camp, dans une mansarde en ruine, construite de tôles et de plastique. De minces rais de lumières filtraient l'obscurité, révélant des volutes de poussière volant au gré du vent, qui passait par un rideau raccommodé. La chaleur étouffante la faisant suer. Elle posa le pied sur le sol, constata que des morceaux de carton étaient entreposés sur la terre. Gumi remit son leggings correctement et poussa le rideau pour sortir, peu importe si elle était en soutien-gorge. Le soleil l'aveugla. Elle cligna des yeux pour habituer ses yeux à la vive lumière.

Du sable, ou de la terre très sèche. C'était ce qu'elle voyait. Sur le sol, à une dizaine de mètres, se dressait un vieux modèle de frigidaire, abandonné. Adossée à l'électroménager désuet se trouvait une jeune fille. Elle tenait dans ses mains le sweat-shirt rouge à capuche de Gumi ainsi qu'une aiguille qui brillait d'un éclat mortel au soleil. Ses cheveux d'un bleu aussi vif que l'immensité du ciel au dessus d'elles contrastait avec son haut de jogging vert fluo. Elle portait de vieux gants de cuirs usagés et un pantalon couvert de taches de peinture blanche. Gumi s'en étonna. Avec la chaleur étouffante qui régnait depuis ce janvier… Elle fit un mouvement et l'autre fille releva la tête. Ses yeux cyans comportaient une couleur jaune poussin autour de sa pupille rétrécie. Sa peau blafarde comportait des traces d'un maquillage au gout douteux. Son expression neutre se retroussait en un sourire dément, dévoilant ses dents blanches.

-Salut, Belle au Bois Dormant.

Gumi sentit un frisson parcourir son échine. Cette voix haut perchée, c'était celle qui faisait trembler la décharge.

-Où somme-nous ? articula Gumi.

-Pas loin de la décharge.

Gumi tourna la tête. Effectivement, on distinguait le tas d'ordures un peu plus loin.

-On est… à la frontière du désert ?

-C'est ça. Ici, c'est la seule maison. Je vis là. Et toi, Belle au Bois Dormant, qu'est-tu venue faire dans la décharge ?

Gumi eut une moue de dégoût.

-Je recherchais… un truc.

-Les Matryoshka ?

Elle fronça les sourcils et fixa la fille, qui affichait son expression démente. Une lueur étrange dansait dans ses yeux.

-…pas exactement ça.

Le sourire fou de la fille s'adoucit, et elle passa une langue piercée sur ses fines lèvres roses. Elle se releva, le sweat-shirt rouge à la main et ouvrit le frigo derrière elle.

-Ca, alors ?

Gumi écarquilla les yeux et elle prit un visage déformé par la rage.

-R…rend-la moi !

La fille empoigna une batte de base-ball rouge, complètement poncée par de nombreux impacts. Elle passa ses doigts sur les creux, s'attardant avec la lenteur d'un amant aux mains expertes sur le corps d'une femme.

-C'est joli… Dis moi, Belle au Bois Dormant, tu te balades souvent avec ça ?

-La ferme ! Donne !

-Tss… Je te rappelle que tu es sur mon territoire. T'es donc pas en position de me donner des ordres.

Gumi cligna des yeux. Elle avait disparu. La seule preuve de sa présence était un nuage de poussière près du frigidaire. Soudain, le vent la frappa. Ses réflexes prirent le dessus. Elle tourna brusquement à droite, sentant une présence humaine. Elle ressentit un kick sur ses côtés par l'arrière et se retourna. Un éclair fluo et elle reçut un uppercut. Un éclair rouge et elle sentit ses os du dos se craquer sous un coup de métal.

Cette fille avait retourné sa propre arme contre elle.

Elle s'effondra au sol, crachant de la salive. Ses yeux remplis de larmes se levèrent, hésitants, sur l'ombre qui s'étaient approchée d'elle et accroupie en grenouille. Elle tressaillit en sentant une main lui caresser la joue.

-Tiens donc, tu es capable de pleurer… Alors que tu es née pour être Matryoshka…

Sa voix hypocoristique, ourlée de miel et de venin, déclenchèrent des frissons en elle. Plus que ce mot : Matryoshka.

-Qui…qui es-tu ? murmura Gumi à bout de souffle.

La fille reprit son sourire dément.

-Je suis Hatsune Miku. La chef des Matryoshka.

La rage se mit à bouillonner en Gumi…

C'était elle…

-Dis, Belle Au Bois Dormant, c'quoi ton nom ?

Gumi hoqueta.

-Je m'appelle Gumi.

Les yeux de Miku brillaient trop à son goût.

-Laisse-moi rejoindre la bande ! hurla Gumi dans un ultime râle.

Miku lui donna un violent coup sur la nuque, le sourire toujours plaqué sur son visage. Gumi perdit conscience à nouveau. Avec de tomber dans la noirceur, elle entendit…

-Bienvenue dans le gang, ca…marade.