Salut à tous les lecteurs ! Nous entamons le tome 5 des Hypothèses. Maître Link et moi-même allons avoir une année 2012 assez chargée (déménagements, nouveau taf...) aussi le rythme de publication sera-t-il un peu plus lent pour nous laisser le temps de préparer les suite des réjouissances. En attendant, bonne lecture, et n'oubliez pas le petit bouton en bas...:)


Chapitre 1 : Tout se Détraque

Il faisait anormalement chaud en cet été 1995. La sécheresse s'était durablement installée sur la Grande-Bretagne, un comble pour une nation toujours décrite comme dégoulinante de pluie.

La journée touchait à sa fin dans un silence accablé qui ressemblait à de la torpeur. Dans Privet Drive endormi sous la chaleur, les voitures se couvraient d'une couche de poussière de plus en plus épaisse, tandis que les pelouses et les parterres de fleurs se flétrissaient doucement, faute d'eau. Il était interdit d'arroser ou de laver son véhicule. Les habitants, à l'abri de la pénombre, attendaient l'arrivée de la brise, à défaut de précipitations. Une seule personne se trouvait encore à l'extérieur, allongée derrière des hortensias, dans le jardin du numéro 4.

Harry attendait, lui aussi. Il avait encore maigri, si c'était possible, depuis sa sortie de Poudlard quelques semaines plus tôt. En compensation, le jeune homme s'était vu octroyer par la puberté les centimètres qui lui manquaient, et dépassait désormais son cousin d'une demi-tête. En revanche, il avait de nouveau hérité des vieux vêtements de Dudley, et portait ce jour-là un t-shirt trop grand, un jean élimé et des baskets qui bâillaient au bout. Mais, après tout, personne ne pouvait le voir derrière ses fleurs, et aucun voisin grincheux ne viendrait lui faire de reproche. Même l'oncle Vernon, ou mieux encore, la tante Pétunia si avide de propreté, ne s'apercevrait de sa présence, à moins de regarder directement dans la direction des hortensias.

Cette cachette s'était révélée excellente, en dépit d'une position guère confortable sur le sol de béton, et Harry en profitait pour se livrer à sa nouvelle activité estivale : l'espionnage du journal télévisé.

Il l'avait vite compris, il s'avérait inutile de tenter de suivre l'actualité depuis le salon des Dursley. Son oncle faisait trop de bruit ou le harcelait de questions, aussi Harry avait-il renoncé à la méthode directe pour passer à des voies plus détournées, plus dignes de l'écu brodé sur son uniforme scolaire. Et il ne s'en tirait pas trop mal, depuis quelques jours, bien que le résultat de ses planques fût maigre. Aucune information ne lui était parvenue sur des phénomènes étranges.

Le jeune homme dressa l'oreille en entendant la voix de son oncle.

- Où est-il ?

- Je n'en sais rien, répondit la voix aigre de la tante Pétunia. Il a dû quitter la maison.

- Tant mieux, ricana son mari. Je commençais à me demander ce qu'il mijotait, à toujours vouloir regarder les informations. Aucun garçon normal ne s'en soucierait. Dudley ne doit même pas savoir ce qui se passe sur le continent... Et puis, qui irait parler des gens comme lui dans un journal civilisé ?

Harry réprima un grognement. Il se tapit un peu plus derrière ses fleurs quand la vieille Figg passa dans la rue. Depuis le début de l'été, cette amie des chats n'avait de cesse de l'inviter à prendre le thé avec elle et ses nombreux félins. Ce qui était plutôt une bonne chose, car Harry s'est souvenu du « détail qui clochait » en regardant sa boîte aux lettres : Son prénom était Arabella, et ses soupçons d'être la Arabella Figg dont avait parlé Dumbledore se faisaient de plus en plus tangibles. Harry n'en avait rien dit évidemment, mais c'était bon à savoir… Elle s'éloigna lentement et Harry soupira de soulagement.

La grosse voix de son oncle résonna de nouveau dans le silence.

- Duddy est allé dîner dehors ?

- Oui, chez les Polkins, répondit son épouse avec fierté. Il est si demandé...

Harry leva les yeux au ciel en se demandant jusqu'où pouvait aller la crédulité de ces parents si orgueilleux de leur rejeton. Dudley passait bien chez ses amis, mais ils ne restaient pas à la maison. Au lieu de boire du thé, la bande allait casser des bancs et des balançoires dans le parc, fumait dans la rue, jetait des pierres sur les voitures et maltraitait les enfants du voisinage. Une éducation réussie, sans aucun doute...

Ces réflexions amères cessèrent d'un coup quand l'indicatif du journal télévisé se fit entendre. Harry se rassit sous la fenêtre et attendit, mais fut encore déçu.

- Un nombre record de vacanciers se trouvent bloqués dans les aéroports alors que la grève des bagagistes espagnols entre dans sa deuxième semaine. Le ministre des transports...

- On n'a qu'à leur accorder la sieste à vie, grommela Vernon Dursley.

Harry commença à se relever en se frottant les genoux. Si on attaquait les infos par une grève de bagagistes, alors les choses ne devaient pas aller si mal. Si des morts suspectes s'étaient produites, nul doute que le présentateur en aurait parlé. Ce ne serait pas encore cette fois que la situation allait évoluer.

Le temps avait passé de façon désespérément monotone, depuis un mois. Toujours la même routine, du matin au soir et du soir au matin. Et Harry se demandait pourquoi rien n'arrivait. Il se détendit avant de se diriger vers la porte d'entrée de la maison. En franchissant le seuil, il entendit parler d'un hélicoptère qui avait échappé de peu à l'accident dans un champ du Surrey, avant que le journaliste n'enchaîne sur le divorce tapageur d'une actrice, une affaire qui passionnait la tante Pétunia. Pour clore le bal, on lança un sujet sur une perruche apprivoisée à qui son maître avait appris à faire du ski nautique. En dépit de son caractère amusant, ce reportage n'apportait rien à Harry, qui s'apprêta à remonter dans sa chambre.

Un craquement sonore perça soudain le silence, suivi d'un miaulement à vous arracher les oreilles. Harry se ruait déjà vers la porte, baguette en main, quand son oncle le saisit sans ménagements par le bras.

- Où crois-tu aller comme ça, mon gaillard ?

Sans lui répondre, Harry se dégagea d'une secousse. Il rangea sa baguette, furieux d'avoir été rattrapé avant d'avoir pu sortir et voir ce qui se passait.

- Qu'est-ce que tu avais derrière la tête, en faisant ça ?

- Ça quoi ? Je n'ai rien fait du tout, j'allais voir ce qui avait craqué comme ça.

- Ne joue pas au plus fin avec moi, mon garçon, commença Vernon.

- En effet, c'est perdu d'avance, riposta son neveu, qui s'impatientait rapidement.

Le persiflage fut perdu pour Vernon, qui continua sa diatribe. Il parlait encore en agitant les bras, quand il se rendit compte que le jeune homme avait quitté la maison sans attendre la fin de son discours.

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De son côté, Harry marchait dans la rue, les mains dans les poches, réfléchissant à ce qui s'était produit. Ce craquement provenait sans doute d'un sorcier en cours de transplanage. Il en avait suffisamment entendu lors de la coupe du monde de Quidditch pour en être persuadé. Un magicien se trouvait donc dans le secteur quelques minutes auparavant. Ou peut-être Dobby ? Ses apparitions et disparitions étaient particulièrement bruyantes. Personne ne suivait le Serpentard, mais il savait aussi que nombre de ses collègues en magie pouvaient se rendre invisibles à volonté.

La mine renfrognée, il avança au hasard. Plusieurs lettres étaient arrivées cet été via les hiboux de ses camarades et aucune ne signalait d'activité inhabituelle. En revanche, celle de Ginny lui avait paru comme contrainte, à croire que quelqu'un était resté penché par-dessus l'épaule de la jeune fille tandis qu'elle écrivait. Un mystère de plus à résoudre à la rentrée des classes...

La Gazette du Sorcier, à laquelle Harry s'était abonné au retour de Poudlard, était pareillement muette quant à Voldemort. Mais elle se rattrapait sur un autre sujet. Ses déclarations et celles de Dumbledore étaient systématiquement tournées en ridicule par des journalistes aussi hargneux que Rita Skeeter, sans en avoir le « génie » créatif. Le vieux directeur avait été chassé de son poste au magenmagot, ainsi que de tous ceux – fort nombreux – qu'il occupait dans le monde sorcier, exception faite de Poudlard, dont Harry aurait pourtant apprécié de le voir partir.

« Du moment que l'on me laisse ma carte de chocogrenouille, je ne me soucie de rien », avait déclaré Dumbledore sur le mode plaisant au reporter qui l'avait questionné.

Harry en prenait aussi sa part, accusé de mensonge quasiment dans chaque édition du journal. De nouvelles expressions voyaient le jour, du genre « faire son Potter » ou « raconter des histoires de Potter » pour signifier qu'un individu vous faisait une blague ou débitait des âneries. L'on se plaignait d'avoir dû « rendre un culte » à un gamin déséquilibré doté d'une trop grande ambition, ce qui fit monter la moutarde au nez plutôt chatouilleux du jeune homme. Après tout, personne ne les avait obligés à le considérer comme le « sauveur ». Ils s'étaient tous prêtés de bonne grâce à cette comédie stupide. Sous un pseudonyme, Harry expédia quelques réponses cinglantes à l'adresse de la Gazette, qui eut le bon goût de publier la première, avant d'envoyer les autres à la poubelle.

Harry envoya un morceau de journal froissé dans le caniveau d'un coup de pied légèrement trop fort. Les cartes qu'il avait reçu pour son anniversaire, quelques jours plus tôt ne lui avaient rien appris non plus, mais avaient au moins eu le mérite de lui remonter un peu le moral, sans compter les douceurs que Théodore et Sarah lui avaient fait parvenir. Mais il s'ennuyait toujours aussi ferme. Pourquoi devait-il rester coincé à Privet Drive ? Il pouvait sans doute se rendre utile, non ?

Avec un sentiment croissant de frustration croissant, Harry tourna dans l'allée des Magnolias et se rappela sa première rencontre avec Sirius, juste à cet endroit précis. Sirius... Encore un que Harry se sentait prêt à étrangler, depuis quelque temps. Un homme qui ne cessait de réclamer de l'action, qui avait vécu en cavale, aurait dû se montrer assez réceptif aux sentiments d'un jeune homme désireux d'apporter son aide dans la lutte contre Voldemort. Mais tout ce qu'il envoyait à son filleul pouvait se résumer à : « Ne fais pas de vagues », « Sois prudent » et « Ne mets pas ton nez là où il ne faut pas ». Harry avait réduit chacune de ces missives en confetti. Il en était sûr, son directeur aurait sans doute très bien compris ce qui lui passait dans la tête. Malheureusement, il n'avait aucun moyen de joindre l'ombrageux personnage et même s'il avait eu son adresse, le garçon n'aurait pas osé prendre un tel risque. Le courrier pouvait être facilement intercepté.

Continuant d'avancer, Harry se trouva soudain devant la grille qui fermait le parc municipal. Vérifiant que personne ne le voyait, il sauta lestement par-dessus et marcha à travers les pelouses racornies en se disant que somme toute, il avait suivi à la lettre les recommandations de son parrain. Il n'avait pas sauté sur son balai pour s'enfuir à Londres, il ne laissait pas échapper la moindre bouffée de magie incontrôlée... Comme s'il devenait de plus en plus domestiqué.

Arrivée devant les balançoires, dont une seule avait résisté au vandalisme de Dudley et compagnie, Harry s'assit dessus et entreprit de lui donner un léger mouvement. Il n'avait pas très envie de rentrer dormir chez sa tante. Il faisait sans cesse des cauchemars à propos de Cédric, auxquels s'ajoutaient des rêves de couloirs sombres garnis de nombreuses portes verrouillées. Sa cicatrice le gênait presque tous les jours, mais à quoi bon le mentionner ? On lui répondrait que c'était tout à fait normal, puisque Voldemort était revenu.

Cette attitude devenait lassante, à la longue. Quand voudrait-on se rendre compte qu'il avait grandi ? C'était bien gentil de la part de Dumbledore de dire partout que Harry avait « vu et accompli plus de choses qu'un sorcier adulte », mais à quoi bon, s'il continuait à traiter son élève comme un enfant maladroit ? Un soupçon de considération aurait été le bienvenu...

Le jeune homme tournait encore ces pensées dans sa tête quand la nuit tomba, sans apporter beaucoup de fraîcheur. Quelques grillons jouaient leur partition, puis leur doux cri-cri fut remplacé par des rires gras et des éclats de voix. Harry releva la tête et aperçut, à quelques dizaines de mètres, la bande de son cousin. Ils avaient tous leur vélo de course à la main, des engins qui avaient coûté fort cher à leurs parents. L'un d'eux, peut-être Polkiss, entonna une chanson que même Harry, qui n'était pourtant pas un prude, aurait qualifiée de pornographique. Elle serait sans aucun doute achevée quand Dudley franchirait la porte du domicile familial.

Le cousin de Harry avait conservé le même volume que l'année précédente, à ce détail près qu'une partie de sa graisse avait été remplacée par des muscles. Le régime draconien et sa passion soudaine pour la boxe l'avait rendu à la fois plus endurant et nettement plus dangereux. Pour le plus grand bonheur de son père, le garçon était devenu champion de boxe junior intercollèges du Sud-Est parmi les « poids lourds ». Le noble sport avait surtout appris à Dudley à bien ajuster ses coups et il causait désormais une véritable terreur chez les enfants du quartier. Il y réussissait encore mieux que son cousin, que l'on présentait à tous les élèves de primaire comme un redoutable délinquant récidiviste, un voyou de la pire espèce, une canaille endurcie... etc.

En regardant la bande, Harry se demanda un instant s'ils n'avaient pas bu, ou fumé autre chose que le tabac infect qu'ils consommaient d'habitude et que la tante Pétunia semblait ne jamais sentir sur les vêtements de son fils. Murphy seul savait qui avait pris son compte de coups, ce soir-là. Une envie de bagarre démangea les poings du Serpentard, mais il préféra l'oublier. Dudley hésiterait sans doute à lui taper dessus, par crainte de la baguette et du ridicule, mais les autres n'auraient pas ces préventions. La bande fut bientôt hors de vue et Harry quitta son poste d'observation. Il avait intérêt à marcher vite pour rentrer avant son cousin, sans quoi il recevrait encore des remarques désagréables et des menaces d'enfermement.

La température était douce et les étoiles clignotaient doucement dans le ciel noir. Personne ne se trouvait sur le pas de sa porte et Harry pouvait ainsi se promener sans craindre les réflexions sur son allure et ses vêtements. Trottant au milieu de la rue, il aperçut la clique de Dudley qui se séparait avec force commentaires hilares.

- T'es le meilleur pour les crochets, droite ou gauche, Big D, disait Piers.

- Demain, vous pourrez venir chez moi, assura un nommé Gordon, mes vieux ne seront pas là.

- Alors à demain, même heure, déclara Dudley.

- Salut, Dud !

- A demain, Big D !

Ils se dispersèrent et Harry emboîta le pas à Dudley, qu'il rattrapa rapidement.

- Salut, Big D !

- Qu'est-ce que tu fais là ? grommela son cousin en le découvrant.

- Ben, comme toi, je me promène. C'est sympa, ce nouveau surnom, là, Big D.

- Hm ?

- Ça doit te changer des « Duddy chéri » de maman, pas vrai ?

- Ouais. Et maintenant, tu la fermes.

- À qui avez-vous cassé la figure, ce soir ? enchaîna Harry, l'air soudain mauvais. A un môme tout seul ? Ou vous avez piqué des bonbons à une petite fille ? Il y a deux jours, vous avez tabassé Mark Evans, et je me demande ce qu'il vous avait fait.

- Il était insolent, lâcha Dudley.

Les répliques de Harry l'énervaient visiblement, mais ce dernier ravala juste à temps celle qu'il avait sur le bout de la langue. Pour asticoter le boxeur poids lourd, mieux valait se montrer fine mouche, histoire de ne pas finir la soirée avec la mâchoire aussi enflée que celle d'un hamster. Mais cette fois-ci, c'est Dudley qui revint à la charge.

- Au moins moi, je ne fais pas de cauchemars la nuit, dit-il.

- Pardon ?

- Je t'ai entendu, même crier parfois. « Ne tuez pas Cédric ! Pas Cédric ! » Qui c'est ce type, ton petit ami ?

Harry s'assombrit et sortit immédiatement sa baguette, se retournant vers Dudley.

- Non, c'est quelqu'un qui est vraiment mort.

Dudley s'immobilisa en voyant la baguette alors que Harry s'avançait vers lui.

- Il a été tué sous mes yeux et je n'ai rien pu faire. As-tu déjà vu quelqu'un mourir pour de vrai, Dudley ? As-tu déjà vu un ami se faire tuer à un mètre de toi ? Réponds !

- N… N-n-n-non, balbutia Dudley.

- Alors, tu n'as pas à me juger, dit Harry en se retournant et en rangeant sa baguette. J'ai vu des choses dépassant tes pires cauchemars, alors j'ai le droit d'avoir des cauchemars pires que les tiens.

Harry se remit en route.

- On devrait rentrer, Dudley. Je ne tiens pas à faire de mauvaise ren…

Harry s'interrompit. Un courant d'air gelé venait de lui glacer le sang.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Dudley. C'est toi qui as fait ça ?

- Non. Mais tu l'as senti aussi, n'est-ce pas ?

Harry comprit en voyant les ténèbres s'installer dans la rue alors que dans le ciel, les étoiles vacillaient et semblaient disparaitre : il y avait un détraqueur, ou plus, dans les parages. Le ministère avait ignoré les avertissements de Dumbeldore, et les détraqueurs avaient rejoint Voldemort. Ils étaient là pour lui, c'était sûr.

- Qu'est-ce que c'est ? répéta Dudley.

- Une attaque ! COURS !

Harry s'élança. Il fallait gagner le carrefour : il offrait plusieurs chemins possibles pour filer, et une chance d'éviter les détraqueurs sans faire de vagues. Harry envisagea de gagner la maison de Mrs Figg, mais cela révélerait à Dudley son identité, donc mieux valait garder cette solution en réserve.

Harry parvint au carrefour, suivi à quelques mètres par son cousin. C'est à lors qu'il les vit. Au fond de la rue à gauche, s'avançait la spectrale silhouette encapuchonnée d'un détraqueur. Une seconde créature apparut bientôt dans la rue en face. Aucun ne portait de cagoule.

Son esprit marchant à toute allure, Harry compta les issues. La bonne nouvelle, c'était qu'ils ne semblaient pas cernés : Harry ne voyait aucun détraqueur à droite ni derrière, et les créatures étaient encore trop loin pour ôter toute volonté de courir. La mauvaise, c'était que le chemin le plus rapide pour rentrer était en face…

Se retournant vers Dudley, Harry s'aperçut qu'il était livide et tremblait comme une feuille. Confronté aux détraqueurs pour la première fois de sa vie, poltron et lâche de nature, l'esprit faible, Dudley était plus touché par la terrible aura de désespoir qui émanait des créatures. Il fallait fuir maintenant.

- Vite, par là ! montra Harry avant de s'élancer.

- N-n-non, je rentre !

- Quoi. ? NON, PAS PAR LÀ, TU VAS DROIT SUR…

Mais déjà Dudley ne l'entendait plus. S'étant précipité vers les détraqueurs, il venait de s'écrouler à genoux, la tête dans les mains, dangereusement près de l'abomination. Déjà l'autre l'avait senti, et les deux atroces créatures convergeaient à présent dans sa direction…

Harry savait qu'il devait faire quelque chose. Maintes fois il avait eu envie de tuer son affreux cousin avec une râpe à fromage, mais l'abandonner aux détraqueurs était impensable. Les créatures étaient terriblement près à présent. Harry commença à entendre les suppliques de sa mère…

Saisissant sa baguette, sa main rencontra autre chose dans sa poche. Il savait ce que c'était : une photo de lui et ses amis : Sarah, Théodore, Blaise. Prise le même jour qu'une photo des jumeaux et de Ginny… Harry reprit ses sens en pensant à cette photo qu'il gardait toujours sur lui. L'un des détraqueurs venait de saisir les bras de Dudley pour les écarter de son visage. Il fallait lancer le sort maintenant, ou ce serait trop tard. Harry n'avait qu'un essai. Il se concentra sur la photo et ses amis…

- SPERO PATRONUM !

Une lumière argentée apparut au bout de sa baguette avant de prendre la forme d'un cerf. D'un coup de baguette, Harry amena le Patronus contre Dudley. Incapables de soutenir la présence du Patronus, les détraqueurs commencèrent par reculer, avant de se volatiliser.

Le voile de ténèbres disparut alors aussi subitement qu'il était apparu. Le contraste était tel qu'on aurait eu l'impression que le soleil se levait.

Harry regarda autour de lui. Le Patronus s'était évanoui, Dudley était recroquevillé en position fœtale, mais il survivrait. Plus urgent, une vieille femme s'approchait d'eux en courant. Harry dissimula sa baguette contre son bras, mais préféra ne pas la ranger tout de suite. Puis il reconnut Mrs Figg.