Update : 10/10/2014 ~ Où est passé l'été ?


Je ne vais pas parler du temps que j'ai mis à poster hein, ça deviendrait redondant.

Merci à ma bêta Kolerego qui me motive, me relis, et comprend ma vie de mollusque et mon amour pour les chats.

Merci à mon bébé DWould d'être elle et d'exister.

Et merci à vous tous pour vos reviews, mises en favoris, ou pour simplement suivre cette histoire silencieusement dans votre coin. 85 followers ma gueule, c'est pas rien. Et ca me touche.

Sur ce, bonne lecture mes petits.


Chapitre 4 : Se laisser aller

« Be the ocean

Where I unravel.

Be my only.

Be the water and I'm wading.

You're my river running hight,

Run deep

Run wild. »

Likke Li – I follow rivers

.

.

-Tiens, c'est étrange, j'ai l'impression que quelqu'un ne s'est toujours pas fait mettre à la porte de chez lui. Comment tu fais ? Tu as détourné des fonds pour pouvoir continuer à payer ton loyer ? Oh non. Je sais. Tu couches avec ton proprio'.

-Ha. Ha. Ha. Tu es tellement drôle Harry Potter, je me demande comment il est possible que je ne me sois pas encore étouffé de rire.

-Non sérieusement, la « Team Malfoy » n'était pas supposée te couper les vivres ?

Draco haussa les épaules.

-Comme tu vois, Lucius n'a encore rien fait. J'imagine qu'ils doivent m'aimer encore un tout petit peu malgré ma pratique d'activités homosexuelles avec ta personne.

Draco se décala pour laisser Harry entrer chez lui. Celui-ci défit lentement son écharpe rayée rouge et or en souriant d'un air goguenard à son petit-ami –est-ce qu'il pouvait réellement l'appeler comme ça ? Le mois de Février commençait à peine et dehors l'hiver était bien installé. Ces derniers jours Harry avait passé de plus en plus de temps chez Draco. Ses affaires traînaient un peu partout dans l'appartement et il attendait le moment où Draco lui dirait qu'il était devenu trop envahissant et qu'il fallait que tout ça s'arrête, mais visiblement ce moment tardait à venir. Harry ne pouvait que s'en estimer heureux. Il redoutait les sautes d'humeur de Draco plus que tout le reste. Il ne voulait pas que cette apparente complicité qu'ils avaient établi soit brisée. Il ne voulait pas que tout ça s'arrête. La plupart du temps, Harry marchait sur des œufs. Il ne pouvait pas se mentir : être avec Draco était à la fois l'expérience la plus fascinante et la plus épuisante qui lui soit arrivée. Il ne parvenait jamais à prévoir ses réactions, souvent trop excessives, et il devait en permanence faire attention à ne pas faire de faux pas de peur que tout soit détruit.

Harry se laissa lourdement tomber sur le canapé et observa longuement Draco, perdu dans la contemplation du ciel blanc par la fenêtre. Sa silhouette longiligne découpée à contre-jour devant les carreaux semblait déployer des trésors d'énergie pour être encore plus attirante qu'à l'ordinaire.

-Je hais ce temps, soupira Draco maussade. On dirait qu'il n'y a plus de ciel. Comme si la ville entière avait été placée sous un dôme.

-Moi je l'aime bien.

Draco se retourna et lui jeta un regard désabusé. Harry ricana.

-Qu'est-ce que tu lui trouves ?

-Il me fait penser à toi.

-Alors qu'est-ce que tu me trouves ? demanda Draco, provocateur.

Harry haussa les épaules, tout en souriant d'un air canaille.

-Va savoir, chuchota-t-il avant de se lever pour aller enlacer Draco.

Il passa ses bras autour de sa taille et l'attira fermement contre lui.

- « Si tu dois m'aimer, que ce soit pour rien », récita Harry, les lèvres effleurant la joue pâle du garçon entre ses bras « pour qu'à jamais tu m'aimes d'un amour sans fin ».

-Ah on parle d'amour maintenant ? Questionna Draco en essayant paresseusement de se dégager de l'étreinte de Harry.

-De quoi d'autre pourrait-il s'agir ?

Harry décida brutalement qu'il en avait assez de fuir. Cela ne lui ressemblait pas. Faire profil bas en attendant que le vent tourne et lui soit favorable n'était pas son style. Il voulait cet homme, et il le voulait pour lui tout seul. Exclusivement. Attendre n'était pas une option.

Avec une tendresse presque violente il posa ses lèvres sur sa tempe tout en glissant les mains sous ses vêtements, cherchant le contact de sa peau.

-Ou-est-ce que tu vas comme ça ? demanda Draco tout bas, le souffle court.

-« Il fait si froid dehors, ici c'est confortable. »

-Sérieusement ? Edith Piaf ?

Harry éclata d'un rire franc mais n'arrêta pas pour autant de caresser son torse.

-« Laissez-vous faire Milord »

Harry sentit Draco se tendre sous ses doigts en soupirant. Cela lui faisait à chaque fois un effet dingue. Il embrassa son cou délicatement tout en laissant ses doigts parcourir leur chemin jusqu'à la boucle de la ceinture. Très vite, ils furent nus l'un contre l'autre, haletants. Si les premières fois n'avaient pas été extraordinaires, l'habitude, plutôt que d'installer une routine malheureuse, leur avait permis d'apprendre les désirs de l'autre. Pour Harry, chaque fois était encore meilleure que la précédente. Il lui semblait qu'il ne pourrait jamais se lasser de ça. Son corps. Sa bouche. Sa langue. Son cou. Son sexe. Il le caressa tendrement, puis de façon plus intense se délectant des soupirs de son amant autant que de ses gestes saccadés. D'une main ferme appuyée sur son torse il le dirigea jusqu'au canapé sans cesser de l'embrasser, puis le poussa tendrement jusqu'à ce qu'ils se retrouvent allongés l'un sur l'autre. Il lui semblait que Draco aurait pu faire l'amour n'importe où, du moins qu'il en avait envie, debout, dans la rue, en public, rien ne semblait vraiment le déranger. Mais Harry lui, aimait particulièrement être simplement allongé, pour pouvoir profiter des secondes post-orgasmiques sans se soucier de rien.

Lors de ces moments là, il lui semblait qu'il aurait pu se passer n'importe quoi, rien n'aurait su troubler la paix qu'il éprouvait. Il lui paraissait complètement absurde que des guerres aient lieu, quelque part sur Terre, que des gens meurent, exactement au moment où lui-même était si bien, son corps ne faisant plus qu'un avec celui de Draco.


-Bonjour.

Le vieil homme n'avait pas l'air ravi de les voir. Il fronça ses sourcils broussailleux et les dévisagea pendant de longues secondes. Blaise se sentit curieusement en colère. Il n'appréciait pas qu'on le dévisage comme si il était une bête de foire.

-Je suis Argus Rusard, le propriétaire. C'est vous qui êtes là pour la visite ?

Blaise lui tendit la main dignement.

-Exact. Je suis Blaise Zabini, enchanté.

Rusard considéra sa main assez longtemps pour que Blaise se sente mal à l'aise, mais il finit par la serrer du bout des doigts. Il portait un costume en tweed rapiécé par endroit et de vieilles chaussures boueuses.

-Théodore Nott, déclara Théo en regardant ailleurs, les mains bien enfoncées dans les poches de son blouson de cuir.

-Je n'accepte pas de colocation.

Théodore toussota.

-Parfait, dit Blaise avec un grand sourire, j'ai toujours trouvé que les colocations avaient un côté malsain.

Rusard le dévisagea comme s'il cherchait à déterminer s'il disait la vérité ou non. Finalement il s'abstint de commentaire et leur fit signe de le suivre à l'intérieur de l'appartement.

-Wahou c'est spacieux, s'extasia Théodore en contemplant le salon.

-Tu trouves ? Par rapport à chez ma mère c'est…

-Ça n'est pas chez ta mère Blaise. C'est peut-être notre futur chez nous. Essaye de t'imaginer.

-Hm, j'aurais besoin de voir la chambre pour imaginer réellement, si tu vois ce que je veux dire.

Rusard se racla la gorge derrière eux.

-Il me semble que vous m'avez mal compris : je n'accepte pas de colocation. Cet appartement est pour une personne seule… ou, à la rigueur, un couple sans enfant.

Blaise soupira.

-Précisément. Nous sommes un couple.

Argus Rusard sembla sur le point de faire un AVC. Son visage s'agita de spasmes nerveux et il s'étouffa avec sa salive. Lorsqu'il retrouva enfin son calme, Blaise le fixait avec détermination.

-Pouvons-nous continuer la visite ? demanda-t-il avec une froide politesse, et un calme qu'il était loin de ressentir.

L'espace de quelques secondes affreusement longues, il crut que l'homme allait refuser, et les renvoyer chez eux. Pour la première fois de sa vie Blaise se sentit vulnérable, et absurdement coupable, comme s'il était un enfant que l'on venait de surprendre en train de faire une bêtise honteuse. Et pour la première fois de sa vie sa mère ne règlerait pas son problème à sa place. Il sentit les doigts de Théodore frôler les siens et les enferma dans sa main, s'y accrochant comme à un rocher salvateur dans la tempête.

Finalement, ses yeux gris lançant des éclairs, Rusard resta parfaitement silencieux, et leur indiqua d'un signe de tête qu'ils pouvaient continuer.


Blaise déposa avec précaution quelques disques vinyles dans le carton avant de le refermer et de le faire glisser vers Théodore pour qu'il le scotch. Il ne se rendit pas immédiatement compte qu'ils étaient observés. Il espérait avoir fini le plus vite possible. Ce n'est que lorsque sa mère se racla la gorge qu'il leva la tête vers elle et croisa son regard.

-Alors tu me quittes ? demanda-t-elle sèchement.

Il leva les yeux au ciel.

-Je ne te quitte pas, je vais vivre dans mon propre appartement, c'est différent.

Elle souffla d'exaspération.

-Ne joue pas les innocents, c'est strictement la même chose Blaise. Tu me quittes.

-Maman…

-Tu m'abandonnes.

Blaise jeta un regard en biais à Théodore qui faisait soigneusement semblant de ne rien entendre. Il se leva avec lassitude et attrapa le bras de sa mère pour l'entraîner plus loin.

-Maman, il fallait bien que ça arrive non ?

Il haussa les épaules comme si ce départ était une fatalité, et non une décision consciente de sa part. Il n'avait jamais su tenir tête à sa mère.

-Est-ce que tu le préfères à moi ? demanda-t-elle d'une voix de petite fille blessée.

Il l'enlaça.

-Tu sais bien que non. C'est différent. Je l'aime, mais ça ne change rien à la façon dont je t'aime.

-Menteur. Avant lui, jamais tu n'aurais osé me quitter.

-Avant lui, j'étais toujours un enfant. J'ai grandi.

-Tu m'oublieras.

-Ne dis pas de bêtises, soupira-t-il à la fois excédé et attendri par le comportement possessif de sa mère.

-Tu n'as plus besoin de moi, réalisa-t-elle soudainement en le regardant d'un air horrifié.

-Je ne suis plus un enfant. Mais j'aurai toujours besoin de toi maman.

Blaise songea qu'il aurait sans doute été plus facile de rester un petit garçon chouchouté par sa mère. Ainsi, il n'aurait pas eu de décisions à prendre, pas de déceptions, pas de peurs. Pendant quelques secondes, il eut envie de retourner à cette époque où tout semblait tellement plus facile. Mais il était devenu un adulte, même s'il avait tout fait pour retarder ce moment. On a beau le combattre, le temps finit toujours par passer, et il l'avait rattrapé. Sans doute sa mère avait-elle raison : sans Théodore, jamais il n'aurait osé la quitter. C'était précisément pour cela qu'il savait qu'il faisait le bon choix. Il en était persuadé. Il pouvait vivre n'importe où, du moins qu'il était avec lui : être avec Théodore, c'était comme être à la maison.


Étendu sur le grand lit, à même les couvertures, Draco fixait la voie lactée peinte au plafond de sa chambre. La respiration régulière de Harry à côté de lui aurait pu laisser penser qu'il dormait, mais ses doigts caressant tendrement le dos de sa main démontraient le contraire. Draco soupira faiblement. Il avait du mal à concevoir que tout ceci soit réel. Du mal à imaginer que le cœur de quelqu'un battait en rythme avec le sien, pas simplement le temps d'une nuit.

En réalité, Draco n'arrivait pas à accepter l'éventualité qu'il puisse finalement être heureux. Était-ce donc ça le bonheur ? Avoir l'opportunité de faire une pause après une course éreintante ? Se sentir absurdement bien sans raison particulière ?

-C'est spécial de vivre, marmonna Draco comme pour lui-même.

-C'est un drôle de hasard, lui répondit Harry sans cesser de caresser le dos de sa main.

-J'ai parfois l'impression que mon existence joue aux montagnes russes. Un jour le septième cercle de l'enfer, le lendemain le Walhalla. Je ne sais même pas quoi faire, ou contre quoi je dois me battre. Probablement contre moi-même, mais alors, c'est que je ne peux pas gagner.

Harry se tourna sur le côté pour pouvoir observer Draco.

-Et tu dois forcément te battre ?

-Ouais. Je me dis… Je me dis que si je me bats pas, dans deux jours tout ça, tout ce que j'ai réussi à construire pour me donner l'impression que tout va bien, ça se cassera la gueule.

-Tu sais parfois la seule solution c'est de se laisser aller, de se laisser porter par le courant et de voir où il t'emmène. Une fois tu m'as dit que lors d'un naufrage les seuls survivants étaient ceux qui étaient bons nageurs. C'est faux. Tu sais pourquoi ? Parce qu'il y un milliard d'autres possibilités que « nager » ou « couler ». Tu peux aussi trouver quelque chose auquel t'accrocher, ou bien faire confiance à un meilleur nageur, ou n'importe quoi d'autre. Tout n'est pas soit noir soit blanc, le monde est constitué de milliers de nuances de couleurs. Et même une photographie en noir et blanc comporte des nuances de gris.

-Je sais que tu as raison.

Harry sourit tendrement.

-Tu viens avec moi tout à l'heure voir le nouvel appartement de Blaise et Théodore ? Demanda Draco en changeant brusquement de sujet.

Harry fit la moue.

-Je dois passer à la galerie d'abord, j'ai des petites choses à régler. Je te rejoindrai d'accord ?

Draco serra tendrement ses doigts entre les siens.

-Ok. Ne sois pas long.

Dehors, la pluie martelait les carreaux sans interruption. Draco se rendit compte qu'il aimait bien la pluie : il aimait l'odeur qu'elle laissait derrière elle, mais il aimait particulièrement qu'elle les dissuade de sortir de chez eux. Il aimait passer sa journée au lit avec Harry. Il aimait simplement être là, allongé à côté de lui sous la fresque peinte au plafond, et discuter du sens de la vie.

Seul Harry sur cette Terre pouvait rendre la pluie parisienne agréable. Seul Harry pouvait transformer sa chambre en un coin d'univers, un endroit inaccessible.

-Est-ce que tout se passe bien à la galerie en ce moment ? demanda Draco en se levant pour aller s'habiller.

-Bof, marmonna Harry. Les ventes sont difficiles ces temps ci.

Il resta allongé sur le lit sans bouger. Draco lui jeta un coup d'œil en biais. Il ne savait pas grand-chose sur le travail de Harry. Et les rares choses qu'il savait, il n'y comprenait rien.

-Pourquoi tu n'achètes pas des tableaux pour les revendre ? proposa-t-il en haussant un sourcil.

Harry se redressa sur ses coudes pour pouvoir l'observer.

-Parce que ce n'est pas ce que j'ai envie de faire.

Draco ricana.

-Tu veux dire que tu ne veux pas gagner de l'argent ? Tout le monde veut gagner de l'argent. Tu t'y connais en art, tu pourrais faire ça. Ce serait plus… sûr. Ce serait une façon de t'assurer un avenir.

Harry soupira.

-Aussi bizarre que cela puisse te paraître Draco, gagner de l'argent n'est pas ma priorité. Je veux vivre de mon art. Je veux peindre. Je ne veux pas… être riche ou je sais pas quoi.

-Forcément. Ton mec a des sous alors tu n'as pas besoin d'en avoir toi-même, ricana Draco.

Vu le visage outré de Harry, il avait sans doute dû aller trop loin. Il eut envie de dire « excuse-moi » mais il ne le fit pas. Il se mordit la lèvre, anxieux.

-C'est ce que tu penses ? Demanda Harry d'un ton froid.

-Non, répondit immédiatement Draco, mais Harry ne sembla pas l'avoir entendu.

-Tu penses que je suis avec toi parce que tu as des sous et que ça me permet de pouvoir me toucher à côté ?

-Non, répéta stupidement Draco.

-Parce que c'est tout sauf le cas. Je m'en fous pas mal de ton blé. Faire de l'art, être artiste… ça me permet d'exister tu comprends ? C'est… J'en ai besoin.

-Désolé.

Harry soupira. Il avait l'air de ne pas savoir si il devait être énervé ou non. Son regard se perdit par la fenêtre. Draco le fixait sans oser bouger, de peur de déclencher une tempête.

-Ça me rend heureux, déclara finalement Harry en ancrant ses yeux dans les siens.

Draco aurait voulu être celui qui le rende heureux mais il ne dit rien.


Théodore s'assit en tailleur à même le sol et décapsula une bière dont il but une longue gorgée.

-Est-ce qu'on est tous d'accord pour dire que Théodore ne fait rien à part boire des bière depuis tout à l'heure ? grogna Draco en lui jetant un regard en biais.

-Je supervise l'avancée des travaux. Il faut bien que quelqu'un le fasse. D'ailleurs tu as de la peinture sur le nez.

Draco laissa tomber son rouleau sur les bâches transparentes étendues sur le parquet et descendit de son escabeau en soupirant.

-Pourquoi je suis là au fait ?

-Pour aider ton meilleur ami à repeindre son futur chez lui, déclara Blaise avec un grand sourire.

-Sincèrement, tu ne pouvais pas payer un peintre ?

-Sincèrement, tu veux en parler avec ma mère ? Elle sera ravie.

-Elle l'a mal prit ?

-Ça l'a rendu hystérique. J'ai cru qu'elle allait me chialer dans les bras.

Étrangement cette réflexion fit rire Théodore mais ni l'un ni l'autre des garçons ne releva ce fait. Ils avaient l'habitude que Théo ricane pour des choses obscures. Ça n'était pas une nouveauté.

Draco jeta un œil à son smartphone, laissant au passage une trace de peinture blanche sur le coin droit de la coque. Il ronchonna.

-Harry ne répond pas, mais je pense qu'il ne devrait plus trop tarder maintenant.

-Vous utilisez la télépathie ? le taquina Théodore avec un sourire narquois.

-Ha ha ha. Très drôle. En attendant, nous, on emménage pas ensemble comme un vieux couple.

Blaise aboya de rire.

-Tu plaisantes Draco ? Est-ce qu'on parle du fait que Harry a sa brosse à dent chez toi ?

Draco haussa un sourcil interrogatif.

-Et comment est-ce que tu pourrais bien savoir ça s'il te plait ?

-Sur le dernier selfie que tu as posté sur instagram, celui où tu es dans ta salle de bain, il y a deux brosses à dent sur le rebord du lavabo.

Draco grimaça.

-Tu n'es pas un être humain normal… Stalker les gens comme ça… Sincèrement… Tu me déçois…

-Je me roule une cigarette, quelqu'un en veut, demanda Théodore pour changer de sujet.

-Ok roules en trois, et faisons une pause.

-Ça ne fait même pas une heure que vous peignez, s'offusqua Théo.

-Dis le mec qui bois des bières en nous regardant trimer, ce taudis c'est toi qui va habiter dedans alors écrase.

-T'es agressif Draco… Je disais ça comme ça.

Blaise vint s'asseoir près de Théo et attrapa une cigarette entre ses doigts. Il tira dessus et souffla longuement sa fumée qui se rependit doucement dans la pièce. Il but une gorgée dans la bière de Théodore avant de s'adresser à nouveau à Draco :

-Alors… C'est sérieux entre Harry et toi on dirait.

Draco haussa les épaules.

-J'en sais rien. On vit le moment présent, et pour l'instant ça se passe bien.

-C'est cool, ajouta Théodore.

Draco haussa les épaules.

-J'en sais rien si c'est cool. C'est juste comme ça.

-Pauvre Harry, devoir supporter un mec aussi pessimiste… marmonna Théodore avant de tirer excessivement la langue pour lécher la feuille de sa cigarette.

Draco chercha du regard un projectile à lui jeter au visage pour lui faire fermer sa jolie bouche, mais il ne trouva rien de satisfaisant alors il se contenta d'accepter la cigarette en ronchonnant.

Ils n'avaient toujours pas repris la peinture des murs lorsque Luna et Harry sonnèrent, bien plus tard dans l'après-midi. Théodore se chargea de leur faire copieusement remarquer leur inutilité mais comme personne ne fit attention à lui, il partit se réfugier dans la cuisine à la recherche de quelque chose à manger : cause perdue dans un appartement vide.

-C'est super grand chez vous, s'extasia Luna après avoir soigneusement fait le tour de chaque pièce.

-C'est parce qu'il n'y a pas encore de meubles, déclara Théo en revenant bredouille de la cuisine. Quand Blaise aura ramené tout son bazar je te garantis que ça aura l'air moins grand.

-Quel bazar ? Je vis avec trois fois rien moi, tu me connais.

-Tu parles, baragouina Draco. Ta définition de « trois fois rien » n'est pas la même que tout le monde. Tu savais ça ?

-Ma définition : Théodore, mes vinyles, et un coin douillet pour baiser.

-Bah putain merci pour moi. Ça fait plaisir de savoir que tu considères que je suis trois fois rien.

- L'hiver vient, déclara Luna rêveusement en regardant par la fenêtre.

Draco haussa un sourcil :

-Ça fait deux mois que c'est l'hiver, tu peux me croire, mes factures d'électricité ont curieusement augmenté à cause d'une certaine personne qui ne peut pas s'empêcher de monter le chauffage.

Il jeta un regard incendiaire à Harry qui haussa les épaules et leva les paumes en signe de paix.

-C'était seulement une réplique de Game of Thrones Draco. Ne prend pas tout de façon aussi terre à terre.

Blaise éclata de rire.

-Une des choses que je préfère dans la vie, c'est quand Luna remet Draco à sa place. Il devrait y avoir plus de moment comme ça.

-Hey ! Tu te moques de moi ? Nous sommes censés être amis ! Qu'est-ce qui t'échappes avec cette notion ?

-Est-ce que vous allez organiser une pendaison de crémaillère ? Demanda Luna à Théodore tout en observant du coin de l'oeil Blaise et Draco qui se chamaillaient.

-Oh oui faites ça ! S'exclama Harry. Ce serait l'occasion de réunir tout le monde.

-Et de boire, ajouta Luna.

-De tester la résistance sonore du voisinage, marmonna rêveusement Théodore. On devrait organiser ça effectivement.

-Je pourrais demander aux jumeaux Weasley de venir s'occuper du son si vous voulez ? Ce sont eux qui mixent au Terrier habituellement.

-Ces gens sont bizarres Théodore, tu devrais refuser qu'ils s'introduisent chez toi.

-A partir du moment où j'accepte que tu mettent les pieds chez moi Draco, je crois que je peux tolérer vraiment beaucoup de monde...

L'air outré de Draco fit rire Luna aux larmes, et son rire cristallin entraîna ceux des autres. Dans l'appartement encore vide de meubles, les sons se répercutaient sur les murs, faisant résonner les éclats de leur euphorie. Draco sentit au creux de sa cage thoracique une douce sensation de chaleur, de bien-être. Ce fut si soudain et inattendu qu'une vague de doute le submergea aussitôt : et quand tout cela s'arrêterait -car ça s'arrêterait forcément, les bonnes choses n'étaient jamais faites pour durer- quand tout serait finit, comment pourrait-il encore accepter de mener la vie banale, insipide et ennuyeuse qu'il avait avant ?


FIN. Voilà je vous annonce la fin de cette fiction, qui se termine donc en beauté autour d'un pot de peinture (vous voyez le fil conducteur ? Le street art... l'art... la peinture... vous suivez ou pas ?). C'était bien hein ? Quelle aventure. Allez adieu.

Sam

P.S : je plaisante, je vous retrouve comme d'habitude pour le prochain chapitre, en 2025. Bisous mes petits chats.