Auteur : blamebrampton
Titre : An Act of Simple Devotion
Traduction : ReachingforHeaven
Disclaimer : Tous les personnages de Harry Potter utilisés dans ce texte appartiennent à J.K. Rowling et à Bloomsbury/Scholastic.
Résumé : C'est une histoire bien connue. Tu tombes amoureux d'un garçon, et tu penses qu'il t'aime en retour. Bien sûr, tu rencontres quelques problèmes - des attaques contre d'anciens Mangemorts, les journalistes complètement tarés qui travaillent pour les tabloïds et ta petite amie - mais tu as mis au point un plan astucieux.
Prend en compte Les Reliques de la Mort ? Oui, jusqu'à l'épilogue, qui n'existe pas.
Note : Bonsoir tout le monde ! Il est 5h du matin, et IL NE RESTE QUE DEUX JOURS AVANT NOEL. Ce qui est d'ailleurs la raison pour laquelle je suis encore debout à une heure si tardive - j'attendais que mon beta merveilleux, F., me renvoie le one-shot dont je viens d'achever la traduction, tout ça pour pouvoir vous l'offrir comme cadeau de Noël. Oui, l'esprit des fêtes est en moi ! NOEL, C'EST LE BIEN. (Noël c'est tellement le bien que dès que je me lèverai cette aprem, je répondrai à la dizaine de reviews sur mes autres trads auxquelles je n'ai pas encore répondu !)
Donc. Aujourd'hui, voici un one-shot de blamebrampton, que cette dernière a écrit dans le cadre des échanges de fics/arts hd_holidays sur Livejournal pour el_princess. J'ai pris la décision de publier la trad en deux chapitres, et vous aurez la suite demain ou le 24 au plus tard… Bonne lecture à toutes et à tous !
An Act of Simple Devotion
Tu le vois là, dans les bras de sa mère, son père se tenant près d'eux. Elle cherche quelqu'un des yeux, peut-être est-ce toi qu'elle cherche. Plus tard tu la remercieras, mais pas maintenant. Un petit sourire se dessine sur tes lèvres, spontané. Une famille réunie. Tu es vraiment heureux pour lui, au fond. Si l'heure de l'amnistie et du pardon n'est pas arrivée, quand donc viendra-t-elle ?
Draco ne parvient pas à se défaire de son étonnement. Pendant une demi-heure il était resté assis là, avec son père et sa mère. Ils sont toujours vivants. Voldemort est mort. Potter a vraiment gagné. Il ne cesse de répéter ces phrases pourtant simples dans sa tête. Il est sûr que son cerveau finira par en assimiler le sens, mais pour le moment elles lui servent plus de mantra, de protection.
Et cette technique a l'air de marcher. Sur les visages des rares personnes qui se retournent vers sa famille, il ne voit que des expressions fatiguées d'acceptation ou de soulagement. Ils sont assis avec ceux qui ont défendu l'école, dans une ambiance étrange qui ressemble à la paix. Lucius et Narcissa ont tous deux brillé par leur absence pendant la bataille. Narcissa a même été vue en train de donner un coup de poing à Yaxley en plein dans la mâchoire lorsque ce dernier a voulu s'en prendre à Draco. Le hochement de tête appréciateur qu'elle a adressé à Molly Weasley après que cette dernière a tué Tante Bellatrix n'est pas passé inaperçu, lui non plus.
C'est la fin de quelque chose. Pas de son enfance, elle est finie depuis bien longtemps, avant même qu'il n'ait eu le temps de le remarquer ; quand son père a été envoyé à Azkaban, quand il a mis trop longtemps à réfléchir et n'a pas accepté l'offre de Dumbledore, quand Voldemort - comme il est facile d'utiliser son nom, maintenant - s'est installé au Manoir. Peut-être s'agit-il de la fin de sa liberté. Peut-être que c'est même ce qu'il mérite.
"On est vivant. Potter a gagné", murmure-t-il.
Sa mère se redresse brusquement. "Andi..." Sa voix résonne de façon étonnante, au milieu des sanglots étouffés et des exclamations de joie qui emplissent le hall.
Une femme que Draco n'a vue qu'une seule fois dans sa vie se tourne vers sa mère. Elle porte dans ses bras un petit enfant aux cheveux noirs. "Cissy..." Et même si sa voix n'est qu'un murmure, ce mot leur parvient depuis l'autre côté du hall.
Et sa mère se rue en avant, il ne l'a jamais vue se précipiter de cette façon auparavant, et prend l'autre femme dans ses bras, la serre contre elle. Et tout le monde peut entendre ses mots : "Je suis tellement désolée. Oh ma chérie, comment te sens-tu ? Je suis tellement désolée. Pardonne-moi. Je suis tellement désolée..."
Et sa soeur aînée s'accroche à elle, et sanglote, et sa mère les conduit elle et le bébé vers un banc, et continue de les serrer tous les deux dans ses bras.
On est vivants. Il est mort. Potter a gagné.
La main de Lucius serre l'épaule de Draco un peu plus fort. "Où sont Crabbe et Goyle ?" demande-t-il. "Je ne peux pas croire qu'ils t'aient laissé seul dans un moment pareil."
"Vince est mort", et Draco est surpris de voir à quel point il lui est facile de prononcer ces mots-là aussi. "Greg est quelque part dans le château. Je devrais probablement essayer de le trouver, de m'assurer qu'il va bien."
Son père le regarde avec une inquiétude qu'il lui est impossible d'exprimer. "Oui, je dirai à ton mère où tu es."
Draco hoche la tête et s'éloigne. Il n'essaie pas d'éviter son père. Non, vraiment pas. Il essaie d'éviter la conversation incroyablement difficile qu'il devra bientôt avoir avec son père. Ce qui est relativement différent.
Granger et Weasley passent près de lui alors qu'il quitte le Hall d'Entrée. Il leur accorde un signe de la tête poli. Surpris, tous deux font de même. Il se dit qu'il devra les remercier pour avoir sauvé Goyle - dès que sa bouche cessera de lui faire mal.
Il passe dans les couloirs, monte les escaliers. La plupart des corps ont été enlevés et il ne reste plus que des flaques de sang. "Le maître de ton père a transformé cette école en véritable charnier", murmure-t-il. "Mais il est mort. Potter a gagné."
Une Serdaigle de sixième année erre au troisième étage, l'air hébétée. Draco la prend gentiment par le bras et la ramène vers le Hall. A la moitié du chemin, il rencontre un des Guérisseurs de Ste Mangouste qui sont justement en train d'arriver au château, maintenant. Il lui remet la fille de Serdaigle, haussant les épaules et expliquant rapidement qu'il est préfet, que c'est son devoir.
Il reprend son chemin et cette fois il parvient au septième étage, là où il a vu Goyle pour la dernière fois. Il entend un bruit, près d'une partie effondrée du mur. Draco se précipite dans cette direction. Même lorsqu'il distingue des sanglots, il continue d'espérer. Alors qu'il écarte les gravats, il comprend son erreur. La personne en train de pleurer est bien trop petite, ses cheveux bien trops noirs. Et Draco ne prend pas le temps de réfléchir avant de s'asseoir près du garçon et de le prendre dans ses bras. "Tout va bien", dit-il en lui tapotant malaisément l'épaule. "On est toujours vivants. Voldemort est mort. Tu as vraiment gagné."
Potter s'appuie contre lui. Draco se demande dans quelle mesure ses larmes sont causées par l'épuisement. Il se demande s'il aurait l'air ridicule si lui aussi, il se mettait à pleurer.
Il se contente de serrer Potter dans ses bras ; il caresse ses cheveux noirs, lui tapote le dos.
Après environ une dizaine de minutes, Potter prend une longue inspiration, à peine hésitante. Il se passe une main sale sur le visage. Draco lui tend son mouchoir, qui a survécu à la nuit qu'ils viennent tous de passer - un véritable miracle. Potter a un petit rire, et s'essuie le visage.
"Garde-le", dit Draco.
"Merci." Potter se lève, et tend la main pour l'aider à se remettre sur ses pieds. "Et merci pour..."
Draco hausse les épaules. "Tu m'as sauvé la vie. Et puis. Je suis préfet."
Potter sourit. "Oui, c'est vrai. Nous sommes des élèves. C'est une école. La guerre est finie."
"Faire des phrases courtes, ça aide", lui conseille Draco.
Potter hoche la tête. "J'ai besoin de dormir. Tu peux remercier ta mère pour moi ?"
"Bien sûr. Pourquoi ?"
Mais il est déjà en train de s'éloigner.
Tu es pratiquement endormi quand tu reçois le message. Dawlish a décidé d'agir alors que Shacklebolt est occupé dans le Nord, à annoncer la reconstruction de Poudlard. Cela fait trois jours et tu n'as quasiment rien fait à part dormir, pourtant en trente secondes tu as enfilé tes habits et ta baguette est dans ta main. Spontanément, tu en attrapes une autre alors que tu te précipites vers la porte. Molly et Ginny t'appellent toutes les deux lorsque tu dévales les escaliers, mais tu n'as pas le temps. Dès l'instant où tu es dehors, tu transplanes.
« Mais vous n'avez pas la signature du Ministre. Il est en Ecosse, il n'a pas pris de congé, il ne s'agit donc pas d'un document légal. »
Draco sait que ce que dit son père est vrai, il sait aussi que cela ne va pas faire la moindre différence. Ils sont tous les trois debouts devant la porte ouverte du hall d'entrée, et sa mère tend la main derrière le dos de son père pour prendre la sienne. Il a déjà vu le chef de ce groupe d'Aurors auparavant, il n'a aucun doute concernant son empressement à faire son travail. Les cinq Aurors derrière lui ont levé leurs baguettes et des huissiers sont là aussi. Leurs revendications sont simples : les Malfoy doivent être arrêtés, leurs biens et leur domaine saisis.
Son père a raison à propos de l'illégalité de leurs mandats, mais ils n'en tiendront pas compte. On les a laissés en paix ces quelques derniers jours, mais ils savaient que ce statu quo était fragile, qu'il allait voler en éclats dès la première une de la Gazette proclamant leur arrestation. Et ce n'est pas vraiment ce qu'ils ont fait qui va déterminer leur statut dans la société d'après-guerre, mais ce que le public pensera qu'ils ont fait. Les Aurors vont s'assurer qu'on associe au nom de Malfoy les étiquettes d'ennemi, d'assassin et de collaborateur. Draco ignore ce que son père a fait à cet homme, mais il espère qu'il s'agissait au moins de quelque chose de suffisant pour justifier le rouge carmin qui vient de monter aux joues de Dawlish. Parce qu'il détesterait avoir à penser que - après tout ce qu'ils venaient de traverser - le Ministère a encore pour représentants des individus qui ne se basent que sur leurs préjugés pour prendre des décisions aussi graves.
Il n'a même pas encore eu le temps de sourire à l'idée de ce paradoxe sinistre qu'un craquement sonore indique qu'un évènement impossible vient de se produire. Quelqu'un vient de transplaner devant la porte du Manoir - alors que les défenses magiques empêchent quiconque exceptés les membres de leur famille de le faire, même les Aurors ont dû venir à pied depuis le portail - et ce quelqu'un, plus débraillé que jamais, se dresse maintenant entre sa famille et les hommes du Ministère.
« Cette mission n'a pas été autorisée », dit Potter.
« On m'a donné l'autorité suffisante pour agir en absence du Ministre ! » bredouille Dawlish.
Potter reste calme (et Draco en est abasourdi). « Non, vous avez suffisamment d'autorité pour agir en son nom dans le cadre d'une situation d'urgence. Il ne s'agit pas d'une urgence. Il s'agit de vous, cherchant à vous venger. »
Le rouge s'est répandu jusque dans le blanc des yeux de Dawlish, maintenant. « Il - », et il montre du doigt le père de Draco, « c'est un Mangemort ! »
« Oui, c'est vrai », lui accorde Potter. « Et il va devoir en répondre. Mais sa femme et son fils ne sont pas des Mangemorts. Ce sont autant des victimes que vous. Ils ont eu aussi peu le choix que vous. »
Dawlish donne l'impression de vouloir gifler Potter. Draco espère à moitié que c'est ce qu'il va faire - il doute qu'il puisse faire beaucoup de mal à Potter, et les unes des journaux seraient suffisamment critiques pour que Dawlish ne soit plus jamais pris au sérieux dans le futur.
Draco jette un coup d'œil à son père, et il est surpris de voir que ce dernier fixe Potter d'un air de confusion totale. Sa mère, cependant, a un léger sourire aux lèvres.
Dawlish a une profonde inspiration et se rabat sur l'autorité que lui confère sa position. « Il s'agit du travail des Aurors, Harry Potter, pourquoi êtes-vous ici ? »
Les épaules de Potter se détendent, de derrière on pourrait même croire qu'il va éclater de rire. « J'ai reçu un message du Ministère. Vous avez vraiment un sens du timing ridicule, personne n'aurait pu penser à me faire passer un message d'avertissement l'année dernière quand Voldemort était sur le point de prendre le pouvoir ? »
Dawlish est confus. « Quelqu'un au Ministère vous a envoyé ici pour protéger les Malfoy ? »
Potter fait non de la tête. « Je pense plutôt qu'on m'a envoyé ici pour vous protéger vous. Vous avez pas mal d'amis là-bas, ils sont contents que vous soyez de retour, ils veulent que vous restiez au Ministère, et en conservant votre crédibilité intacte. »
Pendant un long moment, tous se taisent. Dawlish fronce les sourcils. Après un moment, il hoche la tête. « Nous reviendrons pour Lucius, avec un mandat en bonne et dûe forme. »
Draco est stupéfait quand son père répond : « C'est une solution raisonnable. Je mérite d'être jugé. »
Dawlish lui adresse un signe de tête, la plus légère trace possible de respect lisible sur son visage. « Votre femme et votre fils… »
« M'ont tous les deux sauvé la vie au cours de la Guerre », l'interromt Potter avant que le père de Draco ne puisse parler. « Toute l'histoire sera dans Le Chicaneur la semaine prochaine. Cela donnerait une mauvaise impression du Ministère si ils étaient accusés maintenant de quoi que ce soit. »
Draco avait tort, ce qu'il a ressenti plus tôt ne pouvait pas être de la stupéfaction, parce que dans ce cas il n'existerait aucun mot pour décrire le sentiment qui l'envahit maintenant.
Dawlish hoche à nouveau la tête, convaincu par l'exposé de Potter. « Ca me va, et je pense que Kingsley sera lui aussi satisfait. »
Et Potter donne une accolade à l'Auror au visage morose, et Draco doit, une fois encore, réévaluer ses critères de suprise, de choc et de stupéfaction.
« Merci. J'apprécie ce que vous faites », dit-il.
Dawlish lui donne une tape dans le dos, surpris. « De rien, Harry », répond-il d'une voix clairement étonnée (mais, songe Draco, tout à fait conscient que le garçon qui fait la une de La Gazette du Sorcier vient juste de le prendre dans ses bras, devant cinq de ses subalternes qui n'allaient pas manquer d'en discuter au pub un peu plus tard). Puis il se retourne, rassemble ses troupes, et s'engage dans l'allée qui mène au portail.
Potter se retourne à son tour. Draco ne se gêne pas pour le dévisager.
Sa mère tend la main, et prend celle de Potter dans la sienne. « Merci, Harry », dit-elle. « C'était très généreux de votre part. »
Il incline la tête, lui serre la main, avant de se tourner vers le père de Draco. « Je ne peux pas vous sauver, Mr Malfoy. »
« Je ne m'attends pas à ce que vous le fassiez, mon garçon. Je ne le mérite pas, d'ailleurs. J'ai fait mes propres choix et mon camp a perdu, et c'est à vous que je le dois. Maintenant je dois également vous remercier d'avoir épargné à ma famille de payer pour mes erreurs. C'est une situation pour le moins irritante, et à plusieurs niveaux. »
Potter commence à rire. « J'en suis plutôt satisfait, vous savez », fait-il franchement. « Vous avez tellement merdé, avec moi, avec tout le monde, même avec votre propre famille. Ca me rend heureux de savoir qu'au final, j'ai réussi à vous faire chier. »
Le père de Draco lui adresse un salut un peu raide. « Je suis satisfait d'avoir réussi à vous faire sourire. Si vous voulez bien m'excuser. » Il fait volte-face et s'éloigne, réussissant à faire virevolter élégamment sa robe de chambre et ses cheveux derrière lui.
Draco pourrait qualifier de traître le petit sourire qui vient d'apparaître sur le visage de sa mère, sauf que celui qu'il arbore est exactement le même. Potter les regarde tous les deux, mais lui a conservé son sérieux.
« Il va aller à Azkaban », dit-il. « Kingsley a déjà reconstitué le Magenmagot, et les membres ne se laisseront plus si facilement corrompre. Ils prendront en compte le fait qu'il n'a pas participé à la bataille finale, et qu'il avait l'air de douter d'à qui allait sa loyauté à la fin, mais il a fait trop de mal pour qu'ils le laissent s'en sortir comme ça. »
La mère de Draco hoche la tête. « Je sais. Il le sait aussi. Nous nous prendrons les choses comme elles viendront. Mais ceci… », elle hausse les épaules pour signaler qu'elle parle de ce que Potter vient de faire, « ce que vous avez fait signifie beaucoup pour lui. Et pour moi. Excusez-moi, le temps qu'il nous reste est limité. » Et sur ces mots, elle fait également volte-face et les quitte.
Potter se tourne vers Draco, et il a à nouveau un léger sourire aux lèvres. « Comment tu vas, Malfoy ? »
« Mieux. Toi ? »
« Ca s'arrange. J'ai toujours l'impression que ça fait un an que j'ai pas dormi, ce qui n'est pas si loin de la vérité. »
« Tu as maigri. »
« Toi aussi. »
« Mange plus. »
« Pareil pour toi. Et c'est ce que je vais faire. Toujours tes phrases courtes ? »
« Oui. Toi, ça c'est arrangé. »
Potter a un vrai sourire. « J'ai l'impression terrible que dans les mois qui viennent, je vais vraiment avoir besoin de toute mon éloquence. »
Draco réalise qu'il sourit, lui aussi. « On est foutus. »
« Tu n'as pas tort. » Et Potter tend la main pour prendre la sienne. Il fouille dans sa poche pendant un instant et lui dépose un petit paquet dans la paume.
« Ma baguette ? » Draco ne s'y attend pas.
« Je pense que je peux te la rendre sans craindre grand-chose de ta part, tu n'as plus l'air de vouloir me tuer maintenant. »
« Non. » Draco sourit à nouveau. « Et avant, j'ai toujours voulu au pire te mutiler. »
Potter n'a pas retiré sa main. Il resserre même ses doigts autour de la baguette et de la main de Draco, et baisse les yeux vers leurs mains jointes. « Est-ce que ça t'a surpris, de voir que tu avais survécu ? » demande-t-il sans relever la tête.
« Par Merlin, oui », répond Draco avec franchise. « Je passé plus d'un an à croire chaque jour que j'allais mourir. » Il s'interrompt, parce qu'il se souvient de la description que sa mère lui a faite de la bataille finale. « Et toi ? »
« J'ai passé les trois derniers jours à m'émerveiller de tout et n'importe quoi. Tout a l'air nouveau pour moi. C'est rafraîchissant. »
Draco ne peut s'empêcher de rire. « Fantastique. La plupart des gens seraient un peu perturbés que quelqu'un tente de les tuer - et y réussisse pour la deuxième fois - mais pour toi, ce n'est rien de plus qu'un rafraîchissant changement de perspective. »
« Quelque chose comme ça », reconnaît Harry. Il regarde Draco droit dans les yeux, maintenant. « Prends soin de toi, d'accord ? »
Draco lui serre la main. « Toi aussi. »
Potter le relâche. « A bientôt, Malfoy. » Et sur ces mots, il transplane.
« Salut. » Draco s'assied sur la balustrade de pierre. Il songe que les évènements qui viennent de se dérouler ont été décidément bien étranges.
Tu es stupéfait de voir comme la vie est facile pour toi. Il suffit que tu dises quelque chose, et on t'obéit. Si seulement les gens avaient été prêts à t'écouter comme ça il y a trois ans, peut-être que… Non, tu ne penses pas aux peut-êtres, parce que cela ne t'apporte que colère et désespoir.
Tu préfères te concentrer sur le présent. Maintenant Kingsley a réorganisé le Ministère et tout fonctionne à nouveau. Maintenant Ombrage doit faire face à un procès, comme beaucoup de ceux qui l'ont suivie, et les employés coupables de délits moins importants ont été renvoyés. Maintenant le Ministère compte en son sein beaucoup de tes amis. Maintenant tu as Ginny. Maintenant tu as un travail, et tellement d'amis que tu ne sais plus quoi en faire.
Bien sûr qu'il y a une réunion des Gryffondors au Chaudron Baveur aujourd'hui, soupire Draco en lui-même. Parce qu'après ne pas être sorti de chez lui depuis un mois, il s'agit exactement des gens qu'il a envie de voir en premier. Il passe à côté de leur bruyante tablée et commande à Tom une Bièraubeurre et un Patacitrouille. Il allait se hâter de les consommer et reprendre son chemin avant que quoi que ce soit ne puisse…
« Malfoy ! » Une large main parsemée de taches de rousseur lui agrippe l'épaule.
« Salut, Weasley », dit-il, sur un ton aussi poli que possible.
« Tu nous as vraiment envoyé un mot de remerciement. J'étais stupéfait. Hermione m'a dit que je devrais être moins surpris, mais j'aurais pu juré que tu étais un véritable connard, et voilà qu'on découvre que tu es un véritable connard fantastiquement bien élevé ! »
Les épaules de Draco s'affaissent. « On m'a appris à l'être depuis mon plus jeune âge. Ma mère sera ravie d'apprendre ce que tu viens de me dire. »
« Hey… » Et maintenant Ron Weasley le force à se retourner, pour lui montrer qu'il est en train de sourire. « Malfoy, c'est une blague. C'était vraiment sympa de ta part de faire ça. Un peu dingue, mais sympa. Comment va Goyle, au fait ? »
Draco lui répond simplement, « Il est à l'étranger. Sa mère l'a fait sortir du pays avant que qui que ce soit ait pu réagir. Ils m'ont envoyé un elfe de maison avec un mot pour m'expliquer. »
Weasley fronce les sourcils. « Je sais pas vraiment si je peux dire que ça me plait, ou pas. D'un côté, c'était un mini-Mangemort qui a essayé de tuer Harry ; d'un autre côté, c'était un foutu crétin, et je ne l'ai jamais vu prendre une seule initiative depuis que je le connais. Ca me semble un peu exagéré de dire que des gens comme lui sont coupables. »
Draco éclate sincèrement de rire, pour la première fois depuis des semaines. « On devrait marquer ce que tu viens de dire, je crois que c'est la première fois que je suis d'accord avec toi sur quelque chose. »
Après un instant de silence, Weasley se met à rire à son tour.
« Ecoute », dit-il après une minute, « on m'a dit de te ramener à notre table. Hermione veut te remercier de ne pas nous avoir dénoncés au Manoir, et Neville a dit que ça ne le dérangeait pas - enfin, qu'il survivrait. »
Draco est si stupéfait qu'il ne peut s'empêcher de jeter immédiatement un coup d'œil au groupe de ses anciens camarades. Potter est là et lui fait signe de venir les rejoindre, Granger aussi. Luna, qui a l'air d'aller vraiment, vraiment mieux depuis qu'elle a quitté la cave du Manoir (il se rappelle qu'il a toujours chez lui une de ses boucles d'oreilles en forme de radis), le salue en levant simplement la main. « D'accord, très bien » dit-il avant que la partie la plus raisonnable de son cerveau ne cherche à s'en mêler et à le persuader de ne pas y aller.
Weasley lève les deux bras en signe de victoire. « Je suis le DIEU de la persuasion ! » annonce-t-il à la cantonnade.
Draco maudit son propre visage, qui choisit cet instant pour le trahir en laissant apparaître un sourire.
« Oui, c'est ça, Ron ! » déclare Potter alors qu'ils s'approchent. « Allez Malfoy, viens t'asseoir. On est en train de boire de l'alcool et de parler du futur ! »
Harry se glisse à nouveau sur le banc, et Draco est surpris de découvrir Ginny Weasley à côté de lui, Dean Thomas de l'autre côté d'elle. « Le futur ? » dit-il. « Je suis prêt à y porter un toast. »
« Maintenant que tu en as un », ajoute calmement Ginny Weasley.
Londubat lève la main avant même que Draco ait pu répondre. « On ne parle pas de la Guerre. Aujourd'hui, c'est la Journée de la Boisson. D'un autre côté, Malfoy », et maintenant le Gryffondor s'adresse directement à lui, « on a compté, et tu fais match nul. Tu as laissé entrer les Mangemorts dans l'école, mais tu as protégé Harry, Ron et Hermione. Tu étais détestable à l'école, mais tu as été sympa avec Luna quand elle était retenue prisonnière au Manoir. Ton père est un taré, mais ta mère est sacrément courageuse. Tu es incroyablement énervant, mais ce n'est pas un crime. »
Draco fronce les sourciles. « Je suis en train d'essayer d'ignorer toutes les insultes de ta tirade pour trouver la proposition de trêve que tu y as cachée », finit-il par dire.
Longbottom a un grand sourire. « Je n'ai jamais dit que tu n'étais pas drôle. Je veux dire, j'ai dit pas mal de choses à ton sujet, mais si on les replace dans leur contexte je n'ai pas tort. »
« Bordel de merde, Longbottom », réalise Draco. « Tu as de la répartie. Qu'est-ce qui t'es arrivé ? »
« J'ai conduit une rébellion, je me suis fait torturé et j'ai tué un serpent géant. Ca a fait des merveilles concernant mon problème de confiance en moi. Bref », il se tourne à nouveau vers Ginny Weasley, « pas de dispute. »
« Très bien. » Elle se penche par-dessus Potter et tend la main. « Je ne pourrai jamais pardonner ton père, mais ta mère a sauvé Harry. Alors, on fait la paix ? »
« Pourquoi ? »
« Pourquoi pas ? »
Et Draco n'arrive pas à trouver une seule bonne raison. Il lui prend la main et scelle leur marché - il songe au passage qu'il préfère qu'elle n'ait pas insisté pour qu'ils crachent dans leur paume. « On fait la paix », affirme-t-il.
« Excellent. Prends mon verre, je vais partager avec Harry. » Et elle lui passe un shooter de Whisky Pur Feu.
« Bien », dit Potter. « Mesdemoiselles et messieurs, remplissez vos verres. »
Ceux dont le verre est vide s'exécutent, et ils se lèvent tous, Potter et Ginny Weasley avec chacun une main sur le même verre. Le brun déclare : « Je porte un toast au futur, et je vous promets qu'on se débrouillera pour ne plus jamais autant merder et avoir à revivre tout ça. »
Draco n'hésite pas une seconde avant de vider son verre.
Environ une heure plus tard, ils ont atteint un stade de profonde étrangeté. C'est au tour de Luna de porter un toat, et Draco s'attend à ce qu'elle recommence à appeler de ses vœux l'éradication des Nargoles domestiques. Mais elle lève son verre, « Au Poufsouffle Qui Va Arriver. »
« Au quoi ? » balbutie Ron. « Et où ? Et comment est-ce que tu peux savoir un truc pareil ? »
Luna lève les yeux au ciel. « Le Poufsouffle qui doit encore nous rejoindre », explique-t-elle. « Il nous en manque un pour finir notre collection, maintenant que nous avons un Serpentard. »
Tous les yeux se tournent vers Draco. « Euh… On boit juste un verre… », marmonne-t-il. « Et nous ne sommes pas à l'école. »
Ron le dévisage. « Le monde a changé, vieux », dit-il en souriant. « Je suppose qu'on pourrait être des sortes de modèles. »
Malgré le fait que ses companions lui apparaissent maintenant un peu brouillés à cause de l'Ogden Old qu'il a ingéré, Draco peut quand même distinguer leur excitation contenue. « Je suis un excellent modèle », annonce-t-il. « Et vous devriez penser à recruter Finch-Fletchley, sa famille possède un yacht très agréable. »
« Le Né-Moldu ? » Hermione hausse les sourcils.
« C'est un yacht très agréable », réplique Draco. « On peut y dormir confortablement à vingt. »
« Au Poufsouffle Qui Va Arriver ! » Ron est le premier à répondre au toast de Luna, et ils commencent tous à discuter joyeusement des relatives qualités de tous les Poufsouffles qu'ils connaissent.
Draco peut sentir le coude que Potter lui enfonce dans les côtes, et il se retourne vers lui. « Tu es vraiment d'accord ? » lui demande ce dernier.
Il hoche la tête, et répond à voix basse pour que seul Potter puisse l'entendre. « J'ai déjà assez merdé. Il faut que je réhabilite le nom de ma famille. Il faut que je me reconstruise. »
Potter lui prend la main, sans formalité, il la tient juste dans la sienne. « Est-ce que tu vas bien ? On m'a dit que ton père supportait assez bien la situation, mais comment tu vas, toi ? »
Draco est complètement déstabilisé par la main qui enserre la sienne. « Père reste pragmatique. Il dit que c'est une juste punition pour tout ce que Mère et moi avons dû endurer à cause de lui. Il s'attend à vingt ans, il est content que les Détraqueurs ne soient plus là. Tous les trois, nous voyons les choses de la même manière. Il nous reste assez d'argent pour que nous n'ayons pas besoin de nous inquiéter à ce sujet, même avec toutes les réparations et les dédommagements qu'on nous demandera de payer. Je peux retourner à l'école ou rester chez moi et prendre un précepteur pour passer mes ASPICs. Rien de tout ça n'est vraiment difficile à vivre. Sauf l'enterrement de Vince. Ca, c'était vraiment terrible. » Potter reserre sa prise sur sa main en un geste de réconfort. « Nous n'étions que huit. Mère est venue avec moi, elle était assise avec sa mère et ses tantes, et son petit frère était là, il n'a que sept ans. Personne de l'école n'est venu. La seule chose à laquelle je pouvais penser, c'était quel stupide gâchis c'était. Dix-sept ans, et sa mort n'a servi à rien. »
« Le Feudeymon nous a vraiment aidé à battre Voldemort », lui confie Potter.
Draco fronce les sourcils. « Alors ce diadème… avait un lien ? »
Potter hoche la tête.
Il a un sourire triste. « Je pense qu'il n'aurait pas saisi l'ironie de la situation. »
Potter l'approuve. Puis il tapote d'un geste familier la main du blond. « Je vois que tu fais des phrases un peu plus longues, maintenant. »
Draco ne parvient pas à retenir un sourire. « Ouais. Je m'améliore petit à petit. »
« Bien », dit Potter, et il remplit à nouveau les verres de tout le monde.
Tu demandes parfois si ce que tu fais n'équivaut pas un peu à une trahison. Même si tu as publiquement approuvé toutes les réformes de Kingsley, tu as continué à agrandir ton groupe d'amis, et maintenant vous vous retrouvez tous les quinze jours. La plupart des anciens membres de l'Armée de Dumbledore sont là, et quelques autres - dont Malfoy. Tu ne le dis jamais à voix haute, et personne ne reconnait jamais que vous faites tous partie d'une organisation. Vous vous rencontrez en public - pour les mêmes raisons et dans le même but qu'un groupe de jeunes adultes, dont certains sont toujours à l'école, c'est-à-dire se retrouver autour de quelques verres. Et pour le moment, tant que les gens dont c'est le rôle prennent toujours de bonnes décisions, c'est tout ce que vous faîtes, même si aucun d'entre vous ne ramène jamais une connaissance qui ne fait pas partie de votre groupe. Mais si les choses venaient à changer, vous êtes prêts.
« Joyeux anniversaire, Ginny ! » Le petit salon de chez Fortescue est plein à craquer, tous les membres de votre groupe-qui-n'a-pas-de-nom-étant-donné-les-ennuis-que-ça-vous-a-créés-la-dernière-fois sont là. Tous entrechoquent leurs verres joyeusement.
Draco est occupé à présenter Theodore Nott à Justin. « En fait, il est exactement comme moi, sauf qu'il est moins irrésistible », explique-t-il. « La même histoire tragique d'un père qui s'est fourvoyé, la même jeunesse solitaire… »
« Tu es un vrai connard des fois, Malfoy », dit Nott, mais non sans affection. « Il a en partie raison, cela dit, je ne risque certainement pas de laisser l'idiotie de la génération de mon père diriger ma vie. »
« C'est exactement ce que disait Draco », répond Justin avec un sourire.
Granger fait son appariton à côté de l'épaule de Justin, l'air stupéfaite. « Très bien, Draco », dit-elle. « J'ai attendu aussi longtemps que j'ai pu. Tu dois me dire comment tu connais si bien la famille de Justin. »
« Draco était mon tuteur en Sortilèges quand on était en troisième année », lui explique joyeusement Justin.
« Non. Vraiment ? » Elle éclate de rire.
Draco a un grand sourire. « J'étais aussi bon que toi en Sortilèges, Granger. »
« Oh je sais bien, mais les parents de Justin sont aussi moldus que les miens. Alors pourquoi est-ce qu'il n'a pas eu le droit à ton traitement façon Malfoy ? »
Il hausse les yeux au ciel. « Oh Granger, tu peux être tellement obtuse. Premièrement : sa famille a un arbre généalogique qui remonte à l'époque de la Conquête. Deuxièmement : ils ont aussi de l'argent. Troisièmement : c'est juste que je ne t'aimais pas. »
Elle a un sourire radieux en l'écoutant parler. « Eh bien, si j'avais su que c'était surtout personnel, j'aurais eu une bien meilleure opinion de toi. »
Il lui adresse un petit salut de la tête, et accepte le rire sincère des trois autres.
Theodore passe nonchalamment un bras autour des épaules de Justin et commence à lui faire le récit de la campagne anti-Potter que Draco a mené en quatrième année. Même Hermione ne peut s'empêcher de rire quand elle entend parler de certaines premières versions des badges pour Diggory. « Il y en avait un vraiment génial - au début, il y avait une photo de la tête de Potter, et après elle se transformait en éponge à récurer. En-dessous, il y avait marqué 'Soutenez Diggory, par souci de votre hygiène personnelle'. »
Potter passe à côté d'eux alors que Theodore est en train de finir son histoire. Il lance un regard faussement indigné en direction de Draco, qui ne peut s'empêcher de lui répondre d'un grand sourire. Potter reste avec eux, se glissant près de lui - cela ne le dérangeait apparemment pas d'être la cible de leurs blagues.
« Je suis un martyr, c'est dans mes gènes », admet-il. « Tout comme mes cheveux incoiffables et mes yeux qui ne marchent qu'à moitié. »
« Quel modeste Sauveur », fait Theodore en empruntant à Rita Skeeter sa formule du moment, et ce juste dans le but de voir Potter grimacer.
« Tes yeux ont une jolie couleur, cela dit », sourit Justin, peut-être enhardi par les quelques verres qu'il avait bus.
« Les tiens sont plus jolis », ajoute Theodore à voix basse. Justin lève les yeux vers lui, surpris, et Theodore utilise son bras toujours passé sur ses épaules pour entraîner l'autre garçon à l'écart.
Hermione et Draco échangent un regard, les sourcils haussés.
« Qu'est-ce que ça voulait dire, ça ? » Potter a clairement un train de retard.
Draco sourit. « Oh Harry, tu viens de la classe moyenne, pas du Moyen-Age, il faut avancer avec son temps. »
Harry réalise brusquement. « Oh. » Il réfléchit un instant. « Ca doit être un sacré yacht. »
Draco se serait bien inquiété du fait qu'il vient juste de s'étrangler de rire, si Hermione n'avait pas choisi ce même moment pour recracher une gorgée de Bièraubeurre par le nez.
« Que de grâce et de dignité, Granger, c'est ce qui t'a rendue si célèbre ! » rit-il avec elle.
« Nan », rit-elle, « J'arrête de trop travailler cette année, j'ai l'intention de passer mon temps à m'amuser, à peloter Ron et à me bourrer la gueule. »
« Ouais ! » Draco lance le poing en l'air. « Enfin, j'ai une chance d'être premier en Métamorphose ! »
« Dans tes rêves, la fouine. J'ai eu une année d'entraînement intensif en à peu près tout, des sortilèges de Réduction à la Défense contre les Forces du Mal. Quels sont tes atouts pour notre compétition scolaire ? »
Draco a un sourire ironique. « Tu serais stupéfaite par mes sorts de Désillusion, et je n'ai pas encore rencontré un meuble ou une décoration d'intérieur que je ne puisse transformer en un endroit génial pour se cacher. »
Le sourire d'Hermione s'efface pendant une seconde, mais Harry passe bientôt le bras autour des épaules de Draco et il prend la parole sur un ton léger : « C'est vrai, Malfoy, mais rappelle-toi, elle a aussi passé la plupart de son temps l'année dernière penchée sur une sélection assez importante de livres volés à la bibliothèque. Je pense que qu'au niveau de la théorie, tu n'as aucune chance. Tu devrais lui proposer un marché, payer pour elle les amendes qu'elle doit à Madame Pince en échange de tutorat. »
Draco lui lance un regard reconnaissant et retourne l'idée dans sa tête. « Granger, je paierai tes amendes et je te donnerai accès à la bibliothèque des Malfoy jusqu'à la fin des vacances en échange de ton aide en Métamorphose et en Histoire, et - pour rendrenotre marché plus alléchant - je t'aiderai en Sortilèges si tu en as besoin. »
Dix minutes plus tard, Draco a accepté les conditions de Granger - leurs négociations accélérées par l'arrivée de Ron : il va payer ses amendes, lui donner accès à leur bibliothèque, lui donner des lessons de vol (parce que même Ron a abandonné l'idée de s'en occuper), un nouveau balai et une liste des produits de beauté de Narcissa en échange de son aide en Métamorphose et en Histoire, et quelques leçons de rattrapage en matière de transplanage.
Ginny fait son apparition au côté de Harry, un sourire éclatant aux lèvres. « Vous vous amusez bien ? » demande-t-elle.
« Absolument ! Joyeux anniversaire, Gin ! » dit Hermione.
« Excellent ! Malfoy, ça ne te dérange pas que je récupère mon copain ? »
Et c'est seulement maintenant que Draco réalise que Potter a laissé son bras autour de ses épaules et qu'il s'appuie contre lui depuis un bon quart d'heure. A en juger par l'expression du visage de Potter, ce dernier est aussi surpris que lui.
« Désolé, Ginny », dit sincèrement Draco. « On s'est laissés emporter par la joie que nous procurait le fait de ne plus être occupés à essayer de nous entretuer. Disons qu'étonnamment, nous avons assez vite commencé à nous amuser. »
Elle leur accorde à tous les deux un regard contrit. « S'amuser, voilà une idée qui me semble supportable », dit-elle. « Viens Harry, c'est à mon tour de te monopoliser. »
Draco remarque le regard qu'Hermione lui lance alors que Ginny entraîne Potter avec elle. Il se dit qu'elle a juste trop bu pour avoir les idées claires, ce soir. C'est tout.
Tu es là quand le jugement est annoncé à la cour. Sept ans, avec la possibilité de demander une probation au bout de cinq. Lucius est clairement sûrement par la clémence des jurés, et tu peux voir le sourire de Narcissa illuminer son visage. Draco te regarde directement. Il sait que ton témoignage n'était pas le seul des efforts que tu as fait pour eux. Il te sourit. Et tu lui souris aussi.
Draco doit courir pour le rattraper. Potter s'est glissé hors de la salle d'audience avant même que le Magenmagot ait terminé. Il s'arrête lorsque Draco l'appelle, et l'attend près de l'ascenceur.
« Harry, je… tu… » Il laisse échapper un soupir. « Merci. » C'est la seule phrase qu'il peut réussir à prononcer en cet instant précis.
Harry a un grand sourire, et Draco le prend brusquement dans ses bras ; leur étreinte est brève, intense. « Merci », répète-t-il.
Harry cligne des yeux, surpris. La cloche de l'ascenseur retentit et les portes s'ouvrent, et il y rentre. Il sourit à nouveau, mais ce sourire là est différent, d'une certaine manière. Les portes de l'ascenseur se referment, et Draco revient sur ses pas pour rejoindre sa mère.
Tu essaies fermement de te raisonner. Ca ne veut rien dire. N'importe qui serait reconnaissant dans les mêmes circonstances. C'est juste de la politesse, vous êtes juste amis. Les deux dernières réunions l'ont prouvé. Ginny est douce et tendre dans tes bras, et il accorde la même attention chaleureuse à tous ceux qui sont autour de lui. Hermione dit qu'il a mis sur pied un programme de tutorat à Poudlard. Tu aimerais pouvoir y aller pour voir ça, mais ton entraînement d'Auror te prend bien trop de temps durant la semaine.
Elle aime être amie avec lui et se moque de toi et de Ron pour le manque d'intelligence de votre conversation comparée à la sienne, mais en même temps vous lui manquez tous les deux. Elle vous manque aussi, à toi et à Ron, vous vous manquez les uns aux autres. Mais il est temps pour vous d'entrer dans le monde des adultes maintenant. Et puisque tu fais partie de ce monde, tu es l'un des premiers à entendre la nouvelle.
Draco est appuyé contre le mur en face de la chambre de son père à Ste Mangouste. Ses mains tremblent encore très légèrement, mais ces tremblements n'ont pas commencé avant qu'il ait fini de rendre visite à son père, et il prend ça en compte comme une victoire. Ils ont laissé sa mère rester à l'intérieur, et les deux Aurors qui montent la garde ont l'air honteux. Ils savent que leurs collègues ont laissé cette attaque arriver, ils ne peuvent qu'espérer que ce soit par maladresse plutôt qu'intentionnel.
Il n'accuse pas ces deux-là. Il peut à peine accuser les vrais responsables. Son père refuse de leur donner des noms, mais il suppose qu'il s'agissait d'anciens alliés cherchant à se venger de ce qu'ils ont considéré comme une trahison. Les deux jambes et quelques côtes cassées - une semaine inconfortable à passer, c'est tout. Et quand il retournera en prison, il sera mis sous surveillance, il pourra passer moins de temps à l'air libre, il aura moins d'interactions avec les autres détenus. Draco se demande si ce n'était pas là le véritable but des agresseurs de son père - l'isoler un peu plus. Ou est-ce juste qu'ils n'ont pas réussi à l'assassiner de la manière la plus classique ?
Il serre déjà les dents, mais Harry arrive et le prend par la main.
« Viens », dit-il, et il l'entraîne dans le couloir.
« Où va-t-on ? » demande Draco en le suivant.
Il y a une petite salle pour les visiteurs, avec deux sofas. Harry l'entraîne vers l'un des deux et le fait s'asseoir, avant de le prendre dans ses bras. Draco prend une profonde inspiration, tremblant, et se détend contre lui.
« Est-ce qu'il va s'en sortir ? » demande Harry.
« Ils disent qu'il s'en remettra », répond Draco.
« Et toi ? »
Draco respire profondément pendant quelques minutes avant de répondre. « Je pense que oui », dit-il, et il se redresse, s'écartant des bras de Harry. Il tourne les yeux vers lui. « Et toi, comment tu vas ? Je ne t'ai pas vu depuis que l'école a repris. Comment tu t'en sors ? »
Harry hausse les épaules. « Parfaitement bien. L'entraînement se passe bien. Shacklebolt fait du bon boulot. Nos amis sont tous enthousiasteset impliqués dans ce qu'ils font. Ca va. »
« On revient aux phrases courtes, hm ? » fait remarquer Draco.
Ils restent assis pendant un moment. Finalement, Harry reprend la parole. « Je veux me concentrer sur la reconstruction, mais j'ai à peine dix-huit ans. Ils m'écoutent tous, parce que je suis le Garçon Qui A Survécu Deux Fois, maintenant. Mais il n'y en a qu'un petit nombre qui ont vraiment l'air de croire dans les choses que je fais. Et voilà pourquoi je me demande - est-ce qu'on va encore tout faire foirer, une fois de plus, ou est-ce que je n'ai juste aucune idée de ce dont je parle ? Et juste quand je commence à me détendre, juste quand je pense 'Enfin, Voldemort n'est plus là pour faire office de point de ralliement maintenant', il se passe quelque chose du même genre que l'agression de ton père, et je me dis que même s'il n'y a plus de Seigneur des Ténèbres, il y a une centaine de petits partisans sans importance des forces du Mal qui se feraient une joie de nous voir revenir à ces mêmes préjugés bigots et méfiants. »
« J'ai entendu dire qu'Ombrage s'était juste fait taper sur les doigts », admet Draco.
Harry a un reniflement méprisant. « Elle a tout 'admis', ramené des papiers pour justifier chacune de ses décisions, elle a fait en sorte que tout le monde voit qu'elle avait suivi des ordres. Bien sûr elle n'a pas mentionné le plaisir qu'elle avait pris à faire tout ça. »
« Je… » Draco baisse la tête. « Je me suis comporté comme un vrai connardà l'époque. Je pensais que soutenir ses actions était juste une autre façon de t'emmerder. Je n'ai pas réalisé ce qu'elle ferait à l'école. D'une certaine manière c'était pire que d'y faire rentrer les Mangemorts, au moins là j'y ai été légitimement forcé. Je n'ai aucune excuse pour avoir fait partie de ses supporters. Je savais qu'elle était tarée. Ca m'a juste paru, je sais pas, être un moyen facile de gagner des points. »
« C'est ça le problème justement, non ? Si elle s'était présentée dès le début en disant 'J'ai l'intention d'exterminer les sorcières et les sorciers Nés-Moldus', personne ne l'aurait suivie. Mais elle a parlé d'ordre et de règlements, et les gens ne se sont pas posé la question de savoir ce qu'allait entraîner l'ordre en question. »
Draco hoche la tête. « Et en plus elle n'a tué personne de sa propre main. »
« Juste livré les gens aux Mangemorts. »
« Et tu peux imaginer à quel point elle a été choqué quand elle a réalisé qu'ils ne traitaient pas leurs prisonniers avec la dignité à laquelle elle s'attendait. » La voix de Draco était clairement sarcastique.
Harry s'appuie contre lui. « Tu avais quinze ans. Ton père ne t'a rien appris sur la véritable manière dont fonctionne le monde, et tu l'aimais. Je ne peux pas t'en vouloir. Mon père n'était pas parfait, lui non plus. La seule raison pour laquelle j'ai grandi sans jamais cesser de tout remettre en question, c'est parce que personne ne m'a jamais assez aimé pour m'apprendre à être certain de quoi que ce soit. »
Draco laissa retomber sa tête contre celle de Harry, à peine conscient qu'à un certain moment de la conversation ils s'étaient pris la main. « Je suis désolé, Harry », dit-il.
Les doigts de ce dernier resserrent leur prise autour des siens. « Ca va aller », dit-il. « Nous sommes suffisamment nombreux pour résister la prochaine fois. Pour arrêter les choses dès le début. »
« Mais tu es quand même inquiet. »
Draco peut sentir contre sa joue le sourire de Harry. « Je suis surtout inquiet que ce soit moi qui devienne si sûr que je sais ce qui est mieux pour tout le monde que je me transforme en monstre. Parce qu'ils me laisseraient faire. Ils se mentiraient à eux-mêmes le plus longtemps possible, et lorsqu'ils se réveilleraient, il serait trop tard. »
« Je ne te laisserais pas faire », promet Draco. « Je me mettrais sur ton chemin et je t'arrêterais dès le début, avant que tu ne prennes un chemin que tu pourrais regretter de suivre. »
« Je sais que tu le ferais. » Harry tourne la tête et l'embrasse avec douceur.
« Tu ferais la même chose pour moi », sourit Draco, et il l'embrasse à son tour.
TBC