Je vous laisse avec l'épilogue, on se retrouve en bas. Bonne lecture. Patmol25


Épilogue

6 mois plus tard.

L'été était au rendez-vous en ce 13 juillet. L'astre solaire brillait de mille éclats dans un ciel bleu azur dénué de tout nuage. Les rayons se reflétaient sur le bassin d'eau installé il y a peu dans le jardin du Manoir Serpentard, là où avaient élu domicile plantes magiques et créatures aquatiques. D'ailleurs, le parc de la demeure ancestrale de Salazar Serpentard, récupérée dans un état plus que lamentable par Tom Jedusor à sa majorité était méconnaissable du fait de sa transformation radicale en seulement une poignée d'heures grâce aux bons soins des elfes de maison.

Ce jour était marqué par le mariage de la décennie unissant la famille Jedusor à la famille royale de Bulgarie, les Iordanov. Adam et Irina allaient se lier devant une foule de sorciers tous très enthousiastes de participer à cette occasion unique. Cette union arrivait quelques mois après leurs fiançailles qui avaient déjà défrayé les chroniques.

Pour la peine, les elfes de maisons avaient disposé des rangées de chaises blanches, dont l'arrière était agrémenté d'un nœud papillon écru. L'allée centrale était recouverte d'un tissu blanc et encadrée par des bouquets de fleurs colorés accrochés à chaque bout de rangées. Le chemin qui, le moment venu serait parsemé de pétales de fleurs violettes, menait à un estrade en bois blanc équipé d'une arche végétale. Les lierres d'un vert vif s'entremêlaient dans le grillage de l'arche et des fleurs blanches ressortaient par-ci par-là. Derrière l'estrade s'étendait le reste du parc du Manoir avec ses arbres, arbustes et ses massifs fleuris.

« Harry ? »

Assis sur l'une des chaises du premier rang, le garçon sursauta et tourna la tête vers la droite, surpris d'être dérangé dans sa contemplation du lieu où son frère allait se marier très bientôt. Il était encore tôt et les premiers invités, les plus proches de la famille, arrivaient à peine pour s'assurer que tout allait bien. Harry, à présent âgé de quinze ans, rencontra le regard gris de Drago.

« Qu'est-ce que tu fiches là ? » s'enquit son cousin en tournant sur lui-même. « Il n'y a personne à part les elfes de maison. »

Les serviteurs s'affairaient à régler les derniers détails, douloureusement conscients qu'aucun faux pas ne saurait être toléré pour cette journée merveilleuse. Drago, vêtu d'un très beau costume gris, se laissa tomber sur la chaise à côté de lui en silence. Depuis quelques semaines, le garçon avait abandonné son pot de gel, laissant enfin ses cheveux blonds à l'air libre.

« Je profitais du calme avant que tout le monde déboule, » répondit Harry. « J'ai du mal à imaginer comment ils ont pu inviter cent-cinquante personnes. »

« Toute la cour royale de Bulgarie et les proches collaborateurs du Ministre de la Magie, » railla Drago en plissant le bout du nez. « C'est le mariage le plus attendu de l'année. Tout le monde dit que c'est la sortie mondaine à ne pas louper. Ça va être un florilège de richesse et de bons sentiments. »

Harry pouffa et les deux cousins restèrent ainsi côte à côte en silence. Ils observèrent un elfe de maison qui repassait derrière chaque chaise pour s'assurer que les nœuds étaient proprement noués et bien droits.

« Ça a été quand t'es rentré ? » marmonna Drago sans oser le regarder.

La grimace du Gryffondor fut plutôt éloquente. Deux jours plus tôt, s'ennuyant profondément et avide de se mettre au défi, les deux garçons avaient trouvé ingénieux de s'échapper du Manoir Malefoy. Juste pour une petite virée sympathique entre cousins. Laissés à la seule vigilance des elfes de maison, ils avaient pensé pouvoir faire un aller-retour hors des murs protecteurs de la demeure sans éveiller les moindres soupçons de leurs parents. En soi, l'idée n'était guère brillante mais ils avaient réellement cru y parvenir au nez et à la barbe des serviteurs et de leurs familles.

Afin de n'attirer aucun regard trop curieux, Harry les avait fait transplaner du côté moldu de la capitale. La moue sceptique de son cousin s'était rapidement envolée pour ne laisser place qu'à l'émerveillement et l'excitation de l'interdit, de la découverte et de l'indépendance nouvelle. Ils s'étaient follement amusés à parcourir les rues de Londres, à s'engouffrer dans toutes les boutiques pouvant les intéresser – et la découverte de Drago du quotidien des moldus avait quelque chose de profondément amusant – et à jouer dans des parcs de jeux.

Cet excès de confiance s'était volatilisé en un clin d'œil quand Adam Jedusor, accompagné de deux sorciers ahuris de les retrouver en train de déguster une glace dans un parc arboré de Londres, s'étaient plantés devant eux. Tout de suite, la situation n'avait plus été amusante et leur euphorie passagère était redescendue, les laissant seulement avec une peur paralysante de faire face à leurs parents.

« Ils étaient furieux. Je ne les ai jamais vu comme ça, » confia Harry en s'assurant que personne ne pouvait les entendre. « J'ai cru que Adam allait m'en mettre une. Je ne savais pas qu'il pouvait être ainsi. »

Son grand frère, à présent âgé de 23 ans, avait pris son rôle d'aîné très au sérieux en le soulevant du banc sur lequel il était installé comme s'il ne pesait rien. Il l'avait enguirlandé tout en le secouant, hors de lui. Pourtant tellement maître de ses émotions habituellement, Adam avait cette fois-ci laissé tomber son masque pour n'être que fureur. En réalité, Harry avait été effrayé par sa réaction et il était resté muet, les bras ballants, les larmes au bord des yeux.

« J'en reviens pas qu'ils avaient lancé tous les hommes de ton père à notre recherche. Tu te rends compte du grabuge que ça a causé ? Même l'Agence Serpentia s'est mise à nos trousses, » ajouta Drago en roulant des yeux. « On s'est éclipsé à peine quelques heures. Ils n'étaient pas censés revenir aussi tôt, par Merlin. »

« Les elfes ont dû les appeler dès qu'ils ont remarqué notre départ, » soupira Harry en dévisageant avec un soupçon de trahison dans les yeux un des serviteurs à quelques mètres d'eux. « Qu'est-ce que tes parents ont dit ? »

« Mère m'a hurlé dessus en me demandant si j'avais conscience que des dizaines de sorciers avaient été aussitôt mobilisé pour nous retrouver pendant que nous, on s'empiffrait de glace. Je crois que la glace, c'est ce qui l'a le plus choqué, » raconta Drago avec embarras. « Sûrement car les elfes de maison en ont plein à disposition dans la cuisine. Quelle idée aussi de crier au drame tout de suite ! »

« Ils ont vraiment paniqué pour rien, » s'agaça Harry. « Maman n'a pas crié mais ça aurait préférable que de l'entendre me dire combien elle était déçue de moi, de mon comportement stupide et inconscient. »

Ça avait été particulièrement douloureux de voir la déception s'allumer dans le regard bleu de sa mère. Elle n'avait pas dit grand-chose, l'accueillant d'un air impassible et glacial quand Adam l'avait ramené au Manoir. Harry avait aussitôt voulu faire amande honorable mais elle l'avait interrompu d'une main, lui indiquant que se répandre en excuses était bien trop facile après leur avoir causé une telle frayeur.

Être le fils et le neveu du Ministère de la Magie faisait d'eux des cibles idéales pour tous les détracteurs du pouvoir. Ils étaient sous surveillance constante. Les journalistes, à leurs trousses dès qu'un de leurs pieds frôlait le sol de la place publique, mangeaient avec avidité la moindre information ou photographie récoltée des membres des familles les plus connues de la communauté sorcière britannique.

A présent que la situation politique du pays était stable, que la paix était clairement instaurée depuis la chute de l'Ordre des Rebelles, Harry avait naïvement espéré retomber dans une tranquillité médiatique. C'était stupide d'oser penser cela. Il restait le Survivant et le fils du Ministre : son histoire faisait de lui l'un des sorciers à suivre et, même si Sirius le protégeait relativement bien à Poudlard, toute sortie extérieure déchaînait les foules. Notamment car, depuis plusieurs mois et à sa grande joie, ses parents le maintenaient loin du battage médiatique tant que cela n'était pas nécessaire.

« Père n'est pas vraiment loquace non plus, » grimaça le blond. « Tu sais, il est plus dans le manuel, dans l'action. »

Les joues de Drago s'empourprèrent en disant cela mais Harry ne songea même pas à se moquer de lui, peu importe la sanction récoltée par son cousin. Il avait sa petite idée et ne pouvait pas s'en enthousiasmer.

Lui-même était resté muet d'angoisse en faisant face à son père. L'homme l'avait accueilli dans un silence profond, ses yeux se plissant d'un air désapprobateur. Il avait stoppé toutes les recherches, remerciant les sorciers s'étant mobilisés pour cela. Puis, il s'était approché de son fils, le faisant reculer d'un pas et l'avait attrapé par l'oreille, la pinçant avec force pour le traîner dans sa chambre à pas rapides. Et sincèrement, monter les étages et parcourir les couloirs du Manoir Serpentard en étant traîné par une oreille était horriblement douloureux. Il avait geint jusqu'à ce que son père le fusille du regard et là, il n'avait plus prononcé le moindre mot jusqu'à être consigné dans sa chambre jusqu'au lendemain matin. Sans aucune distractions bien sûr.

« En tout cas, je suis puni pendant deux semaines. Ils m'ont dit qu'on ne restera pas seuls tous les deux de sitôt, » se plaignit Harry. « Et je n'ai pas le droit de voir Neville ou Théo pendant ce temps là ! »

D'ailleurs, Neville et lui devaient se voir à Salazar Street la semaine prochaine, surveillés de près par des sorciers de l'Agence de sécurité et de protection des civils Serpentia créée par son père un an plus tôt. Depuis que Augusta Londubat avait été emprisonné à Azkaban pour de multiples chefs d'accusation – dont celui d'enlèvement d'enfant pour avoir participé au sien –, Neville vivait avec son oncle, Algie. À ses débuts, la cohabitation avait été plutôt tendue mais les deux sorciers avaient fini par trouver un terrain d'entente et l'adulte était bien plus compréhensif envers son neveu.

« Oh ! J'espère que tu vas profiter de ton amoureux pendant ce mariage alors, » se moqua Drago.

Harry lui balança un coup de coude dans les côtes et le blond grogna sourdement en se frottant à l'endroit visé. Ils se chamaillèrent un bref moment avant de stopper, le souffle court. Ils échangèrent un sourire complice et Harry sentit une douce chaleur se répandre en lui. Sa relation avec Drago avait peiné à redevenir entièrement naturelle après avoir été séparé dans un tel contexte pendant plusieurs mois.

« C'était quand même cool, » pouffa Drago.

Harry approuva ses propos en rejoignant son rire. Ils se turent cependant rapidement en avisant la silhouette de Tom et Lucius s'approcher d'eux à grandes enjambées. Ils prirent aussitôt une position de pénitence : tête basse, moue ennuyée, mains sagement posées sur les genoux. C'était le moins qu'ils puissent faire après s'être attirés tant d'ennuis ensembles.

Les deux adultes échangèrent un regard de connivence en remarquant la fausse culpabilité des garçons. Si, à peine retrouvés, ils avaient regretté leur geste, l'ennui d'être enfermés dans leur chambre avait rapidement amoindri leur culpabilité.

« Que faîtes-vous seuls ici ? » demanda avec suspicion Lucius, ses yeux froids posés sur son fils.

« Nous attendions le début de la cérémonie, » répondit Drago avec candeur.

La tête toujours basse, Harry se mordit la lèvre pour ne pas ricaner bêtement. Au vue de l'heure, il était évident que le mariage n'allait pas débuter de sitôt. En relevant légèrement la tête, l'adolescent croisa le regard marron de son père.

Ce dernier avait troqué ses habituelles robes de sorciers pour un élégant costume noir et d'une cravate d'un vert sombre. Ses cheveux marrons étaient coupés courts et il était fraîchement rasé. À la demande des mariés, Harry portait la même tenue et leur ressemblance, hormis leurs yeux, était frappante ce jour là.

« Allons voir ton frère. »

Après un dernier regard à son cousin, le Survivant se leva souplement et emboîta le pas à son père. Ils remontèrent silencieusement l'allée centrale puis s'engouffrèrent dans le Manoir. La fraîcheur du hall était agréable comparée aux températures estivales de l'extérieur. Porter de tels costumes à cette époque de l'année était une ignominie d'ailleurs ! Harry avait à peine commencé à protester que le regard de Irina, sa future belle-sœur, l'avait cloué sur place.

« Nous vous tenons à l'œil Drago et toi, » prévint froidement Tom. « Vous avez intérêt à avoir un comportement exemplaire aujourd'hui. Il va y avoir une multitude de regards portés sur notre famille. »

L'homme retint son sourire en voyant Harry grimacer puis hocher la tête précipitamment. Après de longues heures de punition, son fils semblait avoir compris l'inconscience de son geste. Il n'imaginait probablement pas le choc qui lui avait coupé le souffle en apprenant que son fils avait traversé les protections du Manoir Malefoy pour aller Merlin-sait-où ! Des dizaines de scénarios s'étaient aussitôt formés dans sa tête, rendant la situation de plus en plus angoissante à mesure que les minutes s'écoulaient.

Quand Adam, à l'aide d'un patronus, l'avait rassuré sur les garçons, la colère s'était éveillée en lui. Harry, depuis Noël dernier, s'était plutôt bien tenu et une telle fuite, une telle prise de risques les avait pris par surprise, Ayeline et lui. Parents naïfs qu'ils étaient d'un adolescent de quinze ans. Après leur conversation et son recadrage peu après les fêtes de Noël sept mois plus tôt, leur relation s'était relativement bien apaisée. Quelque chose de nouveau avait naquit entre eux, une certaine sérénité, une certaine compréhension. Ils avaient pu, à de rares moments, évoquer leurs différends passés mais Harry ne semblait plus complètement envahi par leur histoire commune. Sa place dans la famille était à présent ancrée et leur relation était bien plus saine.

Oh, il y avait bien sûr eu quelques heurts, quelques disputes et une colère dévastatrice de Harry pendant les vacances scolaires d'avril. Après une flopée d'insultes particulièrement colorées du gamin à sa mère, Tom avait déboulé dans la pièce, l'avait entraîné dans sa chambre et lui avait flanqué, comme promis, une fessée magistrale malgré ses quinze ans. Cet épisode s'était conclu par une crise de larmes intarissable du garçon et là encore, quelque chose avait changé entre eux. Comme si le fait de tenir sa promesse de le corriger s'il se montrait de nouveau irrespectueux avait rassuré Harry sur son rôle de père et la détermination qu'il y mettait. Incompréhensible pour Tom mais après tout, pourquoi pas ? Pour le coup, ça ne lui avait pas demandé trop d'efforts sur le plan affectif et émotionnel. Même s'il avait dû garder Harry, sanglotant, contre lui pendant de longues minutes jusqu'à ce qu'il soit suffisamment calme pour articuler deux mots cohérents.

« Adam ? » appela Tom en toquant contre la porte close de la chambre de son fils aîné. « Harry et moi pouvons entrer ? »

Un son étranglé lui répondit et il échangea un regard curieux avec Harry. Tom poussa la porte et ils purent découvrir Adam, élégant comme jamais, assis nerveusement sur le lit double de sa chambre de célibataire. Même s'il vivait depuis plusieurs mois dans une maison de maître dans le Nord du pays avec Irina, la pièce, bien que vidée de nombreuses affaires, avait peu changé. Les murs étaient toujours recouverts de dessins réalisés de la main du jeune homme et Adam, livide, était en train de les fixer d'un air absent.

Harry s'approcha de son frère et se laissa tomber sur le lit. Il sentit un fourmillement agréable gronder dans le creux de sa poitrine, heureux de partager un moment avec son père et son frère. Très souvent, les deux hommes étaient submergés par le travail. Adam continuait à travailler au cabinet de conseil de son père, Ministre de la Magie tout en poursuivant des études de communication bien plus épanouissantes que celles de droit entamées après ses ASPICS obtenus à Durmstrang.

« Comment tu te sens ? » interrogea Tom en restant debout.

« T'es tout blanc ! » ajouta Harry en lui jetant un regard scrutateur.

Incapable de rester assis, Adam bondit sur ses pieds et commença à faire les cents pas dans la chambre, ses mains lissant inutilement son costume parfaitement repassé. Harry dissimula son sourire derrière sa main. La nervosité de son frère aîné était criante. Après réflexion, Harry trouvait qu'un mariage était un lot de stress et de contrariétés. Depuis le début de l'organisation de cette cérémonie, il avait vu Adam, Irina, sa mère, Narcissa et même les elfes courir partout, échevelés et épuisés par tous les détails à songer.

Tom arrêta la marche précipitée de son fils en se plantant devant lui puis en posant ses mains sur ses épaules. Adam se figea et releva les yeux pour croiser ceux de son père. Tom fronça légèrement les sourcils en repérant que la cravate du garçon était mal nouée. Tranquillement, il la desserra pour faire glisser le nœud puis la repositionner correctement.

« Tu t'apprêtes à te marier avec Irina et crois-moi, même si tu la connais et que vous vous entendez très bien, le mariage n'est pas chose facile, » commença l'homme d'un ton calme. « Quand j'ai épousé ta mère, je n'en avais pas la moindre envie. Elle m'avait glissé l'idée à de nombreuses reprises et j'ai songé qu'être marié serait positif pour le regard de mes fidèles. »

« Tu ne voulais pas te marier avec maman ? » demanda Harry avec hésitation.

« Absolument pas. L'idée de me lier pour le reste de mon existence avec une autre personne m'était insupportable tant mon désir d'être libre et indépendant primait, » répliqua Tom en plissant les yeux. « Mais bon, votre mère arrivait à un âge où tout son entourage était marié ou sur le point de l'être alors c'est devenu d'une importance capitale pour elle ! »

Harry et Adam échangèrent un regard circonspect face aux mots de leur père. Tom espérait-il rassurer son fils aîné en leur révélant combien se marier avec Ayeline lui avait été pénible ? Si leurs parents étaient plutôt discrets sur leurs sentiments et leur relation, Harry n'avait jamais douté de leur amour. Son père paraissait d'ailleurs jaloux dès qu'un sorcier osait s'approcher de trop près de son épouse ce qui, en travaillant au Ministère de la Magie, la confrontait régulièrement à cette situation.

« J'ai d'ailleurs exigé un contrat de mariage plutôt lourd et nous avons contracté un lien mental comme ça se faisait autrefois. Nos esprits peuvent communiquer à une certaine distance sans avoir besoin de parler à haute-voix. C'est un sortilège désuet mais plutôt ingénieux en réalité. »

« Pourquoi ce lien mental ? » s'enquit Adam. « Il me semblait que cette tradition était perdue depuis des décennies. Irina et moi n'avons même pas envisagé cette possibilité. »

Il y eut un bref silence durant lequel Tom sembla réfléchir à sa réponse. Il poursuivit de remettre correctement la cravate d'Adam.

« Si elle venait à me quitter ou me tromper, je voulais être certain de pouvoir la tourmenter à ma guise, » avoua t-il avec une sincérité désarmante.

À nouveau, les deux garçons se regardèrent d'un air ahuri. Adam sembla même regretter leur petite visite à présent car les propos de Tom démultipliaient son inquiétude. De son côté, s'il ne s'agissait pas de ses parents, Harry aurait presque ri de la franchise épatante de Tom. Là, il trouva cela complètement déplacé et en même temps, il reconnaissait plutôt bien son père et sa paranoïa habituelle dans les relations sociales.

« Mais les choses changent et on s'habitue à vivre avec quelqu'un, à affronter les épreuves de la vie à deux plutôt que seul, à concevoir ensembles des projets et à déterminer des objectifs communs, » poursuivit Tom, le regard légèrement dans le vague. « Il y a des moments plus ardus que d'autres, des périodes plus sombres mais être marié est un réel apprentissage qui peut te combler dès que l'alliance est passée autour du doigt de la bonne personne. »

D'un geste habile, Tom termina le nœud de cravate d'Adam. Il se recula d'un pas pour la placer correctement puis s'assura d'un coup d'œil de l'élégance de son fils aîné. Adam, sur le point de passer un nouveau cap dans sa vie d'adulte, était incroyablement beau et la fierté gonfla en lui. Il avait participé à l'homme qu'était devenu son fils. Il tapota ensuite d'un geste emprunté son épaule.

Harry se sentit bêtement ému par les derniers mots de son père. Jusque là plutôt dur et dénué du moindre sentiment amoureux, son discours laissait à présent entrevoir son attachement pour Ayeline. Avec le temps, Harry s'était habitué à l'avarice de son père concernant l'expression de ses sentiments et de ses ressentis alors, quand il se montrait plus généreux dans ce domaine, il fallait le saisir au vol et en profiter.

« C'est la bonne personne, » assura Adam en souriant doucement. « Ça a toujours été elle. »

L'émotion était clairement lisible dans le regard marron d'Adam. Harry sentit la joie et la beauté de l'union s'apprêtant à être réalisée dans le parc du Manoir Serpentard l'envahir. Durant ces six derniers mois, Harry avait appris à connaître Irina Iordanov. La jeune princesse bulgare était tout à fait sympathique et charmante. Elle avait trouvé sa place auprès d'eux avec une facilité déconcertante, aidée par le fait de connaître Ayeline depuis son entrée à Durmstrang, plus d'une décennie plus tôt. Son caractère enflammé convenait parfaitement à Adam pour lui remettre les pieds sur terre à certains moments.

Des coups toqués à la porte le ramena à l'instant présent et une voix s'éleva derrière la cloison.

« Les garçons ? Ça va bientôt commencer. »

« Entre maman, » invita Adam.

La porte s'ouvrit et laissa apparaître Ayeline. Elle était ravissante, vêtue d'une robe bleue ciel et de talons noirs vertigineux. Ses cheveux blonds étaient soigneusement coiffés et tombaient le long de son dos en cascade. Ses yeux s'emplirent de larmes en scrutant Adam dans son costume de marié. Elle fondit sur lui et l'entraîna dans une étreinte féroce. Le jeune homme, embarrassé par l'effusion sentimentale de sa mère, lui tapota maladroitement le dos en lançant un regard alarmé à son père et son frère, tous les deux très amusés par la situation.

« Par Merlin, je ne peux pas croire que tu te maries dans quelques minutes, » confia t-elle, la voix tremblante.

« Moi non plus, » rit nerveusement Adam.

« Ta fiancée est magnifique, » ajouta Ayeline. « Je viens de la quitter à l'instant. Ses parents sont venus la voir un moment avant le début de la cérémonie. »

Harry jeta un coup d'œil à sa montre en argent, joli cadeau de son oncle et de sa tante pour ses quinze ans, et s'aperçut que, effectivement, quatorze heure approchait dangereusement. Il se releva du lit et s'empressa de défroisser son pantalon. Son père, d'un mouvement vague de la main, lança un sortilège qui permit de lisser à nouveau les plis de son vêtement. Harry le remercia d'un large sourire, rassuré de ne pas avoir à subir les foudres d'Irina.

« On va aller s'installer, » annonça Ayeline en se tournant vers Harry. « Les invités sont tous arrivés et j'ai déjà salué tout le monde. »

« Les cent-cinquante personnes ? » s'affola Harry. « Je n'ai pas envie d'avoir une tendinite en serrant la main à toutes ces personnes ! »

Adam laissa échapper un rire amusé en secouant la tête tandis que ses parents échangeaient un sourire attendri. Ayeline attrapa Harry par le bras, glissant le sien autour puis elle embrassa Adam sur la joue droite, lui transmettant ainsi tout son soutien pour le reste de la cérémonie. Il rosit à peine mais son regard était empli de gratitude. Elle se tourna ensuite vers Tom, le laissa enrouler un bras autour de sa taille et ils s'embrassèrent, se quittant quand Harry, près d'eux, grogna bruyamment.

Le fils et la mère quittèrent ensuite la chambre, laissant Adam et Tom seuls. Ce dernier était le témoin de son fils aîné et ils se rendraient ensemble sur l'estrade où se déroulerait la cérémonie. Harry, le bras toujours enroulé autour de celui de sa mère, sentit le bonheur exploser dans sa poitrine et un large sourire barra son visage. Ils traversèrent silencieusement les longs couloirs du Manoir Serpentard.

« Tout va bien ? » s'enquit Ayeline, profitant du calme avant la tempête.

Harry tourna la tête vers elle et son amour pour sa mère le frappa de plein fouet. Elle lui sourit avec complicité et le soulagement le traversa. Leur relation avait été plutôt épique après son retour au Manoir en décembre dernier. La honte le tenaillait chaque fois qu'il se rappelait combien il avait été dur et irrespectueux avec elle, la faisant devenir le réceptacle de sa colère et de son incompréhension.

C'était stupide mais s'attaquer à Ayeline était bien plus facile et moins dangereux que de s'en prendre à son père. Elle avait subi ses attaques incessantes, ses colères et même ses insultes. Tout ceci avait rapidement été stoppé par la poigne de Tom – et rien que d'y penser, il était mortifié de honte – mais, même après cela, un temps avait été nécessaire pour que leur relation devienne sereine et dénuée de toute tension.

Harry se souvenait tout particulièrement du moment, en février, où ses parents avaient découvert que ses nuits étaient tourmentées par des cauchemars sans fin. De retour pour les vacances d'hiver au Manoir, Harry avait procédé de la même façon qu'à Poudlard pour s'assurer une certaine tranquillité : instaurer un sortilège de silence autour de sa chambre. Il avait pensé que, comme au château, personne ne se rendrait compte de l'enfer de ses nuits.

Quand ses parents, rentrés tardivement d'une soirée mondaine au Ministère, s'étaient arrêtés à sa chambre pour s'assurer qu'il dormait bien, ils l'avaient trouvé en train de hurler dans son lit, le corps recouvert de sueur. En apprenant que cette situation durait depuis la mort de Hermione, sa mère, à son grand effroi, s'était effondrée en larmes devant lui. Elle qui, jusque là, n'avait pas pleuré face à lui malgré tous les événements ayant bouleversé leur quotidien ces derniers mois s'était soudain écroulée, regrettant le peu de confiance que Harry mettait en eux.

Le lendemain, Adam qui avait eu vent de l'incident était venu le voir dans sa chambre. Très embarrassé, Harry avait été plutôt réticent à entamer la conversation mais son frère s'était appliqué à lui expliquer la réaction démesurée de leur mère. Apprendre que Harry cauchemardait quasiment chaque nuit et qu'il n'avait pas pu demander de l'aide à qui que ce soit avait été la preuve de trop pour Ayeline que leur relation était encore loin d'être pleine de confiance. Les larmes de leur mère avaient été l'expression de ces mois de séparation, de lutte et d'incompréhension entre eux tous.

Évidemment, il avait reçu l'interdiction formelle d'utiliser de nouveau un sortilège de silence. Gêné de réveiller ses parents chaque nuit par des hurlements stridents, Harry avait tenté d'apposer le sort mais son père avait aussitôt déboulé dans sa chambre, alerté d'une façon ou d'une autre par son pitoyable essai. Alors, Harry avait vu, chaque nuit, sa mère apparaître dans sa chambre quand des cauchemars venaient le tirer de son sommeil. De longues minutes étaient nécessaires pour retrouver son calme, sa respiration et que le sommeil l'emporte de nouveau.

Parfois, son père prenait le relais même s'il semblait toujours très mal à l'aise de s'asseoir près de lui. Il avait fallu plusieurs nuits pour que Tom le prenne spontanément dans ses bras et même lui s'était raidi, peu habitué à ce type de contact avec l'homme. Peu à peu, les rêves où son propre père le tuait – et ceux-là, Harry n'en avait jamais dis un mot – s'étaient éloignés mais ceux rejouant en boucle la mort de Hermione avaient été plus longs à s'atténuer.

« Est-ce que le professeur Snape sera présent ? » demanda Harry.

Sans grande surprise, Ayeline se raidit en entendant le nom de son ancien enseignant résonner. Harry plissa légèrement les yeux, la curiosité naissant en lui. Depuis quelques mois, il avait remarqué qu'évoquer le maître des potions parti vivre en Norvège provoquait toujours des réactions étranges chez ses parents. Son père fusillait alors sa mère du regard, les yeux brillant d'une lueur dangereuse et celle-ci se tendait inévitablement, le visage fermé. Quoiqu'il ce soit passé avec Severus Snape, c'était plutôt sérieux et Harry se demandait si cela avait un lien avec le départ plutôt inattendu de l'homme.

« Il a décliné l'invitation d'Adam, » répondit finalement Ayeline. « J'avais dis à ton frère que l'inviter était une perte de temps. Le professeur Snape n'apprécie pas du tout ce genre de mondanités. »

« Je ne l'ai vu qu'une fois depuis son départ pour l'Europe de l'Est, » regretta Harry. « Chez Oncle Lucius il y a quelques semaines. Crois-tu que je le verrais bientôt ? »

« Je sais que Severus et toi vous êtes beaucoup rapprochés l'an dernier et qu'il t'a beaucoup aidé mais c'est un homme solitaire, » soupira sa mère en le regardant avec une pointe de tristesse. « La prochaine fois qu'il remet les pieds sur le sol britannique, tu pourras le saluer chez ton oncle et ta tante. »

Harry lui adressa un sourire timide, secrètement heureux d'avoir l'opportunité de revoir l'homme. Il était le premier surpris à être autant touché par le changement de vie radical du sorcier. En réalité, Snape et lui ne s'étaient jamais mis autour d'une table, de petits gâteaux et de bièraubeurres pour discuter de la pluie, du beau temps et de la vie. Leurs échanges avaient toujours été brefs et dirigés dans un objectif précis. Mais, le maître des potions avait tellement fait pour l'aider à détruire les Horcruxes que Harry se sentait inexplicablement proche de lui.

Il eut une moue dubitative en songeant à l'homme solitaire décrit par sa mère. Harry se rappelait les derniers mots du professeur Dumbledore à Snape. Il avait regretté que le sorcier se soit toujours amouraché de femmes dont le cœur était déjà destiné à un autre. Avec le recul, Harry regrettait de ne pas avoir interrogé Snape à ce sujet même si, très probablement, seul un sarcasme lui demandant de se mêler de ses affaires lui aurait été répondu.

« Nous pouvons aller nous asseoir directement à nos places, » déclara Ayeline alors que les lourdes portes de l'entrée du Manoir s'ouvraient pour les laisser passer. « Tu salueras les gens après la cérémonie. »

Harry resta scotché du monde ayant afflué durant sa petite visite à son frère. Les rangées de chaises étaient à présent remplies de sorciers et sorcières ayant vêtus leurs plus beaux atours. Harry ne comptait plus le nombre de chapeaux, pour certains très extravagant, qui pointaient vers le ciel d'un bleu étincelant. Il repéra sans mal tous les proches d'Irina du côté gauche de l'allée centrale. La famille royale était au complet et cela représentait déjà un bon nombre de personnes. Harry reconnut la silhouette de Nikolaï, l'un de ses adversaires au Tournoi des Trois Écoles, et il se promit d'aller échanger quelques mots avec lui au moment du buffet apéritif.

Le silence s'imposa chez les convives quand ils repérèrent l'arrivée de Harry et Ayeline. L'adolescent tenta de ne pas se laisser démonter par tant de regards rivés sur lui. Il eut une pensée pour Irina qui, vêtue de sa magnifique mais probablement énorme robe de mariée et chaussée de talons hauts, allait devoir remonter cette allée pour vivre l'un des jours les plus important de son existence.

« Nous sommes au premier rang, » murmura Ayeline en se penchant à peine vers lui. « Tout va se passer comme la répétition d'hier. »

« Je sais maman. Tout va bien se passer, » rassura Harry dans un léger sourire. « Ce mariage va être parfait. Respire. »

Elle lui lança un regard complice puis ils se glissèrent tout les deux à leur place. Harry retint le grand sourire menaçant d'éclore sur ses lèvres en sentant la main de son cavalier de la journée serrer la sienne. Théodore Nott était installé entre lui et Lucius. Le Serpentard était habillé d'un pantalon à pince noir et d'une chemise blanche. Ses cheveux châtains clairs tombaient devant ses yeux et ses joues étaient légèrement rosies par la chaleur estivale.

Le cœur de Harry fit une drôle d'embardée en observant le garçon. Théo et lui étaient plus proches que jamais. Les événements ayant cimentés le début de leur relation amoureuse avaient créés une solidité dans la confiance que chacun portait à l'autre. Le fait de ne plus vivre ensemble du jour au lendemain, d'avoir à solliciter l'approbation de leurs parents pour se voir, d'être quasiment sous surveillance constante que ce soit dans leurs maisons respectives ou à Poudlard leur avait demandé un certain talent d'équilibriste pour ne pas se laisser ronger par toutes ces nouvelles contraintes.

« Bonjour, » chuchota Harry en se penchant légèrement vers lui. « Quelle élégance Mr Nott. »

« Je dois en dire autant pour vous, Mr Jedusor, » s'amusa Théodore.

Quand Irina et Adam lui avaient demandé s'il souhaitait venir accompagné, Harry n'avait pas osé d'emblée évoquer Théo, son petit-ami depuis presque neuf mois à présent. Sa famille serait-elle d'accord de le placer au premier rang parmi eux ? Drago n'avait pas hésité une seule seconde à inscrire le nom de sa petite copine, Pansy Parkinson comme sa cavalière. Remarquant son trouble, sa future belle-sœur avait tranché en écrivant le nom du Sang-Pur comme son cavalier sur la liste des invités.

« Il paraît que Drago et toi êtes punis. Il me l'a dit dès mon arrivée, » marmonna Théo avec un regard désapprobateur. « Deux semaines ? Tu vas devoir te faire pardonner de nous imposer aucune visite pendant quinze jours. »

« Je sais, c'était pas une brillante idée, » souffla Harry en grimaçant. « Peut-être que la beauté de ce mariage, de l'amour mis à l'honneur assouplira le cœur de mes parents. »

« Il en est hors de question, » intervient Ayeline en jetant un coup d'œil aux deux adolescents. « Tu n'es pas prêt de revoir Harry, Théodore alors, j'espère que tu sauras lui réexpliquer l'idiotie de son comportement. »

Amusé par la sorcière, Théo pouffa tandis que Harry rougissait légèrement. Il baissa la tête sur ses genoux sans remarquer le regard amusé qu'échangèrent Ayeline, Lucius et Narcissa. Les portes du Manoir s'ouvrirent de nouveau et laissèrent apparaître Tom ainsi qu'une jeune sorcière aux cheveux noirs. Si Harry se souvenait bien, il s'agissait de la meilleure amie d'Irina, une bulgare en étude de médicomagie. Les témoins des mariés remontèrent l'allée centrale puis se positionnèrent à leur place à l'autel.

Le Maître de cérémonie, un vieux sorcier au dos voûté et aux cheveux blancs, se tenait déjà à sa place. Sa baguette magique en main, il attendait patiemment le début de la cérémonie. De la musique s'éleva des instruments de musique enchantés placés à la gauche de l'autel et le silence se fit solennel.

« Ça va être magnifique, » s'enthousiasma Harry vers son petit-ami absent à la répétition de la veille.

« Je n'en doute pas, » répliqua Théodore en songeant aux probables milliers de galions dépensés pour l'occasion. « Je ne savais pas que Sirius serait là. »

En disant cela, Théo pointa son menton quelques rangées derrière eux. Harry se retourna et fouilla du regard la foule jusqu'à croiser le regard gris de Sirius Black. L'homme était accompagné de Remus Lupin et de Nymphadora Tonks. Celle-ci avait troqué ses cheveux roses vifs pour une couleur plus neutre : l'auburn. Ça lui allait d'ailleurs à ravir et les yeux du loup-garou brillaient d'amour chaque fois qu'ils se posaient sur l'Auror.

De sa place, Sirius leur adressa un clin d'œil discret auxquels les deux garçons s'empressèrent de répondre par un mouvement de main. L'homme avait énormément facilité leur retour à Poudlard au mois de janvier, créant une barrière de protection invisible entre eux et tout ceux voulant en savoir plus sur leur fuite puis leur retour tout autant inattendu. Les avis de recherche les concernant avaient disparu de la circulation et ils étaient revenus, sans aucune explication et en toute quiétude, à Poudlard. Même si ses parents étaient toujours réticents par rapport à Sirius et Remus, Harry ressentait un attachement si profond aux deux hommes qu'il ne pouvait pas simplement accepter de les évincer de sa vie. Ils étaient bien trop importants pour lui.

« Mon père n'était pas trop heureux de les inviter mais Adam a rappelé qu'avoir le directeur de Poudlard à son mariage était une preuve de pouvoir et d'influence, » raconta Harry à mi-voix. « Mais mes parents ont encore du mal à accepter toute l'aide qu'ils nous ont fourni. Ils se sentent trahis ou quelque chose comme ça. »

Théo voulut lui répondre mais il fut interrompu par les portes du Manoir qui s'ouvrirent. Le volume sonore de la musique baissa légèrement et Adam remonta d'un pas mesuré mais confiant l'allée centrale pour rejoindre l'autel sous les yeux émerveillés de tous les convives. Il se plaça près de son père après un hochement de tête respectueux au maître de cérémonie.

Harry lança un regard alarmé à Lucius quand il vit les yeux de sa mère briller étrangement. Son oncle roula des yeux en mimant un faux agacement car la tendresse luisait dans son regard habituellement froid.

« Cette cérémonie va être parfaite. Détends-toi, tu as l'air malade. »

Adam déglutit, conscient des centaines de regards posés sur eux, et tourna légèrement la tête vers son père. Ce dernier se tenait raide, le visage neutre. Il venait de s'adresser à lui en Fourchelangue, dans un murmure à peine audible. Adam hocha la tête, rassuré par les mots et la présence de l'homme. Il devait effectivement se reprendre en main et ne pas se laisser ainsi submerger par ses émotions. En remontant l'allée, il s'était bêtement concentré sur le fait de ne pas tomber – et avoir l'humiliation de sa vie – et à cause de cela, il avait faillit trébucher.

La musique se fondit dans un autre morceau et la chanson nuptiale retentit. Tom se tourna vers les portes après un dernier regard, il l'espérait, rassurant à son fils aîné. Il se sentait inexplicablement ému d'assister au mariage d'Adam, de voir son garçon, si petit à la naissance, être devenu un tel homme. Les difficultés d'Adam semblaient appartenir au passé comme si la drogue n'avait jamais fait partie de son existence.

Irina Iordanov, future Jedusor, apparut et une vague d'exclamations enjouées s'élevèrent. Tom lui-même se surprit à sourire franchement en constatant la beauté de sa belle-fille. Adam laissa échapper un son étranglé en observant sa future femme vêtue d'une robe de mariée sirène à couper le souffle. Elle était d'un blanc virginale et sertie de bijoux argentés. Collée au corps jusqu'aux hanches, elle s'évasait ensuite le long de ses longues jambes puis se terminaient dans une traîne d'un mètre. Son bustier en col cœur laissait deviner une poitrine généreuse. Des motifs de dentelle étaient cousus sur la tulle. Un voile dissimulait son visage et Adam aurait l'honneur de le révéler à toute l'assemblée.

« Elle est magnifique, » s'enthousiasma un invité.

« Resplendissante, » chuchota un autre.

Quand Irina commença, au bras de son père, le roi de Bulgarie, à remonter l'allée, quand des colombes enchantées s'élevèrent dans les airs pour accompagner sa marche, quand les premiers sanglots retentir parmi les convives, quand Adam poussa un juron paniqué entre ses dents, quand son regard tomba sur sa femme aux yeux mouillés et sur Harry, Tom réalisa combien sa vie était aujourd'hui bien différente de celle qu'il avait imaginé au même âge que son fils aîné. Lui-même avait vécu ce moment incroyable et époustouflant d'épouser celle dont la place à ses côtés était une évidence.

Plus tard, il en était certain, Adam et Irina connaîtraient également l'aventure de devenir parent. Il se rappelait sans mal son malaise à l'idée de devenir père, d'avoir un enfant sous sa responsabilité, d'être le chef d'une famille alors même que ce mot n'avait jamais fait partie de son existence. Quand Harry était né, l'effroi l'avait gagné un moment. Il n'avait plus un enfant mais bien deux à s'occuper. C'était une telle charge et en même temps, ça lui permettait aujourd'hui de vivre cet instant. Le moment venu, Adam serait davantage armé que lui pour faire face à cela malgré les épreuves qu'il avait imposé à son fils depuis son plus jeune âge.

« Oh Merlin, » murmura Adam. « Je vais être malade. »

Discrètement, Tom posa sa main sur l'une des épaules de son fils aîné et la serra. À travers son voile, Irina souriait d'un air tremblant et elle avait les yeux rivés sur son futur époux. Tom sentit Adam se détendre légèrement contre sa main et il la laissa en place jusqu'à ce que Irina monte les quelques marches la menant à l'autel. Ensuite, le puissant sorcier fit un pas en arrière et il regarda le jeune couple se mettre côte à côte, face au maître de cérémonie.

Il tourna la tête vers le premier rang et il retint un sourire amusé en avisant la mine tremblante d'émotion de son épouse. À ses côtés, Harry semblait tout autant bouleversé par la beauté de la cérémonie. Tom sentit son estomac se contracter étrangement, une émotion indéfinissable se répandant en lui et il caressa distraitement son alliance pour reprendre contenance. Merde. Que lui arrivait-il ?

« C'est incroyable d'avoir une famille, » chuchota maladroitement Harry, la gorge serrée.

Il se sentit particulièrement stupide de dire cela et pourtant, il était incapable de retenir ses mots. Sans même le savoir, il était tout autant bouleversé que son père de ressentir de telles émotions. Il prit une inspiration tremblante, songeant combien Hermione aurait aimé participer à ce mariage, découvrir les coutumes sorcières pour de tels événements. Penser à sa meilleure amie, dont la mort avait causé un trou douloureux chaque jour dans la poitrine, lui donna presque le vertige et il s'efforça de se recentrer sur le discours du maître de cérémonie.

En entendant la voix chargée d'émotion de Harry s'élever à ses côtés, Ayeline sentit ses propres sentiments, déjà secoués, se mélanger un peu plus en elle. Elle tourna la tête vers son fils cadet et le trouva magnifique. Sa ressemblance avec Tom était troublante et suscitait très souvent des murmures étonnés. Les yeux embués de larmes, elle attrapa la main de Harry, la serra fort dans la sienne et se pencha vers lui pour lui murmurer à l'oreille :

« Tu as raison. Souvent, on ne se rend pas compte du bonheur que c'est tant qu'on a pas connu la peur de voir notre famille éclater et disparaître. C'est parfois tellement difficile mais le plus important, c'est de réussir, à un moment, à simplement être une famille. »

« On a réussi, » ajouta Harry en clignant des yeux. « On a réussi, papa, toi, Adam et moi à être une famille. »

FIN.


C'est avec une certaine émotion que je marque ici le mot "fin" d'Etre une famille, FanFiction de 91 chapitres que j'ai mis plusieurs années à écrire et à vous livrer. Notamment en raison d'une longue pause dans ma vie en écriture, à un moment donné pas forcément simple de mon existence où l'écriture, la créativité et la magie n'avaient plus leur place.

Etre une famille m'a redonné ce souffle et cet amour pour l'écriture, me faisant par la suite écrire d'ailleurs deux autres fanfictions. Je tenais absolument à aller au bout d'Etre une famille, même si certains éléments ne me convenaient plus au moment où j'ai repris l'écriture. Je changerais certaines choses probablement aujourd'hui mais j'aime tout de même la façon dont cette histoire se termine et le cheminement des différents personnages.

Comme souvent pour moi, écrire sur les relations familiales a été un vrai plaisir. Mes lecteurs fidèles me reconnaissent bien là avec cette thématique et l'appliquer au monde de Harry Potter, à Voldemort et Harry a été un défi que j'ai beaucoup apprécié. Je tenais plus que tout à créer des personnages ni foncièrement bons, ni foncièrement mauvais mais plutôt un assemblement d'actes et de gestes parfois bons, parfois non qui font la personne que l'on devient. J'espère être parvenue à cela.

Et j'espère vous avoir donné du plaisir avec cette histoire. Merci à vous tous pour votre fidélité et votre soutien sans faille malgré mon absence à certaines périodes. Merci pour vos tres nombreuses reviews, merci aussi aux lecteurs fantômes qui j'espère se manifesteront pour cet épilogue, merci de m'avoir suivi chaque semaine.

Et merci de croire en moi à chacune de mes histoires.

Patmol25.

Et surtout, n'oubliez pas : L'auteur écrit l'histoire mais les lecteurs la font vivre.