Et voilà, le vrai dernier chapitre du Tome 5.

Mes chers lecteurs, en attendant la publication des débuts du Tome 6 - certainement à la rentrée - vous pourrez passer les vacances en compagnie des autres fics déjà existantes et de quelques bricoles que je vais poster en attendant d'attaquer les choses sérieuses. Mon co-auteur et moi-même vous souhaitons un agréable été.


Chapitre 39 : la Maison est Derrière

L'atmosphère n'était pas à la gaieté dans les carrioles, malgré la proximité de longues vacances bien méritées. Par l'intermédiaire de la Gazette du Sorcier, toute l'école savait désormais : 1) que Voldemort était bel et bien revenu, 2) que le professeur Lupin avait bien été abattu par des mangemorts et 3) que Sirius Black avait été innocenté des crimes dont on l'accusait. Une seule de ces trois nouvelles aurait suffi à déclencher un mini-séisme dans l'école. L'ensemble avait généré une atmosphère étrange, bancale, où personne ne savait s'il fallait se réjouir de la fin d'une erreur judiciaire, ou s'affoler de la guerre imminente, ou pleurer un enseignant apprécié.

Personne ne desserra les dents pendant le court trajet jusqu'à la gare de Pré-au-Lard, pas même les intarissables Urqhuart et FitzRoy, qui étaient d'ordinaire les deux pipelettes de la maison Serpentard.

En revanche, à peine les bagages chargés et les étudiants installés dans leurs compartiments (tous les membres de l'AD se trouvant comme par hasard voisins), les discussions et les petits complots allèrent bon train.

Sarah verrouilla la porte d'un coup de baguette avant d'y lancer un sort d'imperméabilité.

- Voilà ! Maintenant, nous pouvons planifier en toute tranquillité.

- Par quoi commence-t-on ? s'enquit Ginny.

- Par le fait que certains petits malins veulent maintenant prendre une assurance-vie au nom de Harry Potter ? ricana Blaise.

- Déjà ? s'amusa le jeune homme. Ils savent que Trelawney m'a prédit que je mourrai centenaire ?

- Vu son taux de réussite, répliqua Zabini, ils ne prennent pas trop de risques, pas vrai ?

Harry émit un grognement désolé avant de repêcher la Gazette du Sorcier tombée par terre devant lui. Il n'avait pas trop eu le temps de lire le journal ces derniers jours, mais il était tout de même curieux de savoir ce que les imbéciles du ministère pouvaient bien raconter.

CELUI-DONT-ON-NE-DOIT-PAS-PRONONCER-LE-NOM EST DE RETOUR

(Ils doivent être payés au nombre de lettres pour employer ce titre.)

Dans une brève déclaration faite à la presse hier soir, Cornélius Fudge a confirmé que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom est revenu dans notre pays et qu'il y est de nouveau actif. (Tiens, Fudge n'a plus droit à son titre de ministre...)

"J'ai le très grand regret de devoir confirmer que le sorcier qui s'est lui-même décerné le titre de Lord – vous voyez qui je veux dire – (Lamentable...) est vivant et présent une fois de plus parmi nous" a déclaré Fudge, visiblement fatigué et ébranlé, devant les journalistes. "C'est avec un regret presque égal que je dois vous informer de la révolte massive des détraqueurs d'Azkaban qui se sont montrés hostiles à la poursuite de leur collaboration avec le ministère de la Magie (Hostiles... Hmm, ça a dû être vilain...) Nous pensons que les détraqueurs se sont placés sous les ordres de Lord Machin (Oh, je le retiens, ce surnom-là). Nous demandons instamment à la population magique de rester vigilante. Le ministère publie actuellement des guides de défense élémentaire des personnes et des biens (Je commencerais par leur apprendre le patronus, moi) qui seront prochainement distribués dans tous les foyers sorciers au cours des prochaines semaines."

La déclaration du ministre a été accueillie avec consternation et inquiétude par la communauté sorcière (En Grande-Bretagne, c'est sûr. Sur le continent, ils doivent déjà être entrain d'affûter leurs armes entre deux éclats de rire à nos dépens) qui recevait, il y a quelques jours encore, l'assurance qu'il n'y avait aucune espèce de vérité dans les rumeurs persistantes selon lesquelles Vous-Savez-Qui se manifesterait à nouveau parmi nous (sic).

Le détail des événements qui ont conduit à la volte-face du ministère reste encore très flou. On pense cependant que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, accompagné d'un groupe de fidèles, aurait réussi à pénétrer au sein même du Ministère de la Magie.

Albus Dumbledore, nouvellement réintégré dans ses fonctions de directeur de l'école de sorcellerie de Poudlard, de membre de la Confédération internationale des sorciers de président du Magenmagot (Eh bien, certains ont réussi à faire des bénéfices dans cette affaire.) n'a fait aucune déclaration jusqu'à présent. Tout au long de l'année écoulée, il avait répété avec insistance que Vous-Savez-Qui n'était pas mort, contrairement aux espoirs les plus répandus et que, selon lui, il recommencerait à recruter des partisans...

- Bla, bla, bla, soupira Ginny en interrompant la lecture.

Les mêmes mines désabusées se retrouvaient tout autour d'elle et Harry, que ce fût sur le visage de Neville, de Théodore ou de Ron. Seule Luna restait dans son petit monde.

- Tu es à nouveau appelé le Survivant, remarqua Ron en donnant une chiquenaude au journal. Ils sont rapides à tourner casaque.

Les bleus et les coupures que Ron avait ramenés du ministère étaient encore visibles et lui donnaient un visage quelque peu arlequin, dans les teintes vertes, roses et jaunes. Il feuilleta encore la Gazette avant de reposer son exemplaire sur l'accoudoir de son fauteuil.

- Tu es devenu "la voix solitaire de la raison". C'est poétique, n'est-ce pas ?

- Très élégant, grinça Blaise. Ils compatissent à ton sort, obligé de supporter railleries et mensonges... qu'ils ont largement publiés sans se poser de questions, soit dit en passant.

- Et maintenant, ils publient l'entrevue que nous avions dû faire passer dans le Chicaneur, conclut Hermione en venant rejoindre ses camarades après avoir effectué sa ronde dans le train, en essayant de faire croire qu'ils en ont eu l'exclusivité. Non mais quel culot !

- Oh, ce n'est pas si grave, dit Luna. Papa la leur a vendue à un très bon prix, et nous pourrons nous payer un voyage en Suède pour aller observer des ronflaks cornus et essayer d'en attraper un.

Le reste de l'équipe échangea des sourires entendus. Certaines choses ne changeraient jamais... Comme le bout de marécage que le professeur Flitwick avait laissé sous une fenêtre, entouré d'un cordon rouge digne d'un musée, en guise d'hommage aux talents de Fred et George. En revanche, le comportement d'Ombrage avait subi quelques modifications. Passer toute une nuit ficelée sous un perron sans sa baguette l'avait apparemment conduite à craindre son ombre et ses derniers jours dans l'école n'avaient pas été des plus agréables. Le retour de Dumbledore dans ses murs l'avait reléguée à sa place de professeur, et tous les résidents du château, Rusard excepté, s'étaient de nouveau ingéniés à lui faire comprendre à quel point elle était indésirable chez eux. Elle ne serait même pas arrivée à chasser Firenze de son poste, puisque Dumbledore avait décidé de le garder comme professeur auxiliaire de divination. Trelawney semblait décidément indéboulonable.

En revanche, le crapaud avait dû prendre la fuite le soir du dernier dîner, poursuivie par un Peeves déchaîné qui lui avait tapé dessus avec une chaussette remplie de craie. Colin Creevey s'était rué sur son appareil photo pour prendre toute une série de clichés qu'il envoya ensuite en recommandé à l'inspecteur Howard, qui venait tout juste de quitter l'hôpital. Personne ne savait encore comment le bonhomme avait réagi en recevant les images, mais il ne risquait pas de pleurer, sauf éventuellement de rire... Des copies des photos devaient circuler entre les professeurs, à présent.

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Le chariot des douceurs passa dans le couloir, Sarah déverrouilla la porte et l'équipe se servit généreusement, utilisant les pages de la Gazette pour emballer les gâteaux non consommés. Blaise avait suggéré une autre utilisation pour les feuilles du journal, mais Hermione l'avait sévèrement réprimandé pour proférer des grossièretés pareilles. Elle savait toujours aussi peu se détendre...

Harry et Neville étaient entrain d'échanger quelques cartes quand des visiteurs indésirables pointèrent leur nez à la porte du compartiment. Drago Malefoy ne savait jamais quand s'arrêter. Même pas quand lui et trois de ses acolytes se trouvaient face au doux total de quinze membres de l'A.D. baguette à la main. Les quatre intrus n'eurent même pas le temps de prononcer la première syllabe d'un maléfice qu'ils se trouvèrent au centre d'une tempête de sortilèges offensifs ou tout simplement offensants

Quand le calme fut à peu près revenu, le quatuor malfaisant ressemblait à une jolie collection de limaces multicolores. Après s'être assurés que les gêneurs arrivaient encore à respirer, et lancé quelques « finite » pour limiter les interactions entre sortilèges, l'A.D. retourna s'installer dans ses compartiments pour déguster ses friandises favorites et échanger quelques potins pour se changer les idées. Les ennuis viendraient bien assez vite.

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Après quelques heures passés à potasser le Chicaneur et à se massacrer mutuellement par échiquier interposé, il fut temps de revenir à la réalité et de descendre les bagages de leur filet pour rejoindre le quai de la gare de King's Cross. Harry traîna les pieds. Il n'avait pas envie de retourner encore une fois chez les Dursley, qui le regarderaient sans doute encore plus de travers que d'habitude. L'incident Dudley de l'été dernier n'avait sûrement pas été oublié. Il n'avait pas encore le choix, aussi se résigna-t-il et prit sa valise d'une main, la cage d'Hedwige de l'autre, et descendit sur le quai.

Il était attendu. Presque toute la fine équipe qui était venue le chercher à Privet Drive se trouvait là. Maugrey tentait de dissimuler son œil sous un chapeau melon, ce qui lui donnait l'air d'un gangster sur le retour. Tonks paraissait plus normale que lui. Ceci dit, seul son jean déchiré correspondant à sa panoplie habituelle. Ses cheveux étaient à présent d'un brun terne, et il n'y avait pas l'ombre d'un sourire sur son visage fatigué. Pas de Sirius en vue, ce qui convenait parfaitement au jeune homme. En revanche, Hestia Jones et Dedalus Diggle, ainsi que les parents Weasley, se tenaient en ligne à côté des deux aurors. Derrière eux, les jumeaux faisaient de grands coucous aux nouveaux arrivants, tout en restant soigneusement hors de portée de leur mère. Apparemment, ils ne lui avaient pas encore expliqué qu'ils n'avaient absolument pas l'intention de revenir à Poudlard l'année suivante pour finir leurs études. Ron s'intéressait de très près aux blousons tout neufs de ses frères, taillés dans un matériau souple d'un vert... très vif.

- Peau de dragon, petit frère, répondit George avec un sourire suffisant quand Ron lui demanda quelle était cette matière. Nos bénéfices nous permettaient bien de nous les offrir.

Ron hocha la tête, assez impressionné. Il semblait réfléchir au genre de business qu'il pourrait bien monter pour gagner un peu d'argent, lui aussi.

- Que faites-vous tous là ? demanda Harry à Tonks.

- On s'est dit, vu la nouvelle donne, qu'il était temps d'avoir une petite conversation avec ton oncle.

- Mais vous savez ce qu'ils pensent des sorciers...

- Ouais, ben on s'en tape, coupa Maugrey avec un ricanement. Je les ai repérés là-bas, on va leur rendre une visite ensemble, ça te va ?

Harry pouvait difficilement dire non, aussi hocha-t-il la tête et se mit en marche, Maugrey s'appuyant sur son épaule tandis qu'ils avançaient vers un trio Dursley totalement paralysé, tant par la peur que par l'outrage. Être vu en compagnie de... ces gens, quelle horreur ! Des trois, Dudley était le plus terrifié, et tentait de disparaître derrière sa mère ce qui, vu leurs largeurs respectives, était quelque peu problématique. L'oncle Vernon tenta quant à lui de la jouer « virile », mais face à Maugrey, Harry craignait que ce ne fût peine perdue.

Une fois planté devant Vernon, Maugrey redressa sa relative petite taille et regarda attentivement l'oncle par en-dessous.

- Nous voudrions vous parler un peu de Harry, dit le vieil auror avec ce qui pouvait passer pour de l'amabilité.

- Au sujet de la façon dont il est traité chez vous, dit Tonks d'un ton quasi-lugubre.

- A ma connaissance, ce qui se passe chez moi ne vous regarde pas, répondit l'oncle Vernon d'une voix forte... qui mourut dans un couinement digne de la Mort aux Rats quand Maugrey souleva le bord de son chapeau.

- Ce qui échappe à votre connaissance remplirait plusieurs volumes, Mr Dursley, dit le vieil homme, l'air mauvais.

Vernon pâlit excessivement, regardant les sorciers les uns après les autres.

- Mais c'est pas le problème, reprit Maugrey sans quitter son sourire de mauvais augure. Le truc, c'est, si jamais on apprend que vous avez maltraité le garçon...

- Et croyez-le, nous le saurons, commenta Hestia Jones, la mine radieuse.

- Nous viendrons en causer avec vous.

- C'est une menace ? gronda Vernon, tâchant de sauver la face.

- Ouais. Parfaitement.

Maugrey abandonna ensuite Vernon pour se retourner vers Harry.

- Potter, si tu as besoin d'aide, préviens-nous. Si nous n'avons pas de tes nouvelles pendant plus de trois jours, on enverra quelqu'un voir ce qui se passe chez ces braves gens.

La tante Pétunia parut encore plus horrifiée en entendant cela. L'idée que des hommes en robe puissent entrer chez elle en plein jour la remplissait d'une terreur sans nom. Mais que diraient les voisins ?

- Au revoir Potter. Fais gaffe à toi, dit Maugrey en tapotant l'épaule du jeune homme.

- On se reverra bientôt, assura Molly Weasley avec un sourire.

Harry les salua à la ronde, puis saisit la poignée de sa valise et se dirigea vers la sortie de la gare, heureux pour une fois d'avoir quelqu'un qui surveillait son dos.