Je suis terriblement désolé pour la longue attente de ce nouveau chapitre! Entre la phase d'écriture qui fut laborieuse parce que je suis bien occupé, ma bêta qui elle aussi est peu disponible... J'espère que vous me pardonnerez le délai de ce chapitre et le délai pour le suivant ! Car la suite est en cours de pensage... Et je ne sais pas vraiment quand je pourrais le mettre en forme entre les changements de la vie et les vacances qui finiront bien par arriver ! (Vivement d'ailleurs, j'ai hâte d'aller à Londres!).

Je tiens aussi à remercier les revieweurs fidèles et occasionnels, je ne sais plus si j'avais répondu à tout le monde mais sachez que cela motive la troupe de mes neurones pour être à la hauteur de la suite!

Je vous souhaite une très bonne lecture !

~/~

Une Saint Valentin comme les autres

Les deux jours qui suivirent la réception de la lettre eurent un goût de torture pour John Watson… Sherlock était dans un état d'excitation impatient et plus le temps avançait, plus il devenait difficile à supporter. Le brun était agacé que le temps passe si lentement, que rien ne vienne plus vite et il n'occupa son esprit qu'à parcourir les journaux et rester immobile sur le canapé en position de méditation. Réclamer l'attention de la tête bouclée pour autre chose que l'enquête à venir fut donc inutile et voué à quelques échecs critiques.

Le médecin prit sur lui comme toujours, patience incarnée même quand il aurait eu envie d'étouffer Sherlock avec le coussin pour lui avoir refusé un baiser car cela le déconcentrait, lui mettre la tête dans une assiette de nourriture de force car il n'avait pas faim alors qu'il n'avait rien mangé depuis la réception de la carte. Il avait l'impression d'avoir été relégué au rang d'objet inintéressant, mit au placard comme un enfant se lassant d'un jouet au profit d'un autre. Autant dire que le jour J de la Saint Valentin avait tout d'une journée en Enfer pour John Watson et qu'il était tout bonnement sorti de l'appartement à peine dix heures du matin pour faire un tour et s'aérer l'esprit.

Sherlock ne sembla pas remarquer son absence – l'absence de texto pour savoir où il était passé en était la preuve - et il s'arrêta devant un restaurant en vu de manger un morceau après avoir parcouru les rues de Londres sans but précis quand son portable sonna. Après un froncement de sourcil au nom qui s'affichait il décrocha pour discuter avec sa sœur. Harry avait le moral dans les chaussettes en ce jour des amoureux, ses pensées revenant sur Clara, combiné avec ses récurrents soucis d'alcool. Cette dernière lui avoua vouloir le voir. John lui annonça qu'il n'avait pas encore mangé même s'il était à peine midi passé et Harry sauta sur l'occasion, lui donnant rendez-vous où il avait envie pour un restaurant ensemble.

John n'avait pas vu Harry depuis qu'il avait emménagé avec Sherlock, en plus d'un moral assez maussade car son borné de petit ami était inatteignable dans sa sphère de réflexion, il dit oui, lui donnant rendez-vous dans un des rares restaurants qu'il fréquentait avec le détective. Voir sa sœur l'aiderait à ne plus y penser et cela changerait des mails et les rares coups de téléphones pour prendre de ses nouvelles.

Il était assis à une table quand il vit débarquer sa sœur et lui adresser un signe enthousiaste. Sa silhouette digne d'une déesse de la fertilité se glissa jusqu'à lui, petite et trapue, ses cheveux blonds coiffés avec les pattes du réveil, ses yeux bleu-vert pétillant de revoir son frère. Leur lien de parenté sautait aux yeux.

-Tu m'accordes enfin un peu de ton temps, le charia-t-elle.

Harriet lui sourit et son regard le remercia sincèrement pour cette rencontre improvisée. John lui adressa un sourire en coin, non mécontent d'avoir cédé à cette impulsion. Ils commandèrent et discutèrent de la famille, s'enquérant au passage de la santé de ses parents qu'il n'avait pas revu eux aussi, le boulot. Une discussion normale, au combien banale mais agréable. Sherlock était incapable de soutenir voir même d'écouter une telle discussion avant de siffler un « ennuyeux » hautain à sa manière si particulière. Si l'intellect n'était pas stimulé alors la discussion n'était pas utile. Un sourire amusé étira brièvement les lèvres de John à cette pensée avant qu'un pli soucieux ne marque son front.

Sa sœur l'observa, discutant en bonne bavarde qu'elle était et au moment du dessert elle mit les pieds dans le plat :

-Tu sembles contrarié, il s'est passé quelque chose ? Tu as le même pli sur ton front que quand tu te disputes avec une petite amie, plaisanta-t-elle.

Le médecin bloqua sa cuillère en mode pause à mi-chemin de sa bouche, les yeux écarquillés comme si elle venait de lui annoncer qu'elle se mariait avec un homme pour fonder une famille. Harry fronça les sourcils et l'interrogea du regard avec un mouvement de tête pour l'encourager.

John recouvra sa respiration, qui s'était bloquée pour une raison idiote, posant le couvert dans son assiette. Il se sentit soudainement mal à l'aise et ses yeux océans se posèrent sur son verre qui était définitivement une zone neutre digne d'intérêt.

-John ?

-Oui, murmura-t-il un peu tendu.

-J'ai touché juste mais tu ne veux pas en parler ?

Un sourire plus doux étira ses lèvres et son regard revint se planter dans celui de sa sœur. Son expression était passée du souci tendu à la douceur naturelle qui étirait ses traits. Harry fronça les sourcils en ne comprenant pas trop où il voulait en venir.

-Disons que c'est nouveau…

-Ah tu viens de trouver une fille. Bah, tu verras si ça tient avec le temps comme les autres, elle ne sait pas qu'elle est tombée avec un gars génial, argumenta-t-elle avec un sourire.

Harriet était sa sœur, même s'ils avaient eut leur différent, leur période creuse, ils s'appréciaient à leur manière. Il pouvait bien le lui dire. Un sourire embarrassé répondit à Harry avant que les mots ne sortent non sans une certaine tension dans chacun de ses muscles combinés avec un nœud dans son estomac.

-Ce n'est pas une fille…

Ce fut au tour d'Harry d'avoir un temps de latence, nettement moins long que son frère. Elle écarquilla les yeux avant de pointer un doigt sur lui et de s'exclamer :

-Tu sors avec un mec ?

John roula des yeux devant la discrétion de sa sœur et soupira avec agacement.

-Crie le plus fort je suis sûr que les petits vieux dans le fond ne t'ont pas entendu.

-Mais attend comment ? Quand ? Pourquoi ? Et… Qui ?

-Sherlock, répondit-il pour couper court à toutes ces embarrassantes questions.

Harry ouvrit la bouche avant de la refermer. Elle but une bonne gorgée de son verre de vin, le finissant par la même occasion.

-Je savais que c'était louche cette histoire de colocation. C'est l'armée qui t'a fait changer de bord ? Et pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt ?

-Non Harry, tempéra-t-il. C'est… compliqué…

- Je ne vois pas en quoi s'est compliqué, rétorqua-t-elle en haussant les épaules.

-Je ne suis pas attiré par les hommes, c'est juste Sherlock.

-Bah c'est un début.

La franchise un peu aveugle de sa sœur le fit sourire. Mais un éclat dans ses yeux bleus lui disait qu'elle était loin de lâcher le morceau.

-Et depuis quand tu sors avec ton colocataire que je n'ai jamais eu le priiiiiivilège de rencontrer ?

-Deux semaines.

-Oh mais c'est tout récent récent oui ! Et comment tu en es venu à la conclusion qu'il te plaisait le détective ?

John grimaça à la manière de parler de sa sœur, surtout quand elle parlait de Sherlock comme si c'était n'importe qui. Un bref sourire étira le coin de ses lèvres à ce constat qu'il prenait toujours la défense de la tête bouclée même quand à l'heure actuelle elle était en tord à cent pour cent.

-Disons que mon sociopathe de colocataire s'est retrouvé avec des sentiments et des envies à mon égard et comme il sait si bien le faire, il a laissé le tout déborder dans mon espace privée et… J'ai fini par me rendre compte qu'il était devenu plus qu'un meilleur ami.

Les lèvres d'Harry dessinèrent un « oh » très éloquent, son attention focalisée sur son frère avec délectation comme le meilleur feuilleton d'amour gloire et beauté du moment.

-Et ?

-Et la suite est d'ordre privée Harry.

-Rabat joie ! Je paris que vous n'êtes pas passés à l'acte vu ton changement d'orientation récent.

Un petit tressaillement de sourcil et des plis de sa bouche renseignèrent Harry sur la véracité de ses propos et avec un plus large sourire, elle continua en minaudant :

-Je serais quand même curieuse de te voir avec ce Sherlock. Toi qui es si romantique et câlin avec les femmes…

Un regard sévère répondit à la curiosité de sa sœur qui serait clairement insatisfaite. Elle fronça le nez en réponse et lorsqu'elle ouvrit la bouche pour le taquiner, John la devança :

-J'aimerais que tu gardes ça pour toi Harry.

Elle releva un sourcil interrogateur.

-Peur de sortir du placard ?

-Disons que je ne suis pas encore totalement à l'aise à l'idée de le crier sur tous les toits.

-Je peux le faire à ta place, répondit-elle avec un grand sourire. Ça serait un immense honneur.

-Harry, gronda-t-il.

-D'accord d'accord, je tiendrais ma langue et éviterais de laisser des commentaires sur ton blog. Mais tu ne garderas pas ça indéfiniment secret.

John le savait et il pinça ses lèvres en signe affirmatif à cette déclaration. Harry se resservit du vin sous l'œil sévère de son frère mais elle n'en était qu'à son troisième verre… Et connaissant sa sœur, il fallait plutôt compter les cadavres de bouteilles. Trois verres étaient un record raisonnable pour un repas sans savoir combien elle avait déjà de gramme dans le sang.

-Alors, poursuivit-elle très excitée par cette discussion. Pourquoi tu es contrarié ? Maintenant que je sais que tu as un hoooomme dans ta vie. Oh mon dieu, ça fait tout bizarre… Johnny franchement, je ne peux pas le crier ?

-Le restaurant est déjà au courant c'est amplement suffisant, contra-t-il sarcastique.

Son regard se perdit dans son verre dont il but une gorgée. Ce n'était pas une dispute même s'il était contrarié par l'attitude de Sherlock. Blessé et en colère aussi. Un soupir las lui échappa et Harry pencha la tête sur le côté pour lui rappeler sa présence en entrant dans son champ visuel.

-Sherlock est…

-Complétement barré ! De ce que j'en lis sur ton blog, il est particulier et pas facile à vivre… Comment t'as fait pour…

-Harry, soupira-t-il.

Que sa sœur cherche à savoir, à connaître ses raisons étaient autant amusant qu'agaçant. Comme si les rancœurs étaient oubliées le temps de ce repas afin de discuter comme un frère et une sœur… John appréciait ce moment à sa juste valeur. Son regard se posa sur le visage d'Harry qui pinça les lèvres en signe de contrariété mais n'enchaina pas avec une tirade qui le ferait froncer les sourcils.

-Je suis sans nul doute la seule personne à le supporter tous les jours, fit-il avec un sourire amusé.

-Ça c'est sûr !

-Il y a des jours où il est… demandeur d'attention et des jours où il s'en passe et reste allongé sur le canapé sans parler ni remuer un orteil.

-Oh… Il est donc dans la phase deux ce qui te frustre frangin ?

Harry lui adressa un sourire doux mais elle était sincèrement contente de parler de ça avec son frère. Son frère qui devenait gay même s'il se cachait derrière le faite que ce n'était que pour les beaux yeux de ce Sherlock. La nouvelle était suffisamment énorme pour qu'elle n'en profite pas à fond.

-Et j'en conclu que tu laisses couler et ça t'énerve de ne pas le voir se bouger. Tu es devenu laxiste avec ce Sherlock. Avant tu ne te serrais pas gêné pour dire rapidement ce qui n'allait pas !

John eut un reniflement amusé mais Harry n'avait pas tord. Il savait que discuter avec Sherlock quand il était dans cette phase-là c'était comme parler au mur et encore le mur serait capable de lui répondre contrairement au détective. Ajoutant à cela un peu de malaise, la peur de briser ce qu'il avait avec Sherlock. Il lui était précieux et oui, il avait agis ainsi pour se laisser le temps de s'y habituer sauf que ce n'était pas lui.

La tête brune allait devoir l'écouter. Il n'était plus son meilleur ami et son faire-valoir dans ses enquêtes, il n'était plus seulement celui qui assure ses arrières, celui qui gère tout dans l'appartement, dans la vie de Sherlock tel que ses factures ou ses fringues. Il était celui qui partageait sa vie sur le plan émotionnel… Sherlock s'était fait une place de roi dans le cœur de John et il lui devait bien ça, l'écouter et répondre à quelques attentes.

Un sourire plus sûr étira le coin de ses lèvres.

-Tu as raison Harry.

Cette dernière le scruta mais son ton profond et son regard assuré signifiaient clairement que la conversation était finie et que John avait pris sa décision. Un soupir dramatique et frustré lui échappa avant qu'elle ne continue de manger son dessert. Elle changea donc de sujet pour le reste du repas. Ils payèrent et sortirent du restaurant, John proposant à sa sœur de marcher un peu avec lui pour continuer un peu cet agréable moment et ils déambulèrent dans les rues de Londres jusqu'à ce qu'elle lui fasse ses yeux de biches et ne lui susurre qu'il était temps pour elle de le quitter.

Le médecin n'était pas dupe mais il sourit avec douceur et la remercia pour cet après-midi agréable. Harry disparut dans une bouche de métro et il lâcha un soupir avant de prendre la route du 221B Backer Street.

Son regard s'arrêta sur les fenêtres de leur appartement, vide de toute présence humaine. John entra et monta tranquillement pour constater que Sherlock n'avait pas bougé du canapé depuis qu'il était parti. Ses mains étaient jointes sous son menton, une expression impassible sur ses traits pâles. Il ne remua pas un muscle pendant que le blond accrochait sa veste au porte-manteau puis referma la porte. Au claquement du mécanisme, Sherlock ouvrit les yeux pour les darder sur John. Ce dernier haussa un sourcil pour le mettre au défi de faire un commentaire malvenu.

-Tu es sorti.

-Oui et toi tu restes allongé sur ce canapé depuis que tu as reçu cette carte, répliqua le médecin avec un peu trop de reproche dans la voix.

Une grimace traversa son visage pour avoir laissé son agacement sortir et il se rendit dans la cuisine pour se faire un thé. Faire un thé était souvent la solution pour s'occuper les mains et ne pas voir Sherlock avec l'envie de lui en coller une. Le brun le regarda filer avec un air impassible suivit d'un sursaut de ses sourcils. Il sauta sur ses pieds et se dirigea vers John dans un frissonnement de soie bleu nuit. Il se planta à côté du médecin en le scrutant sans que John ne daigne lui accorder un regard.

-Tu es en colère contre moi, énonça-t-il.

-Oui Sherlock.

-Parce que je suis resté dans le canapé ? Je croyais que tu voulais y aller doucement…

John lui lança un regard noir mais ne répondit pas, ce que Sherlock prit pour une réponse négative. Il scruta davantage son compagnon avant de repenser à ce qui s'était passé ces derniers jours, à son comportement puisque John semblait lui faire un reproche.

-Oh… Tu m'en veux car je t'ai refusé un baiser ?

-Humm, grogna John à la façon dont le brun lui répondait souvent.

-Tu m'en veux d'avoir été… distant, c'est ça ?

John posa la tasse prête, du moins pour l'infusion et se tourna vers Sherlock qui haussa un sourcil devant la mine fermée de son amant. Il ouvrit la bouche mais le médecin le devança.

-Je t'en veux de m'avoir relégué au rang d'objet inutile et non digne de ton intérêt, siffla-t-il avec colère. Sherlock je sais ce que représente l'excitation d'une enquête pour toi, surtout quand c'est Moriarty ce que je désapprouve encore plus que d'habitude. Tu… Tu m'as fais changer d'orientation sexuelle bon sang et dès qu'il y a un soupçon de ce qui te rend si… si brillant, je ne suis plus rien, je n'existe plus. C'est ça que je te reproche Sherlock ! Je sais très bien comment tu es, je m'y suis accommodé en tant qu'ami mais…

Le son de sa voix mourut avec la suite de sa tirade. L'idée de n'être rien face au domaine dans lequel Sherlock excellait avec autant de talent, face à son cerveau qui avait toujours besoin d'activité, lui était devenue insupportable maintenant qu'il avait le détective en face de lui. John eut un reniflement agacé et un sourire désabusé, se traitant mentalement d'imbécile. Il ne demandait pas la lune mais à priori le peu qu'il désirait s'apparentait à espérer la galaxie entière. Il se détourna pour retourner à la préparation de son thé mais fut coupé dans son élan par deux mains qui avaient saisi son visage.

Sherlock l'avait écouté et il comprenait son erreur de ne pas avoir montré quotidiennement qu'il tenait à John. Car c'était bien ça le fond du reproche, il n'était pas tactile, ni démonstratif, il n'était pas romantique mais John si. Les longs doigts pâles caressèrent ses joues avant qu'il ne vienne déposer ses lèvres sur les siennes d'abord avec douceur. Puis ses mains coulèrent sur la nuque blonde et il quémanda l'entrée d'un coup de langue malicieux sur les lèvres de John. Le médecin pinça celles-ci dans un but évident de refuser de se laisser amadouer de la sorte. Mais Sherlock fit preuve d'insistance comme toujours, ses lèvres goutant les siennes, sa langue jouant sur elles tandis que ses doigts massaient sa nuque avant de se plonger dans la masse de cheveux courts.

John finit par céder avec un soupir doublé d'un grondement pour signifier qu'il n'était toujours pas d'accord sur sa manière de faire. Sherlock sourit brièvement contre ses lèvres et en profita sans se cacher, approfondissant le baiser, sa langue saluant celle de John avant de l'entrainer dans un balai humide et sensuel. Il ne le rompit qu'une fois qu'il sentit John se laisser un peu aller à l'échange. Ses prunelles pâles se plantèrent avec intensité dans celles océans qui lui lançaient toujours des reproches.

-Tu vas toujours essayer de te faire pardonner ainsi ? Car laisse-moi t'avertir que cela ne marche pas.

-Pour cette fois cela marche, répondit Sherlock avec aplomb.

Le blond posa ses mains sur le torse de Sherlock pour le repousser et couper sa petite stratégie mais il ne se laissa pas faire, maintenant sa position grâce à sa prise sur sa nuque.

-Sherlock, grogna le médecin.

-Je suis désolé John…

Le ton était franc, des mots dit avec sincérité et non pas par obligation comme le brun savait si bien le faire. John resta un instant interdit, scrutant le visage de Sherlock si près du sien.

-Tu es important John, continua Sherlock avec sa voix basse et grave.

John eut un rire nerveux et gêné à une déclaration pareille. Mais son cœur s'était accéléré et ses mots-là lui avaient fait de l'effet, lui plaisaient.

-Je devais réfléchir à toutes les éventualités pour ce soir.

-Mais laisse-moi deviner, ça ne te donne pas la solution pour arrêter le meurtre avant qu'il ne se produise ?

-Malheureusement, il faut qu'il ait lieu…

John soupira lourdement et se recula un peu, de ce que Sherlock voulait bien lui donner comme marche de manœuvre.

-Je me fiche de ce sujet tu sais. J'aimerais plutôt savoir si tu vas faire un peu attention à to i, fit-il en détachant chaque syllabe.

La tête bouclée se redressa sans parvenir qu'il relâchait le contact que ses mains avaient sur la nuque de John. Sherlock répondit étonnement vite :

-Evidemment.

-Humm, je n'y crois pas une seule seconde.

John arriva à se détacher car sa réponse avait surpris Sherlock. Celui-ci se dirigea vers le frigo et en sortit le lait pour revenir vers sa tasse. Le brun était resté bêtement planté là, sourcil froncé.

-John.

-Oui Sherlock ?

Une bille océan coula vers lui, et le brun s'avança pour entourer le corps du médecin de ses bras et se coller dans son dos, son visage venant s'enfouir dans son cou. Sherlock le serra de façon possessive contre lui comme s'il allait s'envoler, disparaître. John s'autorisa un sourire à sa manière de s'imposer, encore et toujours, mais cette étreinte avait quelque chose de beaucoup plus fort que des mots. Sherlock était bien trop fort avec les mots, son corps parlait mieux dans ce genre de situation et le blond croyait davantage ses actes que ses paroles. Il connaissait le cerveau de génie, il était incapable de réellement faire attention à quoi que ce soit même s'il le promettait. Et John avait besoin de son contact…

Sa tasse prête, John posa ses mains sur les bras possessifs autour de lui, les caressant avec douceur. Il tourna la tête pour déposer un baiser sur le front à sa portée.

-Tu veux un thé ?

-Hmm…

Prenant ça pour un oui, John se mit en devoir de faire une nouvelle tasse pour la sangsue qui était collé à son dos sans se défaire de son petit sourire. Il se demandait si Sherlock serait capable de saisir l'importance d'un contact aussi simple que celui-ci. Il espérait en tout cas… Il sentait la grisante respiration du brun lui chatouiller le cou, ses cheveux effleurant sa nuque et sa joue. Il entendit la voix grave étouffée dans son cou :

-Tu as le parfum d'une femme sur toi…

La tête se releva légèrement avec un sourcil froncé et ses yeux perçants qui cherchaient d'autre indice qu'il aurait pu ne pas voir dans son souci de se faire pardonner auprès de John mais non rien… John avait un petit sourire en coin comme s'il savait mais le laissait chercher. Un de ses bras se leva et un doigt se pointa vers la joue de John pour y faire pression avec un regard inquisiteur.

-J'ai vu Harry à midi.

-Oh.

La tête de Sherlock se posa sur celle de John, son menton dans ses cheveux en bataille ce qui tira un léger rire amusé à ce dernier. Cet imbécile était assez grand pour effectivement prendre sa tête pour un repose tête. Il finit la tasse et l'appela pour qu'il se bouge. Sherlock se recula, retirant ses mains en une caresse étonnement tendre et réceptionna sa tasse avant de retourner dans le canapé mais sans s'y étaler. Il attendit que John y ait pris place pour mettre ses jambes sur lui. Les pupilles d'acier le questionnaient sur l'entrevue et le médecin daigna enfin lui répondre :

-Elle n'allait pas très bien et ça m'a fait du bien de la voir.

Sherlock fronça les sourcils avant de lâcher :

-Clara, Saint valentin ?

-Oui. D'ailleurs, elle est au courant.

-Pour nous ?

-Oui, je n'ai pas pu lui cacher ma contrariété bien longtemps.

Sherlock balaya le mot d'un revers de la main comme si cela n'avait pas eu lieu. Il porta la tasse à ses lèvres pour en boire une gorgée. Mais il était étonné que John en ait parlé à sa sœur qu'il n'avait pas vue depuis plus d'un an.

-Elle tiendra sa langue, fit-il avec amusement. Bien que tout le restaurant l'ait entendu. Je ne tiens pas à ce que Lestrade ou Sally l'apprenne par un de ses commentaires…

Le détective roula des yeux. C'était le cadet de ses soucis. Son portable sonna et Sherlock le sortit de sa poche pour lire le message texte non sans hausser un sourcil. Un sourire clairement amusé étira les fines lèvres et il posa sa tasse sur le canapé sous le regard sévère de John et répondit à l'expéditeur. Le portable atterri sur le cuir remplacé par la tasse dans les longues mains.

-Ce n'était pas Lestrade ? S'étonna John.

-Non.

Sherlock but une gorgée de thé devant le regard circonspect de son amant.

-Ta sœur.

-Harry ? Harry vient de t'envoyer un message ?

Un grognement et un soupir agacé suivirent, la tête de John se détournant un instant avec l'air de désapprouver que sa sœur puisse envoyer des sms à son petit ami avant de darder ses yeux bleus sur Sherlock.

-Qu'est-ce que tu lui as répondu ?

Car le pire résidait dans le faite que Sherlock venait de répondre à sa sœur.

-Que je m'occupais de toi, fit-il avec un sourire.

John lui lança un regard sévère et sa main libre prolongea pour saisir le portable de Sherlock et regarder les dits messages. Le détective ne bougea pas d'un pouce, son regard sur le visage de John avec un masque aussi impassible que d'habitude.

« Salut le sociopathe détective ! Tu as intérêt à ne pas rendre malheureux mon frère et me dit pas que ce ne sont pas mes oignons ! Occupe-toi de lui 3 ! Harry- »

« Je m'occupe de lui en ce moment même. SH- »

Un regard dépité se releva du portable et le reposa sur le canapé sans rien ajouter. Si Harry se mettait à envoyer des messages à Sherlock, elle n'aurait certainement pas besoin de faire une fuite sur le blog… Non, elle se contenterait de leur envoyer ses commentaires par sms rien que pour le plaisir d'avoir une conversation plus longue. Surtout que connaissant sa sœur, la dernière phrase était à double sens… Un profond soupir blasé lui échappa tandis qu'il calait son dos dans le dossier, se laissant un peu aller. Le brun ne le quittait pas du regard, calme avec son visage neutre.

Plus il le regardait, plus il se rendait compte qu'il avait été négligeant de mettre de côté John pour réfléchir à ce nouveau problème qui n'avait pas encore commencé du reste. Peut-être que finalement, il était un peu tactile car il aimait que John soit dans son espace vital… Encore plus depuis qu'ils avaient eut un moment des plus intimes sur ce canapé. Sherlock s'était aussi jeté dans ce besoin d'occuper son brillant cerveau parce que l'envie de dépasser la limite s'était faite de plus en plus présente à son esprit. Il voulait découvrir chaque courbe du corps de John, mémoriser la moindre cicatrice, les zones qui tiraient des frissons à son épiderme, des soupirs…

Son regard de glace coula sur John de cette manière, le déshabillant mentalement. John fronça les sourcils alors que Sherlock était perdu dans ses pensées et… Non, le regard qu'il lui lançait n'était pas celui qu'il qualifiait de réflexion intense. La tête bouclée n'était pas dans son palais mental, elle était totalement concentrée sur sa personne et après avoir eu peur de ne plus avoir son attention, ce regard était impressionnant, terrifiant. Le médecin eut besoin de couper court à ce regard qui le détaillait comme personne en l'appelant.

-Sherlock ? répéta-t-il pour la troisième fois.

-Hmm ?

-Est-ce que tu manges avec moi ce soir ?

-Je n'ai pas faim.

John lui lança un regard de reproche et Sherlock feignit l'indifférence. Il finit sa tasse de thé et s'allongea en arrière, sa tête sur l'accoudoir du canapé. Il ferma les yeux pour ne plus voir John et se mit à penser à autre chose que ce qui l'avait occupé ses deux derniers jours. Il ne sentit son compagnon lui relever les jambes que longtemps après et ouvrit un œil pour voir John se lever pour aller dans la cuisine. Un coup d'œil à l'heure lui apprit que c'était bientôt l'heure de manger.

Et toujours pas d'appel de Lestrade. L'option serait un appel tard.

Sherlock resta encore un moment allongé avant de sauter sur ses pieds et de se diriger dans la cuisine. Il attrapa une fourchette et s'assit à sa place, juste en face de John qui était en train de manger un basic plat de spaghettis agrémentés de sauce tomate et de viande. La fourchette dans sa main attaqua, se plantant dans les pâtes avant de tourner un peu pour capturer sa proie. Le tout enroulé en boule se porta jusqu'à sa bouche sous le regard médusé de John. Sherlock mangeait sans qu'il ait lourdement insisté, sans lui faire du pied.

-Ça fait parti du processus pour te faire pardonner ? demanda-t-il avec un rire dans la voix.

Le brun ne répondit rien, mâchouillant sa bouchée volée dans l'assiette de son compagnon. John sourit devant sa mauvaise volonté à admettre les choses et poussa un peu son assiette pour que son pique assiette d'amant y ait un accès plus facile. Il se doutait qu'il ne mangerait pas grand chose mais c'était déjà suffisant pour qu'un sourire flotte sur les lèvres de John. Tout comme un de ses pieds s'était déplacé jusqu'à ceux de Sherlock pour le récompenser de son effort.

Le repas fut relativement silencieux. Une fois ses couverts débarrassés, John considéra la télévision, Sherlock qui s'était déjà remit dans le canapé avec ses trois fourchettes de nourriture dans le ventre – un record en pleine enquête – et l'escalier qui montait à sa chambre.

-Je vais me coucher Sherlock.

-John ! protesta-t-il avec un regard qui semblait dire l'évidence même de son refus avec argument et contre-argument.

-On ne sait pas quand Lestrade va t'appeler alors autant que je dorme au lieu de faire nuit blanche. Tu n'auras qu'à me réveiller quand il t'aura appelé puisque tu as décidé que le canapé était plus confortable que mon lit.

Et devant le naturel de cette fin de phrase, il rougit un peu et rajouta précipitamment :

-Ou le tient.

John se racla la gorge, son regard fuyant celui de Sherlock devant cette proposition on ne peut plus clair.

-Bonne nuit Sherlock.

Le détective le regarda filer dans le couloir et écouta ses pas monter dans sa chambre. Il regarda son portable… Il pouvait très bien attendre dans la chambre de John, réfléchir dans la chambre de John et réceptionner l'appel ou le sms dans la chambre de John. Ni une ni deux, Sherlock se leva du canapé. Il marqua une courte pause pour regarder son accoutrement et dirigea ses pas dans la chambre pour s'habiller. Hors de question qu'il perde du temps à s'habiller quand Lestrade lui enverrait enfin le message tant attendu. Paré d'un costume noir et d'une chemise blanche impeccable, Sherlock monta ensuite dans la chambre de John.

Ce dernier était allongé dans son lit, la lumière sur sa table de chevet encore allumé comme s'il l'avait attendu. Un sourire étira brièvement en constatant que John avait lui aussi anticipé en restant habillé. Détail qui n'avait pas non plus échappé au médecin dont le regard avait détaillé cet élégant Sherlock planté devant son lit.

-Le canapé n'est plus à ton goût, se moqua John.

-Je peux réfléchir ici aussi.

La tête bouclée ne retira même pas sa veste de costume et s'allongea à côté de John, son portable posé sur l'oreiller. Sherlock combla rapidement l'espace entre eux et John fut forcé de l'admettre, il n'était pas mécontent d'avoir laissé échapper ces mots. Le blond inspira son odeur avant de venir embrasser la pomme d'Adam à sa portée ce qui partagea Sherlock entre tendre le cou et venir l'embrasser. Il opta pour la seconde, la première solution découlant souvent de la première.

Joueur, il ne put se retenir de souffler contre les lèvres de John :

-Je ne pouvais pas rater une telle invitation…

John grogna mais il fut réduit au silence par les lèvres étonnement douces de son amant… Ces mêmes lèvres qui disaient des mots si durs, si tranchants. Une de ses mains monta rapidement se plonger dans les mèches brunes et approfondir le baiser, sa langue tantôt douce et langoureuse, tantôt joueuse et impérieuse. Sherlock le laissa diriger le baiser et John catalogua encore ce comportement comme signe de pardon pour sa faute ce qui lui tira un sourire. Le médecin rompit doucement le baiser, son regard se plongeant dans le sien à la faible lueur qu'émettait sa lampe de chevet.

-Réveille-moi en douceur tu veux bien.

Une réponse monosyllabique lui répondit et John se lova contre le long corps de Sherlock. Il inspira son odeur de sa cachette dans son cou, fermant les yeux pour chercher le calme. John savait que la nuit serait longue à son réveil… Et sa journée à marcher l'aida à sombrer dans les bras du détective qui avait saisit son portable pour le porter devant ses yeux avant de le poser sur l'oreiller de John, bien en vu.

Le brun ne s'était pas attendu à jouer les nounours pour que John s'endorme mais il demeura immobile. Chaque point de contact lui était agréable, apaisant. Il ferma les yeux pour se focaliser sur la lettre qu'il avait reçu, revenir sur ce qu'il avait soulevé comme problème ce dont il était sûr et ce qui restait à découvrir. Même si ses mains avaient parcourut le dos de John par dessus la couche de vêtement. Il compta chaque vertèbre, chaque ligne de ses muscles en faisant pression avec ses doigts pour les sentir… Comment une chose dont il s'était passé pouvait devenir aussi impérieuse et pressante ? Un soupir agacé lui échappa contre la tempe de son amant endormi et il focalisa son attention sur l'enquête à venir.

Les heures défilèrent… Sherlock n'ouvrit les yeux qu'au son de son téléphone qui lui indiqua un sms. Il le prit et le lut. C'était Lestrade qui lui envoyait comme convenu l'adresse d'un meurtre. Un meurtre dans un hôtel. Il était une heure du matin. Le détective se recula et posa alors son regard sur le visage endormi de John. Une de ses mains glissa sur son épaule et le secoua doucement, sa voix basse l'appelant plusieurs fois avant que le médecin ne manifeste des signes d'éveils.

-John, appela-t-il plus fort avec un brin d'impatience.

-Hmm… Sher… lock ?

Le blond papillonna des yeux même si la lumière était très faible derrière la silhouette de Sherlock.

-Quelle heure ?

-Il est une heure du matin. Lestrade m'a envoyé l'adresse.

John grogna avant de soupirer et refermer les yeux. Il prit quelques secondes pour se réveiller un peu plus mentalement parlant puis rouvrit ses prunelles encore un peu endormi. Sherlock fronça un peu les sourcils, un brin contrarié qu'il ne se réveille pas plus vite. Le médecin eut un sourire amusé sur ses lèvres.

-Oui Sherlock on y va. Lève-toi, je te suis.

Il allait s'exécuter quand une main sur sa nuque le retint. Le détective ouvrit des yeux surpris et sentit les lèvres de John venir lui réclamer un baiser. Bloqué un instant, le brun finit par répondre au baiser bien que c'était… Un baiser dans la catégorie rapide, juste un échange de caresses douces et savoureuses.

-On y va maintenant ? gronda Sherlock.

-On y va.

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