C'était la saint Valentin. Jour important dans la vie d'une jeune fille s'il en était.

Kaede serrai avec fébrilité ses mains tremblantes tout contre son cœur.

Allait-elle seulement pouvoir oser ?

Elle commençait à en douter. Chaque pas qu'elle faisait et qui la rapprochaient de là-bas la rendrait un peu plus nerveuse. Imperceptiblement, sa démarche se faisait moins assurée et elle commençait à ralentir. Peut-être serait il mieux de se défiler finalement ?

Une bourrade brusque dans son dos la ramena dans l'instant présent. Elle se retourna en fusillant du regard la grande perche qui lui servait de meilleure amie.

-Mais quoi ! Grogna t elle à son intention d'un ton grincheux.

L'autre jeune femme leva les yeux au ciel, l'air manifestement excédée.

-Figure toi que j'ai remarqué ton petit manège, ma vieille ! Lui répondit elle. Et je préfère te prévenir tout de suite : il est hors de question que tu te fasse la belle maintenant ! Tu m'avais promis de venir avec moi !

Kaede grimaça. Elle avait espéré que Kaori aurait oublié. Après tout n'avait elle pas une mémoire de poisson rouge d'ordinaire ?

Alors pourquoi avait il fallu qu'elle se souvienne que Kaede avait accepté, il y a quelques semaines de cela, de l'accompagner en ce jour Ô combien symbolique dans … Un véritable repaire de démons !

Bon certes, Kaede était bien obligée d'admettre que sur le coup, l'idée ne lui avait pas parue être si mauvaise. Malgré les rumeurs plus que douteuses qui pullulaient à son encontre, cet endroit ne devais pas être si terrible que ça… Et puis, comme le lui avait si bien rappelé son amie, ça serait l'occasion de revoir leur ami d'enfance. Bien que soit dit en passant, Kaede savais très bien que sa meilleure amie n'y allait pas pour l'ancien camarade en question, mais pour un tout autre spécimen mâle du lieu.

Oh elle avait bien protesté un peu, pour la forme. Mais Kaori avait menacé, avait tempêté, tant et si bien que pour retrouver un peu de quiétude Kaede avait cédé. Car après tout, elle cédait tout le temps.

Cependant les bonnes résolutions de la jeune fille fondaient comme neige au soleil au fur et à mesure qu'elle se rapprochait de l'endroit tans redouté.

Il faut dire qu'aucun élément extérieur n'aurait pu la rassurer. L'endroit paraissait mal famé et il y régnait une ambiance pesante.

Quelques instants plus tard des cris sauvages retentirent aux oreilles des jeunes filles. Ces borborygmes inarticulés provenaient apparemment de leur destination finale. Ce qui avait un coté assez inquiétant.

Kaede sentit ses dernières parcelles de courage la quitter définitivement lorsqu'un grand bruit de verre brisé se fit ensuite entendre. Elle se retourna précipitamment vers son amie en vociférant.

-Il est hors de question que je pénètre dans cet endroit.

Kaori se contenta de la pousser vers le portail du bâtiment. Avec son mètre soixante dix la jeune fille surplombait largement son amie et n'avait aucune peine à la contraindre à reprendre sa marche en avant.

-C'est trop tard maintenant ! Lui intima elle. On est arrivée… Et puis ne t'inquiète pas, la Saint-Valentin est un jour de trêve chez eux. A vrai dire c'est le seul jour de l'année où les filles sont autorisées à pénétrer dans l'enceinte de l'école.

Kaede se renfrogna un peu plus. Elle doutait que ces sauvages bagarreurs puissent réfréner leurs pulsions de violence ne serais ce qu'un jour dans l'année. Les deux jeunes filles étaient dans la cour de l'établissement et les bruits douteux qui émanaient des salles de classes ne faisaient que conforter Kaede dans son impression.

Légèrement paniquée, elle pris néanmoins le temps de poser un regard circulaire autour d'elle. Sur les murs gris et délavés étaient taguées un monceau d'obscénités. Les fenêtres du rez de chaussée semblaient toutes avoir été méticuleusement éclatées. Quelqu'un avait même jeté des tables et des chaises de cours du haut des étages et les meubles gisaient, brisés en une multitude d'éclats, devant la porte d'entrée du bâtiment.

Au milieu de ce champ de ruine, Kaede remarqua qu'elles n'étaient pas les seules filles présentes. Ainsi il y avait eu d'autres courageuses pour oser venir braver ces lieux ! Elle songea avec soulagement que les autres lycéennes avaient toutes elles aussi l'air un peu déstabilisées par l'ambiance chaotique qui régnait dans l'école. Un petit moment passa, alors qu'elles se regardaient toutes en chien de faïence. Kaede se demandait bien pourquoi elles restaient plantées là. Mais comme son amie ne semblait pas vouloir bouger, elle se contenta d'attendre silencieusement à ses cotés. Quelques longues minutes s'égrenèrent. Finalement, alors que la jeune fille n'y croyait plus, deux lycéens sortirent d'une allure nonchalante du bâtiment et se dirigèrent vers les filles qui s'étaient regroupées en une sorte de petit troupeau. Kaede pris le temps de les examiner avec soins. Après tout, ils étaient les premiers spécimens du lieu qui lui étaient donnés de voir…

Ils s'emblaient être à peu près du même âge qu'elle, peut être un peu plus vieux, mais ce n'était pas flagrant. Ils étaient grands et minces, mais pas gringalets cependant. Vêtus du même sweat-shirt et du pantalon réglementaire de l'école, ils se fendirent d'un grand sourire en constatant que leurs visiteuses étaient relativement nombreuses. Leur ressemblance était troublante, ils étaient sûrement frères, voir jumeaux, songea la jeune fille. Leurs visages aux contours pointus rayonnaient de malice et leurs yeux noisette semblaient briller, forts de la confiance qu'ils avaient en eux. Kaede se dit qu'ils avaient l'air très heureux de les voir ici…

Alors qu'ils arrivaient à leur hauteur, le plus petit des deux s'adressa au groupe de lycéennes d'un ton bienveillant.

-Mesdemoiselles, les Mikami-Brothers vous souhaitent la bienvenue à Suzuran. Nous sommes chargés de vous servir de guide afin que vous puissiez trouver la personne que vous recherchez sans problèmes.

Ces paroles polies résonnèrent étrangement dans la bouche de ce jeune homme, qui devait sûrement être plus habituée à lancer des insultes et des menaces.

Devant leur attitude amicale, le petit groupe sembla se détendre quelque peu et ce mit en marche lorsqu'un des deux frère lança un « on y va ! » enthousiaste.

Ils firent un premier arrêt à l'étage réservé aux secondes des lycées. Certaines jeunes filles se séparèrent du groupe pour aller dans les salles de classe où les attendaient impatiemment les élèves. Kaede haussa un sourcil en apercevant un élève proprement immense. Il lui semblait terriblement intimidant et elle ne pensait pas avoir jamais vu quelqu'un d'aussi grand. Si elle n'avais pas su que le boss actuel du lycée était un terminale, elle aurait sans hésité affirmé que ce géant là régnait en maître sur les lieux. Honnêtement, elle ne pensait pas une seule seconde que quelqu'un ait pu battre un jour une telle force de la nature.

Elle fut coupée dans ses réflexions, car les frères Mikami ne s'attardèrent pas longtemps à cet étage. Vu les regards suspicieux que les secondes leur adressaient, ils n'étaient apparemment pas en odeur de sainteté en ces lieux.

Comme prévu ils marquèrent un deuxième temps d'arrêt à l'étage des premières. Là aussi, quelques jeunes filles sortirent du groupe pour aller offrir leurs chocolats aux lycéens. Kaede jeta un regard furtif à son amie, mais celle-ci ne semblait pas vouloir s'arrêter à cette étape. Elle compris que son amie réservait son intérêt aux garçons de terminales. A vrai dire, elle n'était pas la seule. La majorité des filles du groupe de départ étaient encore présente et semblaient toutes avoir la même intention qu'elle. Kaede haussa les épaules. Après tout elle n'était là que pour faire plaisir à son amie, peu importait pour elle l'étage où elle allait devoir patienter en attendant que cette dernière ait fini de tenter d'aguicher sa cible du jour.

Les frères Mikami la coupèrent une nouvelle fois dans ses réflexions en reprenant leur ascension dans les étages. La tension qui grandissait dans le petit groupe était palpable. Kaede alla même jusqu'à se demander si l'une d'entre elles n'aillait pas faire un malaise. Quant à elle, si elle ne se sentait pas totalement sereine dans l'atmosphère pesante qui régnait dans le lycée, n'ayant aucune vues sur un des garçons du coin elle ne ressentait aucune tension de ce coté là.

Elles arrivèrent enfin au dernier étage. Celui des terminales. A sa grande surprise les lycéens n'avaient pas eux jugés bon de les attendre sagement dans les salles de classe. Ils s'étaient réunis dans le couloir, formant un comité de bienvenue pour le moins intimidant. Elle sentit Kaori frissonner violement à ses coté. Elle suivi le regard de son amie et remarqua qu'elle semblait totalement captivée par l'un des terminales.

Bon, elle devait bien avouer que ce dernier n'était pas franchement vilain. Dès le premier regard, ses cheveux blonds décolorés et savamment décoiffés attiraient l'attention. Grand et musclé, il se dégageait de lui une force apparente. Il avait le visage assez rond, mais pas du tout enfantin. Ses lèvres pleines s'arquaient en une moue boudeuse et ses yeux étaient cachés par de grandes lunettes noires. L'ensemble du tableau était plutôt plaisant.

Alors qu'un silence pesant s'était installé, une des jeunes filles pris finalement son courage à deux mains et s'avança d'une démarche décidée vers l'un des garçons. Tremblante, elle s'inclina en une petite courbette et tendit fébrilement ses chocolats au jeune homme, qui avait l'air tout à fait ravis de son propre succès.

Ce geste marqua le début des festivités et toutes les lycéennes se firent tour à tour le devoir d'aller offrir leurs présents aux garçons qui leur plaisaient.

Kaede regarda distraitement son amie avancer gauchement vers le grand blond. Mais s'en désintéressa vite. Ce n'étaient pas ses affaires…

La jeune fille réalisa alors qu'elle était à présent toute seule et qu'elle devait avoir l'air passablement ridicule à rester plantée là, au beau milieu du couloir. Elle avisa alors une petite porte qui s'emblait donner sur l'extérieur et se dit que respirer un peu d'air frai loin de tous ces roucoulements lui ferait le plus grand bien.

Une fois dehors elle inspira et expira profondément plusieurs fois. Elle était presque sur le toit de l'école et elle devait bien avouer que la vue était magnifique. Kaede s'assit alors à même le sol afin de profiter des timides rayons de soleil qui daignaient bien réchauffer un peu cette après midi de février. A présent totalement détendue, et oublieuse de l'endroit où elle se trouvait, elle ferma les yeux et fit le vide dans sa tête.

Une voix grave et légèrement moqueuse vins alors interrompre ce moment de calme.

-Et ben ! On s'est perdue ?

Ni une, ni deux, la jeune fille bondit sur ses pieds et se retourna vivement vers le propriétaire de cette voix.

C'était un jeune homme, sûrement un peu plus vieux qu'elle. Pas très grand, mais musclé. Le teint halé et des cheveux noirs mi-longs rejetés en arrière. Il portait une chemise noire à fleur rouge qui détonnait un peu avec l'ambiance de guerre civile qui semblait être de mise à Suzuran. Il abordait un air effronté et lui adressait un sourire sarcastique. Kaede réprima un frisson et s'inclina en s'excusant.

-Pardonnez moi, je ne savais pas que l'accès au toit était limité aux élèves de l'école.

Le jeune homme s'embla légèrement surpris, voir même mal à l'aise de la voir s'adresser à lui de façon aussi polie.

-Bah c'est pas bien grave ! Lui répondit-il. Mais tu cherches qui ici ? Je croyais que tout les terminales devaient attendre les filles devant les escaliers !

Kaede se retint de lui faire remarquer que lui-même s'emblait être un terminale et que lui non plus n'était pas au bon endroit. C'était un gars du coin après tout, et même s'il avait l'air plutôt sympathique, elle devait garder à l'esprit qu'ils ne vivaient que pour la baston. Aussi préféra elle tenter d'expliquer la raison de sa présence sur le toit.

-En fait, commença t elle, je ne suis là que parce que j'ai accompagné une amie à moi qui ne voulais pas venir toute seule. Alors je suis venue ici pour patienter…

Le jeune homme hocha la tête en signe d'acquiescement.

-Je te comprends ! Dit-il en haussant les épaules. Moi non plus, je ne suis pas trop branché St-Valentin et autres conneries de ce genre ... Et sinon, d'où tu viens toi ? Je vois à ton uniforme que tu es aussi lycéenne.

-Je suis en première au lycéen d'Ouran. Lui répondit elle.

A ces mots il fit une grimace dégoûtée. Kaede resta interdite devant sa réaction.

-Ouran ? Le lycée de bourges ? Demanda il.

La jeune femme, choquée par ces paroles, se sentit parcourir par un frisson de colère. Décidément c'était toujours la même réaction qui était associée au nom de son lycée. A chaque fois les gens se refermaient comme des huîtres, comme pour signifier à quel point Kaede pouvait évoluer dans un monde différent du leur du simple fait de son statut social. Certes, Ouran était destiné à accueillir les enfants des familles aisées de la ville, mais ce n'était pas pour autant que tous les élèves étaient d'imbuvables gosses de riches, hautains et prétentieux…

Elle tenta de se composer un visage impassible pour cacher son désarroi.

-Oui Ouran. Le lycée pour fille à environs 5kms d'ici près de la piscine publique. Dit elle froidement sans approfondir, en désignant vaguement de la main les rues à gauche du bâtiment.

Le garçon avait apparemment perçu son changement d'humeur et tenta de se rattraper avec maladresse.

-Enfin quand je dis bourges, c'est pour dire que ça doit être un peu plus classe qu'ici quoi…

Puis il se tus en se raclant la gorge. Et comme Kaede ne répondait pas le silence commença à se faire pesant. La jeune fille reporta son attention sur le paysage et se contenta de contempler la ville d'un regard absent, ignorant son interlocuteur de façon manifeste. Ce dernier n'avait apparemment aucune idée de la façon dont il allait pourvoir rétablir le contact.

Il fut secouru par Shoji qui venait de monter sur le toit. Ce dernier l'ayant repéré, il se dirigea rapidement vers son chef, sans prêter attention au fait qu'il n'était pas seul.

-Eh ben Serizawa ! Pour quoi tu t'es caché ? Demanda il. T'imagines même pas le nombre de filles qui t'ont réclamées… Ce qui est plutôt surprenant d'ailleurs

-Dis donc toi ! Lui répliqua son boss, d'une vois faussement outrée. Qui t'as permis de remettre en cause mon sex-appeal ?

Son camarade allait répondre mais il fut interrompu par une voix incrédule.

-Shoji ! C'est toi ?

A cette intonation familière le jeune homme se mit instinctivement à rechercher sa propriétaire. Son visage se fendit en un grand sourire lorsqu'il reconnu son amie d'enfance.

-Ca alors, Kaede ! Mais qu'est ce que tu fiche ici ?

-C'est plutôt à moi de te poser la question ! Répliqua elle. Quand on voit la fréquentation de cet endroit !

Elle avait dit ça tout en lorgnant vers l'autre garçon, qui les contemplait sans bien comprendre la situation. Voyant l'air interloqué de son boss, Shoji se chargea de faire les présentations.

-Alors chef, je te présente mon amie d'enfance Kaede Kiryu. Kaede, je te présente Tamao Serizawa, il est en terminale avec moi.

Les deux interpellés se saluèrent rapidement d'un signe de tête, puis Kaede reporta son attention sur son ami.

-Mais qu'a tu fais à tes cheveux ! Demanda-t- elle en riant et en saisissant une de ses dreads. Ce dernier fit un vague geste pour se défendre ce qui marqua le début d'une petite lutte amicale entre eux, avec Kaede qui essayait de le tirer par les cheveux. Evidemment, Shoji ne se défendait pas âprement, au contraire, il s'esclaffait devant l'improductivité des tentatives de la jeune fille. Serizawa contemplait d'un air interloqué son lieutenant se conduire en parfait gamin. Il faut dire que Shoji ne l'avais pas vraiment habitué à ça durant leurs années de lycée… Quoi qu'il en soit, la complicités évidente qui liait ces deux là le mettait mal à l'aise et il décida d'y mettre fin.

-Allez Shoji, ramène toi ! Oublies pas que Genji a demandé à ce qu'on se réunisse afin de définir un plan d'attaque pour aller botter le cul des gars d'Hosen…

Sans plus de cérémonie, Tamao se retourna et se dirigea d'un pas décidé vers la petite porte en fer par laquelle Kaede était arrivée. Le lieutenant de Serizawa avait immédiatement arrêté ses singeries dès le rappel à l'ordre de son chef, après un dernier sourire pour son amie, il tourna les talons et suivit docilement le monstre de Suzuran.

Interloquée, Kaede repris son souffle et se demanda pourquoi son ami suivait l'autre élève. Shoji était depuis sa plus tendre enfance un adepte du judo, il faisait un combattant remarquable sur les tatamis qui ne craignait rien ni personne. La jeune fille connaissait le tempérament de feu de son ami et se demandait bien pourquoi ce dernier suivait si docilement la personne qui lui avait si ouvertement donné un ordre. En plus, il fallait bien admettre que le judoka prenait bien deux têtes à l'autre garçon sans compter qu'il semblait infiniment plus baraqué et menaçant. Piquée par la curiosité, la jeune fille se décida à suivre les deux compères.

Une fois de retour dans le couloir, Kaede remarqua qu'un bon nombre de lycéennes avaient déjà quitté les lieux. La jeune fille lança un regard insistant à Kaori qui était toujours en garde discutions avec le même superbe blond décoloré. Son amie compris le message et pris congé du garçon en s'inclinant une ultime fois. Puis, elle vint à sa rencontre.

Ne voulant pas partir avant d'avoir eu la réponse à ses questions, Kaede emmena son amie légèrement à l'écart du troupeau que formait les lycéens pour pouvoir les observer et discuter à leurs aises.

-Alors, comment c'était ? Demanda elle Kaori en chuchotant.

-Izaki est vraiment extraordinaire !

Devant l'air béat avec lequel son amie prononça cette phrase, Kaede en déduisit que ça avait du plutôt bien se passer. Elle n'eut pas le temps de renchérir car elle fut interrompue par l'arrivée en fanfare de Shoji et du garçon quelle avait rencontré sur le toit. Les deux lycéens s'avancèrent d'un pas décidé vers les autres élèves en demandant quelle était la suite du programme d'une voix tonitruante.

Mais, alors que Kaede tentait de se concentrer sur les paroles qu'échangeaient les deux hommes avec un grand lycéen au cheveux longs et noirs qui semblait manifestement être le maître des lieux, elle fut perturbée par le gémissement presque hystérique qui venait de sortir de la gorge de son amie. Curieuse de savoir l'origine de son trouble, la jeune fille leva vers elle un sourire interrogateur. Kaori la regarda avec des grands yeux.

-Nan mais regarde qui est là ! Dit elle est s'agitant.

Kaede qui se méprenait sur l'origine de son trouble lui répondit calmement :

-Ben oui c'est Shoji ! Je l'ais vu sur le toit tout à l'heure…

-Idiote ! Je sais que c'est super de le voir mais je ne parle pas de lui ! Mais enfin Kaede, tu n'es vraiment pas au courant de qui commande à qui à Suzuran ?

La jeune fille fit un rapide signe de la tête pour lui expliquer que non. Kaori repris son souffle avant de s'exclamer :

-C'est Tamao Serizawa ! Le monstre de Suzuran, un des big-boss du lycée et LE mec de moins de 20ans le plus populaire de la ville !

Elle avait dit ça en faisant de grands moulinets grandioses avec ses bras et en roulant exagérément des yeux. Mais, aujourd'hui Kaede était particulièrement longue à la détente.

-Mais lequel c'est ? Demanda elle.

Finalement, elle n'entendit même pas la réponse furieuse de son amie dont la voix semblait soudainement occultée.

Le monstre de Suzuran venait de se retourner et de poser les yeux sur elle. Enfin, elle fit le lien….

Ce garçon qu'elle avait tout d'abord pris pour un lycéen lambda était LE Serizawa dont tous les faits et gestes (le plus souvent illégaux) étaient rapportés comme une traînée de poudre dans son lycée et , plus généralement, dans toute la ville.

Cela lui fit comme un choc de réaliser cela. Mais en un sens elle comprenait à présent pourquoi même un gars comme Shoji avait pu se soumettre a lui.

Elle déglutit difficilement alors que Serizawa la regardait toujours. Leur échange visuel se fit plus intense. Kaede ne savais pas pourquoi mais elle ne voulais pas être la première à lâcher prise.

Elle du finalement se résoudre à détourner le regard car Kaori s'était mise à la tirer par la manche. Une fois la magie du moment brisée, Kaede constata que l'intégralité des terminales était en train de lorgner dans leur direction. Manifestement, elles les dérangeaient dans leur réunion improvisée qui prenait des airs de conspiration. Sans demander leur reste, les jeunes filles tournèrent les talons et s'enfuirent du lycée.

Quelques temps plus tard :

Les jours avaient passés depuis leur fameuse visite à Suzuran et le cours de la vie des jeunes filles avait repris tranquillement. C'était à présent le printemps, il faisait beau et bon, les arbres étaient en fleur et il régnait une ambiance de bonne humeur générale au lycée pour filles d'Ouran.

Dans quelques jours, ce serait la fête du lycée. Les cours avaient été exeptionellemment interrompus dans le but que les élèves puissent participer à l'élaboration de ce grand moment. Kaede, Kaori et les autres filles de la classent étaient tranquillement occupées à décorer le portail de leur école avec des fleurs en papier.

Kaede avait été désignée pour grimper tout en haut de l'escabeau afin de placer les fleurs aux endroits les plus élevés. La jeune fille s'acquittait docilement de sa tâche en écoutant d'une oreille distraite ses camarades de classe qui discutaient en contrebas. Comme d'habitude ces dernières parlaient garçons. Après tout, c'était LE sujet de prédilection de tout lycée pour filles qui se respectait. La jeune fille se fit plus attentive lorsque le nom de Suzuran fut placé dans la conversation. Apparemment, une des jeunes filles était entrain d'expliquer à ses amies que cet endroit mal famé était un véritable vivier de beaux garçons.

Même si elle était d'accord avec elle sur ce point, Kaede leva les yeux au ciel. Les élèves de ce lycée étaient toutes de filles de famille bourgeoise, qui avait grandit éloignées de toutes formes de délinquance ou de violence. Elles aimaient le coté mystérieux des « bad-boys » de Suzuran, sans réaliser que ces derniers étaient vraiment loin d'être des enfants de cœur, et que dans la plus part du temps ces derniers méprisaient tout simplement les gosses de riches comme elles. Elle fit elle-même une grimace colérique à cette pensée. Cela lui rappelait en effet l'épisode de sa rencontre avec Tamao Serizawa, sur le toit de Suzuran et sa moue dégoûtée quand elle lui avait appris qu'elle étudiait à Ouran.

A présent agacée, la jeune fille collait un peu trop violemment les fleurs en papier sur le fer du portail. Des qu'il était question de Suzuran où de quelque chose qui se rapprochait de près ou de loin à l'univers du monstre du lycée elle ne pouvais pas s'empêcher de penser à lui. Et elle finissait toujours par ruminer le fait qu'ils semblaient s'être quitté en mauvais termes.

Oh, Kaede se doutait bien que le grand Tamao Serizawa ne devais pas avoir mis bien longtemps à oublier son existence mais depuis ce jour, elle-même y pensait très régulièrement. Et tous les éléments extérieurs faisaient qu'elle ne pouvait pas s'en détacher. Il ne se passait pas une semaine sans que les faits et gestes du lycéen ne soient rapportés, répétés et disséqués par toutes les filles d'Ouran.

Dans ce lycée, Tamao Serizawa était devenu une sorte de rock star dont on commentait les frasques (Destruction de biens publics, outrage à agent de police et bastonnades avec d'autres lycéens dans les ruelles mal famées de la ville… La liste était longue). Il était ainsi difficile pour Kaede d'arriver à ne plus penser à lui quand tout le monde qui gravitait autour d'elle en avait fait un sujet privilégié.

La jeune fille soupira et décida de porter à sa tache une plus grande attention. Le résultat commençait en effet à rendre une esthétique plutôt douteuse…

Plus tard dans l'après midi, Kaede profitait d'un instant de repos en compagnie de Kaori de Kyoko et de deux autres lycéennes de terminale, tranquillement assise sur un des bancs qui agrémentaient la cour du lycée. Un bruit de sirène de police résonnait près du bâtiment, mais les filles, trop absorbées dans leur discutions, n'y prêtaient qu'une attention distraite.

Elles étaient en train de commenter les derniers ajustements qu'elles allaient devoir apporter à la pièce de théâtre que leur classe devait jouer à l'occasion de la fête du lycée. A leurs grandes satisfaction, elle était à peu près au point. Cependant, comme chacune redoutait d'oublier ses répliques, Kyoko proposa une répétition improvisée. Les autres approuvèrent mais l'une d'elle fit pertinemment remarquer qu'il leur manquait les scripts auxquels se référer si elles avaient un blanc.

Kaede parcouru leur petit groupe d'un regard circulaire et constatant qu'aucune d'entres elles ne semblait vouloir se proposer pour aller les chercher elle se dévoua finalement. Comme elle le faisait toujours

-Bon ben j'y vais ! Dit elle en se relevant et en époussetant rapidement sa jupe. Sans plus attendre elle se dirigea d'un pas décidé vers le gymnase où elles avaient entreposé tout le matériel nécessaire à la représentation. Elle sourit en entendant Kaori lui crier par dessus son épaule qu'elle était un amour.

Elle parvint rapidement au gymnase et s'engouffra à l'intérieur. Elle marqua un temps d'arrêt pour contempler l'intérieur du bâtiment. C'était une infrastructure magnifique, l'intérieur avait été tapissé d'un lambris aux couleurs bois naturel qui donnait à l'ensemble un coté soigné. Les rayons du soleil, qui perçaient à travers les baies vitrées, venaient réchauffer encore plus la teinte ambre du bois. Le gymnase était vide, enfin, si on exceptait l'entassement des costumes et des décors qui avaient été négligemment placés sur la scène provisoire montée pour l'occasion. Il émanait de ce lieu une atmosphère calme et paisible, que venait seulement perturber le hurlement lointain de la sirène de police.

Avisant le tas des scripts qui avait été laissé sur une table non loin de là, Kaede en saisit trois puis amorçât un demi tour pour rejoindre la sortie.

Une sorte de grattement sur le bois des murs interrompit brusquement son geste. La jeune fille aurait pourtant juré être seule quand elle avait pénétré dans le gymnase.

Intriguée, elle reposa les scripts sur la table et s'avança à pas feutrés vers la source du bruit.

Le grattement était toujours là, persistant, mais se voulait discret. Il s'interrompis soudain, laissant place à un bruit étouffé de cavalcade.

Kaede se retourna vivement vers la scène et elle pu apercevoir une forme allant se réfugier derrière les portants où étaient suspendu les costumes pour la pièce de théâtre.

A présent certain d'être en présence d'un être humain et non pas d'un rongeur qui se serait égaré la jeune fille s'adressa à l'inconnu d'une voix claire, mais légèrement tremblante.

-Euh…Bonjour !

Ces paroles sonnaient étrangement fort dans l'immense espace vide que constituait le gymnase. L'intru ne se manifestant pas, Kaede refit une tentative pour engager le dialogue.

-Je sais où vous êtes… Sortez, je ne vous ferais pas de mal !

La jeune fille songea avec ironie que même si elle l'avait voulu, elle n'aurait pu faire de mal à personne au vu de son petit gabarit. Mais, ses paroles amicales semblaient avoir eu un effet positif car la personne se décida finalement à sortir de sa cachette.

A sa vue Kaede eu comme un choc et resta figée en le contemplant avec stupeur.

-Mais qu'est ce que vous faites ici ! Demanda-elle d'une voix blanche.

Tamao Serizawa se gratta l'arrière du crâne d'un air gêné. On aurait cru voir un gamin qui s'apprêtait à se faire gronder.

-Euh…Petit problème avec les forces de l'ordre … Expliqua il platement.

Kaede fit soudain le lien entre son air coupable, sa présence inexplicable dans ce gymnase et la voiture de police dont la sirène hurlait toujours et qui s'entêtait apparemment à tourner aux alentours du lycée. Apparemment la personne qu'ils rechercheraient activement était celle qui se tenait, penaude, devant elle. La jeune fille sentit un frisson de panique la parcourir. Dans quel pétrin s'était elle fourrée ?

-Vous ne pouvez en aucun cas rester ici ! Grinça-t-elle.

Il n'était en effet pas courant que le lycée d'Ouran accueille des délinquants en ses murs.

-Oh rassure toi j'aimerais bien partir, mais au cas où tu ne l'aurais pas remarqué je ne pense pas que l'agent qui me harcèle sera du même avis.

La jeune fille le fixa d'un air furibond alors qu'il prononçait ces paroles. Ce n'était tout de même pas de sa faute à elle s'il était incapable de se comporter comme un citoyen normal, respectueux des lois et des personnes chargées de la faire respecter. Kaede songeait de plus en plus à le planter là sans autre forme de discutions et de le laisser se débrouiller par lui-même mais elle fut brusquement coupée dans son élan. Le jeune homme venait d'accrocher son regard et la fixait intensément avec des yeux suppliants.

-Aide moi…Fit il d'une voix douce. S'il te plait…

La jeune fille se sentit fondre en entendant ces intonations suaves et devant ce regard de chien battu. Ce fut presque inconsciemment qu'elle s'entendit répondre :

-Ok . Suivez-moi.

S'arrachant à grand peine de leur échange visuel elle fit demi tour et se dirigea à grandes enjambées vers la sortie du gymnase, le monstre de Suzuran sur les talons.

Kaede jeta un œil prudent à l'extérieur du gymnase. Constatant que la voie était libre, elle se dirigea vivement vers le bâtiment où se trouvaient les salles de classes. Il y avait là-bas une sortie de secours qui donnait directement sur une petite ruelle. C'était la meilleure solution pour que le lycéen puisse tenter une sortie en toute discrétion. La jeune fille esquissa un bref regard vers ses amies qui étaient toujours dans le coin opposé de la cour. Ces dernières ne la remarquèrent pas, trop absorbées dans leur discutions.

Kaede bénit intérieurement la fête du lycée qui avait conduit à faire converger toutes les élèves en un même point, à savoir la préparation du portail. Leur absence leur laissait une relative marge de manœuvre.

Le cœur de la jeune fille battait la chamade. De sa vie elle n'avait jamais fait quoi que ce soit qui puisse être répréhensible et voila qu'elle se trouvait être la complice de l'auteur d'une infraction (enfin, qu'avait il fait exactement au juste ?). Dans un sens elle sentait sa culpabilité venir rogner sur sa conscience, mais dans un autre sens elle trouvait cela… Terriblement excitant ! Marchant toujours à grandes enjambées, le garçon la suivant comme son ombres, elle se hâta vers la porte de secours, craignant à toute secondes de voir surgir devant eux un agent de police.

Mais, quelques secondes plus tard elle y était. Fébrilement, elle se précipitât sur la porte qu'elle ouvrit d'un geste ample. Elle eu à peine le temps de s'écarter de l'entrebâillement que déjà Serizawa se précipitait dans la rue. Pendant un instant, elle crût même qu'il allait la laisser en plan comme ça, sans un mot de remerciement. Cependant au bout de quelques pas il se retournant vers elle, un air débordant de gratitude scotché au visage.

-Merci beaucoup. Lui dit-il d'une voix grave.

Les règles de politesse qui la formataient depuis sa plus tendre enfance prirent aussitôt le dessus et elle s'inclina par réflexe.

-Mais je vous en prie ! Répondit elle d'une voix tremblante.

Tamao Serizawa, la contempla, une fois de plus surpris par une si inhabituelle politesse faite envers lui.

-Hé ! Grogna-t- il. C'est toi qui viens de me sauver la mise alors t'écrase pas comme ça !

Kaede sursauta légèrement devant la dureté de son ton, mais elle fut encore plus surprise par les mots qu'il prononça ensuite d'une voix radoucie, presque tendre.

-A présent, j'ai une dette envers toi. Si un jour tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à faire appel à moi, tu sais où me trouver…

Sur ces belles paroles il lui avait ébouriffé les cheveux d'un geste protecteur plutôt brutal puis s'était retourné vivement et s'était mis à marcher à grandes enjambées dans la rue. Kaede l'avais regardé s'éloigner, légèrement déboussolée. Et alors qu'il allait disparaître il s'était à nouveau tourné vers elle et lui avait crié.

-A très bientôt Kaede !

Cette dernière ne parvenais pas à décider si elle devait être plus choquée du fait qu'il ait envisagé la possibilité de la revoir dans un futur proche, ou tout simplement du fait qu'il semblait se souvenir parfaitement d'elle puisque malgré le mois qui s'étaient écoulés depuis leur première rencontre, il s'était rappelé de son prénom.

Satisfait de son petit effet sur la jeune fille, le monstre de Suzuran avait alors définitivement tourné les talons. Un sourire malicieux vissé aux lèvres.

Interdite, la jeune fille se repassa cette dernière scène en boucle.

LE Tamao Serizawa avait une dette envers elle…Waow !

Alors, qu'en pensez-vous ? Toutes remarques sera TRES appréciée et utilisée pour améliorer autant que possible la qualité de cette fic, tant au niveau de l'écriture que du scénario. Soyez indulgents s'il vous plait, c'est ma première fic.

S'il ressort des commentaires que ce prélude vous à plu, je vous dit à très bientôt.