- LES SORCIERS -


Comme vous le savez tous, mon histoire exploite la série Harry Potter de J.K. Rowling, ainsi que tous les à-côtés officiels (notamment les interviews accordées après la sortie du tome 7).

A mes côtés, j'ai une super équipe de correcteurs qui font un travail formidable. J'ai nommé : Monsieur Alixe, Fenice, Steamboat Willie et Xenon.


Bonjour tout le monde !

Pour ceux qui viennent voir en curieux, cette histoire est la quatrième partie d'une saga qui couvre la vie de Harry, de ses proches et du monde magique en général entre la bataille de Poudlard et l'épilogue du tome 7 (19 ans en tout). La première partie s'appelle Les Survivants. Vous pouvez cependant jeter un œil sur ce chapitre, puisque tout le monde sait où nous allons (vers l'épilogue), il n'y a pas tellement de suspense.

Je suis consciente que ce premier chapitre manque un peu d'action et de dialogues, mais il fallait tout remettre en place après une si longue absence de ma part. Je vous rassure, il y a des chapitres plus animés, avec des enquêtes et des dialogues.

Pour vous qui me suivez depuis plus longtemps, j'espère que l'année qui vient de s'écouler a été bonne pour vous et que vous avez eu de bonnes lectures. Je suis désolée du délai qui vient de s'écouler, j'ai un an de retard sur mes prévisions, mais j'avais besoin de lever le pied sur cette histoire et de me consacrer à d'autres projets. Je n'ai jamais envisagé l'abandonner et je suis toujours fermement décidée à la terminer.

Je vous préviens cependant que la totalité de cette partie 4 n'est pas écrite. Je ne poste donc dans un premier temps une tranche de 6 chapitres qui couvrent 1 an de temps fictionnel.

Bon, assez parlé, place à la lecture…

[Note : aujourd'hui (10 ans après cette publication), l'histoire est bien terminée Il est possible de télécharger en livre numérique et même de commander sur les livres en format papier. Voir sur le site hp7troisquart . free . fr]


I : Une action hors du commun

Chronologie :

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny

20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique

17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter

04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley

26 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter

16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter

28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley

décembre 2009 : Harry devient commandant des Aurors

30 juin 2011 : Inauguration du musée de la Magie

Période couverte par le chapitre : 1er juillet 2011


Comme chaque matin, Harry fit le tour des bureaux des Aurors pour saluer chacun de ses subordonnés en arrivant au QG.

Il avait pris cette habitude après son entrée en fonction, et en avait très vite vu les bénéfices. Non seulement cela incitait ses équipes à arriver tôt, mais cela leur permettait de lui soumettre leurs questions ou leurs petits problèmes. De son côté, il en profitait pour prendre des nouvelles de chacun et discuter quelques minutes avec eux avant que ses nombreuses activités ne l'absorbent complètement.

La seule table devant laquelle il n'appréciait pas de s'arrêter était celle de Cyprien Muldoon. Comme aux autres, il lui serrait la main et lui demandait comment il allait, mais la question n'était pas plus sincère que l'invariable « Très bien » qu'il recevait en réponse.

En dix-huit mois, rien n'avait changé entre les deux hommes. Ils avaient toujours une conception sensiblement différente du métier qu'ils partageaient. À chaque innovation que Harry avait proposée, il avait lu le refus, voire le mépris, dans les yeux de son subordonné. Toutefois, Muldoon n'avait jamais prêché la sédition, et Harry le laissait faire à sa guise, considérant qu'il ne mettait pas en péril son autorité.

Les affaires qu'il confiait à l'Auror réfractaire constituaient cependant l'un des seuls points de friction entre Harry et son adjoint, Stanislas Pritchard. Celui-ci préconisait de mettre Muldoon sur des enquêtes requérant beaucoup d'expérience, ce qui correspondait effectivement au profil de l'Auror senior. Mais Harry n'arrivait pas à accorder sa confiance à un homme qui ne suivait pas les entraînements en duel du samedi matin et qui pouvait leur faire perdre un procès par son refus de prendre en compte la réforme des procédures criminelles. De ce fait, il le cantonnait dans des missions mineures. C'était peut-être du gâchis, mais le jeune commandant estimait que c'était la mauvaise volonté dont son subordonné faisait preuve qui en était la cause.

Après leur habituel salut convenu, il termina sa tournée et arriva enfin à son bureau.

— Alors, tout s'est bien passé, hier ? lui demanda Stanislas.

La veille, Harry avait participé à l'inauguration du musée de la Magie créé par Ginny, Fleur et Andromeda.

— Très bien, tout le monde semblait content. Aujourd'hui, c'est l'ouverture officielle. Je n'ai même pas vu ma femme ce matin !

Il n'avait trouvé à côté de lui en se réveillant qu'un petit mot proposant qu'ils se retrouvent le soir au Terrier pour récupérer leurs enfants hébergés depuis la veille par leurs grands-parents.

— Toute la presse en parle, lui assura Pritchard en désignant le tas de journaux qu'il épluchait chaque matin.

Dans les premières années qui avaient suivi sa victoire contre Voldemort, Harry avait renoncé à lire la presse, ne désirant pas apprendre ce qu'on disait de lui. Il avait cependant dû reprendre l'habitude de s'informer quand il était devenu commandant des Aurors.

Si l'on exceptait les piques subtiles lancées par Rita qui avait réussi à l'interviewer au début de sa prise de fonction, les journaux avaient été relativement neutres à l'annonce de sa promotion, relatant sa nomination comme une suite logique du service qu'il avait rendu à sa communauté en la débarrassant de Celui-dont-on-ne-prononçait-toujours-pas-le-nom. Ses dix ans au sein du corps des Aurors avaient été rappelés, ainsi que les arrestations les plus marquantes qui avaient jalonné sa carrière. Son implication dans la modernisation des moyens de preuve avait aussi été révélée au grand public, ainsi que les séances d'entraînement qu'il organisait depuis des années.

La suite avait été moins idyllique : au cours des mois suivants, chaque opération ne se terminant pas par une victoire éclatante de ses services donnait lieu à des articles qui marquaient leur incompréhension face à ces manquements. C'était comme si la présence d'un Survivant à la tête du bureau des Aurors devait garantir l'arrestation rapide et systématique de tous les criminels du monde sorcier !

La première vague de critiques l'avait désarçonné. Heureusement, il avait à ses côtés Stanislas Pritchard. Son adjoint n'avait pas passé les articles sous silence, comme l'avaient fait ses autres collègues, ni ne s'était répandu en protestations rageuses, comme son épouse outrée de le voir mis en cause. Non, Stanislas avait repris chacun des dossiers et les avait revus avec Harry pour déterminer si une erreur avait été commise et s'il y avait des leçons à en tirer.

Harry avait fini par admettre que toutes les affaires ne pouvaient être résolues. Certains criminels se montraient assez subtils pour déjouer les Aurors et tout le monde pouvait faire des erreurs. Il avait appris à doser les compliments et les critiques qu'il adressait à ses subordonnés en prenant en compte les difficultés rencontrées lors des enquêtes, et non en fonction de la pression de l'opinion publique. Cette attitude avait été très appréciée par ses collègues qui s'étaient sentis soutenus et évalués à leur propre valeur.

Ce matin-là, La Gazette du Sorcier annonçait sur sa Une l'ouverture du musée de la Magie, et le compte-rendu du rédacteur en chef s'étalait sur la moitié de la page 3. Harry parcourut l'article avec attention : visiblement Harold Tribune avait beaucoup aimé ce qu'il avait vu. Harry paria pour une affluence importante au cours de l'été ; il n'allait pas souvent voir Ginny.

Il n'ignorait pas qu'il ne fallait pas pour autant compter sur des louanges unanimes. Pour commencer, il était bien placé pour savoir que toute personne qui entreprend une action hors du commun est critiquée. D'autre part, Ginny et ses deux associées avaient fait des choix politiques qui ne seraient pas appréciés par tous les sorciers.

Mais il était temps qu'il s'occupe de son propre travail. Comme chaque matin après la revue de presse, son adjoint lui résumait les rapports déposés par les hommes et femmes de la brigade. Il tenait ainsi Harry au courant de l'avancée des affaires en cours et lui soumettait les points qui lui paraissaient mériter une décision. Fallait-il donner du renfort à une équipe ? Se pencher sur une enquête qui n'avançait pas comme prévu ? Changer un binôme qui ne s'entendait plus ou qui n'était pas assez complémentaire ?

Harry ne s'était pas montré pressé de modifier les affectations. Il savait qu'elles dépendaient d'un équilibre subtil, et il n'était pas certain d'y arriver aussi bien que son prédécesseur. Cependant, certaines affaires avaient demandé des compétences spéciales, et il avait cherché à apparier ceux qui les capitalisaient. Il avait donc pu juger d'autres agencements qui lui avaient apporté satisfaction ou qui, au contraire, appelaient à ne pas être renouvelés.

Il n'avait pas non plus lancé de nouveaux recrutements, préférant attendre de se sentir complètement à l'aise dans son rôle avant de faire rentrer de nouvelles têtes dans la brigade. Il savait cependant qu'il devait un jour en faire. Quand il avait hérité du commandement des Aurors, cela faisait déjà plusieurs années que Dave Faucett n'avait pas pris d'aspirants. Les temps étaient calmes, et la trentaine d'hommes qu'il avait sous ses ordres suffisaient à gérer les affaires de magie noire et les enquêtes sur les morts suspectes.

Il savait cependant qu'il devrait s'en préoccuper dans les prochaines années. Outre qu'il était recommandé de ne pas laisser trop d'années de différence entre les diverses arrivées d'Aurors, la population sorcière croissait lentement. Les dix années qui avaient précédé la naissance de Harry, les sorciers avaient mis moins d'enfants au monde car les temps étaient troublés, avec une exception notable dans la famille Weasley. De nombreux décès avaient aussi fait baisser le nombre de parents potentiels.

Après la disparition de Voldemort en 1981, il y avait eu recrudescence des naissances. L'effectif de la classe de Demelza, par exemple, était deux fois supérieur à celui des promotions de Harry ou de Ginny. Cette génération était parvenue à l'âge adulte juste après la guerre. Une autre vague de bébés était arrivée un an après la bataille de Poudlard. Ils sortiraient de l'école dans six ans maintenant, et ils n'auraient jamais connu de période de conflits.

Harry revint au temps présent : il avait des papiers à signer, et il fallait qu'il s'entretienne avec Richard Wellbeloved et Angelina, qui semblaient peiner sur leur enquête en cours. Peut-être qu'une conversation avec Stanislas et lui-même permettrait de faire naître des idées utiles.

L'après-midi, le commandant des Aurors comptait se rendre à la Maison de Justice où allait se tenir un procès. C'était une affaire d'Imperium au sein d'une famille. La mère jetait ces sortilèges pour contraindre ses jeunes enfants à rester tranquilles. Or elle utilisait le plus souvent la baguette de sa propre mère, qui vivait dans son foyer, pour jeter ses sorts coupables. Cela avait rendu l'identification de la magie délicate, car une baguette qui a servi longtemps la même personne a tendance à colorer l'empreinte magique de celui qui l'utilise. Cela avait troublé l'enquête : la baguette contenant les sorts fautifs appartenait à une personne trop affaiblie magiquement pour les lancer, et aucun autre membre de la famille n'avait l'empreinte correspondant exactement au sort trouvé sur l'un des enfants. Heureusement, le partenaire de Seamus Finnigan, Nat Proudfoot, n'était pas né de la dernière pluie. Il avait fini par comprendre l'astuce. Harry espérait que leurs preuves seraient considérées comme suffisantes.

Mais avant tout, il devait participer à la réunion hebdomadaire des chefs de service du département de la Justice magique. Cette réunion permettait à tous les acteurs de la justice de parler des dossiers importants, de se maintenir informés de ce que faisaient les autres. Harry n'aimait pas spécialement s'y rendre et y envoyait parfois Stanislas, mais il savait qu'il avait besoin de rencontrer ses collègues pour entretenir des liens avec eux. C'est pourquoi il s'astreignait à y aller le plus régulièrement possible.

Il ne se dit rien de passionnant ce matin-là, et Harry fut heureux quand arriva l'heure du déjeuner qui marquait la fin de la rencontre. Il mangea avec son adjoint, puis partit pour assister au procès. Trois heures plus tard, il eut la satisfaction de voir son accusée sortir entre deux gardiens. D'ici quelques jours, elle dormirait à Azkaban.

Enfin, après une fructueuse discussion avec Angelina et son partenaire, le commandant des Aurors quitta son bureau à dix-huit heures. Teddy revenait ce soir-là de Poudlard, et Harry tenait à accueillir son filleul sur le quai de la gare. Il ne doutait pas qu'Andromeda y serait. Même l'ouverture au public du musée sur lequel elle travaillait depuis un an ne suffirait pas à la détourner de ses devoirs de grand-mère.

En effet, elle était déjà arrivée quand Harry traversa le mur et déboula sur le quai.

— Alors, comment s'est passée cette journée ? demanda l'Auror.

— Très bien, répondit-elle d'un ton distrait en tendant l'oreille pour distinguer le bruit caractéristique du train à vapeur.

Déjà, on voyait se profiler la haute cheminée de la locomotive et bientôt les wagons défilèrent devant eux. Andromeda était presque sur la pointe des pieds, tellement elle se tendait pour tenter d'apercevoir son petit-fils. Celui-ci lui avait à l'évidence beaucoup manqué. Harry était lui aussi heureux de revoir son filleul, mais les trois enfants qu'il avait à la maison n'avaient aucun mal à meubler son attente entre chaque période de vacances.

Bientôt, un adolescent boutonneux se tint devant eux. Il avait encore grandi, remarqua Harry. Il était assez trapu par rapport à ses camarades — ses deux parents n'étaient pas spécialement grands — mais il prenait assez de centimètres entre chacun de ses congés pour que son parrain le trouve changé. Il s'avança pour recevoir le bref baiser de sa grand-mère. Si l'affection que celle-ci lui portait ne faisait aucun doute, elle restait toujours réservée dans ses manifestations. Certainement un reste de sa stricte éducation. Cela évitait à Teddy les embrassades d'autres parents plus expansifs qui semblaient embarrasser bon nombre d'élèves se trouvant autour d'eux.

Harry se souvenait combien Ron craignait les débordements maternels, surtout en public. De son côté, il n'était jamais très à l'aise à cette époque quand Molly le prenait dans ses bras, même s'il aurait été peiné qu'elle ne le traite pas comme l'un de ses enfants. Il est vrai qu'il n'avait pas l'habitude de ce genre de contact et ne savait pas vraiment y répondre. Depuis, Ginny le lui avait appris, et ses propres enfants ne manquaient pas de câlins de sa part.

L'Auror se contenta cependant donner une brève accolade à Teddy pour ménager sa susceptibilité devant ses camarades de classe. Le regard qu'ils échangèrent et leur sourire suffirent à transmettre la joie qu'ils avaient de se revoir.

— Ton voyage s'est bien passé ? demanda Andromeda. Et tes examens de fin d'année, tu as eu de bonnes notes ?

— Je n'ai pas eu de T, grand-mère, ne t'en fais pas, la tranquillisa le jeune homme.

À la déception patente de la vieille dame, son petit-fils était loin de briller dans ses études. Il n'était pas si mauvais, mais travaillait juste le minimum pour se maintenir à une moyenne de Acceptable. Les Efforts exceptionnels ne faisant pas mentir leurs libellés et restaient excessivement rares. Les Optimal n'avaient jamais été invités sur les copies de Teddy. Toute la famille était persuadée qu'il était parfaitement capable d'obtenir de meilleures notes en portant davantage d'intérêt à ses études. Mais le jeune homme préférait passer son temps à s'entraîner au Quidditch — il avait réussi à décrocher une place de batteur dans l'équipe de sa maison — et à bricoler dans le cadre de son club de Sciences des Moldus.

Cette activité parascolaire était proposée aux élèves de première et deuxième année, depuis la fin de la guerre. C'était l'équivalent des cours de technologie enseignés dans les collèges moldus, très axés sur les expériences et les travaux pratiques. En troisième année, les élèves pouvaient choisir cette matière en option. Harry était persuadé que Teddy suivrait ce cours l'année suivante, car il montrait une grande habileté dans ce domaine. Ron et George, en voyant le résultat de son travail aux précédentes vacances, lui avaient proposé un stage dans leur boutique pendant l'été. Teddy avait accepté avec empressement.

— Et ton musée ? demanda-t-il à sa grand-mère. J'ai vu qu'ils en parlaient dans le journal, ce matin. Tu es contente ?

— Oui, tout s'est bien passé hier et aujourd'hui, répondit-elle en lui lançant un regard pour lui montrer qu'elle n'était pas dupe de l'intérêt soudain de son petit-fils pour ses occupations. Je pense qu'on en parlera au dîner.

Elle ne précisa pas qu'ils mangeraient au Terrier : à chaque retour de Teddy, le premier repas était pris en famille à la table d'Arthur et Molly. Personne n'aurait eu à l'idée d'y déroger, pas même Charlie qui travaillait toujours dans une réserve de dragons en Chine.

Harry sortit sa baguette pour faire léviter la malle du collégien vers les chariots qui étaient à leur disposition en bout de quai, à proximité du mur qu'ils devaient franchir pour passer du côté moldu de la gare. Ce n'était pas par galanterie envers Andromeda qu'il jouait au portefaix : c'était surtout pour avoir l'air occupé et feindre de ne pas remarquer tous les saluts plus ou moins discrets qui lui étaient adressés par les autres parents. S'il avait dû y répondre, il aurait ressemblé à un roi saluant son peuple, et il s'y refusait. Quand il sortait dans les lieux sorciers, il modifiait ordinairement son apparence pour se promener tranquillement. Mais il répugnait à prendre les traits d'un autre pour accueillir son filleul et devait donc subir les conséquences de sa popularité.

La plupart des sorciers vivants dans un lieu magique se précipitaient vers la cheminée la plus proche pour rentrer chez eux. Pour ne pas avoir à faire la queue, Harry, Andromeda et Teddy prirent le bus moldu vers le Square Grimaud d'où ils pourraient utiliser le réseau de Cheminette. Le collégien salua donc Miffy et Trotty, les elfes qui travaillaient chez Harry, avant de rejoindre le reste de la famille.

Quand ils débouchèrent dans le salon du Terrier, une pétarade les accueillit et, juste en dessous du plafond, un cierge magique écrivait en couleurs BIENVENUE TEDDY !

— Pas dans la maison, je l'ai déjà dit ! protesta Molly.

— Mais, Maman, tout l'intérêt est dans l'effet de surprise, expliqua Ron.

— Je suis certaine que Teddy sera très surpris de retrouver la maison en cendres, jugea Hermione.

— Salut Teddy ! Comment tu trouves nos dégradés ? s'enquit George.

— C'est votre tête que je vais dégrader, menaça Ginny. Vous n'êtes pas fous de faire un bruit pareil ? J'en ai les oreilles qui bourdonnent.

— Calmez-vous, les enfants ! cria Angelina aux petits qui sautaient sur le canapé pour tenter de toucher les lettres qui flottaient toujours au-dessus de leur tête.

— Le D et le Y jurent un peu, répondit Fleur à la place de Teddy. Je ne mettrais pas du rose à côté de l'orange, si j'étais vous.

Arthur se porta à la rencontre des nouveaux arrivés qui s'étaient arrêtés devant l'âtre.

— Bon retour parmi nous, Teddy, annonça-t-il de son habituelle voix douce.

Il fallut une bonne heure pour que tout le monde se retrouve autour de la table. Harry parcourut du regard la nouvelle génération : Teddy, qui venait de terminer sa seconde année à Poudlard, parlait avec Victoire qui y rentrerait en septembre. Sa sœur Dominique, qui venait d'avoir huit ans, était en grande discussion avec Frederick, l'aîné de George et Angelina — il faudrait se méfier, une blague était sans doute en préparation. Louis, le petit dernier de Bill et Fleur, Rose et Albus, tous trois âgés de cinq ans, riaient des pitreries de James qui en aurait six deux semaines plus tard. On avait déjà nourri la classe des « trois ans » : Roxanne, la sœur de Frederick, Lily et Hugo. Ils étaient en pyjama et jouaient dans le salon attenant à la cuisine. Une fenêtre magique avait été aménagée dans le mur entre les deux pièces pour qu'on puisse les surveiller. Quand à la petite Molly, la fille de Percy et Audrey qui avait seize mois, elle était déjà couchée.

Harry reporta son regard vers son épouse. Ses cheveux roux étaient rassemblés en chignon, coiffure qu'elle avait adoptée depuis qu'elle représentait le musée de la Magie. Cela lui donnait un petit air sérieux que Harry ne détestait pas. Cependant, c'est quand elle retirait ses épingles et que sa chevelure tombait en vagues sur ses épaules qu'il la trouvait la plus séduisante. À trente ans, il la trouvait encore plus belle que lorsqu'il l'avait embrassée pour la première fois quinze ans auparavant. Il aimait ses gestes pleins d'assurance, le petit froncement de sourcils qu'elle adoptait quand elle se trouvait en présence d'une difficulté et qu'elle cherchait la manière de la contourner. Il se souvenait de l'adolescente brûlant de faire ses preuves. Il lui préférait incontestablement l'adulte plus sûre d'elle-même, connaissant ses compétences et acceptant ses limites. Elle leva les yeux vers lui, et ils se sourirent. Après sept ans de mariage, ils appréciaient toujours autant de se retrouver à la même table et dans le même lit chaque soir.

Autour d'eux, les frères Weasley étaient tous venus : Charlie avec ses traits burinés par le vent et le poil parfois brûlé par le souffle ardent des dragons — un roux peut-il avoir le poil roussi ? se demandait parfois Harry. Bill avait le bras passé autour des épaules de Fleur qui n'avait rien perdu de sa capacité à enchanter les mâles qui croisaient sa route, ce que Ginny exploitait sans remords pour le bien de son entreprise. George avait maintenant retrouvé sa capacité à rire, mais il regardait toujours régulièrement en direction des photos de Fred qui les suivaient de pièce en pièce au Terrier. La première fois que Harry était allé chez George et Angelina, il avait été surpris de ne trouver aucune représentation du jumeau disparu. Puis il avait trouvé qu'il était sage de la part du couple de ne pas passer leur vie sous le regard de celui qui leur manquait autant. Ils devaient aller de l'avant, vivre leur vie sans se laisser emprisonner par le passé. Retrouver Fred à la maison familiale était suffisant. Harry ne doutait pas, cependant, que le disparu accompagnait quotidiennement les pensées de son jumeau et de son ancienne fiancée.

Ron et Audrey discutaient avec de grands gestes, tentant visiblement de se convaincre mutuellement. C'était devenu une habitude : la Moldue défendait avec fougue le système libéral, qu'on lui avait assuré être le meilleur modèle économique, tandis que Ron se faisait l'apôtre d'un système plus régulé. Hermione et Percy échangeaient de leur côté des informations politiques, sous l'écoute attentive d'Arthur qui peu à peu se dégageait de ses activités de chef de département, mais restait très intéressé par ce qui se passait au ministère. Angelina se tenait près d'eux, mais elle avait le regard dans le vague. Harry était certain qu'elle pensait à son enquête en cours et anticipait les interrogatoires qui étaient prévus pour le lendemain.

Molly surveillait les enfants d'un œil, la cuisson de son repas de l'autre, participait aux diverses conversations, écartait le couteau que James tenait dangereusement près de ses cousins, relevait le verre renversé de Louis et épongeait l'eau répandue de sa baguette.

Comme à l'accoutumée, chacun parlait fort pour se faire entendre, augmentant la cacophonie ambiante.

— Je suis heureuse que Teddy connaisse ce genre d'atmosphère familiale, fit remarquer Andromeda à Harry. Sans vouloir la comparer à ce que j'ai connu de ma propre enfance, je vois bien que je n'ai pas su donner cela à ma fille.

— Il vous manquait une dizaine d'enfants pour y parvenir, répartit Harry.

— Mes sœurs ne m'ont pas apporté beaucoup de satisfactions, fit la grand-mère avec nostalgie. J'ai voulu offrir à Dora la tranquillité que j'aurais souhaitée. J'ai eu peur de la compétition qui peut exister entre les enfants, et qui transforme toute activité en combat sans merci. Mais c'est stupide d'élever ses enfants en fonction de ce qu'on aurait soi-même voulu. Je pense que la compagnie des autres a beaucoup manqué à Dora et qu'elle était, en tout état de cause, hors compétition avec son don de métamorphose.

— On ne peut pas savoir à l'avance, remarqua Harry. Après coup, on s'est rendu compte qu'Albus était arrivé trop tôt et que James aurait eu besoin d'être seul plus longtemps. Mais maintenant qu'ils sont là, comment regretter la présence d'Albus et de Lily ? Nul ne sait si Tonks aurait été plus heureuse avec des frères et sœurs, compléta-t-il. Elle a mené sa vie et nous a laissé un merveilleux petit garçon.

— Oui, inutile de réécrire le passé, convint Andromeda. Faire de notre mieux avec la situation telle qu'elle se présente nous occupe déjà bien assez.

Finalement, tout le monde arriva à se caser autour de la table. Avec l'agrandissement de la famille par mariages et enfantements, l'ancienne cuisine était devenue bien trop petite. Deux ans auparavant, Ron avait envoyé des artisans chez ses parents avec mission de l'agrandir. À l'occasion, tout le mobilier avait été changé, mais Molly avait tenu à garder la vieille table qui datait de son mariage. On l'avait dotée de rallonges amovibles pour permettre à toute la famille de manger à l'aise.

Le canapé et autres meubles du salon avaient déjà été renouvelés quelques années auparavant ; ils étaient donc restés en état mais la pièce avait été élargie et d'autres sièges avaient été ajoutés pour prendre en compte l'accroissement familial.

Malgré la magie qui permettait d'optimiser l'intérieur d'un espace, la forme générale de la maison avait été modifiée et l'habitation apparaissait désormais plus ventrue. George avait déclaré qu'il fallait désormais appeler le foyer de ses parents « Le Crapaud », mais personne n'avait souscrit à cette proposition.

La conversation du début du repas roula sur Poudlard. Toute la famille aimait avoir des nouvelles de l'école de sorcellerie. Cela rappelait de bons souvenirs aux plus âgés, et cela passionnait les plus petits qui savaient qu'ils seraient appelés à s'y rendre un jour. Teddy fut prié de donner des nouvelles de tous les professeurs que connaissait la famille. Visiblement, il n'était pas venu à l'esprit du collégien que ses enseignants puissent être des personnes à part entière ayant une vie en dehors de leur salle de classe. Il fut donc bien en peine de répondre aux diverses questions. Sans doute allaient-ils bien puisqu'ils avaient trouvé le moyen de concevoir des questions pour l'examen de fin d'année et avaient corrigé les copies sans bienveillance particulière. Par contre, il se montra très prolixe sur la manière déloyale dont les Serdaigle avaient gagné la Coupe des Quatre maisons en apprenant par cœur leurs leçons pour être incollables et rafler le maximum de points. Et c'est avec répugnance qu'il dut admettre que c'était les Serpentards qui avaient dominé le championnat de Quidditch.

— C'est à cause de notre gardien, affirma-t-il. Il n'est pas mauvais, mais il perd ses moyens les jours de match. C'est nul, on ne peut pas gagner avec une passoire pareille !

— Ce n'est pas un poste facile, argumenta Ron.

Enfin, avec le plat principal, Ginny fit le compte-rendu de sa journée.

— On pensait avoir du monde mais de manière modérée, vu que les enfants n'étaient pas encore rentrés de Poudlard. Des journalistes qu'on n'avait pas invités hier, quelques curieux… Mais plein de parents sont venus se renseigner pour savoir si ce serait adapté à leur progéniture.

— Nous les avons incités à se rendre compte par eux-mêmes en leur vendant des billets qu'ils pourront réutiliser quand ils reviendront en famille, compléta Fleur. C'est pour ça qu'on n'a pas arrêté.

— Ce ne sont pas les elfes qui accompagnent les visiteurs ? interrogea Arthur.

— Si, mais ils ne sont pas encore complètement au point, et on les aide à réguler les groupes, expliqua Ginny. Oh, Andromeda ! On a eu la visite de Caedmon Selwyn, juste après que tu es partie chercher Teddy.

Caedmon Selwyn était le président du groupe politique Magie, Quidditch et Tradition, qui occupait le rôle du parti d'opposition dans le monde sorcier britannique. La Gazette du Sorcier lui offrait régulièrement des tribunes qui critiquaient les idées développées dans Alternatives Magiques, l'hebdomadaire progressiste de Lee et Padma Jordan.

— Bon, réagit Andomeda, au moins on sait ce que contiendra le journal demain.

— Heureusement que beaucoup de monde est venu se faire sa propre opinion, commenta Ginny. Les remarques fielleuses auront moins d'impact.

— À partir du moment où vous aviez l'appui du ministère, vous aviez nécessairement les critiques de MQT, jugea Percy.

— C'est idiot, décréta Ginny. Comme si quiconque pouvait avoir toujours tort ou raison.

— Selwyn sera ravi d'apprendre que tu estimes qu'il peut parfois avoir raison, la taquina Harry.

Il jeta un regard à Ron, qui lui retourna un clin d'œil. Le maître de la guilde des Artisans n'était pas complètement opposé aux arguments soutenus par Selwyn en matière économique. Harry n'avait pas d'opinion à ce sujet, par manque de connaissances, mais il soutenait loyalement les orientations de son ami, même si cela signifiait concéder des points à une personne qui ne partageait pas leurs valeurs humanistes.

Cela faisait maintenant sept ans que Ron avait pris la tête de la guilde. Harry se souvint de son manque d'assurance des débuts, sa crainte de ne pas être à la hauteur des responsabilités que cela impliquait. Mais son sens du devoir l'avait poussé à faire de son mieux, à apprendre de ses erreurs et à écouter les bons conseils. Il avait rapidement mûri et avait été reconduit au bout de cinq ans, avec près de quatre-vingts pour cent des voix. Il était désormais à l'aise dans son rôle, sans pour autant laisser les honneurs lui monter à la tête. Harry était d'ailleurs certain que si l'orgueil s'emparait de son ami, toute sa fratrie, dont les capacités de raillerie n'étaient plus à prouver, saurait y mettre bon ordre.

La suite du repas roula sur le programme des deux prochains mois. Comme chaque année, les familles devaient investir le Terrier et planter des tentes dans le jardin pour que chacun ait un lit. Il fut décidé que tout le monde s'installerait dès le lendemain qui était un samedi. Le lundi, ceux qui n'étaient pas en vacances pourraient se rendre à leur travail le matin en laissant leurs enfants aux bons soins de ceux qui demeureraient sur place. Les elfes, qui refusaient de prendre des vacances, et des nounous engagées pour l'été serviraient de renfort pour s'occuper des douze enfants.

Ginny et Fleur avaient prévu de s'occuper tout l'été de leur musée ; elles se reposeraient en septembre. Andromeda les seconderait en fonction de l'emploi du temps de Teddy. Harry avait annoncé qu'il resterait de garde tout l'été au QG des Aurors pour prendre ses congés en même temps que sa femme. Par contre, la plupart des autres adultes auraient au moins deux semaines de repos qu'ils passeraient en famille.

— Il va falloir remonter les cabanes, décida Teddy. Je pourrais inviter mes copains à venir quelques jours ?

— C'est toujours David et la petite Isabel ? s'enquit Molly. Ils sont très bien élevés.

— Oui, c'est ça, convint Teddy en rosissant à la mention de sa petite camarade, ce qui fit échanger des regards amusés aux femmes de la famille.

— Hé, on compte sur toi pour nous aider à fabriquer des produits, rappela Ron. On a beaucoup de ventes en été.

— Il ne doit pas faire de magie, rappela Andromeda.

— La plupart des manipulations sont manuelles, lui assura George.

Personne ne fut dupe. Mais il était parfaitement impossible de détecter la magie d'un mineur au cœur de la débauche de sorts utilisés dans l'arrière-boutique des Sorciers Facétieux, et une certaine tolérance prévalait quand la magie juvénile était bien encadrée.

— D'accord, je viens lundi ?

— Oui, autant commencer tout de suite, l'encouragea Ron. Cinq gallions par semaine, et on t'accorde un congé quand tes copains seront ici, ça te va ?

— Ça marche !

— Vous avez dit que j'aurai le droit d'apprendre à monter en balai l'été avant Poudlard, rappela Victoire.

— Je te donne ta première leçon dès demain, lui promit son père.

— Et moi ? demanda Dominique.

— Tu attendras d'avoir onze ans comme moi ! lui assena la future collégienne.

— Vic, ne parle pas à ta sœur comme ça. Ma chérie, tu connais la règle, c'est non, trancha Fleur.

— Pff ! c'est toujours les mêmes qui s'amusent, protesta Dominique.

— Allons, allons, intervint Arthur. Tu pourras venir avec moi au village moldu. J'ai vu qu'ils avaient installé une fête foraine.

Pendant que tous les autres enfants demandaient à leur grand-père de les emmener aussi, Harry et Ginny échangèrent un sourire. Après avoir élevé sept enfants, Arthur semblait grandement apprécier de s'occuper de la génération suivante.

ooOoo


Notes:

Ce n'est pas un hasard complet si j'ai voulu que Molly soit attachée à sa table de cuisine. J'avais en tête un joli texte RedSioda dont le titre est ' La Table '(/s/4057483/1/La_table)

J'ai plein de choses à vous dire après une si longue absence.

Pour commencer, bienvenue à ceux qui ont découvert mon texte durant cet intervalle.

Normalement, j'ai répondu à tous ceux qui étaient connectés. Pour les autres, j'ai fait un rattrapage sur mon forum personnel (sur ce site) pour tous les messages postés en commentaires de cette saga (Les Sorcier, Les Bâtisseurs, Les Réformateurs) d'octobre 2010 à ce jour.

C'est à cette adresse : (fanfiction net)/topic/55667/54271435/1/

Les commentaires non connectés pour cette histoire y seront également postés.

En parlant de forum, je vous invite tous à venir nous rendre visite sur le forum francophone qui est à la disposition de tous les usagers de ce site (voir le lien sur mon profil). Vous y trouverez des endroit pour discuter, d'autres pour exposer vos problèmes techniques et aussi une "bibliothèque" qui proposer les meilleures fics du site. Des jeux sont également organisés, notamment les fameuses "Nuits du FoF" (un thème par heure toute la soirée et une partie de la nuit).

Je tente aussi de lancer une campagne nationale dont vous êtes le héros : une plaquette d'information a été rédigée à l'intention des profs de français (et éventuellement les bibliothécaires) et vous pouvez tous la télécharger et la distribuer (ouvertement ou secrètement). Voir plus de précision sur mon profil.

Comme vous voyez, j'ai été très occupée, ce qui explique ma longue absence.

A la semaine prochaine (le samedi matin), avec "Travail d'été".


La nouvelle génération

Les grands (+ de 11 ans)

Teddy (Remus et Dora LUPIN-TONKS) : Mars 1998

Victoire (Bill et Fleur WEASLEY-DELACOUR) : 2 mai 2000

L'âge de raison (7-8 ans)

Dominique (Bill et Fleur WEASLEY-DELACOUR) : 20 juin 2003

Frederick (George et Angelina WEALSLEY-JOHNSON) : 28 décembre 2003

Les moyens (5-6 ans)

James (Harry et Ginny POTTER-WEASLEY): 17 juillet 2005

Louis (Bill et Fleur WEASLEY-DELACOUR) : octobre 2005

Rose (Ron et Hermione WEASLEY-GRANGER) : 04 janvier 2006

Albus (Harry et Ginny POTTER-WEASLEY) : 14 juin 2006

Les petits (3 ans)

LilyLuna (Harry et Ginny POTTER-WEASLEY) : 16 mai 2008

Markus (Dudley et Sarah DURSLEY- MALONE) : avril 2008

Roxane (George et Angelina WEALSLEY-JOHNSON) : 13 février 2008

Hugo(Ron et Hermione WEASLEY-GRANGER) : 28 juin 2008

Le bébé (16 mois)

MollyII (Percy et Audrey WEASLEY- GIORDIANO) : 16 févier 2010

Toute la liste des personnages : document/d/1AkzV4KGGRY6lD0fZc4k7io8_Dq5WrBc2bQ8-4NB8G1w/edit?authkey=CPWcrt8D