Epilogue

« Tes yeux… »

La flèche était entre ses doigts.

Ses mains étaient pleines de sang, son sang.

Ses yeux s'écarquillèrent alors que la vie désertait les siens.

Elle sanglotait, suppliait, l'appelait, mais il n'était plus là, et elle ne reverrait jamais.

Ses cheveux se mirent à tomber au sol, autour de lui. Et elle hurla son nom de toutes ses forces.

Mira se redressa, haletante, tremblotante, son visage couvert de sueur et de larmes. Elle toucha ses cheveux. Ils étaient longs. Ce n'était qu'un rêve. Un mauvais rêve. C'était sa première nuit après la fin de la guerre qu'elle passait loin de Léo, bien sûr qu'elle ferait des cauchemars. Et ça continuerait pendant un moment. La porte de sa chambre s'ouvrit, et la lumière s'alluma alors que sa mère, Percy et Paul faisaient irruption dans sa chambre. Percy s'assit sur son lit et prit sa main dans la sienne, lui assurant qu'il était là. Il était passé par là, l'année précédente. Il rassura leur mère et leur beau-père, qui retournèrent se coucher.

-Mira, tu vas bien ?

-Juste… Juste un mauvais rêve.

-La mort de Léo ? Compatit-il.

-Comment… Comment tu as deviné ?

-Tu as hurlé son nom tellement fort que même les voisins ont dû t'entendre.

-Désolée…

Il la serra contre lui. Il était avec elle.

-Tout va bien. Il est revenu. Ça a été difficile, mais il est là, maintenant.

Le soleil commençait à se lever. Percy prit la bouteille d'eau posée sur le sol et utilisa ses pouvoirs pour créer un arc-en-ciel.

-Qu'est-ce que tu fais ?

-Ô déesse Iris, accepte mon offrande, montre-moi Léo Valdez, à la Colonie des Sang-mêlés, fit-il en y jetant une pièce.

-A cette heure-ci ? Il doit être en train de dormir !

-M'en bats les couilles.

-Tout va bien, Princesse ? Demanda une voix inquiète depuis le Message-Iris.

-Bah non, Valdez ! Elle a fait un cauchemar. Je vous laisse. Prends soin d'elle, tu veux ?

-Merci, articula-t-elle à l'intention de son frère.

Il haussa les épaules, souriant néanmoins, et sortit en fermant la porte.

-Alors ! Raconte un peu ton rêve à Tonton Léo, plaisanta-t-il.

-Ta mort.

Son sourire disparut. Sa voix se fit plus douce.

-Je suis là.

-Tu ne comprends pas ? C'était de ma faute !

-Eh, te bile pas pour ça ! Je suis bien en vie ! Si je me suis interposé, c'était parce que je t'aime. Et je t'aimerais encore pendant un bon moment. Et puis, j'ai pu voir ma mère… Et te dire ce que je ressentais. Et rencontrer la grand-mère de Frank, c'était quand même un truc à ne pas rater ! En plus, pendant un moment, quelques personnes ont eut un instant de répit !

Malgré elle, Mira eut un rire.

-Qu'est-ce que je ferais, sans toi ?

-Beaucoup de choses, sourit-il tendrement.

Elle secoua la tête.

-Comment j'ai pu passer à côté du fait que j'étais folle de toi, Valdez ?

Il rit.

-J'en sais rien. Mais j'ai commencé à en pincer pour toi dix minutes après t'avoir rencontrée.

Elle rougit.

-Comment ça se fait que tu ne dors pas ?

-J'étais tellement claqué hier que je me suis effondré sur mon lit vers sept heures du soir. Alors, ce matin, j'étais plus fatigué.

-Et tu es au Bunker, remarqua-t-elle en voyant les outils derrière lui.

-Ouaip !

-Veuillez insérer une autre pièce pour une minute supplémentaire, fit la voix préenregistrée d'Iris.

-Je vais en chercher une.

-Pas la peine. Retourne dormir, tu dois te reposer.

Elle sourit. Il s'inquiétait pour elle.

-Ok. A plus, alors.

-Je t'aime.

-Je… Je t'aime aussi, sourit-elle.

C'était la première fois qu'il l'entendait le dire. Elle l'avait dit une fois, avant de retourner dans la salle du trône et faire le vœu de chasteté. Qu'Artémis avait refusé. Les yeux de Léo s'élargirent. Il finit par sourire et l'arc-en-ciel se dissipa.

Elle essaya de se rendormir, mais elle ne put retourner dans son sommeil réparateur. Grommelant, elle se leva et, après une rapide toilette, elle alla dans la cuisine. Sa mère aussi était debout. La cafetière était pleine. Sally lui sourit et lui en versa une tasse. Elle attira sa fille dans ses bras avant de caresser ses longs cheveux noirs. Sa fille était là, près d'elle, presque sans cicatrices. Elle se rappela la jeune fille brisée aux cheveux coupés en pointes irrégulières, raccourcis par un coup sec de son épée. Sally la serra plus fort avant de la lâcher.

-Cookie ?

-Ils sont bleus ?

Elle hocha la tête avec un sourire et Mira leva les bras au ciel, avec l'expression d'un enfant qu'on aurait lâché dans un magasin de bonbons.

-Ouiiiii !

Sa mère rit doucement avant de poser une assiette pleine de cookies devant elle.

-Alors ? Fit-elle en s'asseyant près de Mira.

-Mmmh ? Répondit-elle, la bouche pleine.

-Toi et Léo ?

-Mamaaaaaan ! Protesta-t-elle, les joues rouges.

Sally leva les mains, comme pour dire « J'ai rien dit ! ». Mais ses yeux brillaient.

-Tu sais, lorsque tu m'as parlé de Léo pour la première fois, en hiver, une petite voix dans ma tête me disait : Sally, c'est lui, le garçon avec qui ta fille va passer des heures sur Message-Iris, c'est en pensant à lui qu'elle restera éveillée tard le soir, c'est lui qui la fera rire quand tout ira mal pour elle…

-Oh, c'est le champion pour ça.

-J'ai fait taire cette voix. C'était un ami, comme les frères Alatir, Grover, ou Will. Pourquoi Léo Valdez serait différent ? Et lorsqu'il est venu réparer la voiture de Paul, la petite voix est revenue. Elle était plus forte. Léo est un garçon formidable.

-Il l'est, souffla Mira. Il… Il s'est interposé entre cette flèche empoisonnée et moi, maman. Sans lui, je ne sais pas si je serais assise à côté de toi aujourd'hui…

-Tu le serais. Léo aurait fait la même chose que toi. Il aurait demandé aux dieux de te ramener. Et s'ils avaient refusé, il aurait plongé sans hésiter dans l'autre monde et t'aurait ramenée. Il t'aime, Mira.

-Je sais… Je l'aime aussi…

Sur l'Olympe, les déesses soupirèrent d'aise, heureuses que le couple le plus compliqué de la Colonie soit casé.

En Atlantide, Poséidon grommela devant la déclaration de sa fille. Mais il sourit néanmoins en sachant que son choix d'approuver la relation de sa fille était le bon. Après tout, il y avait pire que Léo.


Mira, main sur la joue, était assise à sa table, l'uniforme pour garçon sur le dos, et regardait par la fenêtre. C'était le premier jour de cours, donc les professeurs étaient assez cool pour la journée. Résultat, tout le monde parlait avec ses amis. La fille de Poséidon avait abandonné sa discussion avec les membres du club de lutte un moment auparavant.

-S'il vous plait, tout le monde !

Tous se turent.

-Nous avons un nouvel élève parmi nous. Accueillez-le comme il se doit.

Mira s'en fichait un peu, toujours concentrée sur les nuages. Elle entendit quelques murmures appréciatifs de la part de la gente féminine.

-Tu peux t'asseoir près de Mira Jackson. Elle est là-bas, près de la fenêtre.

A l'entente de son nom, elle leva la tête. Figée, elle regarda le garçon qui s'avançait vers elle, un sourire satisfait aux lèvres. Le brouhaha reprit et le professeur dût sortir, interpellé par l'un de ses collègues. Lorsqu'il s'assit, il fit simplement :

-Hey.

-Léo ?! Qu'est-ce que… ?

-Salut, toi, fit suavement une voix féminine.

Mira arqua un sourcil, avec une expression de « Tu crois que tu fais quoi, là, au juste ? » sur le visage.

-Euuh… Salut… ?

-Je suis Arianna Gates. Et tu es… ?

-Léo Valdez.

-Ne reste pas avec Jackson. Elle est trop bizarre.

-Si tu appelles bizarre ne pas s'habiller avec un uniforme trop court, ne pas le décorer avec des trucs roses, ne pas me tartiner avec du maquillage toute la journée et porter des chaussures de taille normale, alors je suis heureuse de l'être.

-Ha, ha, ha, très drôle, Jackson.

-Oh, merci, le sens de l'humour de Léo est contagieux, à force, sourit-elle, une lueur froide dans le regard.

-Vous… Vous vous connaissez ?

Léo eut un sourire et mit un bras autour de la taille de Mira.

-Ce serait bizarre, si on ne se connaissait pas, réfléchit-il.

Elle lui donna une claque à l'arrière de la tête.

-Idiot, si on ne se connaissait pas, je ne ferais pas ça !

-Pas q…

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'elle l'embrassa.

-Ah, ça…, sourit-il béatement lorsqu'ils se séparèrent.

-Vous… êtes ensemble ?

-Exact, Gates. Maintenant, tu m'écoutes. Tu t'approches de lui à un rayon inferieur à cinq mètres, je t'arrache tes faux ongles un par un, en m'assurant que les vrais y soient toujours collés lorsqu'ils seront détachés de tes doigts. Et si ça ne t'arrête pas, je ferais pareil avec tes faux cils, et tes cheveux.

Arianna déglutit et s'enfuit. Quelques garçons avaient une expression abattue.

-Désolé, les mecs, j'ai passé trop longtemps à lui courir après pour vous la laisser maintenant, leur dit-il. Ou un jour, d'ailleurs.

Mira sourit et à la sonnerie, elle le prit par la main et ils sortirent de la classe. Ils comparèrent leurs emplois du temps. Ils étaient pareils.

-J'adore Paul, souffla Mira, devinant qu'il avait tiré quelques ficelles pour qu'ils soient ensemble. Alors, tu m'explique ? Ne me dit pas que tu as fait tout le chemin depuis Long Island ?

-Pas vraiment. Tu sais que Will va à NYU ?

-Oui, en deuxième année…

-Comment ce type arrive à payer l'université en passant ses étés à la Colonie sans travailler, je me le demande…

-Sa mère bosse comme chirurgienne dans une clinique privée et elle fait pas mal de fric, donc Will ne bosse que pendant l'année scolaire.

-Il a un appart pas loin d'ici. Et comme il ne peut pas le partager avec Drew, vu qu'elle va à l'école de cosmétologie à Boston, il m'a proposé de venir m'installer chez lui. J'ai un boulot au garage de mécanique du coin, et je l'aide un peu avec son loyer. Chiron m'a donné son feu vert et Paul m'a un peu aidé. J'ai emménagé hier.

Mira eut un sourire. Soudainement, une main agrippa son bras et la tordit derrière son dos, la faisant fléchir. Elle réagit immédiatement et lui écrasa violemment les orteils. Elle libéra son autre main de celle de Léo, et donna un coup de coude dans l'abdomen de son assaillant. Elle le prit par le poignet et s'apprêta à le balancer par-dessus sa tête, lorsqu'il plaida :

-Mira ! C'est moi !

Elle lâcha le co-capitaine du club, qui s'écrasa sur les fesses, et, irritée, lui intima :

-Qu'est-ce qui t'a pris, Josh ? J'étais sur le point de te foutre la raclée de ta vie !

-Je voulais m'assurer que tes reflexes étaient toujours là ! Et je constate que oui.

Elle l'aida à se relever.

-Léo, voilà Joshua –Josh pour faire court –Carter. C'est le co-capitaine du club de lutte du lycée. Josh, Léo Valdez, mon petit ami.

-Non ?! Mira Jackson a un petit ami ? Je n'aurais JAMAIS cru que ça arriverait.

Léo sourit.

-Moi non plus. J'ai eu le béguin presque immédiatement après qu'on se soit rencontrés, en hiver. On a fini ensemble cet été. Des mois et des mois d'admiration, j'aurais jamais cru y arriver un jour.

Mira rougit et lui donna un coup de poing au bras. Léo sourit avant de l'embrasser.

-Eww ! Prenez-vous une chambre !

-Ta gueule, Josh.

-Tu as un tatouage, maintenant ?

Elle regarda son bras, ayant complètement zappé le tatouage de la légion.

-Oui, le même que mon frère…

-SPQR ?

-Senatus Populusque Romanus. Le sénat et le peuple de Rome. Surmonté d'un Oméga, parce que je suis grecque.

-Et un trident ?

-Pour Poséidon. Enfin, Neptune, dans ce cas là. Et parce que notre père est très proche de l'océan.

Josh hocha la tête.

-C'était douloureux ?

-Pas vraiment.

C'était horrible.

-Et… C'était avec des aiguilles, de l'encre, et tout ça ? S'excita-t-il.

-Non, ironisa-t-elle, ils me l'ont brulé sur la peau !

Ouais, bon…

-Bien sûr, que c'était avec des aiguilles ! Crétin…

-Alors ? Tu rejoins l'équipe cette année ?

-Bien sûr ! Peut-être même qu'Annabeth aussi !

-Annabeth ? Tu es sûre ? Elle ressemble plus à la fille intelligente qui passe ses journées dans les bouquins…

Léo et Mira se regardèrent avant d'éclater de rire.

-Mec, je la connais, on est tous ensemble au même camp de vacances, et après Mira, Annabeth est la personne qui me fait le plus peur ! Quand elle te lance ce regard… givré, froid et orageux, tu te sens tout petit et tu peux même faire une crise cardiaque !

-Elle fout les jetons à mon frère ! Le type, on sait pas s'il veut lui sauter dessus ou se pisser dans le froc !

-Ton frère ? Il a un regard de la-mort-qui-tue ! Surtout quand quelqu'un t'approchait. D'ailleurs, il est revenu cette année ?

-Oui, le pensionnat en Angleterre, très peu pour lui.

-Tant mieux. Et il rejoint le club ?

-Peut-être… J'en sais rien, c'est sa dernière année de lycée, et il va à l'université l'année prochaine.

-Bon, j'y vais. Le reste de l'équipe est plus loin. A plus, les amoureux !

-Salut !

Ils le regardèrent s'éloigner. Léo déclara :

-Il se peut que Jason et Frank rejoignent aussi. Enfin… Même si je pense qu'ils auront une préférence pour l'équipe de football. Je verrais bien Jason en quarterback…

-Ils sont ici ?!

-Pas vraiment. Ils arrivent dans une semaine avec Pip's et Hazel. Will a assez de place pour que Jason puisse venir chez lui aussi, Frank va squatter chez Travis et Connor, qui vont au Hunter College, et le père de Piper à un appartement à New York, alors les filles, l'ont pour elles, à condition qu'il y ait quelqu'un de majeur, à savoir Katie, qui cherchait un appart' pour sa première année à Pace University. Elle s'y est déjà installée avec Annabeth, vu que l'année sabbatique du Professeur Chase est terminée et qu'il est retourné avec le reste de sa famille en Californie, et elles préparent l'arrivée de Piper et Hazel. L'appartement de M. McLean est immense, alors elles auront assez de place…

Mira se mit à réfléchir.

-Donc, tout le monde est là ?

-Exact. On a envahi Goode !

-Les monstres vont faire la queue aux portes de l'école…

La sonnerie retentit. Léo regarda son emploi du temps.

-On a quoi, après ?

-Espagnol.

Mira eut un grognement.

-J'adore Mrs Sanchez, et c'est la personne la plus adorable qui soit, mais je ne comprends rien à son cours.

-T'inquiète, ton prof particulier est là, sourit-il.

Toujours main dans la main, ils entrèrent dans la salle de classe. Mira eut un sourire en coin en sentant les regards haineux qui coulaient sur elle. Son Léo ? Nan, elle ne le lâcherait jamais.


-BIEN.

-BIEN !

-BIEN !

Elle passa rageusement la main dans l'arc en ciel après avoir eu le dernier mot, interrompant la conversation. Quelle belle façon de commencer ses vacances d'hiver ! Mira résista à l'envie de décapuchonner son stylo/trident et d'empaler quelques oreillers, rien que pour se défouler un peu.

-Imbécile… Crétin…, marmonna-t-elle.

Puis, pour faire bonne mesure, elle ajouta quelques insultes peu flatteuses en grec avant de sortir de sa chambre, sous les regards de Percy, Paul et sa mère. Elle saisit sa parka accrochée au porte-manteau, l'enfila et sortit de la maison, claquant bruyamment la porte derrière elle. Percy arqua un sourcil et Paul soupira. Quand à Sally, elle esquissa un petit sourire avant de se mettre à rire, attendrie.

-Elle a failli faire exploser la porte, fit remarquer Percy en l'entendant s'esclaffer. Et si vous compreniez les insultes en grec, vous voudriez lui laver la bouche à l'eau de javel.

-Mais c'est tellement adorable !

-Je… ne te suis pas vraiment, là, chérie…

-C'est leur première dispute ! Bon, ça a pris un peu de temps, mais c'est arrivé !

-Tu parles…, marmonna le jumeau.

Dehors, Mira, la tête haute, les poings crispés, la mâchoire serrée, avançait bravement dans le froid et le bruit de New York. Elle fourra les mains dans sa poche et erra sans but précis. Elle regarda les passants, pressés, comme à leur habitude, les touristes qui prenaient des photos de la ville enneigée. Elle commençait à avoir vraiment froid. Elle entra dans le premier magasin qu'elle vit. Ses pas l'avaient guidée dans un petit café rustique. Celui où Léo et elle allaient d'habitude. Il était, à sa grande surprise, vide, pour une fois. Elle traina les pieds jusqu'à une table et regarda par la fenêtre, sa joue callée sur sa main. La propriétaire s'approcha d'elle.

-Excusez-moi, mais vous ne pouvez pas vous asseoir sans consom… Mira ?

-Mmmh… Oh, salut Diana.

-T'as une petite mine, ça va ? Attends, je te sers un chocolat.

-Merci…

Diana était dans la vingtaine. Ce café lui avait été légué par sa mère et elle ne l'échangerait pour rien au monde. Elle était là lorsque Mira et Léo étaient venus pour la première fois. C'était la personne la plus adorable qui soit et Mira en avait bien besoin, de temps en temps.

-Alors, racontes tout à tatie Diana ! Quémanda-t-elle en s'asseyant, lui posant un chocolat chaud sous le nez. Où est Léo, d'ailleurs ?

-On a… eu une grosse dispute. J'ai fini par lui raccrocher au nez et claquer la porte de la maison.

-Oulà… C'est moche… Mais, tu sais, ça arrive dans les couples ! Une dispute de temps à autres, ça prouve que tout marche bien.

-Comment ça pourrait prouver que notre couple fonctionne comme il faut ?

-Ҫa marche comme un cardiogramme. Si ça va en zig-zags, c'est que la personne est encore en vie. Mais si c'est juste une ligne plate, c'est que le cœur ne bat plus. S'il n'y avait pas de hauts et de bas entre vous, c'est que votre couple est mort.

Mira s'autorisa un sourire.

-Tu as probablement raison…

-J'ai toujours raison, répliqua l'autre en lui faisant un clin d'œil. Je te laisse, y a un client qui arrive.

A peine était-elle derrière le comptoir que la porte s'ouvrit. Mira reporta son attention sur le paysage.

-Là-bas, entendit-elle Diana.

Elle sentit quelqu'un s'asseoir à côté d'elle. Mira tourna la tête. Elle ne fut même pas surprise de voir que Léo était là. Il y eut un silence embarrassant avant que Diana ne pose un chocolat chaud devant Léo. Elle jeta un regard entendu au garçon avant de s'en aller.

-Je savais que tu serais là, dit-il, son regard la transperçant presque.

-Je savais que tu me trouverais ici, réalisa-t-elle soudainement.

Léo eut un petit sourire et entoura ses épaules d'un bras.

-Pourquoi on s'est disputés, déjà ?

-Je… J'ai oublié…

Son sourire devint plus grand et Mira commença à en esquisser un à son tour.

-Pareil.

-J'en déduis que…

-Que ça ne sert à rien de rester fâcher ?

-Mmhmmh…, acquiesça-t-elle.

Il n'avait besoin de rien d'autre. Il l'embrassa avant qu'elle n'ait pu dire quoi que ce soit d'autre. Mira fourragea sa main dans ses cheveux. L'autre se posa sur son torse. Léo l'attira un peu plus contre lui.

-Oh, prenez-vous une chambre ! S'écria Diana, exaspérée.

Léo sentit Mira sourire à travers le baiser, et ils se séparèrent, riant. Ils finirent leurs boissons et passèrent à la caisse (-Je vous les offre, avait souri Diana) avant de sortir.

Une main dans la poche, l'autre attachée à celle de Léo et le sourire aux lèvres, Mira repensa aux paroles de Diana. Sans hauts, ni bas, leur couple serait comme mort. Et puis, les disputes ne la dérangeaient plus tant que ça, vu que les excuses valaient cent fois plus.

-A quoi tu penses ? Demanda Léo.

-Au fait que je t'aime, sourit-elle avant de l'embrasser.

Les passants pressés qui grommelaient contre les ados bouillonnants d'hormones, les touristes qui photographiaient la ville et le froid glacial de New York furent comme figés autour d'eux. Ils étaient seuls. Enfin, presque…

-Par les caleçons suprêmes de Zeus, arrêtez de vous bécoter, je vais vomir ! Grogna un certain jumeau.

Mira sourit. Elle se sépara de Léo et serra son frère dans ses bras. S'il fut surpris, au début, son expression s'adoucit, et avec un sourire, il lui retourna son étreinte.


-Les jambes, Alex. Bien. Ne tiens pas l'épée comme ça, Lyna, conseilla Mira en commentant un match entre deux nouvelles recrues.

Elle prit une épée et montra aux enfants quelques bottes faciles à réaliser mais tout de même efficaces. Puis, elle divisa ses élèves en binômes et se mit avec un fils d'Arès qui devait avoir trois ou quatre ans de moins qu'elle mais qui la dépassait d'une bonne dizaine de centimètres. Sa rapidité et son expérience surpassèrent la force brute de son adversaire.

-Souvenez-vous ! C'est bien d'être fort ! Mais c'est la technique qui décidera de l'issue du combat !

Elle rangea l'épée et s'épongea le visage avec une serviette. Après une douche, elle rejoignit les autres au réfectoire. Ce n'était pas l'heure pour le diner, mais les demi-dieux gréco-romains en T-shirt (disponibles en deux coloris), ornés d'un SPQR en dessous d'un Omega y traînassaient durant leurs heures libres, comme maintenant.

-Fatiguée ? Demanda Léo avec un sourire.

-Très. Je crève de faim.

-Tiens.

Il lui lança une pomme qu'elle attrapa et mordit à pleine dents. Des « Ouuuuuh » se firent entendre autour d'eux.

-Quoi ?

-Lorsqu'un jeune homme lançait une pomme à une fille, en Grèce Antique, c'est qu'il la demandait en mariage, sourit Malcolm.

Mira s'en étouffa presque. Ecarlates, Léo et elle se regardèrent. Les ex-chaperons de Mira grommelèrent. Mais ils avaient promis de ne plus se mêler des affaires de couple de Mira et Léo.

-Et vu que tu l'as attrapée, ça veut dire que tu acceptes ! S'écria joyeusement Lacy.

-Léo et Mira sont fiancés ! Léo et Mira sont fiancés ! Chantonnèrent les plus jeunes.

-Oh, taisez-vous !

-Eh ! Ҫa veut dire que Percy et Annabeth sont fiancés depuis qu'ils ont douze ans ! S'exclama Grover.

Mira, un morceau de pomme dans la bouche, regarda son frère et sa petite-amie, les yeux exorbités.

-Annabeth savait ! Je sais qu'elle savait ! S'exclama Drew.

Annabeth se racla la gorge. Percy était tout rouge.

-Ҫa… m'était sortie de la tête, dit-elle.

-Annabeth… C'est quoi ce mensonge plus gros que ta tête ?

-Okay, je le savais !

-Et… Tu l'as quand même attrapée ? Hésita Percy.

-Aherm… Je commençais à avoir un petit faible pour toi…

Percy sourit et l'embrassa.

-PERCABEEEEEEEEEEEEETH !

Les membres de la Team de Plans Foireux s'excitaient comme de petits écureuils devant une énorme réserve de noisettes. Ce soir-là, au feu de camp, les enfants réclamèrent une histoire de la part de Mira.

-Une histoire ? C'est assez dur… Je vous ai déjà raconté toutes les histoires que j'ai en stock…

-Alleeeeeer !

-Ah, j'en ai une ! Mais elle est très courte !

-Ouiiiiiiiiiiiii !

Les petits s'installèrent à leur place.

-Au commencement, les humains avaient chacun quatre bras, quatre jambes, deux têtes et un cœur. Ils étaient heureux. Les dieux étaient très jaloux de cela. Alors, ils décidèrent de briser leur bonheur.

Tous étaient pendus à ses lèvres.

-Ils divisèrent chaque être en deux. Depuis ce jour, nous avons deux bras, deux jambes, une tête, mais seulement la moitié d'un cœur, et nous sommes condamnés à chercher l'autre moitié.

Les plus jeunes restèrent silencieux et se mirent à réfléchir. L'un d'entre eux brisa la glace –une fille de Mercure.

-Et toi, Mira ? Tu l'as trouvée, ton autre moitié ?

Mira leva la tête. Son regard et celui de Léo s'accrochèrent. Elle pensa soudainement à la pomme. Elle répondit à son sourire avant de répondre à leur question, sans le quitter des yeux.

-Peut-être…


-Vous êtes sûrs que vous ne pouvez pas rester quelques jours de plus ? Demanda Mira après que leurs amis aient donné leurs derniers conseils.

Percy et Annabeth, qui venaient de boucler le coffre de la voiture, leur disaient au revoir à l'entrée du Camp, pas loin du tunnel.

-Mira, l'année commence très bientôt, dit Percy. On doit régler plusieurs trucs. Sans compter trouver des boulots.

Elle hocha la tête.

-Et puis, pour les réunions, vous viendrez en ville, ajouta Annabeth.

Sally serra le couple dans ses bras.

-Vous reviendrez nous rendre visite ? Sourit-elle.

-Bien sûr.

Mira s'approcha.

-Percy… Je sais qu'on se dispute souvent, mais… tu vas me manquer.

-Toi aussi, Mira.

Elle se jeta au cou de son frère.

-Appelle souvent, ne fais pas de gaffes, et viens à ma remise des diplômes !

-Je ne raterais ça pour rien au monde.

Elle se détacha de lui avant de serrer –étouffer –Annabeth.

-Pareil pour toi. Fais gaffe à lui. Tu sais que sans toi, il se perdrait dans sa propre chambre.

-Eh !

-Entendu. Ne t'inquiète pas, Mira.

-Et puis… Tu viendras toi aussi en Nouvelle Rome, l'année prochaine ? Pour l'université ? Espéra Percy.

-Je… Je ne sais pas… j'ai envoyé une demande là-bas…

-Ils t'accepteront, assura-t-il. Ils m'ont accepté, alors toi aussi.

Elle sourit.

-Bon… Au revoir, alors ?

-Fais gaffe à toi, mec, renifla Grover.

-On se voit l'année prochaine, assura Jason.

-En attendant, ne vous faites pas bouffer, les prévint Frank.

-Prenez soin de vous, leur fit promettre Hazel.

-N'oubliez pas d'appeler de temps en temps, demanda Piper.

-Valdez, prends soin de Mira.

-T'avais pas besoin de le demander, Jackson. Ne te fourre pas dans les problèmes.

Mira ne put parler. Elle agita la main en direction de la voiture qui s'éloignait de plus en plus.


Léo regarda le plus petit joueur de l'équipe. La saison de lutte étant terminée, ce même petit joueur s'était tourné vers le football. Mira, dans son uniforme marqué du numéro dix-huit, avec son nom de famille au-dessus, était l'atout de l'équipe. A côté de lui, dans les gradins, Sally s'en mordait les ongles.

-Pourquoi elle doit toujours se tourner vers les sports violents ? Marmonnait-elle. Elle ne pouvait pas rejoindre, je ne sais pas, le club d'échecs ?

-Sally, elle a mit à terre un géant, tu ne crois pas que le club d'échecs serait un peu trop ennuyeux ? Sourit Paul.

Mais déjà, les deux équipes se faisaient face. Mira, deux marques noires visibles sur ses joues en dessous de son casque, attendait le signal du quarterback. Le score était serré, et l'autre équipe menait le jeu, mais l'issue était simple. S'ils marquaient le touchdown avant la fin du match, ils gagnaient de trois points. S'ils échouaient, l'autre équipe remporterait le dernier match de la saison. Et Mira ne pouvait pas laisser ça arriver. Elle était le centre même de la stratégie.

Tout se passa très vite. Au signal, elle se mit à courir. Elle était la seule fille de l'équipe, ce qui lui avait valu quelques moqueries, mais l'adversaire avait vite compris que derrière sa petite taille, elle ne serait pas facile à attraper. Elle sema rapidement les quelques défenseurs qui lui collaient au train et tourna la tête juste à temps pour voir le boulet de canon qui se précipitait vers elle. Elle sauta, réceptionna le ballon ovale et se remit à courir. Deux énormes mastodontes coururent vers elle. L'un fut plaqué à terre par Frank, à qui le football avait fait du bien (il ne ressemblait plus à un bébé, et avait perdu ses rondeurs, semblant plus âgé, plus grand et surtout, plus musclé), et elle se contenta d'éviter l'autre, étant assez petite pour se le permettre. Elle se risqua à jeter un œil au chronomètre qui dominait le terrain. Sept secondes. Le touchdown approchait. Elle accéléra et sourit narquoisement en entendant le bruit d'un corps plaqué à terre. Le reste de l'équipe la protégeait. Elle devait seulement se charger de marquer.

Elle était proche.

Encore quelques pas.

Un poids la submergea et une atroce douleur, suivie d'une suffocation, la fit grimacer.

-Je t'ai eu, s'exclama son opposant.

-Trop tard, boulet, sourit-elle.

Le haut de son corps était tombé derrière la ligne. Et le ballon, toujours entre ses doigts, avec. Le coup de sifflet retenti. Les élèves, professeurs et parents d'élèves de Goode explosèrent en cris de victoire. Sally, horrifiée, déboula sur le terrain et poussa presque le monstre qui était sur sa fille.

-Mira chérie, ça va ?

-Ouch… Oui… Je crois que j'ai une ou deux côtes fêlées… peut-être même cassées… et la cheville foulée.

Léo arriva derrière sa mère et lui tendit sa gourde pleine de nectar. Elle en but quelques gorgées avant de se remettre sur pieds. Elle se fit soulever par toute son équipe.

Le lendemain, ça sentait les vacances.

-Dépêchez-vous d'acheter vos tickets pour le bal de promotion si vous ne l'avez pas déjà fait, rappela Paul à sa classe. Nous remercions bien sûr Mira pour le touchdown gagnant d'hier soir…

Il se fit couper par une salve d'applaudissements et de d'acclamations auxquelles Mira répondit par un sourire. Léo l'attrapa par la taille et lui fit un clin d'œil.

-Comment tu as pu te faire écraser par ce gros plein de soupe sans te casser quoi que ce soit ? S'étonna une fille.

-Faut croire que les protections sont plus solides qu'il n'y parait… Et aussi, j'ai eu de la chance.

-S'il vous plait ! Merci, continua le professeur après que ses élèves se soient calmés. Vous devriez avoir reçu vos lettres d'admissions aux universités de votre choix.

-Tu parles, chuchota Mira, déçue.

-Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Léo.

-J'ai été reçue dans plusieurs bonnes universités, et je pourrais même aller à Columbia avec toi, mais…

-Mais l'université de ton choix t'a refusée ?

Elle secoua la tête.

-Pas refusée. Elle n'a même pas encore répondu…

Léo, un peu inquiet, s'enquit :

-Tu es sûre que c'est ce que tu veux faire ?

-Oui…

-Mais… tu serais bien plus en sécurité si…

-Je sais. Mais c'est ce que je veux faire.

Il hocha la tête, soucieux.


Avant même de voir Mira, Piper et Hazel, les garçons surent qu'ils étaient foutus. Sally avait ouvert la porte de l'appartement en leur lançant un regard signifiant qu'ils allaient finir dans un état légumineux avancé.

Mais, malgré toutes les préparations émotionnelles auxquelles ils auraient pu se livrer n'auraient pas été d'une grande aide lorsque leurs petites amies respectives ouvrirent la porte. Sally se tenait prête, comme toujours, à bombarder les couples de photos.

-On dirait que vous avez vu un fantôme ? Plaisanta Piper.

-Aga…

La fille d'Aphrodite était sublimement drapée dans une robe couleur champagne, avec un bustier en forme de cœur. La seule bretelle était ornée de strass descendant jusqu'à sa taille et l'encerclant à moitié. Elle descendait ensuite simplement jusqu'à ses pieds, cachant ses chaussures. Ses cheveux étaient rassemblés en une tresse qui formait une couronne au dessus de sa tête.

Hazel, qui accompagnait Frank à son bal de promotion, était habillée d'une robe noire sans bretelles, cintrée à la taille, avec un petit nœud papillon en décoration, et s'évasait jusqu'à ses genoux. Le bas était couvert de paillettes dorées, devenant de plus en plus abondantes au fur et à mesure qu'elles s'approchaient du bas de la robe. Ses boucles formaient un chignon simple.

Inutile de dire que Frank et Jason ressemblaient plus à des larves (Frank avait failli en devenir une) qu'à des demi-dieux qui avaient sauvé le monde de la destruction. Léo fronça les sourcils.

-Où est Mira ?

La fille de Pluton se contenta de soupirer.

-Mira Jackson ! Exigea-t-elle. Sors de cette chambre avant que je ne vienne te chercher moi-même !

-Non ! Non, et non ! Je suis ridicule !

-Mira ! Fit Léo en toquant à la porte. Je t'ai vue en chiton grec, en toge romaine, en jupe, en robe de cocktail, merci Aphrodite, et dans chacun des cas, tu étais magnifique. Maintenant, si tu pouvais sortir de cette pièce pour que je puisse expérimenter les joies du blocage cérébral, comme Jason et Frank ici présents, je t'en serais très reconnaissant !

Alors, timidement, la porte s'ouvrit. Ouaip. Blocage cérébral.

Elle arborait une longue robe bleue recouverte d'un voile noir. Tout comme Hazel, la robe était cintrée au niveau de la taille avec ledit voile noir. Le bustier, de la même forme que celui de la robe de Piper, était orné de fausses pierres noires, blanches et bleues, ainsi que de quelques paillettes. Bizarrement, ses yeux s'étaient ajustés au bleu de sa robe et avaient perdu de leur vert. Elle avait ondulé ses cheveux et ils tenaient dans un chignon négligé. Deux anneaux blancs lui encerclaient la tête, donnant un résultat assez grec.

Mira eut un rire nerveux.

-Aller, Valdez, ça me va mieux qu'une serviette, non ?

-Une serviette ? Articula Sally.

-C'était un malheureux incident, je vous le promets, Madame Jackson ! S'empressa de corriger Léo, qui venait de reprendre ses esprits.

Après ce léger accrochage, les fleurs furent accrochées, les photos, prises, et les couples purent entrer dans la limousine, gentiment payée par M. McLean, et s'en aller pour le bal de promotion qui conclurait la scolarité de cinq d'entre eux, Hazel ayant encore deux ans à passer à Goode.

A sa grande horreur, Piper fut couronnée Reine de la promo. Mira lui sourit narquoisement avant de la pousser sur scène. Le capitaine monta sur l'estrade et, brandissant le ballon de la victoire, fit un discours où il remercia les membres de l'équipe, même si certains n'étaient pas venus puisque le bal était uniquement réservé aux dernières années et ceux qui les accompagnaient.

-Durant notre réunion de ce matin…

Mira fronça les sourcils. Quelle réunion ?

-…les gars et moi avons décidé de remettre le ballon avec lequel a été marqué le dernier touchdown de l'année à l'un de nos joueurs qui a défié tous les stéréotypes et les moqueries. Ce joueur, malgré ses chances minimes de rejoindre l'équipe, a tenté sa chance et nous a tous impressionnés aux sélections. Alors, au nom de toute l'équipe, j'appelle sur scène le seul membre féminin de l'équipe de football des garçons du lycée de Goode, Mira Jackson.

Mira écarquilla les yeux. Tout le monde applaudit et le capitaine la chercha des yeux sans la trouver. Frank et Jason agitèrent la main, grillant complètement sa cachette, et attirant l'attention du capitaine sur elle. Avec l'aide de Léo, ils la soulevèrent (malgré ses protestations) et la déposèrent sur la scène.

- Je me demandais bien pourquoi je ne te voyais pas dans la foule ! Plaisanta-t-il. Je ne t'aurais jamais reconnue en robe ! Mira Jackson, numéro dix-huit, mesdemoiselles et messieurs ! Termina-t-il dramatiquement en lui remettant le ballon ovale avant de descendre.

-Wow, je ne sais vraiment pas quoi dire, commença Mira. J'aimerais remercier le reste de l'équipe pour m'avoir encouragée. Et j'aimerais remercier Léo Valdez, pour m'avoir accidentellement suggéré de rejoindre cette équipe formidable. Accidentellement. Il plaisantait. Ne t'inquiète pas, Léo, ma mère n'en saura rien.

-Y a intérêt, sinon ton père l'apprendra aussi, et je suis bon pour me retrouver attaché à une ancre et précipité dans une fosse de l'océan Pacifique !

Il y eut des rires.

-Juste pour info, il va vraiment le faire, éclaira la fille de Poséidon, déclenchant d'autres rires. Je crois que j'ai tout dit. Félicitation à Piper et Jason pour avoir été élus Roi et Reine de la promo. Et merci encore à l'équipe pour le ballon. A plus !

Elle s'esquiva presque et la soirée se termina sans encombre. Lorsque la limousine s'arrêta près de chez elle, Léo l'accompagna jusqu'à son étage.

-Je sais que je te l'ai déjà dit, mais tu es magnifique.

-Merci, sourit-elle.

-Que ce soit en jean, en robe, ou en serviette (elle eut un sourire amusé), tu l'es toujours.

Les talons étaient assez hauts pour lui permettre d'atteindre ses lèvres sans avoir à se mettre sur la pointe des pieds. Mais elle dû quand même lever la tête. Ils échangèrent un baiser passionné devant la porte d'entrée. A la fin, les cheveux de Léo étaient plus ébouriffés que jamais et le chignon de Mira tombait presque. Leurs joues étaient tellement rouges qu'on aurait dit qu'elles allaient exploser et leurs yeux brillaient.

-On se voit demain, pour la remise des diplômes ?

-Bien sûr. Et tous les jours qui suivront.

Mira ouvrit la porte de l'appartement et, après un dernier baiser (chaste, cette fois-ci), la fille de Poséidon rentra chez elle et son petit ami rejoignit les autres en bas.

Elle laissa échapper un cri de joie en voyant Percy et Annabeth dans le salon, devant deux tasses.

-Hé ! Je t'avais bien dit qu'on viendrait à temps pour ta remise des dip… Tu es écarlate… t'as couru jusqu'ici ou quoi ?

-A mon avis, fit Sally avec un sourire malicieux, Léo l'a raccompagnée jusqu'ici.

Annabeth et elle éclatèrent de rire. Percy eut un grognement mécontent.

-Je vais le tuer.

-Percy, tu as promis, soupira Mira.

-Pas sur le Styx. Je vais quand même le tuer.

-Percy…, s'exaspéra Annabeth.

-Lance-lui le regard de la mort qui tue, Annabeth. Je ne pense pas que le mien marchera aujourd'hui. Je suis épuisée et je viens de recevoir le meilleur baiser de ma vie. Je ne veux pas gâcher ce moment.

Elle étreignit néanmoins son frère et sa meilleure amie avant d'aller se coucher.


Après que les diplômes soient remis, les élèves et leurs invités purent profiter des gâteaux, des boissons et de la nourriture proposée par le lycée de Goode. Mira eut une agréable surprise.

-Papa !

Elle sauta au cou de son père.

-J'arrive pas à y croire ! Tu es venu ? S'excita-t-elle.

-Je n'aurais raté ça pour rien au monde, rit-il. J'ai trainé quelques parents avec moi, lui chuchota-t-il.

Zeus –Jupiter, plutôt –se racla la gorge, mal à l'aise, devant son fils. Il eut quand même un petit sourire et lui mit solennellement la main sur l'épaule –ouaip, définitivement Jupiter.

-Félicitation. Je… suis fier de toi.

-Aherm… Merci.

-Oh, je suis tellement fière de toi, Piper chérie ! Mais quand même, ils auraient pu choisir une autre couleur pour ces toges ! Fit Aphrodite en plissant le nez devant les toges jaunes et blanches (les couleurs de l'école).

-Merci maman, mais le plus important, ce n'est pas la toge, je crois.

-Mais oui, mais oui.

-Bien joué, petit, sourit Mars à l'intention de Frank. Ta mère et ta grand-mère seraient fières de toi.

Hazel sourit et enlaça son petit ami.

-Je le suis, chuchota-t-elle à son oreille.

Héphaïstos –rendu moins laid par magie –ébouriffa les cheveux de son fils.

-Alors, quelle spécialité ? Plaisanta-t-il.

-Ingénierie mécanique, bien sûr !

-Comme sa mère ! Tonna-t-il, fier.

-En parlant de spécialités ! Aborda le dieu des océans. Qu'est-ce que vous voulez faire, les gosses ? J'arrive toujours pas à croire que Percy se soit orienté vers les sciences !

-Sciences marines. J'aurais dû m'en douter. Bah… Annie doit être dans le coup.

-Je ne sais pas… Peut-être professeur… ? Hésita Jason. D'Histoire ?

-C'est un bon choix, acquiesça Aphrodite.

-Je me disais que je pourrais devenir avocate…, fit timidement Piper.

-Je trouve que c'est une excellente idée, fit une voix derrière elle.

-Papa !

Elle lui sauta dans les bras. Il y eut un cri (« Oh mon Dieu, TRISTAN MCLEAN ! »), suivi par les hurlements d'une douzaine de fangirls, avant que Tristan ne les calme avec des photos et un autographe.

-Je pensais que tu tournais je-ne-sais-où !

-J'ai raté le bal de promotion de ma fille, dit-il tristement, je ne pouvais pas rater sa remise des diplômes.

Il remarqua les parents olympiens derrière.

-Oh… Bonjour… Aphrodite, salua-t-il poliment, un soupçon de tristesse dans ses yeux.

Il avait récemment appris pour les dieux. Il avait été incrédule, puis horrifié de ne pas avoir été un soutien suffisant lorsque sa fille s'en allait en guerre.

-Tristan ! Sourit-elle, pas le moins du monde gênée par la présence de son mari et de son amant derrière elle.

-Euuh… Aherm… Et toi, Frank ? Une idée ?

-Je ne sais pas trop, avoua-t-il. Peut-être l'armée ? La nouvelle Rome a une bonne université militaire.

Hazel baissa la tête, comme si Frank et elles avaient eu cette discussion plusieurs fois auparavant et qu'il avait gagné.

-Mira ? Comme Percy, peut-être ?

-Non, pas vraiment. Je… Je voudrais être militaire aussi.

-Militaire… ? Fit Poséidon après un moment.

Elle hocha la tête.

-Et… ta mère le sait ?

-Oui, fit justement celle-ci. J'aurais fini par remarquer les réponses des universités militaires qu'on recevait.

-J'ai été acceptée dans quelques-unes… Mais pas celle que je voulais. Ils ne m'ont pas encore répondu.

-Je crois que tu seras surprise, sourit Mars.

Ils parlèrent pendant un moment, quand deux hommes en uniforme s'approchèrent. L'un était brun, et trapu. L'autre, avait le crâne rasé, et était plus grand.

-Mirabelia Jackson ? Demanda celui au crâne rasé.

-C'est moi.

Ils lui tendirent une lettre et, intriguée, elle l'ouvrit. Son expression se figea.

-Félicitation, cadet Jackson, sourit légèrement celui qui lui avait tendu la lettre.

-Je… Je suis prise. Et…

Elle leva les yeux. Un énorme sourire illumina son visage.

-J'AI UNE BOUSE POUR L'ACADEMIE MILITAIRE DE WEST POINT ! Hurla-t-elle, folle de joie.

Elle sauta dans les bras de Percy, ceux d'Annabeth et failli serrer les deux hommes avant de se ressaisir.

-La première lettre a été perdue, alors nous avons décidé de venir nous même.

-Nous étions curieux de voir la Huitième. Celle qui a guidé une armée de demi-dieux à travers une guerre et qui a abattu un géant à elle seule.

Les demi-dieux se figèrent et les regardèrent bizarrement. Ils présentèrent leurs bras, ornés de tatouages de la légion, ainsi que de plusieurs lignes en dessous.

-Capitaine Marks, fils de Bellone, se présenta le brun.

-Major Phils, fils de Mars, fit l'autre. Père.

-Fils.

Ils s'inclinèrent devant les dieux.

-Oh…

-Donc, cette fille aurait été générale, fit l'officier Marks, songeur.

-Elle nous dépasse en grade. Parent ?

-Poséidon.

-Prometteur. Vous savez que moins de vingt pourcents des élèves de West Point sont des femmes, n'est-ce pas ?

Elle hocha la tête.

-C'est un honneur de faire partie de ce pourcentage, affirma-t-elle.

-Fort bien. Nous nous en allons.

Ils s'inclinèrent encore, félicitèrent Mira une dernière fois, puis se retournèrent avant de s'en aller.


-Vous ne devinerez jamais ce qui vient de se passer au Camp ! Hurla Thalia au moment même où l'arc-en-ciel lui révéla la cuisine de la famille Jackson.

Mira était de retour chez elle après sa première année à West Point et prenait son petit déjeuner en compagnie d'Annabeth et Percy. Sally était dans la cuisine et préparait des pancakes bleus. Leurs bagages étaient dans un coin de la pièce, bouclés, et attendant d'être chargés dans la voiture pour aller à la Colonie plus tard dans la journée.

-Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda-t-elle, soudainement plus réveillée.

-Un satyre a ramené une fille de treize ou quatorze ans à la Colonie, et devine qui c'est ?

-Qui ?

-La nouvelle Oracle!

-Naaan ?

-Si ! Apparemment, c'était une question de temps depuis que Rachel a eu dix-huit ans. Et c'est rien face à ce qui s'est passé ensuite !

-Comme si ça, c'était rien !

-Thalia ! Se plaignit Rachel dans un coin de la pièce.

-Chut ! Je leur raconte ! Alors Rachel a cédé l'Oracle à la fillette…

-Lydia, corrigea l'ancienne Oracle.

-A Lydia, répéta la Lieutenante. Et devinez ce qui s'est passé ensuite !

Rachel était aussi rouge que ses cheveux.

-Thal's, si tu ne dis pas tout de suite…, menaça Mira.

-Okay, okay, j'arrête ! Alors il y a eu un instant de silence, puis, Octave et Rachel se sont regardés avant de s'embrasser !

Percy, qui buvait un verre de jus d'orange, se mit à tousser de manière incontrôlable.

-Ils ont fait quoi ? Hurla Mira.

-Tu m'as entendu ! Octave l'a soulevée par la taille et il l'a embrassée comme s'il n'y avait pas de lendemain !

-Oh mes Dieux ! Hallucina Annabeth.

-Qu'est-ce qui se passe ? Bâilla Paul en sortant de la salle de bain.

-Octave a embrassé Rachel, firent les trois demi-dieux, ne quittant pas le Message Iris des yeux une seconde.

-Attends, t'es sérieuse ?

-Par Hadès…

Il y eut un roulement de tonnerre.

-Désolée, mon oncle ! S'excusa Mira en regardant le sol. Mais, par le Styx ! Comment est-ce que ça a pu arriver ?!

-Il m'a dit il y a presque deux ans qu'il m'attendrait…, fit Rachel timidement.

-Qui aurait cru Octave romantique ? Se demanda Mira.

-Il a changé depuis le salaud sadique et borné ! Sourit son jumeau.

-Tu parles !

-Je suis toujours choquée ! Fit Annabeth en secouant la tête.

-C'est si… soudain !

-En tant qu'ancienne Oracle, je peux toujours venir à la Colonie. Et je peux habiter en Nouvelle Rome, si j'en ai envie.

-Ton père ne sera pas content !

-Déjà que tu as choisis art au lieu de business…

-On démarre dans pas longtemps, dit Mira lorsque la voix préenregistrée leur demanda une autre pièce.

-Rachel… Et Octave ?!

-Je crois que rien ne pourra plus me choquer, après ça…

-Oh, si ! Le Coach Hedge a eu un gosse ! Bye !

L'arc-en-ciel disparut. Les demi-dieux étaient figés.

-Ouaip, ça, ça m'a encore plus choqué, perso…


Juste lorsque Mira se disait que ces salopards sadiques ne pouvaient rien faire de pire, ils lui prouvèrent le contraire. Cette année, les professeurs s'étaient surpassés. Ils avaient concocté une petite épreuve pour les Cows (les élèves de troisième année de West Point).

Après une première année particulièrement dure où elle s'était cent fois excusée mentalement à l'intention de ses amis pour avoir été sadique avec eux lorsqu'elle était elle-même générale, une deuxième année où elle avait commencé à s'habituer, sa troisième année était arrivée. La troisième année était l'année la plus difficile d'un point de vue académique. Et, pour les derniers examens, ladite épreuve. Survivre en milieu hostile. Très hostile. Ces salauds les avaient transportés dans une espèce de jungle et les y avaient laissés. Avec en tout et pour tout, des armes et des munitions. Pleines de peinture. Ceux qui étaient touchés étaient éliminés. Au bout d'une semaine, ceux qui restaient valideraient leur année brillamment.

C'était le dernier jour. Abrutie par la fièvre due à une blessure à la cuisse assez importante, Mira s'écroula prêt son abri protégé du reste du monde (sous terre, couvert de branchages et fourré de pièges). Elle sortit son couteau de chasse et alluma un feu. Elle savait que ça risquait d'attirer ses camarades, mais elle devait le faire, sinon sa blessure s'infecterait. Elle découpa un morceau de sa tunique, la mordit et fit chauffer la lame. Lorsqu'elle estima que c'était suffisant, elle ne perdit pas de temps et la posa sur l'estafilade. Son cri de douleur fut étouffé par le tissu. Elle se retint de sangloter, consciente que, quelque part, il y avait une caméra. Quelques larmes coulèrent quand même de ses yeux.

Elle se dépêcha d'éteindre le feu, frotta sa chair à vif avec de la graisse d'animal qu'elle avait conservé de sa précédente chasse, mordit dans un morceau de viande séchée et se traina tant bien que mal jusque dans son trou.

Le lendemain, toujours fiévreuse, elle sentit qu'on lui donnait quelques claques.

-Jackson. Eh ! Jackson ! L'épreuve est finie.

Elle ouvrit les yeux et son regard tomba sur le professeur Jensen, l'un des professeurs de l'Académie, son préféré. Il était assez jeune et avait commencé à enseigner l'année où elle avait elle-même rejoint West Point. Il était accompagné du professeur Blake.

-Jackson, dit quelque chose, demanda Jensen en lui tapotant la joue.

-Je vous déteste tous, réussit-elle à formuler.

-Ҫa va, elle est encore là, rit Blake.

-Elle a de la fièvre.

-Tu m'étonne ! Cette kamikaze s'est cautérisé la jambe ! Mais ça a empêché l'infection.

Le professeur Jensen la porta dans ses bras avant de rejoindre l'hélicoptère qui contenait les autres instructeurs ainsi que les quelques élèves qui avaient « survécu ».

-Jackson a été la plus dure à trouver. Tu me dois cinquante dollars, Hills, dit Jensen à son collègue lorsqu'il fut en vue.

-Ouais, ouais, grogna-t-il. La vache ! C'est une salle blessure qu'elle a là !

Ils l'embarquèrent à côté des autres.

-Wow ! Sa cuisse est dans un état catastrophique !

Les professeurs sortirent une pochette contenant leurs téléphones. L'un d'entre eux se mit à sonner.

-A qui est celui-là ?

-Jackson.

Jensen soupira avant de répondre.

-Allo, Mira ! Tu vas bien ? Ton épreuve doit être terminée, maintenant, non ?

-Professeur Jensen. Oui, l'épreuve est terminée, mais Cadet Jackson n'est pas en état de vous répondre.

La voix se fit inquiète.

-Il est arrivé quelque chose à Mira ?

-Elle est blessée et a de la fièvre. Elle s'en sortira, c'est une fille intelligente, et elle a pensé à cautériser sa blessure avant qu'elle ne s'infecte, mais elle a besoin de se reposer. Je dirais que vous avez appelé, monsieur… ?

-Percy Jackson, son frère.

-Très bien, monsieur Jackson. Elle ira mieux, ne vous inquiétez pas.

-Merci.

-Je vous en prie.

Il raccrocha et le reste du vol se fit sans encombre.

Le lendemain, Mira se réveilla à l'infirmerie. Elle se redressa et regarda sous les draps. Sa jambe avait été prise en charge. Elle regarda l'écran de son téléphone : il y avait plusieurs appels en absence de Percy, Léo et sa mère. Elle décida d'appeler son frère en premier.

-Mira ! Comment tu te sens ? Tu as bien dormi ? Ta fièvre a baissé ? Tu…

-Calme-toi, je vais mieux.

-Maman ! Elle va mieux !

-Dieu soit loué !

-Tu as besoin de quelque chose ? Je suis à New York, je viens de sortir en vacances –enfin –, je peux conduire jusqu'à West Point, c'est pas loin.

-Non, ça va. Alors ? Comment ça fait d'avoir fini l'université ?

-C'est super. Annabeth et moi avons décidé de nous reposer un peu avant de chercher du boulot. On emménage ensemble dans pas longtemps. On a trouvé l'appartement parfait.

-C'est super ! Et Athéna, elle en pense quoi ?

-Papa a réglé ça. Elle a été obligée de céder.

Quelqu'un se racla la gorge.

-Oh. Je te laisse, Percy. Appelle Léo pour moi, veux-tu ?

-J'y manquerais pas. A plus !

-A plus.

Elle raccrocha et fit face à son professeur.

-Professeur Jensen, fit-elle en portant sa main droite à sa tête.

-Bonjour, Mira. Bien dormi ?

-Très, merci.

-Ta jambe devrait guérir dans quelques jours. C'était très intelligent de la cautériser.

-Merci, j'ai appris du meilleur, sourit-elle.

Il sourit à son tour.

-Je voulais te féliciter. Tu as brillamment conclu ta troisième année. Encore une dernière. Est-ce que tu comptes devenir Cadet First Captain, l'année prochaine ?

-Et comment ! J'ai reçu une bourse, professeur, et je compte bien prouver que ce n'est pas pour rien. Je me surpasserais.

-Très ambitieux. Tu iras loin.

-Merci.

-Je te laisse te reposer.

Il sortit, la laissant seule. Mira pensa à l'année prochaine. Cadet First Captain… Cela ferait d'elle un commandant de brigade… c'était le grade le plus élevé dans le Corps des cadets.

Oh, oui. L'année prochaine, elle le serait…


Tout allait pour le mieux. Mira avait terminé l'université depuis deux mois, et était retournée en Nouvelle Rome. Elle était dans une armée constituée de demi-dieux, et gravissait les échelons assez rapidement. Léo et elle s'aimaient plus que jamais, même s'ils n'habitaient pas ensemble (merci Poséidon). Il avait ouvert un garage de mécanique, un mois auparavant, avec une forge à l'arrière (il avait signé un contrat avec M. D, faisant de lui le fournisseur d'armes pour la Colonie Gréco-romaine), et pour l'instant, Valdez Repair marchait mieux qu'il ne l'aurait imaginé. Elle partageait un appartement avec Hazel, qui entrait bientôt en troisième année à l'université de la Nouvelle Rome. Septembre pointait le bout de son nez. Percy et Annabeth s'étaient vus offrir une maison pour leur mariage (cadeau de mariage des dieux pour les Huit Héros de la Prophétie) et le mariage de Piper et Jason approchait à grands pas. Il faisait moins chaud, mais le temps était toujours aussi doux. Le soleil s'était couché et le ciel était teinté d'un bleu assez clair pour y voir encore.

Bien sûr, grâce à Rachel, la décision de Léo n'était pas passée inaperçue. Elle avait le regard dans le vague pendant quelque secondes avant de hurler ce qu'il avait en tête. Heureusement, Mira ne savait rien : tous (ou toutes, puisque la quasi-totalité de ceux qui savaient étaient des filles) s'étaient mis un point d'honneur à le lui cacher. Et avaient apparemment décidé à aider. Résultat, Mira avait fini la journée dans une petite robe bleue simple aux motifs floraux blancs.

-Où tu m'emmène ? Rit Mira, un bandeau autour des yeux.

-Tu verras… Attention au rocher.

-Léo… Je sais que tu me cache quelque chose depuis quelques jours !

-Qui ? Moi ? Attention… Voilà !

Il retira le bandeau de ses yeux. Au début, Mira dut cligner des yeux plusieurs fois pour se faire à l'idée que tout ça était vraiment là.

-Léo… C'est…

Elle était en face d'un petit pont en pierres, au-dessus d'un ruisseau, dans la forêt de la Nouvelle Rome. La balustrade était couverte de petites bougies, de même que certains petits rochers qui sortaient de l'eau. D'autres bougies étaient posées par terre, sur des galets, autour d'une table sur l'autre rive, au milieu de laquelle étaient disposées des roses rouges dans un vase. Il y avait une bouteille de champagne, dans un seau, posée sur le sol.

-C'est… ?

-C'est magnifique !

-Et attends de voir la suite.

Au même moment, un troupeau de lucioles s'envolèrent. On aurait dit de petites lumières accrochées dans les airs. Léo prit sa main et l'emmena vers la table. Il lui tira une chaise avant de s'asseoir à son tour. Des dryades entamèrent un chant discret et des nymphes des nuages leur servirent à manger. Puis, vint le champagne (ils firent attention à ne pas trop en boire, hyperactivité oblige).

-Léo ? Tu as l'air nerveux. Quand j'ai vu tout ça, je me suis dit que c'était ce que tu me cachais durant tout ce temps, mais je te sens assez… stressé.

Il hocha la tête, anxieux.

-Mira… Combien de roses sont dans ce vase ?

Elle le regarda bizarrement avant de décider de lui faire confiance.

-A vue d'œil, environ une dizaine, ou une douzaine.

-Une douzaine, précisément.

-Et qu'est-ce que les roses ont à –oh… Oh.

Douze roses… !

Il prit ses mains dans les siennes.

-Mirabelia Jackson. Lorsqu'on s'est rencontrés, tu étais une reine de glace froide et autoritaire : inutile de dire que j'ai eu le béguin pour toi en quelques minutes. Le béguin s'est vite transformé en quelque chose de plus grand. Avant de le savoir, j'étais fou amoureux de toi. C'était le pire timing de toute l'histoire, avec la guerre et la prophétie du Huitième, mais je n'ai pas pu m'en empêcher. Lorsque j'ai vu cette flèche empoisonnée foncer vers toi, j'ai su que je ne pourrais jamais vivre tranquillement si tu mourrais. Alors, je l'ai prise à ta place. Je n'ai jamais regretté. Lorsque tu m'as fait comprendre que toi aussi, tu m'aimais, devant nos parents, les dieux et surtout, devant nos amis, tu as fait de moi l'ado hyperactif le plus heureux du monde.

Mira ne put s'empêcher de sourire.

-On a survécu à un bon paquet de trucs. Aujourd'hui, nos vies sont parfaites. Mais j'aimerais que la mienne, et j'espère aussi la tienne, deviennent plus parfaites encore.

Il se leva, mit un genou à terre et sortit un écrin noir, qu'il ouvrit pour révéler la bague la plus parfaite qu'elle avait jamais vu.

-Mira, veux-tu m'épouser ?

Elle poussa un cri strident et se jeta à son cou avant de l'embrasser. Lorsqu'ils se séparèrent, elle avait les yeux qui brillaient comme des étoiles.

-Oui ! Oui, oui, oui, oui !

Ils se relevèrent et il lui passa la bague au doigt. La bague en or blanc était sertie de petits diamants et, au milieu, brillait une pierre d'un bleu océan de la même teinte que ses yeux. Lorsqu'elle bougeait la main, des reflets verts et bleus dansaient à l'intérieur.

Lorsqu'ils sortirent de la forêt, main dans la main, un sourire immense sur leurs deux visages, tous leurs amis les attendaient. Mira et toutes les autres filles, dans une parfaite synchronisation, poussèrent un hurlement de joie avant qu'elles ne sautent sur sa fiancée (il eut un sourire béat à cette pensée). La majorité des garçons ne savaient pas ce qui se passait, la seule exception étant les enfants d'Aphrodite et Vénus. Et Octave, à qui Rachel avait tout dit.

-Est-ce que quelqu'un se décide à me dire ce qui se passe ici ? S'exaspéra Percy.

Ne pouvant parler sous l'excitation, Mira brandit sa main gauche, qui souleva d'autres cris.

-Une… bague… ? Valdez… Tu n'as quand même pas…

-Si. Percy, j'aime Mira. Je voulais qu'on soit bien ancrés d'abord. Valdez Repair marche du tonnerre pour l'instant, et Mira a un poste dans l'armée. Si je ne m'étais pas inquiété pour tout ça, je lui aurais demandé de s'enfuir avec moi à Las Vegas au moment même où elle a eu dix-huit ans.

Il y eut un concert de « Aaaaawwww ! » de la part de la gente féminine.

-Percy, fit doucement Mira. J'ai accepté d'épouser Léo parce que je suis absolument certaine que je veux passer le reste de ma vie à ses côtés. Annabeth et toi avez fait pareil. Je veux… Je veux être heureuse aussi.

Percy enlaça sa sœur. Il la serra fort contre lui. Puis, il prit sa main et la mit dans celle de Léo, comme il l'avait fait après la guerre, quelques années auparavant. Mira lui sourit.

-Je te la confie, Léo.

-Fais-moi confiance. Je la rendrais heureuse.

-Je sais.

Le fils de Poséidon regarda Mira.

-Mira Valdez…, songea-t-il. Ҫa t'ira bien, je crois.


La mariée arrangea son voile sur sa chevelure brune.

-C'est l'heure, dit son père en passant la tête par l'entrebâillement de la porte.

Elle hocha la tête, très nerveuse, et prit son bras. A l'entente de la marche nuptiale, elle attendit que ses demoiselles d'honneur se mettent en marche.

-Tout ira bien, la rassura Annabeth, son témoin, qui prit le bras de Percy avant de descendre l'allée.

Elle respira, son cœur battant de plus en plus fort à chaque fois que l'une d'entre elle nouait son bras à celui de son partenaire et s'avançait. Puis, vint Le moment. Son bras se serra plus autour de celui de son père.

-Ne me laisse pas tomber, papa…, supplia-t-elle.

-Jamais.

Il lui fit un sourire rassurant avant de l'emmener vers son futur mari. Lorsqu'elle le vit, nerveux, dans son costume, elle sourit. Leurs yeux se rencontrèrent et ses peurs s'envolèrent. Bien trop tôt, elle était devant lui. Il lui prit la main. Héra se racla la gorge avant de commencer.

-Nous sommes réunis dans ce temple pour unir les vies de ces deux personnes. A présent, qui s'oppose à ce mariage se lève, ou se taise à jamais.

Elle retint un éclat de rire en voyant les regards menaçant –et très effrayant –que ses demoiselles d'honneur et son témoin lançaient à l'assemblée. Elle crut même entendre quelqu'un déglutir. La petite Julia leur ramena les alliances. Ils récitèrent leurs vœux, et elle vit les lèvres de son premier amour bouger pour former un « Oui ». Il lui passa la bague au doigt.

-...ptez-vous d'épouser Jason Grace ici présent, le chérir et l'aimer, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

-Oui, et au-delà, répondit Piper.

Elle passa l'alliance au doigt de Jason.

-Alors par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare à présent mari et femme. Vous pouvez embrasser la marier.

Jason ne se fit pas prier. Aphrodite et tous ses enfants sanglotaient. La réception était des plus réussies.

-Magnifique regard noir, Mira ! La félicita Reyna.

-Merci ! Le tien aussi n'était pas mal.

-J'adore mon boulot ! Pleura Aphrodite en se mouchant le nez –même comme ça, elle restait gracieuse.

Piper dansa avec Jason, puis avec son père. La musique s'arrêta. Les invités se retournèrent et virent les demoiselles d'honneur.

-Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, commença Annabeth.

-Arrête, on dirait que tu annonces un enterrement, fit Mira, déclenchant quelques rires.

-Tu as mieux ?

-Ouais ! Yo tout le monde ! Tu vois, Annie ? On se connait tous, pas la peine de faire un truc trop formel ! Je les ai tous fait souffrir durant la guerre ! D'ailleurs, je profite pour m'excuser : j'ai subi ça pendant quatre ans à West Point.

-Tu l'as bien mérité ! Cria Travis.

-ALATIR. TRENTE POMPES. MAINTENANT.

-Breeef ! On avait un discours à faire ! Rappela Reyna.

-Ah, oui ! On y retourne.

-Jason, tu es mon frère, alors, pour ça, je me permets de dire que tu es un froussard.

-Eh !

-Bah quoi ? Tu as acheté la bague un an avant de demander à Piper de t'épouser ! Si on ne t'avait pas poussé, tu serais encore en train de pourrir dans ton coin ! Renchérit Drew.

-On l'a pas poussé, à proprement parler, rectifia la fille d'Athéna. Juste menacé.

-La TPF –Team de Plans Foireux –n'était étonnamment pas responsable de votre couple, avoua Reyna.

-Non ! C'était Léo et moi ! S'exclama gaiement Mira. Et je poursuivrais vos enfants avec ça toute leur vie.

-J'imagine tatie Mira leur courir après en gueulant : Vous me devez la viiiiiiiie ! Plaisanta la lieutenante d'Artémis.

Tous éclatèrent de rire. Piper et Jason eurent un sourire amusé.

-J'adore mes demoiselles d'honneur, chuchota-t-elle à son mari.

-Parlant d'enfants ! Vous avez intérêt à vous y mettre sans tarder ! Les prévint Reyna.

-Rectification, je les hais…, corrigea Piper.

-La Team des Plans Foireux frappe toujours ! Nous caserons nos gosses ensemble ! S'excita Lacy.

-Toi, c'est encore dans quelques années, chérie, lui rappela Mira. Mais je suis d'accord ! A tous les parents, faites gaffe, on court toujours, et on est dangereuses !

-Arrête, tu vas les effrayer ! S'écria Rachel. Et ils ne nous confieront pas leurs enfants !

-Nous tenons quand même à féliciter Piper et Jason. Nous sommes super heureuses pour vous. On veut plein, pleeeein, de minis vous. Pip's ! Je te propose une future alliance Grace-Valdez ! On marie nos gosses ensemble !

On entendit clairement Léo s'étrangler avec du champagne.

-Excellente idée ! Acquiesça la nouvelle mariée.

-Oh, et juste en passant. Jolie bague, Katie !

Katie rougit et la salle explosa en applaudissements.

-Connor, suis l'exemple de ton frère, Reyna va finir par désespérer !

-Eh !

-C'était la TPF, mesdames et messieurs !

Les filles descendirent de l'estrade.

-Une alliance Grace-Valdez, hein ? Sourit Léo.

Mira rougit. Elle n'avait vraiment pas pensé à ce qu'elle disait…

-Bah quoi ? On va se marier ! On aura forcément des enfants !

Léo embrassa Mira.

-Bien sûr. Tu danses ?

-Avec plaisir !


En uniforme, Mira et Frank faisaient face au ministre de la défense. Ils se tenaient droits devant l'ancien de la légion. Plusieurs demi-dieux travaillaient au gouvernement, dont le Vice-président, et l'actuel Président était capable de voir à travers la Brume.

-Ce projet sera une réussite, nous nous en assurerons personnellement, monsieur, garantit Frank.

-Bien. Major Général Zhang, je vous nomme Lieutenant Général de la Section d'Elite Epsilon.

Il lui donna son nouvel insigne. Puis, il se tourna vers Mira.

-Lieutenant Général Jackson, je vous nomme Générale de la Section d'Elite Epsilon.

Elle accepta son insigne avec fierté. Enfin, elle retrouvait son ancien grade.

-Je vous ai choisis parce que vous aviez, durant la dernière guerre, de très hauts grades dans votre armée. L'ancienne Preator, Reyna Avila Ramirez-Arellano…

Oh, Reyna va en entendre parler…

-…vous a chaudement recommandés. L'unité Epsilon sera chargée des attaques massives de monstres, des guerres civiles incluant principalement des demi-dieux, et surtout, l'étroite protection du Président et de la Première Dame, surtout lorsqu'ils seront en déplacement dans des endroits particulièrement dangereux. Nous ne voulons pas un deuxième cas Kennedy.

-Naturellement, acquiesça Mira.

-Nous comptons sur vous.

-Nous ferons de notre mieux.

-Vous pouvez disposer.

Frank et Mira se mirent au garde à vous avant de sortir.

-Si on pouvait se dépêcher, j'ai mon mariage à planifier, râla Mira.

Frank rit.

-Ne t'inquiète pas, tout sera prêt à temps.

-Je ne vois pas pourquoi Héra doit s'en charger.

-Parce que c'est la déesse du mariage et de la famille.

-Ouais, bon… elle a jeté mon futur beau-père du sommet d'une montagne.

-Evitons de parler des dieux, on prend l'hélicoptère, et on ne voudrait pas que le seigneur Jupiter te grille en plein ciel.

-On a réussi à lui faire promettre sur le Styx de ne pas essayer de flinguer les enfants de ses frères lorsqu'ils sont dans le ciel. L'oncle parfait.

Ils montèrent dans l'hélicoptère. Le trajet de Washington D.C. jusqu'à New York se fit dans la bonne humeur. Arrivés devant Long Island, ils virent une voiture de l'armée qui les attendait. Ils présentèrent leur permis de port d'arme à Terminus et montèrent dans le véhicule.

-Alors ? Demanda Larry, qui était au volent, lorsqu'ils se mirent en route.

-L'unité Epsilon est officiellement créée. Tous les soldats de la Légion en font partie. Une petite armée, mais une armée efficace.

-Le Général Lance a posé sa démission ce matin. Tu étais au courant ?

-Bien sûr Larry. Après tout, je suis la nouvelle Générale.

-On va souffrir.

-Conduis, j'ai un mariage à préparer !


Poséidon descendit l'allée, sa fille au bras. Mira était magnifique dans sa robe immaculée. Elle avait des fleurs et des perles dans ses cheveux noirs. Et, plus beau que n'importe quel bijou, son sourire. Léo ne croyait pas sa chance. Lorsqu'ils arrivèrent devant lui, elle embrassa la joue de son père. Le dieu des océans prit la main de sa fille et la posa dans celle de Léo.

-Nous sommes ici pour unir deux être qui s'aiment et qui souhaitent passer le reste de leur vie ensemble, prononça Héra. Si quelqu'un s'oppose à ce mariage, qu'il parle maintenant, ou se taise à jamais.

Personne d'assez fou ne tenta sa chance. La petite dernière d'Héphaïstos, Leah, descendit l'allée, un coussin sur les mains, et se positionna sur le côté. Ils commencèrent à réciter leurs vœux.

-Léo, je ne peux pas exprimer en quelque phrases combien je t'aime. Avant toi, je ne savais même pas ce que « aimer » signifiait vraiment. Je ne savais pas ce que ça faisait d'aimer et surtout, d'être aimée en retour. Tout ce que je ressentais, c'était la peur. La peur de ce dont j'étais capable, de ceux qui m'entouraient, la peur pour mes amis. Mais, plus que tout, j'avais peur d'être seule.

Quelqu'un renifla au premier rang.

-Tu étais la lumière dans mon univers noir, la couleur dans ma vie en noir et blanc, celui qui m'a permis de réaliser que je pouvais aimer. Tu m'as montré que…

Elle s'arrêta soudainement, l'air agacé sur le visage avant de tourner la tête pour regarder les invités.

-Est-ce que je dois vraiment dire ça ?

-Oui ! Hurlèrent toutes les filles d'Aphrodite et de Vénus.

-Oh, et puis zut, oubliez tout ça, je dis ce que j'avais prévu de dire depuis le début !

Elle se retourna vers Léo et recommença.

-Léo, c'est vrai, je ne pourrais jamais exprimer en quelques phrases combien je t'aime. Lorsque je me suis isolée du monde, tu étais là pour me ramener du bon côté. Tu m'as toujours encouragée à poursuivre mes rêves. Je ne peux pas dire que c'était l'amour au premier regard, comme pour toi. Mais, lorsque tu as passé un après-midi complet à tailler du bois pour me confectionner une statue porte-bonheur, j'ai commencé à te voir sous un autre angle. Avant d'avoir été mon petit ami, tu étais mon meilleur ami. J'ai mis du temps à me rendre compte que je t'aimais, et lorsque j'ai enfin compris, je croyais que c'était trop tard.

Elle fit une pause pour esquisser un sourire aux dieux, assis plus loin.

-Mais heureusement, j'ai eu une seconde chance. Il y a un proverbe qui dit : Ne te tue jamais pour un garçon qui ne tuerait pas pour toi. Je sais que j'ai fais le bon choix, parce que non seulement je sais que tu tuerais quelqu'un d'autre pour moi, mais aussi que tu te tuerais toi-même. Alors, pour ça, je jure de t'aimer jusqu'à la fin de cette vie là, et dans l'Autre Monde. Et si on choisit de renaître, je ne pense pas que je choisirais une autre personne avec qui passer le reste de ma vie.

Les invités lâchèrent un « Awwwwww » attendrit et Léo sourit, comblé.

-Lorsqu'on s'est rencontrés, nous étions tous les deux seuls : j'étais le surplus du groupe. Toujours la troisième roue du carrosse. Et toi, tu venais de perdre ton jumeau, qui était comme une extension de toi. Nous étions semblables mais différents à la fois. C'est cette différence qui m'a attirée à toi. Un jour, tu m'as expliqué ta théorie : nous étions comme deux aimants de pôles différents. On était condamnés à s'attirer. Si un jour tu étais en danger, je serais plus que ravi de donner ma vie pour sauver la tienne. Parce que pour moi, une vie sans toi ne vaut pas la peine d'être vécue. Je veux t'aimer pour le reste de ma vie, et même après. Toi et moi, contre le monde, s'il le faut. Je n'aimerais qu'une seule autre fille après toi, et cette fille-là, ce sera celle qui m'appellera papa.

La salle explosa en applaudissements, sifflements et ovations.

-Du calme, du calme ! Essaya Héra.

Après quelques essais, elle réussit à obtenir le calme.

-Léo Valdez, veux-tu prendre pour épouse Mirabelia Jackson, la chérir et la protéger, que ce soit dans la joie comme dans la tristesse, dans la santé comme dans la maladie, dans la richesse comme dans la pauvreté, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

-Je le veux.

Léo prit l'alliance et la passa au doigt de Mira.

-Mirabelia Jackson, veux-tu prendre pour épouse Léo Valdez, le chérir et le protéger, que ce soit dans la joie comme dans la tristesse, dans la santé comme dans la maladie, dans la richesse comme dans la pauvreté, jusqu'à ce que la mort vous sépare ?

-Oui, je le veux.

Elle prit à son tour l'alliance et la passa au doigt de son mari.

-Par les pouvoirs qui me sont conférés, je vous déclare mari et femme. Vous pouvez embrasser la m…

Il ne la laissa pas finir : il avait déjà embrassé sa Mira. Puis, ils sortirent dehors, où la réception les attendait.

-Votre attention, s'il vous plait ! Demanda Percy. Avant de commencer à danser ! Je voudrais vous remercier d'être venus aussi nombreux. Je voudrais féliciter l'ancienne Mademoiselle Jackson, nouvellement Madame Valdez. Je voudrais juste avertir mon nouveau beau frère : ma promesse tient toujours. Tu lui brise le cœur, je te brise la nuque.

-Compris ! Fit Léo d'une voix assez haut perchée (Percy pouvait être très effrayant) en levant son verre de champagne.

Percy descendit de l'estrade et tous purent danser, même Drew qui peinait avec son ventre proéminant. Après un slow avec son nouveau mari, Mira dansa avec Paul, Poséidon, Travis, Connor, Jason, Tyson, Thanatos (qui sanglotait comme une fillette depuis tout à l'heure), Hypnos et il y eut même un moment particulièrement drôle où elle traina presque Héphaïstos sur la piste.

-Je suis tellement fière de toi, ma chérie, sourit sa mère.

-Merci, maman, répondit sa fille avant que Paul ne l'entraine pour une dance.

Poséidon grogna en s'approchant d'elle.

-J'avais dit « Rien avant le mariage, » se plaignit-il. J'aurais jamais cru qu'ils tiendraient jusqu'au mariage !

Amphitrite, à ses côtés, leva les yeux au ciel, exaspérée.

-Ne l'écoute pas, Mira, vous êtes adorables, tous les deux !

-Merci, Amphitrite.

Quelqu'un lui tapota l'épaule. C'était son frère.

-J'arrive pas à croire que ce jour est arrivé. Ma petite sœur n'est plus si petite…

-Je resterais toujours ta petite sœur.

-Je n'ai pas encore dansé avec toi.

-Vraiment ?

-Oui. Celle-là se termine. La prochaine est pour nous.

Quelques secondes plus tard, les premiers accords de Never Gonna Be Alone de Nickelback résonnèrent.

-Percy…

Il lui tendit la main et l'entraina pour le slow le plus émotif de la soirée. Celui de la mariée, et des deux autres hommes de sa vie.

Elle avait enfoui son visage dans sa chemise. Il l'avait choisie, cette chanson, elle en était sure. Pour lui dire que même si elle avait épousé Léo, elle serait toujours sa toute petite sœur.

-Tu pleures ? Hallucina Percy en sentant le tissu de sa chemise se mouiller.

-Mais non, idiot…

-Si. Aller, ne pleure pas. Aujourd'hui c'est ton jour, intima-t-il avant de la céder à leur père.


-Encore merci, Will.

-Hey, je suis votre médecin de famille à Léo et à toi, sourit-il. C'est mon boulot.

-Passe le bonjour à Drew et fait un gros câlin à James de ma part.

-J'y manquerais pas. En ce moment, Drew est une vraie boule de nerfs. Avec son huitième mois de grossesse qui se termine, James qui commence à courir, et le fait qu'elle ait dû confier la direction du SPA à quelqu'un d'autre, elle est de plus en plus irritable. La nouvelle devrait la réjouir.

Elle salua son vieil ami et sortit du cabinet.

Déambulant sans but précis sous le soleil de midi de la Nouvelle Rome, elle décida d'entrer dans un supermarché et ressortit les bras chargés de sacs. Puis, elle marcha jusque chez elle, un sourire aux lèvres. Cela faisait un peu plus d'un an que Léo et elle étaient mariés. La maison leur avait été offerte comme pour Percy et Annabeth ou Jason et Piper, et, plus récemment, Hazel et Frank par les dieux pour les services rendus durant la guerre. Elle eut un petit rire en se rappelant que, le soir de leur lune de miel, Léo avait eu tellement peur de lui faire mal qu'il n'avait pas osé poser la main sur elle. Elle avait presque abandonné lorsqu'en ouvrant sa valise, elle avait trouvé un cadeau de Piper et Drew (un déshabillé noir en dentelle) et avait décidé de tenter sa chance. Après un peu de provocation de sa part, la nuit fut plutôt mouvementée. Heureusement, ils avaient loué une maison pour deux semaines en face d'un lac, pas loin de la frontière du Canada, et surtout, assez isolée. C'était calme, comme s'ils étaient seuls au monde, et il y avait de l'eau. Parfait.

Les deux maisons bleues côtes à côte la firent sourire comme à l'accoutumé. Où qu'ils aillent, le bleu suivait de près les jumeaux Jackson. Elle se rappelait encore lorsqu'elle avait tenu sa nièce dans ses bras pour la première fois. Zoé avait déjà deux mois et était le portrait craché d'Annabeth avec les yeux bleus de Percy. En face, à la fenêtre de la maison blanche et rouge, Piper arrosait ses pots de fleurs. Les deux amies se firent signe et le ventre de Piper lui donna une autre raison de sourire. La fille d'Aphrodite était enceinte de cinq mois. Elle poussa la clôture, galéra pour tirer sa clé, et ouvrit enfin la porte. Ses oreilles affutées perçurent le bruit de l'eau dans la douche. Léo était rentré assez tôt du garage, aujourd'hui. Elle rangea toutes les provisions dans le frigo, tira une boîte de fraises bien fraiches et se mit à grignoter. Elle entendit un gémissement à ses pieds.

-Oh, salut mon Yuki ! Tu es réveillé ?

Le chiot husky bailla avant d'essayer de grimper sur ses genoux. Elle donna un coup de main à Yuki et il se roula en une boule de poils noire et blanche avant de refermer ses yeux bleu glacé. Lorsqu'elle eut terminé de manger, elle jeta la boîte vide (elle l'avait terminée sans s'en rendre compte), avisa les assiettes sales qu'elle n'avait pas eu le temps de laver avant de sortir et, après avoir posé le chien dans son panier, elle entreprit de les laver. Quelques assiettes, deux bras forts encerclèrent sa taille. Quelques gouttes d'eau tombèrent sur sa nuque.

-Léo, rit-elle lorsqu'il embrassa son épaule, je dois laver la vaisselle.

-Tu le feras plus tard, grogna-t-il en lui mordillant le cou. Et on a un lave-vaisselle.

-J'ai bientôt terminé, Valdez.

-Si ma serviette tombe dans la cuisine, je ne me préoccuperais même pas de t'emmener dans la chambre, prévint-il.

A peine la dernière assiette à sa place, Léo, n'ayant autour de la taille en tout et pour tout qu'une serviette de bain, la porta précipitamment jusqu'à l'étage, dans leur chambre.

Beaucoup plus tard, lorsqu'ils eurent terminé, Mira le regarda dans les yeux.

-Je suis passée chez Will, aujourd'hui.

-Rien de grave, j'espère ? Répondit son mari, inquiet.

-Non, c'était juste pour le résultat de mes analyses.

-Celles que toute la base militaire t'a forcée à faire ?

-Celles-là.

-Et… ?

Elle inspira et alla donner une réponse lorsqu'elle entendit :

-Eh oh ! Y a quelqu'un ?

-C'est Percy. Viens, je vous dirais tout en bas.

Ils s'habillèrent et descendirent.

-Je ne veux même pas savoir, grommela Poséidon lorsqu'il vit sa fille et son mari descendre, les cheveux dans tous les sens.

-Roh, ça va, Percy et moi n'avons pas été conçus par magie ! J'aurais jamais dû vous parler de la clé dans le pot de fleur. Asseyez-vous, j'ai quelque chose à vous dire.

Une fois les trois hommes assis, avec un Léo très angoissé par ce que sa femme voulait lui dire, Mira s'installa à son tour.

-Je reviens de chez Will avec les résultats de mes analyses. Et… j'ai la joie d'annoncer qu'autour de cette table, il y a un futur père, un futur oncle et un futur grand-père.

Il y eut un silence.

-Mais…, commença Percy. Zoé n'a que deux mois, Annie ne peut pas… Oh… Oh !

Mira leva les yeux au ciel, mais eut un sourire et posa inconsciemment une main sur son ventre encore plat.

-Tu veux dire que tu… Que je… Qu'on va…, balbutia Léo.

Elle éclata de rire.

-Oui, Léo. On va être parents.

Il se leva, couru jusqu'à la porte, l'ouvrit et cria :

-Z'AVEZ ENTENDU ? JE VAIS ÊTRE PAPA !

Il retourna dans la cuisine et embrassa sa femme. Percy ouvrit un placard et se saisit de quatre vers et d'une bouteille de jus de pomme.

-Un toast pour la future maman, un !

-Je crois que tu devrais prendre plus de verres, observa Mira lorsqu'Annabeth, Frank, Hazel, Piper et Jason déboulèrent.

-Papa ? Hallucina Annabeth, Zoé dans les bras.

-J'arrive pas à y croire, vieux ! Rit Jason en donnant une claque dans le dos de son ami.

-Papa ? Tout va bien ? Demanda Mira, inquiète, à son père qui était resté figé.

Il la regarda, toujours sous le choc. Puis, il se ressaisit et grommela :

-Bon sang, j'ai été grand-père un bon nombre de fois dans ma vie, et ça choque toujours autant.

Il serra sa fille dans ses bras, puis décréta avoir du travail au fond de l'océan avant de s'en aller.

-Bon, qui le veut, ce jus de pomme ? S'égaya Percy en sortant d'autres verres.


Mira était pâle. Elle mit sa main sur son ventre proéminant en entendant le cri qui suivit.

-Valdez, murmura-t-elle, je te déteste. A cause de toi, je vais me retrouver dans quatre mois à gueuler comme une dégénérée.

Le pauvre Jason tournait en rond. Les cris de Piper se tarirent, et ceux d'un bébé se firent entendre.

-Vous pouvez entr…, commença la sage-femme.

Elle n'eut pas le temps de terminer. Jason était déjà dans la pièce. La femme sourit, accoutumée à ce genre de scènes. Ils furent autorisés à entrer quelques instants plus tard.

Mira ne put s'empêcher de prendre une photo de Jason, portant son bébé dans ses bras.

-C'est un garçon, dit-il, hébété.

-Jason, laisse ses parrains le porter un peu, maintenant ! Rit Piper.

A leur grande surprise, Jason se dirigea vers Mira et Léo et leur tendit le bébé emmitouflé dans ses couvertures bleues, une touffe de cheveux blonds déjà visible sur sa tête.

-Ses… Ses parrains ? C'est… nous ?

-Oui, c'est vous. Enfin, si vous le voulez.

-Tu rigoles ? Bien sûr qu'on le veut !

-Viens là, bébé. Viens voir tatie Mira.

-Oooh, il est trop mignon, sourit Hazel.

-Mini-Jackson, mini-Grace et mini-Valdez feront les quatre-cent coups à la Colonie, gloussa Frank.

-Oh, je m'en chargerais personnellement, le rassura Percy.

-Oh, que non, menacèrent les trois mères.

Quelqu'un toqua à la porte et Thalia, figée dans ses quinze ans, entra. Elle se mordit la lèvre inferieure, retenant ses larmes en voyant son neveu.

-C'est… C'est…

Jason serra sa sœur dans ses bras.

-C'est ton neveu.

Le plus grand sourire de sa vie sur les lèvres, elle le prit à son tour dans ses bras.

-Comment il s'appelle ?

-Aaron Tristan Grace.

Comme s'il savait qu'on parlait de lui, Aaron eut un gémissement dans son sommeil. Mira se figea, les yeux écarquillés, et porta la main à son ventre. Avant même qu'elle ne le sache, Léo l'avait forcée à s'asseoir sur une chaise.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Le… Le bébé…

Elle regarda Léo dans les yeux.

-Le bébé a bougé… ! C'est la première fois ! Il vient de me donner un coup de pied ! Attends !

Elle prit la main du fils d'Héphaïstos et la posa sur son ventre. Ils attendirent un moment. Puis, Léo sentit un coup contre sa paume.

Dans les bras de Thalia, Aaron ouvrit les yeux et bailla.

Deux yeux kaléidoscopiques.


Ce matin, tout allait très bien. Alors, parce que tout allait bien, et aussi parce que Will lui avait conseillé de faire un peu de sport avant la naissance du bébé, Mira était sortie marcher après s'être assurée que Yuki avait assez à manger. La base militaire n'étant pas loin, elle s'y traina, un sourire aux lèvres, un énorme ventre, et, surtout, une mine radieuse. Tous les militaires avaient été heureux de la voir. Mais, elle n'aurait jamais cru qu'une contraction, suivie d'une perte des eaux, la ferait s'effondrer au milieu de ses collègues de travail, qui avaient fini par l'emmener à la maternité en tank. Résultat, Léo, Jason, Piper, Percy, Annabeth, message-iris-Sally, Frank, Hazel et une cinquantaine de soldats attendaient dehors. Pour les militaires, littéralement dehors. Léo était tellement nerveux que Percy dût l'éteindre sept fois en quatre heures. On entendait les cris de douleur et des insultes de Mira, et, occasionnellement, un « C'EST DE TA FAUTE, VALDEZ ! »

-Alors ? Vous savez si ce sera une fille ou un garçon ? Demanda Piper pour alléger l'atmosphère.

-Nan…

-Vous avez choisi quoi, comme prénom ?

Léo leva la tête. Apparemment, c'était le seul sujet capable de le faire réagir en ce moment. Il avait une expression mi-curieuse, mi-agacée.

-Mira m'a demandé de lui laisser le premier. Elle a dit qu'elle avait le prénom parfait. Et elle ne m'a même pas encore dit quel prénom c'était. Juste de lui faire confiance.

-Monsieur Valdez ?

Il se retourna –voltigea –vers la sage femme.

-Elles vous attendent à l'intérieur. Félicitation.

Il entra craintivement. Mira donnait le sein à leur nouveau-né. Pendant un moment, il cru que le monde vacillait. Malgré les perles de sueur et la pâleur de son visage, sa femme restait magnifique.

-Léo ? Approche-toi.

Il obéit, les yeux toujours fixés sur le petit être calé dans ses bras. Le bébé venait de terminer de manger et s'endormait doucement.

-C'est notre…

-C'est notre fille.

Elle la lui tendit et il s'en saisit doucement de peur de lui faire mal. La petite dormait déjà. Elle avait beau avoir le visage rouge et fripé, pour lui, elle était magnifique. C'était sa fille. Il n'entendit même pas leurs amis entrer, ni Percy reformer un arc-en-ciel pour rappeler leur mère.

-Alors ? Tu vas te décider à me dire comment tu veux l'appeler ? Rit-il, ému.

Elle lui fit un sourire. Le nom n'atteignit pas directement ses oreilles. Il passa d'abord par son cœur. Des larmes coulèrent de ses yeux.

-Esperanza Sally Valdez.


La vieille dame, âgée d'au moins soixante-dix ans, soupira en regardant autour d'elle. Comme toujours à cette heure-ci, le métro de New York était bondé. Elle allait se résigner à rester debout, malgré son arthrose, lorsqu'une petite main tapota son bras. Elle baissa les yeux et rencontra les grands yeux bleus d'une adorable petite fille. Timidement, elle désigna le siège près d'une femme qui semblait être une version plus âgée de la fillette tellement elle lui ressemblait.

-Merci, dit-elle en lui envoyant un sourire reconnaissant.

La petite fille lui renvoya son sourire et alla se lover contre celle qui semblait être sa mère. Elle portait une veste de l'académie militaire de West Point. En regardant de plus près, elle remarqua le ventre assez proéminant de la femme. Celle-ci acquiesça en direction de sa fille, lui lançant un petit sourire fier.

-Elle est adorable, sourit la dame.

Mira eut un petit rire.

-Merci. Qu'est-ce qu'on dit, Esperanza?

Esperanza rougit et se cacha derrière les jambes de sa mère. De là, elles discernèrent un petit "Merci madame" murmuré à mi-voix.

-Elle est timide.

Une grimace déforma son visage et elle posa une main sur son ventre. Devant le visage inquiet de son aînée, elle la rassura d'un sourire.

-Juste quelques coups.

-Vous devriez vous reposer.

-C'est rien. J'ai eu pire. Et j'ai encore trois mois avant d'accoucher.

Les yeux de la femme s'élargirent. Trois mois ?! Elle semblait prête à avoir son bébé dans les prochains jours ! Semblant lire ses pensées, elle clarifia :

-Ce sont des jumeaux.

-Oh. Double joie, donc !

-Je vais souffrir…

-Ne dites pas ça, rit la femme. Le deuxième accouchement est souvent plus facile que le premier.

-Je l'espère.

-Quelqu'un de votre entourage est allé à West Point ?

-Non, c'était moi. Je suis officier militaire. Générale de la section d'élite basée en Californie.

-Californie ? C'est assez loin…

-Oui. Je suis venue rendre visite à ma mère. Je me sentirais plus à l'aise autour d'elle puisque j'ai moi-même un jumeau. Elle a de l'expérience.

Les portes s'ouvrirent.

-C'est mon stop. J'étais enchantée de vous rencontrer.

-De même.

-Tu viens, Ranza ?

Esperanza suivit sa mère après un petit signe de la main à la vieille dame.

"Quelle adorable fillette. J'espère que les jumeaux ne lui donneront pas trop de fil à retordre."


-ETHAN PAUL ET LOGAN SAMMY VALDEZ ! VENEZ UN PEU PAR ICI !

Esperanza, sept ans, passa la tête par la porte du salon, et vit sa mère, assez irritée, devant les décombres d'un vase. Les deux lutins identiques de quatre ans aux yeux bleu océan, aux oreilles pointues et aux boucles brunes étaient debout devant elle, les mains derrière le dos, la tête inclinée vers la droite.

-Je peux savoir ce qui est arrivé au vase que Tatie Lou a offert à maman ?

-C'est pas moi, c'est lui ! S'exclamèrent-ils en même temps, pointant l'autre du doigt.

Mira fondit littéralement. Ses deux fripouilles à elle savaient bien comment l'attendrir. Elle lâcha un long soupir, ne cherchant même plus à se battre.

-Roh, c'est bon, grommela-t-elle. Ne marchez pas ici, vous pourriez vous blesser.

Les garçons filèrent tandis qu'elle entreprit de ramasser les morceaux de porcelaine.

-Tu veux un peu d'aide, maman ? Demanda Esperanza.

-Non, merci ma chérie. Aaron ne va pas tarder à arriver. Tu as rangé ta chambre ?

-Oui !

La seule chose capable de convaincre Esperanza Valdez de ranger sa chambre, c'était bien d'y recevoir Aaron. Sa fille avisa deux rallonges électriques sur la table du salon.

-Elles sont cassées ?

-Oui. J'attends que ton père rentre pour qu'il les répare.

-Je m'en charge.

Mira se redressa, le sac en plastique rempli de débris dans la main, et regarda, fière, sa fillette démonter les rallonges. Elle avait les sourcils froncés et le bout de sa langue sortait de sa bouche, l'expression qu'elle arborait toujours lorsqu'elle se concentrait. Le husky, qui avait bien grandit, se posta derrière elle, et la regarda travailler, la tête inclinée sur le côté. Quelqu'un toqua à la porte et elle alla ouvrir.

-Salut Tante Mira ! S'exclama le petit garçon en lui faisant un câlin.

-Bonjour Aaron, sourit-elle en voyant son filleul. Esperanza est dans le salon avec Yuki. Elle répare des rallonges électriques.

-Chouette !

Il courut presque jusqu'au salon.

-Fais attention, les garçons ont cassé un vase !

Elle attrapa le balai et alla en quête des morceaux trop petits pour l'œil. Aaron, Esperanza et Yuki étaient penchés au-dessus d'une rallonge. Les longues boucles noires de sa fille retombaient autour de son visage, la gênant. Elle avait le teint de porcelaine de sa mère, mais aussi les oreilles légèrement pointues de son père. Aaron était un Jason miniature, sans cicatrice, avec les yeux de Piper. Il deviendrait sûrement un magnifique jeune homme et briserait bien des cœurs, dans le futur. Elle le vit remettre une mèche derrière l'oreille de sa fille et sourit.

« Peut-être bien que l'alliance Grace-Valdez ne sera pas qu'une blague. »

Puis, elle entendit un fracas et le chien poussa un gémissement en enfouissant sa tête entre ses pattes et en aplatissant ses oreilles sur son crâne. Mira soupira.

-ETHAN ! LOGAN !


Mira sourit en voyant les jeunes demi-dieux se battre à l'épée. Elle avait un mois de vacances durant l'été, et, à chaque fois, elle revenait à la Colonie pour y entrainer les demi-dieux, accompagnée des Grace, des Jackson, des Zhang et des Di Angelo.

-C'est bien, Luke, dit-elle à son neveu. Essaye de ne pas trop forcer sur le poignet.

Elle regarda ses élèves et ses yeux tombèrent sur sa fille. Elle semblait distraite et faisait tomber son épée pour un rien.

-Hope (Mira sourit au surnom que son meilleur lui avait donné, enfant), qu'est-ce qui t'arrive, tu te ramollis ? Rit Aaron, qui était son coéquipier.

Mira haussa un sourcil. Soit ses yeux la trompaient, soit sa fille rougissait et détournait le regard. Elle remarqua qu'Aaron ne portait pas de t-shirt.

Oh.

Oh !

Une fois l'entrainement terminé, elle l'appela.

-Oui, je sais, j'ai été horrible, grommela-t-elle.

-Non, je ne voulais pas parler de ça, interrompit-elle, un sourire moqueur aux lèvres. Mais… C'est moi où tes hormones d'ado te jouent des tours ?

-Je ne vois pas de quoi tu parles…

-J'ai eu quinze ans, je te rappelle. Et Aaron… Il est pas moche.

-Ewww, maman ! C'est mon meilleur ami !

-Ouais, ouais, on la connait toutes. Ton père était mon meilleur ami. Ton oncle Percy était le meilleur ami d'Annabeth.

-Est-ce que tous les meilleurs amis sont sensés finir en petits ami ? Demanda Esperanza en levant les yeux au ciel.

-Y a aussi la case « ennemis »…

-Comme Luke et Bianca ?

-Exact. Mais revenons à la situation. Aaron te plait.

-Non !

-Ne me force pas à utiliser la TPF !

-T'oserais pas !

-Si ! Je l'ai fait pour tout un bateau, je le ferais bien pour ma fille !

-Aaron ne me plait pas !

-On verra ça. Je t'ai vue fixer ses muscles quand il regardait ailleurs.

Esperanza rougit intensément.

-Oh, crois moi, la première fois que j'ai vu ton père torse nu, j'ai…

-Mamaaaan !

-Oui, désolée, rit-elle. Pas d'histoire d'amour de parents. Aller, file.

Mira se dirigea vers le réfectoire. Il n'y avait personne à part ses amis. Comme au bon vieux temps. Yuki était calmement couché au pied d'une table et profitait des rayons du soleil.

-Comment était le cours ? Demanda Jason.

-Super. Figure-toi que ton fils fait de l'effet à ma fille.

Jason fut sidéré une minute avant d'éclater de rire. Léo avala de travers. Mira dût l'aider à boire un verre d'eau avant qu'il ne reprenne ses esprits, sous les « C'est trop chou ! » de Piper et Lacy.

-Comment ça, Aaron fait de l'effet à Ranza ? Hurla-t-il.

-Il faisait chaud, alors il a enlevé son t-shirt ! Ranza n'arrêtait pas de faire tomber son épée ! Et y a pas qu'eux ! Luke et Bianca se « détestent » apparemment, révéla Mira en formant des guillemets avec ses doigts.

-Ouais, on la connait toutes, celle-là, Katie et Travis ont fait pareil.

Nico lança un regard très, très noir à Percy.

-Je te jure, Jackson, si ton fils pose un doigt sur ma fille, je vous écorche vifs, tous les deux !

Percy leva les mains en l'air en signe de paix.

-Mais Nico ! Protesta Lacy. Ils sont adorables !

-Et aussi, Emily…

-Oh non, marmonna Frank à la mention de sa fille.

-Je crois bien qu'Adam lui fait de l'œil.

-Adam ? Adam Alatir ? Comme dans « le fils de Connor et Reyna » ?

-Lui-même.

-Oooh ! La fille sage et le bad-boy ! Fais gaffe, Frank !

-Je vais le tuer, menaça le canadien.

Mira se sentit mal pour le pauvre garçon. Frank n'était plus le gros et maladroit adolescent qu'il était au début : le football au lycée l'avait transformé en tas de muscles, et l'armée avait continué le boulot.

-Hop, hop, hop, tu te calme ! L'arrêta Hazel.

-Et apparemment, James Solace et notre Zoé, c'est plus qu'une question de temps, rit Annabeth.

-Retenez-moi ! Gronda Percy.

-Oh, et Silena commence à avoir des admirateurs, sourit Piper.

Jason grogna un peu.

-Et elle n'a que douze ans ! Ҫa promet pour plus tard !

-Je vais tous les électrocuter…

-Vous savez ce que ça veut dire ? Fit malicieusement Annabeth.

-TPF ?

-TPF !

-PAS TPF ! Hurlèrent les pères.


Léo et Mira sursautèrent lorsque la porte s'ouvrit en un fracas assourdissant, laissant filtrer les cris des deux adolescents. Le chien lui-même fit un bond comique. Esperanza cria quelques insultes en espagnol qui firent froncer les sourcils à Léo. Aaron, de l'autre côté de la rue répondit en français, semblait-il.

-RETOURNE LUI ROULER UNE PELLE ET VAS VOIR AILLEURS SI J'Y SUIS ! Hurla leur fille, reprenant l'anglais.

-ET TOI, RETOURNE AU CINEMA AVEC BRIAN !

Léo haussa un sourcil. Qu'est-ce que le fils de Travis et Katie faisait au cinéma avec sa fille ?

-TOUJOURS MIEUX QUE DE RESTER AVEC TOI !

-BIEN !

-BIEN !

-BIEN !

Et là, Esperanza claqua la porte de toutes ses forces et monta en furie dans sa chambre.

-Ҫa vient…, prévint Mira.

A peine sa phrase terminée, ils entendirent un hurlement de frustration qui était, semblait-il, étouffé par un oreiller. Elle lui lança un regard de j'te-l'avais-bien-dit-que-ça-venait. La porte s'ouvrit et les jumeaux entrèrent, un regard ennuyé sur la figure.

-Qu'est-ce qui vient de se passer ? Demanda leur mère.

-Aaron est sorti avec Cathy. Alors Ranza a piqué une crise parce qu'elle et Cathy sont limite ennemies mortelles.

-Oh ! La fille d'Abigail ? Sa mère et moi avons failli nous battre un jour…

-Elle-même. Alors, Aaron lui a fait remarquer qu'elle était allée au ciné avec Brian Alatir la semaine dernière.

-Retenez-moi, je vais tuer Brian, menaça Léo.

-Ranza a dit que ce n'était pas pareil, vu que Brian était leur ami, et qu'au moins, ce n'était pas une, c'est ses mots, pas les nôtres, « salope de sangsue qui essaye de mettre le grappin sur tout ce qui a une paire de… »

-Oui, on a compris ! Le coupa Mira. Continue.

-Alors, ils ont commencé à se disputer.

-Et… Vous n'avez pas essayé de les arrêter ? Demanda Léo.

Logan et Ethan le regardèrent comme s'il s'était reçu un capot de voiture sur la tête.

-T'es malade ?!

-Esperanza est terrifiante lorsqu'elle n'est pas énervée ! Elle ressemble trop à maman, qui peut faire fuir un troupeau de minotaures, et a en plus appris son regard-de-la-mort-qui-tue, merci maman ! Alors imagine combien elle est effrayante lorsqu'elle pète une durite !

-Eh ! C'est ma seule fille ! Faut bien que je lui apprenne le légendaire regard-de-la-mort-qui-tue ! La tradition, les garçons !

-Et en plus, la température a monté rapidement entre eux. Ranza s'est enflammée, littéralement, et Aaron a commencé à lancer des éclairs autour de lui sans même s'en rendre compte.

-On est immunisés au feu, merci papa, mais question électricité, on est plutôt conducteurs, pas merci maman.

Soudain, Mira éclata de rire.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Léo, ça ne te rappelle vraiment rien ? Plaisanta-t-elle.

-Euuh… Non ?

-Le « Bien ! Bien ! Bien ! », continua-t-elle.

Un éclair de compréhension le traversa et il sourit, retournant à son journal.

-Aah… Notre première dispute…

-Nooon ? Tu as vraiment réussi à te disputer avec maman ?

-Et tu ne t'es pas enfui en courant ?

-Ni pissé dessus ?

-Le bon vieux temps. Je vais lui parler.

Mira monta à l'étage et toqua à la porte de la chambre d'Esperanza. Puis, elle entra. Ranza avait ses écouteurs dans les oreilles et elle entendait d'ici la musique allumée à fond. Elle s'assit à côté d'elle. Mira prit le téléphone (monster-proof, merci les Alatir qui avaient finalement mit leur génie diabolique en marche) et éteignit la musique. Esperanza ne broncha même pas.

-Ranza…, commença-t-elle.

Alors, Esperanza fit ce qu'elle ne faisait que très rarement. Elle éclata en sanglots.

-J'aurais… j-jamais dû lui… dire t-tout ça !

-Eh…

-Mais, j-j'étais t-tellement en p-pétards que je…

-Ҫa va aller, chérie.

Elle l'attira dans ses bras. Au bout d'un moment, Esperanza se calma.

-Je n'ai jamais réagit comme ça ! C'est… Ҫa me donne envie d'attraper Cathy Johann et de lui donner des coups de poings jusqu'à ce qu'elle soit méconnaissable.

Mira remit une des mèches bouclées de sa fille derrière son oreille.

-Tu es simplement jalouse…

-Mais jalouse de quoi, au juste ?!

-Aaron te plait depuis déjà quelques temps. Je l'ai remarqué, et ta tante Piper l'a aussi deviné. Mais tu es tellement habituée à ce qu'il soit « ton meilleur ami, et rien d'autre » que tu refuses de l'admettre.

Esperanza semblait perdue.

-C'est… vraiment flou. Je ne sais pas ce qui se passe exactement.

Le téléphone de Mira sonna. Piper. Elle sortit de la pièce et répondit :

-Allo, Pip's ?

-Aaron et Esperanza se sont disputés, ou quoi ?

-Il ne t'a rien dit ?

-Non ? Jason corrigeait les copies de ses élèves de l'université et j'étais dans la cuisine lorsqu'on les a entendus crier dehors. D'ailleurs, une fois que tout ira mieux, je vais sérieusement essayer de savoir exactement il a appris ces insultes en français…

-Piper, c'est pas le plus important pour le moment.

-Désolée. Bref, il s'est enfermé dans sa chambre et ne veut voir personne. Pas même son père ! Et c'est à lui qu'il demande toujours conseil, d'habitude.

-Oh, cette fois, Superman devra se retirer, et ce sera toi qui devras les lui donner, ses conseils, Lois Lane…

-Comment ça ?

-Apparemment, Ranza est allée au cinéma avec Brian la semaine dernière. Et Aaron est sorti avec la fille d'Abigail.

-Cathy ?! Oh, je vais le tuer, ce garçon… Continue ?

-Esperanza et Cathy ne peuvent pas se blairer alors elle s'est énervée quand elle l'a su. Aaron a remis son rencard avec Brian sur le tapis.

Il y eut un silence au bout de la ligne, puis Piper explosa de rire.

-J'y crois pas ! Ils sont simplement jaloux ?

-Exactement.

-Jason ! Tu entends ça ? Je te l'avais dit qu'Aaron était amoureux d'Esperanza ! Tu me dois cent denarii ! Oh, mes dieux ! L'alliance Grace-Valdez tient la route ! Si on n'était pas surs que ton parent olympien était Poséidon, j'aurais dit Aphrodite ou Apollon, vu que tu l'as mentionnée avant même qu'on n'envisage d'avoir des enfants !

-Pip's, ils sont faits l'un pour l'autre ! Lorsqu'Aaron a gémi, le jour de sa naissance, elle m'a donné son premier coup de pied ! Elle a réagit à sa voix.

-Attends, il vient d'appeler Jason. Ne raccroche pas.

Un moment plus tard, Piper était de retour au téléphone.

-Il s'en veut à mort ! Gloussa la fille d'Aphrodite.

-J'en ai une pareille, à la maison…

-Il va débarquer dans quelques minutes. Juste le temps d'aller au magasin de Miranda.

-Oooh… A ton avis, il va choisir quoi ? Des roses ?

-Pfff, il a intérêt à au moins lui prendre des chrysanthèmes. Rouges.

-Oui, bon, il ne sait peut-être même pas qu'il est amoureux d'elle…

-S'il ne lui déclare pas son amour de la manière la plus romantique qui soit… je le déshérite !

-Arrêtes, on dirait une fille d'Aphrodite.

-Ta gueule.

Mira éclata de rire, puis, quelqu'un sonna à la porte.

-Aaron est là. Je vais ouvrir, Léo serait bien capable de le griller.

Aaron était sur le pas de la porte, un énorme bouquet de fleurs en mains. Mira haussa les sourcils en en reconnaissant quelques-unes.

-Euuh… Salut, Tante Mira…

-Hmm ? Oh, désolée, Aaron. Salut.

Elle lui fit un sourire rassurant.

-Joli bouquet.

-C'est pour Hope. Tante Miranda l'a confectionné quand je lui ai tout raconté.

-Tu… Sais ce que toutes ces fleurs veulent dire ?

-Pas toutes. Quand j'ai essayé de demander, elle m'a presque poussé hors du magasin.

-Oh, je vois. Vas-y, entre. Elle est dans sa chambre.

-Merci. Bonjour Oncle Léo…

Léo lui retourna son salut, ses yeux le brulant presque. Ethan et Logan chantonnaient : « Il va se faire défoncer, il va se faire défoncer ! »

Mira reprit le téléphone.

-Il a des chrysanthèmes…

-Non ?!

-Et des tulipes, et des lys ! Il ne sait même pas qu'il lui déclare son amour ! Miranda a fait le bouquet et l'a éjecté !

-Jason ! Ton fils vient de faire une déclaration d'amour et il ne le sait même pas !

-QUOI ?!

Mira entendit des rire dans les escaliers. Aaron et Esperanza, apparemment réconciliés, se tenaient la main, à présent, comme à leur habitude. Mais Mira espéra de toutes ses tripes que quelque chose d'autre fleurissait.

-On sort, prévint Esperanza en saisissant son portefeuille.

-Promis, elle ne dépassera pas huit heures, assura Aaron.

-Huit heures ? S'étonna Mira avec une moue. C'est beaucoup trop tôt ! Allez, Ranza a champ libre pour ce soir.

-Toi aussi, Aaron ! Entendirent-ils depuis le combiné.

Esperanza sauta au cou de sa mère.

-Merci, maman !

Léo alla faire un commentaire indigné, mais sa femme lui jeta un regard qui le fit se ratatiner sur place. Mira les suivit jusqu'au pas de la porte. Pendant que Ranza allait saluer Piper, la Générale prit son filleul à part.

-S'il te plait, Aaron, ne nous fait pas pousser des cheveux blancs à notre âge, ta mère et moi, on sait que vous allez finir ensemble, alors fais le rapidement, j'attends ça depuis des années, se plaignit-elle.

Aaron devint rouge tomate et se mit à balbutier, mais fut sauvé par Esperanza qui l'appela.

Depuis la fenêtre, elle le vit timidement mettre sa main autour de la taille de Ranza. Elle ne le repoussa pas, bien au contraire, et se rapprocha un peu plus de lui. Un hoquet indigné, suivi d'une flopée d'insultes en espagnol que les jumeaux s'empressèrent de mémoriser, se firent entendre derrière elle. Léo était debout près d'elle et regardait les deux ados de presque dix-sept ans.

-Est-ce qu'il vient de poser les pattes sur mi hija ?!

-Chéri ! S'indigna-t-elle. Vas-y mollo, c'est ton filleul ! Et ils sont adorables ! Piper et moi, on essaye de les caser depuis des années !

Il avait arrêté de l'écouter à « Piper ». Il avait déjà traversé la pelouse et toquait –démolissait –à la porte de la maison d'en face.

-GRACE ! Hurla-t-il. DIS A TA FEMME QUE TON FILS NE POSERA PAS LES MAINS SUR MA FILLE !


Esperanza riait, heureuse, en virevoltant autour de la piste de dance.

Mira la regarda, avec un sourire et les larmes aux yeux. Hier encore, elle venait d'accoucher de cette adorable fillette. Aujourd'hui, la même fillette portait une robe blanche.

-On dirait toi, le jour de ton mariage.

Elle se retourna et vit Percy.

-Hey.

-Tu tiens le coup ? Demanda-t-il.

-C'est à toi que je devrais poser la question ! Nico menace de te tuer depuis que Luke a passé une bague au doigt de sa fille. Et Zoé accouche dans quelques mois.

-Ҫa va, les gosses ? Demanda quelqu'un derrière eux.

-Salut papa.

-Aah… Notre petite fille se marie, Héphaïstos !

-Tant qu'elle ne m'oblige pas à danser…

-J'y crois pas, beau-papa ! Vous m'en voulez encore ?

Il hocha la tête, bien que son sourire garantisse le contraire.

-Oh, c'est l'heure, fit-elle joyeusement.

Elle monta sur l'estrade.

-Aherm. Bonjour ! Comme vous le savez, je suis la mère de la mariée. On me connaissait sous le titre de Général, il n'y a pas si longtemps. Maintenant, je suis la vieille folle retraitée de l'agence matrimoniale TPF du coin pleine d'autres vieilles folles retraitées qui s'amusent à caser des gens.

Tous eurent un rire.

-C'est vrai que t'es folle ! Rit Connor.

-ALATIR ! TRENTE POMPES !

-Tiens, pour ton mariage à toi, c'était moi, qui avais dû faire des pompes, commenta Travis.

-Bref. Le jour de mon mariage, Cervelle d'Algue père, et Cervelle d'Algue fils, ou mon père et mon frère, se sont amusés à tirer sur mes cordes émotionnelles en me forçant à danser avec eux sur Never Gonna Be Alone. Pour eux, la chanson signifiait que, même si j'avais Léo dans ma vie, ils seraient toujours là pour moi, et l'avaient été depuis le début. Que le temps passait tellement vite. Et ils n'ont pas tord. Hier, je tenais Ranza dans mes bras pour la première fois. Et aujourd'hui, l'alliance Grace-Valdez a lieu !

A peine eut-elle fini que la même chanson raisonna. Aaron alla danser avec sa mère. Quand à Esperanza, elle alterna entre son père et ses frères, les yeux larmoyants.

Mira sourit. Ses enfants étaient heureux. Elle s'avança vers une jeune fille aux cheveux cannelle et lui demanda :

-Ҫa va ? La musique n'est pas trop forte ?

Elle secoua la tête.

-Tout est parfait madame Valdez.

-Mira. Sinon, je commence à t'appeler Future-Madame-Valdez.

Calypso devint écarlate. Elle sourit. Elle aimait bien la taquiner.

-Maman, arrête de l'embêter, soupira Logan en arrivant.

Elle ne fit que rire et s'éloigna. Ses fils étaient allés en quête, lorsqu'ils avaient eu dix-sept ans. Leur embarcation avait explosé et Logan s'était retrouvé sur Ogygie. Lorsqu'il était revenu, il s'était enfermé dans sa chambre, refusant d'ouvrir, de manger, ou de dormir, tant qu'il n'avait pas retrouvé un moyen de retourner là-bas délivrer sa belle. Lorsqu'il avait accepté de se confier à Mira –elle l'avait un peu obligé, aussi –elle avait froncé les sourcils, ordonné d'aller prendre une douche (honnêtement, il aurait fait fuir une armée de rats) et manger un morceau avant d'aller appeler Percy, qui lui avait confirmé qu'il avait bel et bien souhaité que Calypso soit délivrée. Puis, elle avait à moitié trainé son fils jusqu'à l'Empire State Building –elle avait une expression tellement furieuse que le vigile au bureau d'accueil lui donna la carte-clé sans qu'elle ne demande rien –et elle avait fini par faire le plus gros scandale du siècle au milieu de la salle du trône. Tous les autres dieux avaient regardé Zeus, scandalisé.

-Vous aviez juré sur le Styx ! Avait rappelé Athéna, les sourcils froncés.

-Personne n'avait précisé quand…, avait marmonné Zeus.

-Maintenant, je veux que cette fille soit matérialisée ici immédiatement avant que je ne me fâche ! Avait ensuite hurlé Mira, toute rouge d'avoir crié, et qui avait encore de la colère en réserve. Mon bébé n'ira pas en dépression et il aura sa fin heureuse !

Logan avait simplement rougi, en soufflant un « Maman » à moitié convaincu. Mais, lorsqu'une demi-heure plus tard, il tenait sa Calypso dans ses bras, qui avait rejeté l'immortalité pour être libérée, il lui avait jeté un regard plein de reconnaissance et de gratitude. Avec Percy, ça avait été un peu plus embarrassant, mais Calypso n'avait d'yeux que pour Logan et Annabeth ne ressentait aucune jalousie, portant le nom de famille de Percy (le fait qu'ils soient tous les deux beaucoup plus âgés et que Calypso avait l'apparence d'une ado de quinze ans aidait aussi).

Quant à Ethan, il semblait à Mira que la fille de Larry et Izumi, Kate, lui plaisait, et pas qu'un peu. Il flirtait avec elle un peu plus loin, tandis qu'elle rougissait, se cachant presque les joues de ses cheveux noirs de jais. Luke et Bianca s'embrassaient dans un coin. James parlait au ventre de Zoé. Adam Alatir avait fini par conquérir Emily (Frank avait pris du temps pour l'accepter, celle-là). Silena Grace et Brian, le cousin d'Adam, avaient réussi à échapper à Jason. Le fils de Dakota et Lou, Aiden, qui avait avoué qu'il préférait les garçons (ce que Dakota avait plutôt bien pris, et même supporté), sortait avec le fils de Rachel et Octave, Alex (Octave avait eu plus de mal à l'accepter, par contre). Le coach Hedge berçait son petit-fils tandis que son fils dansait avec sa mère.

Récemment, sa mère avait sorti son dernier livre, racontant les aventures de ses enfants, qui était seulement disponible pour les demi-dieux, bien sûr. Le seul bémol était probablement la mort de Yuki, quelques années auparavant (le pauvre chien était devenu trop vieux pour continuer). Mais, en sa mémoire, Léo et Mira avaient adopté un autre chiot qu'ils avaient appelé Yuki aussi.

Il y avait tellement d'amour dans l'air qu'elle sourit machiavéliquement, regardant les futur-couples un peu coincés qui n'avaient besoin que d'un coup de main pour se caser. Elle réunit ses amies les plus proches, et n'eut qu'un mot à murmurer :

-TPF ?

-TPF, répondirent-elles.


Assise en face d'un groupe d'enfants, qui avaient tous les yeux d'un bleu semblable à l'océan, ce qui semblait être un trait dominant dans la famille, une femme d'âge mur, arborant les mêmes yeux et qui gardait encore la beauté de sa jeunesse, ainsi qu'une chevelure d'ébène sans le moindre fil blanc, lisait pour la millionième fois l'histoire préférée des bambins.

-Et c'est comme ça qu'on a battu les géants et empêché Gaïa de se réveiller, conclut-elle.

Les enfants, de huit à douze ans, soupirèrent en concert. Le groupe était composé de ses petits-enfants. Sept petits-enfants, exactement. Esperanza et Aaron avaient eu trois enfants, Lynn (douze ans), Thomas (onze ans) et Nell (neuf ans). Calypso et Logan en avaient deux, Lillian (dix ans) et Daniel (huit ans). Quant à Ethan et Kate, ils avaient eu une paire de jumeaux de huit ans, Aline et Achille (qui préférait être appelé Ash). Le plus saisissant était surement le contraste de leurs yeux bridés, leur grand-mère étant japonaise, et leurs yeux intensément bleus.

-Qu'est-ce que tu leur raconte ? Demanda une autre femme plus jeune, lui ressemblant en tout point, qui ne pouvait être que sa fille.

-Leur histoire préférée, répondit jovialement Mira.

-Notre guerre contre les géants ? Sourit Léo en entrant à son tour.

Il avait pris quelques rides, et avait quelques cheveux blancs, mais il semblait en pleine forme, et avec Esperanza au garage, il se ménageait un peu.

-Grand-mère ! S'écria soudain Lynn. On a progressé à l'épée ! Tu viens voir ?

Un brouhaha énorme se leva et Mira acquiesça en riant. Ils la trainèrent dehors, dans le parc en face de la maison, où ils trouvèrent leurs amis, et le reste de leurs cousins, ne manquant pas de prendre avec eux Yuki Jr.

Sur la table basse de la cuisine, le livre, écrit par Sally Jackson, était fermé. Sur la couverture bleue, on pouvait lire en lettres dorées le titre de l'ouvrage : Mon Double en Fille.

Fin


C'est la fin officielle de Mon Double en Fille. Je sais que certains des couples ne sont pas les memes que dans les livres (en comptant le couple principal) mais j'avais cette fanfic en tête depuis la fin du Fils de Neptune. Mais merci a ceux qui sont restés malgrès ça.

Je me suis un peu emportée avec l'épilogue et j'ai du le raccourcir un peu à la dernière seconde.

Bon, je vous dis au revoir. Merci encore pour m'avoir suivi jusque là.

Maddie.