- LES SORCIERS -


Comme vous le savez tous, mon histoire exploite la série Harry Potter de J.K. Rowling, ainsi que tous les à-côtés officiels (notamment les interviews accordées après la sortie du tome 7).

A mes côtés, j'ai une super équipe de correcteurs qui font un travail formidable. J'ai nommé : Monsieur Alixe et Fenice, Xenon, Dina.


Chronologie :
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Élection de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley
26 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter
16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter
28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley
Décembre 2009 : Harry devient commandant des Aurors
30 juin 2011 : Inauguration du musée de la Magie
22 mars 2014 : Élection d'Adrian Ackerley comme ministre de la Magie
Mars 2016 : Hermione nommée cheffe de département de la Justice magique

Période couverte par le chapitre : 19 juin au 3 septembre 2017


XXXV : Dix-neuf ans plus tard

À la mi-juin, Harry apprit que l'actuel chef du département des Transports magiques avait démissionné et que Percy le remplaçait. Harry ne connaissait pas très bien le chef sortant, Colin Duke, qui avait été placé à ce poste trois ans auparavant par Ackerley. Il attendit le dimanche suivant pour féliciter Percy, mais celui-ci fut absent du repas dominical.

— C'est bien simple, depuis qu'il a été nommé, je ne le vois plus, soupira Audrey. Il dort un jour sur deux au ministère.

— Les derniers Conseils de département avant le départ de Duke ont été tendus, quand on abordait la question des transports, leur apprit Hermione.

— Ce pauvre Percy, il veut toujours en faire trop, se lamenta Molly.

À la fois par curiosité et poussé par Ginny qui s'inquiétait pour son frère, Harry se rendit au département des Transports Magiques le lundi suivant. Il arriva dans une antichambre où un inconnu chuchotait férocement à l'intention d'une Plume à papote tout en compulsant des papiers dont il semblait faire l'inventaire.

Harry se garda de parler pour ne pas gâcher le travail de son interlocuteur, attendant poliment d'être remarqué. Le secrétaire l'aperçut enfin, presque par hasard, et se leva précipitamment, alors qu'une tache d'encre explosait sur son document.

— Que puis-je pour vous, Monsieur Potter ? Un ennui de communication ?

— Non, je voulais juste dire quelques mots à mon… enfin au chef de département, s'il n'est pas en réunion.

— Je vais voir s'il peut vous recevoir.

L'homme alla frapper à la porte qui était derrière lui et, au terme d'un court échange, s'effaça pour laisser passer Harry.

— Harry, j'espère que tu n'as pas un problème de communication, l'accueillit Percy.

Le bureau était couvert de piles de papier et de parchemin, et le beau-frère de Harry était loin d'être aussi impeccable qu'à son habitude. Ses vêtements étaient froissés, et il avait des cernes sous les yeux. Harry se demanda depuis combien de nuits il n'était pas rentré chez lui.

— Que se passe-t-il Percy ? s'étonna-t-il. Tu sembles être en train d'affronter une crise.

— Il y a de ça, soupira son beau-frère. Ce département est très mal géré depuis plusieurs années, maintenant.

— À ce point ?

— Colin Duke, qu'Adrian a nommé à ce poste pour le remercier d'avoir soutenu sa carrière, s'est montré en dessous de tout. Impossible de connaître ce qui a été entrepris ces derniers mois, et personne ne semble se rappeler le système de rangement des archives.

— Ce qui compte, c'est que le réseau marche et que le Poudlard Express nous ramène nos enfants, remarqua Harry.

— La question est de savoir combien de temps ils vont fonctionner. Depuis mon arrivée, je passe mes journées à rencontrer des personnes qui ont déposé des demandes d'autorisation d'interruption de service pour faire les travaux d'entretien et de modernisation nécessaires et qui n'ont jamais eu de réponse. Et tu n'imagines pas combien de plaintes le réseau de Cheminette a reçues pour acheminement défectueux le mois dernier ! Quant à l'état de la volière du bureau de poste de Pré-au-Lard, c'est une honte. Les chouettes et les pigeons tombent tout le temps malades, ce qui finit par entraîner du retard sur le traitement du courrier.

— Pas évident pour toi, compatit Harry.

— Je le savais en acceptant le poste, reconnut Percy. Adrian a été honnête avec moi. Ce n'est pas une sinécure, et je vais devoir répondre d'une situation dont je ne suis pas responsable. C'est pour ça qu'il a pensé à moi, car il a confiance en moi et sait qu'il peut compter sur mon dévouement.

Harry haussa un sourcil, reconnaissant bien les flatteries dont usait le ministre quand il cherchait à obtenir une faveur de son interlocuteur.

— Je sais, Harry, assura Percy qui avait correctement interprété son expression. Mais il fallait bien que quelqu'un s'y colle, non ? Avec les vacances qui arrivent, toutes nos communications vont être sollicitées davantage que d'habitude. Je ne sais même pas par quoi commencer. Je ne me vois pas bloquer une partie du réseau de Cheminette ou mettre le Magicobus en révision.

— Le Poudlard Express pourrait-il présenter un défaut d'entretien ? s'inquiéta Harry.

— C'est la première chose que j'ai fait vérifier. Il ne manquerait plus qu'il tombe en panne et laisse plusieurs centaines d'élèves en rase campagne. Maintenant, il faut que j'arbitre entre les autres transports, pour savoir comment leur permettre de faire le nécessaire sans trop perturber le service. J'ai vu un ami à toi, Edmund Plunkett. Il gère le Magicobus, le Poudlard Express et la flotte de voiture du ministère.

— Un ami, c'est beaucoup dire, tempéra Harry. Il y a quelques années, je l'ai arrêté pour un meurtre qu'il n'avait pas commis.

— Eh bien, il n'est pas du genre rancunier, nota Percy. Il m'a demandé de te transmettre ses salutations et de te remercier pour les bons conseils que tu lui as donnés.

Il fallut un petit moment à Harry pour se remémorer la conversation qu'il avait eue avec Edmund alors qu'ils attendaient d'être interrogés pour le procès de sa belle-sœur Janet. Le Survivant lui avait recommandé d'arrêter de lire la presse, le temps que les journaux l'oublient.

— À toi aussi je vais donner un conseil, fit Harry en se levant pour ne pas le déranger davantage. Ce soir, rentre chez toi et offre-toi une bonne nuit de sommeil.

Malgré les craintes de Percy, le Poudlard Express arriva à l'heure, ramenant Victoire, Dominique, Freddy et James. Comme toujours, toute la famille se rassembla au Terrier pour accueillir les vacanciers. Les tentes furent montées au milieu de la pelouse pour l'installation estivale coutumière. Tous les adultes ne seraient pas en congés au même moment, mais ils se réjouissaient des soirées qu'ils allaient passer ensemble.

Arthur présenta à ses petits-enfants les nombreuses occupations qu'il avait prévues pour les deux mois à venir : visite du musée de la Magie (c'était devenu une habitude, il y avait toujours une nouvelle salle à découvrir), visite de la ferme voisine où l'on trouvait encore des vaches à traire, spectacles de cirque (moldus et sorciers), séances de cinéma, chasse au trésor dans le jardin, et plein d'autres surprises. Les exclamations joyeuses résonnèrent dans la pièce, comblant d'aise le grand-père.

Molly, ravie d'avoir tout son monde autour d'elle, allait de l'un à l'autre pour vérifier que chacun était correctement nourri et installé. Elle était incapable de rester en place tant qu'elle n'avait pas l'impression que tout était parfait.

— Mais reposez-vous, Molly, l'enjoignit Angelina.

— Maman, lâche ce balai et laisse-moi faire, insista Charlie en envoyant sur le sol un grand courant d'air qui chassa les miettes et retroussa les robes.

— Tu ne peux pas faire attention ? bougonna Percy qui avait amené un dossier à lire et dont des feuilles s'étaient envolées.

— Allons, les enfants, tenta de les calmer Molly.

— Mon chéri, ce n'est pas l'heure de coucher les petites ? intervint Audrey.

— J'arrive dans cinq minutes, promit Percy.

Plus tard, Charlie interpella Ron :

— Au fait, quand est-ce que tu l'as, ce permis de conduire ?

— C'est l'été, on a du monde au magasin, on verra à l'automne, répondit son frère qui avait déjà pris quelques cours sans grand enthousiasme.

— Allons Ron, tu exagères, ce n'est pas si difficile, argumenta Ginny qui l'avait obtenu quelques semaines auparavant. C'est bien plus facile que voler en balai. Il n'y a que deux dimensions à gérer et non trois.

— Leurs panneaux sont incompréhensibles, protesta Ron.

— Je pourrai le passer moi aussi, Maman ? s'enquit Victoire. Les balais, c'est chouette, mais on ne peut pas en faire partout.

— Passe ton permis de transplanage d'abord, ma chérie.

— Harry, tu pourras me prêter ta moto cet été ? demanda Teddy.

— Pour la démonter ou l'utiliser ? se méfia son parrain.

— Ça dépend si elle marche bien ou non, plaisanta le jeune homme.

— Tu dois l'insonoriser et la désillusionner quand tu la fais voler, rappela Harry qui avait donné des leçons de conduite à son filleul, quand il l'avait demandé l'hiver précédent.

— Mais oui, ne t'en fais pas, je sais faire. Vic, tu viens faire une promenade avec moi demain ?

— Ouais, trop classe ! s'enthousiasma l'adolescente.

À la mi-juillet, Kingsley Shacklebolt vint dîner au Terrier. Harry ne l'avait pas revu depuis qu'il avait été remplacé par Adrian Ackerley au poste de ministre de la Magie trois ans et demi auparavant. Il savait cependant par Arthur, qui avait gardé le contact avec lui, qu'il voyageait beaucoup.

— J'ai l'impression de revivre, confia Kingsley. Je rencontre chaque jour des personnes nouvelles, je découvre d'autres manières d'expérimenter la magie. C'est passionnant.

— Pensez-vous briguer un poste à la Confédération internationale des Sorciers ou quelque chose de ce goût-là ? avança Harry.

— Pourquoi pas ? confirma Kingsley. Je pourrais continuer à voyager et revoir mes anciens homologues.

L'ex-ministre demanda à Harry comment il s'entendait avec son supérieur.

— Ça ne va pas trop mal, le rassura le commandant des Aurors. On s'est accrochés une ou deux fois au début, mais maintenant nous savons où sont nos limites respectives, et arrivons à bien fonctionner ensemble.

Quelques jours plus tard, ce fut Viktor Krum qui débarqua avec toute sa famille : son épouse Yordanka et leurs deux enfants, Irina et Georgi, âgés de respectivement de quinze et treize ans. Ils faisaient un voyage organisé en Europe et avaient convenu avec Harry de passer une journée au Terrier pendant que le reste de leur groupe visitait Londres.

Viktor avait raccroché son balai après la Coupe du monde en Patagonie. Il travaillait désormais pour le ministère de la Magie bulgare, dans ce qui correspondait au département des Sports. Yordanka, après de nombreuses années en tant qu'interprète au bureau du Commerce international, se voyait désormais confier d'autres responsabilités. Elle préparait les dossiers pour son chef de service et le précédait parfois de quelques jours pour les pourparlers préliminaires.

— Depuis que les enfants sont à Durmstrang, expliqua-t-elle, c'est plus facile pour moi de voyager. Avant, je devais refuser toutes les missions qui ne me permettaient pas de rentrer chez moi le soir.

— Il faut faire des choix, abonda Ginny. Ce n'est pas toujours évident de concilier notre vie familiale et la réussite professionnelle.

— Vous avez merveilleusement réussi, la complimenta Yordanka. Savez-vous que votre musée fait partie de notre programme de visite ? Nous y sommes allés hier, et nos compatriotes l'ont trouvé passionnant.

— Oh, ce n'est plus mon établissement, fit modestement Ginny. C'est Fleur et Andromeda qu'il faut féliciter.

— Et bientôt, ce ne sera plus le mien, confia Fleur à son tour. Nous aussi allons profiter de la scolarisation de notre petit dernier. Bill a trouvé un travail à l'étranger : nous partons pour l'Égypte en octobre.

— Félicitations, cela va être sans doute passionnant. Je suppose que vous rentrerez pour les vacances, s'intéressa Yordanka.

— Pour Noël, c'est certain, je l'ai promis à Molly, répondit Fleur en regardant sa belle-mère qui avait beaucoup soupiré quand elle avait appris la nouvelle un mois auparavant. Mais je pense que nous en profiterons pour faire voyager les enfants. C'est une bonne école. Et parfois un moyen de trouver un mari, ajouta-t-elle en souriant avec affection en direction de Bill.

— Et comment va votre sœur ? s'enquit l'épouse de Viktor.

— Très bien, la renseigna Fleur. Elle s'est mariée il y a quatre ans et s'appelle maintenant Madame Volauvent. Avec son époux Roland, elle élève des mouettes postales en Bretagne. Vous savez, celles qui assurent les long-courriers vers l'Angleterre et les pays du Nord ou d'Europe de l'Est. Elle a un petit garçon de deux ans, Baudouin, et elle attend un autre bébé pour le mois d'octobre.

— Que de bonnes nouvelles ! Vous lui transmettrez mes meilleures pensées, la chargea Yordanka.

— Je n'y manquerai pas. Nous passerons quelques jours en France avant de partir pour L'Égypte.

Cet été-là, ce fut au départ d'Albus que Ginny et Harry durent se préparer. Ils n'étaient pas les seuls à l'appréhender. Si au début des vacances, James sembla heureux de retrouver son frère, son attitude changea à partir du jour où son cadet reçut sa lettre de Poudlard. Il se mit à taquiner sans trêve le pauvre Albus, lui racontant des horreurs sur Poudlard pour lui faire peur. Harry et Ginny furent obligés d'intervenir. Ils parlèrent sévèrement à James et firent de leur mieux pour rassurer leur cadet. Les deux dernières semaines semblèrent rapprocher les deux garçons, James se proposant même pour faire des passes à Albus dès que son petit frère maîtrisa les rudiments du vol sur balai.

Ce fut alors Lily qui réalisa qu'elle allait se retrouver seule au Square Grimmaurd durant les deux années qui la séparaient encore de Poudlard. Elle se plaignit de ce qu'elle considérait comme un abandon. Hermione et Ron, dont l'aînée intégrait également l'école de magie, lui promirent de faire leur possible pour que Hugo et elle puissent se voir souvent.

La petite entreprise lancée par Teddy et son ami avait mis quelques mois à se faire connaître, mais les commandes arrivaient petit à petit. Pour ne pas compromettre leurs chances de réussite, les deux compères limitèrent leurs vacances. Si Teddy les rejoignait chaque soir pour le dîner depuis le début de l'été, il ne prit que quelques jours de vrai repos la première semaine d'août. On ne le vit cependant pas beaucoup au Terrier : il partait tôt le matin sur la moto de Sirius, Victoire derrière lui, et ne rentrait qu'en fin d'après-midi.

Harry finit par demander à Ginny :

— Tu crois qu'il y a quelque chose entre Teddy et Victoire ?

— S'il n'y a rien, il se peut bien que d'ici la fin de l'été il y ait quelque chose, répondit-elle en souriant.

— Cela n'ennuie pas Fleur et Bill ?

— Vic ne leur a jamais demandé la permission pour avoir un petit copain. Je pense qu'ils sont plutôt contents que ce soit cette fois-ci quelqu'un qu'ils connaissent et apprécient.

Harry décida de ne pas s'en mêler, d'autant qu'Andromeda ne semblait pas non plus s'en formaliser. Celle-ci travaillait à mi-temps pour le musée, car il fallait préparer le départ de Fleur. Heureusement, leur associée, arrivée trois ans auparavant quand Ginny avait commencé sa carrière de journaliste, se débrouillait bien et était pressentie pour devenir directrice de l'établissement à l'automne. Deux autres femmes avaient été recrutées, et Andromeda ne cachait pas qu'elle attendait que le nouveau trio soit opérationnel pour s'effacer à son tour et prendre définitivement sa retraite.

Comme ils l'avaient prévu au début des vacances, Harry et Ron se décidèrent à passer leur permis de conduire. Dans un premier temps, Harry avait un peu traîné les pieds, mais quand il fut plus à l'aise avec les manœuvres, et que son moniteur le fit rouler dans les routes de campagne, il se mit à apprécier cette activité, tout comme il avait aimé être aux commandes de sa moto.

Ron avait plus de mal. Sa pratique du balai se faisant plus rare, le temps avait amoindri ses capacités à analyser son environnement. Il se faisait souvent reprocher par son moniteur des refus de priorité ou non-observance des feux ou des panneaux de circulation. Il dut prendre davantage de leçons que prévu et son examen pour obtenir le permis fut reporté à la fin du mois d'août.

La dernière semaine avant la rentrée tourna à la catastrophe.

Cela commença le dernier samedi du mois d'août au matin, alors que Percy prenait son petit-déjeuner au Terrier — Audrey avait réussi à le convaincre de ne pas travailler le week-end. Il reçut un appel sur son miroir et devint blanc quand son interlocuteur délivra son message. Après une seconde de stupéfaction, il bondit dans le salon, bientôt suivi par toute la famille partagée entre inquiétude et curiosité. Percy, les mains vertes de poudre de Cheminette, les pieds dans le feu magique, hurlait des destinations dans la cheminée, mais ne partait pas.

— Chéri, que se passe-t-il ? s'effara Audrey.

Percy sortit de l'âtre et répondit d'un ton dramatique :

— Le réseau de Cheminette est tombé. On ne peut plus aller nulle part.

— On doit encore pouvoir transplaner, fit remarquer Bill.

— Tu ne comprends pas ? Dans six jours, c'est la rentrée. Comment les familles vont-elles faire avec les enfants et les malles ?

Sans attendre de réponse, il s'élança dehors et disparut dans un pop.

— Il n'a même pas fini de déjeuner, gémit Molly.

Quelques heures plus tard, une édition spéciale de La Gazette du Sorcier arriva par hibou. La catastrophe était confirmée. Aucune cheminée britannique ne marchait. Ste-Mangouste faisait déjà face à une vague de désartibulations, des sorciers ayant perdu l'habitude de transplaner ayant tenté de le faire, faute d'alternative.

Harry avait déjà appelé plusieurs fois les Aurors de garde. Ceux-ci lui avaient appris que plusieurs services, dont les policiers magiques, avaient été mobilisés pour venir en aide à la population. Ils intervenaient sur des accidents de transport et pour venir en aide à des personnes isolées ne pouvant transplaner. Il fallait aussi empêcher la foule d'envahir le ministère. Pour le moment, les Aurors n'avaient pas reçu de consignes particulières.

En début d'après-midi, Bill se rendit à Londres sur les injonctions de sa mère avec un panier à provisions et la mission de faire manger son frère, de gré ou de force. « Il t'écoutera, affirma Molly. Tu es son aîné ».

Le briseur de sorts témoigna à son retour :

— C'est la folie là-bas, ça court dans tous les sens dans les couloirs. Quant au département de Percy, c'est le chaos.

— Est-ce qu'il a mangé, au moins ? insista Molly.

— Sans problème, Maman. Je lui ai jeté un sort de Confusion pour qu'il oublie tout et je l'ai gavé comme une oie. J'ai croisé le ministre en repartant. Percy arrivait presque à se souvenir de son prénom, à ce moment-là.

— Bill, murmura Audrey d'un ton angoissé.

— J'exagère un peu, la rassura son beau-frère. Il a mangé et s'est remis au boulot. Pour autant que je puisse en juger, il ne se débrouille pas trop mal et, avec un peu de chance, tout sera rentré dans l'ordre dimanche prochain. Il va coucher là-bas. Je dois revenir ce soir pour lui apporter un dîner et des vêtements propres.

Harry se souvint alors que Percy était parti sans prendre le temps de se changer. Bien que compatissant aux problèmes de son beau-frère, il ne put s'empêcher de sourire en imaginant le chef du département des Transports coordonner ses troupes en short et tee-shirt.

Les jours suivants, les sorciers tentèrent de s'adapter. La Gazette fit savoir par son édition du matin que, pour soulager les hiboux, il n'y aurait pas de publication supplémentaire, comme il était d'ordinaire de mise dans les situations de crise. On pouvait joindre le journal par miroir. Un répétiteur magique donnait les nouvelles fraîches. Harry remarqua cependant davantage de messagers dans le ciel que d'habitude.

— Heureusement qu'on a les miroirs, commenta Hermione. Il y a vingt ans, nous aurions été bien plus isolés.

La guilde de la Table avait réussi à faire ouvrir une ligne pour que les sorciers puissent commander des denrées alimentaires. Des « transplaneurs avertis » étaient invités à se faire connaître Chemin de Traverse et à Pré-au-Lard pour servir de livreurs. Teddy reçut un message le lundi et partit rapidement, expliquant qu'il avait été réquisitionné par le ministère.

Bien que théoriquement en vacances, Harry se présenta à son bureau le lundi matin. Après avoir évalué la situation, il interrompit les congés d'une bonne partie de ses équipes. Une fois n'étant pas coutume, les Aurors allaient assister les policiers qui n'arrivaient plus à faire face aux appels par miroirs. En effet, aux désartibulations s'étaient ajoutés les accidents de balai, obligeant les forces de l'ordre à intervenir.

— Je me demande ce que les gens ont dans la tête, grogna Tiern Watchover à Harry quand ils firent le point le lundi dans la matinée. Pouvez-vous croire qu'hier j'ai vu un type qui avait mis ses beaux-parents et son chien sur son balai ? Ce n'était même pas un modèle familial.

— Il a pu décoller ? s'étonna Harry.

— Figurez-vous que oui. Mais il n'est pas allé bien loin. Il a rapidement perdu le contrôle, et ils ont tous fini dans un arbre. Un de mes hommes s'est fait mordre quand on est allés les récupérer. Et l'abruti nous a insultés parce qu'on n'a pas réussi à retrouver la queue de son fichu cabot.

Les jours suivants, Harry et ses collègues rassemblèrent des membres éparpillés pour les amener à Ste-Mangouste et vinrent au secours de balais accidentés pour avoir été trop chargés ou remis en service sans examen technique préalable.

Les Oubliators couraient d'un endroit à l'autre : les Moldus voyaient des balais dans le ciel ou recueillaient des hiboux postaux à bout de force avec à leur patte des messages compromettants. Jason Apollo, que Harry croisa dans un couloir le mercredi soir, était hagard : le pauvre homme semblait ne pas avoir dormi depuis plusieurs jours, sans doute obligé de proposer des explications rationnelles à tous ces phénomènes.

— Comment ça se passe pour les commerçants ? demanda Ginny à Ron le mardi soir, quand il revint de la boutique.

— C'est inégal. Il y a moins de monde sur le Chemin de Traverse que d'habitude, mais entre ceux qui parviennent à transplaner en escorte avec leurs enfants et les Moldus, qui n'ont pas de difficultés particulières pour arriver par le Chaudron Baveur, les courses de rentrée suivent leur cours, et on ne s'en tire pas trop mal. À la boutique, on estime quand même qu'on va perdre cinquante pour cent de notre chiffre d'affaires de la semaine. Il va falloir rattraper avec la vente par correspondance. Pour les fournitures scolaires, certains ont mis en place un service de livraison : les familles retrouveront leurs achats à King's Cross dans quelques jours.

— Heureusement qu'on n'a pas attendu la dernière minute pour équiper les enfants, se félicita Fleur.

— Vous n'êtes pas les seuls, Merlin merci, confirma Ron. Par contre, pour des magasins comme celui de Fortarôme, c'est perte sèche : une grande partie de leur clientèle vient pour faire un tour dans la rue et se détendre un moment en terrasse. Ce public a manqué à l'appel cette semaine. De manière générale, les restaurants marchent très mal. Pré-au-lard, qui attire habituellement les promeneurs du dimanche, est encore plus gravement sinistré.

— Du nouveau du côté de Percy ? demanda Fleur à Bill qui continuait à être le seul lien entre le chef de département et sa famille.

— Il fait son possible pour qu'une partie du réseau soit rétablie pour le premier septembre, mais n'est pas certain d'y arriver. Il travaille également sur des moyens de transport alternatifs. Ron, si tu pouvais avoir ton permis de conduire d'ici là, ça pourrait servir. Quand dois-tu le passer ?

— Demain. Quoi qu'il en soit, Hermione pourra amener les enfants.

— Tu penses que tu ne l'auras pas ? s'enquit sa femme.

— Bien sûr que si. Je suis certain que je vais l'avoir, assura Ron d'une voix agacée.

— Il va falloir rentrer chez nous plus tôt que d'habitude, avança Angelina. Il va falloir plusieurs allers-retours avec tout notre barda. George et moi partirons dès demain.

— Moi qui pensais faire un grand repas jeudi soir, regretta Molly.

— Tu peux envoyer une lettre de protestation à Percy, proposa Bill. Il pourra la ranger dans sa collection.

Le lendemain, Harry prit une heure pour aider Ginny à faire les voyages nécessaires pour transporter leurs affaires et leurs enfants au Square Grimmaurd. Bill et Fleur déménagèrent également. George étant au magasin et Ron en train de passer l'examen du permis de conduire, Angelina et Hermione durent se débrouiller toutes seules. Cela ne posa pas de problème à l'Auror, mais la cheffe du département de la Justice magique se retrouva assez vite à bout de souffle, ses années de travail de bureau lui ayant fait perdre son entraînement. Alors que Harry et Angelina retournaient au ministère, Ginny et Bill se proposèrent pour aider leur belle-sœur.

Les grands-ducs de Poudlard arrivèrent le jeudi matin dans toutes les familles sorcières dont les enfants étaient scolarisés. Ils apportaient des consignes pour rejoindre le Poudlard Express le lendemain. Visiblement, le département des Transports magiques ne comptait plus sur une remise en marche du réseau pour le jour J.

Le Magicobus avait été réquisitionné pour acheminer les familles les plus éloignées de Londres. L'horaire de passage du bus était noté sur les courriers que reçurent les foyers concernés. La première tournée spéciale commencerait à sept heures trente du matin et le dernier circuit se terminerait à dix heures quarante-cinq à King's Cross.

Les habitants de Londres et de sa banlieue devraient se déplacer par leurs propres moyens. Un plan des transports londoniens et des pass pour la journée étaient joints à la missive, avec des évaluations du temps de parcours zone par zone. Tous ceux qui pourraient venir en voiture ou en taxis étaient invités à le faire. Cela limiterait le nombre de sorciers dans les transports en commun moldus, ce qui était souhaitable pour ne pas attirer l'attention.

Pour les foyers ne bénéficiant pas du Magicobus et trop éloignés pour se rendre à la gare par leurs propres moyens, le ministère mettait à disposition toute sa flotte de voitures magiques, dont le nombre avait été multiplié par dix durant la semaine. C'est sur ce chantier que Teddy avait été appelé. Il avait travaillé douze heures par jour pour enchanter des véhicules moldus. Des chauffeurs les conduiraient pour amener les familles à bon port.

Enfin, le courrier transmettait l'injonction du ministère : il était formellement interdit de venir en balai.

Les journaux reprirent ces consignes et y ajoutèrent une autre, destinée à toute la population : hormis les services de secours, seules les familles qui se rendaient à la gare étaient autorisées à se déplacer ce matin-là.

Cette année-là, l'automne sembla arriver brusquement. En cette matinée du 1er septembre, l'air était vif et doré comme une pomme.

Ginny était allée la veille louer une voiture qu'elle avait garée devant la maison. Ils l'avaient chargée en fin de soirée, à la faveur de la nuit, pour que leurs voisins ne les voient pas faire léviter les lourdes malles. Le matin, ils auraient encore à sortir les deux cages contenant les hiboux des garçons. Harry et Ginny avaient cédé à la demande d'Albus d'acheter un autre messager pour lui éviter d'être dépendant de son frère pour leur envoyer du courrier. Il avait jeté son dévolu sur un grand-duc brun moucheté.

Le départ se fit dans la confusion habituelle. Les affaires qu'il restait à empaqueter semblaient prendre un malin plaisir à se dérober aux regards. Albus ne trouvait plus ses chaussettes, James n'arrivait pas à faire rentrer sa chouette survoltée dans sa cage, et Lily avait égaré son ruban à cheveux. Ginny cherchait vainement les clés de la voiture et pestait contre Harry qui, au lieu de l'aider, était en communication par miroir avec son adjoint. Ce matin-là, tous les Aurors et policiers n'ayant pas d'enfants à Poudlard étant sur le pont pour vérifier que leurs concitoyens suivaient bien les consignes.

Enfin, chacun retrouva ses effets, et les derniers bagages furent bouclés. Ils sortirent de la maison par la porte donnant sur la rue et s'engouffrèrent dans la voiture.

Pendant le trajet, les deux garçons semblaient se disputer à l'arrière, mais ni Harry au volant ni Ginny qui, à l'aide d'un plan de Londres, le guidait pour rejoindre leur destination en dépit des embouteillages et des sens interdits, ne purent saisir leurs propos. Enfin, ils parvinrent à destination, mais ils durent tourner plus d'un quart d'heure pour trouver une place libre.

Les fumées des pots d'échappement et le souffle des piétons étincelaient, telles des toiles d'araignée dans la fraîcheur de l'atmosphère, tandis que la petite famille traversait d'un pas sautillant la rue grondante de circulation en direction de la grande gare aux murs noircis de suie.

Lily était en pleurs, son courage fondant alors qu'ils se rapprochaient du quai.

— Ce ne sera pas long, toi aussi, tu iras, lui promit Harry pour la dixième fois.

— Deux ans, dit Lily en reniflant. Je veux y aller tout de suite!

Les banlieusards regardaient les hiboux avec curiosité au passage de la famille qui se frayait un chemin en direction de la barrière séparant les voies 9 et 10. La voix d'Albus, qui marchait devant lui, parvint à Harry au milieu de la clameur environnante. Ses fils avaient repris la dispute commencée dans la voiture :

— Je n'irai pas ! Je n'irai pas à Serpentard !

— James, arrête un peu ! s'exclama Ginny.

— J'ai simplement dit qu'il y serait peut-être, fit remarquer James en adressant un sourire à son jeune frère. Il n'y a pas de mal à ça. Il sera peut-être à Serp…

Mais James croisa le regard de sa mère et se tut. Les cinq Potter s'approchèrent de la barrière. D'un air supérieur, James jeta un coup d'œil à son jeune frère par-dessus son épaule, prit le chariot des mains de sa mère et se mit à courir. Un instant plus tard, il avait disparu.

— Vous m'écrirez, hein ? demanda aussitôt Albus, tirant profit de l'absence momentanée de son frère.

— Tous les jours, si tu veux, proposa Ginny.

— Pas tous les jours, répliqua précipitamment Albus. James dit que la plupart des élèves ne reçoivent des lettres de chez eux qu'une fois par mois.

— Nous avons écrit à James trois fois par semaine, l'année dernière, dit Ginny.

— Et il ne faut pas croire tout ce qu'il te raconte sur Poudlard, rappela Harry. Il aime bien se moquer de toi, ton frère.

Côte à côte, ils poussèrent le deuxième chariot en prenant de la vitesse. Lorsqu'ils atteignirent la barrière, Albus fit une grimace, mais il n'y eut aucun choc et la famille émergea sur le quai de la voie 93/4, obscurci par l'épaisse vapeur blanche que produisait la locomotive écarlate du Poudlard Express. Des silhouettes indistinctes s'affairaient au milieu de cette brume dans laquelle James s'était déjà volatilisé.

— Où sont-ils ? demanda Albus.

Anxieux, il scrutait les formes imprécises qu'ils croisaient en s'avançant sur le quai.

— On va les trouver, lui répondit Ginny d'un ton rassurant.

Mais la vapeur était dense, et il était difficile de reconnaître les visages. Les voix, qui semblaient désincarnées, étaient étrangement sonores, comme surnaturelles. Harry aperçut Percy venu superviser l'arrivée des familles et décida de ne pas aller le voir tout de suite. Il avait sans doute beaucoup à faire. Il n'était rentré qu'une seule fois chez lui depuis le début de la crise.

— Je crois que c'est eux, Al, dit soudain Ginny.

Un groupe de quatre personnes émergea de la brume, à côté du tout dernier wagon. Ce fut seulement lorsque Harry, Ginny, Lily et Albus arrivèrent devant eux que leur visage devint net.

— Salut, dit Albus qui paraissait profondément soulagé.

Rose, déjà vêtue de sa toute nouvelle robe de Poudlard, lui adressa un sourire radieux.

— Alors, tu as réussi à ranger la voiture ? demanda Ron à Harry. Moi, oui. Hermione ne croyait pas que je puisse passer un permis de Moldu, et toi ? Elle pensait qu'il faudrait que je jette un sortilège de Confusion à l'examinateur.

— Ce n'est pas vrai, protesta Hermione. J'avais parfaitement confiance en toi.

— En fait, je lui ai vraiment jeté un sortilège de Confusion, murmura Ron à Harry pendant qu'ils chargeaient à bord du train la grosse valise et le hibou d'Albus. J'avais simplement oublié de regarder dans le rétroviseur et, entre nous, je peux très bien m'en passer en utilisant un charme Supersensoriel.

De retour sur le quai, ils trouvèrent Lily et Hugo, le jeune frère de Rose, discutant avec animation de la maison dans laquelle ils seraient envoyés le jour où ils iraient enfin à Poudlard.

— Si tu n'es pas à Gryffondor, on te déshérite, lança Ron. Mais je ne veux pas te mettre la pression.

— Ron ! soupira Hermione.

Lily et Hugo éclatèrent de rire, mais Albus et Rose avaient un air grave.

— Il dit ça pour rire, assurèrent Hermione et Ginny.

Mais Ron ne faisait plus attention à eux. Croisant le regard de Harry, il lui montra d'un discret signe de tête un endroit du quai situé à une cinquantaine de mètres. Pendant quelques instants, la vapeur s'était un peu dissipée, et trois personnes se détachaient nettement parmi les volutes de fumée.

— Regarde qui est là.

Drago Malefoy, un manteau sombre boutonné jusqu'au cou, était avec sa femme et son fils. Son front commençait à se dégarnir, ce qui accentuait son menton pointu. Le jeune garçon ressemblait à Drago autant qu'Albus à Harry. Apercevant Harry, Ron, Hermione et Ginny qui l'observaient, Drago leur adressa un bref signe de tête et se détourna.

— Voici donc le petit Scorpius, murmura Ron. Arrange-toi pour être toujours meilleure que lui en classe, Rosie. Dieu merci, tu as hérité l'intelligence de ta mère.

— Ron, pour l'amour du ciel, dit Hermione, moitié sérieuse, moitié amusée, n'essaie pas de les dresser l'un contre l'autre avant même qu'ils aient commencé l'école !

— Tu as raison, admit Ron. Désolé.

Mais, incapable de s'en empêcher, il ajouta :

— Ne sois quand même pas trop amie avec lui, Rosie. Grand-père Weasley ne te le pardonnerait jamais si tu épousais un sang-pur.

— Hé !

James avait réapparu. Il s'était délesté de sa grosse valise, de son hibou et du chariot et, de toute évidence, il avait une grande nouvelle à annoncer.

— Teddy est là-bas, dit-il, tout essoufflé, en pointant l'index par-dessus son épaule, vers le nuage de vapeur. Je viens de le voir ! Et vous savez ce qu'il faisait ? Il embrassait Victoire!

Il leva les yeux vers les adultes, manifestement déçu par leur absence de réaction.

Notre Teddy ! Teddy Lupin! En train d'embrasser notre Victoire ! Notre cousine ! Alors, j'ai demandé à Teddy ce qu'il faisait…

— Tu les as dérangés ? s'exclama Ginny. Tu es comme Ron…

— … et il m'a répondu qu'il était venu lui dire au revoir ! Et ensuite, il m'a dit de m'en aller. Il l'embrasse ! ajouta James comme s'il avait peur de ne pas avoir été assez clair.

Les quatre adultes échangèrent un regard amusé. Visiblement, les enfants n'avaient pas compris ce qu'avaient signifié les longues absences des deux aînés durant l'été.

— Oh, ce serait merveilleux s'ils se mariaient ! murmura Lily avec ravissement. Teddy ferait vraiment partie de la famille !

— On le voit tous les dimanches, et il passe régulièrement dîner à la maison, dit Harry. Pourquoi ne pas lui proposer d'habiter chez nous, comme ça, ce serait fait ?

— Ouais ! s'écria James avec enthousiasme. Je veux bien partager ma chambre avec Al… Teddy pourrait avoir la mienne !

— Non, répliqua fermement Harry. Al et toi, vous ne partagerez la même chambre que quand j'aurai décidé de démolir la maison.

Il consulta la vieille montre bosselée qui avait appartenu autrefois à Fabian Prewett.

— Il est presque onze heures, vous devriez monter dans le train.

— N'oublie pas de transmettre nos amitiés à Neville ! dit Ginny à James qu'elle serrait dans ses bras.

— Maman, je ne peux pas transmettre des amitiés à un professeur !

— Mais tu connais bien Neville…

James leva les yeux au ciel.

— En dehors de l'école, oui, mais en classe, c'est le professeur Londubat, tu comprends ? Je ne peux pas entrer en cours de botanique et lui transmettre des amitiés…

Il hocha la tête d'un air navré devant la sottise de sa mère et, pour se défouler, donna un coup de pied en direction d'Albus.

— À plus tard, Al. Fais attention aux sombrals.

— Je croyais qu'ils étaient invisibles ? Tu m'as dit qu'ils étaient invisibles!

James éclata de rire. Il autorisa sa mère à l'embrasser, étreignit brièvement son père puis bondit vers le train qui se remplissait rapidement. Ils le virent agiter la main vers eux avant de se précipiter dans le couloir du wagon pour retrouver ses amis.

— Tu n'as pas à avoir peur des sombrals, dit Harry à Albus. Ce sont des créatures très gentilles, elles n'ont rien d'effrayant. De toute façon, tu n'iras pas à l'école dans les diligences, on t'y emmènera en barque.

Ginny embrassa Albus.

— On se reverra à Noël.

— Au revoir, Al, dit Harry à son fils qui se serrait contre lui. N'oublie pas que Hagrid t'a invité à prendre le thé vendredi prochain. Ne t'approche pas de Peeves. Ne te bats pas en duel tant que tu n'auras pas appris à le faire. Et ne laisse pas James te raconter n'importe quoi.

— Et si je suis à Serpentard ?

La question qu'il avait murmurée était destinée uniquement à son père. Harry savait que seul le moment du départ pouvait forcer Albus à révéler à quel point sa peur était profonde et sincère. Il se reprocha d'avoir cru son cadet davantage aguerri contre les plaisanteries de son frère. Lui et Ginny auraient dû se montrer plus vigilants.

Harry s'accroupit, le visage de son fils un peu au-dessus du sien. Des trois enfants de Harry, Albus était le seul à avoir les yeux de Lily.

— Albus Severus, dit-il.

Il parlait à mi-voix pour que personne ne puisse l'entendre en dehors de Ginny. Elle eut le tact de faire semblant de ne pas écouter, adressant des signes de la main à Rose qui était montée dans le train.

— Tes deux prénoms t'ont été donnés, poursuivit Harry, en souvenir de deux directeurs de Poudlard. L'un d'eux était un Serpentard et il était sans doute l'homme le plus courageux que j'aie jamais rencontré.

— Mais dis-moi simplement…

— … si c'était le cas, alors Serpentard gagnerait un excellent élève, n'est-ce pas ? Pour nous, ça n'a pas d'importance, Al. Mais si ça en a pour toi, tu pourras choisir Gryffondor plutôt que Serpentard. Le Choixpeau magique tiendra compte de tes préférences.

— Vraiment ?

— C'est ce qui s'est passé pour moi, dit Harry.

Il n'en avait jamais parlé à ses enfants jusqu'à maintenant et lorsqu'il prononça ces mots, il vit sur le visage d'Albus une expression émerveillée. Harry se prit à espérer qu'il ait le courage de sortir de la dichotomie Gyffondor-Serpentard et qu'il envisage Serdaigle ou Poufsouffle, pour tracer son propre chemin.

Il voulut ajouter une remarque en ce sens, mais déjà les portes claquaient tout au long du convoi écarlate et les silhouettes floues des parents se massaient devant les wagons pour un dernier baiser, une dernière recommandation. Albus sauta dans le train, et Ginny ferma la porte derrière lui. À côté d'eux, des élèves étaient penchés aux fenêtres. De nombreuses têtes, dans les wagons et sur le quai, semblaient s'être tournées vers Harry.

— Pourquoi est-ce qu'ils te regardent comme ça ? interrogea Albus qui savait que son père n'appréciait pas être le point de mire de l'assemblée.

— Ne t'inquiète pas, plaisanta Ron. C'est à cause de moi. Je suis extrêmement célèbre.

Albus, Rose, Hugo et Lily éclatèrent de rire. Le train s'ébranla et Harry le suivit le long du quai, observant le visage mince de son fils, les joues déjà rouges d'excitation. Harry agitait la main et lui souriait, même s'il ressentait un peu comme un déchirement le fait de voir son fils s'éloigner ainsi de lui…

La dernière trace de vapeur se dissipa dans l'atmosphère de l'automne. Le train disparut dans un virage. Harry levait toujours la main en signe d'adieu.

— Tout se passera bien pour lui, murmura Ginny.

Harry la regarda puis, d'un geste machinal, il abaissa la main et caressa sur son front la cicatrice en forme d'éclair.

— J'en suis sûr.

Les dix-neuf années qui s'étaient écoulées lui avaient apporté de nombreuses satisfactions : un métier où il s'épanouissait, une communauté qui était devenue plus juste et plus ouverte, des amis de longue date dont il était toujours très proche, de nouvelles connaissances qui s'étaient ajoutées et une vie de famille qui le comblait…

Tout était bien.

Fin –


Voilà, c'est vraiment terminé cette fois.

Pour le moment, je n'ai pas de projet d'écriture. Peut-être que quelque chose viendra, peut-être pas, peut-être dans un autre fandom. Je ne peux pas le savoir à l'avance. Cela vient quand ça veut et sans que j'ai voix au chapitre.

En attendant, j'ai un programme très chargé ces prochains mois : relire cette saga et la mettre à disposition en format numérique et papier ; et puis avancer sur le projet de radio (voir plus bas).

Je ne peux pas terminer cette publication sans rendre hommage à ma formidable équipe de relecteurs : Fenice qui me tient la main depuis mes débuts en 2004 ; Lilou black avec qui j'ai eu une conversation sur l'épilogue du tome 7 qui m'a donné envie d'écrire cette histoire et qui, pour se faire pardonner, a accepté d'en corriger les premiers chapitres malgré la présence persistante de Ginny ; Andromeda, que j'ai connue sur La Pensine et qui a inspiré la scène du Feudeymon en me racontant des anecdotes sur son mari pompier ; Dina, elle aussi rencontrée sur La Pensine et qui est toujours là : Steamboat Willie qui s'est déplacée jusqu'à chez moi pour me convaincre de créer mon premier site internet (ffnetmodedemploi) ; Xenon qui m'a appris à écrire une enquête ; et bien sûr Monsieur Alixe qui me supporte vaillamment (dans tous les sens du terme).

Cette histoire ne serait pas ce qu'elle est sans eux. Merci pour leur aide et leur soutien.

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J'ai un peu de mal à l'idée de vous quitter comme ça. Alors je suis en train de construire un site autour de cette saga, où je pourrais vous donner des nouvelles de mes projets. C'est hp7troisquart. free. fr. J'y ai inauguré un fil d'actualité hier sur la page d'accueil. Passez-y de temps en temps.

Je serai aussi sur ce site, même sans y écrire. Je participe au forum francophone (voir sur mon profil), je reçois des alertes quand vous me laissez un mot (à ce propos, je risque de mettre un peu de temps à répondre à vos commentaires, priorité à la relecture de la saga).

A un de ces jours, on se recroisera sûrement...

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MISE A DISPOSITION DU TEXTE

A partir de décembre 2017, vous pourrez trouver les PDF/EPUB/MOBI de cette histoire (les 4 tomes) à télécharger gratuitement. D'autres éléments comme la liste des personnages, le calendrier des 19 ans, des informations diverses complèteront le site.
adresse : hp7troisquart. free. fr

2/ Pour le support papier, la commande reste possible jusqu'à mi-octobre. le prix est déterminé à 30 euros la série, frais de port compris. C'est le prix imprimeur + frais d'envoi (aucun bénéfice pour moi). Vous pouvez commander de l'étranger, on trouvera une solution.

Pour commander, passer par le formulaire que j'ai mis en ligne (voir le lien sur le site hp7troisquart. free. fr).

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