Mes chers petits bouts, si vous êtes des vieux routards des fictions de L (oui, je parle de moi à la troisième personne, ça fait classe !), merci de me retrouver.

Pour les autres, bienvenue et bon voyage.

L.


Hermione leva les yeux vers l'immense paquebot qui trônait sur la Tamise, surplombant le port de toute sa hauteur. Jamais elle n'avait vu pareil ouvrage de toute sa vie. Le bateau faisait aisément la hauteur d'un petit immeuble et il était d'une longueur impressionnante. Elle se demandait d'ailleurs comment il avait pu rentrer dans le port, mais elle se doutait que la magie n'y était pas étrangère.

Elle jeta un regard à Ginny, qui se tenait debout à côté d'elle, ses yeux brillant d'émerveillement, puis par-dessus son épaule. Sur le quai, Harry, Ron et les Weasley leur faisaient de grands gestes d'au revoir alors que Molly semblait sur le point d'éclater en sanglots.
Elles leur adressèrent un dernier signe de main, et traversèrent la passerelle qui les mèneraient sur le pont. Aussitôt qu'elles furent arrivées en haut, une hôtesse vint vers elle. Elle portait un tailleur strict et élégant, bleu, qui rappela à Hermione celui des hôtesses de l'air des années 1970.

- Bonjour, puis-je voir vos billets, s'il vous plaît ?

Hermione les lui tendit, tandis que Ginny s'extasiait devant le décor somptueux.
Le pont était constitué d'une immense piscine, autour de laquelle jonchaient quelques chaises longues où quelques personnes étaient déjà allongées. Il y avait ça et là quelques plantes et même des palmiers, merveilles de la magie.
La jeune femme ausculta leurs billets puis releva les yeux vers elle, leur adressant un sourire éblouissant que son travail la forçait à porter en permanence.

- Veuillez me suivre, Mesdames Weasley !

- Granger, corrigea automatiquement Hermione. Elle est Mademoiselle Weasley, je suis Mademoiselle Granger !

- Parfois, reprit l'hôtesse. Veuillez me suivre, Mesdames Weasley etGranger.

Satisfaite, Hermione lui emboîta le pas, attrapant Ginny par le bras pour qu'elle suive.
Le chemin jusqu'à leur cabine lui sembla interminable. Elles montèrent des escaliers à n'en plus finir, traversèrent des couloirs, croisèrent des dizaines d'autres passagers accompagnés d'hôtesses et, enfin, s'arrêtèrent. Les joues rougies par cette course infernale, les deux amies reprirent leur souffle, avant de suivre leur guide à l'intérieur qui, elle, ne semblait pas perturbée par la course.

- Et voilà ! s'exclama cette dernière quand elles furent rentrées. J'espère que votre séjour vous plaira ! Si vous avez besoin de quoique ce soit, vous n'avez qu'à me demander. Je suis Alice et je serais à votre service pendant vos deux semaines de séjour. Installez-vous bien !

Et elle tourna les talons et sortit, le dos droit et le menton fièrement dressé.

Hermione et Ginny en profitèrent pour se tourner vers leur chambre. La première pièce était immense, un grand salon décoré de bleu clair et de gris, où trônait une cheminée de marbre, et une grande table à manger. Elles continuèrent leur exploration jusqu'à la chambre, où elles s'émerveillèrent de la décoration, dans les mêmes tons.

Hermione ne put s'empêcher cependant de pousser un soupir en voyant le grand lit à baldaquin qui dominait la pièce, seul. Ce qui la gênait n'était pas qu'elle allait devoir partager ce lit avec Ginny, mais plutôt qu'elle ne s'était pas vraiment attendue à cela, finalement. En marge de la chambre, la salle de bain était également immense et comprenait tout le confort que conférait le reste de leur suite. Un immense jacuzzi y laissait deviner la teneur qu'aurait dû avoir ce voyage, en temps normal.

Elles lancèrent un regard à leurs valises, sagement posées sur le lit, et retournèrent sur le pont. Elles étaient si haut que les Weasley et Harry n'étaient plus que minuscules points sur le quai. Elles leur firent néanmoins de grand signes alors que le paquebot démarraient, mais furent certaines qu'ils n'avaient pas pu les voir.
Le soir venu, elles se rendirent dans l'immense restaurant du bateau. D'un côté, il y avait les tables, où déjà des centaines de personnes étaient assises et de l'autre, une large piste de danse où quelques couples dansaient, enlacés, sur une douce mélodie jouée par un groupe de musiciens, sur une estrade au milieu de la pièce.

Un serveur vint les chercher et les installa. Elles se retrouvèrent assises à une table élégamment décorée et mangèrent copieusement.
Tout était absolument merveilleux, du décor au repas, à l'amabilité exagérée des serveurs, mais Hermione se sentait l'âme mélancolique et elle ne parvenait pas à se réjouir de la même façon que Ginny, qui semblait absolument ravie.

- Qu'est-ce que tu veux faire, ce soir ? lui demanda la rouquine, en buvant une longue gorgée de son verre de vin.

- Je pensais me coucher avec un livre, répondit Hermione avec un sourire.

- Quoi ? Mais il en est hors de question ! s'époumona son amie, visiblement outrée. Il est hors de question que tu passes deux semaines enfermée dans ta cabine ! J'ai entendu dire qu'il y avait une soirée au bar du troisième étage. On y va !

- Mais...

- Pas de mais ! la coupa Ginny. Tu as besoin de te changer les idées, Hermione, et c'est pour ça que je suis ici, non ?

La brune poussa un profond soupir, passant une main dans ses cheveux emmêlés.

.

Et quelques heures plus tard, elle se retrouvait au bar du troisième étage.

Ginny s'était immédiatement jetée sur la piste de danse et, après maintes tentatives pour inciter Hermione à en faire de même, elle en avait abandonné l'idée. Ainsi, elle était seule, assise au bar, sirotant un verre d'une boisson dont elle ignorait la contenance mais qu'elle trouvait délicieuse. Et elle soupirait de lassitude toutes les cinq minutes, se demandant quand Ginny serait fatiguée et qu'elle pourrait rentrer se coucher. Un regard vers la rousse lui indiqua que ce n'était pas pour tout de suite.

En effet, son amie avait trouvé un charmant jeune homme avec qui danser et celui-ci la dévorait des yeux.

Hermione soupira à nouveau. Depuis combien de temps ne l'avait-on pas regardé de cette façon ?

- Tu as l'air bien morose, Granger, plaisanta une voix à ses côtés.

Lâchant finalement son verre des yeux, elle sursauta et se tourna vers celui qui l'avait interpellée. C'était un grand métis, aux yeux pétillant de malice et au sourire en coin. Elle dut fouiller un instant dans sa mémoire pour remettre un nom sur ce visage, mais finalement, elle s'exclama :

- Zabini ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je prends des vacances et toi ?

- Je prends des vacances, répéta Hermione.

- Et n'est-on pas censé être de bonne humeur en vacances ? Tu as l'air bien triste.

Elle le dévisagea un moment, comme s'il eût été fou puis haussa un sourcil avant de rire franchement.

- Quoi ? demanda Blaise, visiblement peu vexé.

- C'est juste que… toi qui essaies de jouer les psychomages, c'est plutôt drôle, éluda-t-elle avec un sourire amusé.

Blaise ne répondit pas mais il répondit à son sourire et hocha la tête, comme pour appuyer ses propos.

- Et donc, je suppose que tu es avec la furie Weasley qui se déchaîne sur la piste depuis tout à l'heure ?

Hermione sourit doucement et acquiesça du chef.

- Et toi ? Tu es…

- Oh j'en ai marre, j'abandonne ! s'exclama une jeune femme en s'installant sur le tabouret qui les séparait l'un de l'autre. Je n'en peux plus !

- Qu'est-ce qu'il se passe, ma puce ? demanda Blaise avec un sourire tendre.

- On est venu ici pour se détendre. Se dé-ten-dre ! Qu'est-ce que cet abruti ne comprend pas là-dedans ? Il ne veut pas lâcher son téphélone ! Je pense que je vais finir par le jeter à l'eau ! Quel crétin ! Quel… Raaaaah !

Hermione, les yeux ronds, observait Pansy Parkinson déblatérer une myriade d'insultes et elle sentit une soudaine boule se former au creux de son estomac. Si ces deux là étaient là…

Elle s'arrêta net dans ses pensées, car Pansy s'était arrêtée net au milieu d'une insulte et la dévisageait, la bouche à moitié ouverte, les yeux écarquillés. Ses cheveux blonds encadraient son visage et ses grands yeux bleus trop maquillés reflétaient une profonde surprise.

- C'est une blague ? Manquait plus que la Granger !

- Ravie de te revoir aussi, Parkinson ! ironisa Hermione.

- Qu'est-ce que tu fais là ? attaqua Pansy sans prendre sa pique en compte.

- Je suis en vacances ! répondit la brune en levant les yeux au ciel.

- Peu importe. Blaise, il faut faire quelque chose !

Le métis leva les yeux de son verre et le cogna à celui d'Hermione, qui émit un bruit cristallin.

- Aux vacances, Granger ! Aux vacances, au repos, à la détente !

Hermione sourit, amusée et avala le reste de son verre d'une traite, avant de se lever, de les saluer d'un bref geste de tête et de se diriger vers la sortie. Elle lança un dernier regard vers Ginny, qui dansait désormais avec un autre charmant jeune homme et semblait bien s'amuser.

Elle soupira à nouveau et ouvrit la grande baie vitrée pour se diriger vers le pont. Elle contourna l'immense piscine et s'approcha du bord. Elle s'appuya à la rambarde et plissa les yeux pour tenter d'apercevoir quelque chose, mais la nuit était noire, si bien qu'elle ne pouvait qu'entendre le bruit de la mer, sans pour autant voir l'écume échouer sur la coque du paquebot. Au loin, cependant, la lumière de la Lune illuminait les flots d'une lueur pâle et le spectacle que cela lui offrait était sublime. Elle se rendait compte maintenant qu'elle avait froid, mais elle ne put se résoudre à bouger, obnubilée par la beauté simple de la nuit noire.

Elle ne sut combien de temps elle resta là, à regarder le ciel, les étoiles, puis la mer, mais finalement, ce fut une voix grave qui la sortit de sa rêverie. A quelques pas d'elle, appuyé contre la rambarde également, un jeune homme parlait au téléphone et elle avala difficilement sa salive en voyant les mèches d'un blond platine qui retombaient dans sa nuque découverte. Il portait un pantalon de costume, que la nuit lui fit voir noir, et une chemise d'un blanc immaculé rentrée à l'intérieur.

- Je m'en fous, grondait-il à son interlocuteur. Je n'ai pas que ça à penser, bordel ! Vous trouvez cela normal que je doive prendre du temps sur mes vacances parce que vous êtes une bande d'incompétents ? Je vous préviens, Lewis, si je rentre et que c'est toujours le même bordel, vous êtes viré ! Alors arrangez-moi ça et rapidement !

Il raccrocha d'un geste rageur et se retourna vivement, avant de se figer. Dans sa curiosité extrême, Hermione s'était rapprochée pour entendre sa conversation et elle n'eut pas le temps de se cacher. Pendant un instant, elle songea à faire comme si elle n'était pas en face de Drago Malefoy, à des kilomètres de chez elle, ou à se cacher derrière l'un des palmiers qui décoraient le pont, mais finalement, elle ne put s'y résoudre.

Drago, aussi surpris qu'elle, ne bougea pas non plus pendant plusieurs secondes. Le téléphone toujours dans sa main, il la regardait comme s'il la voyait pour la première fois.

- Manquait plus que toi, soupira-t-il d'une voix éteinte.

Le silence sur le pont était tel, comme la baie vitrée avait été fermée, qu'elle l'entendit parfaitement.

- Ça ne me réjouit pas plus que toi, Malefoy !

Il haussa les épaules, sortit une cigarette de la poche avant de sa chemise et l'alluma. Il lui en tendit une, mais elle secoua vivement la tête. Sans un mot, il s'appuya à nouveau contre la rambarde, ne la lâchant pas des yeux. Pendant un instant, elle se sentit mal à l'aise d'être ainsi épiée, mais finalement, elle se rappela de qui il s'agissait et elle fronça les sourcils, soutenant son regard.

- Ne fronce pas les sourcils, dit-il avec un sourire moqueur. Ça donne des rides et tu donnes déjà l'impression d'avoir trente ans, alors n'en rajoute pas !

Hermione ne répondit pas, bouche bée devant une telle audace et baissa les yeux pour s'observer. Elle avait revêtu un vieux pantalon dans lequel elle était particulièrement à l'aise car il cachait la moindre de ses formes, et un t-shirt informe, trop grand pour elle.

- Et on dit que les femmes se bonifient avec l'âge, railla Drago alors qu'elle commençait à bouillonner.

- Pas les hommes, en tout cas ! On ne peut pas dire que ça s'applique à toi, Malefoy ! Toujours aussi immature et superficiel !

- Merci, sourit-il.

- Ce n'est pas un compliment ! gronda Hermione en pointant vers lui un doigt menaçant.

Drago rit à nouveau et il jeta sa cigarette à son pied, avant de l'écraser avec le talon et alors qu'il ouvrait la bouche pour parler, la sonnerie de son téléphone retentit et il soupira. Il lui montra l'appareil et haussa les épaules.

- Foutus appareils moldus ! s'amusa-t-il, lui lançant un clin d'œil avant de décrocher. Allô ?

Cette fois, elle parvint à maintenir sa curiosité, et elle s'éloigna de lui avant d'avoir envie de le tuer. Elle tourna les talons et retourna vers la baie vitrée. A l'intérieur, elle aperçut Ginny, qui était assise à une table dans un coin avec Blaise et Pansy et elle ne put empêcher ses yeux de s'écarquiller et sa bouche de s'entrouvrir bêtement.

- C'est une blague, soupira-t-elle. Une immense blague.

.

Quand elle ouvrit les yeux le lendemain matin, Hermione fut prise d'une migraine incroyable et elle s'assit lentement dans le lit pour serrer ses tempes. Il était seulement huit heures et demi mais elle n'était plus fatiguée. A ses côtés, Ginny était étalée de tout son long et dormait profondément, la bouche entrouverte, ses cheveux roux formant un halo autour de son visage.

Hermione se leva doucement, enfila une robe d'été et sortit de la cabine pour se diriger vers le restaurant du paquebot. Quand elle arriva, celui-ci était presque vide mais elle repéra immédiatement Malefoy, assis seul à une table, un ordinateur portable devant lui. Il sirotait un café, tapant frénétiquement sur le clavier. Elle se dirigea vers lui avec son plateau de petit-déjeuner, décidée à gagner une bataille, puisqu'elle en avait perdu une autre la veille.

- Un téléphone portable, un ordinateur, lança-t-elle en s'asseyant face à lui. Je vais finir par croire que tu aimes les moldus, finalement.

Drago leva à peine les yeux vers elle, concentré sur son écran, mais il eut un léger sourire en coin. Hermione ne se laissa pas pour autant démonter. Elle posa ses doigts sur le dos de l'appareil et abaissa l'écran jusqu'à ce qu'il soit fermé. Cette fois, Drago la regarda droit dans les yeux, avant de prendre une longue gorgée de café.

- Je travaille, Granger. Qu'est-ce que tu veux ?

Elle haussa les épaules.

- Tu n'es pas censé être en vacances ? Hier soir, Parkinson n'arrêtait pas de répéter que tu étais un crétin accro au téléphone.

Drago lui sourit à nouveau.

- C'est parce que Pansy aimerait beaucoup que je passe mes journées à faire tous ces trucs de filles avec elle… Aller me faire masser, passer deux heures dans un sauna, ce n'est vraiment pas mon truc !

- Ne m'en parle pas, s'exclama Hermione avec un soupir à fendre l'âme, oubliant momentanément à qui elle parlait. Aujourd'hui, Ginny veut qu'on bronze toute la journée ! Comme si j'avais envie de bronzer !

- Ça ne pourrait pas te faire de mal, railla Drago, avec un sourire toutefois moins moqueur qu'à l'accoutumée. Granger, tu es aussi blanche que ton soutien-gorge.

- Quoi ? s'époumona-t-elle.

Hermione rougit furieusement et remonta précipitamment la bretelle de sa robe, qui était tombée pour ne laisser plus que celle de son sous-vêtement. Elle le fusilla du regard et se pencha pour le frapper à l'épaule, alors qu'il éclatait de rire devant ses joues écarlates.

- Et puis tu peux parler, toi ! reprit-elle en se raclant la gorge pour se redonner une contenance. Je ne connais personne d'aussi pâle que toi !

Drago sourit, mais ne répondit pas, avalant une nouvelle gorgée de son café.

- Alors, Granger, dois-je t'appeler Granger ou Weasley ? Ça fait un moment que je n'ai rien lu sur la belette et toi dans la presse !

- Granger, répondit-elle dans un soupir, avalant un morceau de croissant. Je ne me suis pas mariée.

- Pourquoi ? demanda-t-il.

Il n'y avait pas dans sa voix un quelconque désir de moquerie, pas plus qu'une marque de jubilation. Il semblait simplement réellement intéressé par la réponse et Hermione en fut plus perturbée qu'elle ne l'aurait cru. Depuis quand Drago Malefoy s'intéressait-il à autre chose que lui-même ?

Pour toute réponse, elle haussa les épaules.

- Pas envie d'en parler, marmonna-t-elle. Ce voyage aurait du être mon voyage de noces. Je suis avec Ginny, en fait.

- Ouais, je l'ai vue hier soir, avec Blaise et Pansy. Je ne sais pas ce qu'ils ont fait, mais ils avaient l'air de bien s'entendre. C'était… effrayant !

Hermione sourit et acquiesça. Elle était venue s'asseoir avec lui pour se moquer un peu, mais finalement, elle passait relativement un bon moment. Elle se gifla mentalement. Vraiment, l'air marin n'était pas bon pour elle.

Drago l'observa un instant en silence, puis il rouvrit son ordinateur et se replongea immédiatement dans le travail. Hermione en profita pour sortir de son sac le roman qu'elle avait préparé. Pendant un long moment, aucun d'eux ne parla. Le silence était particulièrement reposant et ils savouraient pour la première fois un instant ensemble où ni elle, ni lui ne ressentait le besoin de faire savoir à l'autre à quel point sa présence pouvait être pesante.

Finalement, quand elle fut arrivée à plus de la moitié de son roman, et qu'une douce chaleur commença à émaner des hublots qui les protégeaient du soleil, elle referma son livre et leva les yeux. Drago avait cessé de travailler. Son ordinateur était fermé et il regardait par la vitre les flots, battus par l'imposant paquebot.

- Alors, tu travailles dans quoi ? Demanda-t-elle.

Il reposa les yeux sur elle et passa une main dans ses cheveux.

- Je suis architecte. J'ai mon cabinet à Londres

Hermione ne répondit pas tout de suite, la surprise l'ayant laissée bouche bée. Elle avait du mal à croire que Drago Malefoy, le Drago Malefoy qu'elle connaissait et qu'elle avait haï, soit devenu adepte des moldus au point de choisir un métier qui leur était propre. Il y avait définitivement quelque chose qui lui échappait.

Devant sa mine ahurie, il rit à nouveau. Elle allait enfin répondre, mais ne put prononcer le moindre mot car on tira une chaise à côté d'eux, les faisant tous les deux sursauter.

Blaise s'assit à côté d'eux, jaugea l'ordinateur sur la table et fusilla le blond du regard.

- Range ça, ordonna-t-il d'une voix dure. Pansy s'est levée aussi et elle ne va pas tarder. Si elle te voit encore en train de travailler alors que nous sommes en vacances, elle te tranchera la gorge !

- Quelle charmante fiancée tu as là, ironisa Drago avec un sourire en coin.

Blaise lui adressa un grossier geste de la main, et se tourna vers Hermione, tout sourire.

- Salut, Granger ! Ça fait longtemps que tu supportes seule cet abruti ?

- Je ne sais pas, répondit Hermione en souriant, haussant les épaules.

Et c'était vrai. Elle avait complètement perdu la notion du temps. Néanmoins, elle jeta un coup d'œil à sa montre et faillit s'étouffer en constatant qu'il était presque onze heures. Cela faisait plus de deux heures qu'elle était avec Malefoy.

Et elle ne s'en était même pas rendue compte.

- Alors, Granger, qu'est-ce que vous faites aujourd'hui, Ginny et toi ? reprit le métis.

Hermione ne répondit pas immédiatement. Elle devait bien admettre qu'elle trouvait étrange la façon dont Blaise lui parlait comme si de rien n'était. Mais en réalité, il n'avait jamais vraiment fait partie des amis de Drago qui l'avait persécutée, durant leurs études à Poudlard. Il avait toujours été en retrait. D'ailleurs, jusqu'à la veille, elle avait totalement oublié son existence.

- Ginny veut passer sa journée à bronzer à la piscine. Comme nous faisons escale aujourd'hui, je pensais plutôt lui fausser compagnie et aller visiter un peu !

- Quelle bonne idée ! Drago, ce n'est pas ce que tu voulais faire également ? S'enthousiasma Blaise.

- Pas du tout, grogna l'intéressé, fusillant le métis du regard.

- Mais si, tu n'arrêtais pas de dire que tu ne connaissais rien de l'architecture sud-africaine et que tu voulais visiter le centre-ville ! Moi, je resterai avec Pansy et Ginny, parce que hier soir, elles ont planifié de passer la journée ensemble à bronzer, et vous deux, vous n'avez qu'à aller visiter !

Hermione et Drago ne répondirent pas, observant le métis comme s'il était devenu fou.

- Tu veux que j'aille avec Granger visiter Cape Town ? Aurais-tu perdu l'esprit, mon vieux ?

- Oh, arrêtez donc d'agir comme des gamins ! Ça ne sert à rien de faire comme si vous vous détestiez toujours. Un troupeau d'hippogriffes est passé depuis la fin de la guerre. Et puis, vous avez réussi à passer la matinée sans vous entre-tuer, je suis sûr que vous pouvez continuer.

Hermione ne répondit pas, l'observant toujours avec un air ahuri, puis elle haussa les épaules.

- Ma foi, pourquoi pas, dit-elle en dardant un regard vers le blond. Ça ne peut pas être pire que de passer mon après-midi au bord d'une piscine à flâner ! On se rejoint sur la passerelle de débarquement quand le bateau arrive !

Et sans un mot de plus, elle attrapa son sac et s'éloigna pour rejoindre sa cabine.

Drago se tourna vers Blaise qui le regardait également, un sourire malicieux au coin des lèvres.

- Je te déteste, marmonna-t-il en se levant à son tour. Et j'espère que tu t'étoufferas avec la crème auto-bronzante de Pansy.

Et sur ces belles paroles, il s'éloigna à son tour, les mains dans les poches, rouspétant contre son traître de meilleur ami.

.

Le bateau arriva à Cape Town aux alentours de onze heures et demi et Hermione fut surprise de constater, qu'en effet, Drago l'attendait devant le pont d'embarquement, un sac en bandoulière sur l'épaule et une paire de lunettes de soleil sur le nez.

Ils rejoignirent le quai sans un mot et marchèrent sans réel but quelques minutes. Le port était agencé de telle façon qu'ils étaient déjà en plein cœur de la ville.

- Par où veux-tu commencer ? demanda finalement Drago, las de cet interminable silence.

Hermione haussa les épaules.

- Je ne sais pas trop, dit-elle. J'aimerais voir quelques musées, et visiter la bibliothèque nationale.

- Évidemment, railla le blond, un sourire amusé au coin des lèvres.

Hermione leva les yeux au ciel, et lui tira la langue, dans un élan de maturité extrême.

- Et toi ? Reprit-elle.

- Je voudrais voir le château de Bonne-Espérance et le Mutual Building. Pour le reste, nous verrons avec le temps qu'il nous restera. Le bateau repart à dix-sept heures.

Ils commencèrent par cette partie. Hermione s'étonna beaucoup de voir à quel point il semblait passionné par l'architecture des bâtiments qu'ils visitèrent. Il prenait fréquemment des notes sur un calepin qu'il avait pris avec lui et s'arrêtait parfois simplement devant une fenêtre, la contemplant en silence pendant de longues minutes.

Hermione avait toujours été douée dans de nombreux domaines, mais elle devait bien admettre que c'était quelque chose pour lequel elle était complètement perdue. Elle ne connaissait absolument rien à l'architecture, alors elle ne comprenait pas vraiment pourquoi il s'intéressait tant à une simple fenêtre, ou aux moulures d'une maison.

Ils s'arrêtèrent le midi pour prendre un sandwich mais repartirent immédiatement pour continuer leur trajet. Finalement, ils eurent fini de voir tout ce qu'ils voulaient à quinze heures trente et ils décidèrent d'aller s'asseoir dans l'un des cafés qui jonchaient le port en attendant dix-sept heures.

Ils s'étaient très peu parlés pendant l'après-midi. Ils n'avaient ouvert la bouche que pour commenter ce qu'ils examinaient du regard, au musée. Drago ne lui avait pas même lancé la moindre pique – et c'était sans doute ce qui l'étonnait le plus. Assise à ses côtés, elle profita du fait qu'il soit (encore) au téléphone, pour l'observer.

Il avait beaucoup changé, depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu. Et ce n'était pas peu dire.

La dernière fois qu'elle l'avait vu, quatre années auparavant, c'était le jour du procès des Malefoy. Ce jour-là, il ressemblait étrangement à un petit enfant blessé, mis en cage, faible et accablé.

Ce jour-là, Harry avait insisté pour qu'elle vienne témoigner avec lui en leur faveur. C'était sans doute ce qui les avait sauvés d'Azkaban et elle se demandait si ce n'était pas pour cela qu'il était si aimable avec elle depuis qu'elle l'avait revu, la veille. Enfin, il était aussi aimable avec elle que Drago Malefoy pouvait l'être – et elle avait conscience que c'était déjà énorme.

Aujourd'hui, il était bien différent. Il avait grandi de quelques centimètres et la surplombait d'une bonne tête. Ses cheveux blonds étaient coupés au niveau de sa nuque mais quelques mèches ébouriffés tombaient d'une négligence parfaitement contrôlée sur son front. Derrière ses lunettes noires se cachaient ces yeux gris imperturbables qui l'avait laissée perplexe, la veille.

Finalement, il raccrocha et se tourna vers elle. Elle secoua la tête et porta son regard vers l'imposant paquebot qui reposait dans le port.

- Tu vas me faire rougir, Granger, railla-t-il, un sourire au coin des lèvres.

- Pourquoi ? demanda-t-elle en fronçant les sourcils, surprise.

- Tu me mates, répondit-il, amusé.

- Quoi ? S'indigna-t-elle, ses joues rougissant furieusement. Je ne te mate pas du tout ! J'essayais juste d'éviter de regarder le soleil, j'ai mal aux yeux !

Elle dut admettre que son excuse était sans doute la plus minable que le monde est connu. En fut témoin le rire joyeux de Drago, qui attira quelques regards sur eux. Il ôta ses lunettes de soleil et les lui posa sur le nez avec un sourire moqueur.

- Tiens, dit-il en lui adressant un clin d'œil. Maintenant, tu peux mater le soleil plutôt que moi !

Dans un geste d'une nonchalance exaspérante, il jeta un regard à la montre coûteuse qui trônait à son poignet, et, relevant les yeux vers elle, ajouta :

- On ferait mieux d'y aller.

Hermione sortit son portefeuille pour payer, mais Drago avait déjà posé un billet sur la table et s'était levé.

- Laisse, Granger. Je paye. Tu le mérites bien.

- Et pourquoi ça ? S'enquit-elle, se demandant ce qu'il cachait derrière ça.

- Parce que tu m'as bien fait rire, répondit-il en s'éloignant, marchant vers le bateau. « J'essayais juste d'éviter de regarder le soleil », répéta Drago en riant de bon cœur. Y a vraiment que toi pour sortir des inepties pareilles !

Rougissant à nouveau, Hermione trottina pour le rattraper et le frappa à l'épaule, ce qui ne fit qu'augmenter son hilarité. Quand ils rejoignirent le bateau, ils furent aussitôt assaillis par Blaise et Ginny, qui les attendaient sur le pont.

- Waw ! S'exclama le métis.

- C'est impressionnant, en effet, concéda la rouquine.

- Quoi ? Demandèrent Drago et Hermione d'une même voix.

- Vous êtes encore vivants, expliqua Blaise.

- Et vous disposez toujours de vos quatre membres, surenchérit Ginny.

D'un geste parfaitement synchronisé, ils levèrent les yeux au ciel.

- Toutes mes félicitations, ajoutèrent les deux trublions, visiblement très fiers de leur petite plaisanterie.

Ils furent néanmoins coupés dans leur élan par la sonnerie du téléphone de Drago. Blaise grimaça, alors qu'une voix stridente retentissait derrière eux.

- Mais ce n'est pas possible, hurla Pansy, ses yeux lançant des éclairs. Est-ce que tu ne pourrais pas éteindre cet engin de malheur rien qu'une journée ? Juste une journée ? Granger, est-ce qu'il a beaucoup téléphoné, aujourd'hui ?

Hermione ouvrit de grands yeux, surprise et laissa couler son regard de la blonde à Drago, puis de lui à Pansy. Il lui lançait un regard noir, qui signifiait clairement : « Si tu dis à Pansy que j'ai passé la moitié du temps au téléphone, ma vengeance sera terrible ! » alors que celui de Pansy criait : « Si tu me mens, je le saurais et je te traquerai jusque dans ta tombe ! ».

Elle choisit donc la solution la plus avantageuse.

- Un véritable enfer, répondit-elle, dardant un regard empli de défi vers le blond. Mais je crois que c'est sa façon à lui de dire que, finalement, il aime bien les moldus !

Drago la fusilla du regard et elle cessa d'écouter à partir de là ce qui se dit autour d'elle. Elle n'écouta que d'une oreille les remontrances de Pansy, qui alternaient entre insultes et sévères réprimandes. Et son meilleur ami ne lui adressait pas le moindre regard, trop occupé à assassiner de ses yeux orageux celle qui était responsable de la fureur de la blonde.

Hermione profita de la crise de Pansy pour s'éclipser, non sans avoir lancé un sourire triomphant à Drago d'abord. Ça lui apprendrait à se moquer d'elle pour un infime moment d'égarement !

Elle regagna sa cabine pour prendre une douche et se détendit immédiatement.

Une petite vengeance n'avait jamais fait de mal à personne...


Voilà, voilà :).

Alors, je vais mettre quelques petites choses au point avec vous pour cette fiction :).

Je suis tout à fait consciente que les choses évoluent un peu trop vite et un peu trop facilement, mais pour être honnête, cette fiction ne devait être qu'un OS. J'ai décidé de la prolonger parce que l'idée de départ me plaisait :).
Il y aura donc trois chapitres !

Le chapitre suivant sera en ligne lundi prochain ! Je sais que je vous ai habitués (pour ceux qui m'ont déjà lus avant) à une vitesse de publication plus rapide, mais je dois prendre de l'avance sur ma prochaine fiction qui sera bien plus longue et pour le moment, j'estime que je n'en ai pas assez !

Voilà, j'espère que cette première partie vous a plu !

Je vous embrasse mes petits bouts,
L.

Ps : Une review et je paie une croisière (non, je rigole hein, je ne suis malheureusement pas aussi riche qu'Harry :D).
Ps² : Vous pouvez toujours me retrouver sur Facebook sous le nom de Lécrit Fanfiction.
PPs² : Vous êtes les meilleur(e)s lecteurs/trices du monde .