Ce chapitre est bien de moi et il est la réponse au chapitre précédent.


Pansy était figée devant la vieille fenêtre de son dortoir. Les reflets lumineux parsemés de vert et d'argent sur la vitre mouillée avaient un côté tout à fait captivant. Ce vert… il avait le don de calmer la serpentarde. Il était de la couleur des sapins et de la plus part des serpents des clichés d'enfance. Le bruit de la pluie qui n'avait cessé depuis la veille la renvoyait à sa propre humeur. Morne… triste… assommante et incessante.

Elle était là assise, il y avait eut ces derniers jours quelques bouleversements en rapport avec Hermione et sa copine, deux de ses exes. En y repensant elle se rendait compte que son entourage proche était constitué de ses exes et de sa copine. Elle esquissa un sourire en se disant qu'il était quelque part nécessaire qu'elle reste avec Millicent, ne serais-ce que pour ne pas se lancer dans d'autres aventures qui compliqueraient encore son existence. Elle en avait eu assez de ses parents mangemorts qu'elle avait fui, et de toutes ces histoires entre l'ordre du Phoenix et le mage noir.

Elle aimait Millie, elle l'aimait vraiment et ne voulait pas avoir à se séparer d'elle. Cette simple pensée avait le même effet qu'un détraqueur aspirant son âme et chaque rare parcelle de joie présente en elle.

Son cœur fit un bon quand Draco débarqua dans la pièce.

_ « Dray ! Qu'est-ce que tu fou dans le dortoir des filles ? Et si j'avais été en train de me changer à ce moment là ? »

_ « Alors j'aurai probablement dû régurgiter le repas de ce mid… Aoutch ! Le coup de la bougie dans la figure c'est mesquin ! »

Pansy rigola, puis observa le jeune Malfoy qui devait sûrement avoir une raison d'être ici.

Ce dernier tendit un papier à la jeune fille.

_ « Gentil hibou, tu veux un petit bout de viande mon grand ? »

_ « Pansy… je me vengerai. En fait c'est le hibou de Luna qui est arrivé tout trempé dans la salle commune. Il avait un message pour toi. »

_ « Merci. »

_ « Ca va toi ? »

_ « Oui, oui. »

_ « Ok, je dois rejoindre Harry, à tout à l'heure. »

_ « Amusez vous bien. »

Un sourire plein de sous entendu se dessina sur ses lèvres. Pansy en fut ravie et détourna son attention sur la lettre. Elle déplia le parchemin et parcouru son contenu d'un air sérieux.

Quelques phrases l'avaient fait tiquer. « Ne vous détruisez pas à cause de moi et de la culpabilité. »,
« Mais je me suis attachée à Ana. Je n'y peux rien. Je suis devenue une de ses nombreuses facettes. »,
« Ana fait partie de moi comme je fais, désormais, partie d'elle… Il ne s'agit que de moi. »

Culpabilité… Pansy avait à ce mot ressenti comme une sorte de rejet de ce qui était dit. Car même si elle avait culpabilisé, c'était loin d'être ce qui avait inspiré ses actions.

Ana… Pansy n'était pas d'accord avec ce que Luna avait dit « Je n'y peux rien », « Il ne s'agit que de moi »… Bien sûre qu'elle y pouvait quelque chose, c'est juste qu'elle ne le voulait pas. Et là, la serpentarde ne pourrait pas lutter.

Luna prenait vraiment sa dépendance à Ana comme quelque chose de très personnel, qui ne regardait qu'elle et qui n'aurait d'impact que sur elle. Ce qu'elle refusait de voir, c'était les autres.

Pansy était plutôt contente que la blondinette ait prit la décision d'arrêter de toucher à ses lames… enfin… d'essayer. Mais elle n'était pas satisfaite. En fait, ce détacher des lames, ce n'était rien… c'est difficile au début, mais ces bouts de métal tranchants devenaient vite une chose obsolète. Quelque part il n'y avait pas de grande fierté là dedans. Le vrai défi, c'était de se détacher d'Ana. Mais ça, du moment qu'elle ne le voulait pas, il n'y avait rien à faire.

Alors… Pansy abandonna tout. Elle et Hermione avaient au moins une petite victoire en poche. Alors elle décida que c'était bien comme ça. Qu'elle cessera d'essayer de faire changer Luna d'avis. Et puis, si celle-ci maintenait des efforts comme elle prétendait vouloir le faire, le risque était moins grand, le cœur de ses amies pourrait être rassuré, ne serais-ce qu'un peu.

La verte et argent se mit à sourire, elle regarda par la fenêtre, la pluie s'était arrêté. Elle pu voir l'immense parc et les immenses collines qui surplombaient le château dans un fin éclat de soleil perçant les nuages. C'était dommage, elle aimait la pluie. Mais en avisant qu'elle avait un entraînement de quidditch juste après, elle se dit que ce n'était pas plus mal. Elle avait été prise dans l'équipe de serpentard en tant que poursuiveuse depuis la fin de la guerre, car uns des poursuiveurs était mort aux côtés de feu Lord Voldemort.

Elle se leva, prit son sac avec ses affaires de rechange et son uniforme de sport, puis descendit les escaliers à toute vitesse. En passant, elle embrassa le parchemin qu'elle avait dans les mains et le jeta au feu, un air joyeux peint sur le visage. Elle passa par la salle de travail pour embrasser Millie qui devait finir un devoir de potion et partit à toute vitesse en direction du terrain. Elle voulait en parler à Hermione mais elle aussi avait dû recevoir la lettre étant donné qu'elle s'adressait aux deux, donc ça ne pressait pas.

Une heure plus tard, alors qu'elle était sur son balai, la pluie se remit à tomber violemment. Forcément, ça ne pouvait pas durer. Les joueurs ne voyaient pas à dix mètres. L'entraînement commençait à prendre des allures anarchiques. Pansy essayait de localiser le joueur qui était en possession du souaffle, mais ne le trouvait pas. Elle volait dans tous les sens, elle entendit la voix de Draco au micro disant que l'entraînement prenait fin immédiatement à cause de l'intempérie. C'était la première fois que la pluie se déversait avec une telle force et une telle quantité alors qu'ils jouaient. Pansy resta en vol, elle voyait vaguement quelques joueurs redescendre mais voulait juste profiter. Elle volait, encore et encore. Puis eut un flash.

_ « Pansy ? Pansy ! Pansy respire ! »

_ « … »

_ « Ouvre les yeux Pansy réveille toi ! Comment t'as fait ça ? »

_ « Hein ? Qu'est ce que… »

_ « Putain Pansy tu m'as fait une de ces peurs ! »

_ « Théo ? »

_ « Ne bouge pas, comment vas-tu ? Est-ce que t'es blessée ? »

_ « Tu pleures ? Non je ne crois pas être blessée… »

_ « Essaie de te lever. »

_ « Je suis à l'envers ? Heu… comment faire… HAAA ! »

_ « Non en fait ne bouge pas. Est-ce qu'il faut que j'appelle un médicomage ou ça va aller ? »

_ « J'en sais rien… je suppose que ça va aller… J'ai la tête qui tourne… »

_ « Tu viens de dévaler vingt mètres d'escalier à 55°, je conçois que tu ais la tête qui tourne. »

_ « Je crois que je vais avoir quelques bleus demain. Mais qu'est ce que tu fais là d'ailleurs ? Depuis quand tu sais où se trouve la maison de mes parents ? »

_ « C'est pas le moment de te poser ce genre de questions. »

Une heure plus tard.

_ « Il reste un peu de sang ici… ne bouge pas, je vais te faire couler un bain et après je vérifie que tu n'ais pas d'autres blessures. »

_ « Merci… »

De loin elle entendait Théo se moucher et soupirer, comme de soulagement, ou de stress. Il mit l'eau à couler, régla la température et revint près de Pansy.

_ « Ta tête était à… cinq centimètres de l'angle en métal du placard… T'aurais pu tomber dessus et… »

_ « Je sais j'ai eu énormément de chances sur ce coup je crois. »

_ « Qu'est ce qui s'est passé exactement ? »

_ « J'étais assise devant mon bureau, dans ma chambre, et j'ai entendu du bruit en bas alors je voulais aller voir si c'était mon père qui rentrait ou quelque chose de moins inquiétant, du genre un tueur, un voleur… »

Théo échappa un petit rire et ressortit sa baguette pour refermer les plaies de son amie.

_ « Je n'ai rien de cassé… Par contre ma cheville droite doit être correctement foulée, et mon poignet aussi. Et… mon crâne va exploser… Je me suis levée de ma chaise un peu précipitamment je crois. Et me suis directement dirigée vers la porte qui est juste à côté, cette porte donne directement sur l'escalier. Et là j'ai commencé à voir tout noir, alors comme d'habitude je me suis arrêtée deux secondes en me tenant à la rambarde en attendant que ça passe, sauf que d'habitude ma vision revient assez vite, mais là elle n'est pas revenue et tous mes muscles ont lâché d'un coup, je suis tombée en avant et me suis réveillée quand tu l'as fait. »

_ « Pansy ? »

_ « Oui ? »

_ « ça fait combien de temps exactement que tu n'as pas mangé ? »

_ « … »

_ « Combien de temps ? »

_ « Environ… Je ne sais pas… Peut-être une semaine… »

_ « Et qu'avait tu mangé la dernière fois ? »

_ « Des pâtes… »

_ « Et ça faisait combien de temps que tu n'avais rien avalé quand tu as mangé ces pâtes ? »

_ « Pas longtemps, trois jours maximum. »

_ « … »

_ « Désolée… »

_ « C'est envers toi que tu dois l'être. Tu veux jouer avec tes limites alors que tu es incapable de juger où elles se trouvent… Tu n'as que quinze ans. »

_ « J'ai le même âge que toi Théo… »

_ « Sauf que moi je n'ai pas failli me tuer pour la énième fois. »

_ « Désolée… maintenant… maintenant je sais où elles sont. »

_ « Encore heureux tu ne crois pas ? »

_ « Je sais ce que tu penses… mais j'ai essayé de m'en sortir Théodore je te le jure ! »

_ « Le résultat est peu convainquant. »

_ « Les circonstances m'ont juste fait aller dans ce sens. »

_ « Je connais les circonstances Pansy, ton frigo est vide, tes placards sont vides, ta mère est partie pour un bon moment ou ton père n'est jamais là pour assurer financièrement alors qu'il possède un coffre fort plus gros que celui de Potter en personne. Il t'ignore et ne fait que te mépriser mais si tu avais réellement besoin d'argent ou de nourriture, si tu l'avais voulu Pansy, nous étions nombreux à pouvoir t'aider. Je t'ai cherché, je ne savais pas où était cette résidence secondaire, mais crois moi, tu en aurais fait la demande, tout le monde t'aurai aidé. Enfin… peut-être pas ces beaux et loyaux gryffondors persuadés que t'es mangemort toi aussi mais bon. »

Cette dernière phrase avait fait rire Pansy. Il est vrai que les circonstances l'avaient arrangée quelque part.

_ « Pansy ? Ton bain doit avoir fini de couler. Vas-y, moi je remercierai le ciel de t'avoir maintenue en vie en attendant. »

_ « Des amis comme toi c'est rare… »

_ « Si cette chute s'était mal passée… j'aurais regretté d'être ton ami. Tu vas finir par faire payer tous ceux qui tiennent à toi. Ils n'ont rien demandé. Ton comportement affecte aussi les autres et tu ne t'en rends même pas compte. Parfois j'hésite à rester ton ami. Tu vas tous nous faire souffrir si tu ne t'arrêtes pas. »

_ « Je suis désolée. »

Sur ce Pansy s'éclipsa dans la salle de bain. S'immerger dans l'eau chaude était un remède précieux pour elle. Elle… fondit en larmes… car elle se rendait compte que sans vouloir aller trop loin, tout ça l'avait dépassé. Elle s'était aveuglée dans son anorexie… elle n'avait jamais mesuré l'étendue de ses actes. Elle remercia intérieurement Théo de l'avoir trouvée, car le mauvais choc à la tête aurait pu la tuer, elle remercia le hasard de l'avoir préservée malgré une chute qui aurait été inévitablement mauvaise. Elle décida de se reprendre en main. La rentrée arrivait, elle aurait de nouveau les repas de l'école, ses amis, un rythme de vie normal…

Dès la rentrée, sans trop l'avoir vu venir, elle avait entretenu une liaison avec Hermione. Et les doutes quant à sa remise en question n'avaient plus eu lieu. Elle s'était calmée. Dorénavant elle savait que quoi qu'elle décide de faire, il ne faudrait pas qu'elle dépasse une certaine limite. Avant son accident elle avait déjà une idée de « où s'arrêter », mais s'enfoncer encore plus avait été tellement facile, tellement agréable et sans embuche qu'elle s'était laissée aller. Et maintenant… elle savait. Elle savait ce qu'elle avait à faire.

_ « Pansy ? »

_ « Théo ? »

_ « Mais qu'est-ce que tu fais par terre devant le terrain de quidditch par ce temps ? »

_ « De quoi ? »

_ « QU'EST-CE QUE TU FAIS LAA ? »

_ « J'ENTENDS RIEN ! »

Théo attrapa le bras de Pansy et lui fit signe de la suivre jusqu'aux vestiaires.

_ « Qu'est-ce que tu faisais dehors par ce temps en plein milieu du terrain de quidditch alors qu'il pleut comme jamais ? »

_ « Je repensais à… »

_ « Tu repensais à ? »

_ « Non rien, en fait l'entraînement s'est fini plus tôt que prévu mais j'ai eu envie de continuer à voler un peu, et là je venais de me poser histoire de reprendre mon souffle. »

_ « D'accord. Ça te dit de rentrer maintenant que t'as fini? »

_ « Oui pas de soucis, ça te tente une partie d'échecs après ? »

_ « Ouais. Hé dit moi, t'as vu Luna ces derniers temps ? »

_ « Heu… non pas vraiment, juste croisée. »

_ « T'as pas trouvé qu'aujourd'hui elle semblait avoir meilleure mine que les autres jours ? »

_ « Je ne sais pas, oui sûrement. »

_ « Mais dit moi, qu'est-ce qu'elle a ? Pourquoi elle semble toujours triste ou dans les nuages ? »

_ « … Je ne sais pas. Viens, on rentre. »

Pansy avait voulu répondre à Luna. Mais après une longue réflexion elle se dit juste… que ce n'était pas la peine. Et que… tout était très bien comme ça. La jeune Parkinson espérait que ce soit la fin de toute cette histoire, et que… peu importe à quoi ressemblera la suite, elle ne s'impliquerait plus. Car au final, elle était assez confiante. Tout le monde passe par là un jour. S'en inquiéter ou pas ne changerait plus rien à la tournure que les choses prendront.

Le soir même en allant se coucher, elle prit quand même sa plume entre ses doigts pour tracer de hauts quelques caractères à l'encre fragile.

« Bonne chance ma grande. Je tiens à toi, ne l'oubli pas. On tient tous à toi. »