8 – Blaine et Kurt

-… espèce de … de sorcière ! Pas moyen de faire disparaître ces foutues boucles … j'ai l'air ridiculeuh !

- Ah ça, c'est sûr, mais c'est surtout parce que tu pleurniches comme un bébé … à cause de tes cheveux.

Blaine lança un regard noir à sa cousine qui se tenait dans l'embrasure de la porte de la salle de bain, bras croisés sur la poitrine, un air amusé sur le visage. Le problème, c'était qu'elle avait raison : il essayait depuis vingt bonnes minutes de faire en sorte que ses cheveux ressemblent à quelque chose.

- Tu sais, continua Amélia, la plupart du temps, les filles rêvent d'avoir de magnifiques cheveux épais et bouclés.

- Ca doit être pour ça que moi, je les hais. Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je ne suis pas une fille, rétorqua sèchement Blaine.

Amélia ricana.

- Vraiment ? Parce qu'il y a une autre particularité chez les filles : elles passent des heures dans la salle de bain à soigner leur apparence. Tu comprendras que je me sois trompée. Depuis que grand-mère est arrivée, tu as passé plus de temps ici qu'avec nous.

- Pauvre, pauvre Amélia, répliqua Blaine sur un ton sardonique, si tout ce qu'il te reste comme remarques blessantes ce sont de pitoyables réflexions sexistes, je crains de devoir être au regret de te dire que la seule personne qui puisse se sentir concernée par ces dernières, c'est toi. Tu es une fille ma chérie, moi pas, chantonna t-il. Tu veux que je te le prouve (il haussa les sourcils d'une manière qui en disait long sur la manière dont il entendait apporter ladite preuve) ?

Blaine eut la satisfaction de voir verdir sa cousine de rage.

- Je ne vois vraiment pas ce que GrandMa te trouve … tu … tu n'es qu'un crétin vulgaire et en plus tu es gay !

Et avec cette superbe répartie, sensée être une insulte et digne d'une série télévisée pour ado, Amélia sortit de la salle de bain. Il n'aurait plus manqué que le trépignement pour que le tableau de la parfaite petite fille riche et égoïste soit complet.

Blaine soupira. Amélia était son aînée de quelques semaines. La mère de Blaine et sa sœur étaient tombées enceintes en même temps. Elles avaient décidé que la première qui accoucherait, donnerait un prénom commençant par A à son enfant et la seconde, par B. Et voilà comment il avait été baptisé Blaine. Pas un grand choix de prénom masculin commençant par B. Il avait échappé de justesse à Barnabé. Peu importe, il aimait son prénom depuis que Kurt lui avait avoué qu'il avait toujours eu une fascination pour le film Pretty In Pink (10).

Blaine reposa la brosse à cheveux. Il repensait à ce qu'avait dit Amélia. Rien de bien nouveau sous le ciel bleu : oui, sa grand-mère préférait Blaine à Amélia (pas étonnant, cette fille était une vraie peste !) et oui, il était gay. Et oui, sa famille n'en était pas super, super ravie. Oh, il n'avait jamais été frappé ou raillé mais il y avait toujours cette espèce de gêne entre lui et ses parents, comme si ces derniers attendaient désespérément que quelque chose change, comme s'ils pensaient que c'était juste une passade d'adolescent. Pas de haine, juste de l'incompréhension. Genre « pourquoi nous ? ».

- Ah, mahal ko (11) tu es là ! Amélia dis que tu te caches.

Oh non, pas elle.

- GrandMa, soupira Blaine, je t'adore mais si jamais tu touches à mes cheveux, je te jure que … que …

- Hey quoi ! Je ne viens ici qu'une fois et par an et je n'aurais pas droit de te toucher ! Toi, ma chair, mon sang -

Et voilà, c'était parti pour un tour. Elle allait lui jouer la pauvre grand-mère exilée au bout du monde qui ne peut pas voir sa famille. Il avait tellement souvent entendu cette ritournelle qu'il en connaissait presque chacun des refrains et …

- … mais je parie que lui, il a le droit d'y toucher.

Blaine tourna brusquement la tête vers sa grand-mère.

- Que … qu'est-ce que tu viens de dire ?

Sa grand-mère lui sourit. Elle s'approcha de lui et s'installa sur une des chaises près de la coiffeuse. Elle leva la main vers les cheveux de Blaine mais n'y toucha pas. Sa main retomba sur ses genoux.

- Lui … celui pour lequel tu disparais de la pièce pour discuter au téléphone ou sur ton ordinateur avec cette toute petite caméra. Lui, il a le droit d'y toucher, n'est-ce pas ?

Blaine était tout simplement réduit au silence. Jamais sa grand-mère n'avait fait référence, directement ou pas, à son homosexualité.

- Et bien, aurais tu perdu ta langue mahal ko ? Allez, dis moi, comment s'appelle t-il ?

- Ku … kurt. Il s'appelle Kurt.

- Kurt, hum, c'est un prénom fort ça. C'est bien. Et dis moi, à quoi ressemble t-il ce Kurt.

Doucement, encore sous le choc, Blaine sortit son I-Phone de sa poche. Il l'alluma. Il présenta le téléphone à sa grand-mère. Elle le prit et regarda attentivement la photo. Blaine aimait particulièrement cette dernière. Le sourire de Kurt y était « vrai », ses yeux brillaient. Il était heureux. Il était tout pour Blaine.

- Je comprends maintenant … je comprends. Il a le regard.

- Le regard, quel regard ? Hasarda Blaine.

Sa grand-mère lui sourit.

- Le regard de ceux qui aiment mahal ko. Tu as de la chance. Ce que tu as entre les mains est précieux, et un homme intelligent ne laisse jamais sa plus grande richesse lui échapper des mains.

Blaine avait la furieuse envie de cligner des yeux. Ou de se pincer le bras. Parce que la scène qu'il était en train de vivre n'était certainement pas réelle. Il devait rêver. Il avait une conversation avec sa grand-mère à propos de son petit ami. Et, bonus, la dite grand-mère n'essayait pas de le décoiffer !

Un large sourire apparut sur le visage de Blaine. Il prit sa grand-mère dans ses bras et l'embrassa.

- GrandMa tu … tu es … la plus formidable des femmes que cette terre ait jamais portée !

Sa grand-mère lui répondit très sérieusement.

- C'est ce que je me suis efforcée toute ma vie de faire comprendre à ton grand-père et à ta mère et ta tante. Je suis heureuse qu'il y ait enfin un membre de la famille qui ait un tant soit peu de lucidité pour enfin le reconnaître. Alors, quand pourrais-je le rencontrer ?

- Le … tu veux vraiment le … le rencontrer ?

- Bien entendu, sinon, je ne le demanderais pas. Il n'est pas dans mes habitudes de mentir ou de me cacher derrière des faux-semblants.

- Je … je vais l'appeler et lui demander.

- Parfait mahal ko. Bien, ta mère va finir par s'inquiéter de notre absence alors nous devrions descendre … et Blaine ?

- Oui GrandMa ?

- Fais quelque chose pour tes cheveux, tu veux.

Ah, Blaine se disait aussi, c'était trop beau pour être vrai …


Blaine passa tout le repas dans un état second. Sa grand-mère lui jetait des œillades entendues, Amélia boudait et lui lançait des regards noirs et le reste de la famille l'ignorait, comme d'habitude.

Blaine s'excusa de table pour le dessert. Il monta dans la chambre d'ami et sortit son téléphone. Sa main tremblait tant il était excité à l'idée de présenter sa grand-mère à Kurt. Il la connaissait déjà bien, Blaine savait qu'il en parlait souvent. Kurt aimait sa famille. Il aimait ce qu'elle représentait : amour, sécurité, tolérance. Pour Blaine, c'était plus compliqué. Alors pouvoir lui présenter sa grand-mère ! Il composa le numéro de Kurt. Pendant que la sonnerie retentissait, il réfléchissait à l'endroit où ils pourraient se donner rendez-vous. Peut-être au suisse shop bakery (12). Ils faisaient d'incroyables cheesecake. Quelqu'un décrocha.

- Hey, toi, susurra Blaine, tu me manques tellement.

- Blaine ?

Blaine faillit raccrocher en reconnaissant la voix au bout du fil. Il se laissa tomber sur le lit.

- Mon … monsieur Hummel ?


- … la situation économique n'est pas si catastrophique que ça et – OHMONDIEU Blaine, qu'est-ce qui se passe, tu es blanc comme un linge ! S'exclama le père de Blaine en voyant son fils apparaître dans le salon.

Blaine cligna juste des yeux.

- Mahal ko, que se passe t-il ?

- C'est … c'est Kurt … il … il a été … il est à l'hôpital … je …

- Quel hôpital Blaine ? Demanda sa grand-mère d'une voix douce.

- Lima Mémorial. Je dois …

- Huhu, tu n'es pas en état de conduire. Amélia, mon manteau, et va chercher tes clés de voiture, nous allons à Lima.

- Mais enfin maman, s'exclama la mère de Blaine, il est plus de neuf heures du soir ! Tu ne vas quand même pas aller en pleine nuit à Lima. C'est à plus de deux heures de route … C'est … c'est juste ridicule. Nous appellerons demain dès la première heure pour voir si … si Kurt va bien mon chéri, d'accord, ajouta t-elle en s'adressant à Blaine.

Le choc qu'il avait ressenti en écoutant Burt Hummel lui raconter ce qui s'était passé ce soir se mua en une rage froide. Blaine regarda sa mère.

- Je me rappelle fort bien que l'année dernière nous avons fait quatre heures de route pour aller voir un des nombreux ex d'Amélia – le numéro huit, si je me rappelle bien, n'est-ce pas Amy ? Difficile de tenir un compte juste, il y en a tant qui défilent … – concourir à un tournoi de golf, grinça Blaine. Mais il faut dire que vu le niveau pitoyable de numéro huit dans cette discipline, il y avait en effet urgence à faire en sorte que sa petite amie puisse le réconforter après ce qui ne pouvait être qu'une défaite annoncée.

- BLAINE ! N'insulte pas ta cousine, c'est complètement déplacé et -

- Oh, parce que refuser de me laisser aller voir la personne que j'aime et qui est à l'hôpital après avoir été victime d'une agression n'est pas « déplacé » peut-être ? Cria Blaine.

- Vraiment, agressé ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Susurra Amélia sur un ton acide. Un incident pendant les soldes peut-être ? Quelqu'un a essayé de lui rafler le dernier manteau Alexander McQueen ? Elle porta la main à la bouche feignant l'horreur. Oh, non, pire, il a abîmé sa manucure !

Blaine se tourna vers sa cousine, la rage au cœur.

- Espèce de sale petite gar-

- CA SUFFIT !

Chacun se tourna vers la doyenne de la famille.

- Amélia, je crois que je t'ai demandé quelque chose. Blaine, ton manteau. Elle se tourna vers ses filles. Nous serons de retour demain dans la mâtinée au plus tôt.


Le trajet jusqu'à Lima fut horrible. Amélia conduisait en fixant la route comme s'il s'agissait d'un serpent la menant droit à son nid et ne desserra pas les lèvres. Blaine serrait son I-Phone dans ses mains et ne cessait de vérifier s'il avait un message, quelque chose, n'importe quoi venant de l'hôpital. Il avait, en vain, essayé de joindre Finn pour lui dire qu'il venait. Sa grand-mère lui souriait et essayait de le réconforter. Le problème c'était que lorsqu'elle était nerveuse, elle parlait en filipino et Blaine ne comprenait que quelques mots, ici et là.

Lorsqu'ils arrivèrent enfin au Lima Memorial, il était près de dix heures trente. Les visites étaient finies depuis longtemps.

- Bien, et maintenant ? Demanda Amélia toujours furieuse. On fait quoi ?

- Tu gares la voiture et tu nous rejoins dans le hall. Blaine, as-tu demandé au père de Kurt dans quelle chambre il était ?

Blaine secoua la tête. Non, il n'avait rien demandé. Il n'avait presque rien pu dire. Sa voix avait disparu au moment précis où Burt Hummel avait prononcé le mot « hôpital ».

- Ca va aller Mahal Ko, ça va aller. Viens …

Sa grand-mère le prit par la main et ils se dirigèrent vers l'accueil.

- Reste là, je vais me renseigner.

Et sa grand-mère le laissa seul, debout, l'air idiot. Perdu. Il avait l'impression qu'il était un gamin perdu … non, ce n'était pas une impression. Il était vraiment perdu. Quant à être un gamin … il ferma les yeux. Il se sentait toujours si mal à l'aise en famille. Comme décalé.

- Blaine ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Blaine se tourna vers la personne qui venait de parler.

- Sebastian ? Tu as eu un problème à l'entraînement de la Crosse ?

Sebastian lui sourit.

- Non, non. Je n'ai rien, merci de t'inquiéter pour moi. J'ai juste accompagné la mère d'un ami. Il a été hospitalisé en urgence ce soir. Un stupide incident. Greg est un idiot qui se laisse un peu trop facilement prendre dans les filets des jolies sirènes. Pour un nageur de haut niveau avoue que c'est un sacré handicap. Ce n'est pas de sa faute, c'est comme une compulsion chez lui ! S'esclaffa Sebastian. Aaaah, le chant des sirènes. Le problème, c'est que cette fois ci, la sirène avait un bon trident. Et vlan, elle lui en a asséné un bon coup sur la tête lorsqu'il a voulu vérifier ce qu'elle cachait, ou plus exactement ce qu'il cachait, sous ses écailles. Rien de bien grave, il sera sur pied en un rien de temps pour … Blaine, tu es sûr que ça va ?

- Non, pas vraiment non, répondit froidement Blaine assaillit par un affreux doute. La coïncidence était juste trop incroyable. As-tu pensé à demander le nom de la personne que ton ami a agressé ?

- Agressé ? Euh, Blaine, c'est lui qui se retrouve avec des points de suture sur le crâne.

- Vraiment, le pauvre. Et donc pour toi tenter de, comment est-ce que dit ça, ah oui vérifier ce que quelqu'un a « sous ses écailles » - quel charmant euphémisme - n'est pas une agression ?

- Blaine, ils étaient à une fête. Sans supervision adulte. Je connais bien ce type de party … Ce mec a du l'exciter d'une manière ou d'une autre et les choses sont juste allées un peu trop loin, ça arrive tous les jours, pas de quoi fouetter un chat et encore moins, l'assommer ! Répliqua Sebastian, vaguement agacé. Si tu joues les aguicheuses, il ne faut pas t'étonner après que -

- Les aguicheuses ? S'étrangla Blaine, désormais furieux. C'est ce que tu penses ? Que les personnes qui se font violenter sexuellement sont responsables parce qu'elles s'habillent de manière provocante, qu'elle aiment danser, rire. Etre à l'aise avec son corps et aimer le montrer ne veut pas dire : « hey les mecs, venez servez vous, il y en aura pour tout le monde » !

Blaine avait crié cette dernière phrase et des têtes commençaient à se tourner vers les deux adolescents.

- Blaine, calme toi, je ne -

- Puisque tu n'es pas curieux, je vais te donner le nom de la personne – une personne Sebastian, pas une créature de la mythologie grecque, une vraie personne, un être tout ce qu'il y de plus humain qui a été agressé ce soir juste parce qu'une autre personne – pas si sûr de son humanité à celle-ci en revanche – voulait quelque chose sans penser qu'obtenir un consentement était une obligation préalable. Cette personne est aussi la raison pour laquelle je suis là : Kurt Hummel.

Sebastian pâlit à cette annonce.

- Kurt ? OHMONDIEU Blaine, je suis désolé, je … je ne savais pas.

- Non, parce que visiblement pour toi, le responsable d'une agression sexuelle est plus important que sa victime. Après tout, c'est juste un simple incident, une statistique, le genre de chose qui arrive tous les jours n'est-ce pas ? Bonsoir Sebastian.

Et avec ça, Blaine tourna les talons pour rejoindre le guichet où se trouvait encore sa grand-mère.

- Kurt est dans la chambre 226 dans l'aile pédiatrique, lui annonça t-elle.

Amélia l'avait rejointe. Blaine hocha la tête. Sebastian l'appela mais il ne se retourna pas.

- Blaine, qui est ce jeune homme ? Demanda sa grand-mère.

Blaine ferma les yeux, soupira et les rouvrit. Il força un sourire et lui répondit :

- Personne.


Burt et Carole étaient dans la salle d'attente. Il y avait aussi Brittany, Santana et Mike. Brittany fut le premier à le voir.

- Ooooooooooh, Blaine !

Elle se jeta dans ses bras (sous le regard pas particulièrement bienveillant de miss Santana Lopez).

- Blaine, je t'avais gardé des paillettes mais Santana dit que ce ne serait pas une bonne idée que je te les donne, parce que ça pourrait réveiller de mauvais souvenirs. Je ne vois pas en quoi penser à un arc-en-ciel pourrait être un mauvais souvenir. Elle fronça les sourcils. Oh, et j'ai sauvé Kurt du dragon.

Blaine, dont la tête lui tournait un peu (ça lui faisait souvent ça lorsqu'il essayait de tenir une conversation avec Brittany), ne répondit rien. Il la serra juste contre lui.

- Merci Brittany, tu es mon héroïne.

C'était visiblement la bonne chose à dire et à faire car un immense sourire apparut sur le visage de Brittany (et le même avait éclos immédiatement sur celui de Santana).

- Viens Britt', je crois que notre exilé du Seigneur des Anneaux a plus important à faire qu'à passer la fin de cette affreuse soirée à te féliciter pour tes prouesses.

- Ne t'inquiète pas, glissa Brittany à l'oreille de Blaine juste avant de l'embrasser. Le dos de Kurt va bien, nous étions sur un matelas de neige, c'est très confortable.

- Ooooooooookay, répondit juste Blaine, décontenancé.

- Britt' ! Appela Santana.

- A plus tard Blaine ! Embrasse Kurt pour moi.

- Je n'y manquerai pas.

Blaine regarda les deux jeunes filles, petits doigts entrelacés comme à l'accoutumée, s'éloigner dans le couloir.

- Kurt a des amies adorables, dit sa grand-mère. Et courageuses aussi, si je comprends bien, Kurt a été victime d'une agression.

- Oui, répondit Burt, bonsoir madame … ? Burt avança la main vers la vieille dame.

Elle le toisa.

- Et vous êtes ?

Burt, la main toujours tendue, répondit, se sentant un peu bête.

- Je suis le père de Kurt et – ouch !

Deux « GRANDMA ! » outragés retentirent simultanément. Blaine et Amélia échangèrent un regard entendu : leur grand-mère était insortable ! Elle enlaçait en effet Burt Hummel.

- Oh mon pauvre petit, mon pauvre, pauvre petit : ce doit être si terrible, si terrible ! Attaquer ainsi un enfant innocent. C'est … c'est monstrueux.

Burt en resta coi.

- Et j'espère que cette jeune fille lui a fait mal. Mon cher Edouard m'avait appris quelques gestes d'autodéfense, notamment comment d'un bon coup de genou bien placé -

- Oooooh non, GrandMa ... gémit Amélia qui se cachait le visage derrière les mains, visiblement complètement mortifiée.

Burt éclata de rire. Oui la situation était grave mais Kurt était sain et sauf et décidément cette vieille dame était très rafraîchissante.

- Monsieur Hummel, souira Blaine, permettez moi de vous présenter ma grand-mère, Mme Rutherford (Blaine lui jeta un regard noir) et ma cousine, Amélia. Et … est-ce que … Kurt … ?

Burt sourit à Blaine.

- Vas y fiston, il sera heureux de te voir.


Et c'est comme ça que Blaine s'était retrouvé dans la chambre de Kurt à pleurer dans son cou. Il était sensé être celui qui le réconfortait et c'était le contraire qui se produisait ! Définitivement pas un Obi Wan. Ou alors de bien piètre niveau. Même pas un Luc en fait. Pathétique.

Il finit par se calmer et se rassit correctement sur le lit. Il examina longuement Kurt. Il avait une belle ecchymose sur la joue droite, des égratignures un peu partout sur le visage et sur les bras et un poignet dans le plâtre.

La boule de rage que Blaine avait dans le creux de l'estomac depuis le début de la soirée menaçait dangereusement d'exploser.

- Blaine ? La voix de Kurt était étrange, teintée d'une intonation que Blaine avait peu le loisir (dieu merci !) d'entendre. Timide, mal assurée presque … suppliante.

Blaine leva les yeux vers lui.

- Je vais tuer cette petite ordure, déclara-t-il calmement.


Kurt connaissait Blaine.

Il connaissait ses forces.

Et ses faiblesses.

Tout le monde voyait en Blaine un jeune homme affable, bien élevé, digne héritier de Cary Grant. Mais justement, comme l'acteur (13), Blaine pouvait aussi se mettre en colère. Vraiment en colère. Il l'avait déjà prouvé lorsque Karofski les avaient surpris lors du concert Night of Neglect de ND l'année dernière et cette année lorsqu'il s'en était pris à Finn et à Sam. Il y avait en Blaine une part de violence qui ne demandait qu'une petite étincelle pour exploser. Ce n'était pas pour rien que Blaine aimait le sport, et notamment les sports de combat (14).

Avoir été victime de violences physiques laissait des traces indélébiles, Kurt le savait. Elles étaient toujours là, ces blessures du passé, ne demandant qu'une petite pression pour se rouvrir.

Mais Kurt était là pour faire en sorte que rien de mal n'arrive à Blaine. Il ne permettrait pas qu'il lui arrive quelque chose. Kurt comprenait la violence que nourrissait Blaine mais il ne permettrait jamais qu'elle détruise l'homme qu'il aimait.

- Il va falloir que tu prennes un ticket dans ce cas, plaisanta t-il, serrant la main de Blaine comme s'il s'agissait de la seule chose qui le retenait rattaché à la terre. Rattaché à Blaine. Ou bien était-ce sa main qui ancrait Blaine dans la réalité … Mon père est le premier sur la liste. De toute manière, vous n'avez aucune chance, ni toi ni lui, j'ai cru comprendre que Santana avait déjà planifié une « fin tragique » pour ce pauvre garçon.

Blaine laissa échapper un petit son, entre rire et sanglot.

- Mon Dieu Kurt … et si jamais … s'il avait …

- Chhhhhh, viens par ici.

Blaine se pencha à nouveau vers Kurt.

- Embrasse-moi.

- Kurt, je ne crois pas que –

- Blaine, s'il te plait … il … il m'a embrassé et –

- QUOI ! Blaine se leva du lit en sursaut. Je vais le tuer tu entends. Je vais trouver la chambre de cette petite ordure et planter un scalpel dans sa tête, je vais –

- NON ! Cria Kurt, s'il te plaît … Blaine, j'ai besoin de toi.

Kurt vit les traits du visage de Blaine se radoucir immédiatement à cette annonce. Il revint s'asseoir sur le lit près de Kurt et lui prit la main.

- Je suis là Kurt, je … je serai toujours là pour toi. Toujours.

Kurt hocha la tête et lui sourit.

- Je sais ... je ... ça va te paraître idiot mais ... mais j'ai besoin de toi pour effacer le souvenir de ses lèvres contre les miennes … embrasse moi s'il te plaît.

- Oh Kurt …

Blaine caressa la joue de Kurt. Il dégagea les quelques paillettes qui se trouvaient encore dans ses cheveux en ramenant sa frange sur son front.

- Brittany m'avait déguisé en arc-en-ciel, précisa Kurt avec un petit sourire.

- Tu n'as pas besoin de te déguiser, répliqua Blaine. Tu es un arc-en-ciel. Mon arc-en-ciel.

Blaine se pencha vers lui. Leurs lèvres se touchèrent … C'était comme leur premier baiser, incertain, tendre. Intense. C'était comme tout ce qu'ils échangeaient, un moment juste à eux, vrai.

Tant qu'ils seraient là l'un pour l'autre, rien ne pourrait les toucher, rien.

Ils étaient invincibles.

Zi endeuh ! (cours se cacher pour éviter de recevoir des coups de poêle des fans de Sebastian : désolée les filles, moa je l'aime pas trop le Seb. Oh, et oui, j'ai donné une famille à Blaine, pas terrible ladite famille mais bon, tout le monde ne peut pas avoir Burt Hummel comme papa, hein ? Tootles !)

(10) Pretty In Pink est un film de Howard Deutch de 1986. Bon, aujourd'hui, il serait certainement jugé super « gnangnan » mais je suis certaine que Kurt l'aimerait. L'héroïne, Andie, d'origine pauvre (mais elle bosse dure pour avoir une bourse pour entrer à la fac), adore fabriquer elle-même ses vêtements (toujours à base de rose et plutôt fashion) et est pour cela, la risée du lycée. Elle tombe amoureuse de Blaine, un beau gosse de riche … allez, je vous laisse deviner la fin !

(11) Je suis juriste pas linguiste mais si j'en crois mon ami wikipédia, en tagalog (une des langues officielles de Philippines) « mahal ko », veux dire mon chéri.

(12) The Suisse Shop Bakery est une superbe pâtisserie-salon de thé qui se trouve à Colombus. Les photos de leur site sont très (américainement …) appétissantes.

(13) Cary Grant était bisexuel (et l'assumait plutôt bien, ce qui était plus que rare dans les années 1950 !) mais surtout, selon ses ex femmes (il en a eu six !) il aurait aussi été sujet à des épisodes de violences domestiques.

(14) OHMYF*GOD ! Lorsque j'ai vu Blaine (en petit marcel et tout en sueur, mamamia) en train de frapper ce punching ball dans Hold to sixteen (il explique qu'il a commencé à faire de la boxe après avoir été persécuté à l'école et qu'il est le fondateur du Fight Club de Dalton ! Cooool !), j'étais aux anges : j'ai toujours eu cette vision de Blaine en jeune homme un peu moins « monochrome » que ce que la série nous montrait. Pour moi, il y a une rage en Blaine qui ne demande qu'un petit coup de pouce pour éclater. Et moi, j'adore donner des coups de pouce …