Tout le monde a des secrets. Et je m'y connais en secret. J'ai l'impression de n'être qu'un mirage que les gens regardent en pensant avoir tout compris. Compris qui j'étais et ce que j'allais devenir. La vérité c'est que cette image d'élève populaire j'y ais aussi crus par le passé. Mais il faut supposer que la vie vous fais comprendre, parfois avec une certaine ironie, que tout ne peut pas se passer comme vous le pensiez au départ.

Je marche dans le couloir de l'école, la sonnerie vient juste de sonner le début d'une nouvelle semaine de cours. Certains visages se tournent vers moi et je souris avec une amabilité que je ne suis pas tout à fait sûre de ressentir. Je me demande ce que ça doit faire d'être normale. Comme eux. Et je me dis que finalement, que ce soit moi ou eux, on a tous plus ou moins des problèmes, qui que l'on soit et quoi que l'on fasse.

Je croise enfin l'un des membres de mon groupe et inconsciemment ma tête se penche en un salut discret vers Santana qui m'a vu elle aussi. Brittany est devant elle et semble parler avec emphase, de, si j'ai bien tout compris, quelque chose à propos du père Noël et d'un elfe malade. Brittany restera toujours Brittany. Santana m'adresse un clin d'œil amicale avant de se retourner vers son amie et de l'écouter patiemment. Je connais ce regard. Celui qu'elle lui adresse. Un regard qui fragmente le masque de froideur et de méchanceté qu'elle est arrivée à former avec les années. Je le sais. Car quelque part, bien que nous portions des « masques » différents, ils se ressemblent par beaucoup de côtés. Par leur besoin de paraître plus forte que ce que l'on est réellement.

Je croise Artie accompagné par Tina et Mike qui m'envoient un discret signe de main que je leur rend par un sourire cette fois-ci sincère. Arrivée à mon casier, je l'ouvre afin de déposer mes livres de l'après midi et jette un coup d'œil à celui qui jouxte le mien. Je soupire. Puis quelque chose. Comme des picotements agréables à l'orée de ma nuque. Je me retourne alors que la foule me cache la personne que je sais être là, quelque part. Puis je l'aperçois. Finn est à côté d'elle et lui parle. Elle hoche la tête par intermittence mais je sais qu'elle n'écoute pas. Elle me regarde. Et j'oublie le brouhaha alentour et les silhouettes qui passent tout à côté de moi pour me concentrer sur l'apparence de ses deux yeux d'un bruns profonds qui me fixent d'une façon qui me donne envie de franchir les quelques mètres qui nous séparent. Je me ressaisi. Ce n'est pas seulement « quelques mètres » qui nous séparent. C'est tout ce qu'il y a autour. Et malgré cette constatation je ne peux que rester là, un sourire idiot sur le visage. Sourire qui se fane quand je vois la main de Finn essayer de récupérer son attention en dirigeant son si beau visage vers lui. Je me crispe à ce toucher. Malgré l'habitude je ne m'y suis jamais faites. J'aurais du pourtant. Heureusement, l'arrivée de Sugar me coupe dans ma contemplation devenue beaucoup moins agréable. Je me retourne vers elle alors qu'elle me demande quelque chose que je n'ai pas entendu.

- Je te disais qu'ils sont beaux tous les deux.

Ma première réaction est de froncer les sourcils. Elle a remarqué que je les observais. Mais je m'en détache vite pour revenir au sens de ses paroles.

- Tu trouves ?

Elle hausse un sourcil surpris mais bizarrement j'ai l'impression que cette surprise est vaine, comme si elle cherchait à me faire dire quelque chose.

- Oui, pas toi ?

Je met un certain temps pour répondre. Un temps beaucoup trop long mais j'en ai besoin pour mentir le plus sincèrement possible.

- Oui...oui en effet.

Et je suis obligée de retenir ma bouche d'évoquer par une grimace la contradiction de mes paroles et de mes pensées.

- Bien. Mr Schuester nous attends, tu viens ?

- Pars devant. J'arrive, lui dis-je.

Je la regarde partir. Tous, nous nous cachons des autres en fabriquant des faux visages. Pour cacher nos secrets, pour nous protéger, ou peut être un savant mélange des deux. Mais je sais qu'au fond Sugar sait très bien ce qu'elle fait, derrière sa façon parfois étrangement simpliste de réagir. Elle se cache derrière cela et une attitude effacée pour ne pas que l'on puisse saisir ses regards qui parfois laissent apparaître une tristesse qui est pourtant bien présente.

Plongée dans mes pensées je ne l'entend pas arriver. Puis je l'aperçois, tout à côté de moi. Si près et pourtant si loin. Il me suffirait de tendre la main pour caresser la peau de son bras. Je me retiens pour ne pas me retourner vers elle et continue lentement à faire mine de ranger des choses à l'intérieur de mon casier.

- Bonjour Quinn.

Je perçois une intonation qui sort d'un simple salut de circonstance et je dois me retenir un peu plus.

- Bonjour Berry.

Son parfum me parvient et j'ai étrangement beaucoup de mal à rester concentrer sur ce que je fais. Je me trouve de plus en plus idiote par mon comportement de pauvre fille amourachée. Et même si je sais qu'au fond, personne n'a rien remarqué, je me vois réagir et c'est amplement suffisant.

- Je...

Mais Finn nous interrompt et même si je sais que je ne devrais pas, je ne peux m'empêcher de ne pas pouvoir blairer ce mec. Ça n'a rien à voir avec lui. Enfin...je déteste quand même ces pauvres sourires niais et sa façon qu'il a de se prendre pour le leader incontesté de notre groupe. Mais le fait est que ça ressemble tout simplement à de la jalousie. Et ça me rend malade. Comment puis-je être jalouse de ce grand dadet au QI d'huitre ? Bon d'accord, j'exagère peut être. Les huitres ne sont pas si bêtes que ça.

- Rachel, on doit y aller. Quinn tu ne devrais pas tarder non plus.

- Partez devant, je vous rejoins, lui dis-je un sourire forcé sur le visage en faisant tout pour ne jamais tomber sur le regard incandescent de la brune en face de moi, de peur de perdre le peu de contrôle que je crois encore avoir.

- D'accord. Ne sois pas en retard, me dit-il avec son ton de petit chef des scouts.

Je vais répondre quelque chose de désagréable. Mais je me retiens pour mon propre bien et les laisse partir, son parfum encore présent comme seule preuve de son passage. Je ferme mon casier avant de poser ma tête contre celui-ci quelques secondes. Le temps de récupérer.

Je deviens folle. A n'en plus douter.

Je me retourne et commence à marcher vers la salle du Glee Club, les sourcils froncés par ma propre incompétence à me comporter comme la fille que je montre aux autres. Celle qui a un contrôle total sur sa vie. Alors qu'au fond j'ai l'impression de ne plus rien contrôler.

Je rentre dans la salle et tout le monde est déjà en train de s'installer à sa place habituelle. Je m'assois à la mienne, vers le fond, à côté de Santana qui a les yeux fixés sur Artie qui fait rire Brittany. Schuester rentre dans la classe et referme la porte derrière lui, donnant un coup de clé au passage.

- Bonjour à tous, dit-il avec son engouement naturel.

- Bonjour, répondent en chœur certains élèves du Glee Club alors que d'autres comme moi se contentent d'un signe de tête ou d'un sourire.

- Bien...J'espère que comme je vous l'avais demandé la dernière fois, chacun a révisé ce qu'il avait à réviser.

Certains se lancent des regards pour savoir si d'autres sont dans le même cas qu'eux. Malgré mon air « je m'en foutiste » j'ai « révisé ». Je prend bizarrement à cœur ce que je fuyais complètement à mon arrivée ici. Je sens cette chose différente à l'intérieur de moi. Et j'aime ça.

- Écoutez Mr Schuester, on a eut des cours à côté et la plupart d'entre nous ont...

Schuester les coupe en tapant deux fois dans ses mains. Assez fort pour que les protestations se taisent.

- Je sais, commença-t-il avec cet air qui n'admet pourtant aucunes contestations. Mais je ne suis pas en train de parler d'un hobbies que vous auriez...Ou d'un devoir comme un autre. Je vous parle de cette chose au fond de vous. Cette capacité. Ce don...

Je vois soudain Sugar se tourner dans notre direction. Mais avant que j'ai pus saisir la portée de son regard, Schuester la réprimande :

- Sugar, si ce que je dis ne t'intéresse pas...

Mais avant qu'il ait pu finir, il se passe alors quelque chose qui, pour des esprits qui n'y sont pas habitués, pourrait être définit comme extraordinaire. Sugar, sous le coup d'une émotion trop forte, commence à disparaître, petit à petit. Son visage s'efface et laisse apparaître la partie de la classe que sa silhouette cachait auparavant. Puck se met à rire et plisse les yeux vers le tableau qui nous fait face. Il se concentre et soudain la brosse du tableau vient vers nous, voletant dans les airs un peu maladroitement. S'arrêtant juste à la place qu'occupait Sugar et commence à bouger dans tous les sens. La brosse ainsi malmenée laisse échapper la poudre de craie qui retombe et s'arrête étrangement à mi-parcours entre la brosse et le sol. Retraçant la silhouette, maintenant blanche de Sugar qui pousse un petit cri révolté.

- Puck ! S'indigne Schuester.

- Vous nous avez dis de réviser !

- Pas comme ça Puck.

Mais même Schuester ne peut s'empêcher de laisser naitre un sourire au coin de ses lèvres. Et même Sugar commence à rire.

- Bon assez rigoler les enfants. Mettez vous par deux et entrainez vous à maitriser vos maladresses. Puck, c'est bien joli de savoir soulever une brosse par l'esprit, mais ces tangages pour venir jusqu'à nous ont faillis me faire vomir. Sugar, tu ne dois pas laisser tes émotions commander ton pouvoir, au contraire elles doivent t'aider. Allez formez les groupes !

Je regarde chacun se lever de sa chaise avec une certaine impatience. Il n'était pas facile pour nous d'être « complètement » nous même en dehors de cette salle. Mais ici, protégés par le verrou, et ensemble, nous pouvions laisser parler cette chose qui nous rendait plus différents que les autres.

- Santana tu...

Tournée vers Brittany qui s'est mise en duo avec Artie, elle semble plus en colère que d'habitude.

- Regarde la...

- Laisse tomber Santana.

- Et comment je fais ça hein ? Siffle-t-elle. Comment je laisse tomber ?

Je me tais. Au bout d'un moment elle se tourne vers moi, les sourcils un peu moins froncés.

- Désolée, murmure-t-elle simplement.

Schuester continue, en allant d'un groupe à l'autre, à donner des conseils aux uns et aux autres.

- Et surtout n'oubliez pas, servez vous de vos émotions les plus profondes et les plus sincères. Puisez au fond de vous même et laisser juste votre pouvoir s'exprimer. L'émotion doit être la combustion de votre pouvoir et votre esprit doit être ce qui le stabilise.

- Ce qui le stabilise...lance un clone de Schuester juste derrière lui.

Nous rions alors que Tina reprend son apparence normale avec un sourire sur le visage.

- Parfait Tina.

Mike quand à lui se lance une balle à lui même, courant à une vitesse ahurissante d'un point à l'autre de la salle. Je cherche Kurt quand un bruit sourd à côté de moi se fait entendre. Il apparait instantanément mais légèrement oscillant, comme si il avait bu. Je le rattrape avant qu'il ne tombe et il me regarde avec reconnaissance.

- L'endroit ça va, mais la réception est toujours à améliorer Kurt, lance Schuester de loin.

Quant à Brittany, que Santana n'a toujours pas quitté des yeux, elle s'amuse à faire aller l'eau d'un verre à l'autre, sans jamais rien toucher, en interrogeant Artie sur les mots qui composent chaque pages d'un dictionnaire.

Je cherche Mercedes des yeux et me rappelle soudain. Me rappelle ce que Schuester nous a toujours dit. Ce contre quoi il nous a toujours mis en garde. Un pouvoir peut être agréable tant qu'on le contrôle... mais qu'il nous échappe sous le coup d'une trop forte émotion et... Mon regard devint sombre avant que je ne secoue légèrement la tête pour sortir cela de mes pensées.

Je me tourne vers Santana. Ce genre d'entrainement n'est jamais agréable pour elle. Douloureux même. Assise, elle attend que je la rejoigne comme à notre habitude. Je prend le petit couteau posé à côté de son bras.

- Comme d'habitude Quinn. Essaye une plaie plus profonde cette fois-ci, dit-elle comme si elle parlait du beau temps.

- Mais...

- Ne discute pas.

Je n'ai pas l'habitude qu'on me donne des ordres, mais quand Santana a cet air là, en effet, je ne préfère pas discuter. Ses yeux sombres fixent un point que je pense deviner, sans avoir à tourner la tête. Elle serre les dents quand j'enfonce le couteau dans la chair de son bras, laissant une coulée de sang se déverser doucement sur la table. J'avais parlé du côté désagréable de cet exercice. Pour elle. Mais aussi pour moi. Je déteste ça.

J'enlève la lame alors que ses yeux s'embuent malgré elle.

- Je devrais m'être faites à la douleur depuis le temps. Mais je t'assure, que peut importe le nombre de fois où j'ai été blessé...Merde Quinn, ça fait toujours aussi mal.

Et je n'arrive pas à décider si elle parle vraiment de la blessure à son bras, ou d'une autre, beaucoup plus profonde. Elle s'essuie les yeux avec sa main valide dans un geste emplit d'une rage contenue.

- Régénère toi Santana...lui dis-je en regardant le sang former une forme imprécise sur la table où repose son bras.

Mais elle ne réagit pas, se contenant de fixer Brittany.

- Santana ! Concentre toi ! Cicatrise !

Je ne sais quelle émotion elle utilise mais les tissus se reforment d'eux même et le sang arrête soudain de couler. Alors qu'on va passer à mon exercice, un nom prononcé plusieurs fois me fait tourner la tête vers « sa » silhouette et celle de ce grand idiot de Finn.

- Allez Rachel...Essaye encore.

Elle ferme les yeux. Se concentre. J'aperçois cette petite ride apparaître. Celle qui dénote une extrême concentration. Mais rien ne se passe. Ils ont tendance à se tromper sur ça. Mon pouvoir, plus qu'un autre, m'a fait prendre conscience que la concentration peut aider à libérer cette force intérieure. Mais étrangement, se concentrer sur une émotion la laisse se libérer de manière moins efficace que de se laisser aller à elle.

- Concentre toi. Allez Rachel...

Mais rien. Pas le moindre signe d'une quelconque étincelle.

- J'ai mal dormi hier, s'excuse-t-elle en baillant.

- Ah...

J'ai un petit sourire alors que Santana me frappe doucement le bras.

- Aide moi à éponger le sang. Et enlève ce stupide sourire de ton visage.

Je ris alors que la sonnerie se fait entendre. Nous nettoyons rapidement le sol avant de nous séparer pour des cours différents. Je calcule qu'il me reste encore quelques minutes de libre et me dirige vers les toilettes.

En rentrant à l'intérieur je sais déjà qu'elle est là, tout comme trois autres filles qui se remaquillent. Elle se lave les mains et comme si de rien n'était je fais mine d'arranger mes cheveux devant l'immense glace qui fait face aux éviers.

La sonnerie se fait entendre à nouveau et je prie intérieurement pour que les autres filles s'en aillent. Quant à Rachel, elle se sèche les mains avec une lenteur que je sais délibérée. Mon souhait se réalise bien vite alors que nous nous retrouvons bientôt seules. Je sens mon corps se tendre presque imperceptiblement à l'approche de ce qui va suivre. Les pulsations de mon pouls ont déjà dépassé la normale depuis le moment où j'ai ouvert cette porte et où je l'ai vu apparaître. Je ne me tourne pas tout de suite vers elle, essayant de préserver le peu d'arrogance qu'il me reste en sa présence. Mais elle n'est pas aussi patiente. Je la sens venir vers moi. A travers le reflet du miroir, je vois sa main aller vers mon bras. Ses doigts tracent un sillon n'ayant de cesse de faire frissonner ma peau qui en redemande. Je déglutis difficilement quand je sens son visage s'approcher et embrasser délicatement mon épaule.

Je serre les poings. Mon contrôle vient de m'échapper. Ma faiblesse aussi. Je me tourne vers elle complètement et prend son visage entre mes mains en l'attirant à moi, goutant ses lèvres avec avidité. Je la sens trembler sous mes doigts et ça m'excite un peu plus. Je ne suis pas la seule à avoir perdue le contrôle. Ses lèvres ont un goût particulier. Je les savoure encore et encore, traçant ensuite des baisers le long de sa mâchoire alors qu'elle s'agrippe à moi et que je la fais reculer jusqu'à l'évier derrière nous. Je sens ses doigts glisser avec possession dans mes cheveux. Ma bouche arrive jusqu'à son cou et je sens son souffle devenir erratique.

- Tu vas me rendre folle.

Sa voix emplit d'un désir complètement mis à nu me donne envie d'aspirer chaque parcelle de sa peau sous ma bouche. Je laisse mes mains descendre le long de sa poitrine jusqu'à son ventre, puis remonter, pour avoir accès à sa peau. Je la soulève alors qu'elle entoure ses jambes autour de moi et qu'elle s'assoit sur le rebord de l'évier. Entre ses jambes, je me colle un peu plus contre elle et j'entends le gémissement qu'elle essaie tant bien que mal de garder. Et j'ai l'impression que je vais explosée de l'intérieur tellement c'est bon de la sentir contre moi. Nos corps se retrouvant avec un appétit que nous ne contrôlons plus depuis maintenant un moment. Je sens sa langue qui remonte le long de mon cou et qui caresse mon oreille et j'ai l'impression que je vais mourir tellement j'ai envie d'elle. Mais soudain, une lueur attire mon regard. Je ne veux pas y faire attention mais mon esprit me met en garde. Je la regarde dans les yeux et je vois que ses iris normalement brunes sont devenues incandescentes comme un feu intérieur. Et pas seulement à cause du désir. Mais vraiment incandescentes. Je dois me faire violence pour m'arracher légèrement d'elle, de façon à quand même rester en contact. Elle quémande un toucher que je lui enlève et je souris devant le pouvoir qu'elle a peut être sur moi, mais que j'ai aussi sur elle.

- Rachel.

- Oui ? Demande-t-elle presque boudeuse en voyant que je ne me rapproche pas.

- Tu brûles...

- Oui c'est clair que j'ai envie de toi alors reviens là si c'est ce que tu veux ent...

- Non, Rachel, tu brûles vraiment.

Elle doit voir la flamme de ses yeux se refléter à travers les miens car elle se fige soudain. Elle regarde ensuite sa main, surprise. Et un sourire aux lèvres, elle fait apparaître des flammes. Doucement, le feu dessine le contour de ses doigts, puis remonte le long de son bras comme un animal affectueux.

- C'est bizarre...tout à l'heure je n'ai pas...

Elle s'arrête et me regarde, comme si elle avait pu laisser échapper quelque chose qu'elle n'aurait pas du. Alors je ne peux m'empêcher de lui demander :

- Trop d'émotions ?

Elle paraît un instant gêné. Puis elle soupire mais je vois une rougeur autre que celle venant de son pouvoir naitre sur ses joues.

- Ne dis pas n'importe quoi. J'aime Finn. Là...ce qu'on fait c'est...

- Purement physique, je sais, lançais-je un peu trop brusquement en me dégageant complètement.

Et je ne devrais pas mais je me sens blessée. Comme je ne devrais pas être jalouse. Comme je ne devrais pas ressentir tellement de choses simplement en la regardant.

- Je vais être en retard.

Je lui lance un dernier regard. Elle a les cheveux en désordre alors je m'approche à nouveau et la recoiffe, appréciant en silence la douceur de ses cheveux contre la paume de mes mains. Nos regards se croisent à nouveau, et je vois encore un soupçon de flamme danser à l'intérieur de ses yeux, essayant de me faire apparaître quelque chose que Rachel veut taire. Je veux m'éloigner mais je sens sa main agripper la mienne pour me retenir un peu. Elle veut dire quelque chose. Et j'attends. Mais je sais qu'elle ne dira rien.

Parce qu'il n'y a rien à dire.

Alors je sors contre la désapprobation de mon propre corps qui veut la retrouver. Il n'y a personne dans les couloirs, alors je marche vers mon casier. Je n'ai pas envie d'aller en cours et j'essaye de me persuader que ce n'est pas à cause de ce qu'elle m'a dit. Ça ne peut pas être à cause de ça sinon ça voudrait dire qu'elle compte un tant soit peu pour moi. Alors qu'en vérité elle n'est rien. Rien du tout.

Alors je vais d'abord déposer mes affaires dans mon casier en essayant de calmer les sursauts que mon cœur me donne encore. Je le ferme avec un peu trop de force avant de me retourner et d'aller au dehors. Je vais jusqu'au stade du lycée, jusque derrière les gradins, là où j'ai l'habitude. Et je sais ce que Schuester nous dit toujours. Qu'il faut faire attention. Que les gens ne doivent pas être au courant. Mais là, maintenant, la discrétion est la dernière chose à laquelle je pense. Je regarde le ciel, si inaccessible pour les autres. Je le regarde comme on peut regarder un vieil ami, comme quelque chose qui me fait me sentir moins seule. Je ferme les yeux. Et je ne sais pas pourquoi, quand je m'envole enfin, c'est à son regard que je pense.