Bienvenue sur ma première fic !
Disclamer : Les personnages du canon appartiennent tous (ou presque) à JK Rowling et je ne tire aucun bénéfice de mes écrits.
Titre : La vie est une grande surprise.
Résumé :
Une jeune sorcière solitaire et complexée habite dans un orphelinat moldu, en Basse-Normandie. Elle se prénomme Meredith. De sa petite enfance elle n'a aucun souvenir, aucune photo, rien. Pas même une histoire. À onze ans, elle intègre la prestigieuse Académie de Beauxbâtons. Meredith s'habitue vite à son nouveau mode de vie et ne regagne l'orphelinat que pour l'été. En grandissant, elle se forge le caractère et devient dédaigneuse, arrogante et parfois méchante. Elle est détestée des autres enfants et les années lui paraissent longues, pénibles et fastidieuses jusqu'au jour où un homme en noir vient la délivrer d'un quotidien trop pesant...
Chapitre 01 - Un quotidien difficile
La sonnerie stridente du réveil me tira brutalement de mon sommeil. Je dépliai avec peine un bras pour faire taire cette machine infernale, maudissant les Moldus et leurs stupides inventions. Je restai encore un peu dans mon lit, savourant le moelleux de mon oreiller, avant de me résoudre à quitter sa tiédeur. Une fois debout, j'ouvris machinalement les rideaux de la petite fenêtre. Elle donnait sur le parc de l'orphelinat et, malgré l'éblouissante lumière du jour, je pus voir l'allée centrale dont le blanc des graviers contrastait nettement avec le vert de la pelouse et le bleu du ciel. Une belle journée s'annonçait, une belle journée de juillet.
Dans le couloir, les portes claquaient, des pas retentissaient. Les occupants des chambres voisines se ruaient vers le réfectoire où serait servi le petit-déjeuner, à huit heures, en dévalant les escaliers dans un brouhaha général. Chaque matin c'était pareil. On aurait dit des fauves qui n'avaient pas mangé depuis trois jours. Ils se bousculaient, se pressaient les uns contre les autres, se heurtaient à tel point que l'un d'eux finissait toujours par tomber. Ah, maudits Moldus !
J'attendis qu'il n'y eût plus de bruit pour ouvrir ma porte. Le couloir était enfin désert. Tout le monde était parti. Sauf moi. Je pris de quoi m'habiller, attrapai ma trousse de toilette et rejoignis la salle de bains commune. Après une rapide toilette, je jetai un coup d'œil dans le miroir. L'adolescente qui me regardait portait une robe noire toute simple et ses cheveux, tout aussi sombres, étaient épais, lisses et brillants. Son visage était émacié et très pâle. Elle avait un nez busqué et des yeux d'un noir si intense que l'on ne discernait pas ses pupilles. Inutile d'ajouter que je n'étais pas une beauté. Mon apparence faisait même peur aux plus jeunes qui me traitent régulièrement de sorcière. Si seulement ils savaient à quel point ils étaient proches de la vérité !
Depuis toute petite, j'avais un don que nul ne possèdait à l'orphelinat. À quatre ans, j'arrivais à déplacer des objets sans les toucher. À six, les animaux faisaient ce que je voulais sans que j'eusse à les dresser. À huit, je pouvais attirer des ennuis aux gens qui me déplaisaient, leur faire du mal si j'en avais envie. Je croyais être la seule à posséder de tels pouvoirs, je me croyais exceptionnelle. Et puis un jour, pour mes onze ans, une femme que je n'avais jamais vue avant m'avait rendu visite. Une femme étrange avec de longs cheveux blonds et une cape bleu pervenche. Elle m'avait expliqué que j'étais une sorcière, comme elle, et comme beaucoup d'autres personnes. Bizarrement, je l'avais cru tout de suite. Elle avait ajouté qu'elle enseignait dans une école, au sud de la France, où l'on pouvait apprendre à maîtriser sa magie. Cette école s'appelait l'Académie de Beauxbâtons.
J'avais passé l'après-midi à écouter cette inconnue me parler d'un monde merveilleux, d'un monde qui était le sien. Le soir, avant de partir, elle m'avait demandé si je voulais appartenir à ce monde. Naturellement, j'avais répondu oui. Elle m'avait alors promis de m'emmener à Beauxbâtons le matin du 1er septembre pour la rentrée des classes des petits sorciers et des petites sorcières. Et elle avait tenu sa promesse.
Aujourd'hui, je considérais l'Académie de Beauxbâtons comme ma maison. J'y habitais maintenant depuis quatre ans et ne la quittais que pour les vacances d'été. Ces dernières étaient très appréciées des élèves qui retrouvaient avec joie leur famille. Pour moi, elles étaient longues et fastidieuses car je les passais à l'orphelinat, seule dans ma petite chambre carrée.
Ce fut la rumeur de voix enfantines qui me sortit de mes pensées. Les petits devaient avoir fini de manger et remontaient dans leurs chambres. J'accordai un dernier regard à la fille du miroir et quittai la salle d'eau.
Le réfectoire était encore plein de monde. J'avais saisi un plateau et je me servais en céréales lorsqu'une voix criarde s'exclama sur ma gauche :
- C'est seulement maintenant que vous arrivez !
Je me tournai vers Mme Levasseur, la directrice de l'orphelinat. C'était une femme décharnée avec un visage anguleux et des cheveux roulés en un chignon très serré. Elle était sévère, intransigeante et rares étaient ceux qui osaient la provoquer tant ses punitions étaient redoutables.
- Oui, répondis-je en la fixant droit dans ses yeux gris, mais le principal est que j'arrive, n'est-ce pas ?
Elle fronça les sourcils.
- Ne me cherchez pas, mademoiselle, c'est un conseil.
Elle ne m'impressionnait pas, j'avais envie de lui faire savoir, mais je ne voulais pas m'attirer d'ennuis et je décidai de m'adoucir un peu :
- Je ne vous cherche pas mais…
- Taisez-vous, je ne veux plus vous entendre. Ici, tout le monde se lève à sept heures et demi pour prendre son petit-déjeuner à huit heures. Ce sont les règles. Et vous n'êtes pas au-dessus des règles, mademoiselle. Ni vous ni personne d'autres. À partir de maintenant, vous viendrez manger à l'heure dite où vous ne mangerez pas du tout. C'est bien compris ?
- Oui, madame.
Elle hocha la tête et s'éloigna, satisfaite. J'attrapai un verre sur le comptoir et le remplis de jus d'orange avant de le poser rageusement sur mon plateau, manquant d'éclabousser ma robe. Quelle vieille pie insupportable ! Oser me faire une telle scène pour quelques malheureuses minutes de retard ! Tout le monde, ou presque, était encore attablé !
Je balayai la salle du regard dans l'espoir de trouver une table vide pour prendre mon petit-déjeuner. Malheureusement, il n'y en a aucune. Je m'approchai de celle qui se trouvait la plus près de moi et veillai à m'assoir le plus loin possible des autres. Je détestais les autres. Pas seulement eux, les habitants de l'orphelinat Saint Gens et leur directrice, mais aussi les élèves de Beauxbâtons, mes professeurs et même les simples passants dans la rue. Par définition, je n'aimais pas les gens, je les trouvais bruyants et sans intérêt.
- Hé, regardez qui est là ! lança un garçon en m'apercevant.
- Mais c'est la sorcière ! s'exclama une fille à sa droite.
Celle-là faisait partie du top 5 des personnes que je détestais le plus. D'un an ma cadette, c'était une blonde aux yeux bleus et aux courbes parfaites. Elle se pavanait souvent dans les couloirs, entourée d'une foule d'amis et d'admirateurs, riant très fort et arborant des vêtements extravagants de Moldue délurée. Plus on la remarquait et plus elle s'épanouissait. En d'autres termes, elle était tout le contraire de moi.
La sorcière… encore et toujours ce surnom ridicule. Certes, j'en étais une mais personne ne le savait ici. Personne sauf Mme Levasseur. Elle n'avait pas réagi lorsqu'elle l'avait appris. Elle s'était contentée de me dévisager, sans rien dire. Au début, j'avais cru qu'elle n'avait pas compris puis je m'étais dit qu'il devait y avoir des gens comme moi dans son entourage, ou qu'elle avait déjà entraperçu mes exploits, ce qui expliquait son absence de réaction. Je ne l'avais dit à personne d'autre, les sorciers ayant pour loi de ne pas dévoiler leur statut.
- Tu sais que tu es vraiment laide ? me dit la blonde.
Je levai la tête et ancrai mes yeux dans les siens.
- Laisse-moi tranquille où il pourrait bien t'arriver des bricoles, l'avertis-je.
- Oh mais me voilà terrifiée !
Elle se leva pour venir se poster à côté de moi. Je soupirai d'agacement. Pourquoi venait-elle toujours me chercher des noises ?
- C'est génétique ? demanda-t-elle d'un air intéressé en se penchant vers moi.
- Quoi donc ?
- Ton nez.
J'avais envie de la gifler.
- Et ta bêtise, ça aussi c'est génétique ? rétorquai-je d'un ton glacial.
Elle perdit instantanément son sourire.
- Je ne suis pas bête ! s'écria-t-elle.
- Ah, bon ? Je croyais pourtant que tu avais redoublé une classe.
Chouette, j'avais touché un point sensible ! J'eus l'immense satisfaction de voir son visage se décomposer avant que sa voix aiguë ne me vrillât les tympans :
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? Et puis d'abord, tu peux critiquer ! Tu ne viens même pas en cours, toi !
- J'ai mieux à faire.
- Tu parles ! On m'a dit que tu passais les trois quarts de l'année dans une école pour les fous !
Je me levai d'un bond et la saisis brutalement par les poignets.
- Qui t'a dit ça ?
Ma voix était assourdie par la colère.
- Lâche-moi, tu me fais mal !
- Qui t'a dit ça ? répétai-je un peu plus fort.
Elle tenta de se libérer mais je la tenais toujours fermement.
- Lâche-moi !
- Réponds-moi d'abord.
Elle fit non avec la tête. Je perdis patience et enfonçai mes ongles dans sa chair, lui arrachant un cri de douleur. Quelques têtes se tournèrent vers nous et le garçon de tout à l'heure se leva, l'air furieux. Il s'avança vers moi, me ceintura et m'obligea à lâcher sa copine. Je l'insultai et il me jeta le contenu d'une carafe d'eau au visage. Loin de me calmer, ce geste eut pour effet d'attiser ma rage et je lui décochai un grand coup de pied vengeur. Il m'attrapa par les cheveux et planta son regard dans le mien.
- Tu arrêtes ton cirque immédiatement où je t'en mets une, me prévint-il.
- Essaie un peu pour voir, répliquai-je les dents serrées.
Il leva la main pour me frapper et je me mis à trembler. Je n'éprouvai aucune peur, c'était juste ma magie qui s'agitait en moi. Je le regardais intensément dans les yeux, attendant la gifle qu'il était sur le point de me donner. Cette gifle ne viendrait cependant jamais. Sans aucun signe avant-courant, Baptiste – c'était ainsi qu'il s'appelait – s'effondra sur le sol, les mains plaquées sur son visage, un liquide écarlate coulant entre ses doigts.
- Baptiste ! Baptiste ! hurla sa copine blonde.
Elle s'agenouilla à ses côtés et sortis de la poche de sa robe à fleurs multicolores un petit mouchoir blanc qu'elle s'empressa de lui donner. Il le prit avec un sourire reconnaissant et l'appliqua sur sa joue droite, là où une profonde entaille venait d'apparaître.
- Que se passe-t-il ici ? demanda une voix que j'identifiai immédiatement comme étant celle de Mme Levasseur. On n'entend que vous dans tout le réfectoire !
Je me tournai vers elle. Elle pinça les lèvres en voyant ma robe trempée et mes cheveux en bataille. Avisant Baptiste, elle ajouta, les sourcils plus arqués que jamais :
- Qui vous a fait ça, mon pauvre garçon ?
Baptiste ne répondit pas, sa blonde de copine le fit à sa place :
- C'est Meredith, madame. C'est elle qui est responsable de ce chahut. Elle s'est jetée sur moi sans raison et quand Baptiste a voulu me défendre, elle l'a méchamment blessé à la joue.
- Voyez-vous ça, répondit la directrice, et comment s'y est-elle prise ?
- Je ne sais pas, madame, je n'ai pas tout vu.
- Si vous n'avez pas tout vu, je vois mal comment vous pouvez vous permettre d'accuser quelqu'un, Mademoiselle Blondel, répliqua sèchement la directrice.
- Je les ai tout de même vu se battre, madame. Elle faisait tout pour lui faire mal. Baptiste, lui, cherchait juste à la raisonner.
- Votre camarade dit-elle vrai, Monsieur Duval ?
Baptiste acquiesça. La directrice reporta son attention sur moi et dit durement :
- Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?
- Euh… c'est bien fait pour lui ?
Mon impudence me valut une gifle retentissante. J'effleurai doucement ma joue brûlante sous le regard moqueur et pleinement satisfait de Baptiste et de son insupportable copine. Mme Levasseur m'attrapa par le bras et me traîna jusque dans son bureau. C'était une pièce ancienne, en bois brut, avec une grande fenêtre.
- Je vous félicite, dit-elle en refermant la porte, cela fait deux fois que vous vous faîtes remarquer en moins de dix minutes.
Je soutins son regard perçant sans répondre.
- J'imagine que vous avez usé de la magie pour blesser ce garçon.
Perspicace, la vieille chouette !
Je hochai la tête.
- Je croyais pourtant qu'il vous était interdit de le faire hors de votre école.
- En effet, c'est interdit.
- Ne risquez-vous donc pas d'avoir des ennuis ?
Cette femme connaissait décidément beaucoup de choses sur le monde de la sorcellerie. Savait-elle aussi que les sorciers avaient leur propre ministère ?
Je me rendis compte que la directrice attendait une réponse.
- Je n'en ai aucune idée.
Un silence s'installa puis elle reprit son interrogatoire :
- Que vous a fait ce garçon pour mériter un tel châtiment ?
- Il m'a énervée.
- Et c'est tout ?
- Et c'est tout.
La directrice pinça l'arrête de son long nez en soupirant. Ce n'était pas la première fois qu'elle me punissait pour ce genre de méfait.
- Vous savez ce que vous méritez ? me demanda-t-elle rudement en contournant son bureau pour farfouiller dans l'un de ses tiroirs.
Bien malgré moi, j'eus un mouvement de recul. Je savais pertinemment ce qu'elle cherchait : sa férule. Mme Levasseur était une adepte des punitions corporelles et elle se servait souvent de ce terrible instrument pour remettre dans le droit chemin les enfants désobéissants.
- Je refuse de répondre à cette question, répliquai-je.
- Très bien, venez ici.
Je ne bougeai pas d'un pouce.
- Mademoiselle Prévost, venez ici immédiatement ou je vous corrige au beau milieu du réfectoire, ce soir, au dîner.
Je m'avançai lentement vers l'imposant bureau.
- Tendez vos mains devant vous, paume vers le plafond.
J'obéis sans protester. La directrice leva le bras et abattit la férule avec violence sur mes mains. Elle recommença une fois, deux fois, trois fois... et je perdis très vite le compte. Les coups s'enchaînaient les uns derrière les autres, encore et encore, toujours plus secs, toujours plus douloureux. Elle frappait mes doigts sans état d'âme, les faisant rougir et gonfler. Je la regardais bien en face, sans gémir, sans pleurer et pensais silencieusement « je te déteste, je te déteste, je te hais ! ». Chaque coup qu'elle m'infligeait décuplait ma rage et ma haine, me donnant ainsi la force de supporter le suivant sans broncher.
Mme Levasseur ne s'arrêta que lorsque du sang coula de la lèvre que je mordais depuis plusieurs minutes pour ne pas hurler de douleur.
- Ne vous avisez plus jamais de faire du mal aux enfants de mon établissement, dit-elle en jetant la férule sur son bureau.
Je m'abstins de répondre.
- Montez dans votre chambre. Vous y resterez jusqu'à ce qu'on vienne vous chercher.
Je reculai vers la sortie.
- Et tâchez de vous rendre présentable, ajouta-t-elle alors que je quittais le bureau. Vous me faîtes honte avec votre robe toute souillée.
.
Ooo
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Je passai le reste de la matinée et la totalité de l'après-midi dans ma chambre, plongée dans mes grimoires de sorcellerie. À six heures, on frappa à ma porte et une dame de service entra. C'était Camille, une jeune femme douce et très câline.
- C'est la directrice qui m'envoie.
- Je m'en serais douté.
Elle vint s'assoir à côté de moi, sur le bord de ma couchette. Elle était si près que je pouvais sentir l'odeur qui exhalait d'elle, une odeur suave de laine et de lait un peu rance. Elle prit délicatement mes mains dans les siennes et les posa sur son tablier blanc.
- Pauvre petite demoiselle, dit-elle en les caressant, la directrice est parfois si dure avec vous.
- Je n'ai pas besoin de votre pitié.
Ignorant ma remarque, elle porta mes mains meurtries à ses lèvres et déposa un baiser sur chacune d'elle. Je sursautai comme si elle m'avait brûlée et me dégageai prestement de son étreinte. Elle leva vers moi des yeux pleins d'incompréhension.
- Je vous ai fait mal ? murmura-t-elle.
- Non.
- Alors pourquoi ne voulez-vous pas de mon amour ?
- L'Amour…, répétai-je avec dédain. L'Amour n'est qu'un leurre. Il n'existe que dans les rêves.
Il y eut un silence gênant puis elle approcha son visage du mien et passa tendrement sa main dans mes cheveux.
- Bien sûr que non, chuchota-t-elle, je vous aime, moi.
- Eh bien moi, je ne vous aime pas ! rétorquai-je en la repoussant méchamment.
Je me mis debout et la regardai en face.
- Je n'aime personne, Camille.
Elle ne parut pas choquée par mes propos et continua à me fixer.
- Personne ne peut vivre sans amour, mademoiselle. Pas même vous.
Je ne sus pas pourquoi mais cette simple phrase me bouleversa. Mes yeux me picotèrent et je sentis avec effroi une larme couler sur ma joue. Je détournai la tête et l'essuyai rageusement avec ma manche.
- Comme vous avez tort de retenir vos larmes, mademoiselle. Pleurer vous soulagerait tellement.
- Pleurer ne fait pas partie de mes habitudes.
- Je sais.
Elle se leva à son tour, m'attrapa par les épaules et me força à la regarder.
- Vous me faites de la peine, vous savez.
- Ah, et pourquoi ?
- Vous semblez toujours si seule, si malheureuse.
- Ça, c'est mon problème, pas le votre.
- J'aimerais tellement vous aider.
Elle amorça un geste pour me prendre dans ses bras mais je reculai vivement.
- Laissez-moi, Camille, et dîtes-moi pourquoi Mme Levasseur vous a envoyée ici.
- Très bien, soupira la jeune femme. La directrice m'a demandé de venir vous chercher pour le dîner.
Elle quitta la pièce et je lui emboitai le pas. Dans le hall, je vis Mme Levasseur en grande conversation avec un homme que je n'avais jamais vu avant. Il était grand et mince et portait – j'écarquillai les yeux de surprise – une longue cape noire. Un sorcier ! Cet homme était un sorcier ! Mais que faisait-il avec la directrice de l'orphelinat ?
- Que faites-vous là, mademoiselle ? m'interrogea la directrice dès qu'elle m'aperçût.
- Je me rends au réfectoire, madame.
- Vous devriez déjà y être.
Je l'avais à peine entendue. Toute mon attention était tournée vers l'homme qui se tenait à sa droite. Il avait des cheveux graisseux, un teint jaunâtre et un nez crochu. Un nez qui ressemblait drôlement au mien.
Sentant mon regard, il baissa les yeux vers moi et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. À part les miens, je n'avais jamais vu des yeux aussi noirs et glacés. Cet homme me fascinait. Je n'arrivais pas à le mépriser.